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Le dispositif de Canal + pour le 68ème Festival de Cannes
Le 16 Avril 2015, le Festival de Cannes donnait sa conférence de presse d’annonce de sélection, (retrouvez mon compte rendu, ici), le même jour, Canal plus donnait également une conférence de presse pour expliciter son impressionnant dispositif cannois, une conférence à laquelle a succédé une passionnante rencontre avec le maître de cérémonie du Festival de Cannes 2015, Lambert Wilson.
Partenaire du Festival de Cannes depuis 22 ans, comme chaque année, Canal + se mettra au rythme de la Croisette du 13 au 24 Mai en proposant une couverture exclusive de l’actualité du festival.
Comme chaque année, Canal plus diffusera les cérémonies d’ouverture et de clôture avec, cette année, une volonté d’en faire de véritables spectacles. A l’occasion de la Cérémonie d’ouverture du 68ème Festival de Cannes, et pour célébrer les 120 ans du Cinéma, Benjamin Millepied, Directeur de la danse à l’Opéra de Paris, va ainsi chorégraphier la scène d’amour de VERTIGO (SUEURS FROIDES), chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock. Ce ballet exceptionnel sera créé pour Janie Taylor (New York City Ballet), Léonore Baulac (Opéra de Paris), Morgan Lugo (LA Dance Project) et 14 danseurs.
La cérémonie d’ouverture sera diffusé Mercredi 13 mai à 19H00, en clair et en direct sur CANAL+ Une cérémonie présentée par Lambert Wilson aux côtés des présidents de cette 68ème édition Joel et Ethan Coen et de leur jury.
La cérémonie de clôture sera diffusé le Dimanche 24 mai à 18H50, en clair et en direct sur CANAL+. La cérémonie de clôture innovera et aura pour vocation de revenir sur la quinzaine et de célébrer le cinéma de Cannes. Des morceaux de spectacle vivant et des magnétos seront diffusés lors de la cérémonie de clôture pour recontextualiser les films primés.
Le Grand journal sera comme toujours à Cannes, en direct de la Croisette, chaque soir, à 19H10, pour toute la quinzaine. Chaque soir, Antoine de Caunes et l’équipe du Grand Journal recevront les stars de la Croisette mais aussi les talents de demain. Avec, également, comme toujours les Guignols de l’info en direct et en clair. Toute l’actualité du Grand Journal sera centrée sur cinéma, un choix qui tient à cœur à l’équipe et non un choix d’audience, selon Antoine de Caunes. Cette année, l’objectif sera aussi pédagogique dans le traitement du festival sur Canal plus avec un ton toujours iconoclaste
Comme toujours, vous pourrez également regarder » Les rencontres de cinéma » de Laurent Weil, les 10, 17, 24 Mai à 12H00 en clair sur Canal+.
Canal plus et Canal plus cinéma diffuseront toute la durée du festival des films ayant marqué la précédente édition: « Deux jours, une nuit » des frères Dardenne, « Grace de Monaco » d’Olivier Dahan, »Maps to the stars » de David Cronenberg, « Jimmy’s hall » de Ken Loach, « Dragons 2″ de Dean DeBlois, « Caricaturistes – Fantassins de la Démocratie » de Stéphanie Valloatto… La 67eme édition s’invitera donc dans la programmation des films sur Canal plus en plus des infos en direct sur la 68ème édition.
La belle idée de cette programmation 2015 est d’avoir demandé à Thierry Frémaux de venir en personne défendre ses choix de sélectionneur sur les antennes de Canal+Cinema. Il reviendra donc sur la sélection 2014 en la commentant avec passion.
Les critiques du Cercle évoqueront également les grandes tendances de la sélection 2015, le mardi 12 Mai à 12H00 sur Canal+Cinema et le lundi 25 Mai à 22H25 sur Canal+Cinema.
Le court métrage sera également à l’honneur avec « Mikrociné » le dimanche 17 Mai à 23H05 sur Canal+Cinema et le dimanche 24 Mai à 23H40 sur Canal+Cinema.
