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IN THE MOOD FOR CANNES 2024 - Page 95

  • La leçon de cinéma des frères Dardenne au 62ème Festival de Cannes

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    Ci-dessus, Thierry Frémaux
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    Ci-dessus, les frères Dardenne donnant leur leçon de cinéma en salle Bunuel

    La leçon de cinéma fait partie de ces évènements du Festival de Cannes auquel j'assiste chaque année. Après Catherine Deneuve, Martin Scorsese et Quentin Tarantino (vous pouvez retrouver mes résumés de ces différentes master class sur "In the mood for Cannes" et/ sur "In the mood for cinema"), c'était cette année au tour des frères Dardenne de nous faire partager leur vision du septième art, comme d'habitude dans la petite (400 places) salle Bunuel qui confère toujours une certaine confidentialité à cette leçon, comme chaque année passionnante.

     Après une courte présentation de Thierry Frémaux, c'est  à Michel Ciment qu'est revenu le rôle d'intervieweur, plutôt facile tant les Dardenne savent partager leur passion, et semblent y prendre plaisir. Comme à chaque fois, cette leçon a été entrecoupée d'extraits ("La promesse", "Le Fils",  "Rosetta", "L'enfant", "Le silence de Lorna")  .

    Qu'ils donnent cette leçon de cinéma à Cannes semble être une évidence tant leur histoire est indissociable de ce festival qui les a révèlés et plusieurs fois couronnés: palme d'or et prix d'interprétation féminine pour "Rosetta" en 1999, Prix d'interprétation masculine pour "Le Fils" en 2002, palme d'or pour "L'Enfant" en 2005, prix du scénario pour "Le silence de Lorna" en 2008.

    Ce qui étonne d'abord c'est l'immense simplicité mais aussi complicité entre les deux frères dont les paroles jamais ne se chevauchent et dont la pensée semble être une même continuité et émaner d'une seule et même personne. Sans doute cette alchimie explique-t-elle aussi celle qui existe dans leur cinéma, c'est pourquoi aussi, ci-dessous, je citerai l'un et l'autre de manière indifférenciée.

    Ils ont commencé par évoquer l'origine de ce qui est devenu par la suite leur métier, cette "impression que la vie d'adulte était ennuyeuse et qu'au cinéma la vie était plus amusante." Armand Gatti, le poète et metteur en scène avec qui ils ont débuté comme assistants les a réunis et leur a "fait croire à la possibilité de devenir vidéastes". Ils ont en effet débuté par la vidéo et le documentaire.

    Pour eux faire un film c'est "savoir où mettre la caméra par rapport au corps du comédien et par rapport au décor".

    Ils ne se considèrent pas comme des cinéphiles.

    Ils ont également évoqué leur "goût du secret", le fait qu'un troisième regard les perturbe.

    Pour eux un acteur doit en savoir le moins possible et aussi en faire le moins possible: "moins tu en dis, plus le spectateur pourra investir les choses". Il faut "toujours contredire l'acteur pour qu'il soit toujours en déséquilibre et ne s'enferme jamais  dans une image de son personnage."

    Ils ont également évoqué "l'importance accordée à la matérialité des objets" mais aussi le fait d'être deux qui leur permet de se "sentir comme des usurpateurs honteux": "c'est parce qu'on est deux qu'on est cinéastes parce que dans le cinéma il y a trop de bruit", ajoute l'un des deux frères avec ironie... Michel Ciment demande "pour rien?". Un sourire ironique de Jean-Pierre Dardenne répond à la question.

    Enfin ils ont évoqué lechangement de style avec "Le silence de Lorna" avec un scénario plus complexe (ils ont d'ailleurs obtenu le prix du scénario pour ce film) et une caméra plus stable.

    Articles connexes: Ma critique du "Silence de Lorna", ma critique de "L'enfant"

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  • La critique d’« Inglourious Basterds » de Quentin Tarantino : palme d’or du Festival de Cannes 2009 ?

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    Photos ci-dessus: Quentin Tarantino, Brad Pitt, Mélanie Laurent (photos inthemoodforcannes.com ).
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    Bien sûr, j’ai été envoûtée par la poésie et la mélancolie sensuelles des « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar ( sur lequel je reviendrai et avec lequel le film de Tarantino présente d’ailleurs quelques similitudes), bien sûr j’ai été enthousiasmée par la précision remarquable de la réalisation de Jacques Audiard mais le film de Quentin Tarantino est le premier de ce festival et peut-être même le premier film depuis un moment à m’avoir ainsi hypnotisée, captivée, étonnée de la première à la dernière seconde. Le premier film depuis longtemps que j’avais envie de revoir à peine le générique achevé.

