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Critique- LE FILS DE SAUL de László Nemes (compétition officielle)
Difficile de parler immédiatement après la projection tant ce fut un choc. Ce film DOIT être vu, montré, dans les écoles et ailleurs, parce que c’est plus que jamais nécessaire de ne pas oublier jusqu’à quelle inimaginable ignominie la haine de l’autre a pu mener.
Un film dont je suis sortie avec le sentiment d’avoir vu un grand film, ce film dont Thierry Frémaux en conférence de presse du festival avait parlé comme d’un « film qui fera beaucoup parler », le premier premier film à figurer en compétition depuis 4 ans.
L’action se déroule en Octobre 1944, à Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums où il est chargé de « rassurer » les Juifs qui seront exterminés et qui ignorent ce qui les attend, puis de nettoyer… quand il découvre le cadavre d’un garçon en lequel il croit ou veut croire reconnaître son fils. Tandis que le Sonderkommando prépare une révolte (la seule qu’ait connue Auschwitz), il décide de tenter l’impossible : offrir une véritable sépulture à l’enfant afin qu’on ne lui vole pas sa mort comme on lui a volé sa vie, dernier rempart contre la barbarie.
La profondeur de champ, infime, renforce cette impression d’absence de lumière, d’espoir, d’horizon, nous enferme dans le cadre avec Saul, prisonnier de l’horreur absolue dont on a voulu annihiler l’humanité mais qui en retrouve la lueur par cet acte de bravoure à la fois vain et nécessaire, son seul moyen de résister. Que d’intelligence dans cette utilisation du son, de la mise en scène étouffante, du hors champ, du flou pour suggérer l’horreur ineffable, ce qui nous la fait d’ailleurs appréhender avec plus de force encore que si elle était montrée. László Nemes s’est beaucoup inspiré de « Voix sous la cendre », un livre de témoignages écrit par les Sonderkommandos eux-mêmes. Ce film a été développé à la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes 2011. Aussi tétanisant et nécessaire que Shoah de Claude Lanzmann. C’est dire… Ma palme d’or (pour l'instant).