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  • Critique de FALCON LAKE de Charlotte Le Bon - Quinzaine des Réalisateurs

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    Une histoire d'amour et de fantômes. Ainsi le pitch officiel présente-t-il ce premier long-métrage de Charlotte Le Bon projeté à la Quinzaine des Réalisateurs 2022. Pour son premier long-métrage, Charlotte Le Bon a choisi de porter à l’écran le roman graphique de Bastien Vivès, Une sœur. Cette adaptation très libre le transpose de la Bretagne à un lac des Laurentides, situé au Québec, au Nord-Ouest de Montréal.

    C’est là, pendant l’été, qu’un jeune Français, Bastien (Joseph Engel), ses parents et son petit frère viennent passer quelques jours, dans un chalet situé au bord d’un lac où sa mère québécoise (Mona Chokri) venait déjà avec son amie d’enfance. Il est décidé que Bastien dormira dans la même chambre que Chloé (Sara Montpetit), de trois ans son ainée. Une adolescente frondeuse, étrange et un peu fantasque. Chloé, qui passe d’habitude son temps avec des garçons plus âgés qu’elle, est d’abord contrariée par l’arrivée de celui qu’elle considère comme un enfant. Bastien qui a 13 ans « bientôt 14 » n’en est pourtant plus tout à fait un. Il éprouve immédiatement de la fascination pour Chloé. Cette dernière en joue. Mais n’est-ce véritablement qu’un jeu entre celui qui se cherche et celle qui pense n’avoir sa place nulle part ? Les deux adolescents se rapprochent peu à peu…

    Cela commence comme un conte funèbre. Un plan sur un lac sur lequel on distingue ensuite comme un corps mort qui flotte à la surface.  Puis le corps prend vie. Ensuite, une voiture s’engouffre dans une forêt dense et mystérieuse, à la fois admirable et presque menaçante. Dans la voiture qui s’enfonce dans cette forêt, Bastien touche son petit frère qui ne s’en rend pas compte, comme s’il était une présence fantomatique. La famille entre ensuite dans un chalet plongé dans l’obscurité. Toute la puissance énigmatique et ensorcelante du film est déjà là, dans ces premiers plans.

    En effet, dès le début, dans ce chalet isolé au milieu de cette nature aussi captivante qu’inquiétante, une indicible menace plane. Ce mélange de lumière et d’obscurité, de candeur et de gravité, instaure d’emblée une atmosphère singulière. Cet été flamboyant contraste avec la rudesse de l’hiver à venir, et rend chaque minute plus urgente, faussement légère et presque brusque. Comme une allégorie de l’adolescence…

    Baignade dans la nuit, ombres sur les murs...: Charlotte Le Bon s’amuse avec les codes du film de genre. Quand Chloé apparaît la première fois, c’est de dos, comme un fantôme. Ces fantômes dont l’adolescente ne cesse de parler. La mort est là qui rode constamment. Bastien raconte qu’il a peur de l’eau, ayant failli se noyer petit. Chloé s’amuse à disparaître dans l’eau. Elle joue à la morte et dit « j’ai pas l’air assez morte ». Elle s’approche de Bastien pour lui faire peur, déguisée en fantôme. Ils jouent à se mordre jusqu’au sang. Bastien trouve un animal mort. Il s’adonne à une danse endiablée avec un masque fantomatique sur le visage etc.

    Tout cela ressemble-t-il encore à des jeux d’enfant ? Pour aller à une soirée, Chloé habille Bastien comme elle le ferait avec une poupée ou un enfant et pour désamorcer une éventuelle ambiguïté lui dit que « Les petites filles vont devenir folles ». Chloé et Bastien aiment jouer à se faire peur, à se draper d’un voile blanc pour jouer aux fantômes, à feindre la mort. Chloé photographie ainsi Bastien recouvert d’un voile blanc près d’un arbre mort. Et Chloé est surtout obsédée par la présence d’un fantôme suite à une mort accidentelle dans la partie sauvage du lac, une mort dont elle semble la seule à avoir entendu parler.

    Ce récit initiatique est envoûtant du premier au dernier plan. Chloé et Bastien sont à une période charnière où tout est urgent, où les émotions sont à fleur de peau. D’un instant à l’autre, dans ce décor de fable, tout semble pouvoir basculer dans le drame.

    La réalisation particulièrement inspirée de Charlotte Le Bon, entre plans de natures mortes et images entre ombre et lumière (sublime photographie de Kristof Brandl), avec son judicieux mode de filmage (pellicule 16mm), plonge le film dans une sorte de halo de rêve nostalgique, comme un souvenir entêtant. Le format carré en 4/3 semble être un hommage au film A ghost story. Dans ce long-métrage de David Lowery qui fut également projeté il y a quelques années dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville, un homme décède et son esprit, recouvert d'un drap blanc, revient hanter le pavillon de banlieue de son épouse éplorée, afin de tenter de la consoler. Mais il se rend vite compte qu’il n’a plus aucune emprise sur le monde qui l’entoure, qu’il ne peut être désormais que le témoin passif du temps qui passe, comme passe la vie de celle qu’il a tant aimée. Fantôme errant confronté aux questions profondes et ineffables du sens de la vie, il entreprend alors un voyage cosmique à travers la mémoire et à travers l’histoire. Dans ce conte poétique et philosophique sur le deuil, l’absence, l’éphémère et l’éternel, l’impression d’étirement du temps est renforcée par le format 4/3, un film inclassable qui remuera les entrailles de quiconque aura été hanté par un deuil et la violence indicible de l’absence. Cette référence n’est certainement pas un hasard tant le scénario de Charlotte Le Bon et François Choquet est d’une précision remarquable. D'une précision (et d'une justesse) remarquable, les deux jeunes comédiens qui insufflent tant de véracité à cette histoire aux frontières du fantastique le sont aussi.

    Le travail sur le son est également admirable, qu’il s’agisse des sons de la nature mais aussi des sons du monde des adultes comme un bruit de fond étouffé, lointain, appartenant à une autre réalité ou tout simplement même à la réalité. La musique de Shida Shahabi à l’aura fantastique et mélancolique, est aussi un acteur à part entière. Elle vient apporter du mystère et de l’angoisse dans des moments plus légers. Elle ne force jamais l’émotion mais la suscite et nous intrigue comme lorsque quelques notes plus tristes viennent se poser sur des moments joyeux pour nous signifier qu’ils appartiennent peut-être déjà au passé.

    « Certains fantômes ne réalisent pas qu'ils sont morts. Souvent c'est des gens qui n'étaient pas près de mourir, ils vivent avec nous sans pouvoir communiquer avec personne » dit ainsi Bastien à un moment du film. Une phrase qui résonnera d’autant plus fort après cette fin, ce plan de Chloé face au lac, avec sa mèche blonde, qui se tourne à demi quand Bastien l’appelle. Une fin entêtante, magnifique, énigmatique qui fait confiance au spectateur et au pouvoir de l’imaginaire. Une fin comme ce film, magnétique, dont le fantôme ne cessera ensuite de nous accompagner…Une histoire d’amour et de fantômes, certes, mais surtout une exceptionnelle et sublime histoire d’amour et de fantômes  qui vous hantera délicieusement très longtemps.

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  • Critique de REVOIR PARIS de Alice Winocour - Quinzaine des Réalisateurs 2022

    cinéma, Cannes, Festival de Cannes, Festival de Cannes 2022

    C’est dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs qu’a été projeté ce cinquième long-métrage d’Alice Winocour (également scénariste, de talent, notamment de Ordinary people et Mignonnes). En 2016, elle avait également fait partie du jury de la Semaine de la Critique.

    A Paris, Mia (Virginie Efira) est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.

    Cela commence par une fenêtre ouverte sur le monde (comme aurait dit Bazin) ou plutôt en l’occurrence une fenêtre ouverte sur les toits de Paris. Une femme arrose ses plantes, casse un verre. Elle répond à peine au « ça va » de son compagnon, semble mélancolique. Elle sursaute quand un jeune homme se jette sur une vitre du café dans lequel elle se trouve, comme si cela préfigurait le drame à venir. Il surviendra quelques minutes plus tard, terrassant, filmé à hauteur de victimes, sans jamais montrer les visages des assaillants. Tout juste nous dira-t-on qu’un des tueurs avait « une gueule d’ange ». Les bruits de mitraillettes sont terribles et assourdissants.

    Nous retrouvons ensuite Mia. « La vie a repris ». Un gâteau d’anniversaire lui en rappelle un autre, celui qu’on avait apporté à un homme à la table en face de la sienne, juste avant que ne survienne l’horreur indicible. La mémoire traumatique est là, insatiable, épuisante, surgissant au moment les plus inattendus ou incongrus. Le temps est distordu. Pour les autres, Mia est devenue une « sorte de distraction », ou bien ils évacuent le sujet d’un lapidaire « Tu as l’air en pleine forme, cela fait plaisir. » Elle, tout ce qui lui reste de cette 1H48 cachée, ce dont des images et des sons épars, et le souvenir d’un tatouage de l’homme qui lui a tenu la main à la recherche duquel elle va partir.

    Alors forcément, impossible de ne pas être bouleversée par ce Revoir Paris qui résonne en nous, que nous ayons vécu ce traumatisme ou un autre. Nous pensons à toutes ces âmes blessées pour qui « revoir Paris » doit être encore si difficile et qui y déambulent, anonymes, comme si de rien n’était, mais blessés dans leur chair et dans leur âme. La grande force de ce film est sa pudeur. L’émotion n’en est pas moins palpable. Quand on balaie les fleurs déposées en mémoire des victimes Place de la République, comme s’il s’agissait de vulgaires détritus, ou quand une jeune fille qui a perdu ses parents dans l’attentat cherche à retrouver dans le tableau éponyme le détail des Nymphéas figurant sur la carte qu’ils lui avaient envoyée, avant de mourir dans l’attentat.