     

    Pitch : Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l’exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa ( Christoph Waltz). Shosanna (Mélanie Laurent) s’échappe de justesse et s’enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d’une salle de cinéma. Quelque part, ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement  sanglantes contre les nazis. « Les bâtards », nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l’actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark (Diane Krüger) pour tenter d’éliminer les dignitaires du troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l’entrer du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle.

     

    De ce film, très attendu et seul film américain de cette compétition officielle 2009, je n’avais pas lu le pitch, tout juste vu la bande-annonce qui me faisait craindre une grandiloquence maladroite, un humour douteux, voire indécent sur un sujet délicat. Je redoutais, je pensais même détester ce film et ne m’attendais donc pas à ce que la première séquence (le film est divisé en 5 chapitres qui correspondent aux parcours de 5 personnages) me scotche littéralement à l’écran dès la première seconde, à ne plus pouvoir m’en détacher jusqu’à la dernière ligne du générique.

     

    L’un des premiers plans nous montre une hache dans un univers bucolique que la caméra de Tarantino caresse, effleure, esquisse et esquive : finalement ce simple plan pourrait résumer le ton de ce film, où la menace plane constamment, où le décalage est permanent, où toujours le spectateur est sur le qui-vive, la hache pouvant à chaque instant venir briser la sérénité. Cette première séquence dont nous ne savons jamais si nous devons en rire, ou en frissonner  de plaisir (parce qu’elle est jubilatoire à l’image de tout ce film, une première séquence au sujet de laquelle je ne vous en dirai pas plus pour maintenir le suspense et la tension incroyables qui y règne) ou de peur, est sans nul doute une des plus réussies qu’il m’ait été donné de voir au cinéma.

     

     Chaque séquence au premier rang desquelles la première donc recèle d’ailleurs cette même ironie tragique et ce suspense hitchcockien, le tout avec des plans d’une beauté, d’une inventivité sidérantes, des plans qui sont ceux d’un grand cinéaste mais aussi d’un vrai cinéphile (je vous laisse notamment découvrir ce plan magnifique qui est un hommage à « La Prisonnière du désert » de John Ford )  et d’un amoureux transi du cinéma. Rien que la multitude  de références cinématographiques mériterait une deuxième vision tant l’admiration et la surprise lors de la première empêchent de toutes les distinguer.

     

     Oui, parce que « Inglourious Basterds » est aussi un western. « Inglourious Basterds » appartient en réalité à plusieurs genres… et à aucun : western, film de guerre, tragédie antique, fable, farce, comédie, film spaghetti aussi. En fait un film de Quentin Tarantino .  (« Inglourious Basterds » est inspiré d’un film italien réalisé par Enzo G.Castellari). Un genre, un univers qui n’appartiennent qu’à lui seul et auxquels il parvient à nous faire adhérer, quels qu’en soient les excès, même celui de réécrire l’Histoire, même celui de se proclamer chef d’œuvre avec une audace et une effronterie  incroyables. Cela commence ainsi comme un conte  (« il était une fois »), se termine comme une farce.

     

    Avec quelle facilité il semble passer d’un ton à l’autre, nous faire passer d’une émotion à une autre, comme dans cette scène entre Mélanie Laurent et Daniel Brühl, dans la cabine de projection, une scène  qui, en quelques secondes, impose un souffle tragique poignant, époustouflant, d’un rouge éblouissant. Une scène digne d’une tragédie antique.

     

    Il y a du Hitchcock dans ce film mais aussi du Chaplin pour le côté burlesque et poétique et du Sergio Leone pour la magnificence des plans, et pour cet humour ravageur, voire du Melville aussi pour la réalisation, Meville à qui un autre cinéaste (Johnnie To) de cette compétition se référait d’ailleurs. Voilà, en un endroit tenu secret, Tarantino, après les avoir fait kidnapper et fait croire à leurs disparitions au monde entier, a réuni Chaplin,  Leone, et Hitchcock et même Melville et Ford, que l’on croyait morts depuis si longtemps et leur a fait réaliser ce film qui mêle avec brio poésie et sauvagerie, humour et tragédie.

     

    Et puis, il y a en effet le cinéma. Le cinéma auquel ce film est un hommage permanent, une déclaration d’amour passionnée, un hymne vibrant à tel point que c’est le cinéma qui, ici, va sauver le monde, réécrire la page la plus tragique de l’Histoire, mais Tarantino peut bien se permettre : on pardonne tout au talent lorsqu’il est aussi flagrant. Plus qu’un hommage au cinéma c’est même une leçon de cinéma, même dans les dialogues : « J’ai toujours préféré Linder à Chaplin. Si ce n’est que Linder n’a jamais fait un film aussi bon que « Le Kid ».  Le grand moment de la poursuite du « Kid ». Superbe . »  Le cinéma qui ravage, qui submerge, qui éblouit, qui enflamme (au propre comme au figuré, ici). Comment ne pas aimer un film dont l’art sort vainqueur, dans lequel l’art vainc la guerre, dans lequel le cinéma sauve le monde ?

