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IN THE MOOD FOR CANNES 2024 - Page 6

  • Critique de TOP GUN : MAVERICK de Joseph Kosinski Share - Sélection officielle - Hors compétition

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    Cannes, c’est avant tout la compétition officielle à laquelle je consacre chaque année la majorité de mes articles ici mais ce sont aussi, en sélection officielle hors compétition, de purs moments jubilatoires de cinéma à grand spectacle, de ceux qui nous rappellent à quel point voir un film sur grand écran est un plaisir inégalé, a fortiori après ces mois de pandémie. En cela, ce blockbuster remplit pleinement son rôle et avait particulièrement sa place à Cannes, l’antre de la cinéphilie mais aussi du rêve … comme l’incarna également un film comme Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann qui fit l’ouverture il y a quelques années.

    Après avoir été l’un des meilleurs pilotes de chasse de la Marine américaine pendant plus de trente ans, Pete “Maverick" Mitchell (Tom Cruise) continue à repousser ses limites en tant que pilote d'essai. Il refuse de monter en grade, car cela l’obligerait à renoncer à voler. Il est chargé de former un détachement de jeunes diplômés de l’école Top Gun pour une mission spéciale qu’aucun pilote n'aurait jamais imaginée. Lors de cette mission, Maverick rencontre le lieutenant Bradley “Rooster” Bradshaw (Miles Teller), le fils de son défunt ami, le navigateur Nick “Goose” Bradshaw. Face à un avenir incertain, hanté par ses fantômes, Maverick va devoir affronter ses pires cauchemars au cours d’une mission qui exigera les plus grands des sacrifices.

    L’effervescence était hier à son comble sur la Croisette avec la présence de la patrouille de France mais aussi celle de l’acteur qui incarne Pete « Maverick » Mitchell, Tom Cruise, qui, pour l’occasion, a donné une masterclass et s’est vu remettre une palme d’or d’honneur.

    En 1986, le budget de Top gun était de 15 millions de dollars. Il en avait rapporté 357. Le budget de cette suite était presque 10 fois plus élevé : 140 millions de dollars ! Le pari devrait être gagné et les recettes seront certainement au rendez-vous avec cette suite attendue depuis des décennies, une suite qui en met plein les yeux. Si elle est spectaculaire, elle n’en oublie pas pour autant l’émotion notamment dans une scène de face à face avec Tom "Iceman" Kazansky (Val Kilmer).  Certes le scénario fourmille de scènes et personnages archétypaux, voire caricaturaux, la romance est plus que convenue et même bâclée, mais c’est aussi ce que le public attend de ce genre de blockbuster, être rassuré en retrouvant ces « figures » familières.

    Le BO, entêtante et galvanisante, comme celle du film de 1986 ne manquera pas de susciter l’engouement et de contribuer au succès du film, notamment la chanson Hold My Hand signée Lady Gaga.

    La nostalgie est aussi au rendez-vous avec des clins d’œil assumés : d’un match de football américain sur la plage, clin d’œil évident à la scène de beach-volley, à des scènes de moto sur fond de soleil éblouissant.

    Un blockbuster spectaculaire qui devrait réjouir les inconditionnels de Top gun et faire venir en masse les spectateurs en salles. Certes pas de surprise : la bannière étoilée, l’honneur, l’héroïsme et les bons sentiments triomphent. Mais les scènes aériennes majestueusement chorégraphiées vous cloueront à votre siège et vous feront oublier le temps et la réalité et, rien que pour cela, ce vol ébouriffant vaut le voyage ! Rendez-vous en salles le 25 mai prochain !

    Catégories : HORS COMPETITION Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Ouverture du 75ème Festival de Cannes ce soir : découvrez l'enthousiasmant programme détaillé

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    Cet article a eté mis à jour au fur et à mesure des annonces... 

    Ce soir s'ouvrira la 75ème édition du Festival de Cannes. Dans cet article, je vous détaille l'enthousiasmant programme de cette année, mis à jour au fur et à mesure des annonces et je vous donne rendez-vous dans quelques heures en direct de la Croisette pour mon 20ème Festival de Cannes...

    Le jeudi 14 avril, à l’UGC Normandie, sur les Champs-Elysées, avait lieu la conférence de presse d’annonce de sélection du 75ème Festival de Cannes qui se tiendra du 17 au 28 mai 2022. Après une édition 2020 annulée pour cause de pandémie (même si le festival avait dévoilé une sélection, dans une forme singulière, puisque des films labellisés « Cannes 2020 » avaient été présentés dans des festivals partenaires parmi lesquels, d’ailleurs, quelques pépites comme Été 85 de François OzonDrunk de Thomas VinterbergLes choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret, Médecin de nuit d’Elie Wajeman, Slalom de Charlène Favier, Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh...), et après une édition 2021 qui s’était déroulée en juillet, le festival revient donc cette année dans sa configuration habituelle, en mai. 

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    Comme chaque année, l’Aquarium (extrait du Carnaval des animaux) de Saint-Saëns résonnera donc sur la Croisette et, chaque soir, préfigurera le coup d’envoi de ce voyage immobile dans les cinématographies du monde entier, cette scrutation de la réalité du monde, poétique parfois, âpre souvent, à laquelle nous aurons le plaisir d’assister confortablement installés à l’abri de ses fracas. Miroir grossissant et informant du monde, fenêtre ouverte sur ses plaies béantes et ses espoirs, Cannes le sera plus que jamais cette année, intervenant dans un contexte international particulièrement tendu.

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     Après Agnès Varda en 2019 et Spike Lee en 2021, cette année, c’est Jim Carrey qui est à l’honneur avec cette image extraite du film « The Truman Show » de Peter Weir (1998). « Des marches qui cheminent vers la révélation. Une célébration poétique de l’insaisissable et de la liberté. Une ascension pour surplomber le passé et s’avancer vers la promesse d’un renouveau », « Comme l'inoubliable Truman incarné par Jim Carrey qui frôle du bout des doigts son horizon, le Festival de Cannes prend acte de l'extrémité d'un monde pour l'appréhender à nouveau ». Un film sur la mise en abyme, aussi. Ce qu’est également Cannes lors de ce festival pendant lequel la frontière entre cinéma et réalité est si ténue. A la fin de The Truman show, Truman entre dans la réalité et, ainsi, échappe au mensonge. En route vers la liberté. Vers un nouvel horizon. Vers la vérité. Ce à quoi nous invite aussi la salle de cinéma et le festival. A la fin du film de Peter Weir, les spectateurs zappent sur un autre programme. Tout comme une autre actualité chassera le festival, une fois le tapis rouge remballé. Mais entre les deux, il y aura cette parenthèse, qu’elle soit une douce illusion, une fenêtre ouverte sur l’ailleurs ou sur cette terrible actualité entre crise climatique, catastrophes humanitaires, conflits armés.

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    Deux films ukrainiens et un film russe font d’ailleurs partie de la sélection. Le premier film ukrainien sera celui du cinéaste que Thierry Frémaux s’est dit « particulièrement heureux d’accueillir cette année », Sergei Loznitsa, habitué du festival dans le cadre duquel il avait notamment présenté son documentaire Maïdan (2014), consacré à la révolution ukrainienne ou encore la fiction Donbass (2018) traitant de la guerre avec les séparatistes russes. Cette année sélectionné en séance spéciale, il proposera The Natural History of Destruction, un film basé sur un texte de l'essayiste allemand W.G. Sebald. Le second film ukrainien sera projeté dans le cadre d’Un Certain Regard, il s’agit du premier film d’un jeune cinéaste, Makism Nakonechnyi, Butterfly vision (Bachennya Metelyka). Ce film raconte le retour au pays d’une jeune femme, une enseignante, qui s’était engagée dans la guerre et qui fut enlevée, revenant au pays à l’occasion d’un échange de prisonniers.

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    En compétition, nous retrouverons le Russe Kirill Serebrennikov, le metteur en scène de cinéma et de théâtre qui n’avait pas pu accompagner Leto en 2018 et La fièvre de Petrov en 2021, ne pouvant plus quitter son pays. Pour la troisième fois en compétition à Cannes, il présentera cette année Tchaïkovsky’s Wife (Zhena Chaikovskogo). Le cinéaste qui a quitté la Russie vit désormais à Berlin, il fera également l’ouverture du Festival d’Avignon avec l’adaptation d’une nouvelle de Tchekhov.

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    Le film d’ouverture sera cette année Z comme Z, un film de Michel Hazanavicius présenté hors compétition, « une comédie zombie, une histoire du tournage d’un film de zombie qui évoque la passion du cinéma et ce que c’est que le collectif dans le cinéma. » À cette occasion, Thierry Frémaux a évoqué et recommandé un autre film d'Hazanavicius, The Search (2014), dans lequel il « montrait les exactions de l’armée russe pendant la guerre de Tchétchénie ».

    Le 25/04/2022 Michel Hazanavicius a décidé de modifier le titre de son  film, en raison de la symbolique qu'a pris la lettre "Z" en Russie. Z (comme Z) devient désormais Coupez!. « Au vu de la charge symbolique prise par la lettre ‘z’ depuis le début de la guerre en Ukraine, et à la demande de cinéastes ukrainiens, j’ai décidé de changer le titre de mon film, explique le cinéaste dans un communiqué. Ce titre était peut-être drôle quand nous avons fait le film il y a quelques mois, il ne l’est plus du tout et je ne peux pas l’assumer. » « En aucun cas je ne voudrais qu’il soit associé de près ou de loin à cette guerre, ajoute-t-il. Je suis donc très heureux d’en changer, et dans cette mesure de marquer mon soutien le plus total au peuple ukrainien » a déclaré le réalisateur.

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    Rappelons enfin que, dès le 1er mars, le festival avait par ailleurs publié un communiqué de presse, une déclaration sur la guerre en Ukraine afin d’« exprimer tout son soutien au peuple ukrainien et à toutes les personnes qui se trouvent sur son territoire » et sa volonté « de ne pas accueillir de délégations officielles venues de Russie ni d’accepter la moindre instance liée au gouvernement russe. » Dans ce communiqué, le festival saluait également « le courage de toutes celles et tous ceux qui, en Russie, ont pris le risque de protester contre l’agression et l’invasion de l’Ukraine. ». Le festival a également rappelé que « fidèle à son histoire, qui débuta en 1939 en résistance aux dictatures fasciste et nazie, le Festival de Cannes se mettra toujours au service des artistes et des professionnels du cinéma, dont la voix s’élève pour dénoncer la violence la répression et les injustices, et pour défendre la paix et la liberté. »

    Célébrer l'anniversaire du festival qui fête cette année ses 75 ans ne sera pas forcément aisé dans ce contexte bien que « cette double naissance en 1939 et 1946 soit pleine de symboles et de signaux qui sont précieux pour les analyses d'aujourd'hui » a souligné Thierry Frémaux. Il a également précisé qu’il s’agirait de « célébrer également le présent et l'avenir » et de « s'interroger sur l'avenir du cinéma. Le moment anniversaire sera le mai 24 mai avec de nombreux invités. Avec également, un colloque, un symposium qui fera que des cinéastes viendront plancher et s'exprimer sur ce qu'est être cinéaste aujourd'hui, avec une réflexion sur la place et le rôle des festivals dans le cinéma et dans le monde entier. Avec également des directeurs de festivals. » Il a par ailleurs rappelé que Wim Wenders, en 1982, avait réalisé un court, Room 666, à l’occasion duquel il avait interviewé des cinéastes. Le cinéma est-il un langage en train de se perdre, un art qui va mourir ? se demandait-il alors. Une jeune réalisatrice a décidé de venir pour poser à nouveau ces questions « pour voir ce qui s'est passé en 40 années ».

    Après Jodie Foster en 2021, c’est l'acteur Forest Whitaker qui sera l’invité d’honneur de la cérémonie d’ouverture du 75e Festival de Cannes, et qui recevra ainsi une palme d’or d’honneur comme Jeanne Moreau, Bernardo Bertolucci, Manoel de Oliveira, Jean-Pierre Léaud, Agnès Varda avant lui. À cette occasion, For the Sake of Peace (Au nom de la Paix), réalisé par Christophe Castagne et Thomas Sametin et produit par Forest Whitaker, sera projeté le mercredi 18 mai en Séance spéciale.

    Cette année, ce ne sont pas moins de 2200 films qui ont été visionnés par le comité de sélection. La sélection sera complétée dans les jours à venir. 

    Vincent Lindon présidera le jury de cette 75ème édition du Festival de Cannes. Il avait reçu le prix d'interprétation masculine en 2015 pour La loi du marché.

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    Isabelle Huppert a été la dernière personnalité française à occuper, en 2009, la Présidence du Jury. Dans l’histoire du Festival, les artistes de l’Hexagone ont souvent tenu ce rôle pour une édition-célébration, comme Yves Montand en 1987 pour le 40e anniversaire, Gérard Depardieu en 1992 pour le 45e Festival ou encore Isabelle Adjani en 1997 pour le 50e anniversaire. Il sera accompagné de Rebecca Hall, Deepika Padukone, Noomi Rapace, Jasmine Trinca, Asghar Farhadi, Ladj Ly, Jeff Nichols, Joachim Trier.

    Après Mélanie Thierry en 2021, l’actrice espagnole Rossy de Palma sera la Présidente du Jury de la Caméra d’or qui récompensera un film parmi tous les premiers longs métrages présentés en Sélection officielle et dans les sections parallèles. Le Jury est composé de représentants français de la profession (presse, industrie, association de cinéastes) ainsi que de deux artistes invités qui entoureront Rossy de Palma : Natasza Chroscicki (directrice générale ARRI France), Éléonore Weber (auteure, metteuse en scène et cinéaste), Olivier Pelisson (journaliste & critique de cinéma), Lucien Jean-Baptiste (réalisateur, scénariste et acteur), Samuel Le Bihan (acteur).

    Après la cinéaste britannique Andrea Arnold, c'est la réalisatrice, actrice et productrice italienne Valeria Golino qui sera la Présidente du Jury Un Certain Regard. Entourée de 4 jurés venus de Pologne (l’actrice Joanna Kulig), du Venezuela (l’acteur Édgar Ramírez), des États-Unis (la réalisatrice Debra Granik) et de France (l'auteur-compositeur-interprète et acteur Benjamin Biolay), elle aura pour mission d’établir le Palmarès de cette section qui célèbre un jeune cinéma, d’auteur et de découverte. Il y a cette année 20 œuvres sélectionnées, parmi lesquelles 8 sont des premiers films et 9 sont signées par des réalisatrices.

    Le Jury des courts métrages aura pour mission d’attribuer, parmi les 9 films sélectionnés en Compétition, la Palme d’or du court métrage qui sera remise lors de la Cérémonie de clôture du Festival le samedi 28 mai 2022.  Le Jury devra également décerner les trois prix de la Cinef aux meilleurs des 16 films d’écoles de cinéma présentés cette année. Ces prix seront remis lors de la cérémonie précédant la projection des films primés le jeudi 26 mai 2022. Le jury sera présidé par le réalisateur égyptien Yousry Nasrallah qui sera accompagné de : Monia Chokri, Laura Wandel, Félix Moati, Jean-Claude Raspiengeas.

    C'est la comédienne Virginie Efira qui présentera les cérémonies d'ouverture et de clôture. Comme chaque année, Cannes nous permettra aussi de redécouvrir des classiques du septième Art grâce à Cannes Classics. Comme chaque année également, les films d’école sélectionnés dans le cadre de la Cinéfondation devenue Cinef donneront lieu à la compétition de films des étudiants en cinéma venus du monde entier. Enfin, l’opération 3 jours à Cannes qui permet désormais à des milliers de jeunes d’être accrédités (entre 3 et 5000 jeunes) sera reconduite cette année.


    35000 accrédités sont annoncés. 155 pays différents ont proposé des films, 18 films figurent finalement en compétition parmi lesquels 4 anciens lauréats de la palme d’or.

     Thierry Frémaux a par ailleurs rappelé que c’était la dernière année de Pierre Lescure à la présidence du festival. En 2015, il avait succédé à Gilles Jacob qui fut délégué général du festival de 1978 à 2001, puis son président jusqu’en 2014. C’est Iris Knobloch qui vient d’être élue présidente du festival. Elle prendra ses fonctions en juillet prochain. Pierre Lescure a également rappelé que le partenaire média Canal + serait remplacé par France Télévisions et Brut. Et que le Festival de Cannes accueillait de nouveaux partenaires : BMW et Campari.

    «Le cinéma est un mélange parfait de vérité et de spectacle». Cannes incarne, mieux que nul autre festival, incarne cette citation de François Truffaut comme le démonter à nouveau cette sélection 2022.

    Un peu moins de cinquante films ont été annoncés ce jeudi (80 furent sélectionnés l’an passé) : les films en compétition officielle, hors compétition en séance spéciale, en séance de minuit, Un Certain Regard parmi lesquels :

    -Tirailleurs de Mathieu Vadepied avec Omar Sy, Alassane Diong et Jonas Bloquet fera l’ouverture d’Un Certain Regard. Produit par Bruno Nahon et Omar Sy, Tirailleurs est le deuxième long métrage du réalisateur, scénariste et directeur de la photographie Mathieu Vadepied. Le film met en lumière l'histoire, rayée de nos mémoires, des tirailleurs sénégalais, héros oubliés de la Première Guerre mondiale, forcés à quitter leurs terres et à combattre pour la libération de la France. Cette coproduction franco-sénégalaise, tournée en France et au Sénégal, relate l’histoire d’un père, Bakary Diallo enrôlé en 1917 dans l'armée française pour rejoindre Thierno, son fils de 17 ans, recruté de force. Envoyés sur le front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur de la bataille, Thierno va s'affranchir et apprendre à devenir un homme, tandis que Bakary va tout faire pour l'arracher aux combats et le ramener sain et sauf. Tirailleurs sera projeté en avant-première mondiale le mercredi 18 mai en ouverture d’Un Certain Regard devant le Jury, qui rendra son palmarès le vendredi 27 mai.

    - le premier film réalisé par Ethan Coen, seul, sans son frère Joël, en séance spécialeJerry Lee Lewis, Trouble in mind,

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     - Comme cela avait déjà été annoncé, un « grand hommage sera rendu à Tom Cruise », le lendemain de l’ouverture du festival. « L’un de ces comédiens producteurs qui s’engagent pour le cinéma, qui a le ratio projet cohérence qualité les plus élevés dans l’ordre de ce qu’il fait comme cinéma et on sera heureux de saluer l’artiste, la qualité de son engagement dans son cinéma » a ainsi expliqué le délégué général du festival. Tom Cruise sera présent à Cannes le 18 mai 2022 pour la projection de Top Gun : Maverick, dont la sortie est prévue le 25 mai en France et le 27 mai aux États-Unis. Le Festival rendra à cette occasion un hommage exceptionnel à Tom Cruise pour l’ensemble de sa carrière. Tom Cruise est de retour au Festival de Cannes où il n’a fait qu’une seule apparition : c’était le 18 mai 1992, pour la présentation du film Horizons lointains de Ron Howard, projeté en clôture du 45e Festival. Ce soir-là, il avait remis la Palme d’or au réalisateur Bille August pour son film Les Meilleures intentions. Lors de cette journée spéciale, Tom Cruise se livrera dans l’après-midi à l’exercice d’une conversation avec le journaliste Didier Allouch et montera les marches le soir-même à l’occasion de la projection de Top Gun : Maverick, réalisé par Joseph Kosinski.

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    Baz Lurhmann présentera le 25 mai, Elvis. Le réalisateur, scénariste et producteur australien sera au Festival de Cannes pour présenter en avant-première mondiale son dernier film en compagnie de Austin Butler, Tom Hanks, et Olivia DeJonge. Elvis s’attache à la vie et à l’œuvre d’Elvis Presley (Austin Butler), à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker (Tom Hanks). L'histoire plonge dans la dynamique complexe entre Presley et Parker sur plus de 20 ans, de l’ascension à la célébrité de Presley à son statut de star sans précédent, tandis que l’Amérique est traversée par des bouleversements socioculturels majeurs et perd son innocence. Au cœur de ce parcours se trouve l'une des personnes les plus importantes et les plus influentes de la vie d'Elvis, Priscilla Presley (Olivia DeJonge). Elvis de Baz Luhrmann, produit par Bazmark et The Jackal Group sortira en Amérique du Nord le 24 juin 2022 et dans le reste du monde à partir du 22 juin 2022. Baz Luhrmann, cinéaste flamboyant, a marqué la mémoire du Festival de Cannes en étant le seul réalisateur à présenter deux longs métrages en ouverture de la manifestation avec Moulin Rouge ! en 2001, sélectionné en Compétition, et Gatsby le Magnifique en 2013. En 1992, il avait fait sensation lors de la 45e édition du Festival avec son premier film Ballroom Dancing, projeté dans la section Un Certain Regard.

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    Cedric Jimenez, hors compétition cette fois, après le succès de Bac nord, revient à Cannes cette année avec un film intitulé Novembre, un film avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier et Sandrine Kiberlain. Une plongée au cœur de l’Anti-Terrorisme pendant les 5 jours de traque qui ont suivi les attentats du 13 novembre.

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    Nicolas Bedos, également hors compétition, viendra présenter sa comédie policière niçoise qui s’appelle Mascarade avec Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet.

    -  Un jeune cinéaste indien, Shaunak Sen, viendra présenter All that breathes (Tout ce que nous respirons). « Si nous ne faisons pas une section climat  cette année, des cinéastes partout dans le monde posent la question environnementale » a précisé Thierry Frémaux.

    - Le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, capturé et assassiné par l’armée russe début avril à Marioupol. Sa fiancée, Hanna Bilobrova, qui l’accompagnait a pu récupérer les images et les assembler avec Dounia Sichov, la monteuse de Mantas. Le film s’intitule Mariupolis 2 et sera projeté le 19 mai et le 20 mai.

    Dans le cadre de Cannes Première, section initiée l’an passé, seront projetés :

    -  le nouveau film de Rachich Bouchareb, Nos frangins, ce qu’il considère comme le « troisième volet d’une Histoire de France, un film sur la mort de Malik Oussekine »,

    - Marco Bellochio qui avait reçu une palme d’or d’honneur l’an passé viendra présenter un film de télévision, Esterno notte.

    -  Le grec Panos H.Koutras viendra présenter DodoUn dodo, oiseau disparu il y a 3000 ans, fait son apparition à Athènes dans la résidence luxueuse d’une famille au bord de la ruine pour laquelle le compte à rebours a commencé : les 38 heures cruciales et salvatrices qui la séparent du mariage de leur fille avec un riche héritier. Les frontières entre la raison et la folie seront mises à l’épreuve et la situation sera bientôt hors de contrôle.

    - Assayas, quant à lui, viendra montrer quelques épisodes de sa série Irma Vep.

    - Le premier long métrage réalisé par Jasmine Trinca, Marcel !, sera présenté en Séance spéciale.

    - Le 29 avril, deux films ont été ajoutés à la sélection officielle : l’un dans la section Cannes Première  (« AS BESTAS » de Rodrigo Sorogoyen) et l’autre en séance spéciale ( «SALAM » un documentaire de Mélanie « Diam’s », Houda Benyamina, Anne Cissé).

    15 films sont pour l’instant sélectionnés à Un Certain Regard dont 7 premiers films. Thierry Frémaux a également insisté sur le « resserrement autour d’un jeune cinéma d’auteur » dans cette section.

    Depuis 2017, le Prix de la Meilleure Création Sonore récompense un réalisateur  de la sélection Un Certain Regard pour l’excellence sonore de son film. Cette année, c’est le réalisateur Christophe Barratier qui présidera le jury de la 5ème édition du Prix de la Meilleure Création Sonore, entouré de l’actrice Anne Parillaud, du compositeur Greco Casadesus, de la cheffe opératrice  Marie Massiani, et de Janine Langlois-Gandier et Christian Hugonnet, fondateurs du prix. Le jury s’attachera à récompenser la création sonore dans sa dimension la plus large, c’est-à-dire musicale et artistique, mais également rapportée au design sonore (ambiance sonore, effets spéciaux, qualité des voix, spatialisation, niveau sonore, relation image et son). Le Prix de la Meilleure Création Sonore 2022 sera attribué le vendredi 27 mai dans la matinée.


    Parmi les 18 films en compétition :

    - Trois films français dont :

    Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi sur Patrice Chéreau « sur ce qu’est la vie en troupe, la vocation, la capacité des comédiens et comédiennes à endurer la douleur pour parvenir à la douleur l’engagement d’une jeunesse en proie dans ces années-là à la question du sida ».

    Claire Denis avec Stars at noon, un film avec un film à la lisière du polar diplomatique tourné en Amérique centrale.

    Arnaud Desplechin, avec Frère et sœur, avec Marion Cotillard et Melvil Poupaud qui avait présenté en 2021, Tromperie, dans le cadre de Cannes Première. Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps – quand Louis croisait la sœur par hasard dans la rue, celle-ci ne le saluait pas et fuyait… Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents.

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    Également en lice :

    Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Tori et Lokita, l’histoire de deux jeunes Africains exilés en Belgique.

    Kore-eda qui revient après sa palme d’or 2018 pour Une affaire de famille, une « histoire de road movie d’adoption ».

    - le cinéaste belge Lukas Dhont avec Close, il fut lauréat de la Caméra d’or en 2018 avec Girl.

    - James Gray de retour en compétition avec Armageddon time, une chronique d’une jeunesse new-yorkaise dans les années 1980 qui s’annonce très autobiographique, avec Anne Hathaway et Anthony Hopkins.

    - le réalisateur de la Loi de téhéran, Saeed Roustayi pour Leila’s Brothers.

    David Cronenberg sera présent avec Crimes of the Future, une véritable « anthologie » de son œuvre fantastique au casting chic (Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart).

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    - Comme chaque année, la section Cannes Classics nous réserve de belles surprises : La Maman et la putain de Jean Eustache en ouverture, deux épisodes du documentaire-événement d’Ethan Hawke sur Joanne Woodward et Paul Newman, un hommage à Gérard Philipe, les 40 ans de la disparition de Patrick Dewaere, une dernière conversation avec Jean-Claude Carrière, la Cinémathèque brésilienne et Glauber Rocha, le réalisateur philippin Mike De Leon, Arrabal le poète, un chef-d'œuvre de la nouvelle vague tchèque, un portrait de Romy Schneider, un dernier hommage à Fernando Solanas, celui de sa fille à Souleymane Cissé.  Il y aura aussi l’Inde à l’honneur, The Film Foundation et le World Cinema Project, les 70 ans de Singin’ in the Rain, Orson Welles et Kafka, des classiques indémodables de Duvivier et De Sica, The Band de Robbie Robertson filmé pour leur dernier concert. Et enfin un double programme olympique, avec le film officiel des Jeux Olympiques de Munich 1972 réalisé par 8 cinéastes du monde entier et celui, présenté en avant-première mondiale, des Jeux Olympiques de Tokyo, réalisé par Naomi Kawase.

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    - Les « Rendez-vous avec… » sont des rencontres entre les artistes et le public du Festival. Ils « permettent de recueillir la vision et la parole de grandes personnalités du cinéma venues du monde entier. Des moments rares de partage et de cinéphilie, de transmission et d’émotion. Pour cette édition 2022, l’acteur espagnol Javier Bardem, la réalisatrice, actrice et scénariste française Agnès Jaoui, l’acteur danois Mads Mikkelsen ainsi que la réalisatrice et scénariste italienne Alice Rohrwacher viendront à la rencontre des festivaliers.

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    - Depuis 2007, c’est sur le toit du Riviera qu’est installée la Salle du Soixantième, baptisée ainsi à l’occasion du 60e Festival de Cannes. Cette salle, devenue indispensable, s’appellera désormais  « Salle Agnès Varda ».

    - Cinéma de la Plage - Tous les jours à 21h30, en plus des projections, rencontres et événements de la Sélection officielle qui se tiennent au Palais des festivals, le Festival de Cannes se réinvente à la nuit tombée et transforme la plage Macé de la Croisette, située en face de l’hôtel Majestic, en salle de cinéma à ciel ouvert. En accès libre, ce rendez-vous est ouvert à tous les publics et aux festivaliers. La demi-décennie du Parrain, les 40 ans de E.T., l’extra-terrestre, Jim Carrey dans The Truman Show, deux avant-premières, de l’humour rock, du grand spectacle, de l’action, des hommages à Christophe, Jean-Paul Belmondo, Gérard Philipe et Peter Bogdanovich, un karaoké géant et Le Pacte des Loups restauré !

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    En complément :

    - Découvrez mon tout nouveau podcast avec mon interview de Line Toubiana, cofondatrice du Prix de la Citoyenneté dont le jury récompense chaque année un film de la compétition officielle. Line nous expliqué la genèse de ce prix, évoque les précédents lauréats, et nous annonce les membres du jury 2022 ainsi que les évènements organisés dans le cadre du prix pour ce 75ème Festival de Cannes. Je vous invite également à découvrir le site internet du Prix de la Citoyenneté, ici.

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    - En podcast également, l'incipit de mon roman sur le Festival de Cannes, L'amor dans l'âme (Editions du 38 - 2016), à écouter ici. 

    Sélection officielle du Festival de Cannes 2022

    Film d’Ouverture :

    Z (COMME Z) Michel HAZANAVICIUS 

    ***

    En compétition

    Holy Spider d’Ali Abbasi

    Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi

    Crimes of the Future (les Crimes du futur) de David Cronenberg

    Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne

    Stars at noon de Claire Denis

    Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin

    Close de Lukas Dhont

    Armageddon Times de James Gray

    Broker de Hirokazu Kore-eda

    Nostalgia de Mario Martone

    R.M.N. de Cristian Mungiu

    Triangle of Sadness (le Triangle de la tristesse) de Ruben Östlund

    Decision to Leave de Park Chan-wook

    Showing Up de Kelly Reichardt

    Leila’s Brothers de Saeed Roustaee

    Boy From Heaven de Tarik Saleh

    La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov

    Hi-Han (Eo) de Jerzy Skolimowski

    Un Certain Regard

    Les Pires de Lise Akoka et Romane Guéret

    Kurak Günler (Burning Days) d’Emin Alper

    Metronom d’Alexandru Belc

    Retour à Séoul (All the People I’ll Never Be) de Davy Chou

    Sick of Myself de Kristoffer Borgli

    Domingo y la Niebla (Domingo et la brume) d’Ariel Escalante Meza

    Plan 75 de Hayakawa Chie

    Beast de Riley Keough et Gina Gammell

    Corsage de Marie Kreutzer

    Bachennya Metelyka (Butterfly vision) de Maksim Nakonechnkyi

    Vanskabte Land / Volada Land de Hlynur Palmason

    Rodéo de Lola Quivoron

    Joyland de Saim Sadiq

    The Stranger de Thomas M. Wright

    The Silent Twins d’Agnieszka Smoczynska

    Hors compétition

    Top Gun : Maverick de Joseph Kosinski

    Elvis de Baz Luhrmann

    Novembre de Cédric Jimenez

    3000 Years of Longing de George Miller

    Mascarade de Nicolas Bedos

    Séances de Minuit :

    HUNT LEE Jung-Jae

    FUMER FAIT TOUSSER Quentin DUPIEUX

    MOONAGE DAYDREAM Brett MORGEN

    Cannes Première :

    DODO Panos H. KOUTRAS

    ESTERNO NOTTE Marco BELLOCCHIO

    IRMA VEP Olivier ASSAYAS

    NOS FRANGINS Rachid BOUCHAREB

    Séances Spéciales :

    JERRY LEE LEWIS: TROUBLE IN MIND Ethan COEN

    THE NATURAL HISTORY OF DESTRUCTION Sergei LOZNITSA

    ALL THAT BREATHES Shaunak SEN

    COMPLEMENTS DE SELECTION 

    (annoncés le 21/04/2022)

     

    COMPETITION

    LE OTTO MONTAGNE  de Charlotte Vandermeersch, Felix Van Groeningen 

    UN PETIT FRÈRE de Léonor Serraille 

    A la fin des années 1980, Rose arrive d'Afrique et emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. De cette installation jusqu’à nos jours, le portrait d'une famille ordinaire.

    TOURMENT SUR LES ÎLES d'Albert Serra 

    CANNES PREMIERE

    DON JUAN de Serge Bozon 

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    LA NUIT DU 12 de Dominik Moll 

    CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE de Emmanuel Mouret

    SEANCE DE MINUIT

    REBEL Adil El Arbi, Bilall Fallah Belgique

    UN CERTAIN REGARD

    PLUS QUE JAMAIS Emily Atef 

    MEDITERRANEAN FEVER Maha Haj 

    LE BLEU DU CAFTAN Maryam Touzani 

    HARKA Lotfy Nathan (1er film)

    SEANCES SPECIALES

    MI PAIS IMAGINARIO Patricio Guzmán (Documentaire)

    THE VAGABONDS Doroteya Droumeva  (1er film)

    RIPOSTE FÉMINISTE Marie Perennès, Simon Depardon 
    (Documentaire - 1er film)

    RESTOS DO VENTO Tiago Guedes 

    LE PETIT NICOLAS QU’EST-CE QU’ON ATTEND POUR ÊTRE HEUREUX ? Amandine Fredon, Benjamin Massoubre (Animation - 1er film)

     

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    Mais aussi, quelques informations complémentaires en vrac  ... :

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    - France Télévisions, partenaire officiel du Festival de Cannes 2022. Les films à voir sur la plateforme :

    A l’occasion du Festival de Cannes 2022, des films de Xavier Dolan, Céline Sciamma, Lars Von Trier et d’autres sont en accès gratuit sur la plateforme de France Télévisions (désormais partenaire officiel du festival), France TV Cinéma. Voici ma sélection (cliquez sur les titres pour accéder à mes critiques) :

    Juste la fin du monde de Xavier Dolan

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    Biutiful de Alejandro Gonzalez Inarritu

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    Timbutku de Abderrahmane Sissako

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    Copie conforme de Abbas Kiarostami

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    Et à voir le 22 mai à 21H10 sur France 2, Les plus belles années d’une vie de Claude Lelouch, dont je vous avais raconté la mémorable projection cannoise, ici.

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    - Créée en 2016 à l’occasion du Festival International du Film de Cannes, la Semaine du Cinéma Positif, placée sous les auspices du Festival de Cannes, consacre un cinéma qui change notre regard sur le monde, éveille les consciences, interroge son industrie et met son art au service des générations futures. Le cinéma positif rassemble, fait bouger les lignes, influence nos modes de pensées, nos comportements et invite les citoyens du monde entier à s’engager. Trois journées d’activités sont ainsi programmées pour le Festival de Cannes 2022. Des projections d’une sélection de films positifs, gratuites et ouvertes à tous, en plein air et en partenariat avec la Ville de Cannes. Des conférences sur la plage du CNC en présence de personnalités et professionnels du cinéma. Remise du prix du meilleur film positif à un film de la sélection officielle du Festival de Cannes. Des masterclass grand public, en partenariat avec la FNAC et professionnels, à destination des étudiants en cinéma, en partenariat avec le Campus Georges Méliès. Pour connaître le programme détaillé, rendez-vous, ici, sur le site de l’Institut de l’Economie Positive.

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    Europcar, depuis 25 ans, loueur Officiel du Festival de Cannes, à l’occasion de l’anniversaire de ce partenariat historique,  déroule le tapis rouge de cette 75ème édition, en organisant un jeu concours pour faire gagner un séjour digne d’une star de la Croisette. Au programme : traitement VIP, montée des marches et rencontre avec le photographe en vogue sur le digital : Jonathan Bertin.  Du 5 mai au 14 mai sur www.europcarcannes25ans.com, vous pourrez ainsi participer au tirage au sort et tenter de remporter votre séjour exclusif à Cannes tout compris. Le tirage au sort aura lieu le 17 mai et tous les détails de la prise en charge seront transmis aux gagnants avant le 18 mai. 

    Catégories : OUVERTURE (cérémonies/films) Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Sélection officielle du 75ème Festival de Cannes

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    Cliquez ici pour accéder à mon article détaillant la sélection officielle du 75ème Festival de Cannes, à lire sur Inthemoodforcinema.com.

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  • Critique de LA FRACTURE de Catherine Corsini (compétition officielle - Festival de Cannes 2021)

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    Ce film figurait en compétition officielle du Festival de Cannes 2021 puis fut présenté à Deauville dans la section « L’heure de la Croisette ».

    Dans Partir, Suzanne (Kristin Scott Thomas) menait une vie bien (trop) tranquille avec son mari médecin (Yvan Attal) dans une belle maison, glaciale, à l’image de ce dernier, avant de rencontrer Ivan (Sergi Lopez), un ouvrier espagnol employé au noir vivant de petits boulots et ayant fait de la prison, chargé de leurs travaux. Un accident allait les rapprocher et bientôt une passion irrépressible les emporter. Dans ce film déjà, Catherine Corsini confrontait ainsi des mondes qui n’auraient pas dû se rencontrer. C’était aussi le sujet au centre du palpitant et bien nommé Trois mondes, un film s’inspirant du cinéma de Sautet et de celui d’Hitchcock, entre histoire d’amour et thriller. Dans son dernier film, Un amour impossible, deux mondes se télescopaient aussi : celui de Rachel (Virginie Efira), modeste employée de bureau, et celui de Philippe (Niels Schneider), brillant jeune homme issu d'une famille bourgeoise. Cette fois encore, dans La Fracture, ce sont donc des mondes qui se confrontent. Des genres cinématographiques qui se mêlent aussi.

     Cela commence pour un réveil en sursaut comme celui auquel nous invite Catherine Corsini. Raf (Valeria Bruni-Tedeschi) envoie une salve de textos furieux à sa compagne Julie (Marina Foïs) qui dort profondément à ses côtés. Elles sont au bord de la rupture. En voulant rattraper Julie, Raf chute et se retrouve dans un service d’Urgences proche de l'asphyxie le soir d'une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann (Pio Marmaï), un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l'extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…

    Dès ce réveil brusque, La Fracture nous emporte dans un tourbillon porté par la caméra à l’épaule de Catherine Corsini aidée de sa cheffe opératrice Jeanne Lapoirie, et ne nous lâchera plus, si ce n’est le temps de quelques pas dans un Paris faussement apaisé. Le rire est constamment au bord des larmes. La colère laisse parfois affleurer un instant de douceur. Catherine Corsini n’a en effet pas son pareil pour marier les paradoxes et nous emporter dans ce maelstrom d’émotions porté par une énergie folle. L’humour, aux frontières du burlesque, en une fraction de seconde, vient désamorcer ce cauchemar suffocant, parfois par le comique de répétition (les chutes, nombreuses, de Raf). Le film lorgne aussi du côté du documentaire en dressant un état des lieux terrifiant (et malheureusement réaliste) de l’hôpital en pleine implosion qui se décompose même au sens propre. L’infirmière Kim a ainsi enchaîné six nuits de garde alors que la loi n’en permet pas plus de trois. Le personnel est en grève. Tous les services de psychiatrie étant fermés, les urgences reçoivent aussi ceux qui devraient y être.  Certains meurent dans la solitude.

    Dans ce chaos et ce huis-clos, la cohabitation forcée va conduire des êtres qui n’auraient jamais dû se côtoyer à se rapprocher. Là, il n’y a pas de privilèges, plus de barrières sociales. Un routier et une dessinatrice peuvent se retrouver dans la même situation de détresse, face au même infirmier désabusé et insensible. Ou une éditrice parisienne peut croiser un ancien camarade de Valenciennes venu à Paris pour manifester. La fracture (sociale) provient avant tout d’un manque de dialogue, d’écoute, d’un vacarme assourdissant. La fracture (physique) va les rapprocher.

    Les acteurs sont pour beaucoup dans cette réussite au premier rang desquels des comédiens non professionnels comme Aissatou Diallo Sagna (nommée au César de la meilleure actrice dans un second rôle). Elle est absolument bouleversante dans le rôle de l’infirmière Kim. Valeria Bruni-Tedeschi (nommée pour le César de la meilleure actrice) est une Raf à la fois exaspérante et touchante, égocentrique et attachante, et surtout blessée dans tous les sens du terme. Quant à Pio Marmaï (également nommé, pour le César du meilleur acteur), il incarne l’énergie du désespoir avec une conviction qui force l’admiration.

    Et puis il y a ce dernier plan, d’une tristesse implacable, qui témoigne d’un répit illusoire et nous laisse comme l’infirmière : abattus, impuissants, sidérés devant cette situation suffocante. Catherine Corsini, une fois de plus, avec cette tragicomédie sociale, a su brillamment marier les genres et faire se côtoyer les mondes pour nous emporter avec elle dans ce tourbillon à la fois drôle et désespéré sur la fracture et les maux d’une époque. Un cri d’alerte retentissant et surtout  clairvoyant.

    Catégories : COMPETITION OFFICIELLE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • JUSTE LA FIN DU MONDE de Xavier Dolan - Grand Prix du Festival de Cannes 2016 (ce soir, sur Arte)

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    Ce soir, sur Arte, à 20H55, ne manquez pas Juste la fin du monde de Xavier Dolan. Comment  ne pas penser à ce film bouleversant avec la tragique disparition de Gaspard Ulliel, un film placé sous le sceau de la mort et de la fatalité ? Il y est remarquable dans le rôle du « roi » Louis, personnage auquel son interprétation magistrale  apporte une infinie douceur. Dans la lenteur de chacun de ses gestes, dans la tendresse mélancolique de chacun de ses regards et dans chacun de ses silences, il semble ainsi crier sa détresse indicible. 

     Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde se déroule sur une après-midi. Un jeune auteur, Louis (incarné par Gaspard Ulliel), après 12 ans d’absence, retrouve sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine. Il y a là sa mère (Nathalie Baye), son frère aîné (Vincent Cassel), sa petite soeur (Léa Seydoux) et sa belle-sœur qu’il rencontre pour la première fois (Marion Cotillard).

    Dès les premiers plans, dans cet avion qui emmène Louis vers sa famille et dès les premières notes et la chanson de Camille (dont le titre résonne comme un poignant avertissement, Home is where it hurts), une fois de plus, Dolan m’a embarquée dans son univers si singulier, m’a happée même, m’a enfermée dans son cadre. Comment ne pas l’être quand à la force des images et de la musique s’ajoute celle des mots, avec la voix de Louis qui, off, nous annonce son funeste programme : « leur annoncer ma mort prochaine et irrémédiable. En être l’unique messager. […] Me donner, et donner aux autres, une dernière fois, l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître. » Tout ce qu’il ne parviendra jamais à dire, une annonce qui place les 1H35 qui suivent sous le sceau de la fatalité, et nous mettent dans la situation rageuse et bouleversante de témoin impuissant.
    J’ai eu la sensation de retenir mon souffle pendant 1H35, un souffle suspendu aux mots de Louis et de sa famille, et plus encore à leur silence, et de ne recommencer à respirer que bien après cette fin et ce dernier plan, sans aucun doute le plus beau du 69ème Festival de Cannes dans le cadre duquel le film fut projeté.

    Louis est un auteur, un homme des mots et pourtant, ici, ses mots sont vains. Ils ne servent qu’à cacher, qu’à taire ce que les silences semblent crier avec éloquence. Sur le chemin qui  mène Louis vers sa famille, une pancarte entrevue sur le côté de la route interroge « Besoin de parler ? ». Oui, certainement, mais comment quand les logorrhées des uns et des autres l’en empêchent, quand sa famille ne sait communiquer que dans l’ironie, la colère ou l’invective ? Certains, peut-être, diront qu’il ne se passe rien. Sans doute n’auront-ils rien vu de tout ce que sous-entendent les regards, les silences, les excès, les cris, le bruit et la fureur. C’est pourtant hitchcockien. Un regard, un souffle, un mot de travers, un silence paralysant et tout semble pouvoir basculer dans l’irréversible. Le spectateur est à l’affut du moindre souffle, du moindre murmure, du moindre frémissement. Le MacGuffin, ce sont ces mots prononcés dans l’avion à l’attention du spectateur et qui attendent d’être délivrés et de s’abattre. Menace constante.


    La caméra de Dolan, par les gros plans dont est majoritairement composé le film, entoure, enserre, emprisonne, englobe les visages, au plus près de l’émotion, pour capter le mensonge, le non-dit, pour débusquer ce qui se cache derrière le masque, derrière l’hystérie. Elle les asphyxie, isole Louis dans sa solitude accablante, absolue, les met à nu, les déshabille de ces mots vains, déversés, criés qui ne sont là que pour empêcher l’essentiel d’être dit. Comme un écho au format 1:1 qui, dans Mommy, par ce procédé et ce quadrilatère, mettait au centre le visage -et donc le personnage-, procédé ingénieux, qui décuplait notre attention. Dans Les Amours imaginaires, la caméra de Xavier Dolan était aussi au plus près des visages, ignorant le plus souvent le cadre spatial à l’image de cet amour obsédant qui rendait les personnages aveugles au monde qui les entourait. La mise en scène non seulement y épousait déjà le propos du film mais devenait un élément scénaristique : puisque les protagonistes s’y « faisaient des films » (l’un se prenant pour James Dean, l’autre pour Audrey Hepburn), et étaient enivrés par leur fantasmagorie amoureuse, le film en devenait lui-même un vertige fantasmatique.


    Mais revenons à Juste la fin du monde. Que de douleur, de beauté, de significations dans les silences comme lors de cette scène, sublime, quand Louis prend sa mère dans les bras, qu’il s’y blottit, et qu’une petite parcelle de lumière caresse son visage en grande partie dans la pénombre, et que la musique sublime l’instant, qu’il regarde le vent qui s’engouffre dans les rideaux comme un appel de la vie qui s’enfuit. Que de choses la sensible Catherine dit-elle aussi dans ses silences, dans son flot de phrases absconses, dans ses hésitations, dans ses répétitions, elle qui semble dès le début savoir, et implorer une aide, elle que tout le monde semble mépriser et qui a compris ce que tous ignorent ou veulent ignorer ? Marion Cotillard, dans un rôle radicalement différent de celui de cette femme sauvagement vivante, enfiévrée, en quête d’absolu, qu’elle incarne dans le film de Nicole Garcia Mal de pierres (également en compétition officielle du Festival de Cannes la même année) semble converser dans ses silences.Cette souffrance étouffée tranche chacun des silences.


    Nathalie Baye, comme dans Laurence Anyways incarne la mère, ici volubile, outrancièrement maquillée, comme pour mieux maquiller, masquer, cette vérité qu’il ne faut surtout pas laisser éclater.
    Le langage est d’ailleurs au centre du cinéma de Xavier Dolan. Suzanne Clément, dans Mommy, mal à l’aise avec elle-même, bégayait, reprenant vie au contact de Diane et de son fils, comme elle, blessé par la vie, et communiquant difficilement, par des excès de violence et de langage, déjà. Et dans Laurence Anyways, Laurence faisait aussi de la parole et de l’énonciation de la vérité une question de vie ou de mort : « Il faut que je te parle sinon je vais mourir » disait-il ainsi. Placé sous le sceau de la mort et de la fatalité écrivais-je plus haut, Juste la fin du monde n’en est pas moins parsemé de scènes étincelantes. Ainsi, quand Louis s’évade dans le passé, tout s’éclaire et rend le présent encore plus douloureux. La musique, de Gabriel Yared apporte une note romanesque à l’ensemble, et des musiques judicieusement choisies et placées, souvent diégétiques, constituent des entractes musicaux et des échappées belles et lumineuses, presque oniriques, qui nous permettent de respirer comme cette chorégraphie de la mère et de la sœur de Louis sur un tube d’O-Zone ou lors de réminiscences d’un amour passé sublimé par le souvenir.


    Une fois de plus Xavier Dolan nous envoûte, électrise, bouleverse, déroute. Chaque seconde, chaque mot ou plus encore chaque silence semblent vitaux ou meurtriers. J’en suis ressortie épuisée, éblouie, après une fin en forme de valse de l’Enfer qui nous embrasse dans son vertige étourdissant et éblouissant, un paroxysme sans retour possible. Comme une apothéose : une fin du monde. Comme le bouquet final d’une démonstration implacable sur la violence criminelle de l’incommunicabilité. Tellement symptomatique d’une société qui communique tant et finalement si mal, incapable de dire et d’entendre l’essentiel (ce qu’avait aussi si bien exprimé un film primé du prix de la mise en scène à Cannes, en 2006, Babel).


    Xavier Dolan se fiche des modes, du politiquement correct, de la mesure, de la tiédeur et c’est ce qui rend ses films si singuliers, attachants, bouillonnants de vie, lyriques et intenses. Que, surtout, il continue à filmer  les personnages en proie à des souffrances et des passions indicibles, qu'il continue à les filmer ces passions (et à les soulever), à préférer leur folie à « la sagesse de l’indifférence ». Surtout qu’il continue à laisser libre cours à sa fougue contagieuse, à nous happer dans son univers, et à nous terrasser d’émotions dans ses films et sur scène, comme lors de son discours de clôture qui avait marqué la fin de ce 69ème Festival de Cannes.

    Remarque : le film a été produit par Nancy Grant à qui on doit notamment la production de Mommy mais aussi du  très beau Félix et Meira de Maxime Giroux.

    Catégories : A LA TELEVISION Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Littérature - L'ECHELLE DES JACOB de Gilles Jacob

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    Selon Oscar Wilde, «L’émotion nous égare : c’est son principal mérite.» Alors, sans doute faudra-t-il me pardonner les égarements et digressions de cet article dicté uniquement par l’émotion suscitée par ce livre, le dernier de Gilles Jacob intitulé « L’échelle des Jacob » (Grasset), en librairie aujourd'hui. 

    En 2014, lorsque Gilles Jacob quitta la présidence du Festival de Cannes (tout en restant à la tête de la Cinéfondation qu'il a créée), s'afficha sobrement derrière lui sur la scène du festival un discret "Au revoir les enfants", une révérence tout en malice et pudeur. Mais aussi une référence à un moment crucial de son histoire, de l'Histoire. 70 ans après, comme un signe aux méandres du destin. Ce moment terrible  où tout aurait pu basculer. Où s'il n'était pas resté immobile et silencieux dans l'ombre, jamais il ne serait retrouvé sous les projecteurs du Festival de Cannes, à mettre les autres en lumière...

    Ainsi, cette histoire-là, celle de L’échelle des Jacob ne commence pas sous les flashs du Festival de Cannes mais dans une ferme en Lorraine, là où un certain Auguste Jacob, le grand-père de Gilles Jacob décida de monter à Paris. Le début de l’histoire d’une famille française. Avec ses « heures de gloire, celle de son père André, héros de la Première guerre, du cousin François, Compagnon de la Libération et prix Nobel. Mais aussi avec ses heures sombres (l’Occupation, l’exode, un dramatique secret). » « J’ai voulu raconter un peu plus qu’une affaire de famille. Une histoire française prise dans la tourmente du siècle et les tourments intimes » nous explique Gilles Jacob. C’est en effet un peu plus. Beaucoup plus. Ici, on oublierait presque que l’auteur de ce livre est celui qui, depuis 1964, a fréquenté le festival « 52 fois 3 semaines, 5 ans » de sa vie (comme journaliste, comme directeur, comme président.) Ce n’est pas le sujet. Dans chaque page palpite ainsi cet amour éperdu, et non moins lucide, du cinéma, de ses artistes et de ses artisans, écrivis-je ici à propos de son remarquable Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes (je vous invite à retrouver; ici, mon article à propos de ce livre indispensable pour tout amoureux du cinéma).

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    Gilles Jacob dont chaque livre est une déclaration d’amour, au cinéma et à ceux qui le font, a cette fois décidé de faire une déclaration d’amour, non pas au cinéma (même si, bien évidemment il se glisse dans ces pages) mais à sa famille, aux siens. Tout comme, dans le dictionnaire précité, cette déclaration d’amour au cinéma n’en était pas pour autant aveugle, levant le voile sur certains secrets sans jamais être impudique ni faire perdre au cinéma, à ceux qui le font et au festival, de leur mystère, Gilles Jacob livre ici avec lucidité le voile sur certains secrets de famille sans jamais que cela soit impudique. Je me souviens de la mélancolie poignante qui émanait des dernières pages de son roman Un homme cruel. De «ce quelque chose plus fort que la mélancolie », aussi, dont il parlait déjà dans J’ai vécu dans mes rêves comme un écho au chapitre Vieillir de son livre Le festival n’aura pas lieu, un chapitre sur le temps, ogre impitoyable, nous rappelant l’essentiel aux ultimes instants ou même parfois trop tard. Comme dans ses précédents ouvrages, Gilles Jacob n’est jamais aussi juste que lorsqu’il laisse la mélancolie affleurer. Avec les fantômes qu’elle transporte. De l’enfance. Des regrets. De la nostalgie. De la mort qui rôde. Du « long cortège des ombres ». Déjà, dans La vie passera comme un rêve, en 2009, autobiographie entre rêve et réalité, (dé)construction judicieuse à la Mankiewicz ou à la Orson Welles (celui à qui il doit son amour du cinéma), derrière les lumières de la Croisette, Gilles Jacob nous laissait deviner les ombres mélancoliques de l’enfance. Déjà, dans Les pas perdus, en 2013, il jonglait avec les mots et les films mais aussi avec les années et les souvenirs. Un voyage sinueux et mélodieux dans sa mémoire composée de rêves derrière lesquels on devinait les souvenirs, plus sombres, de celui qui a « vécu dans ses rêves ». Déjà, dans Le Festival n’aura pas lieu, en 2015, derrière les traits de Lucien Fabas se faufilait cette même mélancolie de son auteur. Déjà, dans Un homme cruel, en 2016, ce voyage à travers la vie romanesque de Sessue Hayakawa, l’histoire vraie d’une star tombée dans l’oubli, l’éternelle histoire de la versatilité du public et du succès, de la gloire éblouissante et de l’oubli assassin, de la dichotomie entre son être et l’image, oui, déjà s’esquissait le portrait de son auteur.

    Alors, sans doute, chacun de ces livres contenaient-ils les prémisses de celui-ci. Après tout, un roman n’est-il pas toujours une vérité légèrement mensongère ? La vérité légèrement mensongère de son auteur. Ses précédents romans ne devaient-ils pas mener logiquement à ce livre dont la phrase d’exergue, de John Updike, dans le si bien nommé Les larmes de mon père, en dit tant et si bien ? « Il est facile d’aimer les gens dans le souvenir ; la difficulté est de les aimer quand ils sont en face de vous. »

    Le récit épique de l’acte de bravoure de son père à la guerre 1914 par lequel débute le livre nous emporte d’emblée. Cette figure charismatique, sévère, complexe aussi, dont le portrait se dessine dans ces pages, tout en conservant une part de mystère insondable. C’est un passionnant voyage dans l’Histoire du 20ème siècle mais surtout dans le parcours et les tourments d’un homme et de sa famille. De l’insouciance d’avant-guerre « années de grande insouciance mais je ne le savais pas. On s’habitue facilement au bonheur » dans une bourgeoisie qui fait parfois songer à La Règle du jeu et Journal d’une femme de chambre, là où « le septième art était considéré avec dédain », de sa vocation de cinéphile qu'il doit à Miss Prosper, des vacances dans le cadre majestueux de L’Hermitage de Nice à l’Alumnat du Saint-Rosaire où il fut caché pendant la guerre. Deux mondes. Deux époques. Plusieurs vies. Avec lui, on se retrouve à l’hôtel Hermitage. Avec lui, on effectue cet exode, ce « voyage qu’il allait voir et revoir avec précision toute sa vie ». On sait que cela se finira bien pour lui. Mais on tremble, malgré tout. Pour l’enfant roi, « l’enfant-moi » du Boulevard Haussmann, celui qui un jour de 1944, à Nice échappa à la Gestapo (notamment grâce au barman Adolphe, cela ne s’invente pas !), et qui un autre jour, à l’Alumnat, se cacha derrière l’orgue de la chapelle pour survivre à l’intrusion des Allemands (la fameuse scène d’Au revoir les enfants de Louis Malle), celui qui, après les années d’insouciance, grandit « sans connaître autre chose que la peur ».

    Vous y croiserez bien sûr aussi quelques figures du cinéma comme Claude Chabrol, son camarade du lycée, qui lui enseignait le roman noir américain et le jazz ou encore Truffaut qui commençait toutes ses phrases « par oui, oui » même pour dire non. Vous y lirez ses débuts de critique avec la revue Raccords qu’il créa en 1949, ces deux vies qu’il mena de front, celle de critique et celle à la tête l’entreprise de son père, rôle lui fut imposé et qu’il est passionnant de découvrir. Il fut ainsi en même temps et pendant des années directeur à  la Toledo, là où il « apprit la nécessité de trancher » et critique. 

    Mais ceux que vous n’oublierez pas en refermant ces pages, ce sont surtout Denise, André, Jean-Claude, François, Jeannette. Sa mère. Son père. Son frère. Son cousin. Son épouse.

    Ce que vous n’oublierez pas en refermant ces pages, c’est le portrait magnifique de sa mère, leur « lien indéfectible, plus fort que tout », malgré la gifle d’enfance, malgré le temps dévoreur. Celle qui « a été là ». Toujours. Envers et contre tout. Celle qui lisait les entretiens d'Hitchcock et Truffaut en cachette.

    Ce que vous n’oublierez pas c’est son regard, le sens de la formule. Son regard acéré, lucide, mais toujours dénué de cynisme et d’esprit de revanche. Même quand il évoque les courtisans, qu’il égratigne doucement, même si là non plus n’est pas le sujet : « Lorsqu’on est au pouvoir, tout le monde est votre ami, on s’en aperçoit d’autant plus lorsqu’on n’y est plus. » Je repense à son injuste éviction du conseil d'administration du festival à la renommée et à l'essor duquel il a tant contribué, je repense à ses pages sur Ridicule de Patrice Leconte dans son Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes, film que je ne peux en effet jamais voir sans penser au festival tant ceux prêts à tuer pour et avec un bon mot, pour voir une lueur d'intérêt dans les yeux de leur public roi, pour briller dans le regard  du pouvoir ou d'un public, fut-ce en portant une estocade lâche, vile et parfois fatale, dans leur quête effrénée du pouvoir et des lumières, rappellent tant les manigances de certains au moment du festival : « Un triomphe salué comme tel. Entourages de ministres, de hauts fonctionnaires, de puissants, voire de directeurs de festivals, salués de rire devant ce ballet des courtisans sans voir le miroir que Leconte leur tendait », raconte ainsi Gilles Jacob dans son dictionnaire.

    Ce que vous n’oublierez pas, c’est qu’il lui a toujours fallu se « battre pour obtenir des choses qui n’étaient pas évidentes ou qui paraissaient trop faciles à première vue. » Ce que vous n’oublierez pas, c’est l’enfance de celui qui fut « pendant trente-huit années l’otage et l’amant du Festival de Cannes » malgré sa « timidité maladive » et son « désordre légendaire ».

    Ce que vous n’oublierez pas, c’est le portrait de son père, qui aurait pu être un personnage de cinéma, qu’il dépeint sans manichéisme, homme dur, malgré les souvenirs de rares éclats de tendresse de l’enfance, dont on se dit que malgré tout, il parvint à « l’aimer dans le souvenir ».

    Une histoire française. La sienne. Intime mais toujours pudique, écrite avec la délicatesse, l'attention aux autres et l'élégance morale qui caractérisent son auteur. Une histoire dont il a « gardé aussi l’envie de mordre la vie à pleines dents, la vie simple, l’amour de la famille, de ma femme, le rire d’un enfant, l’harmonie d’une sonate, la page d’un livre souvent lu, le partage d’un repas. L’envie, comme tout le monde, d’être heureux. » L’envie dont ce livre transpire. Malgré les drames. Malgré les obstacles. L’envie de « tenir bon et prendre la vie comme elle vient » parce qu’ «il n’y a pas le choix », comme le dit cette citation qu’il emprunte à Philip Roth.

    Et puis comme ça, sans prévenir, au fur et à mesure que se tisse l'histoire et que se dévorent les pages, comme un flot impétueux et ravageur, ses mots et l’émotion vous emportent, vous submergent, vous laissent ko. Quand les liens se distendent avec André (et pour cause, vous verrez !) et que ressurgissent les souvenirs de l’enfant à qui il apprit à monter à bicyclette. Réminiscences foudroyantes de l’enfance. Malgré tout. Il le nomme aussi André mais aussi « mon père », « papa », « p’pa ». Valse des identités et sans doute des sentiments à l’égard de celui qui fit souffrir Denise mais qui fut aussi le « petit gars de Nancy », soldat, marchand de biens, de nouveau soldat, prisonnier de guerre, directeur de société. La complexité d’une histoire française. Comme une autre. Et si  singulière. Quand il raconte cette nuit de 2014 au Carlton, l’année de sa dernière présidence, dans laquelle perce la nostalgie et que remontent aussi les souvenirs de « l’élégance viscontienne de l’hôtel Hermitage », lorsque le personnel leur fit une haie d’honneur à Jeannette et lui, cette « attention précieuse ». Et que son épouse, partageant son émotion, presse son bras. Toujours d'ailleurs, l'émotion, subrepticement, surgit, quand il parle de sa femme, Jeannette. Et cette phrase m'a bouleversée : « Quand nous ne serons plus là, je sais que je penserai toujours à elle ». Nous rappelant son récit à propos de ce film japonais vu à Chinatown mettant en scène ces amants inséparables dont on se demande presque s’il ne l’a pas inventé, comme une parabole de leur propre histoire. Quand il évoque sa mère, toujours aussi, et qui « Un matin de 1985 », « le 23 décembre », « ne se réveilla pas ». Quand il écrit cette phrase poignante à propos de son frère « J’ai pensé « C’est à toi maintenant de le protéger », et je n’ai pas su le faire. » Quand il n’arrête pas de penser que son père est mort seul. Toutes ces fois, l’émotion nous saisit, grandit, m’a saisie parce que si ce récit est personnel, il est aussi universel en nous renvoyant à nos disparus, que nous aurions toujours pu mieux protéger, aimer, comprendre, étreindre. Et aux regrets qui eux aussi nous étreignent.

    Jusqu’à la phrase finale que je vous laisse découvrir, à laquelle on ne peut que répondre que oui, sans le moindre doute, désormais, Jeannette, Denise, André, François, Jean-Claude, et même Auguste et Lambert, ses grands-pères, qu’il ne connut jamais, et même les rôles secondaires et pourtant tellement essentiels comme le barman Adolphe, le père Bruno, un Juste, ils feront partie de notre univers, seront intégrés à la mémoire de notre propre vie, à la farandole de personnages qui la peuple. Comme le sont toujours les personnages d’un livre qu’on n’oublie pas. Auquel des personnages marquants procurent vie, force, singularité, émotion. Un peu plus parce qu’ils furent réels. Et désormais immortels grâce à L’échelle des Jacob. Non, cher Gilles Jacob, vous ne serez plus seul à vous souvenir. Merci pour ce livre, cette « opération de séduction », victorieuse indéniablement. Merci pour eux. Merci à la boîte rouge en carton bouilli d’avoir réveillé les souvenirs enfouis. J’ai terminé cette lecture le cœur chaviré, et étrangement avec un peu de baume sur les blessures de l’âme ébréchée des fêlures incurables laissées par ses irremplaçables absents. Le cœur chaviré, enfin, en pensant aux larmes de nos pères qui charrient tant de mystères. Et en pensant qu’il n’est jamais trop tard pour tenter de les comprendre.

    Catégories : LIVRES Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • JANE PAR CHARLOTTE de Charlotte Gainsbourg - Sélection Cannes Première 2021 - En salles ce 12/01/2022

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    Les magnétiques. Tel est le titre du sublime film de Vincent Maël Cardona présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Tel pourrait aussi être celui de ce documentaire. Parfois les films qui provoquent les voyages les plus intenses ne sont pas les plus clinquants ou démonstratifs.  Quelques mots sur le documentaire projeté dans le cadre de « Cannes Première » intitulé  « Jane par Charlotte» dans lequel Charlotte Gainsbourg « capture l'instant présent » reprenant ainsi les mots et la démarche de Varda (le titre se réfère à "Jane B. par Agnès V") mais avec sa singularité et sa sensibilité, à fleur de peau. Un dialogue intime mais jamais impudique entre Gainsbourg et Birkin qui, pendant 3 ans et avec un dispositif minimaliste, au gré des voyages, du Japon à la Bretagne en passant par les États-Unis, et au gré de l’évocation des « petits riens » devient un dialogue universel entre une mère et sa fille, un zoom progressif d'une fille sur sa mère, sans fards. Jane Birkin y apparaît telle qu’elle est : sans méfiance, fantasque, empathique. Mais aussi seule, insomniaque, tourmentée. Tourmentée par les deuils et leurs chagrins inconsolables. La maladie. Le drame ineffable la perte de sa fille Kate. Le temps insatiable et carnassier qui altère la beauté et emporte les êtres chers. Au milieu de tout cela, la visite « comme dans un rêve » de la maison de la rue de Verneuil, l'ombre de Serge Gainsbourg et les silences éloquents et émouvants. Le portrait d’une femme majestueuse. Un portrait qui s’achève par la voix mélodieuse et les mots bouleversants de sa fille se livrant à son tour, enfin, et évoquant la peur terrifiante et universelle de la perte de sa mère et qui, par ce film, tente d'appréhender l'inacceptable, de l'apprivoiser, de retenir chaque poussière d’instant en compagnie de celle dont l'intermédiaire de la caméra lui permet paradoxalement de se rapprocher. Un bijou de tendresse et d’émotion portée par une judicieuse BO (de Bach aux interludes électroniques de Sebastian). D’humour aussi, d'humour beaucoup, grâce au regard décalé, espiègle et clairvoyant que Jane Birkin porte sur elle-même, la vie, les autres, mais aussi celui que sa fille porte sur sa mère. Un film comme elles, réservées et terriblement audacieuses : riche de leurs séduisants paradoxes. Léger dans la forme et teinté de touches de gravité. Libre aussi. Et encore cela : délicat, iconoclaste, éperdument vivant et attachant. Un documentaire qui, en capturant le présent et sa fragilité, nous donne une envie folle d’étreindre chaque seconde de notre vie et aux filles de s'accrocher à leurs mères comme elles deux dans ce dernier plan avec l'illusion d'empêcher ainsi l'inexorable, que la vague effroyable de l'impitoyable faucheuse ne les emporte un jour, à tout jamais...
    Je voudrais remonter le temps. Redevenir celle qui, en 1999, avait eu la chance de partager 5 jours mémorables avec Jane Birkin en tant que membre d'un jury qu'elle présidait au Festival du Film Britannique de Dinard (petite digression pour vous dire que la 32ème édition 2021 a lieu en ce moment, jusqu’au 3 octobre). Et lui dire à quel point sa bienveillance, cette confiance sans filtre envers les autres qui transpire dans ce documentaire, m'avaient émue...Et lui dire merci tout simplement.  Alors merci Jane et merci Charlotte Gainsbourg pour ce portrait qui entremêle les émotions, nuancé aussi à l'image du film de clôture de ce festival, le magistral dernier long-métrage de Yvan Attal, "Les choses humaines" dont je vous parlerai plus tard. "Jane par Charlotte" sort en salles le 27 octobre. Et vous l'aurez compris : je vous le recommande vivement. 

    Catégories : CANNES PREMIERE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Où loger lors du prochain Festival de Cannes ?

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    À six mois de la 75ème édition du Festival de Cannes qui aura lieu du 17 au 28 Mai 2022 et alors que l’édition 2021 s’est achevé le 17 juillet dernier (l’édition 2020 n’avait pas réellement eu lieu en raison de la pandémie même si les organisateurs du Festival avaient néanmoins présenté une sélection de films dont certains furent notamment projetés dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021 à l’occasion duquel je vous en avais parlé), il est temps de songer à réserver votre logement pour disposer du plus large choix possible et de tarifs encore (relativement) abordables, que vous optiez pour un appart hotel à Cannes ou pour un hôtel de luxe.

    Même si désormais les sociétés ne réservent plus pour la totalité du festival comme ce fut longtemps le cas, il n’en demeure pas moins que trouver un logement pendant le festival reste un défi de taille, avec pour impératifs d’être logé non loin du centre névralgique du festival, à savoir le Palais des Festivals, et de trouver un logement abordable.

    En plus de vingt ans de festivals, j’ai expérimenté toutes sortes de logements, de la résidence Pierre et vacances de Cannes La Bocca où je fus logée la première fois lorsque j’avais remporté le concours du Prix de la jeunesse (une lettre de motivation et des critiques de films) qui m’avait permis d’être invitée et accréditée une semaine (le rêve pour la cinéphile que j’étais déjà pour qui le festival représentait un univers aussi fantasmagorique, l’antre des cinéphiles, qu’inaccessible) à l’hôtel Martinez où j’avais été invitée lorsque ce blog avait remporté le prix L’Oréal du meilleur blog sur le Festival de Cannes. Au fil des ans, j’ai expérimenté une dizaine de logements, de l'appartement au palace.

    Le premier conseil que je vous donnerais est donc de choisir un logement qui soit proche du palais des festivals, les déplacements étant difficiles en périodes de festival du film, et les séances se terminant très tard et commençant très tôt. Nombreux sont les hôtels à se trouver sur la Croisette pour les plus onéreux ou rue d’Antibes pour les (un peu) plus abordables. Il faudra néanmoins vous éloigner un peu plus de la Croisette si votre budget est limité, en particulier si vous optez pour un hôtel. Si votre choix s’oriente vers un appartement, vous pourrez trouver votre bonheur à proximité du palais des festivals en recherchant dès à présent.

    Pour son histoire, son décor, son supplément d’âme, le plus prestigieux est pour moi sans doute l’hôtel Carlton (où j’ai eu le plaisir de dîner à plusieurs reprises lors de soirées du festival). L’hôtel est cependant toujours en travaux et il ne faudra pas compter sur une réouverture avant le printemps 2023 (espérons-le pour la 76ème édition du festival). Si je poursuis avec les palaces, je ne peux que vous recommander l’hôtel Majestic Barrière pour lequel j’ai un attachement particulier puisque mon roman « L’amor dans l’âme » débute dans sa suite Mélodie (ainsi nommée en référence au film de Verneuil, Mélodie en sous-sol). Si vous voulez un hôtel un peu plus en retrait avec des services tout aussi haut de gamme, vous pourrez opter pour le Gray d’Albion qui appartient à la même chaîne, Barrière. Ou bien pour le magnifique hôtel MGallery Croisette Beach Cannes qui dispose par ailleurs d’une très belle plage.

    Dans la gamme intermédiaire (4 étoiles), j’ai testé l’hôtel Radisson Blu, le Canberra, le Mondial, le Splendid et l’Univers. Les deux derniers sont vraiment à deux pas du palais des festivals (le Splendid se situe carrément en face !). Et pouvoir partir de lhôtel deux minutes avant une projection est un rêve de festivalier que ces hôtels permettent de concrétiser. Je vous recommanderais plutôt l’hôtel Univers auquel j’avais déjà consacré un article et dont l’accueil si affable de la directrice (et de tous ses collaborateurs d’ailleurs) vous fait tellement vous sentir chez vous que cela vaut toutes les étoiles du monde, sans compter que vous pourrez prendre votre petit-déjeuner sur le toit de l’hôtel avec une vue imprenable sur les environs. Fortement recommandable également parmi les 4 étoiles, l’hôtel Best western Mondial, avec ses chambres vue mer aux étages les plus élevés, en bordure de la rue d’Antibes.

    Bien sûr, j’ai aussi eu de mauvaises expériences relevant de procédés à la limite de la légalité, donc il vous convient de toujours bien vous renseigner, à la fois sur le logement qui vous sera réellement alloué si vous choisissez la solution appartement, mais aussi sur les conditions d’annulation (dans la majorité des cas, on vous demandera le prépaiement intégral à la demande). La location meublée saisonnière est une excellente alternative qui vous permet de profiter au mieux du festival en toute liberté. Vous en trouverez un grand nombre à proximité de la rue d’Antibes, ou du côté du Suquet. Sachez que si vous recherchez le calme, il faudra néanmoins être plutôt indulgent sur ce critère, les soirées organisées pendant le festival créant d’inévitables nuisances sonores même si elles sont désormais moins nombreuses et se terminent beaucoup plus tôt (pour celles qui se déroulent sur les plages en tout cas).

    Vous trouverez aussi quelques hôtels de chaînes comme Ibis dont celui situé près du marché Forville, à proximité du centre.

    De l’autre côté du Boulevard, ou bien à Cannes La Bocca ou même à Mandelieu, voire plus loin, vous trouverez évidemment des logements moins chers. Si vous voulez des hôtels 4 étoiles, vous en trouverez aussi un certain nombre un peu plus éloignés et plus abordables : le Renoir, le Novotel Suites Cannes Centre…et si vous vous éloignez encore un peu le tout nouvel hôtel Casarose situé à Mandelieu-la-Napoule.

    Vous l’aurez compris, pour profiter au mieux du Festival de Cannes, je vous recommande les adresses suivantes : l’hôtel Univers, l’hôtel Mondial, l’hôtel Barrière le Majestic, l’hôtel Carlton, ou des appartements à la location à condition de bien vous renseigner au préalable sur les différents critères précédemment évoqués (proximité du palais des festivals, conditions de réservation et d’annulation).  De nouveaux établissements de luxe sont également annoncés comme le Hyatt place.

    Vous n’avez que l’embarras du choix si vous vous attelez à votre recherche dès maintenant, ce que je vous recommande fortement pour pouvoir profiter au mieux de cette édition 2022 dont c’est un euphémisme de dire qu’elle est très attendue…et en direct de laquelle je serai, de retour après deux années éloignée de la Croisette.

    Catégories : HÔTELS ET RESTAURANTS A CANNES Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • LETTRE D'UNE INCONNUE de MAX OPHÜLS - Cannes Classics 2021

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    Quel plaisir de revoir Lettre d’une inconnue de Max Ophüls au cinéma. Ce film fait partie de la sélection Cannes Classics 2021 et ressortira sur les écrans le 9 février 2022, restauré en 4K.

    La nouvelle de Zweig dont le film d’Ophüls est la libre adaptation parut pour la première fois sous le titre Der Brief einer Unbekannten (La Lettre d’une inconnue) le 1er janvier 1922, dans le quotidien viennois Neue Freie Presse. Ce texte a ainsi été adapté 7 fois au cinéma. Ophüls l’adapta en 1948. Trois cinéastes l’adaptèrent même avant lui (Alfred Abel, John M.Stahl et Hannu Leminen). Parmi les autres adaptations, plus récentes, figurent notamment celle de Jacques Deray en 2001 ou encore celle de la réalisatrice chinoise Jinglei Xu en 2004.

    « Quand vous lirez cette lettre, je serai peut-être morte. » Ainsi, par cette phrase qui place d’emblée le récit sous le sceau de la tragédie, débute la lettre que son valet de chambre remet à Stefan Brand (Louis Jourdan), ex-pianiste célèbre, de retour d’une soirée. Nous sommes à Vienne dans les années 1900 et, par une nuit pluvieuse, un carrosse a ramené chez lui cet homme fatigué. Cette lettre est celle d’une inconnue qui se nomme en réalité Lisa Berndle (Joan Fontaine). Il commence à la lire sans imaginer une seconde l’histoire dramatique qu’elle recèle, celle d’une patiente à l’agonie qui a recouru à ses dernières forces pour lui écrire cette longue missive, l’histoire de sa vie. Quelques heures plus tard, à l’aube, il est censé affronter en duel un mari trompé. Il n’a aucune intention d’honorer ce rendez-vous. Commence alors en flashback le récit poignant et terrible de cette passion inconditionnelle, obsessionnelle et à sens unique. Le spectateur, par la voix off de Lisa, va alors suivre trois périodes de son existence, uniquement vécues par le prisme de cet amour éperdu, de sa première rencontre à 15 ans avec ce pianiste promis alors à un avenir radieux qui emménage juste à côté de chez elle jusqu'à leur dernière rencontre alors que son piano n’est désormais plus qu’un objet de décoration et que la musique ne fait même plus partie de sa vie.

    Si les adaptations de la nouvelle de Zweig furent nombreuses, celle d’Ophüls a marqué l’histoire du cinéma car, mieux que quiconque, il su adapter et s’adapter à l’œuvre romantique de l’écrivain autrichien épris de psychanalyse. Ophüls donne ainsi un nouvel éclairage au travail littéraire de Zweig, lui apportant une dimension supplémentaire, comme il l’avait fait auparavant avec celui d’Arthur Schnitzler pour La Ronde et celui de Guy de Maupassant pour Le Plaisir.  Pour cela, il a collaboré avec Howard Koch dans l'écriture du scénario. Ainsi, dans cette adaptation, l'écrivain du livre (sorte de double de Zweig) devient, dans le film, un pianiste talentueux mais perfectionniste et insatisfait, un séducteur impénitent, domaine de la séduction dans lequel il semble finalement avoir beaucoup plus d’assurance que dans celui de la musique. Dans l’adaptation d’Ophüls, à la lecture de la lettre de Lisa, il va peu à peu prendre conscience de son aveuglement. La fin diffère ainsi de celle du livre.

    Lettre d’une inconnue est le deuxième film américain de Max Ophuls après L’Exilé (1947), un film de cape et d'épée avec Douglas Fairbanks Jr. Emigré à Hollywood, il lui fallut ainsi attendre six ans après son arrivée aux USA pour pouvoir s’atteler de nouveau à la réalisation d’un film. On remarque au passage qu’au générique du film, le cinéaste est crédité sous le nom "Max Opuls".

    S’il fallait trouver des termes pour qualifier le cinéma d’Ophüls, ce serait certainement le mouvement et l’écho (les jeux de correspondances et de miroirs), cette ronde perpétuelle de la vie. Ainsi, Lisa ne cesse de déambuler dans Vienne pour trouver Stefan. Stefan lui aussi déambule, entre Vienne et Milan. Leur fils lui aussi partira en voyage, pour un voyage sans retour. Les personnages semblent être constamment dans l’évanescence, l’instabilité, l’incertitude, en proie aux rouages impitoyables et carnassiers du destin qui les conduit inexorablement vers la mort tragique comme le seront aussi Madame de... et Lola Montès. Ce mouvement se traduit par des longs plans séquences d’une virtuosité et d’une fluidité admirables.

    La réalisation n’est pas que mouvement. Elle traduit aussi l’isolement, l’enfermement de Lisa dans son illusion, souvent dans l’embrasure des portes, souvent en observatrice du monde, souvent derrière des rideaux. Il y a aussi cette cage d’oiseau lorsque sa mère lui annonce qu’elles vont devoir partir car elle va se remarier. Lisa est dans sa prison de rêves, coupée du monde, coupée de la réalité et coupée des autres. Le seul personnage qui la voit et l’entend, le valet de l’artiste, ne parle pas. Comme elle, il est perpétuellement placé dans l’attente. Le premier rendez-vous amoureux entre Stefan et Lisa, à l'intérieur du train du parc d'attractions au Prater à Vienne met aussi en scène une illusion. Ils parcourent plusieurs pays et lieux comme Venise ou les Alpes Suisses qui ne sont alors que des toiles peintes défilant derrière la vitre du wagon.  Et le baiser qu’ils se donneront, comme s’il n’était là aussi pas réel, ne sera pas montré à l'écran. La subtile mise en scène d’Ophüls instille ainsi de la mélancolie et donne cette impression de brouillard qui auréole la réalité d’un voile onirique.

    Il recourt ainsi également beaucoup au jeu des miroirs, des correspondances, de la symétrie des scènes. Lisa dit ainsi deux fois adieu à la gare, une fois à l'homme qu’elle aime passionnément, et dix ans plus tard à son fils. Les deux fois, elle est censée les revoir 15 jours plus tard.  Les deux fois, la fatalité en décidera autrement. Les scènes d’escalier sont aussi nombreuses, des escaliers en spirale comme s’ils matérialisaient une autre spirale infernale, celle du destin. Il y a cette mémorable séquence dans le hall de l'opéra de Vienne. Mais aussi cette fois où  Stefan est filmé deux fois sous le même angle, en plongée du haut de l'escalier. Les deux fois, il est accompagné d’une femme. La première fois, il est vu par Lisa, alors adolescente qui, depuis le haut de l’escalier, le voit ramener une femme chez lui, la femme du soir ou du moment. La deuxième fois, des années plus tard, c’est Lisa qui l’accompagne. La mise en scène nous signifie ainsi qu’elle n’est qu’une femme parmi d’autres. Tout n’est que question de point de vue semble nous dire Ophüls, cette symétrie suggère ce que Lisa, dans son illusion romantique, ne veut pas encore voir, et préfigure l’effroyable désillusion qui l’attend.

    Lettre d'une inconnue est aussi la troisième collaboration d’Ophüls avec le chef-opérateur Franz Planer. Et la lumière apporte aussi un autre éclairage au récit, notamment lorsque, par une lumière expressionniste, Stefan ressemble soudain à un vampire comme un écho (encore un) à cette scène, devant une vitrine de mannequins en cire lors de laquelle Lisa se demandait si l'on ferait un jour un personnage de cire de Stefan,

    Ophüls joue et jongle habilement et malicieusement avec les regards et les points de vue. Si le point de vue est celui, amoureux et aveuglé, de Lisa, la mise en scène révèle un tout autre visage de Stefan, celui d’un homme égoïste, désabusé, vide qui ne se souvient absolument pas d’elle et qui ne la voit que lorsqu’elle est à jamais disparue. Le splendide et historique fondu enchaîné qui fait superposer le visage de Stefan à celui de la jeune femme qui les réunit alors qu’il est trop tard est empreint d’une rare force nostalgique, bouleversante.

    Grâce a sa mise en scène, aux jeux des points de vue, de lumière et de symétrie, Ophüls a apporté à la nouvelle de Zweig un supplément d’âme mais aussi grâce à ses deux interprètes qui ont à jamais immortalisé les héros de la nouvelle.  Un film qui nous emporte dans son vertige amoureux, une valse tragique et bouleversante à revoir absolument et à ajouter à la liste des autres chefs-d’œuvre du cinéaste que sont La Ronde, Le Plaisir, Madame de... et  Lola Montès.

    Catégories : CANNES CLASSICS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • TROMPERIE d'ARNAUD DESPLECHIN - Cannes Première 2021

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    Tromperie est une adaptation du livre Deception de Philip Roth publié en 1990 et sorti en 1994 en France.

    1987. Philip (Denis Podalydès) est un écrivain américain célèbre installé à Londres avec son épouse (Anouk Grinberg). Sa maîtresse (Léa Seydoux) vient régulièrement le retrouver dans son bureau, qui est le refuge des deux amants dans lequel ils vivent leur amour et parlent des heures durant.

    Tromperie a été présenté en séance spéciale sous le nouveau label Cannes Première du Festival de Cannes, label initié en 2021, réservé à des films de réalisateurs confirmés « que le festival suit depuis longtemps » selon la définition du Délégué Général du festival, Thierry Frémaux.

    Desplechin jouait déjà la scène finale avec Emmanuelle Devos dans le bonus DVD de Rois et Reines. S’il portait donc en lui cette œuvre depuis longtemps, son adaptation ne relevait pas moins du défi. C’est avec Julie Peyr, sa coscénariste, qu’il s’y est attelé, divisant ainsi le film en onze chapitres et un épilogue. Il s’agissait en effet d’adapter un film dont l’intrigue se déroule dans les années 1980, en Angleterre, avec des acteurs français, en langue française, et un film reposant essentiellement sur les dialogues très écrits. Défi relevé magistralement puisque le résultat est absolument captivant, évoquant des sujets parfois sombres (la mort qui obsède Philip, l’âge et la maladie qui sont aussi des sujets récurrents), teinté d'ironie et même d'humour, traversé par le désir (amoureux, de vie, d’art).

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    Dans Les Fantômes d’Ismaël, la vie d’un cinéaste, Ismaël (Mathieu Amalric) est bouleversée par la réapparition de Carlotta, un amour disparu 20 ans auparavant. Un personnage irréel à la présence troublante et fantomatique incarné par Marion Cotillard, filmée comme une apparition, pourtant incroyablement vivante et envoûtante, notamment dans cette magnifique scène d’une grâce infinie lors de laquelle elle danse sur It Ain't Me Babe de Bob Dylan (qui à elle seule justifie de voir le film en question).  Desplechin jongle avec les codes du cinéma pour mieux les tordre et nous perdre. A la frontière du réel, à la frontière des genres (drame, espionnage, fantastique, comédie, histoire d’amour), à la frontière des influences (truffaldiennes, hitchcockiennes - Carlotta est ici une référence à Carlotta Valdes dans Vertigo d’Hitchcock - ) ce film d’Arnaud Desplechin est savoureusement inclassable, et à l’image du personnage de Marion Cotillard : insaisissable, et nous laissant une forte empreinte. Comme le ferait un rêve ou un cauchemar. Un film plein de vie, un dédale dans lequel on s’égare avec délice. Un film résumé dans la réplique suivante : « la vie m'est arrivée. » La vie avec ses vicissitudes imprévisibles que la poésie du cinéma enchante et adoucit.

    Si j’effectue cette digression sur Les fantômes d’Ismaël, c’est parce que j’aurais pu tirer la même conclusion de ce dernier film de Desplechin. Dès la séquence d’ouverture, le cinéma, à nouveau, (ré)enchante la vie. Le personnage de l’amante incarnée par Léa Seydoux se trouve ainsi dans une loge du théâtre des Bouffes du Nord. Là, elle se présente à nous face caméra et nous envoûte, déjà, et nous convie à cette farandole utopique, à jouer avec elle, à faire comme si, comme si tout cela n’était pas que du cinéma. Parce que ludique, ce film l’est follement, notamment lors d’une scène burlesque de procès. Mais aussi dans la première séquence entre Philip et sa maîtresse. Il lui demande alors de décrire le bureau dans lequel ils se trouvent, ce qu’elle fait les yeux fermés avec poésie, malice, avec la complicité de la caméra de Desplechin qui nous invite dans cet autre dédale, à plonger pleinement dans chaque moment, à les vivre intensément, là, dans ce bureau qui devient le lieu de la liberté. Le lieu où l’amante anglaise est écoutée sans être jugée.

    L’intrigue est principalement centrée autour de Philip et de sa maîtresse dans l’appartement -bureau de l’écrivain, mais aussi jalonné de conversations, avec d’autres femmes, qui portent toutes en elles des brisures qui ne les rendent pas moins ensorcelantes, vibrantes, vivantes. Il y a là Rosalie (Emmanuelle Devos), la seule à porter un prénom, son ancienne maîtresse newyorkaise qui lutte contre le cancer mais aussi l’épouse, l’étudiante (Rebecca Marder), l’exilée tchèque (Madalina Constantin).

    Tromperie est une ode constante aux pouvoir de la fiction, qu’elle soit littéraire ou cinématographique. La fiction qui sublime la vie. Par une judicieuse mise en abyme, le dispositif qu’utilise Desplechin fait écho au travail et aux ruses de l’écrivain qui s’amuse avec la réalité, la traduit, la trahit, la transgresse, lui vole des moments de vérité. D’ailleurs, l’amante existe-t-elle vraiment ? C’est là que le film prend une tournure encore plus passionnante, quand Philip pour se justifier auprès de son épouse lorsqu’elle tombe sur un carnet racontant son histoire avec son amante anglaise, explique qu’il s’agit là seulement d’un être fictif et de la matière de son nouveau roman, brouillant encore un peu plus les frontières entre le vrai et le faux, comme s’amuse à le faire aussi Desplechin dans ce film qui manie l’ellipse et les changements de tons et de décor avec maestria.

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    On a beaucoup évoqué Bergman à propos de ce film. Il m’a aussi souvent rappelé Alain Resnais qui, à chaque film, réinventait encore et encore le dispositif cinématographique. Il m’a notamment fait songer à Vous n’avez encore rien vu, dans lequel un homme de théâtre, après sa mort, convoque ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions d’une pièce. Chaque phrase prononcée, d’une manière presque onirique, magique, est d’une intensité sidérante de beauté et de force et exalte la force de l’amour. Un film inventif et, là aussi, ludique qui joue avec les temporalités, avec le temps, avec la disposition dans l’espace. Il donne à jouer des répliques à des acteurs qui n’en ont plus l’âge. Cela ne fait qu’accroître la force des mots, du propos, leur douloureuse beauté et surtout cela met en relief le talent de ses comédiens. Chaque phrase qu’ils prononcent semble être la dernière et la seule, à la fois la première et l’ultime. Une sublime déclaration d’amour au théâtre et aux acteurs, un des plus beaux hommages au cinéma qu’il m’ait été donné de voir et de ressentir. Une mise en abyme déroutante, exaltante, d’une jeunesse folle, un pied-de-nez à la mort qui, au théâtre ou au cinéma, est transcendée. Un film inclassable et si séduisant, n’usant pourtant d’aucune ficelle pour l’être mais au contraire faisant confiance à l’intelligence du spectateur, qui m’avait enchantée, bouleversée, et qui m’a rappelé pourquoi j’aime follement le cinéma et le théâtre, et les mots auxquels il rend un si bel hommage.

    Je me permets cette nouvelle digression parce que je pourrais là aussi employer ces mêmes termes à propos de ce nouveau film de Desplechin, déclaration d’amour aux acteurs, au théâtre, au cinéma, aux pouvoirs de l’écriture, et qui fait tout aussi confiance à l’intelligence du spectateur.

    Arnaud Desplechin retrouve ici Léa Seydoux qu’il avait dirigée dans son film précédent, le remarquable Roubaix, une lumière, dans un rôle radicalement différent. Le spectateur est suspendu à chacun de ses mots. Elle est ainsi à la fois sensuelle, malicieuse, inquiète, toujours lumineuse a fortiori quand elle se rhabille et que tout devient noir autour d’elle (une des nombreuses astuces de mise en scène). Desplechin offre à chaque actrice une partition sublime dont l’ensemble permet de faire entendre une musique, celle de la voix de Philip Roth, et de dresser son portrait. Anouk Grinberg, Emmanuelle Devos, Madalina Constantin, Rebecca Marder sont aussi absolument bouleversantes. En double de Roth et un peu de Desplechin, Denis Podalydès a le regard et l’écoute intenses qui le rendent successivement ironique, inquiétant, attachant, détestable, désirable, méprisable mais toujours à l’image du film : captivant.

    La caméra d’Arnaud Desplechin, avec l’aide précieuse et judicieuse de son chef-opérateur Yorick Le Saux, caresse sensuellement les visages et les corps, au plus près. Sur une année, de l’automne à l’été, la lumière, est de plus en plus prégnante.  Ajoutez à cela la musique de Grégoire Hetzel et une précision et une variation astucieuses des décors et vous obtiendrez une orfèvrerie de mise en scène.

    Un film solaire et sensuel, parfois doucement cruel mais aussi tendre, même quand il évoque des sujets plus âpres, bouleversant, intimiste, réjouissant, élégant, à la fois léger et sombre. Une réflexion passionnante sur l’art aussi et sur la vérité, une réflexion à laquelle cette brillante mise en abyme invite, nous emportant dans son tourbillon fascinant de mots et, surtout, de cinéma.

    Catégories : CANNES PREMIERE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer