Diane Krüger, maîtresse de cérémonie du Festival 2007 (04/03/2007)
Diane Krüger sera la maîtresse de cérémonie du Festival 2007 et présentera donc les cérémonies d'ouverture, du 16 Mai, et de clôture, du 27 Mai. Elle succédera ainsi à Vincent Cassel. En guise de présentation, je vous propose la critique d'un film dont le tournage s'est échelonné sur plusieurs années, faute de moyens et qui débuta alors que Diane Krüger n'était pas encore connue. Il s'agit de "Frankie" de Fabienne Berthaud.
Frankie ou le miroir à deux faces...
Frankie a 26 ans. Frankie est mannequin. Son travail exige d’elle qu’elle renvoie une image lisse et parfaite, qu’elle ne laisse entrevoir ni la fragilité ni les fêlures qu’elle dissimule. Oui, Frankie est mannequin, pas un top model qui parcourt le monde mais un mannequin en fin de carrière comme il y en a des milliers d’autres, qui erre d’hôtels médiocres en studios, en bars moroses où, esseulée, elle laisse tomber le masque, et n’en a plus que faire. L’image elle aussi s’est fissurée : plus vraiment belle, plus vraiment jeune selon des critères plus cruels dans son métier qu’ailleurs, où les stigmates du temps, si imperceptibles pourtant, ennemi impitoyable et invincible, sont inexcusables. Seule, surtout. Quand l’image se craquelle, il faut sourire avec plus d’entrain encore, dire bonjour avec plus d’enthousiasme, feindre avec un talent démultiplié. Seulement Frankie n’a plus envie. Elle a perdu l’envie d’avoir envie. L’envie de cacher l’être blessé par un paraître irréprochable. N’être qu’un corps qu’on voit sans le regarder devient insupportable. Frankie (Diane Krüger d’une touchante fragilité) est à fleur de peau, dans cet état où un seul mot prononcé ou oublié, un seul geste déplacé peuvent faire basculer et dériver. Au départ le film est un peu comme cet univers dans lequel elle se perd, celui de faux semblant : superficiel, détaché de nous, lointain comme une image de papier glacé ( l’image du film, très réaliste, est d'ailleurs délibérément ici très éloignée d’une image de papier glacé) puis peu à peu sa solitude, son mal être s’emparent subrepticement de nous grâce à un montage savamment déstructuré et chaotique à l’image de celle dont il reflète l’égarement. Les images de sa décadence se mêlent à celles de son séjour en hôpital psychiatrique. La poésie ne vient pas suffisamment de là où on l’attend. La poésie du désenchantement. Une jolie forme de politesse. Celle d’un ange aux ailes brisées. Elle s’égare, elle vacille comme la caméra de Fabienne Berthaud dont c’est ici le premier long métrage, aux allures de faux documentaire. C’est un film imparfait, mais c’est justement cette imperfection qui le distingue et l’enrichit. Il laisse entrevoir ses fêlures, il se met à nu comme celle qu’il immortalise. Comme si Dorian Gray et son portrait se côtoyaient. Sauf qu’ici ce que dissimule le masque est peut-être finalement plus beau que le masque lui-même ; surtout si un regard bienveillant se pose dessus, comme celui de Tom que je vous laisse découvrir… Finalement dériver permet peut-être de mieux retrouver son chemin ? Il faut parfois avoir le courage de sombrer, de se montrer chancelant pour mieux refaire surface, revenir sans un masque en trompe l’œil, pour que les autres regards n’effleurent pas seulement mais voient réellement. Et savoir ainsi à nouveau admirer le bleu du ciel ou retrouver les ailes d’un ange. Un film cruel et poétique. Mélancolique et drôle. Comme les deux faces d'un même visage. Une fin qui justifie les moyens et qui mérite d’être attentif jusqu’au bout, de ne pas nous aussi céder à la tyrannie du temps, de ne pas nous aussi zapper ce qui n’est pas lisse, immédiat, formaté comme nous y sommes trop souvent habitués et encouragés. La fissure en dit peut-être plus que le masque. Oui, Frankie est mannequin mais elle porte le masque et dissimule les blessures de chacun de nous…
FILMOGRAPHIE DE DIANE KRÜGER
Benjamin Gates et le Livre des Secrets (Prochainement), de Jon Turteltaub
Copying Beethoven (Prochainement), de Agnieszka Holland
L'Age des ténèbres (2007), de Denys Arcand
Goodbye Bafana (2007), de Bille August
Les Brigades du Tigre (2006), de Jérôme Cornuau
Frankie (2006), de Fabienne Berthaud
Joyeux Noël (2005), de Christian Carion
Rencontre à Wicker Park (2005), de Paul McGuigan
Benjamin Gates et le trésor des Templiers (2004), de Jon Turteltaub
Narco (2004), de Gilles Lellouche
Troie (2004), de Wolfgang Petersen
Michel Vaillant (2003), de Louis-Pascal Couvelaire
Ni pour, ni contre (bien au contraire) (2003), de Cédric Klapisch
Mon idole (2002), de Guillaume Canet Clara
The Piano player (TV) (2002), de Jean-Pierre Roux Erika
Sandra.M
11:35 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : festival de cannes, cinéma, diane krüger | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | | Imprimer |
Commentaires
Ah je n'ai pas vu celui-là !!! C'était peut-être LE rôle parce que pour les autres films elle n'a jamais le premier rôle !
Tu as remarqué elle et moi avons la même idole ??? Enfin, elle a poussé un peu plus l'idolâtrie...
Chaque fois que je l'ai entendue en interview elle est incroyablement sympathique et intelligente je trouve !
Écrit par : Pascale | 04/03/2007
Pas de premier rôle mais ce ne sont pas vraiment des rôles secondaires non plus mais en tout cas je trouve qu'elle mène plutôt bien sa carrière entre Europe et Etats-Unis.
Ton "idole" joue remarquablement bien dans l'adaptation du roman d'Anna Gavalda.
Écrit par : Sandra.M | 10/04/2007