    Mais ce film, ce n’est pas seulement celle d’êtres brisés, c’est aussi celle d’êtres qui ensemble cheminent vers la reconstruction, qui tissent des liens et un chemin vers la lumière, qui après cela se posent les questions sur le bonheur, ou qui encore sans se connaître se sont tenus la main, au sens propre comme au sens figuré.

    Si Mia « revoit » Paris, c’est aussi parce qu’elle la voit autrement, mais aussi qu’elle voit sa vie autrement. Elle souffre du trouble de « la mémoire récurrente involontaire » et va essayer de reconstituer les fils de cette effroyable soirée. Revoir Paris, c’est avant tout une histoire de résilience. Une fois de plus, Virginie Efira est troublante de justesse, de nuance, d’émotions, de force et fragilités mêlées. Force et fragilité mêlées, c’est aussi ce qui définit le personnage de Benoît Magimel.

    Un film d’une rare sensibilité, celle qu’il fallait pour traiter de ce sujet si récent et présent dans les mémoires. Mais aussi un film sur la mémoire traumatique qui donne des visages à cette épreuve collective avec délicatesse et dignité. Un poignant élan de vie, de réconciliation (avec soi, le passé) et d’espoir.

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  • Critique de CHRONIQUE D'UNE LIAISON PASSAGERE d'Emmanuel Mouret - Cannes Première

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    Chaque film d’Emmanuel Mouret donne envie de saisir chaque seconde, de désirer et d’enchanter la vie. Celui-ci ne déroge pas à la règle.

     « Au moment où l’on devient amoureux, à cet instant précis, il se produit en nous une musique particulière. Elle est pour chacun différente et peut survenir à des moments inattendus… » Tel était le pitch du film d’Emmanuel Mouret, L’art d’aimer. Tel pourrait être aussi le pitch de chacun des films d’Emmanuel Mouret, et notamment de celui-ci. Dès les premiers plans, l’eau scintillante sur laquelle se superposent les notes de la Javanaise de Gainsbourg, se dégage un charme captivant. Puis, nous arrivons dans un bar dans lequel un homme et une femme sont en pleine conversation. Nous entrons alors immédiatement dans le vif du sujet de cette liaison passagère.

    Il s’agit de celle de Charlotte, une mère célibataire (Sandrine Kiberlain) et Simon, un homme marié (Vincent Macaigne). Ils décident de devenir amants. Ils s’engagent à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux mais au fil des rendez-vous, au fil des mois, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité. Le contrat  verbal qu’ils se sont fixés au début de leur relation leur en interdit cependant l’expression…

    Simon est aussi gauche et indécis (entre Antoine Doinel et Woody Allen) que Charlotte est audacieuse, déterminée et libérée.  Comme dans tous les films de Mouret, planent ainsi les ombres de Truffaut, Rohmer et Allen mais aussi cette gravité légère et fantaisiste qu’ils ont en commun.

    Kiberlain et Macaigne sont tellement parfaits dans leurs rôles qu’il est impossible d’imaginer quels autres acteurs auraient pu incarner aussi bien ce contraste, et apporter cette fantaisie à leurs personnages, ce ton si particulier, sur le fil, entre légèreté et gravité. D’infimes variations dans leur jeu nous font comprendre l’évolution des sentiments indicibles de leurs personnages. Charlotte dit détester le mot passion « parce qu’on l’affiche trop souvent comme une obligation » et ce qu’il incarne mais semble peu à peu y succomber. Georgia Scalliet, qui fut sociétaire de la Comédie-Française, est elle aussi d’une remarquable justesse, tout en émotions, dans le rôle de Louise qui vient perturber le fragile équilibre du couple. Sandrine Kiberlain, solaire et aventureuse, (irrésistible dans des comédies comme Les Deux Alfred récemment mais aussi bouleversante dans un film comme Mademoiselle Chambon en institutrice introverti) et Vincent Macaigne (époustouflant dans Médecin de nuit mais aussi dans le précédent film de Mouret) prouvent une nouvelle fois qu’ils sont aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie.

    L’occasion pour moi de faire une digression (mais après tout, les films de Mouret en regorgent souvent !) pour vous recommander à nouveau Une jeune fille qui va bien, le premier long-métrage en tant que réalisatrice de Sandrine Kiberlain, actuellement sur Canal + cinéma. Un film aux résonances universelles comme l'est le Journal d’Anne Frank, qui doit tout autant être montré aux jeunes générations. Pour ne pas oublier. Que cela fut. Que cela pourrait advenir à nouveau. Que le présent et la liberté sont aussi précieux que fragiles. Cette ode à la vie les célèbre magnifiquement et nous laisse avec leur empreinte, pugnace et sublime. Un grand premier film qui nous rappelle qu’il ne faut jamais oublier, et que l’on n’oubliera pas. 

    Les dialogues qui excellaient dans Les chose qu’on dit, les choses qu’on fait et plus encore dans Mademoiselle de Joncquières sont ici à nouveau savoureux, grâce à l’écriture ciselé d’Emmanuel Mouret et Pierre Giraud. Dans Madamoiselle de Joncquières, adaptation d'un épisode de Jacques le Fataliste de Diderot, les dialogues sont délectables de la première à la dernière phrase, d'une beauté, d'une richesse, d'un lyrisme, d'une ironie, d'une profondeur jubilatoires, d'autant plus que les acteurs jonglent avec les mots et les émotions avec un talent rare, au premier rang desquels Cécile de France qui passe en une fraction de seconde d'une émotion à l'autre, sidérante de justesse en femme cruelle car et seulement car blessée au cœur. Les plans-séquence et les judicieuses ellipses (ou quand deux livres symbolisent magnifiquement une scène d'amour), la façon de passer de l'extérieur à l'intérieur, tout est le reflet des âmes sinueuses ou tourmentées. Edouard Baer manie aussi la langue du 18ème siècle avec brio et incarne avec une élégance tout en désinvolture ce libertin qui peu à peu découvre les affres de la passion après les avoir tant singées et s'en être si souvent lassé. Cette nouvelle digression pour dire que ce film n’était pas sans rappeler l’œuvre de Laclos, Les liaisons dangereuses et que le titre de ce nouveau film de Mouret nous y fait aussi songer mais également l'esprit du 18ème siècle que l’on retrouve dans les dialogues qui font aussi penser à ceux de Baisers volés de Truffaut qui en étaient  imprégnés. Nous retrouvons aussi ici ce mélange tendresse et drôlerie, légèreté et mélancolie présents également dans l’œuvre de Truffaut.

    L’inventivité de la mise en scène est une nouvelle fois remarquable. La caméra virevolte entre les acteurs, les accompagne dans leurs mouvements incessants, dans leur indécision, leur ambivalence, notamment par des plans-séquence magistraux ou les plongeant dans des décors plus grands qu’eux, ceux de la grande aventure de leur vie. Ils sont aussi souvent filmés dans de superbes contre-jours ou de dos. Ces choix de mise en scène incitent ainsi le spectateur à interpréter leurs émotions dans leurs gestes tout en retenue au contraire de ceux  des personnages de Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman que Charlotte et Simon vont voir au cinéma comme un malin contrepoint à leur relation.

    La (trompeuse) légèreté de cette fable fait un bien fou…et ne rend que plus émouvants la partie finale qui nous cueille savamment et subitement et ces plans de décors vides où ils vécurent des moments heureux auxquels la musique apporte une douce mélancolie.

    La musique joue d’ailleurs un rôle central. De la Javanaise par Juliette Gréco (qui là aussi fait penser à Baisers volés et au rôle primordial qu'y joue la chanson de Charles Trenet Que reste-t-il de nos amours) à Haendel en passant par Mozart et… Ravi Shankar. Après cette fantaisie enchantée, nous repartons de la salle de cinéma avec en tête la Javanaise et les sonates de Mozart et l’envie de danser la vie !

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  • Critique de TRIANGLE OF SADNESS de Ruben Östlund - Compétition officielle

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    Après la palme d'or reçue pour The Square en 2017, Ruben Östlund pourrait bien intégrer le cercle très fermé des cinéastes ayant reçu deux fois la prestigieuse récompense ( Ken Loach, Michael Haneke, les frères Dardenne, Francis Ford Coppola, Shōhei Imamura, Bille August, Emir Kusturica) avec ce film choc qui peut difficilement laisser indifférent.

     

    Là où un Chaplin aurait recouru au rire tendre et burlesque pour souligner les travers de son époque, pour croquer la sienne, Ruben Östlund  a choisi le sarcasme impitoyable, l’ironie mordante, la férocité et l’excès du trait, le cynisme indécent en écho à celui qu’il dénonce.

    Après la Fashion Week, Carl (Harris Dickinson) et Yaya (Charlbi Dean Kriek), couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine (Woody Harrelson) refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s'inversent lorsqu'une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.

    Carl est mannequin et c’est par un casting que débute le film ou plutôt le film dans le film puisqu’il s’agit d’un documentaire sur les coulisses. Il y est expliqué que s’ils posent pour un produit de luxe, les mannequins doivent impérativement arborer un air sinistre et « mépriser le client ». Nous assistons ensuite à un défilé de mode et pendant que les mannequins défilent les mots « optimisme » et « égalité » s'affichent sur l'écran vidéo en arrière-plan comme un slogan ironique, tandis que, au premier rang, des spectateurs sont déplacés pour que les remplacent des personnalités jugées plus importantes ou influentes (sans doute au nom de l’optimisme et de l’égalité). Comme un avertissement du bouleversement de la hiérarchie sociale qui va suivre mais aussi de la primauté de l’image sur le reste.

    Yaya, elle, est une influenceuse. C’est à ce titre qu’elle est invitée en croisière sur un yacht. Comme Carl, elle est parfaitement consciente du caractère éphémère de son activité et de son avenir d’« épouse trophée ». Yaya et Carl semblent ne pas vraiment s’aimer mais surtout tirer profit de l’image que leur couple renvoie.