Cannes s’installe également sur Canalplus.fr/cannes. La discussion sur le compte @cinemacanalplus est déjà engagée avec #CANNES2015.
Enfin, comme chaque année, la live TV officielle du Festival de Cannes ouvre son antenne pendant toute la durée du festival à l’événement du 13 au 24 Mai. Coproduite par Canal +, Orange et le Festival de Cannes, la chaîne retransmet quotidiennement et en direct le parcours des films en sélection officielle. Chaque jour, au programme: photocalls, interviews, conférences de presse et les montées des marches…
Canal plus a donc renouvelé et surtout renforcé son partenariat avec le Festival de Cannes avec notamment un dispositif auprès des marches.
On retrouvera égalemen les désopilants « Casting(s) » avec Pierre Niney (au passage, ne le manquez pas dans l’excellent « Un homme idéal », actuellement à l’affiche, ma critique ici), pour la deuxième année consécutive, là aussi en clair, dans le Grand Journal. Parmi les invités prestigieux de la série, nous pourrons notamment retrouver Marion Cotillard et Isabelle Nanty.
La conférence de presse a été suivie d’une passionnante rencontre avec Lambert Wilson qui avait déjà excellé dans son rôle de maître de cérémonie l’an passé. Avec humilité et enthousiasme, ce grand comédien qui est aussi très cinéphile, nous a parlé de son rôle au Festival de Cannes 2015 : « un honneur qui ne peut se refuser. » L’acteur qui compte plus de 70 films français et internationaux à sa carrière a évoqué son rôle lors de l’édition 2014:
« Ouvrir et clore le Festival de Cannes est pour moi irrésistible. Il y a eu un moment de grâce l’an passé: la danse avec Kidman », « Ce qui m’avait frappé la première fois, c’est la profondeur de la salle.Mon réflexe d’acteur de scène était de ralentir mon débit. », « J’ai toujours eu un problème avec le direct. Cela m’a toujours impressionné. Le trac est venu pendant mon speech en identifiant un par un les membres du public car la salle était allumée ». « Il y aura des choses visuelles avec moi dans la clôture. » « Il y a une banalisation de la présence des êtres devant une caméra de télévision. » « Mon film des frères Coen préféré est « Fargo ».
En bonus, ci-dessous, retrouvez mon compte rendu de l’ouverture du Festival de Cannes 2014 et de la formidable prestation de Lambert Wilson et ma critique de « Grace de Monaco » d’Olivier Dahan, film qui sera diffusé le samedi 16 Mai à 20H50.
Arrivée à Cannes deux jours avant l’ouverture du festival, j’ai vu, peu à peu, l’irréalité cannoise tisser sa toile et hisser les voiles pour un ailleurs cinématographique, modifier l’apparence de la ville pour qu’elle ne respire bientôt plus qu’au rythme haletant de 24 images par seconde, pour m’envelopper dans ses voiles et m’embarquer pour un vol de 12 jours. Quelques perturbations ne sont pas à exclure et si l’ailleurs vers lequel m’embarque cette irréalité sera peut-être aussi déroutant, à n’en pas douter, il sera surtout réjouissant. Parce que, oui, j’ose le clamer et l’affirmer et le revendiquer : cet enthousiasme qu’il est de bon ton ici de taire pour se vanter d’être blasé et las. Moi, je suis contente et fière, naïve que je suis, que les vicissitudes de l’existence (et je vous -r-assure : je n’ai pas été épargnée ces derniers mois) n’aient pas entamé mon enthousiasme ni ma passion pour le cinéma, même après 13 festivals de Cannes, a fortiori après 13 festivals de Cannes, même si ma lucidité se fait plus vive, même plus cruelle parfois.
