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  • Complément de sélection du 66ème Festival de Cannes

    Vous aviez pu lire, ici, il y a 10 jours mon compte-rendu de la conférence de presse de sélection du Festival de Cannes 2013. Comme chaque année, quelques jours plus tard ont été dévoilés le jury puis un complément de sélection que je vous invite à découvrir ci-dessous avec, notamment, le film de Claude Lanzmann, ce qui n’est pas vraiment une surprise, celui-ci ayant évoqué sa fort probable présence à Cannes lors du dernier Salon de Livre dont je vous avais parlé sur http://inthemoodlemag.com .

    COMPÉTITION

    ONLY LOVERS LEFT ALIVE de Jim JARMUSCH
    HORS COMPETITION

    LE DERNIER DES INJUSTES de Claude LANZMANN
    UN CERTAIN REGARD

    MY SWEET PEPPERLAND de Hiner SALEEM
    TORE TANZT de Katrin GEBBE 1er Film
    WAKOLDA de Lucia PUENZO

    La sélection Cannes Classics 2013 sera annoncée lundi 29 avril.

    Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • THE IMMIGRANT de James Gray (compétition officielle - Festival de Cannes 2013) - Critiques de "Two lovers" et "La nuit nous appartient"

    Pour mon plus grand plaisir, James Gray sera à nouveau en compétition cette année à Cannes avec, « The immigrant » (auparavant intitulé « Lowlife »), un film dans lequel jouent notamment Marion Cotillard, Joaquin Phoenix et Jeremy Renner. Il sortira en France en novembre 2013. Ce sera ainsi son 4ème film projeté dans le cadre de la compétition après « The Yards » (en 2000), « La nuit nous appartient » (en 2007) et, enfin, « Two lovers » en 2008. Il fut également membre du jury des longs-métrages en 2009.

    Synopsis: 1920, Ewa Cybulski et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda est atteinte de tuberculose et est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules et avide de réussite. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, la mort dans l’âme, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance, mais la jalousie de Bruno va les précipiter dans la folie meurtrière.

    1920, Ewa Cybulski et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda est atteinte de tuberculose et est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules et avide de réussite. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, la mort dans l’âme, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance, mais la jalousie de Bruno va les précipiter dans la folie meurtrière.

    En attendant de découvrir ce film à Cannes et de vous en livrer ma critique, ici, je vous propose, ci-dessous, mes critiques de « La Nuit nous appartient » et « Two lovers ».

    CRITIQUE – LA NUIT NOUS APPARTIENT de James Gray

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    La nuit nous appartient. Voilà un titre très à-propos pour un film projeté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes. Cannes : là où les nuits semblent ne jamais vouloir finir, là où les nuits sont aussi belles et plus tonitruantes que les jours et là où les nuits s’égarent, délicieusement ou douloureusement, dans une profusion de bruits assourdissants, de lumières éblouissantes, de rumeurs incessantes. Parmi ces rumeurs certaines devaient bien concerner ce film de James Gray et lui attribuer virtuellement plusieurs récompenses qu’il aurait amplement méritées (scénario, interprétation, mise en scène…) au même titre que « My blueberry nights », mon grand favori, ou plutôt un autre de mes grands favoris du festival, l’un et l’autre sont pourtant repartis sans obtenir la moindre récompense…

    Ce titre poétique (« We own the night » en vo, ça sonne encore mieux en Anglais non ?) a pourtant une source plus prosaïque qu’il ne le laisserait entendre puisque c’est la devise de l’unité criminelle de la police de New York chargée des crimes sur la voie publique. Ce n’est pas un hasard puisque, dans ce troisième film de James Gray ( « The Yards » son précèdent film avait déjà été projeté en compétition au Festival de Cannes 2000) qui se déroule à New York, à la fin des années 80, la police en est un personnage à part entière. C’est le lien qui désunit puis réunit trois membres d’une même famille : Bobby Green (Joaquin Phoenix), patron d’une boîte de nuit appartenant à des Russes, à qui la nuit appartient aussi, surtout, et qui représentent pour lui une deuxième et vraie famille qui ignore tout de la première, celle du sang, celle de la police puisque son père Burt (Robert Duvall) et son frère Joseph (Mark Walhberg) en sont tous deux des membres respectés et même exemplaires. Seule sa petite amie Amada (Eva Mendes), une sud américaine d’une force fragile, vulgaire et touchante, est au courant. Un trafic de drogue oriente la police vers la boîte détenue par Bob, lequel va devoir faire un choix cornélien : sa famille d’adoption ou sa famille de sang, trahir la première en les dénonçant et espionnant ou trahir la seconde en se taisant ou en consentant tacitement à leurs trafics. Mais lorsque son frère Joseph échappe de justesse à une tentative d’assassinat orchestrée par les Russes, le choix s’impose comme une évidence, une nécessité, la voie de la rédemption pour Bobby alors rongé par la culpabilité.

    Le film commence vraiment dans la boîte de nuit de Bobby, là où il est filmé comme un dieu, dominant et regardant l’assemblée en plongée, colorée, bruyante, gesticulante, là où il est un dieu, un dieu de la nuit. Un peu plus tard, il se rend à la remise de médaille à son père, au milieu de la police de New York, là où ce dernier et son frère sont des dieux à leur tour, là où il est méprisé, considéré comme la honte de la famille, là où son frère en est la fierté, laquelle fierté se reflète dans le regard de leur père alors que Bobby n’y lit que du mépris à son égard. C’est avec cette même fierté que le « parrain » (les similitudes sont nombreuses avec le film éponyme ou en tout cas entre les deux mafias et notamment dans le rapport à la famille) de la mafia russe, son père d’adoption, regarde et s’adresse à Bobby. Le décor est planté : celui d’un New York dichotomique, mais plongé dans la même nuit opaque et pluvieuse, qu’elle soit grisâtre ou colorée. Les bases de la tragédie grecque et shakespearienne, rien que ça, sont aussi plantées et même assumées voire revendiquées par le cinéaste, de même que son aspect mélodramatique (le seul bémol serait d’ailleurs les mots que les deux frères s’adressent lors de la dernière scène, là où des regards auraient pu suffire…)

    Les bons et les méchants. L’ordre et le désordre. La loi et l’illégalité. C’est très manichéen me direz-vous. Oui et non. Oui, parce que ce manichéisme participe de la structure du film et du plaisir du spectateur. Non, parce que Bobby va être écartelé, va évoluer, va passer de l’ombre à la lumière, ou plutôt d’un univers obscur où régnait la lumière à un univers normalement plus lumineux dominé par des couleurs sombres. Il va passer d’un univers où la nuit lui appartenait à un autre où il aura tout à prouver. Une nuit où la tension est constante, du début et la fin, une nuit où nous sommes entraînés, immergés dans cette noirceur à la fois terrifiante et sublime, oubliant à notre tour que la lumière reviendra un jour, encerclés par cette nuit insoluble et palpitante, guidés par le regard lunatique (fier puis désarçonné, puis déterminé puis dévasté de Joaquin Phoenix, magistral écorché vif, dont le jeu est d’ailleurs un élément essentiel de l’atmosphère claustrophobique du film). James Gray a signé là un film d’une intensité dramatique rare qui culmine lors d’une course poursuite d’anthologie, sous une pluie anxiogène qui tombe impitoyablement, menace divine et symbolique d’un film qui raconte aussi l’histoire d’une faute et d’une rédemption et donc non dénué de références bibliques. La scène du laboratoire (que je vous laisse découvrir) où notre souffle est suspendu à la respiration haletante et au regard de Bob est aussi d’une intensité dramatique remarquable.

    « La nuit nous appartient », davantage qu’un film manichéen est donc un film poignant constitué de parallèles et de contrastes (entre les deux familles, entre l’austérité de la police et l’opulence des Russes,-le personnage d’Amada aussi écartelé est d’ailleurs une sorte d’être hybride, entre les deux univers, dont les formes voluptueuses rappellent l’un, dont la mélancolie rappelle l’autre- entre la scène du début et celle de la fin dont le contraste témoigne de la quête identitaire et de l’évolution, pour ne pas dire du changement radical mais intelligemment argumenté tout au long du film, de Bob) savamment dosés, même si la nuit brouille les repères, donne des reflets changeants aux attitudes et aux visages. Un film noir sur lequel plane la fatalité : fatalité du destin, femme fatale, ambiance pluvieuse. James Gray dissèque aussi les liens familiaux, plus forts que tout : la mort, la morale, le destin, la loi.

    Un film lyrique et parfois poétique, aussi : lorsque Eva Mendes déambule nonchalamment dans les brumes de fumées de cigarette dans un ralenti langoureux, on se dit que Wong Kar-Wai n’est pas si loin… même si ici les nuits ne sont pas couleur myrtille mais bleutées et grisâtres. La brume d’une des scènes finales rappellera d’ailleurs cette brume artificielle comme un écho à la fois ironique et tragique du destin.

    C’est épuisés que nous ressortons de cette tragédie, heureux de retrouver la lumière du jour, sublimée par cette plongée nocturne. « La nuit nous appartient » ne fait pas partie de ces films que vous oubliez sitôt le générique de fin passé (comme celui que je viens de voir dont je tairai le nom) mais au contraire de ces films qui vous hantent, dont les lumières crépusculaires ne parviennent pas à être effacées par les lumières éblouissantes et incontestables, de la Croisette ou d’ailleurs…

    CRITIQUE – TWO LOVERS de James Gray

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    Direction New York, ville fétiche du cinéma de James Gray, où, après avoir tenté de se suicider, un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle, fragile et inconstante, dont il est tombé éperdument amoureux, un amour dévastateur et irrépressible.

    L’intérêt de « Two lovers » provient avant tout des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses. Si James Gray est avant tout associé au polar, il règne ici une atmosphère de film noir et une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion, ses gestes maladroits, son corps même qui semble crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente.

    Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d’un trouble bipolaire (mais ce n’est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…

    Il éprouve ainsi un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’acceptent pas les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».

    Par des gestes, des regards, des paroles esquissés ou éludés, James Gray dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne ( plan de Michelle derrière des barreaux de son appartement, les appartements de Leonard et Michelle donnant sur la même cour rappelant ainsi « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock de même que la blondeur toute hitchcockienne de Michelle), et qui exalte et détruit.

    James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée et un scénario pudique et la magnifique photographie crépusculaire de Joaquin Baca-Asay qui procurent des accents lyriques à cette histoire qui aurait pu être banale, mais dont il met ainsi en valeur les personnages d’une complexité, d’une richesse, d’une humanité bouleversantes. James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père etc).

    Un film d’une tendre cruauté, d’une amère beauté, et parfois même d’une drôlerie désenchantée, un thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Irrépressiblement. Ajoutez à cela la bo entre jazz et opéra ( même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » que dans le chef d’œuvre de Woody Allen « Match point » dans lequel on retrouve la même élégance dans la mise en scène et la même « opposition » entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski… : les ressemblances entre les deux films sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ), et James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin. Trois ans après sa sortie : d’ores et déjà un classique du cinéma romantique.

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  • "Le Congrès" d'Ari Folman en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs 2013

    C’est « Le Congrès » d’Ari Folman qui fera l’ouverture de la 45ème Quinzaine des Réalisateurs, un film notamment avec Robin Wright et Harvey Keitel. Ari Folman était en compétition officielle du Festival de Cannes 2008 avec « Valse avec Bachir », un festival dont il était reparti sans récompenses, à la surprise générale. Je vous propose la critique de ce documentaire d’animation d’une effroyable beauté ci-dessous.

    Synopsis du « Congrès »:

    Quand une femme est une mère et une actrice célèbre,

    Quand son fils est malade, que sa beauté se fane,

    Dans un monde qui peut la scanner et la garder jeune pour toujours,

    Quels sont ses choix ?

    Critique de « Valse avec Bachir » – Ari Folman : un documentaire d’animation d’une effroyable beauté

    Je vous ai déjà parlé de ce film à plusieurs reprises, sa diffusion sur Arte hier a été pour moi l’occasion de le regarder à nouveau. Retrouvez ma critique du film, ci-dessous.