    Le titre anglophone Triangle of sadness illustre parfaitement ce culte de l’image, et des apparences fallacieuses. Il est d’ailleurs peut-être plus parlant que le titre français, comme un écho au titre The Square, évoquant aussi une forme géométrique. L'expression the triangle of sadness fait référence à la partie du visage entre les yeux et les sourcils nommée ainsi par les chirurgiens esthétiques qui font en sorte qu’elle soit aussi lisse que possible pour que tout sentiment ou toute émotion soient imperceptibles. Dans ce monde « sans filtre », il n’y a d’ailleurs plus de place pour les sentiments.

    L’histoire est scindée en trois parties. Dans la première, un dîner au restaurant entre Yaya et Carl dégénère subitement en dispute au moment de régler l’addition. Carl reproche ainsi à Yaya son avarice et son conformisme de genre puisqu’elle considère que c’est toujours lui qui doit régler l’addition, et ne se pose même jamais la question.

    Nous retrouvons ensuite le couple sur le fameux yacht de croisière sur lequel ils vont côtoyer des personnages tout aussi haïssables et répugnants les uns que les autres comme un oligarque russe qui s’est enrichi en vendant de l’engrais (et qui ne cesse de clamer haut et fort et avec fierté à quel point c’est de la m…) ou encore un couple de retraités qui a fait fortune dans la vente de grenades et mines antipersonnel, avant que l’ONU et les lois sur les mines antipersonnel ne viennent ralentir leur activité (ce qu’ils évoquent en toute sérénité, comme s’ils évoquaient la hause du prix des fruits et légumes ou d’une autre marchandise anodine). Sans compter cette passagère qui ordonne à tout le personnel d’arrêter toute activité séance tenante pour « profiter du moment présent », se baigner via un toboggan qui les mène à la queuleuleu dans la mer parce que nous «sommes tous égaux», témoignant ainsi du contraire, et de son mépris de classe. Pour conduire ce joyeux petit monde à bon port, à la barre se trouve un capitaine alcoolique. Ou plutôt devrait se trouver puisqu’il passera une partie de la croisière dans la cabine avant de rejoindre le dîner de gala pour un repas « sans filtre » lors duquel tous ces personnages « à vomir » vont régurgiter au sens propre tout ce qu’ils ont avalé. Lorsque tout cela vire à La grande bouffe version 2022, le capitaine marxiste et le patron russe vont débattre de capitalisme et de socialisme (cet échange constitue un des atouts du film). Du burlesque on passe alors au grotesque et le rire vient désamorcer la gêne et le malaise délibérément occasionnés.

    La troisième partie, à la chute particulièrement prévisible, est interminable et peut-être inutile. Les rôles sont alors inversés. Les dominants deviennent les dominés. Les décideurs doivent obéir. Une des employés du bateau, Abigail (la seule à savoir pêcher ou cuisiner) prend la direction des opérations avec un plaisir ostensible tandis que les décideurs oppresseurs d’hier semblent ravis de se plier à ses ordres. Quand la dénonciation tourne ainsi à la misanthropie, le message semble être tronqué et la force de tout ce qui précède finalement annihilée.

    Le comble du cynisme était sans doute de projeter ce film à Cannes pendant que des yachts similaires à celui sur lequel se déroulait ce naufrage patientaient au large, comme un miroir de cette farce qui, dans la salle, a suscité l’hilarité parfois teintée de malaise...sans compter que Cannes avait cette année pour partenaire Tik Tok et que nombre de ses influenceurs étaient conviés sur la Croisette.

     Dans The Square, un homme singe provoquait de riches convives, les réduisant ainsi à une condition animale. C’est de nouveau le cas ici. Ruben Östlund  se paraphrase ainsi en changeant simplement de décor. Le film est tourné en plans fixes, tout mouvement de caméra aurait finalement été un pléonasme devant ce spectacle de désolation et de chaos, cette exhibition amorale, ce monde en plein naufrage. L’excès et le grotesque vont crescendo. Et cela aurait gagné à se terminer à la fin de la deuxième partie. La troisième partie représente le retour d’un cycle sans fin qui voit toujours les dominants et le consumérisme à outrance gagner. La réalisation est particulièrement élégante, presque « avec filtre», soulignant ainsi par la forme le propos et le contraste entre le paraître qui se veut si lisse et l'abjection de l'être.

    Tantôt réjouissante, tantôt dérangeante (à dessein) et finalement peut-être vaine, cette farce cruelle et satirique, sans la moindre illusion sur le monde, nous laisse une impression mitigée, se terminant par une pirouette facile destinée à nous montrer que la boucle est bouclée, que le cycle infernal ne prendra jamais fin. 

    Catégories : COMPETITION OFFICIELLE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Critique de FRÈRE ET SŒUR d’Arnaud Desplechin - Compétition officielle

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    Dans Les Fantômes d’Ismaël, la vie d’un cinéaste, Ismaël (Mathieu Amalric) est bouleversée par la réapparition de Carlotta, un amour disparu 20 ans auparavant. Un personnage irréel à la présence troublante et fantomatique incarné par Marion Cotillard, filmée comme une apparition, pourtant incroyablement vivante et envoûtante, notamment dans cette magnifique scène d’une grâce infinie lors de laquelle elle danse sur It Ain't Me Babe de Bob Dylan, une scène qui, à elle seule, justifie de voir le film en question. Dans ce film de 2017, Desplechin jongle avec les codes du cinéma pour mieux les tordre et nous perdre. A la frontière du réel, à la frontière des genres (drame, espionnage, fantastique, comédie, histoire d’amour), à la frontière des influences (truffaldiennes, hitchcockiennes -Carlotta est ici une référence à Carlotta Valdes dans Vertigo d’Hitchcock-) ce film est savoureusement inclassable, et à l’image du personnage de Marion Cotillard : insaisissable, et nous laissant une forte empreinte. Comme le ferait un rêve ou un cauchemar. Un film plein de vie, un dédale dans lequel on s’égare avec délice. Un film résumé dans la réplique suivante : « la vie m'est arrivée. » La vie avec ses vicissitudes imprévisibles que la poésie du cinéma enchante et adoucit.

    Dans Tromperie, le précédent film d'Arnaud Desplechin, dès la séquence d’ouverture, le cinéma, à nouveau, (ré)enchante la vie. Le personnage de l’amante incarnée par Léa Seydoux se trouve ainsi dans une loge du théâtre des Bouffes du Nord. Là, elle se présente à nous face caméra et nous envoûte, déjà, et nous convie à cette farandole utopique, à jouer avec elle, à faire comme si, comme si tout cela n’était pas que du cinéma. Un film solaire et sensuel, parfois doucement cruel mais aussi tendre, même quand il évoque des sujets plus âpres. Une réflexion passionnante sur l’art aussi et sur la vérité. Une réflexion que l’on trouve aussi dans Frère et sœur.

    Si dans Les Fantômes d’Ismaël, la présence de Marion Cotillard était troublante, elle est ici dans le rôle d’Alice carrément dérangeante pour son frère Louis (Melvil Poupaud). Ces deux-là se vouent une haine sans bornes. Elle est actrice. Il est professeur et écrivain. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Un terrible accident qui conduit leurs deux parents en soins intensifs à l’hôpital va les réunir. Une scène aussi magistrale que terrible. A l’image de ce film.

    On retrouve ici tous les thèmes habituels de Desplechin, dans une sorte de maelstrom d’émotions qui ne nous laisse pas indemnes. Comme un voyage qu’on n’aurait jamais eu la folie d'effectuer si on avait connu d’avance les épreuves auxquelles il nous confronterait mais qu’on ne regrette malgré tout pas d’avoir entrepris pour la sensation qu’il nous laisse. Ce film est déchirant, éprouvant, déroutant aussi. Et Desplechin s’y amuse une fois de plus avec les codes narratifs du cinéma.

    Le début est aussi suffocant qu’impressionnant. La famille s’est rassemblée autour de Louis et sa compagne après le décès de leur enfant. Tout à coup, le mari de la sœur de Louis surgit. Louis déborde soudain de colère contre lui et sa sœur qui attend à la porte.  « Tu avais 6 ans pour le rencontrer. Tu n’as rien perdu. J’ai perdu plus que ma vie. » Elle reste dehors, effondrée. Générique. Pas de temps mort. Survient ensuite l'accident qui nous saisit à son tour...

    Le spectateur ne connaîtra jamais vraiment les raisons de cette haine même si des indices sont parsemés et même si quelques flashbacks nous éclairent. L’orgueil blessé ? La jalousie ? Des relations dépassant ceux qui lient normalement un frère et une sœur ? Un amour excessif ? Ou bien une haine tenace mais surtout irrationnelle dont l’un et l’autre ne connaissent même peut-être pas la réelle cause. Il a fait d’elle un personnage de ses livres : « Je ne savais plus comment supporter la honte » dira-t-elle. Une honte telle qu’elle se frappera pour exorciser la douleur. « Je ne pardonnerai jamais à Louis. » Elle n’a pas supporté de ne plus être l’héroïne dans la vie. Son père avait écrit à son sujet : « Tu seras aimée, follement. ». « Cela me plaisait d’être son héroïne. Cela faisait dix ans qu’il n’arrêtait pas d’échouer. Il était dans mon ombre. » Alors un jour, elle lui dira « Je te hais » comme elle lui aurait dit « j’ai froid » ou « je suis là » ou « je suis lasse » . Et, laconiquement, il répondra « D’accord ». Il lui faudra dix ans pour réaliser qu’elle le hait vraiment, ou pour construire cette haine :  « Un jour, la haine avait pris toute la place. », « Je veux que tu ailles en prison. Que tu paies pour ton orgueil. »  Alors, ils se sont haïs. Follement.