Cruel : le public face auquel s’est retrouver Lambert Wilson, maître de cérémonie de l’ouverture de cette 67ème édition du Festival de Cannes, l’était indubitablement. J’en tremblais pour lui. Tant d’élégance, de charisme et d’intelligence doivent susciter plus d’une jalousie et plus d’un se gausserait sans doute d’un faux pas, d’une hésitation, d’une absence. Il ne leur donnera pas ce plaisir. Il a su mêler avec brio, humour, élégance, reconnaissance envers ce festival qui lui a fait cet honneur de lui confier de rôle délicat, mais aussi envers son père et ses pairs (et c’est un exploit quand justement être blasé est de rigueur), avec même un zeste d’impertinence (magnifique danse avec Nicole Kidman comme un écho à la magie du tourbillon de la vie de Jeanne Moreau et Vanessa Paradis) mais aussi hommage au(x) cinéma(s).
Même si j’ai senti l’émotion s’emparer de lui, surjouant un peu et arpentant la scène, sans doute pour la masquer, il n’a pas démérité, s’inquiétant aussi à juste titre de « l’évaporation de la mémoire du cinéma » alors que « nous n’avons jamais été autant abreuvés de contenu ». Un tel flux et flot d’images hypnotiques qui broient l’information au lieu de la mettre en lumière. Mais le cinéma, heureusement, est là pour cela…Combien de fois, c’est vrai, me suis-je heurtée à des murs en parlant de ma passion pour le cinéma de Carné, Melville ou même Sautet comme si tout cela avait été englouti dans ce flot d’images carnassières.
« Luchino, Federico, Roberto, Vittorio, Maurice, Ingmar, Orson, Michelangelo prenez bien soin d’Alain Resnais », ainsi Lambert Wilson a-t-il joliment rendu hommage à Alain Resnais qui lui a donné de si beaux rôles comme dans « On connaît la chanson » ou récemment dans le sublime « Vous n’avez encore rien vu« . Oui, bien sûr, cher Lambert Wilson, nous nous souvenons de ceux dont vous avez cité les prénoms, de tels maîtres du 7ème art que citer leurs prénoms suffit d’ailleurs à les identifier mais vous avez raison, il faut être vigilant. Cannes l’est, nous aide avec Cannes Classics notamment, véritable écrin pour les classiques du 7ème art et pas seulement puisque cette année, et c’est la surprise de dernière minute : le film de clôture sera « Pour une poignée de dollars » de Sergio Leone présenté par Tarantino, un moment qui s’annonce jubilatoire et que je ne manquerai pas de vous relater ici.
Quand s’est élancée la musique de la « Leçon de piano » avec sur l’écran, ce mélange d’âpreté gracieuse et de poésie qui caractérise le cinéma de Jane Campion, j’ai senti l’émotion s’emparer de moi. Le mystère et le miracle du cinéma. Ce en quoi et ce à quoi je veux croire ardemment et intensément pendant ces douze jours pour ne pas faire mentir cette très belle citation de Desnos rappelée par Lambert Wilson : « ce que nous demandons au cinéma c’est ce que l’amour et la vie nous refusent : le mystère et le miracle. Place au miracle. » Peut-être celui qui faisait croire à Lambert Wilson, enfant que la palme était « comme un grand arbre qui recouvrait d’or ceux qui passaient sous ses branches ». Le miracle de l’imaginaire.
Jane Campion a, à son tour, rendu hommage à ce festival qui a couronné de la palme d’or sa « Leçon de Piano » : Ces images m’ont bouleversée. Je dois beaucoup, énormément à ce festival. Ma carrière n’aurait pas été possible sans Cannes. J’aime ce festival. Je le connais bien. Ça fait 28 ans que je viens ».
Et puis il y a eu ces extraits de films dont certains m’ont déjà fait frissonner, tout comme, immanquablement, chaque année, la douce réminiscence suscitée par la musique de « Aquarium » de Saint-Saëns qui ponctue les montées des marches.
Alfonso Cuaron et Chiara Mastroianni ont ensuite déclaré ouverte cette 67ème édition avant la projection du film d’ouverture avant que Lambert Wilson ne fasse chanter à la salle, un peu glaciale, un joyeux anniversaire à Tim Roth (Prince Rainier dans le film d’ouverture) et à Sofia Coppola (membre du jury).
A la conférence de presse d’annonce de sélection du festival, le 17 Avril, Thierry Frémaux avait ainsi défini ce qui constitue Cannes et sa magie : le glamour, les auteurs, la presse, les professionnels. Il est désormais de coutume que le film d’ouverture contribue au glamour de Cannes. « Grace de Monaco » d’Olivier Dahan n’a pas dérogé à la règle même si la famille princière monégasque sans doute initialement espérée sur les marches a boudé la cérémonie ayant désavoué le film en raison des libertés prises avec la réalité, leur (ir)réalité (on les comprend, l’image du Prince Rainier est ici celle d’un homme autoritaire, parfois même humiliant avec son épouse ne l’ayant épousé que par intérêt même si la deuxième partie du film efface cette image peu flatteuse).
Lorsqu’elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire. Six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film (un rôle finalement dévolu à Tippi Hedren). Mais c’est aussi le moment ou la France menace d’annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse. Grace est déchirée. Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement : Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco.
Il est vrai que pour l’ouverture, ce film était une judicieuse idée. D’abord, parce que c’est à Cannes que se sont rencontrés Rainier et celle qui allait devenir la Princesse Grace mais aussi parce que le film commence par un plan séquence (qui n’est pas sans rappeler celui de l’annonce de la mort de Cerdan dans « La Môme », d’une certaine manière l’un et l’autre signifient la mort pour la protagoniste puisque quitter l’écran, c’est entrer dans une sorte de prison et de tombeau pour Grace) qui mène Grace de l’écran à sa loge, de l’image sur papier glacée à sa réalité, d’une route qui la conduit vers tous les possibles à une autre qui la conduit à l’enfermement puis la mort. Malgré son visage qui ressemble à un masque de cire intemporel, Nicole Kidman parvient à surprendre et émouvoir, même à éblouir…mais le problème est que le réalisateur lui-même semble avoir été ébloui par les ors de Monaco, par son actrice, oubliant de donner de l’âme à son film très simpliste, et dichotomique même. Grace est ici une actrice fragile, une femme intelligente, prisonnière de son statut, de Monaco, de sa prison dorée. Une actrice qui va sacrifier sa carrière pour le rôle de sa vie : Princesse Grace de Monaco. C’est tout ce que s’évertue à démontrer Olivier Dahan. C’est joli, mignon mais cela manque cruellement de chair et d’âme. Cela semble être d’ailleurs le seul rôle qui compte pour Dahan qui oublie un peu trop de diriger les seconds rôles à moins qu’ils ne les dirigent délibérément dans la caricature.
Malheureusement, cette Princesse Grace possède donc les mêmes défauts que « La Môme » ( notamment ces gros plans qui cherchent à forcer l’émotion, sous-estimant peut-être l’intelligence du spectateur et forçant souvent le trait, notamment dans ses citations d’Hitchcock – feu d’artifice rappelant celui de « La Main au collet », espionnage dans les coursives du palais où est « enchaînée » la Princesse, chignon rappelant celui de « Vertigo » etc. – mais surtout d’un montage improbable et décousu.
En restent : une actrice étincelante, de jolis décors et costumes, une judicieuse et glamour mise en abyme pour une ouverture et une citation d’ouverture à méditer : « L’idée que ma vie puisse être un conte de fée est déjà en soi un conte de fée. ». Libre à vous de juger cela ridicule mais ça le sera toujours moins que ces journalistes qui ont jugé sans doute très spirituel de siffler la projection ou de rire à gorge déployée pour surjouer leur mépris et bien signifier à quel point ils n’étaient pas dupes.
Un film léger mais glamour, idéal pour une ouverture et donner le coup d’envoi d’un festival glamour ET cinéphile. Je vous laisse avec une autre citation pour vous faire oublier la précédente, extraite de « Bright star » de Jane Campion, des vers du poète John Keats, et qui, dans le film, faisaient écho aux papillons qui envahissent la chambre du personnage féminin, Fanny :
« Je rêve que nous sommes des papillons
N’ayant à vivre que trois jours d’été.
Avec vous ils seraient plus plaisants
Que cinquante années d’une vie ordinaire »