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    Alors qu’il y a quelques jours encore j’évoquais mon peu d’appétence pour le cinéma d’animation, c’est en toute logique que je vais vous faire part aujourd’hui de mon enthousiasme et de mon émotion pour…un film d’animation. Un film d’animation d’un genre très particulier néanmoins. En compétition lors du Festival de Cannes 2008 où il a fait figure de favori, il est reparti sans un prix mais avec un écho médiatique retentissant. C’est donc avec impatience que j’avais attendu sa sortie en salles l’ayant manqué à Cannes.

    18939633.jpgCela commence par la course d’une meute de chiens face caméra. L’image nous heurte de plein fouet : féroce, effrayante, belle et terrifiante. Une meute de chiens par laquelle, dans ses cauchemars, un ami d’Ari est poursuivi. 26 chiens exactement. Le nombre de chiens qu’il a tués durant la guerre du Liban, au début des années 1980, ce poste lui ayant été attribué parce qu’il était incapable de tuer des humains. Il raconte ce cauchemar récurrent à Ari mais ce dernier avoue n’avoir aucun souvenir de cette période, ne faire aucun cauchemar. Le lendemain, pour la première fois, 20 ans après, un souvenir de cette période niée par sa mémoire surgit dans la conscience (ou l’inconscient) d’Ari : lui-même alors jeune soldat se baignant devant Beyrouth avec deux autres jeunes soldats sous un ciel lunaire en feu d’une beauté terrifiante. Il lui devient alors vital de connaître ce passé enfoui, ces pages d’Histoire et de son histoire englouties par sa mémoire. A cette fin, il va aller à la rencontre de ses anciens compagnons d’armes, neuf personnes interrogées au total (dont deux ont refusé d’apparaître à l’écran sous leur véritable identité.) A l’issue de ces témoignages il va reconstituer le fil de son histoire et de l’Histoire et l’effroyable réalité que sa mémoire a préféré gommer…

    Un film d’animation d’un genre très particulier donc. D’abord parce qu’il est autobiographique : cette histoire, le troisième long-métrage du réalisateur (après « Sainte Clara » en 1996 et « Made in Israël » en 2001) est en effet celle du réalisateur israélien Ari Folman pour qui ce film a tenu lieu de thérapie. Ensuite parce que ce sont de vrais témoignages, poignants, et les voix de ces témoins donnent un aspect très documentaire à ce film hybride et atypique : d’abord tourné en vidéo, monté comme un film de 90 minutes, puis un story board en 2300 dessins ensuite animés, c’est un mélange d’animation Flash, d’animation classique et de 3D. Ce mode filmique si particulier n’est nullement un gadget mais un parti pris artistique au service du propos auquel il apporte sa force et sa portée universelle. Un documentaire d’animation sur la guerre du Liban : oui, il fallait oser. Ari Folman s’affranchit des règles qui séparent habituellement documentaire et fiction et dans ce sens, et aussi parce que ce film se déroule également au Liban, néanmoins à une autre époque, il m’a fait penser à l’un de mes coups de cœur du Festival de Cannes 2008 : « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ).

    Dès ces premiers plans de chiens en furie, nous sommes donc happés, happés par la violence sublime des images, ces couleurs noirs et ocre diaboliquement envoûtantes, oniriques et cauchemardesques, happés par une bande originale d’une force saisissante (signée Max Richter), happés par l’envie et la crainte de savoir, de comprendre, nous aussi, en empathie avec la quête identitaire d’Ari. C’est d’abord la beauté formelle et la poésie cruelle qui en émane qui accroche notre regard, notre attention. Cette beauté ensorcelante rend supportable l’insupportable, rend visible l’insoutenable, créant à la fois une distance salutaire avec la violence de ces témoignages et événements réels mais nous aidant aussi à nous immerger dans cette histoire. Si la violence est atténuée, l’émotion ne l’est pas. Ari Folman n’a pas non plus voulu rendre la guerre lyrique mais son lyrisme visuel exacerbe encore l’absurdité de cette guerre, de ces hommes égarés que la peur fait tirer, sans savoir sur qui, et sans savoir vraiment pourquoi.

    Peu à peu, au fil des témoignages, les pièces du puzzle de la mémoire disloquée d’Ari vont s’assembler jusqu’à l’atrocité ultime, celle qui a sans doute provoqué ce trou noir, celle volonté inconsciente d’oublier, de faire taire ses souvenirs de ces jours de 1982 : le massacre de Palestiniens par les Phalangistes chrétiens, les alliés d’Israël, suite à l’assassinat du président de la République libanaise Bachir Gemayel, dans les camps de Sabra et Shatila, deux camps de Beyrouth-ouest, dont il a été le témoin impuissant (il ne nie pas pour autant la responsabilité d’Israël, du moins son inaction coupable). Au dénouement de ce poème tragique, Ari Folman a alors choisi de substituer des images réelles aux images d’animation pour rappeler, sans doute, la réalité de la guerre, sa violence, son universelle absurdité, sa brutalité. Des images d’une violence nécessaire. Qui nous glacent le sang après tant de beauté d’une noirceur néanmoins sublime.

    18939624_w434_h_q80.jpg Plus qu’un film d’animation c’est à la fois un documentaire et une fiction sur la mémoire et ses méandres psychanalytiques et labyrinthiques, sur l’ironie tragique et les échos cyniques de l’Histoire, l’amnésie tragique de l’Histoire-collective- et de l’histoire-individuelle- (si Ari a effacé cette période de sa mémoire c’est aussi parce qu’elle est un écho pétrifiant à l’histoire tragique de sa famille, victime des camps nazis, ceux d’une autre époque, un autre lieu mais avec la même violence et horreur absurdes, presque les mêmes images des décennies après, et horreur ultime : les protagonistes ayant changé de rôle), sur l’absurdité de la guerre que ce film dénonce avec plus d’efficacité que n’importe quel discours. La poésie au lieu de nier ou d’édulcorer complètement la violence en augmente encore l’atrocité : comme ce chant d’une ironie dévastatrice sur le Liban pendant qu’un char écrase des maisons, des voitures, lentement, presque innocemment. Comme cette couleur rouge qui se mue d’un objet anodin en sang qui coule. Ou comme cette valse avec Bashir, celle d’un tireur qui danse avec les balles qu’il tire devant le portrait de Bachir Gemayel sur fond de Chopin, qui joue avec le feu, qui danse avec la mort dans une valse d’une sensualité violente: cette scène résume toute la beauté effroyable de ce film magnifique. Tragique et magnifique. Cette valse est aussi à l’image de la forme de ce film : entraînante, captivante comme si une caméra dansante nous immergeait dans les méandres virevoltants de la mémoire d’Ari.

    Une œuvre atypique qui allie intelligemment forme et force du propos, où la forme, sublime, est au service du fond, brutal. Une valse étourdissante d’un esthétisme d’une effroyable beauté. Une valse fascinante, inventive. Entrez dans la danse, sans attendre une seconde. Elle vous entraînera dans cette histoire, dans l’Histoire, avec une force renversante, saisissante, poignante.

    Alors, oui sans doute le grand oublié du palmarès de ce 61ème Festival de Cannes (qui me satisfaisait néanmoins pleinement), tout simplement peut-être parce que cette œuvre tellement atypique qui invente même un nouveau genre cinématographique (dont elle sera d’ailleurs certainement le prototype et l’unique exemplaire tant une copie lui ferait certainement perdre sa force) ne correspondait à aucune des catégories du palmarès à moins que le jury n’ait pas osé, n’ait pas eu la même audace que celle dont Ari Folman a fait preuve dans son film, une œuvre qui répondait d’ailleurs aux exigences du président Sean Penn témoignant de la conscience du monde dans lequel son réalisateur vit, un monde si souvent absurde et amnésique, enfouissant son Histoire dans les tréfonds de sa mémoire tragiquement et criminellement sélective.

    Catégories : QUINZAINE DES REALISATEURS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • "Zulu" de Jérôme Salle en clôture du 66ème Festival de Cannes

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    Voici le communiqué de presse du Festival de Cannes au sujet du film de clôture dont vous pourrez retrouver la critique ici et en attendant la conférence de presse officielle de sélection dont vous pourrez suivre le LT en direct sur mon compte twitter http://twitter.com/moodforcinema .

    C’est le thriller Zulu, tourné entièrement en Afrique du Sud par Jérôme Salle et adapté du roman éponyme de Caryl Férey, qui sera projeté dimanche 26 mai en clôture du 66e Festival de Cannes.

    L’action se déroule à Cape Town, dans une Afrique du Sud encore hantée par l’apartheid, où la misère des townships côtoie les quartiers aisés. Deux flics équipiers, Orlando Bloom (Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski, Le Seigneur des anneaux de Peter Jackson) et Forrest Whitaker (Le dernier Roi d’Ecosse de Kevin McDonald, Ghost Dog, La Voie du Samouraï de Jim Jarmush) sont entraînés dans une enquête haletante qui tient aussi du film noir politique et de l’étude sociale.

    Co-écrit par Julien Rappeneau, Zulu est produit par Richard Grandpierre (Eskwad), coproduit avec Pathé, Lobster Tree et M6 Films et distribué en France par Pathé, qui en assure également les ventes internationales. La musique du film est composée par Alexandre Desplat.
    En 1988, Forest Whitaker avait reçu à Cannes le Prix d’interprétation masculine pour son rôle dans Bird de Clint Eastwood. Rappelons que le 66e Festival de Cannes s’ouvrira le mercredi 15 mai prochain avec la projection de Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann et que le Jury de la Compétition est présidé par Steven Spielberg.

    Catégories : CLÔTURE (cérémonies/films) Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Trouvez votre logement pour le 66ème Festival de Cannes : conseils, bons plans...

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    Si vous cherchez encore un logement pour le Festival de Cannes 2013 (15 au 26 mai), et que vous désespérez d’en trouver un aussi tardivement (il faut savoir que beaucoup d’établissements affichent complets d’une année sur l’autre), soyez rassurés, il reste encore de nombreuses possibilités. Je peux vous garantir qu’il reste encore de la place en de nombreux endroits, quel que soit le type de logement que vous recherchez et quel que soit votre budget qui se devra néanmoins d’être conséquent si vous voulez loger à proximité du palais des festivals, mais il existe de nombreuses solutions…

    Chaque année, je consacre un article à ce sujet et le réactualise en fonction de mes propres recherches. Vous trouverez ainsi mon article des années passées complété et réactualisé ci-dessous avec de très nombreuses adresses…en attendant l’annonce en direct de la sélection officielle de ce 66ème Festival de Cannes ce 18 avril à 11H à suivre sur http://twitter.com/moodforcinema .

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    La question du logement à Cannes peut se résoudre très simplement en temps normal étant donné le nombre d’établissements à Cannes et dans les environs ( et de toutes catégories) mais il est plus compliqué d’y trouver une solution en période de festival.

    Tout d’abord, comme je vous le disais, sachez que les hôtels et la plupart des résidences sont complets d’une année sur l’autre, réservés par les sociétés (production, distribution etc) et certains directement par le festival. Je devine déjà votre air catastrophé, vous qui rêviez de deux journées impromptues sur la Croisette, en période de festival (si vous ne venez pas pour le festival, je vous le déconseille par ailleurs, ce n’est pas la période idéale pour profiter pleinement de Cannes). En 13 ans de Festival de Cannes, j’ai largement eu l’occasion de faire un petit tour d’horizon des logements proposés et de tirer un bilan des prix pratiqués à Cannes pendant le festival. Pendant ou en dehors du festival, j’ai testé des dizaines de logements à Cannes et ai eu de très nombreuses informations à ce sujet puisque, à de nombreuses reprises, j’ai réservé très tardivement et ai eu le le loisir de faire le tour d’horizon des différents établissements pour rechercher un logement disponible pour cette période.

    Il faut avouer que, pendant le festival, la liberté des prix donne lieu à des tarifs et à des méthodes qui dans certains cas frôlent l’escroquerie, pas partout évidemment et heureusement mais les prix s’envolent allègrement à cette période souvent sans aucun rapport avec les prestations proposées. Vous trouverez même des 2 étoiles plus chers que des 5 étoiles. D’abord, dans les hôtels, les prix en période de Festival de Cannes sont rarement affichés mais « sur demande« . Une fois le tarif ( prohibitif, le plus souvent ) annoncé (en général multiplié par 4 voire jusqu’à 10 par rapport à la basse saison et plus élevé qu’en haute saison, sachant qu’on vous oblige la plupart du temps à réserver pour tout le festival -même si, à l’approche du festival s’il reste des nuits disponibles, on acceptera souvent de vous les louer pour une période plus courte-) on vous demande généralement le prépaiement intégral à la réservation (ou des arrhes, en général la moitié du séjour, et le règlement intégral avant le début du festival). Inutile également d’espérer des tarifs préférentiels, que vous réserviez un an à l’avance ou à la dernière minute: ce sont des forfaits fixes, et que vous soyez détenteurs d’une carte (Accor, Lucien Barrière ou autre) n’y changera rien.

    Appartements

    Si vous aimez la vie en communauté, le meilleur conseil que je pourrais vous donner est de choisir une location à plusieurs pour partager les frais ou, seul(e), de prendre un studio. Vous pourrez ainsi en trouver (de toutes les grandeurs et à tous les prix) sur Amivac ou sur Homelidays, notamment mais aussi auprès d’agences comme Immosol, Cannes Accommodation ou de sites comme Sejourning . Pour un appartement, en plein centre et proche du palais, vous trouverez difficilement à moins de 3000 euros (ce que peut néanmoins revenir à beaucoup moins cher à plusieurs). Si vous voulez une belle résidence à proximité, je vous recommande notamment la résidence Gray d’Albion. Plus vous vous éloignerez du palais, plus vous irez vers les boulevards ou le Suquet et moins vous paierez cher. Je vous déconseille en revanche d’habiter en dehors de Cannes. La circulation est très difficile, en particulier aux heures de montées des marches.

    Passé le Boulevard Carnot, vous trouverez plus facilement des disponibilités avec des tarifs plus attractifs. Reste donc à savoir si vous souhaitez traverser le Boulevard et faire 2 kms en noeud papillon ou robe longue sachant que la circulation est bloquée aux abords du palais aux heures de montées des marches transformant vos déambulations diurnes et nocturnes en parcours du combattant. Vous pourrez aussi trouver des colocations parfois à partir de 300 ou 400 euros par personne. Twitter et Facebook sont aussi d’excellents moyens de passer une petite annonce pour trouver un logement, en suivant également les comptes de personnes allant au festival.

    Je garde ainsi un très bon souvenir de ma première année de festival où, invitée par le Prix de la Jeunesse du Ministère de la Jeunesse et des sports (un concours qui permettait à de jeunes cinéphiles d’être invités au Festival de Cannes pour toute sa durée), je logeais à la Résidence Pierre et Vacances à Cannes La Bocca (vous pouvez y aller en bus ou bien à pied en longeant le front de mer). Vous pourrez également opter pour la Résidence Pierre et Vacances Villa Francia sur les hauteurs de Cannes.

    Concernant les hôtels, vous pourrez trouver de tout: des hôtels 2 étoiles plus chers que des 4 étoiles, donc, qui pratiquent les mêmes conditions que celles précédemment évoquées (prépaiement intégral à la réservation ) et le plus grand palace de Cannes avec des chambres moins chères que certaines d’un 3 étoiles médiocre.

    Petit tour d’horizon des différents hôtels:

    Pour fait un tour d’horizon rapide d’une sélection d’hôtels que je vais détailler ci-dessous et pour connaître les disponibilités rapidement, pour la période qui vous intéresse, je vous recommande vivement le site http://www.cannes-hotel-reservation.fr/.

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    Ci-dessus, l’hôtel Gray d’Albion

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    -Si vous avez la chance d’en avoir la possibilité pécuniaire choisissez le Gray d’Albion (plus de 500 euros par nuit avec réservation de 12 nuits obligatoires même s’il arrive que des chambres se libèrent vers la fin du festival à des tarifs plus « avantageux », je suis une adepte de son restaurant de plage au sujet duquel vous pourrez retrouver mon article en cliquant ici -et qui est aussi le lieu de la Terrazza Martini pendant le festival-, un des meilleurs restaurants de Cannes rapport qualité/prix/amabilité. Je vous le recommande.).

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    L’hôtel Gray d’Albion est un peu en retrait de la Croisette, entièrement modernisé et refait à neuf, très cher certes pendant le festival mais finalement moins que d’autres 4 étoiles qui n’en ont pas le standing (comme l’hôtel Cristal par exemple qui, il y a trois ans, proposait sa dernière chambre à 4700 euros pour 12 nuits) ou évidemment le Majestic Barrière (photos ci-dessous) qui, avec ses nouveaux aménagements, est devenu le plus beau palace de la Croisette et surtout le plus proche du palais des festivals (Cliquez ici pour tout savoir sur le Majestic et sa rénovation). Si je le pouvais (il n’est pas interdit de rêver…), c’est sans aucun doute celui que je choisirais.

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    Ci-dessus l’hôtel Majestic

    -Evidemment, au rang des palaces intemporels et à la hauteur de leur classification, vous trouverez le Carlton Intercontinental où loge le jury.

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    -L’ancien Palais Stéphanie (lui-même ancien Noga Hilton) devenu depuis le 1er Avril 2011 le JW Marriott Hotel Cannes est aussi devenu une des adresses incontournables, joliment rénové avec une vue idyllique sur la Croisette et des prestations haut de gamme.

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    -Parmi les nouveautés, également le Radisson Blu 1835 Hotel et Thalasso , ancien White Palm, véritable havre de paix et de luxe sur le port de Cannes, entièrement reconstruit, doté d’un splendide spa et d’une vue à couper le souffle sur la baie de Cannes (mais là, un peu plus loin, et sans doute pas assez pour qu’un taxi accepte de vous y emmener depuis le palais des festivals). Les photos ci-dessous ont toutes été prises du Radisson.

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    -Si vous voulez encore quelques exemples de prix, sachez ainsi encore que l’hôtel Victoria, petit 4 étoiles, proposait l’an passé des chambres à 450 euros la nuit, sans compter le petit-déjeuner à 18 euros ou qu’un hôtel comme l’hôtel Fouquet’s (qui n’a strictement rien à voir avec l’établissement éponyme du groupe Lucien Barrière) proposait il y a deux ans une chambre privilège à 4100 euros ou des studios à 2900 euros, un hôtel dont les 4 étoiles (au regard de son emplacement, de ses prestations, de son aspect extérieur -derrière le Marriott-) demeurent un mystère… -il vient néanmoins apparemment d’être rénové…-.

    -Hôtel également rénové, l’hôtel America qui, cette année, propose une chambre classique single à 5299 euros pour tout le festival …sans les petits-déjeuners, un 4 étoiles certes, mais sans rien de particulier…et situé juste derrière le Majestic qui lui fait de l’ombre, dans tous les sens du terme.

    -Je peux aussi vous parler du Martinez puisque j’y étais en 2009 invitée par L’Oréal en tant que gagnante du concours de blogs du Festival de Cannes 2008. Le service est attentionné (mais bousculé en période de festival et parfois dépassé par les événements), mais étant donné la grandeur de l’établissement toutes les chambres n’ont pu être rénovées et certaines mériteraient un petit rafraichissement. L’endroit n’en demeure pas moins exceptionnel (spa, belle plage…).

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    -L’hôtel le plus proche du palais des festivals (juste en face) est l’hôtel Splendid, un trois étoiles dont la propreté et l’amabilité laissent à désirer (sans compter que si vous avez une chambre ou même une suite au premier étage, on vous demandera de laisser les volets fermés « à cause des vols »). A noter que certaines chambres ont des kitchenettes (même si je doute que cela corresponde aux normes actuelles), ce qui peut s’avérer pratique et économique en période de festival… même si l’hôtel, lui, ne l’est pas et propose en tout cas des prix bien au-dessus de ses prestations. Même constatation à l’Ibis qui, par ailleurs, est plus loin de la Croisette.

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    -Pour le rapport qualité prix, je vous recommanderais l’hôtel Mondial (sans restaurant mais moderne et propre, dans la rue d’Antibes), un quatre étoiles dont certaines suites (moins chères que des chambres d’autres hôtels de même catégorie) donnent sur la mer (à noter: le wifi est gratuit, ainsi que le petit-déjeuner, et c’est à ma seule connaissance le seul hôtel à proposer le minibar à discrétion pendant le festival, machine à Expresso également à disposition dans les chambres). On viendra même vous chercher à la gare en cas de problèmes.

     

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    -Parmi les hôtels « abordables », j’aime beaucoup aussi l’hôtel Canberra. Même si le service est parfois aléatoire en période de festival, pour cause de personnel insuffisant, la nourriture y est bonne et la décoration (glamour et style années 50 avec de magnifiques salles de bain) des chambres leur donne un aspect cocooning particulièrement agréable et relaxant en période de festival. L’année où j’y ai séjourné (2009), le personnel était néanmoins insuffisant la nuit avec une employée au bord de la crise de nerfs (devant gérer la réception et le room service…et donc laisser la réception vide lorsqu’elle s’occupait du room service…y compris de la préparation des plats). Des prestations donc pas tout à fait au niveau d’un 4 étoiles mais un hôtel bien rénové.

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    -Juste à côté de l’hôtel Canberra se situe l’hôtel Cristal où, là, les prestations et l’infrastructure (chambres particulièrement vétustes) ne sont vraiment pas à la hauteur des 4 étoiles et du tarif en période de festival. On m’avait parlé d’une rénovation prévue (les hôteliers ayant visiblement conscience de la vétusté de l’établissement et la reconnaissant, ce qui n’est pas le cas partout) en début d’année…elle n’apparait pourtant pas sur leur site officiel. Comptez environ 4700 euros (minimum, l’an passé) pour un séjour pendant le festival .

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    Ci-dessus l’hôtel Cristal

    - L’hôtel Mercure Croisette Beach, dont certaines chambres mériteraient là aussi d’être rénovées fait aussi partie des bonnes adresses (amabilité au rendez-vous, bonne situation, petite piscine, plage, bon room service, possibilité de manger sur place) même si le prix dépasse largement celui d’un Mercure « classique » même en haute saison (minimum 4700 euros pour tout le festival, l’an passé).

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    -Tout au bout de la rue d’Antibes, vous trouverez l’hôtel Eden, un hôtel 4 étoiles, également rénové avec de belles prestations…mais totalement inabordable en période de festival et aussi cher que des hôtels de catégorie supérieure. Attention par ailleurs, certaines chambres sont minuscules et les chambres dîtes « économiques » n’ont pas réellement de fenêtres.
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    Ci-dessus: l’hôtel Eden et ci-dessous sa piscine

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    -Parmi les hôtels les plus récents, le 3.14 avec ses 5 étages dont chacun représente un continent. Une décoration kitsch (et un lieu particulièrement bruyant pendant le festival, photos ci-dessous). Comptez pas moins de …800 euros par nuit pendant le festival!

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    Ci-dessus, l’hôtel 3:14

    -Chaque année Cannes compte de nouveaux établissements. En juin 2011 a ainsi ouvert le Five Hotel & Spa, un hôtel 5 étoiles situé au coeur de Cannes (mon article, ici). Hôtel situé en plein centre à l’emplacement de l’ancienne poste où, cette année, se trouvera le BO, futur restaurant VIP de la cité du cinéma.

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    Copyright : Marcel Jolibois

    -Si vous ne souhaitez pas à tout prix être à proximité du palais des festivals, vous pourrez enfin opter pour des hôtels récemment rénovés, des 4 étoiles moins chers que certains 2 étoiles situés en plein centre. Vous pourrez ainsi choisir l’hôtel Renoir (photo de chambre ci-dessous) dont les « 3 minutes à pied du palais des festivals » indiquées sur le site me semblent néanmoins un peu sous-estimées. Vous pourrez également choisir l’hôtel Cézanne situé sur le Boulevard d’Alsace ou le Novotel Cannes Montfleury, sur les hauteurs.

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    Si vous voulez les adresses précises et des renseignements, je vous conseille la page « Hôtel Réservation » de l’office de tourisme de Cannes qui vous informera de tous les appartements et chambres disponibles et sur laquelle vous trouverez toutes les informations pratiques nécessaires. Vous trouverez encore de la place dans la plupart des hôtels et dans certaines résidences. Je vous conseille néanmoins plutôt d’appeler directement les hôtels et de vous faire inscrire sur listes d’attente si ceux que vous désirez sont complets. Il arrive que des désistements surviennent à la dernière minute (c’est néanmoins assez rare étant donné le prépaiement exigé). Quant aux appartements, vous en trouverez encore de nombreux à tous les tarifs dans les agences que je vous ai recommandés.

    Je vous laisse découvrir les autres offres, sur la page précitée. Si vous voulez des hôtels (de qualité) aux tarifs plus attractifs, il vous faudra vous éloigner de la Croisette, voire de Cannes, direction La Bocca ou même Mandelieu, voire plus loin… (mais certains, même en dehors de Cannes, en profitent aussi pour augmenter leurs tarifs ).

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    Evidemment, reste encore la solution locations auprès des particuliers. Là, je vous conseille de demander des photographies au préalable (j’en connais pas mal qui ont eu des déconvenues) et surtout l’emplacement exact (on vous dira souvent « à deux pas de la Croisette » ou « proche du palais des festivals », comme pour les hôtels d’ailleurs, ce qui, en période de festival où il est difficile de circuler ou de déambuler, peut représenter beaucoup de temps perdu et ce qui ne correspond par ailleurs pas toujours à la réalité. Si votre logement se situe du côté du Palm Beach, vous ne serez pas réellement « à deux pas de la Croisette »). L’emplacement idéal est pour moi entre la Croisette et le Boulevard Carnot et entre le palais des festivals et l’hôtel Martinez.

    N’hésitez pas à me faire part dans les commentaires ou par email (inthemoodforcinema@gmail.com ) de vos bons plans ou de vos propres déconvenues… Je les ajouterai ici.

    Je vous rappelle que vous pourrez suivre le 66ème Festival de Cannes en direct sur ce blog http://www.inthemoodforcannes.com, sur mon blog entièrement consacré au festival http://inthemoodforcannes.com mais aussi sur deux de mes autres blogs, http://wwwinthemoodforcinema.com et http://inthemoodlemag.com . Suivez-moi également sur mon compte twitter spécial Cannes (http://twitter.com/moodforcannes ) et sur mon compte twitter principal (http://twitter.com/moodforcinema ).

    Retrouvez également cet article sur http://www.inthemoodforluxe.com .

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  • Festival de Cannes 2013 - Audrey Tautou : maîtresse de cérémonie à l'ouverture et à la clôture du 66ème Festival de Cannes

    Nous l’avons appris hier soir: cette année, ce sera la pétillante Audrey Tautou qui sera la maîtresse de cérémonie de l’ouverture et de la clôture de ce 66ème Festival de Cannes, après Bérénice Béjo, l’an passé. La cérémonie d’ouverture aura lieu le 15 Mai et la cérémonie de clôture le 26 Mai. Audrey Tautou sera à l’affiche de « L’écume des jours », le film de Michel Gondry adapté du roman de Boris Vian, le 24 Avril prochain. Elle reste pour moi avant tout l’inoubliable Amélie Poulain mais elle a depuis incarné de nombreuses autres héroïnes. Ci-dessous, à cette occasion, je vous propose deux critiques de films avec Audrey Tautou: »Coco avant Chanel » d’Anne Fontaine » et « La délicatesse » de David et Stéphane Foenkinos, ainsi que la filmographie de cette éclatante comédienne qui, à n’en pas douter, sera une maîtresse de cérémonie lumineuse et espiègle.

    CRITIQUE DE LA DELICATESSE DE DAVID ET STEPHANE FOENKINOS

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    Il y a quatre ans, dans le cadre du jury des lectrices de Elle dont je faisais partie, je découvrais « La Délicatesse », le roman de David Foenkinos en lice pour le prix et dont le film éponyme est l’adaptation signée par ce dernier et Stéphane Foenkinos. Je découvrais aussi l’écriture fantaisiste, précise et délicate de David Foenkinos (oui, je l’avoue, il m’a fallu attendre son 8ème roman pour cela) après avoir remarqué la présence joliment discrète de l’auteur quand d’autres se mettaient en avant avec une ridicule et présomptueuse ostentation, lors d’un débat dans le cadre de feu Forum International Cinéma et Littérature de Monaco. Bien qu’ayant obtenu dix prix littéraires, « La Délicatesse » (à mon grand regret) n’avait pas reçu celui des lectrices de Elle…mais cela ne l’a pas empêché d’en vendre 700000 exemplaires et d’être traduit dans 21 pays…et c’est particulièrement rassurant. Rassurant de voir que pour cela il n’aura fallu ni faire voyager le lecteur dans le temps, ni lui raconter des histoires rocambolesques improbables, ni faire preuve d’un cynisme vengeur et racoleur, ni recourir à un style même pas digne d’un scénario avec deux phrases par page (vous voyez à qui je songe ?). Un livre dont l’auteur ose l’intituler « La Délicatesse » dans une société (pas seulement littéraire) souvent brutale qui prône et glorifie plutôt le cynisme, cela force déjà le respect. A l’encontre d’une société qui veut qu’une pensée se résume à 140 caractères d’exagération ou de mauvaise foi (ah, twitter, mon amour…), ou qu’une personne soit appréhendée et jugée en quelques secondes, le temps d’un regard scrutateur et sentencieux.

    « C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise ». Ainsi était résumé ce roman. C’est l’inverse aussi. L’histoire d’un homme qui va être surpris par une femme. Réellement surpris. Et c’est surtout l’histoire de Nathalie (Audrey Tautou), une jeune femme qui a tout pour être heureuse, jeune, belle, insouciante, amoureuse de François (Pio Marmaï) qui avait décidé de la séduire parce qu’elle avait choisi un jus d’abricot, ou à peu près. Ils se marièrent et n’eurent pas le temps d’avoir beaucoup d’enfants car François décède brutalement. Tout pourrait s’arrêter là. D’ailleurs, pour elle le temps s’est arrêté, le jour où la lecture de son livre a été interrompue par la mort de François, mais après le deuil va venir le temps de la renaissance, là où et comme on ne l’attendait pas : un jour, sans raison, un peu perdue dans ses rêveries, elle embrasse un de ses collègues, l’insignifiant Markus (François Damiens)…enfin a priori insignifiant. Va alors naitre l’idée de ce couple improbable…

    Pas facile de transcrire à l’écran ce qui faisait en partie le charme du roman : l’écriture sensible, à la fois pudique et sensuelle, de David Foenkinos, une écriture émaillée d’une réjouissante fantaisie (aphorismes, digressions aussi savoureuses que décalées) qui faisait de ce roman une passionnante histoire autant qu’une aventure ludique pour le lecteur que Foenkinos, avec, décidément, une délicatesse quasiment amoureuse, n’oubliait jamais, ce qui n’est finalement pas si courant…

    « La Délicatesse » est un film à l’image de son personnage principal : d’apparence simple, discret, grave et triste, il se révèle gai, d’une lucidité joyeuse, tendre, et il vous charme d’une manière totalement inexplicable. Le charme des rencontres impromptues, improbables, inattendues. Les plus belles. Et ce n’était pas gagné d’avance. Il faut voir la première apparition de face de Markus, au bout de trente minutes de film (on aperçoit son dos et ses mains lors d’une réunion auparavant mais son visage reste invisible, insignifiant) avec son physique peu évident, son allure débraillée, son assurance hasardeuse. Le jeu du comédien est tel, remarquable François Damiens qui se glisse dans la peau du personnage avec une apparente facilité déconcertante (aidé par la réalisation), que le spectateur finit (presque) par le trouver séduisant, par être charmé à son tour, et en tout cas par comprendre le charme qu’il opère sur Nathalie. Il apparaît comme un personnage aussi lunaire que solaire, grâce à une photographie bienveillante, qui auréole la deuxième partie du film d’une douceur rassurante (très belle photographie de Rémy Chevrin) mais aussi grâce à la douce et énergique bo d’Emilie Simon.

    C’est sans doute cela la délicatesse : une sensation indicible, des petits gestes qui vous vont droit au cœur, une empathie du personnage qui emporte celle du spectateur et qui m’a totalement charmée. Par sa fantaisie (celle du roman qui se retrouve par petites touches). Par son mélange subtil de gravité et légèreté. Par sa manière d’appréhender le deuil et de célébrer le retour à l’espoir, à la vie.

    Dommage peut-être que Markus ne parle pas davantage puisque dans le roman, le charme opérait surtout par la parole. Il n’empêche que ce film est d’une douceur aussi simple que renversante. Audrey Tautou est l’actrice idéale pour incarner Nathalie. A la fois fragile et décidée, entre détermination énergique et une grâce enfantine qui me fait toujours penser à Audrey Hepburn. Une actrice trop rare qui jongle habilement entre le drame et la comédie, à l’image du film qui mêle subtilement les deux genres.

    Un bel hymne à la différence. Un film qui rend hommage aux anonymes, héros du quotidien, ces « émotifs anonymes » (on retrouve d’ailleurs une sensibilité commune avec celle de Jean-Pierre Améris), ces êtres vulnérables qui se découvrent plus qu’ils ne se remarquent mais qui n’en sont que plus intéressants. Avec le même sens de la précision et de l’humour décalé (ah, les joies de la Suède et du 114), avec ces mêmes accents truffaldiens, David et Stéphane Foenkinos réussissent non pas à transposer mais à retranscrire le style enchanteur du roman, son romantisme décalé et dénué de mièvrerie.

    Un délicieux film d’une gravité légère à déguster sans modération, l’histoire d’une renaissance lumineuse qui fera du bien tous ceux qui ont été touchés par le deuil, à tous ceux qui ne croient plus à la beauté foudroyante des hasards et coïncidences et des rencontres singulières, qui ne croit plus que le bonheur réside là où on ne l’attend pas. Voilà ce film m’a totalement charmée, aussi rare (et précieux) que la délicatesse qu’il met en scène, avec le même charme progressif et non moins ravageur. Une des grandes réussites de cette année !

    CRITIQUE DE « COCO AVANT CHANEL » D’ANNE FONTAINE

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    Anne Fontaine, avant de s’intéresse à Chanel s’intéresse à Coco, l’enfant placée dans un orphelinat avec sa sœur Adrienne (Marie Gillain), puis à la chanteuse sans voix et sans voie qui s’époumone et cherche un bon parti dans un bar interlope où se mêle une foule bigarrée et où elle rencontrera Etienne Balsan (Benoît Poelvorde), puis à la couturière dans l’arrière-boutique d’un tailleur de province, puis à l’anticonformiste, déjà, dans le château de Balsan…

    La bonne idée est d’avoir choisi un moment précis et déterminant de sa vie, nous épargnant le classique biopic avec maquillage outrancier et ridicule de rigueur, et d’avoir choisi cette période qui éclaire sa personnalité, son parcours, toute une époque aussi, celle où les femmes étaient encore corsetées et avides de liberté(s)…

    A la fois fière et arriviste, forte et fragile, émouvante et agaçante, frondeuse et menteuse, svelte et cassante, androgyne et symbole de féminité, comme son titre l’indique, le grand intérêt du film est de nous faire découvrir Coco avant qu’elle devienne Melle Chanel, avant qu’elle se fasse un nom, son obsession : qu’on se batte pour dîner à sa table, elle que Balsan faisait, dans un premier temps, dîner dans l’arrière-cuisine avec les domestiques. Elle s’humanise en tombant amoureuse de Boy Capel ( Alessandro Nivola, assez transparent pourtant) mais elle y perd aussi de son mordant, et le film avec elle…

    Audrey Tautou prête ses traits androgynes, sa fragilité apparente, sa détermination inébranlable, son allure et son élégance à ce fabuleux destin et moi qui dois avouer avoir souvent (mal) jugé son jeu assez limité, j’ai été totalement embarquée par son personnage, oubliant Audrey Tautou pour ne plus voir que Coco, fière et rebelle, éprise de liberté et terriblement vivante.

    Si la mise en scène reflète l’élégance de son personnage principal, dommage que Coco ne lui ait pas aussi insufflé sa liberté, son anticonformisme et sa modernité. Anne Fontaine nous avait habitués à des mises en scène fiévreuses, voire charnelles, mettant habilement en lumière passions destructrices et dévastatrices, d’où probablement ma déception devant cette réalisation académique même si, l’espace d’un instant, une caméra qui glisse avec sensualité sur les étoffes et caresse amoureusement le noir et blanc, nous rappelle la langueur envoûtante dont son cinéma sait faire preuve.

    Le scénario qui a l’élégante simplicité de son personnage principal a été coécrit par Anne Fontaine avec Camille Fontaine et Christopher Hampton (notamment scénariste de « Chéri » et des « Liaisons dangereuses », mais, côté scénario, on lorgne ici malheureusement davantage du côté du premier) et la musique a été composée par le très demandé Alexandre Desplat (notamment nommé aux Oscars pour la musique de « L’Etrange histoire de Benjamin Button » de David Fincher) apportant au film la touche de lyrisme qui lui fait défaut.

    Quant à Benoît Poelvoorde dont Anne Fontaine avait déjà révélé une autre facette dans l’excellent « Entre ses mains », il excelle à nouveau parvenant à être tour à tour odieux, touchant, désinvolte, pathétique et Emmanuelle Devos en courtisane est assez réjouissante.

    Reste ce plan final où Coco devenue Chanel regarde son passé défiler en même temps que ses mannequins, un regard dans lequel se reflète une jubilation mélancolique, le regard d’une actrice qui a intelligemment su se départir du mimétisme pour incarner un personnage, faire oublier l’original tout en lui rendant hommage, et dont la forte personnalité laisse une empreinte dans son sillage, le film s’effaçant devant celle-ci, devant Chanel et celle qui l’incarne admirablement. Rien que pour cela, ce parfum entêtant d’une forte personnalité, ce film vous est recommandé par Inthemoodforcinema.com.

    FILMOGRAPHIE D’AUDREY TAUTOU (source : wikipédia)

    1998 : Casting : Archi-dégueulasse (court-métrage) : Comédienne 1 (Talents Cannes 1998)

    1998 : La Vieille Barrière (court-métrage) : La jeune fille du quartier

    1998 : Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall : Marie

    1999 : Triste à mourir (court-métrage) : Caro

    1999 : Épouse-moi de Harriet Marin : Marie-Ange

    1999 : Voyous, voyelles de Serge Meynard : Anne-Sophie

    2000 : Le Libertin de Gabriel Aghion : Julie d’Holbach

    2000 : Le Battement d’ailes du papillon de Laurent Firode : Irène

    2001 : Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet : Amélie

    2001 : Dieu est grand, je suis toute petite de Pascale Bailly : Michèle

    2001 : À la folie… pas du tout de Laetitia Colombani : Angélique

    2001 : L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch : Martine

    2002 : Dirty Pretty Things de Stephen Frears : Senay

    2002 : Happy End de Amos Kollek : Val

    2003 : Les Marins perdus de Claire Devers : Lalla

    2003 : Pas sur la bouche de Alain Resnais : Huguette Verberie

    2004 : Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet : Mathilde

    2005 : Les Poupées russes de Cédric Klapisch : Martine

    2006 : Da Vinci Code de Ron Howard : Agent Sophie Neveu

    2006 : Hors de prix de Pierre Salvadori : Irène

    2007 : Ensemble, c’est tout de Claude Berri : Camille

    2009 : Coco avant Chanel de Anne Fontaine : Gabrielle Chanel

    2010 : De vrais mensonges de Pierre Salvadori : Émilie

    2011 : Des vents contraires de Jalil Lespert : Sarah

    2011 : La Délicatesse de Stéphane et David Foenkinos : Nathalie

    2012 : Thérèse Desqueyroux de Claude Miller : Thérèse Desqueyroux

    2013 : L’Écume des jours de Michel Gondry : Chloé

    2013 : Casse-tête chinois de Cédric Klapisch

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  • Festival de Cannes 2013 - Le Carrosse d'or 2013 pour Jane Campion

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    En partenariat avec CANAL+ CINEMA, la Société des Réalisateurs de Films (SRF) décerne le Carrosse d'or, prix  remis lors de la soirée d’ouverture de la 45ème Quinzaine des Réalisateurs qui se déroulera du 16 au 26 mai. Le Carrosse d'Or est attribué cette année à la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, lauréate de la Palme d'Or 1993 pour "La Leçon de piano" et, cette année, présidente du jury de la compétition officielle des courts-métrages.   Ce prix récompense chaque année un(e) cinéaste choisi(e) pour "les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production".

    Depuis 2002 ont reçu ce prix:

     Jacques Rozier, Clint Eastwood, Nanni Moretti, Ousmane Sembene, David Cronenberg, Alain Cavalier, Jim Jarmusch, Naomi Kawase, Agnès Varda, Jafar Panahi et Nuri Bilge Ceylan.

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  • L'affiche de l'ACID - Cannes 2013

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    Après avoir célébré 20 ans d'indépendance par des programmations spéciales, notamment à la Cinémathèque française, au Forum des Images et au Festival du Réel, mais aussi à Istanbul, Buenos Aires ou New York, l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) présentera à nouveau 9 films cette année à Cannes.


    Du 16 au 25 mai, ces longs métrages, documentaires ou de fiction, productions indépendantes françaises ou internationales, avec ou sans distributeur en France, seront projetés en présence des équipes des films et de leurs parrains de l'association, lors de séances ouvertes à tous les publics.


    L'’ACID a sa propre programmation au Festival International du Film de Cannes depuis 1993, qui repose sur le coup de cœoeur des cinéastes.


    En 20 ans, les cinéastes de l'association ont fait découvrir de nombreux auteurs en s’'engageant sur plus de 450 films, dont près de 200 montrés à Cannes.


    Parmi ceux-ci, beaucoup de premiers films : ceux, entre autres, de Serge Bozon, Lucas Belvaux, Alain Gomis, Claire Simon, Djinn Carrénard, Pierre Schoeller, Vincent Dieutre, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Rachid Djaïdani, Nicolás Pereda, Ursula Meier, Avi Mograbi, Yolande Moreau et Gilles Porte...


    Soucieuse du devenir des films après Cannes, l'ACID les propose à d'autres festivals ainsi qu’à des distributeurs et les accompagne à leur sortie auprès de ses 300 salles partenaires.


    L’'ACID, c’est aussi depuis 20 ans nombre de textes politiques et de propositions pour améliorer la diffusion des œuvres, de même que de nombreuses actions en direction des publics : animation d’un réseau de spectateurs relais, édition de documents pédagogiques, organisation de projections scolaires ...


    La programmation ACID Cannes 2013 sera dévoilée mercredi 24 avril.


    Elle sera reprise du 27 au 29 septembre au Nouveau Latina à Paris et dans une trentaine de salles en Ile-de-France et en régions.

    Notons enfin que tous les films présentés l'an dernier à Cannes par l'ACID ont trouvé un distributeur (*).

    Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • A l'occasion des 80 ans de Belmondo, retour sur le bouleversant hommage du Festival de Cannes 2011

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    Le grand Jean-Paul Belmondo (que nous pourrons prochainement voir à nouveau au cinéma grâce à Claude Lelouch) célèbre aujourd’hui ses 80 ans, l’occasion de revenir sur le bouleversant hommage que lui rendit le Festival de Cannes 20111 auquel j’avais eu le plaisir d’assister. En bonus, deux critiques : « Borsalino » de Jacques Deray et « La Sirène du Mississipi » de François Truffaut mais aussi l’interview de Jeff Domenech (coréalisateur du film sur Belmondo projeté lors de l’hommage du Festival de Cannes 2011) réalisée en 2011.

    RETOUR SUR L’HOMMAGE DU FESTIVAL DE CANNES 2011 (article publié en Mai 2011)

    Le festival s’achève dans 5 jours déjà, et les journées (et les soirées) se succèdent à un rythme joyeux et vertigineux sans que je trouve le temps de vous raconter tout ce que je souhaiterais (mais je le ferai après le festival), mais je ne pouvais pas ne pas vous parler de l’incroyable émotion qui s’est emparée de Cannes hier soir, un de ces moments qui resteront sans aucun doute comme un des plus beaux de la mémoire du festival, et de ma mémoire de festivalière. Devant la salle Debussy où s’est déroulé l’hommage, l’affluence n’était étrangement pas au rendez-vous, beaucoup de festivaliers ayant préféré, sans doute, assister à la montée des marches, une montée des marches qui a bouleversé l’assistance, les photographes français et internationaux ayant exceptionnellement déposé leurs appareils photos, non pas en signe de protestation comme avec Isabelle Adjani il y a quelques années mais pour applaudir Jean-Paul Belmondo (sur la musique de Chi Mai, composé par Ennio Morricone , sublime musique du film « Le Professionnel ») comme nous l’a raconté Thierry Frémaux en arrivant dans la salle, précisant que le présentateur de la montée des marches en avait même perdu la voix.

    Pendant ce temps, dans la salle Debussy, de plus en plus fébrile, tandis qu’arrivaient les premiers invités (Faye Dunaway, l’indétrônable Jack Lang…), nous attendions l’arrivée de cet acteur qui a su concilier cinéma d’auteur et cinéma populaire, et qui ne s’est jamais pris pour la star incontestable qu’il est. Belmondo n’était pas venu à Cannes depuis l’hommage à Gérard Oury en 2001 (auquel je me souviens d’avoir assisté, dans la salle Bunuel, avec, là aussi, une incroyable assistance), sa dernière sélection en compétition remontant à 1974 pour « Stavisky » d’Alain Resnais.

    Puis est arrivé le moment tant attendu avec la montée sur scène d’un formidable générique où se mêlaient des acteurs ayant tourné avec lui, ses amis du Conservatoire (leur présence étant la première chose souhaitée par Belmondo lorsque cet hommage lui a été annoncé) , des réalisateurs pour lesquels il a tourné etc : Claudia Cardinale, Marielle, Rochefort, Vernier, Charles Gérard, Guy Bedos, Claudia Cardinale, Claude Lelouch, Albert Dupontel, Samy Naceri, Richard Anconina, Xavier Beauvois, Michel Hazanavicius, Nicole Calfan… Puis « Il » est arrivé, descendant aussi rapidement que lui permettait son état de santé, acclamé par la salle Debussy et ses amis sur scène. Quand, comme moi, on a aimé le cinéma avec « Borsalino » (cf critique ci-dessous), « Le Doulos », « La Sirène du Mississippi » (cf critique ci-dessous) mais aussi tous ces films populaires et jubilatoires et évidemment « A bout de souffle », impossible de ne pas être bouleversée par cet homme qui a incarné tous ces rôles et qui cheminaient vers la scène avec tant de difficultés mais avec un imperturbable sourire d’enfant, et sous les acclamations d’un public particulièrement ému.

    Avec lui, c’était tout un pan du cinéma français qui se déplaçait vers la scène, dans un lent, magnifique et douloureux flashback. Thierry Frémaux et Gilles Jacob ont rivalisé d’humour et d’élégance, visiblement eux aussi émus, Gilles Jacob lui disant « vous avez réussi ce soir votre plus belle cascade ». Puis ce dernier lui a remis un palme d’or pour sa carrière, une distinction reçue avant lui par Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Clint Eastwood et Gérard Oury. Pour Gilles Jacob : « l’étendue du registre de Bébel, le charisme de sa personnalité, la précision de son jeu, la gouaille de ses propos, l’aisance de son allure en ont fait avec Jean Gabin et Michel Simon, l’un des plus grands comédiens français de tous les temps ». « Je suis très ému par cette Palme qui me va droit au coeur. Je veux remercier tous ceux qui sont ici, ceux que je connais et ceux que je ne connais pas. Un grand merci du fond du coeur ! » a alors déclaré Jean-Paul Belmondo, avant que la salle, toujours debout, ne l’acclame à nouveau.

    A ses côtés, son fils Paul arborait un visage grave, peut-être pour contenir son émotion, Claude Lelouch et Richard Anconina ne pouvaient retenir leurs larmes, à l’image d’une grande partie de l’assistance. Enfin, Vincent Perrot et Jeff Domenech ont pris la parole, ce dernier n’oubliant pas d’adresser une pensée pour Marie-France Pisier (qui aurait dû être là…) et pour celle qui fut sa costumière pendant plus de 50 ans.

    A ensuite débuté la projection du documentaire que vous avez pu également voir sur France 2…sans entendre néanmoins les applaudissements de la salle Debussy qui ont ponctué la projection : lors des cascades impressionnantes de Belmondo (notamment celles du « Guignolo » à Venise), lors de la lecture d’une lettre d’amitié de Bruno Crémer, lors de l’apparition à l’écran de Marie-France Pisier, lors de scènes inoubliables (comme celle d’ « Itinéraire d’un enfant gâté », une de mes préférés, ou comme celle de la fin du « Professionnel » avec Robert Hossein)…ou lorsque Delon dit que la différence entre eux se résume au fait que si Belmondo passe sa tête hors du train tout le monde rit, et reste impassible s’il s’agit de lui.

    Le documentaire fait défiler sa carrière à travers des extraits de ses films mêlés avec les témoignages d’acteurs de sa génération et d’aujourd’hui, le tout accompagné par une voix-off signée Jean Dujardin, le film commençant par Belmondo qui va assister lui-même au film de sa vie d’acteur (et le documentaire s’y cantonne strictement et c’est tant mieux), étrange mise en abyme puisque nous-mêmes voyions le film en sa compagnie. De temps, à autre, je ne pouvais m’empêcher de me retourner pour voir ses réactions, deux rangs derrière moi, assis à côté de Claudia Cardinale, comme l’était Alain Delon, dans cette même salle, pour la projection de la version restaurée du « Guépard » l’an passé. Tandis que, l’un, l’année dernière, Alain Delon, avait le visage grave et soucieux, Belmondo avait à nouveau ce visage d’enfant ébloui et amusé de ses propres blagues, échangeant des sourires complices avec Claudia Cardinale, radieuse. Que pouvait-il bien penser, en voyant défiler tous ces témoignages d’amitié, en se voyant effectuer les cascades les plus improbables, en revoyant tous ces extraits sans doute associés pour lui à tant de souvenirs ? Que pouvait bien penser Claudia Cardinale, voyant ce film, qui d’une certaine manière, à l’image du « Guépard » de Visconti, l’an passé, lui montrait l’évanouissement d’un monde, la fin d’une époque ? C’était à la fois joyeux (le festival voulait faire de cet hommage une fête et il l’a été) et douloureux, au souvenir de sa lente montée vers la scène qui contrastait tellement avec ses cascades spectaculaires sur l’écran, et qui résonnait parfois comme un hommage posthume à cet acteur qui, aujourd’hui encore incarne tellement la vie, « foudroyant de vie et d’amitié ». Comment ne pas être nostalgique aussi en revoyant tous ces comédiens comme Gabin dans l’inénarrable scène de « Un singe en hiver »… ?

    Cannes ne pouvait pas ne pas rendre hommage à celui qui résume finalement ce festival qui sait concilier cinéma d’auteur et cinéma populaire. Un grand moment, vraiment. Merci Cannes. Merci M.Belmondo. Merci Jeff Domenech (qui, auparavant travaillait dans la restauration rapide à Grasse, très cinéphile et proche de Lautner et qui, avec Vincent Perrot a monté ce projet que leur envie certainement plus d’un réalisateur) pour ce documentaire qui m’a replongée dans le cinéma que j’aime et qui m’a fait aimer le septième art, un documentaire malheureusement trop court (les extraits donnant envie de revoir tous ses films !). Je crois que je garderai longtemps le souvenir de ce géant du cinéma au regard et au sourire d’un enfant malicieux qui n’a pas dit son dernier mot et qui semble déjà songer à sa prochaine blague ou pirouette. En revoyant ces archives Belmondo aurait déclaré à Vincent Perrot que cela lui avait donné envie de remonter sur scène. Si seulement…

    Pour clore cet hommage, retrouvez ma critique de « Borsalino » de Jacques Deray et de « la Sirène du Mississippi » de Truffaut, ci-dessous.

    Critique de « La Sirène du Mississippi » de François Truffaut (1969): entre joie et souffrance

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    Après « Baisers volés » (1969) et « La Femme d’à côté » (1981), je poursuis aujourd’hui le cycle consacré à François Truffaut », en remontant un peu dans le temps, avec « La Sirène du Mississippi », un film sorti en 1969. Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé « Waltz into Darkness » (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour « Fenêtre sur cour ». Truffaut avait lui-même aussi déjà adapté William Irish pour « La mariée était en noir », en 1968.

    Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion. Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance. Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.

    Ce film connut un échec public et critique à sa sortie. Truffaut expliqua ainsi cet échec : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississippi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après « Baisers volés », quintessence du style Nouvelle Vague. Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.

    Comme chacun de ses films « La Sirène du Mississippi » n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.

    Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans « L’Histoire d’Adèle.H », dans « La Peau douce » (réalisé avant « La Sirène du Mississippi) notamment ou, comme nous l’avons vu, dans « La Femme d’à côté », où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont « La sirène du Mississippi » porte déjà les prémisses.

    Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). « Les Oiseaux », « Pas de printemps pour Marnie », « Sueurs froides», « Psychose », autant de films du maître du suspense auxquels se réfère « La Sirène du Mississippi ». Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, empreinte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » ou à Kim Novak dans « Sueurs froides » notamment pour la double identité du personnage dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.

    A Deneuve, qui vient d’accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu’un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.

    A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans « La Peau de chagrin » à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au « Lys dans la vallée » dans « Baisers volés »), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin, Marion aurait pu dire à Louis : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m’appartiendra ».

    Enfin ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.

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    Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans « Baisers volés » où il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.

    Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec « La Sirène du Mississippi » qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme récemment Pedro Almodovar avec « Les Etreintes brisées ».

    « La Sirène du Mississippi » s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou dont Truffaut est sans doute le meilleur cinéaste.

    Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut « Le dernier métro », et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans « La Sirène du Mississippi »:

    « – Quand je te regarde, c’est une souffrance.

    - Pourtant hier, tu disais que c’était une joie.

    - C’est une joie et une souffrance. »

    Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississippi ».

    Critique de « Borsalino » de Jacques Deray

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    C’était en 1970. 4, 7 millions de spectateurs avaient alors vu ce film produit par Alain Delon. Un film alors très médiatisé. Et pour cause : deux mythes du cinéma s’y retrouvaient pour la première fois, 28 ans avant que Patrice Leconte les réunisse à nouveau pour « Une chance sur deux ». Belmondo avait d’ailleurs reproché à Delon d’être deux fois sur l’affiche, en tant que producteur et en tant qu’acteur. Ce jeu et cette apparente concurrence entre les deux acteurs avaient même conduit Jacques Deray à s’arranger pour qu’ils aient exactement le même nombre de plans et il est vrai que les deux acteurs y sont autant l’un que l’autre à leur avantage…

    Basé sur le roman « Bandits à Marseille » d’Eugène Saccomano, « Borsalino » est inspiré de l’histoire des bandits Carbone et Spirito dont les noms avaient finalement été remplacés en raison de leurs rôles pendant l’Occupation. On y retrouve, outre Delon et Belmondo, Nicole Calfan, Françoise Christophe, Corinne Marchand, Mireille Darc (qui fait une apparition remarquée) mais aussi Michel Bouquet, Julien Guiomar, Mario David, Laura Adani. Les dialogues sont signés Jean-Claude Carrière, co-scénariste avec Claude Sautet, Jacques Deray, Jean Cau. Rien de moins !

    Début des années 30 à Marseille. Roch Siffredi (Alain Delon) sort de prison. Venu retrouver son amie Lola (Catherine Rouvel) il rencontre par la même occasion son nouvel amant François Capella (Jean-Paul Belmondo). S’ensuit une bagarre entre les deux rivaux, elle scellera le début d’une indéfectible amitié. Capella cherche à se faire une place dans la pègre marseillaise. Les deux truands vont ainsi se trouver et se respecter. De cette réunion va naître une association de malfaiteurs florissante puis une amitié à la vie, à la mort qui va leur permettre de gravir les échelons de la Pègre marseillaise !

    D’un côté, Capella/Belmondo séducteur, désinvolte, bon vivant, aux goûts clinquants et aux manières cavalières. De l’autre Siffredi/Belmondo élégant, ambitieux, taciturne, froid, implacable, presque inquiétant. Deux mythes du cinéma face à face, côte à côte qui jouent avec leurs images. Parfois avec dérision (ah la scène de la baignade, ah la bagarre…), démontrant ainsi d’ailleurs l’humour dont ils savaient et savent faire preuve même celui dont ses détracteurs l’accusaient à tort d’en être dépourvu, même si dans le DVD on reconnaît plus volontiers cette qualité à Jean-Paul Belmondo et à Delon… sa générosité. Jouant avec leur image encore lorsqu’ils deviennent des gangsters stars sur le passage desquels on se détourne, et applaudis par la foule, comme ils le sont en tant qu’acteurs.

    C’est aussi un hommage aux films de gangsters américains, aux films de genre, avec leurs voitures rutilantes, leurs tenues élégantes parfois aussi clinquantes (dont le fameux Borsalino qui inspira le titre du film), leurs femmes fatales mystérieuses ou provocantes, leurs lieux aussi folkloriques et hauts en couleurs que les personnages qui les occupent. En toile de fond la pittoresque Marseille, Marseille des années 30, sorte de Chicago française, Marseille luxueusement reconstituée que Deray filme avec minutie, chaleur, avec l’allégresse qui illumine son film influencé par l’atmosphère ensoleillée et chaleureuse de Marseille. Sa caméra est alerte et virevoltante et elle accompagne avec une belle légèreté et application quelques scènes d’anthologie comme celle de la fusillade dans la boucherie. Tout cela donne au film une vraie « gueule d’atmosphère » qui n’appartient qu’à lui. Et s’il n’y a pas réellement de suspense, Deray nous fait suivre et vivre l’action sans penser à la suivante, à l’image de Siffredi et Capella qui vivent au jour le jour; il ne nous embarque pas moins avec vivacité dans cette ballade réjouissante, autant teintée d’humour et de second degré (dans de nombreuses scènes mais aussi dans les dialogues, savoureux) que de nostalgie, voire de mélancolie suscitée par la solitude du personnage de Delon dont la majesté de fauve, parfois la violence, semblent être les masques de la fragilité. Et dont la solitude fait écho à celle de l’acteur, auréolé d’un séduisant mystère. Celui d’un fauve blessé.

    Un film que ses deux acteurs principaux font entrer dans la mythologie de l’Histoire du cinéma, et qui joue intelligemment avec cette mythologie, ce film étant par ailleurs avant tout un hymne à l’amitié incarnée par deux prétendus rivaux de cinéma. Ce sont évidemment deux rôles sur mesure pour eux mais c’est aussi toute une galerie de portraits et de personnages aussi pittoresques que la ville dans laquelle ils évoluent qui constitue d’ailleurs un véritable personnage (parmi lesquels le personnage de l’avocat magistralement interprété par Michel Bouquet). Un film avec un cadre, une ambiance, un ton, un décor, deux acteurs uniques. Et puis il y a l’inoubliable musique de Claude Bolling avec ses notes métalliques parfois teintées d’humour et de violence, de second degré et de nostalgie, d’allégresse et de mélancolie, de comédie et de polar entre lesquels alterne ce film inclassable.

    « Borsalino » fut nommé aux Golden Globes et à l’ours d’or. Quatre ans plus tard Jacques Deray réalisera Borsalino and co, de nouveau avec Alain Delon, sans connaître le même succès auprès du public et de la critique. Reste un film qui, 40 ans après, n’a rien perdu de son aspect jubilatoire et semble même aujourd’hui encore, pour son habile mélange des genres, en avoir inspiré beaucoup d’autres. Imité, rarement égalé. En tout cas inimitable pour ses deux personnages principaux que ses deux acteurs mythiques ont rendu à leurs tours mythiques, les faisant entrer dans la légende, et dans nos souvenirs inoubliables, inégalables et attendris de cinéphiles.

    Interview de Jeff Domenech, réalisateur de « Belmondo, itinéraire… » (projeté lors du Festival de Cannes 2011, pour l’hommage à Jean-Paul Belmondo)

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    Même si j’ai décidé de continuer à développer les interviews vidéo comme celle de John Malkovich (à propos, il est encore temps d’aller voir son adaptation des « Liaisons dangereuses« , retrouvez mon interview et ma critique en cliquant ici) ou Anthony Delon récemment (une interview que vous pouvez retrouver là, même si la pièce pour laquelle je l’ai interviewé « Panik » est malheureusement arrêtée prématurément), je n’abandonne pas pour autant les interviews écrites et j’ai le plaisir de publier aujourd’hui celle de Jeff Domenech. Si ce nom ne vous dit peut-être rien, en revanche certainement avez-vous entendu parler de son documentaire « Belmondo, itinéraire… » projeté lors du mémorable hommage que lui a rendu le Festival de Cannes 2011 ( un documentaire par ailleurs diffusé à la télévision le même jour). Ce passionné de cinéma (et de Belmondo) au parcours atypique qui a d’abord réussi dans la restauration rapide à Grasse, très cinéphile, est parvenu, avec Vincent Perrot, à monter ce projet que certains auront sans doute jugé complètement fou et utopique.

    Moi qui n’en suis pas avare de projets fous et qui sais à quel point la route est semée d’embûches autant que passionnante, j’avais envie de connaître son regard sur cette aventure, d’en savoir plus sur sa cinéphilie et ses projets.

    Je le remercie d’avoir accepté de répondre à ces questions.

    Pour le plaisir, en bonus, après l’interview, vous trouverez la fameuse scène de l’étonnement d’ »Itinéraire d’Un Enfant gâté », mon article sur l’hommage mémorable du Festival de Cannes à Jean-Paul Belmondo et mes commentaires sur le documentaire de Jeff Domenech, et la critique de « La Sirène du Mississipi » de François Truffaut, avec Jean-Paul Belmondo.

    Les photos qui illustrent l’interview appartiennent Jeff Domenech. Celles qui illustrent le compte-rendu de l’hommage sont celles que j’ai prises lors de cet évènement .

    INTERVIEW DE JEFF DOMENECH

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    . Votre propre histoire qui vous a mené à « Belmondo, itinéraire… », c’est finalement aussi, l’« itinéraire d’un enfant gâté » ?

    Oui on peut le résumer ainsi … meme si le parcours pour monter un tel projet n’a pas été simple . On peut dire que j’ai réalisé mon rêve … L’image la plus symbolique , c’est cette photo que mon père a prise de moi en Mai 1985 , lors de ma premiere visite au festival de Cannes. Je pose devant une l’affiche du film « Hold-up » ( mon père me disant : « profites-en c’est la seule fois où tu pourras approcher Belmondo ! » )

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    Et me voila 26 ans plus tard tout en haut des marches dans ce meme festival , aux côtés de mon idole pour venir présenter le film que je lui ai consacré … Avec a l’issue de cette projection , la remise d’une palme d’or …

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    Copyright Christophe Geral

    C’est une belle histoire et un beau clin d’oeil du destin. Je résume d’ailleurs tout ce parcours et cette histoire assez incroyable dans mon livre « Belmondo du rève à la réalité » . Et si cela peut donner des envies à certains d’aller au bout de leur rêves les plus fous … j’en serai très fier.

    2. Quel souvenir gardez-vous de la projection cannoise, cet hommage bouleversant, en présence d’un incroyable générique ?

    Dès le départ de ce projet , j’ai eu deux idées en tête. La première :réunir un casting multi générationel ( où chacun nous parlerait de « son Belmondo ») et la seconde de présenter le film au festival de Cannes. Deux idées ambitieuses et pas si simples à réaliser … Mais là encore j’ai fait preuve de culot et de tenacité et j’ai réussi a aller au bout de mes rêves … Pour le casting on retrouve Delon, Cardinale, Rochefort, Marielle, Galabru, Cardinale, Lelouch, Lautner, Blier, Besson… mais aussi la jeune génération Cassel, Dujardin, G. lellouche, Cornillac, Dupontel, Paradis, Marceau … Et deux clins d’oeil l’un du DJ Bob Sinclar et le deuxieme de Zinedine Zidane … Concernant le festival de Cannes, Thierry Fremaux et Gilles Jacob se sont montrés immédiatement très enthousiastes a l’idée de célèbrer la carrière de Belmondo lors d’une soirée spéciale . Restait quand meme le challenge le plus difficile, celui de réaliser un film à la hauteur de l’immense carrière de Jean-Paul.

    3. Si vous deviez définir Jean-Paul Belmondo en trois adjectifs tel que vous l’imaginiez avant de le connaître et en trois adjectifs tels que vous le définiriez après l’avoir rencontré ?

    Avant de connaitre Jean Paul , je le voyais avec les yeux d’un fan pour son idole … Héroïque. Magnifique. Charismatique. A présent qu’il est devenu un ami intime je vous répondrais … Généreux , fidèle et … déconneur !

    4. Qu’avez-vous retiré de cette expérience que j’imagine humainement et cinématographiquement particulièrement enrichissante …et peut-être d’ailleurs parfois aussi déstabilisante?

    Lorsque vous évoluez dans un monde qui n’est pas le vôtre vous commencez par faire profil bas et observer les soit-disants « professionnels de la profession ». Mais je me suis vite rendu compte que la franchise , la sincérité , et la loyauté ne sont sont pas des valeurs très présentes dans ce milieu ( je ne parle pas des artistes ) . Pourtant dès le départ Belmondo , Lautner et meme Michèle Mercier m’avaient affranchis en me parlant des pièges de ce métier , et des personnes mal intentionnées qui gravitent tout autour . Alors au départ j’ai fait des erreurs que j’ai payé très cher ( dans tous les sens du terme ! ). Si l’on dit souvent que l’on paye pour apprendre … alors on va dire que j’ai énormément appris en 3 ans . J’ai dû abandonner mon premier projet de film sur Belmondo , pour en monter un second avec Vincent Perrot qui lui a reussi a mener ce projet a son terme de facon rigoureuse et professionnelle .

    5. Y a-t-il des extraits que vous auriez souhaité mettre dans le documentaire mais que vous n’avez pas pu inclure pour des raisons de droits ou d’autres raisons ? Y a-t-il des interviews que vous auriez aimé ajouter au documentaire et que vous n’avez pas eu l’opportunité de réaliser ?

    En général, j’évite de regarder en arrière pour justement éviter d’avoir des regrets … le seul refus d’interview que j’ai eu c’est Godard. Sinon je regrette de ne pas avoir pu utiliser les interviews de certains acteurs pourtant présents dans le premier projet . ( Romain Duris, Edouard Baer , Richard Anconina , Laurent gerra ou Michele Mercier) . Mais je regrette surtout de ne pas avoir pu réaliser la scène finale que j’avais écrite et dont je rêvais … En fait pour conclure le film, on revoyait la scène culte d’ » A bout de souffle » ou Belmondo remonte les Champs Elysées aux cotés de Jean Seberg. Il lui rend son journal en lui disant » Tiens je te le rends , il ya pas d’horoscope » … Seberg lui demande » C’est quoi l’horoscope ? » … Belmondo réplique : » L’horoscope c’est l’avenir , j’ai envie de savoir l’avenir… » Et a la suite de cela , on faisait un fondu enchainé sur Jean Paul avec sa fille Stella au même endroit sur les Champs Elysées mais de nos jours … Avec Stella qui dit a son père … » Mais papa , c’est quoi l’avenir ? » et Jean Paul baisse son regard sur elle en lui disant : » l’avenir … c’est toi. » Voila comment j’avais imaginé la scène finale … Donc si je devais avoir un regret ca serait celui de ne pas avoir pu filmer cette scène .

    6. Quel est le témoignage qui vous a le plus surpris et celui qui vous a le plus touché et pourquoi ?

    Difficile de ressortir un seul témoignage … Je peux quand même vous dire que Jean-Paul a été très touché par la lettre de son ami Bruno Cremer ( décédé peu de temps près ) et il a été aussi très sensible aux témoignages de la jeunes génération , et surpris de l’influence qu’il a pu avoir sur eux .

    7. Si vous ne deviez choisir qu’un seul film de Jean-Paul Belmondo, quel serait-il et pourquoi (même s’il y a sans doutes de grandes chances pour qu’il s’agisse du « Professionnel ») ? Et si vous ne deviez choisir qu’une seule scène d’un film avec Jean-Paul Belmondo, (peut-être celle qui le représente le mieux ou que vous préférez), quelle serait-elle ?

    J’ai souvent demandé a Jean Paul quel était son film préféré … et il m’a toujours répondu très justement , que ses films c’était comme ses enfants il est impossible d’en préférer un plutot qu’un autre. Je me souviens qu’un jour, mon pote Albert Dupontel m’as dit une chose très juste … » A chaque moment de notre vie on a un Belmondo qui nous correspond » Alors sur ce postulat je dirais que mes préférences pour le début de sa carrière vont vers « A bout de souffle », « Un nommé la Rocca », » Un singe en hiver » et « Pierrot le fou » Dans les années 70 » Peur sur la ville » » Le magnifique » et surtout » l’incorrigible » où Jean Paul est en totale liberté ! Puis evidement » Le professionnel » dont j’ai usé à l’époque la bande vhs … Mais là ou Jean Paul arrive au sommet de son art c’est bien évidemment sous l’oeil de Claude Lelouch dans » Itineraire d’un enfant gâté » . La scène du face à face avec Anconina restera a jamais dans l’histoire du 7 ième art.

    8. Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet. Celui-ci ne vous a-t-il pas donné envie de passer à la réalisation de fictions ?

    C’est pas les projets ni les idées qui me manquent … mais après une telle aventure j’ai eu besoin de faire un break. Mais J’ai quand même pris le temps d’écrire un programme court destiné au petit ecran , et je suis en préparation d’un nouveau film documentaire. Et concernant la réalisation d’un long metrage , c’est dans un coin de ma tête depuis des années.

    9. Si une baguette magique vous permettait de réaliser un documentaire sur trois personnalités que vous admirez (mortes ou vivantes), quelles seraient-elles ?

    Sans hésitation faire un face a face » De niro vs Pacino » en retracant leur parcours et leur carrière en parallèle … Concernant la troisième personne , vous le saurez très prochainement … 10. En mettant de côté les films de Jean-Paul Belmondo, quels sont les 5 films que vous considérez comme vos films de prédilection ? C’est pas simple … Pour les films francais : 37, 2 le matin , Série Noire , Irreversible , Bernie , Le père noel est une ordure. Pour les films americains : Raging Bull , Voyage au bout de l’enfer, Pulp fiction , Il etait une fois en amerique, Apocalyse now.

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  • « La Liste de Schindler » du "Président" Steven Spielberg – Edition 20ème anniversaire Blu-ray/ DVD

    « La Liste de Schindler » de Steven Spielberg – Edition 20ème anniversaire Blu-ray/ DVD

    A l’occasion du 20ème anniversaire de sa sortie, « La Liste de Schindler » de Steven Spielberg (dont je vous rappelle qu’il sera le Président du jury du 66ème Festival de Cannes) a été restaurée à partir de la copie 35 mm originale du film. Découvrez ce nouveau DVD/Blu-ray le 9 avril 2013 et retrouvez, ci-dessous, la critique de ce chef d’oeuvre indispensable.

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    Avant que Spielberg ne réalise « La liste de Schindler », long aura été le parcours pour aboutir à ce film. Un premier projet de film avait ainsi tout d’abord échoué. C’est Poldek Pfefferberg, un des 1100 Juifs sauvés par Oskar Schindler, qui devait raconter la vie de ce dernier. Un film sur Schindler basé sur ce récit devait même être tourné avec la Metro Goldwyn Mayer en 1963. Presque 20 ans plus tard, en 1982, l’écrivain Thomas Keneally écrivit le livre « La Liste de Schindler » après avoir rencontré Pfefferberg. C’est ce livre qui servira de base au film éponyme de Spielberg. Universal Pictures en acheta les droits. Spielberg rencontra Pfefferberg et voulut d’abord confier la réalisation du film à Roman Polanski qui refusa puis à Scorsese qui refusa à son tour. C’est ainsi que Spielberg décida de le réaliser en raison, notamment, du génocide en Bosnie : « La principale raison pour laquelle j’ai tenu à réaliser ce film sans plus tarder, c’est que la purification ethnique qui sévit en Bosnie me persuade de plus en plus de la ressemblance terrifiante de notre époque avec celle où se déroula la Shoah. Je n’avais jamais, dans aucun de mes films, décrit la réalité. Je consacrais toute mon énergie à créer des mondes imaginaires. Je crois que si j’avais inversé mon plan de travail et tourné en premier « La Liste de Schindler », je n’aurais jamais éprouvé le moindre désir de réaliser, ensuite, un film sur les dinosaures. » Spielberg ne demanda pas de salaire pour ce film, ce qui aurait été pour lui « l’argent du sang ».

    Suite au succès remporté par le film, Spielberg créa « la Fondation de l’Histoire Visuelle des Survivants de la Shoah », une organisation à but non lucratif qui rassemble des archives de témoignages filmés des survivants de l’Holocauste. L’argent récolté lui a également permis de produire des documentaires sur la Shoah pour la télévision comme « Anne Franck remembered » (1995), « The lost children of Berlin » (1996) « The Last days » (1998).

    Le film a été tourné entre mars et mai 1993, en soixante-douze jours, essentiellement dans le quartier de Kazimierz à Cracovie.

    C’est le 30 novembre 1993 que « La liste de Schindler » sortit en salles, soit trente ans après le premier projet de film sur Oskar Schindler. Cela valait la peine d’attendre. Un sujet comme celui-ci nécessitait talent, maturité, sensibilité, sobriété et travail de documentation. A chaque film sur l’Holocauste revient la même question : peut-on et doit-on faire une fiction d’une atroce réalité qui la dépasse ? Doit-on, pour transmettre l’Histoire, tenter de raconter l’indicible, forcément intransmissible ? Spielberg est-il parvenu à lever toutes les réticences ? Claude Lanzmann écrivit ainsi : « L’Holocauste est d’abord unique en ceci qu’il édifie autour de lui, en un cercle de flammes, la limite à ne pas franchir parce qu’un certain absolu de l’horreur est intransmissible : prétendre pourtant le faire, c’est se rendre coupable de la transgression la plus grave. »

    Synopsis : Oskar Schindler (Liam Neeson) est un industriel allemand, membre du parti nazi. Bon vivant, profiteur, époux infidèle, il ne semble avoir qu’une obsession : faire du profit, et faire retentir son nom. Tandis que les Juifs sont regroupés et enfermés dans des ghettos, il réussit à obtenir les capitaux nécessaires (provenant de la communauté juive) pour racheter une fabrique de casseroles. Il emploie une main d’œuvre juive bon marché dans son usine, afin de la faire prospérer, apparemment indifférent à l’horreur qui se déroule en dehors de son usine. Il faudra la liquidation du Ghetto de Cracovie, en mars 1943, sous les ordres du commandant SS Amon Göth (Ralph Fiennes) pour qu’il prenne conscience de l’ineffable horreur nazie…

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    La première scène nous montre Schindler s’habillant méthodiquement, soigneusement, choisissant cravate, boutons de manchette, et épinglant sa croix gammée. Le tout avec la dextérité d’un magicien. Nous n’avons pas encore vu son visage. De dos, nous le voyons entrer dans une boite de nuit où se trouvent des officiers nazis et des femmes festoyant allègrement. Il est filmé en légère contre-plongée, puis derrière les barreaux d’une fenêtre, puis souriant à des femmes, puis observant des officiers nazis avec un regard mi-carnassier, mi-amusé, ou peut-être condescendant. Assis seul à sa table, il semble juger, jauger, dominer la situation. Sa main tend un billet avec une désinvolte arrogance. Son ordre est immédiatement exécuté. Son regard est incisif et nous ignorons s’il approuve ou condamne. Il n’hésite pas à inviter les officiers nazis à sa table, mais visiblement dans le seul but de charmer la femme à la table de l’un d’entre eux. Cette longue scène d’introduction sur la musique terriblement joyeuse (« Por una cabeza » de Gardel), et d’autant plus horrible et indécente mise en parallèle avec les images suivantes montrant et exacerbant même l’horreur qui se joue à l’extérieur, révèle tout le génie de conteur de Spielberg. En une scène, il révèle tous les paradoxes du personnage, toute l’horreur de la situation. L’ambigüité du personnage est posée, sa frivolité aussi, son tour de passe-passe annoncé.

    Un peu plus tard, Schindler n’hésitera pas à occuper l’appartement dont les occupants ont dû rejoindre le Ghetto. Il faudra que de son piédestal -des hauteurs du Ghetto, parti en promenade à cheval avec une de ses maîtresses- il observe, impuissant, le massacre du Ghetto de Cracovie. Il faudra que son regard soit happé par le manteau rouge d’une petite fille (Spielberg recourt à la couleur comme il le fera à cinq autres occasions dans le film) perdue, tentant d’échapper au massacre (vainement, comme nous le découvrirons plus tard) pour qu’il prenne conscience de son identité, de l’individualité de ces juifs qui n’étaient alors pour lui qu’une main d’œuvre bon marché. Créer cette liste sera aussi une manière de reconnaître cette individualité, de reconnaître qu’à chaque nom correspond une vie sauvée. Sans doute la démarche d’une jeune femme qui lui demande plus tard de faire venir ses parents détenus à Plaszow parce qu’elle a eu écho de sa bonté, qu’il renvoie menaçant de la livrer à la Gestapo tout en lui donnant gain de cause, l’aura-t-elle incité à devenir celui pour qui on le prenait déjà, cet « homme bon », à faire retentir son nom, mais d’une autre manière (là encore, le paradoxe d’Oskar Schindler, il ne recevra pas la jeune femme la première fois, non maquillée et pauvrement vêtue mais seulement lorsqu’elle reviendra maquillée et avec d’autres vêtements). A partir de ce moment, il tentera alors avec son comptable Itzhak Stern (Ben Kingsley), de sauver le plus de vies possibles.

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    La scène précitée du massacre qu’observe Schindler est aussi nécessaire qu’insoutenable (une quinzaine de minutes) entre les exécutions, les médecins et infirmières obligés d’empoisonner les malades dans les hôpitaux pour leur éviter d’être exécutés, les enfants qui fuient et se cachent dans des endroits tristement improbables, l’impression d’horreur absolue, innommable, de piège inextricable, suffocant. La scène est filmée caméra à l’épaule (comme 40% du film) comme si un reporter parcourait ce dédale de l’horreur et, comme dans tout le film, Spielberg n’en rajoute pas, filme avec sobriété cette réalité reconstituée qui dépasse les scénarii imaginaires les plus effroyables. Des valises qui jonchent le sol, un amas de dents, de vêtements, une fumée qui s’échappe et des cendres qui retombent suffisent à nous faire comprendre l’incompréhensible ignominie. Les échanges, implicites, entre Schindler et le comptable Stern sont aussi particulièrement subtils, d’un homme qui domine l’autre , au début, à la scène deux hommes qui trinquent sans que jamais l’horrible réalité ne soit formulée.

    Le scénario sans concessions au pathos de Steven Zaillian, la photographie entre expressionnisme et néoréalisme de Janusz Kaminski (splendides plans de Schindler partiellement dans la pénombre qui reflètent les paradoxes du personnage), l’interprétation de Liam Neeson, passionnant personnage, paradoxal, ambigu et humain à souhait, et face à lui, la folie de celui de Ralph Fiennes, la virtuosité et la précision de la mise en scène (qui ne cherche néanmoins jamais à éblouir mais dont la sobriété et la simplicité suffisent à retranscrire l’horrible réalité), la musique poignante de Johns Williams, et le message d’espoir malgré toute l’horreur en font un film poignant et magistral.

    « La liste de Schindler » a d’ailleurs reçu douze nominations aux Oscars en 1994 et en a remporté sept dont ceux du meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleure direction artistique, meilleur réalisateur, meilleur montage, meilleure photographie et meilleure musique. Liam Neeson et Ralph Fiennes ont évidemment été tous deux nommés pour l’Oscar du meilleur acteur, pour le premier, et celui du meilleur second rôle masculin, pour le second, mais ce sont Tom Hanks, pour « Philadelphia », et Tommy Lee Jones, pour « Le Fugitif » qui les ont obtenus.

    Alors, pour répondre à la question initiale, oui, il faut et il fallait faire un film sur ce sujet car certes « un certain absolu de l’horreur est intransmissible », forcément, mais cela n’empêche pas d’essayer de raconter, de transmettre pour que justement cet absolu de l’horreur ne se reproduise plus. Ce film permet à ceux qui ont regardé avec des yeux d’enfants éblouis les autres films de Spielberg, d’appréhender une horreur que leurs yeux n’auraient peut-être pas rencontrée autrement, trop imperméables à des films comme « Nuit et brouillard » ou « Shoah ».

    Comme l’avait fait Benigni avec « La vie est belle » là aussi fortement contesté (retrouvez ma critique de « La vie est belle » en cliquant ici et celle de « Monsieur Klein » de Losey en cliquant là, deux films indispensables, revoyez également « Le Pianiste » de Polanski), Spielberg a choisi la fiction, mais n’a surtout pas occulté la réalité, il l’a simplement rendue visible sans pour autant la rendre acceptable. Une scène en particulier a pourtant suscité une relative controverse, celle lors de laquelle des femmes sont envoyées dans une « douche » à Auschwitz-Birkenau, ignorant si en sortira un gaz mortel. Quand la lumière s’éteint, c’est aussi la certitude du spectateur avant que l’eau ne jaillisse. Scène terrible et par laquelle Spielberg n’a en aucun cas voulu faire preuve d’un suspense malsain mais a brillamment montré quel pitoyable pouvoir sur les vies (parallèle avec le passionnant dialogue sur le pouvoir entre Schindler et Göth) détenait les tortionnaires des camps qui, d’un geste à la fois simple et horrible, pouvaient les épargner ou les condamner.

    « La liste de Schindler » est un film nécessaire et indispensable. Par le prisme du regard d’un homme avec tout ce que cela implique de contradictions (au sujet duquel le film a l’intelligence de ne jamais lever tout à fait le mystère) qui, d’indifférent devint un « Juste » et sauva 1100 juifs, il nous fait brillamment appréhender l’indicible horreur et montre aussi que des pires atrocités de l’humanité peuvent naitre l’espoir. Quand un sondage sidérant, à l’occasion de la commémoration des 70 ans de la Rafle du Vel d’Hiv, vient de révéler que 57% des 25-34 ans, 67% des 15-17 ans, ignorent tout de la Rafle du Vel d’Hiv (42% tous âges confondus) et (comment est-ce possible ?!) des films comme celui-ci continueront d’avoir leur raison d’être. C’est aussi un film sur le pouvoir, celui, pathétique et exécrable, de ceux qui en abusent ou de celui qui le détourne à bon escient, celui du cinéma, instrument du devoir de mémoire.

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    Un film dont vous ressortirez abattus, en colère, bouleversés mais aussi avec le sentiment que le pire peut transformer un homme et faire naitre l’espoir en l’être humain malgré les ignominies dont il peut se rendre capable ; et avec des images, nombreuses, à jamais gravées dans vos mémoires parmi lesquelles celle d’un manteau rouge, lueur tragique et innocente au milieu de l’horreur ou celle de la fin, ces pierres posées sur une tombe par des rescapés et acteurs pour remercier un homme pour toutes les vies qu’il aura sauvés et pour celles, qui grâce à sa liste, à ces noms et identités écrits et affirmés, auront pu voir le jour.

    Cliquez ici pour retrouver mes autres critiques de films de Spielberg et notamment de son dernier grand film » Lincoln ».

    Suivez le Festival de Cannes 2013 en direct sur http://inthemoodforfilmfestivals.com .

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