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Blog créé en 2003 par Sandra Mézière, romancière. Blog cinéma sur les éditions passées du Festival de Cannes. Et le Festival de Cannes 2024 en direct ici. Pour l'actualité cinéma quotidienne et mon actualité d'auteure : Inthemoodforcinema.com.
En 16 festivals de Cannes couverts du premier au dernier jour, j’ai eu l’occasion d’expérimenter toutes sortes d’hôtels cannois (du plus au moins luxueux) et toutes sortes de restaurants sur la Croisette. J’ai même fait de l’un de ces célèbres hôtels le cadre de mon premier roman, « L’amor dans l’âme », un roman dont l’intrigue se déroule au cœur du Festival de Cannes. C’est d’ailleurs probablement l’hôtel cannois que je préfère et celui par lequel j’ai choisi de débuter cet article. Après mes bonnes adresses à Deauville/Trouville, La Baule et Pornichet, Dinard/Saint-Malo, Paris 6, en Grèce, je vous propose aujourd’hui mes bonnes adresses à Cannes.
Voilà qui pourrait bien vous être utile à un peu plus de 4 mois du 70ème Festival du Film au sujet duquel vous pourrez trouver toutes les informations sur mon site consacré au Festival de Cannes Inthemoodforcannes.com. C’est aussi à Cannes, dans le cadre de soirées ou d’évènements du festival que j’ai eu le plaisir de déguster la cuisine de Pierre Gagnaire (soirée anniversaire des 65 ans du festival, photo du menu ci-dessous), de Florent Ladeyn, de Jean-François Piège et de Cyril Lignac, avec une mention spéciale pour ce dernier et son déjeuner remarquable.
L’agence Bronx (Paris) / www.bronx.fr signe l’affiche du 70e Festival de Cannes.
L’identité visuelle a été créée par Philippe Savoir (Filifox) / www.filifox.com.
Cette édition 2017 du Festival de Cannes s'annonce décidément joyeuse, festive, audacieuse, étincelante ( rouge et or), virevoltante, glamour si on en croit la sublime affiche de cette année mettant en scène une Claudia Cardinale libre et rayonnante, après les annonces concernant la maîtresse des cérémonies (Monica Bellucci) et le président du jury (Pedro Almodovar). Nous connaitrons le programme de cette édition anniversaire du festival lors de la conférence de presse officielle du 13 avril, sur les Champs-Elysées.
Le festival a ainsi choisi "cette comédienne aventurière, cette femme indépendante, cette citoyenne engagée. La politique d’ouverture et d’accueil va souffler cette année, comme chaque année, sur la Croisette, pendant 12 jours d’images d’un monde qui ose se dire, se montrer, se regarder."
Voilà ce qu'a déclaré Claudia Cardinale:
« En plus d’être honorée et fière d’avoir été choisie pour porter les couleurs de la 70e édition de Cannes, commente Claudia Cardinale, je suis très heureuse du choix de cette photo. C’est l’image même que je me fais de ce Festival : un rayonnement. Cette danse sur un toit de Rome, c’était en 1959. Nul ne se souvient du nom du photographe, je l’ai oublié aussi. Mais cette photo me rappelle mes débuts, et une époque où je n’aurais jamais imaginé me retrouver un jour monter les marches du plus célèbre palais du cinéma. Joyeux anniversaire ! »
Ci-dessous, mes photos de l'inoubliable projection du "Guépard" en version restaurée, dans le cadre du Festival de Cannes.
Vous pourrez bien entendu suivre le festival en direct sur mes blogs Inthemoodforcinema.com, Inthemoodforfilmfestivals.com et Inthemodforcannes.com et sur mes réseaux sociaux:
C'est le 13 avril qu'aura lieu la conférence de presse du 70ème Festival de Cannes à l'occasion de laquelle sera annoncé le programme de cette édition anniversaire.
Pour l'instant, nous savons que :
-le festival aura lieu du 17 au 28 mai 2017
-le jury sera présidé par le cinéaste espagnol Pedro Almodovar
-l'actrice Monica Bellucci sera la maîtresse des cérémonies 2017. Monica Bellucci a par ailleurs été membre du jury en 2006, sous la présidence de Wong Kar-Wai. Elle succède ainsi à Laurent Lafitte, Lambert Wilson et Audrey Tautou.
-le cinéaste Cristian Mungiu sera le Président du jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages
...et pour la 17ème année consécutive, mon accréditation a été confirmée.
Je vous ai souvent parlé de cet établissement, le Grand Hyatt Cannes Hotel Martinez, ici et sur mon blog consacré au luxe http://inthemoodforhotelsdeluxe.com, et je peux d'autant mieux en parler que j'avais eu le plaisir d'y être hébergée lorsque j'avais remporté le prix du meilleur blog sur le Festival de Cannes en 2009 avec Inthemoodforcannes.com (concours alors organisé par un des sponsors du festival, L'Oréal). Il m'arrive aussi souvent d'y faire une pause pendant le Festival du Film de Cannes que je couvrirai ainsi cette année pour la 17ème année consécutive.
Créé en 1985, le restaurant La Palme d'Or, poursuit depuis plus de trois décennies, son ascension dans le monde culinaire français et international avec un palmarès évocateur : - 2 étoiles Michelin depuis 1991
- 18/20 et 4 toques au GaultMillau
- 2nd dans les Alpes-Maritimes, 36ème Français et 246ème Monde dans le Classement ‘La Liste des 1000 Restaurants d’Exception dans le Monde 2017’
Christian Sinicropi, aux commandes des cuisines depuis 2008, est un passionné qui puise son inspiration dans l’Art en général, la philosophie et la littérature. Sa cuisine inventive et audacieuse met en scène les produits du terroir au rythme des saisons autour de ‘Mouvements’. Son concept du ‘Mouvement’ invite à une dégustation inédite d’un même ‘Produit’ décliné en trois services. Ses créations culinaires sont servies dans des assiettes-supports uniques en céramique dessinées par lui-même et façonnées par son épouse, artiste céramiste.
Au déjeuner et au dîner, le restaurant La Palme d’Or offre une expérience gourmande et sensorielle sublimée par une vue imprenable sur La Croisette et la Méditerranée: - Déjeuner ‘La Croisette en Mouvement’, 78 Euros comprenant: 5 plats (3 salés et 2 sucrés), ½ bouteille de vin et café offerts
Ci-dessous, les photos du menu qu'avait dégusté le jury de Tim Burton lors du Festival de Cannes. Splendide et spectaculaire, non ?
C’est un lieu que j’affectionne tout particulièrement et où je me rends chaque année lors du Festival de Cannes (cf ci-dessous mes photos de l’an passé depuis le Mouton Cadet Wine Bar qui surplombe magnifiquement la Croisette et le port de Cannes).
Pour cette édition 2017 du Festival International du Film, Baron Philippe de Rothschild France Distribution, Fournisseur Officiel du Festival de Cannes depuis 1991 ouvrira de nouveau les portes du Mouton Cadet Wine Bar.
Du 17 au 28 mai 2017, la terrasse du Palais des Festivals se fera de nouveau le lieu des rencontres du cinéma et du 70e anniversaire, dans un décor entièrement pensé et décoré par Mathias Kiss. Depuis 2010, le Mouton Cadet Wine Bar accueille producteurs, réalisateurs, acteurs et figures du cinéma international. Si Woody Allen et Jesse Eisenberg ont pu profiter de la quiétude du Bar, Eva Longoria a préféré l’excellence du lieu pour organiser le traditionnel Gala de Charité The Global Gift Foundation. Les réalisateurs Xavier Dolan, Nicole Garcia ou encore Jonathan Jakubowicz ont pu pleinement apprécier l’espace et son cadre idyllique pour être interviewés entourés de leur casting incroyable. C’est ainsi que le Mouton Cadet Wine Bar a accueilli en 2016 des acteurs prestigieux comme Nathalie Baye, Léa Seydoux, Vincent Cassel, Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Louis Garrel, Robert de Niro, Usher… Sans oublier les apparitions remarquées des membres du jury 2016 présidé alors par George Miller.
L’artiste décorateur Mathias Kiss poursuit cette année encore, son élégant travail initié en 2016, pour sublimer une fois de plus le Mouton Cadet Wine Bar ainsi que le point de vue exceptionnel sur la baie de Cannes. L’édition 2017 offrira bien des surprises et de nouveaux espaces pour profiter d’accords mets & vins sur-mesure.
Le 70ème Festival de Cannes se déroulera du mercredi 17 au dimanche 28 mai 2017. Alors que la Sélection officielle et la composition du Jury seront dévoilées à la mi-avril, vient d'être annoncé le nom du Président du jury de cette 70ème édition. Et quel président puisqu'il s'agit de Pedro Almodovar qui, en 2016 encore, m'avait bouleversée avec "Julieta" (en compétition officielle du festival) ! Pour l'occasion, je vous propose, ci-dessous, la critique d'un de mes films préférés du cinéaste "Etreintes brisées". En bonus également, à retrouver en cliquant ici, mon compte rendu du Festival Lumière de Lyon 2014 lors duquel Pedro Almodovar avait reçu le prix Lumière (vous y trouverez notamment le récit de sa master class et de sa conférence de presse mais aussi ma critique de "Tout sur ma mère"), un compte rendu dont sont extraites mes photos et vidéos ci-dessus.
Voici le communiqué de presse officiel du Festival à ce sujet:
Icône flamboyante du cinéma espagnol et metteur en scène célèbre à travers le monde, le réalisateur et scénariste Pedro Almodóvar sera le prochain Président du Jury du Festival International du Film de Cannes qui débutera le 17 mai prochain et fêtera sa 70e édition.
Suite à l’invitation de Pierre Lescure et Thierry Frémaux, le cinéaste a déclaré : « Je suis très heureux de fêter le 70e anniversaire du Festival du Film de Cannes dans cette fonction si privilégiée. Je suis reconnaissant et honoré et j’ai le trac ! Être Président du Jury est une lourde responsabilité et j’espère être à la hauteur des circonstances. Je peux vous dire que je vais me dévouer corps et âme à cette tâche, qui est à la fois un plaisir et un privilège. »
Au fil d’une filmographie éblouissante et iconoclaste, ce conteur virtuose tisse depuis 35 ans une complicité avec les spectateurs du monde entier. Depuis Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón, 1982) jusqu’à Julieta (2016), ses 20 films dessinent une œuvre incandescente, héritée de sa jeunesse punk et contestataire, et portée par une passion insatiable pour les figures féminines et pour l’histoire du cinéma. Toujours surprenant, éclectique mais cohérent, le réalisateur originaire de La Mancha s’adonne à tous les genres – vaudeville, farce, tragédie, fantastique, comédie musicale, thriller – sans pour autant perdre de vue ses thèmes de prédilection : la passion, la filiation, le destin, la culpabilité ou les secrets enfouis.
Dans un cinéma des corps et des cœurs, une troupe d’acteurs l’accompagne fidèlement et donne vie à cette belle humanité, parmi lesquels Penélope Cruz, Marisa Paredes, Antonio Banderas, Rossy de Palma, Javier Bardem, Javier Cámara, Carmen Maura ou Victoria Abril.
« Pour sa 70e édition, le Festival de Cannes est heureux d’accueillir un artiste unique qui jouit d’une immense popularité. Son œuvre s’est déjà inscrite pour toujours dans l’histoire du cinéma. Une longue fidélité unit Pedro Almodóvar au Festival, dont il a été membre du Jury en 1992 sous la présidence de Gérard Depardieu », déclarent Pierre Lescure, Président du Festival, et Thierry Frémaux, Délégué général.
Cinq de ses films – Tout sur ma mère (Todo Sobre mi Madre, Prix de la Mise en scène), Volver (Prix du Scénario, Prix collectif d’Interprétation féminine), Étreintes brisées (Los Abrazos Rotos), La Piel que Habito, Julieta – ont été sélectionnés en Compétition. Enfin La Mauvaise Éducation (La Mala Educación) a fait l’ouverture du Festival en 2004 tandis que le réalisateur figure sur l’affiche officielle de la 60e édition.
À travers la présence de ce cinéphile passionné qui ne cesse de célébrer les pouvoirs magiques du cinéma et de rendre hommage aux maîtres Sirk, Franju, Hitchcock ou Buñuel, le Festival de Cannes fête un grand auteur international et une Espagne moderne et libre.
Critique du film « Etreintes brisées » de Pedro Almodovar
C’est dans le cadre du Festival de Cannes 2009 où il était en compétition que j’ai découvert ce film de Pedro Almodovar.
Synopsis : Il y a 14 ans, dans un violent accident de voiture dans l’île de Lanzarote, un homme (Lluis Homar) a perdu la vue mais aussi la femme de sa vie, Lena (Penelope Cruz). Sa vie se partage alors en deux parties à l’image de ses deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est sonnom de baptême sous lequel il vit et signe les films qu’il réalise. Après l’accident, il n’est alors plus que son pseudonyme : Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus faire de films, il s’impose de survivre avec l’idée que Mateo Blanco est mort à Lanzarote aux côtés de Lena.
Pedro Almodovar, habitué de la Croisette et de la compétition cannoise (juré en 1992, en compétition pour « Tout sur ma mère » en 1999- prix de la mise en scène -, pour « La mauvaise éducation » en 2004 –présenté hors compétition- ; pour « Volver » en 2006 –prix du scénario et d’interprétation collectif-) était, reparti bredouille en 2009 pour un film dont la mise en scène d’une impressionnante beauté et maîtrise, le scénario impeccable et l’interprétation remarquable de Penelope Cruz auraient pourtant pu lui permettre de figurer au palmarès, à ces différents titres.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître certains cinéastes ne sont pas des cinéphiles (j’aurais bien des exemples mais je m’abstiendrai) mais au même titre que Picasso maîtrisait parfaitement l’histoire de la peinture, condition sine qua non au renouvellement de son art, il me semble qu’un cinéaste se doit de connaître et d’être imprégné de l’histoire du cinéma, comme Pedro Almodovar qui, dans ce film, en plus de témoigner de sa cinéphilie livre une véritable déclaration d’amour au cinéma (il rend notamment hommage à Hitchcock, Antonioni, Malle, Rossellini… ). Et à Penelope Cruz qu’il sublime comme jamais, en femme fatale, brisée et forte, à la fois Marylin Monroe, lumineuse et mélancolique, et Audrey Hepburn, gracile et déterminée.
« Etreintes brisées » est un film labyrinthique d’une grande richesse : un film sur l’amour fou, le cinéma, la fatalité, la jalousie, la trahison, la passion, l’art. Un film dans lequel, à l’image du festival de Cannes, cinéma et réalité se répondent, s’imbriquent, se confondent.
La mise en abyme, à l’image de tout ce film, est double : il y a d’une part le film que réalise Harry Caine mais aussi le making of de son film. Harry Caine est lui-même double puisque c’est le pseudonyme de Mateo Blanco. Il meurt doublement : il perd la vue, la cécité étant la mort pour un cinéaste ; il perd la femme qu’il aime, une étreinte brisée qui représente la mort pour l’homme amoureux qu’il est aussi. Un film morcelé à l’image de ces photos en mille morceaux de Lena, d’une beauté tragique.
Et puis que dire de la réalisation… Flamboyante comme ce rouge immédiatement reconnaissable comme celui d’un film de Pedro Almodovar. D’un graphique époustouflant comme ce film que Mateo Blanco réalise. Sensuelle comme ces mains qui caressent langoureusement une image à jamais évanouie. Son scénario joue avec les temporalités et les genres (film noir, comédie, thriller, drame) avec une apparente facilité admirable.
Peut-être la gravité mélancolique a-t-elle désarçonnée les aficionados du cinéaste qui n’en oublie pourtant pas pour autant sa folie jubilatoire comme dans ce film dans le film « Filles et valises », hommage irrésistible à « Femmes au bord de la crise de nerfs ».
Un film gigogne d’une narration à la fois complexe et limpide, romantique et cruel, qui porte la poésie langoureuse, la beauté mélancolique et fragile de son titre, un film qui nous emporte dans ses méandres passionnées, un film pour les amoureux, du cinéma. Un film qui a la beauté, fatale et languissante, d’un amour brisé en plein vol… Un film qui a la gravité sensuelle de la voix de Jeanne Moreau, la beauté incandescente d’une étreinte éternelle comme dans « Voyage en Italie » de Rossellini, la tristesse lancinante de Romy Schneider auxquelles il se réfère.
Penelope Cruz, d’une mélancolie resplendissante, pour cette quatrième collaboration, aurait de nouveau mérité le prix d’interprétation et sa prestation (mais aussi celles de tous ses acteurs et surtout actrices auxquels il rend ici hommage, parfois juste le temps d’une scène comme pour Rossy de Palma) prouve à nouveau quel directeur d’acteurs est Pedro Almodovar qui sait aussi, en un plan, nous embraser et embrasser dans son univers, immédiatement identifiable, la marque, rare, des grands cinéastes.
Un film empreint de dualité sur l’amour fou par un (et pour les) amoureux fous du cinéma… le cinéma qui survit à la mort, à l’aveuglement, qui sublime l’existence et la mort, le cinéma qui reconstitue les étreintes brisées, le cinéma paré de toutes les vertus. Même celle de l’immortalité… Un film par lequel je vous recommande vivement de vous laisser charmer et enlacer…
« Winter Sleep » a remporté la Palme d’or du 67ème Festival de Cannes, voilà qui complètait le (déjà prestigieux) palmarès cannois de Nuri Bilge Ceylan, un habitué du festival, après son Grand Prix en 2003, pour « Uzak », celui de la mise en scène en 2008 pour « Les Trois Singes » et un autre Grand Prix en 2011 pour « Il était une fois en Anatolie ». En 2012, il fut également récompensé d’un Carrosse d’Or, récompense décernée dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs par la Société des Réalisateurs de Films à l’un de leurs pairs. Son premier court-métrage, « Koza », fut par ailleurs repéré par le festival et devint le premier court turc qui y fut sélectionné, en 1995. Il fut par ailleurs membre du jury cannois en 2009, sous la présidence d’Isabelle Huppert. Son film « Les Climats » reçut le prix FIPRESCI de la critique internationale en 2006.
J’essaie de ne jamais manquer les projections cannoises de ses films tant ils sont toujours brillamment mis en scène, écrits, et d’une beauté formelle époustouflante. « Winter sleep » ne déroge pas à la règle…et c’est d’autant plus impressionnant que Nuri Bilge Ceylan est à la fois réalisateur, scénariste (coscénariste avec sa femme), coproducteur et monteur de son film…et qu’il semble pareillement exceller dans tous ces domaines.
Inspiré de 3 nouvelles de Tchekhov, se déroulant dans une petite ville de Cappadoce, en Anatolie centrale, « Winter sleep » raconte l’histoire d’Aydin (Haluk Bilginer), comédien à la retraite, qui y tient un petit hôtel avec son épouse de 20 ans sa cadette, Nihal (Melisa Sözen) dont il s’est éloigné sentimentalement, et de sa sœur Necla (Demet Akbağ ) qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements… Et dire que tout avait commencé par la vitre d’une voiture sur laquelle un enfant avait jeté une pierre. La première pierre…
Sans doute la durée du film (3H16) en aura-t-elle découragé plus d’un et pourtant…et pourtant je ne les ai pas vues passer, que ce soit lors de la première projection cannoise ou lors de la seconde puisque le film a été projeté une deuxième fois le lendemain de la soirée du palmarès, très peu de temps après.
La durée, le temps, l’attente sont toujours au centre de ses films sans que jamais cela soit éprouvant pour le spectateur qui, grâce à la subtilité de l’écriture, est d’emblée immergé dans son univers, aussi rugueux puisse-t-il être. Une durée salutaire dans une époque qui voudrait que tout se zappe, se réduise, se consomme et qui nous permet de plonger dans les tréfonds des âmes qu’explore et dissèque le cinéaste. Nuri Bilge Ceylan déshabille en effet les âmes de ses personnages.
Le premier plan se situe en extérieur. Au loin, à peine perceptible, un homme avance sur un chemin. Puis images en intérieur, zoom sur Aydin de dos face à la fenêtre, enfermé dans sa morale, ses certitudes, son sentiment de supériorité, tournant le dos (à la réalité), ou le passage de l’extérieur à l’intérieur (des êtres) dont la caméra va se rapprocher de plus en plus pour mettre à nu leur intériorité. « Pour bien joué, il faut être honnête », avait dit un jour Omar Sharif à Aydin. Aydin va devoir apprendre à bien jouer, à faire preuve d’honnêteté, lui qui se drape dans la morale, la dignité, les illusions pour donner à voir celui qu’il aimerait -ou croit-être.
Homme orgueilleux, riche, cultivé, ancien comédien qui se donne « le beau rôle », Aydin est un personnage terriblement humain, pétri de contradictions, incroyablement crédible, à l’image de tous les autres personnages du film (quelle direction d’acteurs !) si bien que, aujourd’hui encore, je pense à eux comme à des personnes réelles tant Nuri Bilge Ceylan leur donne corps, âme, vie.
Pour Aydin, les autres n’existent pas et, ainsi, à ses yeux comme aux nôtres, puisque Nihal apparaît au bout de 30 minutes de film seulement. Il ne la regarde pas. Et quand il la regarde c’est pour lui demander son avis sur une lettre qui flatte son ego. C’est à la fois drôle et cruel, comme à diverses moments du film, comme lorsqu’il raconte à sa sœur une pièce dans laquelle elle ne se souvient visiblement pas l’avoir vu jouer : « La pièce où je jouais un imam. J’entrais en cherchant les toilettes ».
Que de gravité et d’intensité mélancoliques, fascinantes, dont il est impossible de détacher le regard comme s’il s’était agi de la plus palpitante des courses-poursuites grâce au jeu habité et en retenue des comédiens, au caractère universel et même intemporel de l’intrigue, grâce à la beauté foudroyante et presque inquiétante des paysages de la Cappadoce, presque immobile comme un décor de théâtre. L’hôtel se nomme d’ailleurs « Othello ». Dans le bureau d’Aydin, ancien acteur de théâtre, se trouvent des affiches de « Caligula » de Camus, et de « Antoine et Cléopâtre » de Shakespeare. La vie est un théâtre. Celle d’Aydin, une représentation, une illusion que l’hiver va faire voler en éclats.
« Winter sleep », à l’image de son titre, est un film à la fois rude, rigoureux et poétique. Il est porté par des dialogues d’une finesse exceptionnelle mêlant cruauté, lucidité, humour, regrets (« j’ai voulu être ce grand acteur charismatique dont tu rêvais »), comme ces deux conversations, l’une avec sa sœur, l’autre avec Nihal, qui n’épargnent aucun d’eux et sont absolument passionnantes comme dans une intrigue policière, chacune de ces scènes donnant de nouveaux indices sur les caractères des personnages dont les masques tombent, impitoyablement : « Avant tu faisais notre admiration » », « On croyait que tu ferais de grandes choses », « On avait mis la barre trop haut », « Ce romantisme sirupeux », « Cet habillage lyrique qui pue le sentimentalisme », « Ton altruisme m’émeut aux larmes.», « Ta grande morale te sert à haïr le monde entier ».
Ces scènes sont filmées en simples champs/contre-champs. La pièce est à chaque fois plongée dans la pénombre donnant encore plus de force aux visages, aux expressions, aux paroles ainsi éclairés au propre comme au figuré, notamment grâce au travail de Gökhan Tiryaki, le directeur de la photographie. Nuri Bilge Ceylan revendique l’influence de Bergman particulièrement flagrante lors de ces scènes.
Les temps de silence qui jalonnent le film, rares, n’en sont que plus forts, le plus souvent sur des images de l’extérieur dont la beauté âpre fait alors écho à celle des personnages. Sublime Nihal dont le visage et le jeu portent tant de gravité, de mélancolie, de jeunesse douloureuse. Pas une seconde pourtant l’attention (et la tension ?) ne se relâchent, surtout pas pendant ces éloquents silences sur les images de la nature fascinante, d’une tristesse éblouissante.
Nuri Bilge Ceylan est terriblement lucide sur ses personnages et plus largement sur la nature humaine, mais jamais cynique. Son film résonne comme un long poème mélancolique d’une beauté triste et déchirante porté par une musique parcimonieuse, sublimé par la sonate n°20 de Schubert et des comédiens exceptionnels. Oui, un long poème mélancolique à l’image de ces personnages : lucides, désenchantés, un poème qui nous accompagne longtemps après la projection et qui nous touche au plus profond de notre être et nous conduit, sans jamais être présomptueux, à nous interroger sur la morale, la (bonne) conscience, et les faux-semblants, les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver. Un peu les nôtres aussi. Et c’est ce qui est le plus magnifique, et terrible.
En 16 ans de Festivals de Cannes avec, à chaque fois, 15 jours de présence sur la Croisette, j’ai expérimenté à peu près toutes sortes de restaurants à Cannes (je consacrerai d’ailleurs prochainement un article complet à mes bonnes adresses cannoises, ici et sur mon blog cannois Inthemoodforcannes.com), du restaurant du Carlton aux plus petits restaurants, de dîners de chefs étoilés en déjeuners expéditifs comme tout festivalier qui se respecte, cherchant en général à manger rapidement et à proximité du palais des festivals. Il faut dire que si les restaurants sont nombreux à Cannes, nombreux sont aussi les « attrape-touristes ». Après avoir tergiversé, j’ai finalement testé ce nouveau restaurant (ouvert juste avant le festival) le dernier soir du festival, regrettant ensuite de ne pas l’avoir fait plus tôt…
D’abord, avec ce restaurant, c’est un petit bout de Saint-Tropez qui vient à Cannes puisqu’il appartient à Sénequier. Vous retrouverez les célèbres tables triangulaires même si ce nouveau lieu est en vert et non en rouge comme le café / restaurant emblématique de Saint-Tropez. On y retrouve l’esprit brasserie chic qui a fait le succès de l’établissement tropézien.
Breton d’origine, le chef de la Californie, Maurice Guillouet travaille depuis 15 ans pour la maison ! ( après avoir exercé au Ritz et avec Joël Robuchon ).
Il faut dire que l’emplacement est idéal pour les festivaliers puisque ce nouveau restaurant et cocktail bar se situe juste en face le palais des festivals. Les plats proposés sont simples mais particulièrement bien présentés et cuisinés, avec de bons produits.
A noter aussi et ce qui n’est pas toujours le cas à Cannes: l’accueil absolument remarquable et le service très prévenant (carrément une exception à Cannes, a fortiori en période de festivals, lorsque la concurrence essaie d’engranger un maximum de couverts et traite le client comme un numéro).
Vous pourrez notamment y déguster de la salade niçoise, du homard bleu à la plancha, de l’omelette bio aux truffes, des crevettes sautées à la thaï mais aussi de la meringue chantilly, la célèbre Tropézienne ou un délicieux fondant au chocolat.
Le restaurant vous propose également une excellente formule du midi à 21,50 euros.
Vous pourrez aussi y tester un pantagruélique petit déjeuner.
Alors, tentés ? En tout cas, moi, dès mon prochain séjour à Cannes, j’y cours ! J’y ai dégusté un excellent dîner en plus d’y avoir passé un beau moment.
La brasserie La Californie est ouverte toute l’année de 7h à 00h30.
Paterson (Adam Driver) vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allan Ginsberg, une ville aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura (Golshifteh Farahani), qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, l’inénarrable bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…
Le film dont l’intrigue se déroule sur une semaine, est empreint de dualité et est construit en miroir avec une précision fascinante, une fausse simplicité, une douceur hypnotique, un rythme lancinant. Envoûtants. Sa lenteur, certes captivante, en rebutera peut-être plus d’un, pourtant pour peu que vous acceptiez ce rythme, la poésie contemplative du film vous happera progressivement pour vous plonger et vous bercer dans une atmosphère à la fois mélancolique et ouateuse.
La dualité et la répétition sont partout. Dans le noir et blanc qui obsèdent la compagne de Paterson (un noir et blanc dont elle décore toute la maison, sur les rideaux, sur ses cupcakes, sur ses vêtements). Les jumeaux que le couple voit partout (en rêve pour l’une, dans son étrange réalité pour l’autre). Dans le patronyme « Paterson » qui est aussi celui de la ville où le protagoniste évolue et celle où a vécu le poète dont il s’inspire (William Carlos Williams). Sans oublier les journées répétitives : le réveil, le trajet à pied pour aller en travail, l’écriture d’ un poème dans son carnet secret toujours interrompue par l’arrivée de son patron déprimé, les conversations des passagers de son bus, le retour à la maison en redressant la boîte aux lettres que le chien fait chaque jour malicieusement tomber, les discussions avec sa femme, et la journée qui s’achève par la promenade du chien et la bière au café où une conversation ou un imprévu viennent aussi briser le rythme routinier. Un seul évènement viendra réellement bouleverser ce rythme répétitif tandis que le couple regarde un film de Jacques Tourneur au cinéma, punis d’avoir dérogés à ses habitudes quotidiennes.
Décrit ainsi, le film pourrait paraître ennuyeux et banal. S’en dégage pourtant une beauté poétique qui sublime l’apparente simplicité de chaque instant, l’ennui routinier qui semble parfois peser sur Paterson (la ville, ville pauvre du New Jersey qui rappelle Détroit dans « Only Lovers Left Alive » ) et sur Paterson, l’homme. Il regarde ainsi chaque soir les visages célèbres de la ville accrochés dans le bar où s’achèvent ses journées. Admiratif, il écoute une petite fille lui dire le poème qu’elle a écrit et qu’il admire. Il écoute enfin un touriste Japonais lui vanter les poèmes de William Carlos Williams. Miroirs encore. Ceux de ses regrets, de ses échecs, de sa vie qui semble condamné à cette inlassable routine mais que sublime le plus beau des pouvoirs, celui de savoir jongler avec les mots.
Jarmusch, avec une acuité remarquable, capte l’extraordinaire dans l’ordinaire, le singulier dans le quotidien. Les vers qui s’écrivent sur l’écran et la voix de Paterson qui les répète inlassablement est une musique qui s’ajoute à celle de Sqürl, le groupe de Jim Jarmusch, et qui nous charme insidieusement pour finalement nous faire quitter à regrets cet univers réconfortant, tendrement cocasse, et poétique.
La tendre nonchalance du personnage interprété par Adam Driver, sa bienveillance envers l’attendrissante folie de sa femme (Golshifteh Farahani, toujours d’une justesse remarquable) sont pour beaucoup dans le l’enchantement irrésistible de ce poème terriblement séduisant.