    Louis peut être aussi affreusement cruel. Une cruauté qui parsème toujours les films de Desplechin. Une cruauté tranchante. Il l’est avec son père. Avec son neveu avec qui subitement il changera de ton : « Arrête de sourire. Les gentils, c’est tiède. » Melvil Poupaud est comme toujours sur le fil, à fleur de peau, d’une vérité troublante. Marion Cotillard se plonge aussi corps et âme dans son rôle.

    Tous deux sont enfermés dans cette haine au-delà d’eux-mêmes, au bout d’eux-mêmes, au-delà même peut-être de toute rationalité, comme une course folle vers l‘abîme après laquelle le retour en arrière semble impossible. « On ne va pas mourir et te laisser en prison. Tu es enfermée » dira ainsi son père à Alice.

    Dans un couloir de l’hôpital, ébloui par son âpre lumière, Louis qui y est assis ne verra pas tout de suite que la femme qui s’avance vers lui n’est autre qu’Alice. On retrouve quelques instants  le suspense cher aussi à Desplechin, le mélange des genres aussi comme si les deux ennemis d’un western allaient être confrontés l’un à l’autre, enfin (western auquel des chevauchées feront d’ailleurs explicitement référence). Elle avance. Louis ignore le danger de la confrontation qui le menace. Et quand il le réalise, il s’enfuit comme un enfant terrifié et elle s’effondre littéralement. Dans Rois et Reine et Un conte de noël, déjà Desplechin explorait cette haine entre frère et sœur.

    Et puis au milieu de tous ces moment suffocants (la haine étouffante, les scènes à l’hôpital qui saisissent de douleur, les drames successifs, la dépression d’Alice) il y a tous ces éclats de beauté lors desquels la lumière change, se fait plus douce, caressante, consolante. Les scènes, magnifiques, de Louis avec sa femme, qui illuminent le film d’une grâce infinie grâce notamment à la présence solaire de Golshifteh Farahani. Une scène de pardon. Un envol au-dessus des toits et de la réalité.  Un emprunt au fantastique. Ou même à Hitchcock qui rappelle ses célèbres oiseaux quand la grêle agresse Alice comme la neige qui la recouvrira sur la scène du théâtre. Il brouille les repères entre cinéma et réalité. Avant qu’ils ne se rejoignent…

    Et puis il y a a nouveau « Roubaix », cette « lumière ». Celle d'Irina Lubtchansky.  « Vous avez vu ? C’est affreux.  On dirait que le soleil ne va pas se lever» dit ainsi un pharmacien à Alice.  Au sens figuré aussi, le soleil souvent ne se lèvera pas et nimbera les âmes et le film d'une obscurité oppressante et glaçante. Mais lorsqu’il se lève, lorsque la noirceur laisse place à lumière chaude et apaisante, une sorte de poésie réconfortante nous envahit jusqu’au soulagement final, qui irradie de soleil, de chaleur et de vie après cette plongée dans les complexités de l’âme humaine.  « Ici je suis envahie d’histoires. Tu vois, j’ai tout laissé derrière moi. Le théâtre, mon homme, mon fils. Je suis partie. Je me souviens de ce vers que tu m’avais appris. Carte compas par-dessus bord. Je n’ai plus ni carte ni compas. Je suis en vie » écrira alors Alice. Comme un écho au « La vie m’est arrivée » des Fantômes d’Ismaël. Cette fois, on a la sensation que la vie va lui arriver, douce enfin. Et l'on respire avec elle après ce film riche, intense, qui chavire et serre le cœur. Prêts à affronter les vicissitudes torves et terrassantes de l'existence, et à laisser le cinéma et la poésie les réenchanter...une fois de plus.

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  • Critique de LA NUIT DU 12 de Dominik Moll - Cannes Première

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    Il ne fait aucun doute que ce film inspiré de faits réels, âpre et ciselé, fera beaucoup parler lors de sa sortie. Le scénario et les dialogues sont signés d’un duo qui a déjà fait ses preuves, Gilles Marchand et Dominik Moll.

    Cela commence par un cycliste qui fait des tours de piste dans un stade seul dans la nuit. Et par ce fait énoncé : « chaque année la police judiciaire ouvre près de 800 enquêtes pour homicide. 20% restent irrésolues. Ce film raconte une de ces enquêtes. »

    À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan (Bastien Bouillon) (le fameux « cycliste »), c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.

    Avec cette vision très personnelle du polar, Dominik Moll signe là son septième long-métrage dont la puissance de la mise en scène fait écho à celle de son film le plus réussi, Harry, un ami qui vous veut du bien (2000).

    A l’heure où les féminicides sont dramatiquement nombreux, ce film est un plaidoyer retentissant et vibrant contre les violences faites aux femmes. Ainsi, parmi les 6 jeunes suspects, le plus terrible est que chacun d’entre eux aurait pu tuer Clara :  « Je suis peut-être fou mais j'ai la conviction que si on ne trouve pas l'assassin, c'est parce que ce sont tous les hommes qui ont tué Clara. C'est quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes. »

     L’intérêt de l’enquête réside ainsi moins dans la résolution du crime que dans l’auscultation de la vision de la femme, de cette femme, par ces 6 hommes mais aussi par certains policiers dont les propos font écho à ceux de ces derniers. N'y voyez pas là du manichéisme, bien au contraire. Les formidables personnages incarnés par Bastien Bouillon et Bouli Lanners viennent les contrebalancer.

    Bouli Lanners et Bastien Bouillon sont ainsi perdus et tourmentés, et leur désespoir, leur fragilité, leur solitude face à cette affaire irrésolue nous hantent autant que cette dernière après le film. Anouk Grinberg campe aussi une juge profondément humaine.  La procédure est décortiquée mais ce sont surtout les âmes humaines qui le sont comme dans un film de Tavernier (on songe à L627).

    Le décor de cette vallée grisâtre autour de Grenoble se prête parfaitement à ce thriller sombre. Un film noir dont on ressort bousculé par le portrait de la misogynie « ordinaire » contre laquelle il est un vibrant et glaçant plaidoyer, surtout nécessaire.

    Le dernier plan, celui de Yohan qui s'échappe du vélodrome et roule le jour est la respiration tant attendue qui nous marque longtemps après la projection comme ce film qui ne peut laisser indifférent, tant il entre en résonance avec les plaies à vif de notre époque.

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  • Critique de ARMAGEDDON TIME de James Gray (compétition officielle - Festival de Cannes 2022)

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    Le (grand) cinéma est affaire de points de vue comme celui de James Gray dont le regard aiguisé se pose avec tellement de sensibilité sur les êtres que, dès les premiers plans, il vous captive même par une scène en apparence anodine dans une salle de classe. Celle du jeune Paul Graff (Michael Banks Repeta) qui vit dans le Queens, là où le cinéaste lui-même a habité dans son enfance. Alors que se profile l'arrivée de Reagan au pouvoir, Paul amoncèle les bêtises avec son ami Jonathan (Jaylin Webb). Il devra changer d'école et se retrouvera ensuite dans l’établissement scolaire au siège d'administration duquel siègent plusieurs membres de la famille Trump dont Fred, le père de Donald. Ses parents, Esther (Anne Hathaway) et Irving (Jeremy Strong), sont démunis face à ce fils pour lequel ils rêvent de réussite. Seul son grand-père (Anthony Hopkins) semble le comprendre…

    Si James Gray a toujours raconté des histoires de famille déchirées, il recourait toujours au masque du polar ou du film noir pour les évoquer même si The Immigrant (un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante et lancinante qui nous envahit peu à peu et dont la force ravageuse explose au dernier plan et qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin) était déjà inspiré des souvenirs de ses grands-parents, juifs ukrainiens arrivés aux États-Unis en 1923 dont l'histoire est ici à nouveau contée par le grand-père de Paul. Cette fois, James Gray lève le masque pour raconter une histoire très personnelle inspirée de son enfance.

    En quelques plans, quelques phrases, notamment lors d'une séquence de dîner exemplaire (qui n'est pas sans rappeler une des premières scènes de Two lovers), James Gray croque chacun des personnages, leurs forces et fragilités et leurs relations, ou du moins telles qu'ils veulent qu'elles apparaissent.

    Comme le monde dans lequel il évolue, le jeune Paul est en plein chambardement, vers l'âge adulte. S'il perd une part de son innocence, il y gagne ses raisons d'être un artiste : le désir de liberté et surtout de justice sous l'influence de son grand-père. Avec une extrême délicatesse, James Gray filme la relation de Paul avec  ce dernier interprété par Anthony Hopkins et avec son ami Jonathan, abandonné de tous, victime d'un racisme plus ou moins latent et de l’indifférence sociale.

    James Gray cherche à comprendre les raisons de chacun y compris celles du père violent de Paul et y compris les siennes qui le poussèrent à devenir cinéaste. Comme dans chacun de ses films, l'apparent, volontaire et relatif manichéisme initial n'est en effet là que pour laisser peu à peu place à des personnages infiniment nuancés et infiniment touchants qui essaient de vivre tant bien que mal malgré les plaies béantes, de l’existence et surtout de l’enfance.

    La nuit nous appartient, pouvant sembler de prime abord manichéen, se dévoilait ainsi progressivement comme un film poignant constitué de parallèles et de contrastes savamment dosés, même si la nuit brouille les repères, donne des reflets changeants aux attitudes et aux visages.  Un film noir sur lequel plane la fatalité. James Gray dissèque aussi les liens familiaux, plus forts que tout : la mort, la morale, le destin, la loi.  Un film lyrique et parfois poétique, aussi : lorsque Eva Mendes déambule nonchalamment dans les brumes de fumées de cigarette dans un ralenti langoureux, on se dit que Wong Kar-Wai n’est pas si loin... même si ici les nuits ne sont pas couleur myrtille mais bleutées et grisâtres. La brume d’une des scènes finales rappellera d’ailleurs cette brume artificielle comme un écho à la fois ironique et tragique du destin.