     

     

    Comment ne pas non plus évoquer les acteurs : Mélanie Laurent, Brad Pitt, Diane Krüger, Christoph Waltz, Daniel Brühl y sont magistraux, leur jeu trouble et troublant procure à toutes les scènes et à tous les dialogues (particulièrement réussis) un double sens, jouant en permanence avec le spectateur et son attente. Mélanie Laurent qui a ici le rôle principal excelle dans ce genre, de même que Daniel Brühl et Brad Pitt qui, depuis « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », le chef d’œuvre d’Andrew Dominik ne cesse de prendre de l’épaisseur et nous surprendre.

     

    Que dire de la BO (signée Ennio Morricone) incroyable qui, comme toujours chez Tarantino, apporte un supplément de folie, d’âme, de poésie, de lyrisme et nous achève…

     

    Si Quentin Tarantino a déjà remporté la palme d’or en 1994 (et a notamment présidé le jury en 2004, remettant la palme d’or à Michael Moore pour « Fahrenheit 9/11 », il a également donné une leçon de cinéma l’an passé), il pourrait bien renouveler l’exploit. A défaut, il mériterait le prix de la mise en scène auquel pourraient également prétendre Jacques Audiard et Pedro Almodovar, deux films de ce point vue également parfaits... Il est en tout cas impossible qu’il ne figure pas au palmarès, même si les dissensions avec Isabelle Huppert qui avait effectué le casting pour « Inglourious Basterds » pourraient compliquer encore la tâche.

     

    Quentin Tarantino avec ce septième long-métrage a signé un film audacieux, brillant, insolent, tragique, comique, lyrique, exaltant, décalé, fascinant, irrésistible, cynique, ludique, jubilatoire, dantesque, magistral. Une leçon et une déclaration d’amour fou et d’un fou magnifique, au cinéma.  Ce n’est pas que du cinéma d’ailleurs : c’est un opéra baroque et rock. C’est une chevauchée fantastique. C’est un ouragan d’émotions. C’est une explosion visuelle et un ravissement permanent et qui font passer ces 2H40 pour une seconde !

     

     Bref, il se pourrait bien qu’il s’agisse d’un chef d’œuvre… Je vous laisse en juger par vous-mêmes lors de sa sortie en salles le 21 août et lors de la proclamation du palmarès de ce festival de Cannes 2009 dont il est impossible qu’il ne l’honore pas… A contrario de ses « bâtards sans gloire », Tarantino mérite indéniablement d’en être auréolé ! « Inglourious Basters » était le film le plus attendu de ce festival 2009. A juste titre.

     

    Qu’a pensé Pedro Almodovar, également présent  à la séance à laquelle j’ai vu ce film ? Sans doute que tous deux aiment passionnément le cinéma, et lui rendent un vibrant hommage  (la dernière réplique du film de Tarantino fait ainsi écho à celle d’Almodovar).

     

    Cette critique est un peu courte eu égard à la richesse de ce film, j’y reviendrai donc. Pour l’heure, je me dirige vers la projection de « A l’origine » de Xavier Giannoli. Sur la Croisette il se murmure que François Cluzet pourrait bien remporter un prix d’interprétation grâce à ce film...

     

     A suivre : la critique des « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar, la critique du décevant et déconcertant « Les herbes folles » d’Alain Resnais, les vidéos et le résumé de la leçon de cinéma des frères Dardenne, la critique de « A l’origine » de Xavier Giannoli.

     

    Sandra.M 

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  • Brad Pitt et Quentin Tarantino à Cannes pour "Inglourious basterds"

    En attendant ma critique, ce soir, d' "Inglourious basterds" de Quentin Tarantino (compétition officielle 2009), un film dont je peux déjà vous annoncer qu'il est absolument magistral, pour l'instant ma palme d'or,  voici, pour patienter, Quentin Tarantino et Brad Pitt  (photo: inthemoodforcannes.com ).

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    Ci-dessus, Brad Pitt et Quentin Tarantino
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  • Instantané cannois: Yvan Le Bolloch et son groupe

    Catégories : INSTANTANES Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • A suivre: la leçon de cinéma des frères Dardenne

    A suivre: mes vidéos et mon résumé de la leçon de cinéma des frères Dardenne...

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  • "Women are heroes" coproduit par Juliette Renaud ou "la beauté de l'éphémère" (épisode 4)

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    Juliette Renaud nous présente "Women are heroes"

    Ce qui marque sans aucun doute le festivalier lors d'une première visite à Cannes, ce sont les contrastes et les paradoxes saisissants de ce festival lors duquel on peut aussi bien assister à la master class d'un réalisateur qui évoque davantage la rentabilité que la passion, l'industrie que la création puis à celle d'une passionnante productrice dont les yeux brillent d'enthousiasme et de détermination et dont la beauté du projet rendent l'agitation permanente de la Croisette soudain si désinvolte et indécente.

    Ce projet, coproduit par Juliette Renaud et réalisé par JR, s'appelle provisoirement "Women are heroes" et a pour objectif de mettre en avant la dignité des femmes (au Kenya, Brésil, Soudan, Libéria, en Sierra-Leone...) en mettant en valeur leurs portraits à l'aide d'un objectif 28 millimètres puis en collant ces portraits sur les murs de leur pays. Mais c'est bien plus que cela...

     Dès les premiers plans émane  en effet une beauté poignante. A la fois aventure artistique et humaine, oeuvre d'art contemporain, objet filmique, "Women are heroes" est une oeuvre d'une tristesse sensuelle (aussi étonnamment que cela puisse paraître, à l'image des "Etreintes brisées" de Pedro Almodovar, dont je vous parlerai demain) qui fait surgir la poésie (notamment par des jets de couleurs sur les yeux des portraits, quelle symbole que de les éclairer et les illuminer ainsi) et "la beauté de l'éphémère", selon l'expression de la productrice Juliette Renaud.

    Chaque instant est d'une majesté à couper le souffle et nous emmène si loin de Cannes, de cette superficialité que ce festival exhibe parfois, aussi.

     Bunuel, Wong Kar Wai, Depardon semblent s'être réunis pour nous inviter à cette danse tragiquement onirique, sombre et rayonnante, pleine de désespoirs et si riche d'espérances.

    La musique, jamais redondante, souligne l'horreur et la magnificence et contribue à faire de chaque instant de ce voyage initiatique, chaque plan, une étape époustouflante.

     C'est aussi pourquoi j'aime passionnément ce festival qui permet des rencontres aussi magiques que celles-ci, que l'émotion surgisse brusquement au milieu du tumulte, que rien d'autre n'existe plus que la beauté de l'instant, de l'éphémère donc, et qu'importe peu la veille et le lendemain, le lieu et le temps, la dérision du dérisoire. Je vous l'avais bien dit: le cinéma, finalement, est toujours vainqueur...

    C'était le dernier épisode consacré à mes journées en compagnie des autres blogueurs (avec Allociné et Philips) dont je vous reparlerai à la fin de ce festival. En attendant, retrouvez de nouveaux articles en direct de Cannes, jusqu'à la clôture. A suivre: la leçon de cinéma des frères Dardenne.

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  • La beauté de l'éphémère (épisode 3): "Vengeance" de Johnnie To etc

    Je vous avais laissé à la sortie du film de Jacques Audiard, « Un prophète » à l’issue duquel ma course effrénée a repris, cette fois pour rejoindre le groupe des blogueurs invités par Allociné et Philips à l’hôtel 3 :14, d’abord dans une sublime suite louée par Philips pour une démonstration du nouvel écran aux proportions 21/9, puis au Baron pour le dîner. Là, les étages ne portent pas de numéros mais des noms de continents auxquels s’adapte la décoration, exotique, son atmosphère ouatée nous embarquant pour un ailleurs savoureux . Après un joyeux et délicieux diner, notamment agrémenté par l’agitation permanente de notre exubérante voisine, présentatrice de télévision à ses heures… nous prenons la direction de l’extérieur de l’hôtel pour rejoindre notre voiture. Je comprends mieux pourquoi mes collègues venus de Nice avec ce même véhicule en parlaient sans cesse. Nous voilà plongés en plein film de Scorsese, ou en tout cas dans une autre (ir)réalité cannoise.

     

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    Après avoir fait déplacer quelques véhicules et CRS qui nous barraient le passage, nous voilà partis pour la villa Murano, haut lieu des soirées cannoises, dans notre véhicule improbable qui attire et attise les regards. Malgré la lenteur de notre carrosse, le trajet paraît trop court. Après avoir montré nos invitations, nous traversons la voie ferrée puis arrivons dans la fameuse villa Murano qui surplombe la somptueuse baie de Cannes. Nous y passons une petite heure à observer cette foule si éclectique et le dj qui semble avoir allègrement avoir dépassé les 70 ans mais à Cannes , je vous le disais, le temps n'existe pas ... Puis, je repars pour Cannes, cette fois en navette de la villa Murano. Malgré l’heure tardive, la foule est toujours aussi nombreuse à déambuler sur la Croisette, toujours aussi bigarrée. Et le cinéma dans tout ça me direz-vous ? C’est vrai que pour l’heure j’ai vu moins de films que les années précédentes, mais je me délecte à observer cette autre et nouvelle facette de la vie cannoise, qui fait son propre cinéma.

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    La journée du lendemain fut tout aussi chargée avec notamment un passage sur le marché du film pour un rendez-vous à Studio Canal et un visionnage d’un extrait d'un film d'animation puis nous voilà repartis pour notre quartier général pour une master class avec le co-réalisateur de « Vilaine », Jean-Patrick Benès.

     

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    Je passe sur cette journée (mais je reviendrai sur ce sujet ultérieurement) pour en venir à la surprise réservée par les équipes d’Allociné et Philips qui nous avaient donné rendez-vous à 18H pour une soirée mystère « en dehors de Cannes ». Je supposai que cette surprise pourrait être une montée des marches pour « Vengeance » et ne m’en réjouissais pas moins tant j’avais envie de voir ce film, et tant ce serait un plaisir de partager ces instants avec les autres blogueurs pour lesquels cette séance dans le Grand Théâtre Lumière serait une première. Notre groupe se disperse et tandis que certains se retrouvent non loin de Quentin Tarantino (et quelque chose me dit qu’ils ne s’en sont pas encore remis) ou même lui parlent ou lui serrent la main, je me plonge dans la violence lyrique du cinéma de Johnnie To.

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    La foule est particulièrement dense aux abords du palais, pour voir Johnny Hallyday sans doute, dont c’est le retour au cinéma après « Jean-Philippe » et « L’homme du train ». Je brûle d’impatience de voir ce film pour son influence melvillienne, étant une inconditionnelle du réalisateur du « Samouraï » et de « L’armée des ombres ». Là aussi il s’agit d’ailleurs d’une sorte de samouraï  qui porte le nom de Costello comme le personnage interprété par Alain Delon dans le film éponyme. Ici le samouraï c’est donc toujours Costello c’est fois interprété par Johnny Hallyday qui vient à Hong Kong pour venger sa fille (Sylvie Testud) victime de tueurs à gages. Sur son passeport est écrit « cuisinier ». 20 ans plus tôt il était en réalité tueur professionnel. Alain Delon, initialement prévu pour reprendre le rôle de ce nouveau Costello s’est finalement retiré du projet trouvant le scénario décevant, en réalité aussi inexistant qu’abracadabrantesque et résumé dans le titre. Johnny y est hiératique, n’esquissant pas l’ombre d’un sourire (si ce n’est au dénouement). La bonne idée scénaristique était sans doute sa perte de mémoire, la vengeance devenant alors un instinct mécanique et abstrait. Certains plans d’une beauté lyrique sidérante, le mélange d’autodérision et de film noir, l’intrusion du fantastique, la non performance (à juste titre) de Johnny Hallyday amnésique procurent à ce film une singularité et un charme certains sans, évidemment, jamais atteindre le niveau du maître du polar auquel Johnnie To se réfère. Le seul  prix auquel pourrait prétendre Johnnie To serait pour sa mise en scène mais de ce point de vue également le film de Jacques Audiard et évidemment celui de Pedro Almodovar (dont je vous parle demain et vous laisse une de mes vidéos de l’issue de la projection ci-dessous) le dominent largement.

     

     

     

     

    A suivre : la leçon de cinéma des frères Dardenne (mon résumé et mes vidéos), « Les étreintes brisées de Pedro Almodovar », les vidéos de Pedro Almodovar et Penelope Cruz à l’issue de la projection et ma critique du film, "la beauté de l’éphémère, épisode 4 " et dernier épisode de mes pérégrinations en compagnie des autres blogueurs (vous comprendrez enfin le pourquoi de ce titre)…et de nombreux autres évènements cinématographiques et de la vie cannoise !

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  • La beauté de l'éphémère (2): de battre mon coeur s'est arrêté...

    Ces cinq premiers jours cannois ont ressemblé à un film. Un film aussi vertigineux que la salle du Théâtre Lumière.  Aussi palpitant qu’un film de Jacques Audiard. Aussi inventif qu’un film d’Alain Resnais.   Aussi poétique qu’un film de Fellini. Aussi onirique qu’un film de Burton. Et pourtant ... et pourtant ces 5 jours étaient bien réels.

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     Mais revenons là où je vous avais laissés, attendant mes collègues blogueurs aussi choisis par Allociné et Philips pour vivre un autre Festival de Cannes et le relater sur le blog « Off Cannes » (http://www.offcannes.com ). Après un déjeuner à l’endroit qui deviendra notre quartier général, la « plage des stars », je culpabilisais (juste un peu hein:-)) de quitter mes collègues blogueurs (avec lesquels j’aurai le grand plaisir de passer plus de temps ensuite), mais  j'étais néanmoins ravie car je partais voir le dernier film de Jacques Audiard présenté en compétition officielle « Un prophète ». J’étais d’autant plus ravie que  depuis son prix du meilleur scénario en 1996 pour le très percutant « Un héros très discret »,  ses films m’ont toujours enthousiasmée.

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     Après ma troisième montée des marches de ce Festival 2009, toujours ( plus que jamais) dans des conditions exceptionnelles, vraiment hors du temps, je me plonge dans l’univers, à la fois empreint de noirceur et de poésie, de Jacques Audiard. Il nous fait entrer par le trou de la serrure dans l’univers carcéral, et parvient à nous immerger dans cet univers âpre, pendant 2H30, sans jamais que nous voyions le temps passer.

     prophète.jpgLe temps, nous le passons avec Malik (Tahar Rahim), condamné à 6 ans de prison, ne sachant ni lire ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul à monde, il paraît ainsi plus jeune et plus fragile que les autres détenus. Il n’a que 19 ans. D’emblée il tombe sous la coupe d’un groupe de prisonniers corses qui fait régner la loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des « missions » il s’endurcit et gagne la confiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer son propre réseau.

     Quelle gageure de captiver le spectateur en l’immergeant dans un univers aussi rugueux ! Audiard y parvient pourtant magistralement sans pour autant tomber dans la facilité, et notamment pas dans l’écueil du manichéisme, nous faisant suivre pas à pas le parcours sinueux de ce détenu magistralement interprété par Tahar Rahim (une véritable révélation qui mériterait un prix d’interprétation).

     Du cinéma de Jacques Audiard émane une poésie violente, à l’image de ces instants au cours desquels mon cœur de battre s’est arrêté.  A l’heure où les conditions de vie dans les prisons font objet de débat, tout en étant indéniablement divertissant (De victime, Malik devient héros, même  si c’est sa survie qui l’exige, un héros meurtrier), le film d’Audiard a une incontestable portée politique, chaque seconde du film démontrant à quel point la prison est devenue une micro-société où les trafics semblent se pérenniser, voire se développer. Les gardiens sont d’ailleurs très peu présents dans le film et les prisonniers semblent presque circuler à leur guise, à l’abri des regards extérieurs, là où la violence semble pourtant encore plus palpable.

      Ce nouveau film « entre les murs » pourrait-il aussi avoir la palme d’or après celle, éponyme, de 2008 ? Finalement, outre le fait d’être tous deux français, ils présentent aussi le point commun de pointer le doigt sur une réalité tout en n’oubliant jamais le spectateur, une réalité (la difficulté de vie dans les prisons où se développent les trafics plus qu’elles ne réinsèrent) en pleine actualité à l’image de ce qu’était l’école, sujet principal de la palme d'or 2008 « Entre les murs ».

     Audiard montre une nouvelle fois son attachement à ces personnages et l'empathie dont il sait faire preuve à leur égard et nous faire passer, aussi abîmés par la vie soient-ils, des personnages que les difficultés de l’existence transforment radicalement.

     Le premier grand film de ce festival qui mêle avec brio fantasmagorie et réalisme violence et poésie noire, meurtre et rédemption, divertissement et sujet de société. Un prix du scénario (pour Abdel Raouf Dafri, scénariste du dyptique Mesrine) n’est de nouveau pas à exclure…

    Ces dix minutes étaient décidément trop courtes pour vous parler de ce film et je dois désormais partir pour la leçon de cinéma des frères Dardenne alors je vous reparlerai de ce film ultérieurement et de la suite de cette soirée très « hollywoodienne » (au 3 :14, au Baron et à la villa Murano) en compagnie des autres blogueurs… mais sans nul doute, quelle qu’en soit la suite, restera le souvenir de la beauté de l’éphémère, de l’intensité du silence, de sa polysémie plus que jamais troublante, de l’ironie  du destin, décidément plus imaginatif que la fiction, ou alors au point de lui ressembler. Oui, ce soir-là,  de battre mon cœur s’est arrêté…


     

     A suivre : outre le récit de cette soirée et "la beauté de l'éphémère: épisode 3", la critique de « Vengeance » de Johnnie To, des master class, la leçon de cinéma des frères Dardenne, « Les étreintes brisées », la plage Orange, la plage Majestic 62, Jerry Lewis, Yvan Le Bolloch dans un concert impromptu … et de nombreux autres évènements!

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  • La beauté de l’éphémère (1)… : ma journée avec L’oréal (suite)

    Hier, il a neigé sur la  Croisette… C’est finalement ce que j’ai vu de plus banal ces 5 derniers jours, l’improbable étant devenu la norme.

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     Comment résumer ces 5 jours si riches  en émotions, en évènements, en cinéma, en rencontres, en instants irréels, réellement cinématographiques, à tel point que je n’ai pas eu le temps d’écrire, à tel point que j’ai préféré la vie à son récit, sa fiction, pourtant si indissociablement liés, enchevêtrés, parfois avec une ironie diabolique… oui, j’ai découvert une nouvelle facette de Cannes où tout semble joyeux, passible, irréel, où la vie, réellement « passe comme un rêve ». 5 jours qui équivalent à une seconde ou un an. Le temps n’existe plus, s’est même arrêté un instant, le temps d’un cliché sur tapis rouge, puis a repris sa course effrénée, laissant son illusion d’éternité. Je retrouve aujourd’hui avec plaisir la mélodie du silence et des mots pour vous raconter même si je n’aurai à nouveau pas autant de temps que je l’aurais souhaité, mais en tout cas, désormais, les articles seront de nouveau quotidiens sur Inthemoodforcannes.com, Inthemoodforcinema.com et aussi sur offcannes.com sur lequel je vais également continuer à écrire.

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    Grâce au concours de blogs remporté par Inthemoodforcannes.com l'an passé, je devais donc passer cette journée du 15 mai en compagnie de L'Oréal...

     

    2009_0516loreal20004.JPGTout a commencé par une voiture officielle du Festival qui est venue me chercher pour m’emmener au Martinez. Et puis ensuite les journées, les nuits, le cinéma, la réalité se sont enchaînés et confondus dans un ballet grisant. L’accueil de l’équipe L’Oréal, la présentation aux inénarrables journalistes de la presse féminine avec lesquelles je passerai cette journée l’oréalesque, le déjeuner au Carlton (au lieu du restaurant de plage du Martinez, pour cause de pluie) dans une salle presque vide à la table à côté de celle de Jane Campion (tout de même) à l’image de ses précédents films, d’une étrange grâce intemporelle, Abbie Cormish, Ben Whishaw , un jeune homme dont ma voisine intarissable m’apprend qu’il s’agit de Ryan Philippe, et non loin d’Eva Longoria (contre laquelle mon autre voisine journaliste ne cessera de pester pour avoir vue son interview annulée au dernier moment) et Tony Parker.  Retour au Martinez pour attendre la maquilleuse de L’Oréal et le coiffeur de Jacques Dessange.  L’ambiance est joyeuse et décontractée (merci encore à mes deux amies qui se reconnaîtront, c’était formidable de partager ces instants insolites avec vous). La conversation est tellement joyeuse que nous ne voyons pas l’heure passer. benwishaw.jpg J’apprends justement que Ben Wishaw, l’acteur principal du film de Jane Campion « Bright star » vient d’être coiffé par la même main, juste avant moi, et puis surtout je pose plein de questions sur le festival auxquelles ma coiffeuse répond avec gentillesse, se mêlant à notre 2009_0516loreal20020.JPGjoyeux brouhaha. C’est passionnant et oserais-je dire (oui, oui, j’oserai ) beaucoup plus que la conversation de certaines journalistes avec lesquelles j’ai déjeuné (pas toutes, j’ai été ravie  de faire connaissance avec certaines d’entre elles dont ma voisine qui se reconnaîtra, je pense).

     

    Soudain, une des attachées de presse de l’Oréal entre en trombes dans la chambre. Le ciel semble lui être tombé sur la tête, la catastrophe paraît imminente. Un être mystérieux la presse au téléphone de m’emmener de gré ou de force. Il faut se dépêcher, les autres m’attendent, les voitures sont sur le point de partir et nous devons impérativement partir avec le reste de l’équipe L’Oréal. La coiffeuse remet à la hâte les dernières mèches, je voudrais avoir le temps de la remercier mais déjà on m’entraîne dans les couloirs du Martinez pour une course échevelée (enfin 2009_0516loreal20049.JPGheureusement uniquement au sens figuré). Nous croisons Franc Dubosc qui se fait prendre en photo dans des poses très jamesbondesques mais je n’ai pas le temps de m’attarder sur cette image plus cocasse que glamour qu’on m’engouffre dans l’ascenseur avant de me refaire prendre ma course dans le hall du Martinez, jusqu’au bar où devait se dérouler le cocktail. Les sept journalistes avec lesquelles j’ai déjeuné m’attendent et devant nous Eva Longoria tente de rentrer dans sa voiture sous une nuée de flashs qui nous éblouissent nous aussi. On nous attribue un numéro de voiture. La mienne se trouve juste derrière celle d’Eva Longoria. Nous montons dans notre voiture à la hâte, et roulons ainsi au pas, jusqu’au bas des marches. C’est étrange de voir la foule, vorace, ainsi se presser contre la vitre, avide d’un regard. L’actrice dont j’ignore le nom qui est aussi dans ma voiture semble aux anges pour sa première montée des marches. Eva Longoria et Tony Parker descendent de la voiture juste devant nous pour signer des autographes puis on nous ouvre la portière et nous attendons puis gravissons les marches juste derrière eux parmi les cris stridents, violents parfois même, des photographes. L’actrice «  de la voiture » dont évidemment j’ignore toujours le nom replace une de mes mèches rebelles, comme si la montée des marches devait créer une complicité, ou du moins en donner l’impression, se disant sans doute que ce geste à la fois faussement nonchalant et sympathique serait très photogénique, ou peut-être tout simplement très heureuse d’être là.

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     brigts.jpgEt puis je retrouve cette salle que je connais si bien, et le cinéma, enfin. La lumière s’éteint. J’apprécie le silence après l’euphorie. Je me plonge dans l’univers, plus doux et policé, de Jane Campion que j’attendais si impatiemment. Le début me déroute. Cette histoire avait tout pour me plaire mais ce récit des amours contrariées du jeune poète anglais John Keats et  de sa voisine Fanny Brawne peine à m’embarquer. Jane Campion vous nous parler de fièvre ( de la passion et de la création) mais son film en est malheureusement dépourvu.  Ce qui aurait pu (et sans doute voulu) être une retenue devient tellement lisse que cela me laisse à distance, pourtant j’aurais aimé me laisser emporter par cette histoire, par leurs élans passionnés et leurs désirs contrariés. Les obstacles à  l’histoire d’amour des deux protagonistes sont finalement assez flous, les personnages secondaires trop esquissés pour être crédibles. Abbie Cormish y met beaucoup de conviction, mériterait un prix d’interprétation, sans nul doute. La caméra, pourtant si sensible, presque caressante,  de Jane Campion est appliquée mais je n’arrive pas à être touchée par ses personnages, à croire à leurs sentiments. Restent les mots de John Keats d’une mélancolie envoûtante, à l’image de ce que j’aurais rêvé que soit ce film, à l’histoire si prometteuse. La photographie est certes empreinte de cette retenue à la fois lumineuse et sombre, et de mélancolie mais pas assez pour que nous éprouvions l’amour douloureux des protagonistes, ni cette passion qui les prive de liberté.

    Contrairement à ses films précédents et bien que les sentiments qui envahissent les deux personnages principaux soient intemporels, le film a aussi un aspect suranné malgré la poésie qui surgit parfois, comme tous ces papillons qui envahissent la chambre de Fanny faisant écho aux vers de John Keats :

    « Je rêve que nous sommes des papillons

    N’ayant à vivre que trois jours d’été.

    Avec vous ils seraient plus plaisants

    Que cinquante années d’une vie ordinaire »

    Je repense à ma voisine de projection qui le midi même avait affirmé, péremptoire, visiblement très fière de partager cette "découverte"(ou du moins ce qui pour elle semblait l’être)  que l’art, selon sa définition devait être intemporel. Ce film ne sera certainement pas pour elle un chef d’œuvre…

     

    Puis revenant dans le prosaïsme du XXIème siècle, quoique… nous reprenons les voitures officielles, direction le Majestic pour le dîner. Tandis qu’une des convives continue d’évoquer son sujet favori, elle-même, ma voisine me parle de son émotion, les yeux encore rougies, que lui a provoqué le film de Jane Campion. Je m’en veux presque de n’être pas émue. Peut-être aussi, parce que je suis là et ailleurs, à penser à la beauté ironique du destin qui fait se rejoindre ma fiction et la réalité, à penser que je n’ai peut-être pas tort de rêver toujours à l’impossible, aussi déraisonnable soit-il. Puis, je me paie le luxe de refuser d’aller à la soirée Canal plus (à la villa Doumergues ou de Mai, je n’ai pas bien compris) pour me retrouver avec le silence de mes pensées enivrantes, après une dernière séance photo dans le hall du Martinez et avant d’y passer la nuit.

     

    La nuit sera courte et après un petit déjeuner au Martinez, une voiture officielle  m’attend pour me ramener à mon hôtel car déjà ces mésaventures à peine terminées d’autres m’attendent puisque 3 heures plus tard mes camarades blogueurs sélectionnés comme moi pour vivre 3 jours à Cannes, avec Allociné et Philips, vont bientôt arriver. Je les attends avec impatience, ayant hâte de faire leur connaissance pour certains, de les retrouver pour d’autres. Je n’imaginais pas alors à quel point ces trois jours, aussi, seraient inoubliables…

     

    Avant de partir vers d’autres aventures, je repense aux signes du destin en redoutant aussi leur cruauté, et je repense à cette journaliste également invitée par L'Oréal qui a demandé à sa collègue, avec le plus grand sérieux du monde si elle parlait autrichien, ce à quoi son interlocutrice a rétorqué qu’en effet elle parlait… allemand.  Je crois qu’à cet instant, au moins, la perplexité lui aura fait oublier le refus d’Eva Longoria…

     

    Je vous parlerai de nouveau de cette journée dans mon compte rendu final du festival. Vous pouvez retrouver les photos et vidéos dans l'article ci-dessous. D'autres viendront les rejoindre...

     

    Catégories : COMPETITION OFFICIELLE, CONCOURS, PARTENARIATS ET SPONSORS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer