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Festival de Cannes 2024 (compétition officielle) - Critique de EMILIA PEREZ de Jacques Audiard

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L’idée de ce film a commencé a germé dans l’esprit de Jacques Audiard quand ce dernier a lu le roman de Boris Razon, Écoute, dans lequel un personnage de narcotrafiquant transsexuel désire se faire opérer.

Surqualifiée et surexploitée, Rita (Zoe Saldana) use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas (Karla Sofia Gascon) à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.

Sur le papier, ce projet est totalement improbable, un mélange des genres périlleux entre le drame, le thriller et la comédie musicale. A l’écran, c’est une réussite totale, un projet ambitieux et singulier, séduisant de la première à la dernière minute. Il en fallait pourtant de l’audace pour, après nous avoir embarqués au milieu des tours du 13ème arrondissement avec Les Olympiades, mettre en scène cette histoire de comédie musicale dans les cartels mexicains, tournée…dans les studios en France. Le film n’y perd pourtant jamais en crédibilité et en force, bien au contraire.

Habitué du Festival de Cannes et de son palmarès, Jacques Audiard, avec ce dixième long-métrage qui ne regarde plus les hommes tomber mais les femmes combattre, ne devrait pas déroger à la règle avec ce film : Un héros très discret (prix du meilleur scénario en 1996), Un Prophète (Grand prix du jury en 2009), Dheepan (palme d’or en 2015).

Il y a de la folie et de la flamboyance d’Almodovar dans ce dernier film d’Audiard qui est un sublime hommage à la combattivité des femmes. Filmé par un autre, ce film baroque aurait pu être grotesque. Ce film ne l’est jamais. Il est à l’image de Karla Sofia Gascón : intensément libre, éblouissant, généreux, sensuel, débordant d’énergie, fougueux.

Emilia Pérez, c’est d’abord Manitas, une femme doublement prisonnière d’une vie qui n’est pas la sienne, la masculinité, et la violence. C’est l’histoire d’une rédemption. Le personnage de Zoe Saldaña évolue de manière tout aussi passionnante. Avocate ambitieuse et cynique, elle accepte d’abord d’aider Manitas pour l’argent avant de rejoindre son combat pour aider les proches de personnes disparues. Il ne serait pas étonnant de retrouver les deux actrices au palmarès tant elles crèvent l’écran.

Jacques Audiard pourrait aussi de nouveau décrocher la palme d’or tant ce film inclassable est constamment inventif, mêlant danse, chansons, drame,  comédie, film noir, mélodrame, télénovela etc…tout en étant toujours aussi juste et captivant.

Dommage que le Festival de Cannes ne récompense pas encore les bandes originales, la musique, de Camille, mériterait de figurer au palmarès.

Audiard nous achève avec le dénouement, une procession lors de laquelle est entonnée en espagnol la sublimement mélancolique chanson de Brassens, Les Passantes. Une chanson à l’image du film : une ode aux femmes. Bouleversante.

Catégories : COMPETITION OFFICIELLE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer

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