    La fin de l’enfance et de l’innocence est aussi celle d’un monde tout entier pour celui qui la vit, comme le jeune Paul dans Armageddon time, la fin de l'appréhension de la vie comme manichéenne (l'apparent manichéisme, on y revient), qui lui apprend les compromis que nécessite l’existence, que la frontière entre le bien et le mal est parfois si floue. C’est son « Armageddon time » en écho avec l’actualité d’alors, la peur d’une guerre nucléaire. C’est pour lui l’amère découverte de ses propres limites, de la trahison, de l’apprentissage de la mort, du racisme, des injustices. La mort du grand-père tant aimé, c’est la fin de cette part de rêve, et du sentiment d’éternité et d’invincibilité, la prise de conscience de la finitude des choses.

    La sublime photographie de Darius Khondji aux accents automnaux renforce la sensation de mélancolie qui se dégage du film, douce puis plus âpre. James Gray filme l’intime avec grandeur et lui procure un souffle romanesque et émotionnel unique. Le jeune Michael Banks Repeta est absolument bluffant, et quel duo avec Anthony Hopkins qui incarne le personnage lumineux du grand-père après son rôle dans The Father où il redevenait lui-même cet enfant secoué de sanglots, prisonnier de sa prison mentale et de son habitation carcérale. Quelles images sublimes que celles du grand-père et du petit-fils dans cette lumière automnale, déclinante, et crépusculaire. Sublime et fascinante comme un dernier et vibrant sursaut de vie. James Gray n'a pas son pareil pour faire surgir l'émotion par un simple regard à travers la vitre, et vous bouleverser sans pour autant recourir à des facilités ou ficelles mélodramatiques. Une scène entre le père et le fils dans la voiture est aussi un exemple de subtilité, de nuance, d’émotion contenue.

    Un film d’une tendre cruauté et d’une amère beauté, vous disais-je à propos de Two lovers. C’est à nouveau ainsi que je pourrais qualifier ce film. J’en profite donc pour vous recommander à nouveau Two lovers  (à voir aussi cette semaine au Festival Lumière de Lyon), ce thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments, enivrants, qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Avec en plus cette merveilleuse bo entre jazz et opéra (même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, Una furtiva lagrima que dans  le chef d’œuvre de Woody Allen, Match point, dans lequel on trouve la même élégance dans la mise en scène et la même dualité entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski, Crime et châtiment dans le film de Woody Allen, Les Nuits blanches dans Two lovers), un film dans lequel James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film, à fleur de peau, d’une mélancolie, d’une poésie et d’une beauté déchirantes. Je pourrais en dire de même de Armageddon time qui, comme chacun de ses sept films précédents, témoigne de toute la sensibilité, la dualité, la complexité, la richesse du cinéma de James Gray. 

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  • Critique de TOP GUN : MAVERICK de Joseph Kosinski Share - Sélection officielle - Hors compétition

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    Cannes, c’est avant tout la compétition officielle à laquelle je consacre chaque année la majorité de mes articles ici mais ce sont aussi, en sélection officielle hors compétition, de purs moments jubilatoires de cinéma à grand spectacle, de ceux qui nous rappellent à quel point voir un film sur grand écran est un plaisir inégalé, a fortiori après ces mois de pandémie. En cela, ce blockbuster remplit pleinement son rôle et avait particulièrement sa place à Cannes, l’antre de la cinéphilie mais aussi du rêve … comme l’incarna également un film comme Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann qui fit l’ouverture il y a quelques années.

    Après avoir été l’un des meilleurs pilotes de chasse de la Marine américaine pendant plus de trente ans, Pete “Maverick" Mitchell (Tom Cruise) continue à repousser ses limites en tant que pilote d'essai. Il refuse de monter en grade, car cela l’obligerait à renoncer à voler. Il est chargé de former un détachement de jeunes diplômés de l’école Top Gun pour une mission spéciale qu’aucun pilote n'aurait jamais imaginée. Lors de cette mission, Maverick rencontre le lieutenant Bradley “Rooster” Bradshaw (Miles Teller), le fils de son défunt ami, le navigateur Nick “Goose” Bradshaw. Face à un avenir incertain, hanté par ses fantômes, Maverick va devoir affronter ses pires cauchemars au cours d’une mission qui exigera les plus grands des sacrifices.

    L’effervescence était hier à son comble sur la Croisette avec la présence de la patrouille de France mais aussi celle de l’acteur qui incarne Pete « Maverick » Mitchell, Tom Cruise, qui, pour l’occasion, a donné une masterclass et s’est vu remettre une palme d’or d’honneur.

    En 1986, le budget de Top gun était de 15 millions de dollars. Il en avait rapporté 357. Le budget de cette suite était presque 10 fois plus élevé : 140 millions de dollars ! Le pari devrait être gagné et les recettes seront certainement au rendez-vous avec cette suite attendue depuis des décennies, une suite qui en met plein les yeux. Si elle est spectaculaire, elle n’en oublie pas pour autant l’émotion notamment dans une scène de face à face avec Tom "Iceman" Kazansky (Val Kilmer).  Certes le scénario fourmille de scènes et personnages archétypaux, voire caricaturaux, la romance est plus que convenue et même bâclée, mais c’est aussi ce que le public attend de ce genre de blockbuster, être rassuré en retrouvant ces « figures » familières.

    Le BO, entêtante et galvanisante, comme celle du film de 1986 ne manquera pas de susciter l’engouement et de contribuer au succès du film, notamment la chanson Hold My Hand signée Lady Gaga.

    La nostalgie est aussi au rendez-vous avec des clins d’œil assumés : d’un match de football américain sur la plage, clin d’œil évident à la scène de beach-volley, à des scènes de moto sur fond de soleil éblouissant.

    Un blockbuster spectaculaire qui devrait réjouir les inconditionnels de Top gun et faire venir en masse les spectateurs en salles. Certes pas de surprise : la bannière étoilée, l’honneur, l’héroïsme et les bons sentiments triomphent. Mais les scènes aériennes majestueusement chorégraphiées vous cloueront à votre siège et vous feront oublier le temps et la réalité et, rien que pour cela, ce vol ébouriffant vaut le voyage ! Rendez-vous en salles le 25 mai prochain !

    Catégories : HORS COMPETITION Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Ouverture du 75ème Festival de Cannes ce soir : découvrez l'enthousiasmant programme détaillé

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    Cet article a eté mis à jour au fur et à mesure des annonces... 

    Ce soir s'ouvrira la 75ème édition du Festival de Cannes. Dans cet article, je vous détaille l'enthousiasmant programme de cette année, mis à jour au fur et à mesure des annonces et je vous donne rendez-vous dans quelques heures en direct de la Croisette pour mon 20ème Festival de Cannes...

    Le jeudi 14 avril, à l’UGC Normandie, sur les Champs-Elysées, avait lieu la conférence de presse d’annonce de sélection du 75ème Festival de Cannes qui se tiendra du 17 au 28 mai 2022. Après une édition 2020 annulée pour cause de pandémie (même si le festival avait dévoilé une sélection, dans une forme singulière, puisque des films labellisés « Cannes 2020 » avaient été présentés dans des festivals partenaires parmi lesquels, d’ailleurs, quelques pépites comme Été 85 de François OzonDrunk de Thomas VinterbergLes choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret, Médecin de nuit d’Elie Wajeman, Slalom de Charlène Favier, Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh...), et après une édition 2021 qui s’était déroulée en juillet, le festival revient donc cette année dans sa configuration habituelle, en mai. 

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    Comme chaque année, l’Aquarium (extrait du Carnaval des animaux) de Saint-Saëns résonnera donc sur la Croisette et, chaque soir, préfigurera le coup d’envoi de ce voyage immobile dans les cinématographies du monde entier, cette scrutation de la réalité du monde, poétique parfois, âpre souvent, à laquelle nous aurons le plaisir d’assister confortablement installés à l’abri de ses fracas. Miroir grossissant et informant du monde, fenêtre ouverte sur ses plaies béantes et ses espoirs, Cannes le sera plus que jamais cette année, intervenant dans un contexte international particulièrement tendu.

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     Après Agnès Varda en 2019 et Spike Lee en 2021, cette année, c’est Jim Carrey qui est à l’honneur avec cette image extraite du film « The Truman Show » de Peter Weir (1998). « Des marches qui cheminent vers la révélation. Une célébration poétique de l’insaisissable et de la liberté. Une ascension pour surplomber le passé et s’avancer vers la promesse d’un renouveau », « Comme l'inoubliable Truman incarné par Jim Carrey qui frôle du bout des doigts son horizon, le Festival de Cannes prend acte de l'extrémité d'un monde pour l'appréhender à nouveau ». Un film sur la mise en abyme, aussi. Ce qu’est également Cannes lors de ce festival pendant lequel la frontière entre cinéma et réalité est si ténue. A la fin de The Truman show, Truman entre dans la réalité et, ainsi, échappe au mensonge. En route vers la liberté. Vers un nouvel horizon. Vers la vérité. Ce à quoi nous invite aussi la salle de cinéma et le festival. A la fin du film de Peter Weir, les spectateurs zappent sur un autre programme. Tout comme une autre actualité chassera le festival, une fois le tapis rouge remballé. Mais entre les deux, il y aura cette parenthèse, qu’elle soit une douce illusion, une fenêtre ouverte sur l’ailleurs ou sur cette terrible actualité entre crise climatique, catastrophes humanitaires, conflits armés.

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    Deux films ukrainiens et un film russe font d’ailleurs partie de la sélection. Le premier film ukrainien sera celui du cinéaste que Thierry Frémaux s’est dit « particulièrement heureux d’accueillir cette année », Sergei Loznitsa, habitué du festival dans le cadre duquel il avait notamment présenté son documentaire Maïdan (2014), consacré à la révolution ukrainienne ou encore la fiction Donbass (2018) traitant de la guerre avec les séparatistes russes. Cette année sélectionné en séance spéciale, il proposera The Natural History of Destruction, un film basé sur un texte de l'essayiste allemand W.G. Sebald. Le second film ukrainien sera projeté dans le cadre d’Un Certain Regard, il s’agit du premier film d’un jeune cinéaste, Makism Nakonechnyi, Butterfly vision (Bachennya Metelyka). Ce film raconte le retour au pays d’une jeune femme, une enseignante, qui s’était engagée dans la guerre et qui fut enlevée, revenant au pays à l’occasion d’un échange de prisonniers.

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    En compétition, nous retrouverons le Russe Kirill Serebrennikov, le metteur en scène de cinéma et de théâtre qui n’avait pas pu accompagner Leto en 2018 et La fièvre de Petrov en 2021, ne pouvant plus quitter son pays. Pour la troisième fois en compétition à Cannes, il présentera cette année Tchaïkovsky’s Wife (Zhena Chaikovskogo). Le cinéaste qui a quitté la Russie vit désormais à Berlin, il fera également l’ouverture du Festival d’Avignon avec l’adaptation d’une nouvelle de Tchekhov.

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    Le film d’ouverture sera cette année Z comme Z, un film de Michel Hazanavicius présenté hors compétition, « une comédie zombie, une histoire du tournage d’un film de zombie qui évoque la passion du cinéma et ce que c’est que le collectif dans le cinéma. » À cette occasion, Thierry Frémaux a évoqué et recommandé un autre film d'Hazanavicius, The Search (2014), dans lequel il « montrait les exactions de l’armée russe pendant la guerre de Tchétchénie ».

    Le 25/04/2022 Michel Hazanavicius a décidé de modifier le titre de son  film, en raison de la symbolique qu'a pris la lettre "Z" en Russie. Z (comme Z) devient désormais Coupez!. « Au vu de la charge symbolique prise par la lettre ‘z’ depuis le début de la guerre en Ukraine, et à la demande de cinéastes ukrainiens, j’ai décidé de changer le titre de mon film, explique le cinéaste dans un communiqué. Ce titre était peut-être drôle quand nous avons fait le film il y a quelques mois, il ne l’est plus du tout et je ne peux pas l’assumer. » « En aucun cas je ne voudrais qu’il soit associé de près ou de loin à cette guerre, ajoute-t-il. Je suis donc très heureux d’en changer, et dans cette mesure de marquer mon soutien le plus total au peuple ukrainien » a déclaré le réalisateur.

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    Rappelons enfin que, dès le 1er mars, le festival avait par ailleurs publié un communiqué de presse, une déclaration sur la guerre en Ukraine afin d’« exprimer tout son soutien au peuple ukrainien et à toutes les personnes qui se trouvent sur son territoire » et sa volonté « de ne pas accueillir de délégations officielles venues de Russie ni d’accepter la moindre instance liée au gouvernement russe. » Dans ce communiqué, le festival saluait également « le courage de toutes celles et tous ceux qui, en Russie, ont pris le risque de protester contre l’agression et l’invasion de l’Ukraine. ». Le festival a également rappelé que « fidèle à son histoire, qui débuta en 1939 en résistance aux dictatures fasciste et nazie, le Festival de Cannes se mettra toujours au service des artistes et des professionnels du cinéma, dont la voix s’élève pour dénoncer la violence la répression et les injustices, et pour défendre la paix et la liberté. »

    Célébrer l'anniversaire du festival qui fête cette année ses 75 ans ne sera pas forcément aisé dans ce contexte bien que « cette double naissance en 1939 et 1946 soit pleine de symboles et de signaux qui sont précieux pour les analyses d'aujourd'hui » a souligné Thierry Frémaux. Il a également précisé qu’il s’agirait de « célébrer également le présent et l'avenir » et de « s'interroger sur l'avenir du cinéma. Le moment anniversaire sera le mai 24 mai avec de nombreux invités. Avec également, un colloque, un symposium qui fera que des cinéastes viendront plancher et s'exprimer sur ce qu'est être cinéaste aujourd'hui, avec une réflexion sur la place et le rôle des festivals dans le cinéma et dans le monde entier. Avec également des directeurs de festivals. » Il a par ailleurs rappelé que Wim Wenders, en 1982, avait réalisé un court, Room 666, à l’occasion duquel il avait interviewé des cinéastes. Le cinéma est-il un langage en train de se perdre, un art qui va mourir ? se demandait-il alors. Une jeune réalisatrice a décidé de venir pour poser à nouveau ces questions « pour voir ce qui s'est passé en 40 années ».

    Après Jodie Foster en 2021, c’est l'acteur Forest Whitaker qui sera l’invité d’honneur de la cérémonie d’ouverture du 75e Festival de Cannes, et qui recevra ainsi une palme d’or d’honneur comme Jeanne Moreau, Bernardo Bertolucci, Manoel de Oliveira, Jean-Pierre Léaud, Agnès Varda avant lui. À cette occasion, For the Sake of Peace (Au nom de la Paix), réalisé par Christophe Castagne et Thomas Sametin et produit par Forest Whitaker, sera projeté le mercredi 18 mai en Séance spéciale.

    Cette année, ce ne sont pas moins de 2200 films qui ont été visionnés par le comité de sélection. La sélection sera complétée dans les jours à venir. 

    Vincent Lindon présidera le jury de cette 75ème édition du Festival de Cannes. Il avait reçu le prix d'interprétation masculine en 2015 pour La loi du marché.

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    Isabelle Huppert a été la dernière personnalité française à occuper, en 2009, la Présidence du Jury. Dans l’histoire du Festival, les artistes de l’Hexagone ont souvent tenu ce rôle pour une édition-célébration, comme Yves Montand en 1987 pour le 40e anniversaire, Gérard Depardieu en 1992 pour le 45e Festival ou encore Isabelle Adjani en 1997 pour le 50e anniversaire. Il sera accompagné de Rebecca Hall, Deepika Padukone, Noomi Rapace, Jasmine Trinca, Asghar Farhadi, Ladj Ly, Jeff Nichols, Joachim Trier.

    Après Mélanie Thierry en 2021, l’actrice espagnole Rossy de Palma sera la Présidente du Jury de la Caméra d’or qui récompensera un film parmi tous les premiers longs métrages présentés en Sélection officielle et dans les sections parallèles. Le Jury est composé de représentants français de la profession (presse, industrie, association de cinéastes) ainsi que de deux artistes invités qui entoureront Rossy de Palma : Natasza Chroscicki (directrice générale ARRI France), Éléonore Weber (auteure, metteuse en scène et cinéaste), Olivier Pelisson (journaliste & critique de cinéma), Lucien Jean-Baptiste (réalisateur, scénariste et acteur), Samuel Le Bihan (acteur).

    Après la cinéaste britannique Andrea Arnold, c'est la réalisatrice, actrice et productrice italienne Valeria Golino qui sera la Présidente du Jury Un Certain Regard. Entourée de 4 jurés venus de Pologne (l’actrice Joanna Kulig), du Venezuela (l’acteur Édgar Ramírez), des États-Unis (la réalisatrice Debra Granik) et de France (l'auteur-compositeur-interprète et acteur Benjamin Biolay), elle aura pour mission d’établir le Palmarès de cette section qui célèbre un jeune cinéma, d’auteur et de découverte. Il y a cette année 20 œuvres sélectionnées, parmi lesquelles 8 sont des premiers films et 9 sont signées par des réalisatrices.

    Le Jury des courts métrages aura pour mission d’attribuer, parmi les 9 films sélectionnés en Compétition, la Palme d’or du court métrage qui sera remise lors de la Cérémonie de clôture du Festival le samedi 28 mai 2022.  Le Jury devra également décerner les trois prix de la Cinef aux meilleurs des 16 films d’écoles de cinéma présentés cette année. Ces prix seront remis lors de la cérémonie précédant la projection des films primés le jeudi 26 mai 2022. Le jury sera présidé par le réalisateur égyptien Yousry Nasrallah qui sera accompagné de : Monia Chokri, Laura Wandel, Félix Moati, Jean-Claude Raspiengeas.

    C'est la comédienne Virginie Efira qui présentera les cérémonies d'ouverture et de clôture. Comme chaque année, Cannes nous permettra aussi de redécouvrir des classiques du septième Art grâce à Cannes Classics. Comme chaque année également, les films d’école sélectionnés dans le cadre de la Cinéfondation devenue Cinef donneront lieu à la compétition de films des étudiants en cinéma venus du monde entier. Enfin, l’opération 3 jours à Cannes qui permet désormais à des milliers de jeunes d’être accrédités (entre 3 et 5000 jeunes) sera reconduite cette année.


    35000 accrédités sont annoncés. 155 pays différents ont proposé des films, 18 films figurent finalement en compétition parmi lesquels 4 anciens lauréats de la palme d’or.

     Thierry Frémaux a par ailleurs rappelé que c’était la dernière année de Pierre Lescure à la présidence du festival. En 2015, il avait succédé à Gilles Jacob qui fut délégué général du festival de 1978 à 2001, puis son président jusqu’en 2014. C’est Iris Knobloch qui vient d’être élue présidente du festival. Elle prendra ses fonctions en juillet prochain. Pierre Lescure a également rappelé que le partenaire média Canal + serait remplacé par France Télévisions et Brut. Et que le Festival de Cannes accueillait de nouveaux partenaires : BMW et Campari.

    «Le cinéma est un mélange parfait de vérité et de spectacle». Cannes incarne, mieux que nul autre festival, incarne cette citation de François Truffaut comme le démonter à nouveau cette sélection 2022.

    Un peu moins de cinquante films ont été annoncés ce jeudi (80 furent sélectionnés l’an passé) : les films en compétition officielle, hors compétition en séance spéciale, en séance de minuit, Un Certain Regard parmi lesquels :

    -Tirailleurs de Mathieu Vadepied avec Omar Sy, Alassane Diong et Jonas Bloquet fera l’ouverture d’Un Certain Regard. Produit par Bruno Nahon et Omar Sy, Tirailleurs est le deuxième long métrage du réalisateur, scénariste et directeur de la photographie Mathieu Vadepied. Le film met en lumière l'histoire, rayée de nos mémoires, des tirailleurs sénégalais, héros oubliés de la Première Guerre mondiale, forcés à quitter leurs terres et à combattre pour la libération de la France. Cette coproduction franco-sénégalaise, tournée en France et au Sénégal, relate l’histoire d’un père, Bakary Diallo enrôlé en 1917 dans l'armée française pour rejoindre Thierno, son fils de 17 ans, recruté de force. Envoyés sur le front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur de la bataille, Thierno va s'affranchir et apprendre à devenir un homme, tandis que Bakary va tout faire pour l'arracher aux combats et le ramener sain et sauf. Tirailleurs sera projeté en avant-première mondiale le mercredi 18 mai en ouverture d’Un Certain Regard devant le Jury, qui rendra son palmarès le vendredi 27 mai.

    - le premier film réalisé par Ethan Coen, seul, sans son frère Joël, en séance spécialeJerry Lee Lewis, Trouble in mind,

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     - Comme cela avait déjà été annoncé, un « grand hommage sera rendu à Tom Cruise », le lendemain de l’ouverture du festival. « L’un de ces comédiens producteurs qui s’engagent pour le cinéma, qui a le ratio projet cohérence qualité les plus élevés dans l’ordre de ce qu’il fait comme cinéma et on sera heureux de saluer l’artiste, la qualité de son engagement dans son cinéma » a ainsi expliqué le délégué général du festival. Tom Cruise sera présent à Cannes le 18 mai 2022 pour la projection de Top Gun : Maverick, dont la sortie est prévue le 25 mai en France et le 27 mai aux États-Unis. Le Festival rendra à cette occasion un hommage exceptionnel à Tom Cruise pour l’ensemble de sa carrière. Tom Cruise est de retour au Festival de Cannes où il n’a fait qu’une seule apparition : c’était le 18 mai 1992, pour la présentation du film Horizons lointains de Ron Howard, projeté en clôture du 45e Festival. Ce soir-là, il avait remis la Palme d’or au réalisateur Bille August pour son film Les Meilleures intentions. Lors de cette journée spéciale, Tom Cruise se livrera dans l’après-midi à l’exercice d’une conversation avec le journaliste Didier Allouch et montera les marches le soir-même à l’occasion de la projection de Top Gun : Maverick, réalisé par Joseph Kosinski.

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    Baz Lurhmann présentera le 25 mai, Elvis. Le réalisateur, scénariste et producteur australien sera au Festival de Cannes pour présenter en avant-première mondiale son dernier film en compagnie de Austin Butler, Tom Hanks, et Olivia DeJonge. Elvis s’attache à la vie et à l’œuvre d’Elvis Presley (Austin Butler), à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker (Tom Hanks). L'histoire plonge dans la dynamique complexe entre Presley et Parker sur plus de 20 ans, de l’ascension à la célébrité de Presley à son statut de star sans précédent, tandis que l’Amérique est traversée par des bouleversements socioculturels majeurs et perd son innocence. Au cœur de ce parcours se trouve l'une des personnes les plus importantes et les plus influentes de la vie d'Elvis, Priscilla Presley (Olivia DeJonge). Elvis de Baz Luhrmann, produit par Bazmark et The Jackal Group sortira en Amérique du Nord le 24 juin 2022 et dans le reste du monde à partir du 22 juin 2022. Baz Luhrmann, cinéaste flamboyant, a marqué la mémoire du Festival de Cannes en étant le seul réalisateur à présenter deux longs métrages en ouverture de la manifestation avec Moulin Rouge ! en 2001, sélectionné en Compétition, et Gatsby le Magnifique en 2013. En 1992, il avait fait sensation lors de la 45e édition du Festival avec son premier film Ballroom Dancing, projeté dans la section Un Certain Regard.

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    Cedric Jimenez, hors compétition cette fois, après le succès de Bac nord, revient à Cannes cette année avec un film intitulé Novembre, un film avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier et Sandrine Kiberlain. Une plongée au cœur de l’Anti-Terrorisme pendant les 5 jours de traque qui ont suivi les attentats du 13 novembre.

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    Nicolas Bedos, également hors compétition, viendra présenter sa comédie policière niçoise qui s’appelle Mascarade avec Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet.

    -  Un jeune cinéaste indien, Shaunak Sen, viendra présenter All that breathes (Tout ce que nous respirons). « Si nous ne faisons pas une section climat  cette année, des cinéastes partout dans le monde posent la question environnementale » a précisé Thierry Frémaux.

    - Le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, capturé et assassiné par l’armée russe début avril à Marioupol. Sa fiancée, Hanna Bilobrova, qui l’accompagnait a pu récupérer les images et les assembler avec Dounia Sichov, la monteuse de Mantas. Le film s’intitule Mariupolis 2 et sera projeté le 19 mai et le 20 mai.

    Dans le cadre de Cannes Première, section initiée l’an passé, seront projetés :

    -  le nouveau film de Rachich Bouchareb, Nos frangins, ce qu’il considère comme le « troisième volet d’une Histoire de France, un film sur la mort de Malik Oussekine »,

    - Marco Bellochio qui avait reçu une palme d’or d’honneur l’an passé viendra présenter un film de télévision, Esterno notte.

    -  Le grec Panos H.Koutras viendra présenter DodoUn dodo, oiseau disparu il y a 3000 ans, fait son apparition à Athènes dans la résidence luxueuse d’une famille au bord de la ruine pour laquelle le compte à rebours a commencé : les 38 heures cruciales et salvatrices qui la séparent du mariage de leur fille avec un riche héritier. Les frontières entre la raison et la folie seront mises à l’épreuve et la situation sera bientôt hors de contrôle.

    - Assayas, quant à lui, viendra montrer quelques épisodes de sa série Irma Vep.

    - Le premier long métrage réalisé par Jasmine Trinca, Marcel !, sera présenté en Séance spéciale.

    - Le 29 avril, deux films ont été ajoutés à la sélection officielle : l’un dans la section Cannes Première  (« AS BESTAS » de Rodrigo Sorogoyen) et l’autre en séance spéciale ( «SALAM » un documentaire de Mélanie « Diam’s », Houda Benyamina, Anne Cissé).

    15 films sont pour l’instant sélectionnés à Un Certain Regard dont 7 premiers films. Thierry Frémaux a également insisté sur le « resserrement autour d’un jeune cinéma d’auteur » dans cette section.

    Depuis 2017, le Prix de la Meilleure Création Sonore récompense un réalisateur  de la sélection Un Certain Regard pour l’excellence sonore de son film. Cette année, c’est le réalisateur Christophe Barratier qui présidera le jury de la 5ème édition du Prix de la Meilleure Création Sonore, entouré de l’actrice Anne Parillaud, du compositeur Greco Casadesus, de la cheffe opératrice  Marie Massiani, et de Janine Langlois-Gandier et Christian Hugonnet, fondateurs du prix. Le jury s’attachera à récompenser la création sonore dans sa dimension la plus large, c’est-à-dire musicale et artistique, mais également rapportée au design sonore (ambiance sonore, effets spéciaux, qualité des voix, spatialisation, niveau sonore, relation image et son). Le Prix de la Meilleure Création Sonore 2022 sera attribué le vendredi 27 mai dans la matinée.


    Parmi les 18 films en compétition :

    - Trois films français dont :

    Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi sur Patrice Chéreau « sur ce qu’est la vie en troupe, la vocation, la capacité des comédiens et comédiennes à endurer la douleur pour parvenir à la douleur l’engagement d’une jeunesse en proie dans ces années-là à la question du sida ».

    Claire Denis avec Stars at noon, un film avec un film à la lisière du polar diplomatique tourné en Amérique centrale.

    Arnaud Desplechin, avec Frère et sœur, avec Marion Cotillard et Melvil Poupaud qui avait présenté en 2021, Tromperie, dans le cadre de Cannes Première. Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps – quand Louis croisait la sœur par hasard dans la rue, celle-ci ne le saluait pas et fuyait… Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents.

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    Également en lice :

    Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Tori et Lokita, l’histoire de deux jeunes Africains exilés en Belgique.

    Kore-eda qui revient après sa palme d’or 2018 pour Une affaire de famille, une « histoire de road movie d’adoption ».

    - le cinéaste belge Lukas Dhont avec Close, il fut lauréat de la Caméra d’or en 2018 avec Girl.

    - James Gray de retour en compétition avec Armageddon time, une chronique d’une jeunesse new-yorkaise dans les années 1980 qui s’annonce très autobiographique, avec Anne Hathaway et Anthony Hopkins.

    - le réalisateur de la Loi de téhéran, Saeed Roustayi pour Leila’s Brothers.

    David Cronenberg sera présent avec Crimes of the Future, une véritable « anthologie » de son œuvre fantastique au casting chic (Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart).

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    - Comme chaque année, la section Cannes Classics nous réserve de belles surprises : La Maman et la putain de Jean Eustache en ouverture, deux épisodes du documentaire-événement d’Ethan Hawke sur Joanne Woodward et Paul Newman, un hommage à Gérard Philipe, les 40 ans de la disparition de Patrick Dewaere, une dernière conversation avec Jean-Claude Carrière, la Cinémathèque brésilienne et Glauber Rocha, le réalisateur philippin Mike De Leon, Arrabal le poète, un chef-d'œuvre de la nouvelle vague tchèque, un portrait de Romy Schneider, un dernier hommage à Fernando Solanas, celui de sa fille à Souleymane Cissé.  Il y aura aussi l’Inde à l’honneur, The Film Foundation et le World Cinema Project, les 70 ans de Singin’ in the Rain, Orson Welles et Kafka, des classiques indémodables de Duvivier et De Sica, The Band de Robbie Robertson filmé pour leur dernier concert. Et enfin un double programme olympique, avec le film officiel des Jeux Olympiques de Munich 1972 réalisé par 8 cinéastes du monde entier et celui, présenté en avant-première mondiale, des Jeux Olympiques de Tokyo, réalisé par Naomi Kawase.

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    - Les « Rendez-vous avec… » sont des rencontres entre les artistes et le public du Festival. Ils « permettent de recueillir la vision et la parole de grandes personnalités du cinéma venues du monde entier. Des moments rares de partage et de cinéphilie, de transmission et d’émotion. Pour cette édition 2022, l’acteur espagnol Javier Bardem, la réalisatrice, actrice et scénariste française Agnès Jaoui, l’acteur danois Mads Mikkelsen ainsi que la réalisatrice et scénariste italienne Alice Rohrwacher viendront à la rencontre des festivaliers.

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    - Depuis 2007, c’est sur le toit du Riviera qu’est installée la Salle du Soixantième, baptisée ainsi à l’occasion du 60e Festival de Cannes. Cette salle, devenue indispensable, s’appellera désormais  « Salle Agnès Varda ».

    - Cinéma de la Plage - Tous les jours à 21h30, en plus des projections, rencontres et événements de la Sélection officielle qui se tiennent au Palais des festivals, le Festival de Cannes se réinvente à la nuit tombée et transforme la plage Macé de la Croisette, située en face de l’hôtel Majestic, en salle de cinéma à ciel ouvert. En accès libre, ce rendez-vous est ouvert à tous les publics et aux festivaliers. La demi-décennie du Parrain, les 40 ans de E.T., l’extra-terrestre, Jim Carrey dans The Truman Show, deux avant-premières, de l’humour rock, du grand spectacle, de l’action, des hommages à Christophe, Jean-Paul Belmondo, Gérard Philipe et Peter Bogdanovich, un karaoké géant et Le Pacte des Loups restauré !

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    En complément :

    - Découvrez mon tout nouveau podcast avec mon interview de Line Toubiana, cofondatrice du Prix de la Citoyenneté dont le jury récompense chaque année un film de la compétition officielle. Line nous expliqué la genèse de ce prix, évoque les précédents lauréats, et nous annonce les membres du jury 2022 ainsi que les évènements organisés dans le cadre du prix pour ce 75ème Festival de Cannes. Je vous invite également à découvrir le site internet du Prix de la Citoyenneté, ici.

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    - En podcast également, l'incipit de mon roman sur le Festival de Cannes, L'amor dans l'âme (Editions du 38 - 2016), à écouter ici. 

    Sélection officielle du Festival de Cannes 2022

    Film d’Ouverture :

    Z (COMME Z) Michel HAZANAVICIUS 

    ***

    En compétition

    Holy Spider d’Ali Abbasi

    Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi

    Crimes of the Future (les Crimes du futur) de David Cronenberg

    Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne

    Stars at noon de Claire Denis

    Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin

    Close de Lukas Dhont

    Armageddon Times de James Gray

    Broker de Hirokazu Kore-eda

    Nostalgia de Mario Martone

    R.M.N. de Cristian Mungiu

    Triangle of Sadness (le Triangle de la tristesse) de Ruben Östlund

    Decision to Leave de Park Chan-wook

    Showing Up de Kelly Reichardt

    Leila’s Brothers de Saeed Roustaee

    Boy From Heaven de Tarik Saleh

    La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov

    Hi-Han (Eo) de Jerzy Skolimowski

    Un Certain Regard

    Les Pires de Lise Akoka et Romane Guéret

    Kurak Günler (Burning Days) d’Emin Alper

    Metronom d’Alexandru Belc

    Retour à Séoul (All the People I’ll Never Be) de Davy Chou

    Sick of Myself de Kristoffer Borgli

    Domingo y la Niebla (Domingo et la brume) d’Ariel Escalante Meza

    Plan 75 de Hayakawa Chie

    Beast de Riley Keough et Gina Gammell

    Corsage de Marie Kreutzer

    Bachennya Metelyka (Butterfly vision) de Maksim Nakonechnkyi

    Vanskabte Land / Volada Land de Hlynur Palmason

    Rodéo de Lola Quivoron

    Joyland de Saim Sadiq

    The Stranger de Thomas M. Wright

    The Silent Twins d’Agnieszka Smoczynska

    Hors compétition

    Top Gun : Maverick de Joseph Kosinski

    Elvis de Baz Luhrmann

    Novembre de Cédric Jimenez

    3000 Years of Longing de George Miller

    Mascarade de Nicolas Bedos

    Séances de Minuit :

    HUNT LEE Jung-Jae

    FUMER FAIT TOUSSER Quentin DUPIEUX

    MOONAGE DAYDREAM Brett MORGEN

    Cannes Première :

    DODO Panos H. KOUTRAS

    ESTERNO NOTTE Marco BELLOCCHIO

    IRMA VEP Olivier ASSAYAS

    NOS FRANGINS Rachid BOUCHAREB

    Séances Spéciales :

    JERRY LEE LEWIS: TROUBLE IN MIND Ethan COEN

    THE NATURAL HISTORY OF DESTRUCTION Sergei LOZNITSA

    ALL THAT BREATHES Shaunak SEN

    COMPLEMENTS DE SELECTION 

    (annoncés le 21/04/2022)

     

    COMPETITION

    LE OTTO MONTAGNE  de Charlotte Vandermeersch, Felix Van Groeningen 

    UN PETIT FRÈRE de Léonor Serraille 

    A la fin des années 1980, Rose arrive d'Afrique et emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. De cette installation jusqu’à nos jours, le portrait d'une famille ordinaire.

    TOURMENT SUR LES ÎLES d'Albert Serra 

    CANNES PREMIERE

    DON JUAN de Serge Bozon 

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    LA NUIT DU 12 de Dominik Moll 

    CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE de Emmanuel Mouret

    SEANCE DE MINUIT

    REBEL Adil El Arbi, Bilall Fallah Belgique

    UN CERTAIN REGARD

    PLUS QUE JAMAIS Emily Atef 

    MEDITERRANEAN FEVER Maha Haj 

    LE BLEU DU CAFTAN Maryam Touzani 

    HARKA Lotfy Nathan (1er film)

    SEANCES SPECIALES

    MI PAIS IMAGINARIO Patricio Guzmán (Documentaire)

    THE VAGABONDS Doroteya Droumeva  (1er film)

    RIPOSTE FÉMINISTE Marie Perennès, Simon Depardon 
    (Documentaire - 1er film)

    RESTOS DO VENTO Tiago Guedes 

    LE PETIT NICOLAS QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX ? Amandine Fredon, Benjamin Massoubre (Animation - 1er film)

     

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    Mais aussi, quelques informations complémentaires en vrac  ... :

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    - France Télévisions, partenaire officiel du Festival de Cannes 2022. Les films à voir sur la plateforme :

    A l’occasion du Festival de Cannes 2022, des films de Xavier Dolan, Céline Sciamma, Lars Von Trier et d’autres sont en accès gratuit sur la plateforme de France Télévisions (désormais partenaire officiel du festival), France TV Cinéma. Voici ma sélection (cliquez sur les titres pour accéder à mes critiques) :

    Juste la fin du monde de Xavier Dolan

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    Biutiful de Alejandro Gonzalez Inarritu

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    Timbutku de Abderrahmane Sissako

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    Copie conforme de Abbas Kiarostami

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    Et à voir le 22 mai à 21H10 sur France 2, Les plus belles années d’une vie de Claude Lelouch, dont je vous avais raconté la mémorable projection cannoise, ici.

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    - Créée en 2016 à l’occasion du Festival International du Film de Cannes, la Semaine du Cinéma Positif, placée sous les auspices du Festival de Cannes, consacre un cinéma qui change notre regard sur le monde, éveille les consciences, interroge son industrie et met son art au service des générations futures. Le cinéma positif rassemble, fait bouger les lignes, influence nos modes de pensées, nos comportements et invite les citoyens du monde entier à s’engager. Trois journées d’activités sont ainsi programmées pour le Festival de Cannes 2022. Des projections d’une sélection de films positifs, gratuites et ouvertes à tous, en plein air et en partenariat avec la Ville de Cannes. Des conférences sur la plage du CNC en présence de personnalités et professionnels du cinéma. Remise du prix du meilleur film positif à un film de la sélection officielle du Festival de Cannes. Des masterclass grand public, en partenariat avec la FNAC et professionnels, à destination des étudiants en cinéma, en partenariat avec le Campus Georges Méliès. Pour connaître le programme détaillé, rendez-vous, ici, sur le site de l’Institut de l’Economie Positive.

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    Europcar, depuis 25 ans, loueur Officiel du Festival de Cannes, à l’occasion de l’anniversaire de ce partenariat historique,  déroule le tapis rouge de cette 75ème édition, en organisant un jeu concours pour faire gagner un séjour digne d’une star de la Croisette. Au programme : traitement VIP, montée des marches et rencontre avec le photographe en vogue sur le digital : Jonathan Bertin.  Du 5 mai au 14 mai sur www.europcarcannes25ans.com, vous pourrez ainsi participer au tirage au sort et tenter de remporter votre séjour exclusif à Cannes tout compris. Le tirage au sort aura lieu le 17 mai et tous les détails de la prise en charge seront transmis aux gagnants avant le 18 mai. 

    Catégories : OUVERTURE (cérémonies/films) Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer