Palmarès complet du Festival de Cannes 2010 et images en direct de la clôture (24/05/2010)
Au préalable, je précise que mercredi ou jeudi, je reviendrai en détails sur ce festival et sur mes impressions aussi bien personnelles que cinématographiques. Je n'aurai pas trop de 4 jours pour faire le bilan et j'ai besoin de ce nécessaire recul pour appréhender ce festival si riche pour moi, en émotions et en rencontres et sur tout ce que m'inspirent ces 12 jours. Je vous parlerai également de « Biutiful » d'Inarritu vu hier matin, de « The Tree » de Julie Bertuccelli (le très beau film de clôture), de la conférence de presse de « La nostra vita » et bien sûr de la passionnante interview qu'a accepté de me donner Bernard Blancan avec l'assistance de touscoprod (je les remercie d'ores et déjà l'un et l'autre, il y a beaucoup d'autres personnes que j'aimerais remercier, j'y consacrerai donc également une note).
Plus que jamais j'ai décidé de faire de ce blog l'antitwitter, de laisser le temps au temps, le temps aux mots de refléter avec le plus de justesse possible mes impressions, leur complexité, leurs nuances et ne pas céder à cette course vaine à l'information ou à la phrase la plus lapidaire, le plus souvent caricaturale et caricaturée. De cela aussi je vous reparlerai. Je prendrai donc mon temps pour que mes mots soient aussi fidèles que possibles à ces émotions à la fois intenses et contradictoires, et à ce festival plus que jamais paradoxal.
En attendant , voici mes premières impressions sur ce palmarès, un palmarès qui, à l'exception de la palme d'or, me réjouit, « équilibré » et « ouvert à tous les types de cinéma » comme l'a souligné Alexandre Desplat en conférence de presse et qui, comme je vous le prédisais hier, a mis le cinéma français à l'honneur avec le prix de la mise en scène pour « Tournée » de Mathieu Amalric (un film « plein de vitalité » qui comme pour Tim Burton est « resté avec [moi] pendant tout le festival »), le grand prix pour « Des hommes et des Dieux » de Xavier Beauvois et le prix d'interprétation féminine pour Juliette Binoche dans « Copie conforme » d'Abbas Kiarostami, dans lequel elle est sensuelle et lumineuse et dont le jeu est si riche et habité qu'il peut se prêter à plusieurs interprétations . Une Juliette Binoche émouvante, éblouissante et bouleversante lors de la remise des prix. Un prix amplement mérité que j'avais d'ailleurs souhaité dans mon article consacré à ce très beau film. Dire que la sélection de ce film avait suscité une polémique, certains estimant que Juliette Binoche ne pouvait figurer à la fois sur l'affiche du festival et dans un film en compétition ! Le jury a eu l'intelligence de ne pas en tenir compte. Un palmarès à l'image de ce festival qui avant tout mis à l'honneur la diversité, la qualité et la richesse du cinéma français.
Le jury a par ailleurs innové en décernant deux prix d'interprétation masculine, l'un pour Javier Bardem, sidérant dans « Biutiful » et l'autre pour Elio Germano dans « La nostra vita » réalisé par Daniele Luchetti.
Pour le prix du scénario, le jury a choisi de récompenser « Poetry » du coréen Lee Chang-dong un film à la fois doux et âpre, sensible et violent.
Pour la palme d'or, le jury a fait le choix radical de l'insolite, du mysticisme, de l'étrangeté en primant le film « Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures » réalisé par Apichatpong Weerasethakul, un film qui ne remplira pas les salles dont le seul mérite est d'être la proposition elle aussi radicale d'un cinéaste, le témoignage d'un univers indéniablement singulier, ce qui ne l'empêche pas d'être rébarbatif... En conférence de presse le jury a justifié ce choix avec un peu d'embarras notamment par « sa façon de traiter un des plus grands mystères qui soit, la mort et ce qui se passe après la mort. » « son idée de l'éternité », « une expérience. »
Si la palme d'or 2010 ne rejoint pas la catégorie des palmes politiques si nombreuses ces dernières années, cette cérémonie de clôture ne l'était pas moins avec ce « fauteuil resté vide » comme l'a évoqué Kristine Scott Thomas, celui du cinéaste iranien Jafar Panahi qui devait faire partie du jury et qui, emprisonné en Iran, en est à son « 9ème jour de grève de la faim ». Juliette Binoche qui, en conférence de presse, avait cédé à l'émotion en apprenant cette nouvelle » a tenu entre ses mains le nom de Jafar Panahi et a également souhaiter évoquer ce « dur combat que d'être intellectuel » et ce « pays qui a besoin de nous ». L'Iran n'est d'ailleurs pas le seul pays dont la situation politique a été évoquée hier soir puisque le comédien Elio Germano vivement applaudi a dédié son prix à « l'Italie et aux Italiens qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire de l'Italie un pays meilleur malgré la classe dirigeante », l'Italie qui avait d'ailleurs boycotté le festival en raison du documentairede Sabina Guzzanti sur l'Aquila.
Un festival qui plus que jamais a fait « écho aux bruits du monde » pour paraphraser Kristin Scott Thomas, un monde obscur, en quête de croyances, de mysticisme, de poésie aussi. Un monde qui communique plus et plus mal que jamais. Un monde qui cherche les clés de son Histoire récente ou plus ancienne pour appréhender son présent tourmenté. Un monde dont la lueur d'espoir est bien souvent si fragile quand elle n'est pas totalement absente. Un monde « qui crie ». Un cri étouffé bien souvent. Un monde désarçonné qui se replie, recroqueville sur la cellule familiale.
"The Tree" de Julie Bertuccelli, avec Charlotte Gainsbourg, Marton Csokas et Morgana Davies a été projeté à l'issue de la cérémonie. Je vous en parlerai ultérieurement.
PALMARES COMPLET
Palme d'Or
LUNG BOONMEE RALUEK CHAT (Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures) réalisé par Apichatpong WEERASETHAKUL
Grand Prix
DES HOMMES ET DES DIEUX réalisé par Xavier BEAUVOIS
Prix de la mise en scène
Mathieu AMALRIC pour TOURNÉE
Prix du Jury
UN HOMME QUI CRIE réalisé par Mahamat-Saleh HAROUN
Prix d'interprétation masculine
Javier BARDEM dans BIUTIFUL réalisé par Alejandro GONZÁLEZ IÑÁRRITU
Elio GERMANO dans LA NOSTRA VITA réalisé par Daniele LUCHETTI
Prix d'interprétation féminine
Juliette BINOCHE dans COPIE CONFORME réalisé par Abbas KIAROSTAMI
Prix du scénario
LEE Chang-dong pour POETRY
COURTS METRAGES EN COMPETITION
Palme d'Or
CHIENNE D'HISTOIRE réalisé par Serge AVÉDIKIAN
Prix du Jury
MICKY BADER (Micky se baigne) réalisé par Frida KEMPFF
CAMERA D'OR
AÑO BISIESTO réalisé par Michael ROWE présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs
UN CERTAIN REGARD
Prix Un Certain Regard - Fondation Groupama Gan pour le Cinéma
HAHAHA de HONG Sangsoo
Prix du Jury
OCTUBRE (Octobre) de Daniel VEGA & Diego VEGA
Prix d'interprétation féminine Un Certain Regard
Adela SANCHEZ , Eva BIANCO, Victoria RAPOSO pour LOS LABIOS (Les Lèvres) de Ivan FUND & Santiago LOZA
CINEFONDATION
Premier Prix de la Cinéfondation
TAULUKAUPPIAAT (Les Marchands de tableaux) de Juho KUOSMANEN
Deuxième Prix de la Cinéfondation
COUCOU-LES-NUAGES de Vincent CARDONA
Troisième Prix de la Cinéfondation ex-aequo
HINKERORT ZORASUNE deVatche BOULGHOURJIAN
JA VEC JESAM SVE ONO ŠTO ŽELIM DA IMAM de Dane KOMLJEN
Le jury de la CST a décidé, de décerner le PRIX VULCAIN DE L'ARTISTE-TECHNICIEN à :
Leslie SHATZ, pour le son du film BIUTIFUL réalisé par Alejandro GONZÁLEZ IÑÁRRITU.
Vous pouvez par ailleurs revoir cette clôture, ici http://www.festival-cannes.com/fr/mediaPlayer/10858.html .
08:35 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | | Imprimer |