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Blog créé en 2003 par Sandra Mézière, romancière. Blog cinéma sur les éditions passées du Festival de Cannes. Et le Festival de Cannes 2024 en direct ici. Pour l'actualité cinéma quotidienne et mon actualité d'auteure : Inthemoodforcinema.com.
« Une vie cachée » de Terrence Malick était aujourd'hui présenté en compétition, 8 ans après la palme d’or de Terrence Malick pour « The tree of life ».
Dans ce film inspiré de faits réels, Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre.
Une vie cachée raconte l'histoire de ce héros qui vit dans le Tyrol autrichien, au milieu d’une nature que la caméra tourbillonnante de Malick effleure et caresse délicatement, amoureusement, une nature idyllique où vivent Franz et sa famille. C’est le parcours christique de cet homme follement courageux que nous raconte Malick, filmant ce parcours avec le lyrisme qui le caractérise par d’amples travellings et des contre-plongées inspirées.
C’est fascinant, beau et envoûtant, comme un poème tragique, comme un éloge funèbre. Son lyrisme grandiloquent rend le plus vibrant et flamboyant des hommages à ce fiévreux résistant. Enfiévré de son amour pour sa femme, porté par leurs souvenirs communs. De sa foi. De son combat qu’il sait juste et que seuls dieu et son épouse semblent pouvoir comprendre et accompagner.
Un film méditatif sidérant d’éclat et de force. Une symphonie visuelle captivante portée par une musique poignante et lyrique qui rend un hommage bouleversant à cet homme qui trouve la lumière en combattant l’obscurantisme et dont la fin à la fois tragique, poignante et sublime nous laisse KO.
Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies. Le geste d’un homme doux et sensible que la folie des criminels sanglants contamine par l’enfermement physique et intellectuel qu’ils lui imposent.
Zabou Breitman met en scène pour la première fois un film d'animation avec cette adaptation du remarquable roman de Yasmina Khadra. Elle a ainsi coréalisé le film avec Eléa Gobbé-Mévellec, dessinatrice d'animation (« Ernest et Célestine » notamment à son actif comme dessinatrice, c’est ici sa première réalisation de long-métrage).
Si l’animation permet non seulement de prendre une distance relative avec l’âpreté de certaines situations et la violence aveugle des Talibans, cela donne aussi plus de force au propos du film, accentuant le contraste entre la beauté (des images, de l’amour qui unit certains personnages) et la violence effroyable (des sons, des gestes, des silences imposés aussi).
Une attention toute particulière a été portée au jeu des comédiens (qui ont réellement joué en costume leurs scènes et qui ont été ensuite dessinés avec une ressemblance avec ceux qui les interprètent), ce qui la aussi exacerbe la force du propos tant tout résonne paradoxalement avec réalisme.
Ce film bouleversant, édifiant, d’une rare sensibilité et délicatesse, est un plaidoyer poignant contre l’intolérance et l’obscurantisme. Une œuvre rendue universelle par le dessin qui renforce la facilité d’identification à ces personnages que la folie des hommes essaie de broyer et qui résistent malgré tout, et malgré leur propre folie qui menace face à cette situation effroyablement absurde et inique. Une œuvre de résistance, d’espoir, d’amour, une œuvre bouleversante d’une force inouïe portée par la musique de Alexis Rault, cette musique justement interdite mais qui, alors, résonne dans les cœurs meurtris et bâillonnés avec plus de puissance encore. Un grand film d’animation. Un grand film tout simplement.
Il pleuvait ce soir-là à Cannes. Inlassablement. Mais il pleuvait gaiement. Parce que c’était joyeux de monter les marches pour retrouver 53 ans après Anne Gauthier et Jean-Louis Duroc dans la ville et le festival qui ont vu et fait éclore leur incroyable destin avec la Palme d’or 1966, suivie des Oscars du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi tant d’autres récompenses et alors que Claude Lelouch n’avait que 29 ans. Oui, c’était joyeux. Même sous une pluie intarissable. Comme dans un film de Sautet, après tout. Intarissable comme mes larmes d’émotion dès les premières minutes du film. L’émotion d’être là. L’émotion d’avoir rendez-vous avec mes premiers élans cinématographiques. L’émotion d’entendre les notes de musique de Francis Lai, notes mythiques d’un film mythique dans une salle elle aussi devenue mythique. Rendez-vous avec la mythologie du cinéma. L’émotion communicative de l’équipe du film. L’émotion d’une partie du public du Grand Théâtre Lumière. L’émotion dès les premières minutes, lors de ces plans sur le visage de Jean-Louis Duroc / Trintignant. L'émotion autant de retrouver le personnage de Jean-Louis Duroc que de retrouver Jean-Louis Trintignant au cinéma. Et quel Jean-Louis Trintignant !
Avant d’en revenir à cette émotion, d’abord le synopsis. Désormais, l’ancien pilote de course Jean-Louis Duroc (Jean-Louis Trintignant) vit dans une maison médicalisée, le bien nommé « Domaine de l’orgueil » (il n’y a que Lelouch pour oser nommer ainsi une maison de retraite et pas les Acacias, les Rosiers, ou les Peupliers, mais c’est ce qu’on aime, non, cette audace romanesque ?) et il se perd un peu sur les chemins de sa mémoire. Pour l’aider, son fils va retrouver celle que son père n’a pas su garder mais qu’il évoque sans cesse, Anne Gauthier (Anouk Aimée), le « meilleur souvenir » de Jean-Louis qui a pourtant pour habitude de « tout oublier ». Anne va alors accepter de revoir Jean-Louis et reprendre leur histoire où ils l'avaient laissée.
Pour Jean-Louis qui a beaucoup couru, sur les circuits et « après les femmes », cette résidence médicalisée n’est pas vraiment l’idéal. Peu importe, il y a le rêve justement pour s’évader. Les souvenirs. Tout ce qui permet de faire s’entremêler présent et passé, rêve et réalité parce que « jamais personne n’est mort d’une overdose de rêves ». « Qu’est-ce qu’on ne ferait pas par amour ! » dit-il ainsi à Anne. Et par amour pour elle, il en a fait : des kilomètres, des déclarations, des coups de fil après avoir prononcé de sa voix inimitable le fameux « Montmartre 1540 » qu’il est si émouvant de l’entendre à nouveau prononcer ici. La mémoire, du superflu du moins, s’est envolée mais il est toujours là le coureur, celui qui dit « il faut prendre des risques quand on est amoureux ».
On aurait pu craindre que ce film soit la suite de trop, celui qui nous aurait fait penser qu’il fallait rester avec les souvenirs intacts, celui qui nous aurait laissés mélancoliques avec l’idée que le temps dévore tout, que même les personnages et leurs amours qu’on croyait éternelles s’abiment. C’est tout le contraire. Certes, le temps dévore tout mais Anne et Jean-Louis sont si lumineux, si justes, qu’on oublierait presque qu’ils n’ont plus l’âge qu’ils avaient il y a 53 ans. « Depuis la nuit des temps, la seule chose qui n’a pas bougé, c’est l’amour », entend-on Anne dire à sa fille. Et, soudain, par la magie du cinéma, cela semble si vrai. Lorsqu'ils se retrouvent pour la première fois, notre cœur de cinéphile bat à tout rompre. C'est plut palpitant qu'une course-poursuite à toute allure dans un James Bond, c'est juste, c'est tendre, c'est drôle, c'est émouvant, et nostalgique, juste un peu. C'est un film en soi. C'est tout ce que sont Les plus belles années d'une vie.
Tourner le film dans l’ordre en quelques jours était un un défi et au lieu de donner une impression d'inachevé ou d'imprécision, cela fait au contraire davantage surgir ces fragments de vérité qu’affectionne Claude Lelouch.
En préambule figure une citation de Victor Hugo : « Les plus belles années d’une vie sont celles qu’on n’a pas encore vécues », des paroles que chante ici Nicole Croisille dont il est aussi si émouvant de retrouver la voix, indissociable de l’histoire d’Anne Gauthier et Jean-Louis Duroc.
Cela débute donc dans le fameux Domaine de l’Orgueil. Les résidents participent à un jeu destiné à tester leurs mémoires des évènements et des dates. La caméra se rapproche du visage de Jean-Louis Trintignant en fauteuil roulant. Derrière lui se trouve son fils Antoine (incarné par Antoine Sire comme le petit Antoine d’Un homme et une femme tout comme d’ailleurs la petite Françoise est toujours incarnée par Saoud Amidou, quel plaisir là aussi de les retrouver ! ). Et puis au fur et à mesure comme pour Jean-Louis, tout cela ne devient plus pour nous qu’un brouhaha sans intérêt. Nous ne voyons plus que ce visage passionnant sur lequel passent tant d'expressions, tant de films, tant d'évènements, tant de souvenirs. Quel beau moment de cinéma ! Quel hommage à ce sublime acteur ! Quelles émotions, encore, déjà.
« Je me suis embarqué sur ce film comme dans cette voiture que j’ai conduite à l’époque de mon court métrage C’était un rendez-vous, comme une métaphore de l’existence. Foncer dans la vie comme j’avais foncé dans Paris en 1976. Griller les feux, prendre tous les risques avec ces dangers à travers lesquels on passe… ou pas. » a ainsi déclaré Claude Lelouch. Utiliser les images de ce court-métrage est d’ailleurs une des nombreuses magnifiques idées de ce film. Lelouch reprend aussi de nombreuses images de Un homme et une femme, toujours à bon escient. Souvenez-vous…
Anne (Anouk Aimée), scripte, inconsolable depuis la mort de son mari cascadeur Pierre (Pierre Barouh), rencontre à Deauville, en allant chercher sa fille à la pension, un coureur automobile, Jean (Jean-Louis Trintignant), dont la femme s'est suicidée par désespoir. Jean raccompagne Anne à Paris. Tous deux sont endeuillés, et tous deux ont un enfant. C'est l'histoire d'un homme et d'une femme qui s'aiment, se repoussent, se retrouvent et s'aiment encore...
Ce film, Claude Lelouch l’a, comme souvent, réalisé après un échec. Ainsi le 13 septembre 1965, désespéré, il roule alors vers Deauville où il arrive la nuit, épuisé. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture, elle marche sur la plage avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera Un homme et une femme, la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires.
Il est impossible désormais de dissocier Deauville du film de Claude Lelouch qui a tant fait pour sa réputation (Deauville d’ailleurs à nouveau magnifiquement filmée dans Les plus belles années d’une vie), Un homme et une femme ayant créé la légende du réalisateur tout comme cela a contribué à celle de la ville de Deauville, et notamment sa réputation de ville romantique à tel point que, pendant le Festival du Cinéma Américain 2006, a été inaugurée une place Claude Lelouch, en sa présence et celle d'Anouk Aimée. J'étais présente ce jour-là et l'émotion et la foule étaient au rendez-vous.
J'ai vu ce film un grand nombre de fois et, à chaque fois, avec le même plaisir, la même émotion, le même sentiment de modernité pour un film qui date de 1966, étonnant pour un cinéaste dont beaucoup de critiques ont si souvent raillé le classicisme. Cette modernité est bien sûr liée à la méthode Claude Lelouch d'ailleurs en partie la conséquence de contraintes techniques et budgétaires. Ainsi, Lelouch n'ayant pas assez d'argent pour tourner en couleurs tournera les extérieurs en couleurs et les intérieurs en noir et blanc. Le montage et les alternances de noir et blanc et de couleurs jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse.
Je ne sais pas si « le cinéma c'est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films et surtout Un homme et une femme nous la font aimer. Rares sont les films qui donnent à ce point la sensation de voir une histoire d'amour naître et vibrer sous nos yeux, d'en ressentir -partager, presque- le moindre battement de cœur ou le moindre frémissement de ses protagonistes, comme si la caméra scrutait les visages et les âmes. Par une main qui frôle une épaule si subtilement filmée. Par le plan d'un regard qui s'évade et s'égare. Par un sourire qui s'esquisse. Par des mots hésitants ou murmurés. Par la musique éternelle de Francis Lai (enregistrée avant le film) qui nous chavire le cœur. Par une photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d'Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch.
Et puis il y a le charme incomparable du couple Anouk Aimée/ Jean-Louis Trintignant, le charme de leurs voix, notamment quand Jean-Louis Trintignant prononce « Montmartre 1540 ». Le charme et la maladresse des premiers instants cruciaux d'une histoire d'amour quand le moindre geste, la moindre parole peuvent tout briser. Et puis ces plans fixes, de Jean-Louis dans sa Ford Mustang (véritable personnage du film), notamment lorsqu'il prépare ce qu'il dira à Anne après avoir reçu son télégramme. Et puis ces plans qui encerclent les visages et en capturent la moindre émotion. Ce plan de cet homme avec son chien qui marche dans la brume et qui fait penser à Giacometti (pour Jean-Louis). Tant d'autres encore...
Avec Un homme et une femme, Claude Lelouch a signé une histoire intemporelle, universelle avec un ton très personnel et poétique. Alors pour reprendre l'interrogation de Jean-Louis dans le film, citant Giacometti « Qu'est-ce que vous choisiriez : l'art ou la vie », Lelouch n'a certainement pas choisi, ayant réussi a insufflé de l'art dans la vie de ses personnages et de la vie dans son art. Voilà c'est de l'art qui transpire la vie.
Alors que Claude Lelouch a tourné sans avoir de distributeur, sans même savoir si son film sortirait un jour, il obtint toutes les récompenses précitées et aujourd'hui encore de nombreux touristes viennent à Deauville grâce à Un homme et une femme, le film, mais aussi sa musique mondialement célèbre. Vingt ans après, Claude Lelouch tourna une suite Un homme et une femme, 20 ans déjà réunissant à nouveau les deux protagonistes. Et 53 ans après Un homme et une femme, nous avons ainsi eu le plaisir de retrouver ces personnages mythiques dans Les plus belles années d'une vie.
Ce film qui aurait pu être morose est au contraire plein de vie même si et justement même parce qu’on y entend à plusieurs reprises « La mort, c’est l’impôt de la vie. » La vie est là, tout le temps. Eblouissante. Quand Anne et Jean-Louis s’évadent en voiture et que le soleil insolent perce à travers les feuilles. Quand Jean-Louis crie fougueusement à Anne « Embrassez-moi ». Quand les femmes regardent Jean-Louis, ou que Jean-Louis regarde les femmes de sa vie. Avec tant de tendresse. La tendresse, ce film en regorge. L’humour aussi. Lors de multiples clins d’œil au film de 1966 comme lorsque Jean-Louis roule sur les planches et s’étonne que ce soit interdit et qu’un policier lui rétorque que c’est interdit « depuis 50 ans, depuis qu’un crétin a roulé ici avec sa Ford Mustang. »
Quelle justesse lorsqu’il dit « Je me souviens d’elle comme si c’était hier » ou lorsqu’elle dit « On est toujours beaux quand on est amoureux ». Cela aurait pu être mièvre. Par le talent de ces deux immenses acteurs et de Lelouch c’est infiniment beau et émouvant. Et ce visage de Trintignant quand soudain il s'illumine par la force des souvenirs de son grand amour, comme transfiguré, jeune, si jeune soudain. Et la majesté d'Anouk Aimée, sa grâce quand elle remet sa mèche de cheveux. Il faut dire aussi qu’ils sont si amoureusement filmés. Et que d'intensité poétique et poignante lorsqu'ils sont l'un avec l'autre comme si le cinéma (et/ou l'amour) abolissai(en)t les frontières du temps et de la mémoire. Encore un des pouvoirs magiques du cinéma auxquels ce film est aussi un hommage.
Et puis, évidemment, il y a la musique, toujours si importante dans les films de Lelouch, a fortiori dans Un homme et une femme. La musique originale est signée Francis Lai et Calogero et les chansons originales sont interprétées par Nicole Croisille et Calogero sur des paroles de Didier Barbelivien.
Cette fois, Les plus belles années d’une vie était présenté hors compétition, contrairement à Un homme et une femme qui avait été présenté en compétition. Et s’il avait été en compétition, quel sort lui aurait réservé le jury ?
Vous l’aurez compris, je vous recommande vivement ce film si lumineux, tendrement drôle (d'une infinie tendresse), émouvant, joyeusement nostalgique, gaiement mélancolique, optimiste, hymne à la vie, à l’amour, hommage au cinéma, sublimé par la beauté si lumineuse de Trintignant et Aimée. Comme le Domaine de l'orgueil, si bien nommée.
Je vous laisse imaginer l’émotion qui a envahi la salle lors du générique de fin, de cette dernière image sur Deauville, qui m’a envahie en tout cas. Un beau moment de vie et de cinéma entremêlés et il me semble encore entendre le fameux « Chabadabada » que le public du Grand Théâtre Lumière a repris en chœur résonner dans ma tête (rendez-vous sur mon compte instagram @sandra_meziere pour en voir un extrait), comme cette pensée que « Les plus belles années d’une vie sont celles qu’on n’a pas encore vécues ». Un air entêtant, joyeusement mélancolique, comme Deauville aussi amoureusement filmée, à nouveau.
CONFERENCE DE PRESSE
Quelques citations et quelques photos de la conférence de presse cannoise à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister.
Claude Lelouch a ainsi rappelé que le film a été « tourné dans l’ordre en quelques jours. » « C’est le film qui m’a fait le plus peur. On ne pourra pas faire le film si les miracles ne sont pas au rendez-vous ». « La rencontre entre Anne et Jean-Louis, les 19 minutes ont été tournées dans la journée. Le soir en rentrant, j’ai dit on a déjà au moins un bon court-métrage. »
- A propos d’Un homme et une femme : « C’est difficile d’expliquer les miracles. En 1H30, on est passés de l’ombre à la lumière. Le public s’est approprié cette histoire. », « Encore une fois, le hasard a eu beaucoup de talent dans ma vie ». « J’ai vu dans ses yeux des choses qui m’ont interpellé, un sourire incroyable et je lui ai fait un pitch rapide. Il a Alzheimer. La seule personne dont il se souvient, c’est toi. ». « Il a fallu un millier de miracles. » « Il a fallu un alignement de planètes pour qu’on soit tous là aujourd’hui ». « C’était un rendez-vous » : c’est le film dont je suis le plus fier et dont j’ai le plus honte. J’ai grillé 18 feux rouges. Je me suis souvent comporté comme un petit voyou et si je n’avais pas été un voyou je n’aurais pas fait 50 films ». « Francis Lai n’a pas eu le temps de voir le film. » « Pour moi les minutes sont des années, j’ai envie de réussir le sprint de ma vie. », « Les nouvelles technologies du cinéma sont formidables ». « Avec les plus belles années, j’ai voulu rendre hommage au cinéma d’hier et d’aujourd’hui », « Le plus grand scénariste du monde c’est la vie et je travaille avec ce scénariste et le plus grand scénariste de ma vie, c’est ma femme. »
Bellucci : « C’était la première fois que j’étais dirigée comme ça. » A propos de l’Union Européenne et des Européennes pour lesquelles elle tient à voter : « Seul on va vite, ensemble on va plus loin ». Denicourt : « C’était un rêve car Jean-Louis Trintignant est un de mes acteurs préférés. »
Antoine Sire « Un cadeau incroyable », « Je suis acteur tous les 53 ans ».
Les journées du Festival s'enchaînent à un rythme effréné et je n'ai pas encore eu le temps de vous parler de mon coup de cœur pour "Douleur et gloire" d'Almodovar.
Synopsis :
Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d'autres par le souvenir, dans la vie d'un réalisateur en souffrance.
Mon avis (avant la critique détaillée) :
Dans ce film se côtoient la naissance du désir et l'ombre de la mort, l'éloge du pouvoir de la création, la douleur de la solitude et tant et tant encore. Un récit nostalgique, intime et universel dans lequel le corps souffre des blessures de l'âme. L'art y réconcilie avec la vie, le passé, fait revivre ceux qui ne sont plus, aide à réécrire sa propre histoire et à empoigner l'avenir. Un film particulièrement dense sur la création, la famille, le désir, l'enfance, la part de l'artiste qui imprègne la fiction dont le dénouement m'a terriblement émue. J'y reviendrai bien sûr. Dense, la conférence de presse le fut aussi.
Déclarations de Pedro Almodovar lors de la conférence de presse :
"Il ne faut pas prendre le film de manière littérale. Il y a une part de fiction."
" Ma principale dépendance et presque la seule, c'est de dormir 8h par jour et de savoir que je vais réaliser un nouveau film."
"Je voulais relativiser la douleur du personnage par rapport à d'autres qui ont des difficultés à les supporter. Je n'ai pas vécu dans une grotte mais je sais ce que c'est. Mais comme l'enfant du film, je l'ai vu à travers les yeux d'un enfant de 9 ans. J'avais l'impression de vivre dans un western. Cette période terrible d'après guerre je ne la ressentais pas. Je vivais une vie parallèle bien meilleure que la vie réelle".
"Ce n'est pas un récit littéral de ma vie mais ce qui est arrivé au personnage aurait pu m'arriver. Quand on écrit un scénario, on part de soi mais quand on écrit il faut être fidèle à la fiction, pas à la réalité. J'ai eu l'expérience d'un amour rompu au moment où la passion était encore vivante."
"Je regrette beaucoup que les Brésiliens, vivent une époque aussi difficile ", "Enfant, on me regardait comme quelque chose d'étrange et de bizarre. Heureusement j'étais un enfant très fort et ces regards n'ont pas pu me briser."
Antonio Banderas :
"Après un arrêt cardiaque, mon addiction a été de me retrouver moi-même et être un nouveau Antonio Banderas."
" C'est un film qui parle de réconciliation et des boucles qu'il faut boucler."
"Nous transportons tous ce bagage de douleur de de gloire. Les premiers jours, j'ai dit que pour créer le personnage je devais tuer Antoni0 Banderas."
"Pour moi l'Espagne artistiquement s'appelle Pedro Almodovar"
Penélope Cruz:
"Je partage avec Pedro mon addiction au cinéma. Je l'ai découvert à 16, 17 ans et je me souviens de cette sensation : être perdue et se dire où vais-je aller si je ne peux pas faire de cinéma. En tant qu'acteur on repart toujours de zéro et c'est ce qui crée l'addiction. "
Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes.
Ladj Ly nous plonge d’emblée dans le quotidien de ces policiers, et suscite notre empathie en nous mettant à la place de la nouvelle recrue qui, comme nous, découvre cet univers dans lequel la tension est palpable, constante et la réalité complexe. Loin de tout manichéisme, Ladj Ly filme en effet la réalité qu’il connait dans toute ses ambiguïtés, ses rouages, la perversité que cela engrange, obligeant la police à traiter avec les voyous pour solutionner certaines situations (ou parfois employant leurs méthodes, et franchissant allègrement la ligne rouge).
La caméra à l’épaule nous donne la sensation d’être immergés dans cet enfer urbain dans lequel la corruption règne. Jamais le rythme ou la tension ne faiblissent. Personne n’est idéalisé ou épargné et, dans leur intimité, les policiers apparaissent tout aussi misérables que ceux qu’ils poursuivent.
Le titre qui se réfère à la ville de Montfermeil (où se situent des passages des « Misérables ») les réunit dans une même réalité après un début sur ce qui les réunit aussi, le drapeau, la coupe du monde, l'allégresse. « Sans cohésion pas d’équipe et sans équipe on est seul », entend-on ainsi, ce qui s’applique alors à l’un et l’autre des deux « camps ».
Avec Laurent nous découvrons cet équilibre précaire qu’un rien pourait conduire à s’embraser jusqu’au chaos final, un final explosif, un piège qui se referme inexorablement. Une scène à couper le souffle. Un final terrible et d’une logique implacable après un crescendo éreintant. Déjà un sérieux prétendant au palmarès !
Romantique et politique. Ainsi le Délégué Général du festival a-t-il défini la sélection officielle de cette 72ème édition du Festival de Cannes lors de sa conférence de presse à Paris. Je vous confirmerai ou vous infirmerai ces qualificatifs prometteurs le 26 mai mais en tout cas j’y ajoute d’ores et déjà ceux d’éclectique et jubilatoire à la lecture de ce programme. C’est donc avec un enthousiasme renouvelé que je couvrirai le festival pour la 19ème année consécutive, avec le plaisir de découvrir de nouveaux cinéastes, de voir émerger de nouveaux talents mais aussi d’assister aux projections des derniers films de cinéastes pour lesquels je m’enflamme (presque) toujours : Pedro Almodovar, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Xavier Dolan, Elia Suleiman, Bong Joon Ho, Ira Sachs, Claude Lelouch -qui nous permettra de retrouver les inoubliables personnages de la palme d’or 1966 -.
Je me réjouis aussi d’assister à la Palme d’or d’Honneur de l’acteur dont les films sont au premier rang de ceux à l’origine de ma passion pour le cinéma.
A quelques jours d’entrer à nouveau dans le mythique et vertigineux Théâtre Lumière, je sais déjà que, comme à chaque fois, j’y éprouverai un sentiment de réminiscence de la première fois, en 2001. Même si (et parce que) je connais les pièges et revers de ce théâtre d’orgueils, cette comédie humaine fascinante et terrifiante (un peu, parfois, aussi), la versatilité des personnalités et avis pour un sursaut de vanité, même si je sais que tant d’illusions s’y fracassent, que Cannes peut encenser, broyer, magnifier, dévaster oui, malgré tout cela, je me réjouis déjà :
-D’entendre le petit cliquetis lorsque les contrôleurs scannent les badges à l’entrée de la salle Debussy, du Grand Théâtre Lumière ou des autres salles du festival comme un passeport pour le paradis, celui des cinéphiles. De me laisser envoûter par le lever du soleil en allant à la première projection presse du matin sur une Croisette clairsemée où errent parfois encore les derniers noctambules hagards et d’avoir alors l’impression que le monde m’appartient. D’oublier que ce tourbillon enivrant de cinéma ne durera pas toujours et que des illusions s’y perdent, aussi. D’avoir le cœur qui bat la chamade en entrant dans le Grand Théâtre Lumière, comme la première fois, comme pour un premier rendez-vous, avec un univers, un film. Fenêtre ouverte sur le monde, un monde... De revivre ce moment palpitant lorsque la salle s’éteint et que les premières images d’un film inconnu supplantent l’obscurité, à l’unisson de cette salle au souffle suspendu à ces premières images qui nous embarqueront pour un nouvel univers, une nouvelle aventure. De ne plus faire la distinction entre le jour et la nuit, la fiction et la réalité, mes souvenirs et mon imaginaire. De retenir mon souffle, lors de cette seconde cruciale, à la fin du film, avant qu’un silence assourdissant, des murmures désapprobateurs ou des applaudissements effrénés (effréné, tout l’est à Cannes de toute façon, non ?), ne succèdent aux derniers mots du film. De parler cinéma à toute heure du jour et de la nuit, avec passion, comme si la vie en dépendait. De redécouvrir des classiques du cinéma avec Cannes Classics. De découvrir des bijoux du septième art et en être exaltée. D’être heurtée, brusquée par un film et en être exaltée, aussi, malgré tout. D’entendre « Aquarium » de Camille Saint-Saëns et savoir que la magie va à nouveau opérer. De sortir d’une projection tardive, un peu étourdie, éblouie, arpenter la Croisette et avoir l’impression de me retrouver dans un film de Fellini. De retrouver celles et ceux, festivaliers, que je ne croise qu’une fois par an là-bas et avoir l’impression de les avoir quittés la veille. De me souvenir de la petite fille que j’étais qui, avec son père, à la télévision, regardait tout cela de loin, comme un monde lointain et inaccessible et avoir conscience de ma chance, et le dire avec fierté, même si y exhiber sa lassitude et son cynisme y est de mise parce que bien sûr il y a aussi les personnalités qui se révèlent, tristement parfois, dans ce théâtre des apparences, les Dorian Gray, Georges Duroy, Rastignac, Lucien de Rubempré de notre temps qui s’y croisent, s’y défient, s’y méprisent et probablement s’y perdent. Parce qu’il y a aussi la célérité avec laquelle Cannes passe de l’adoration à la haine. La violente versatilité de la Croisette, sa capacité à déifier puis piétiner, avec la même pseudo-conviction et force. Parce qu’il y a encore ceux qui viennent à Cannes et disent que c’est forcément mieux ailleurs et que, forcément, ils ne pouvaient pas faire autrement que d’y aller, contraints et forcés, parce qu’oubliant ou justement se rappelant très bien tous ceux qui aimeraient avoir leur chance. Mais je sais déjà que lorsqu’arrivera le dernier jour j’aurai l’impression que le festival vient de commencer et de l’avoir traversé comme un songe. Et qu’il n’y aura qu’un seul vainqueur : le cinéma.
A partir du 16 Mai, suivez-moi en direct du Festival de Cannes et, en attendant, retrouvez mon article détaillant la programmation de cette édition 2019 (ci-dessous) MAIS AUSSI :
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Le 18 avril, à 11H, à l’UGC Normandie sur les Champs-Elysées avait lieu la traditionnelle conférence de presse du Festival de Cannes dont l’édition 2019 aura lieu du 14 au 25 Mai. Une édition qui s’annonce exceptionnelle au regard de la sélection officielle (que je vous détaille plus bas) mais aussi en raison de la remise d’une Palme d’or d’Honneur à Jeff Costello, Tancrède, Roch Siffredi, Corey, Robert Klein, Roger Sartet, Gino…, bref à l’acteur mythique, Alain Delon, qui a incarné et immortalisé tous ces personnages inoubliables (parmi d’autres).
A 11H, ce même jour, en salle Buñuel, Alain Delon rencontrera le public pour une master class en salle Buñuel. Cette conversation sera animée par Samuel Blumenfeld, journaliste au Monde et auteur d'une mémorable série d'articles sur l'acteur l'an passé.
A 16H30, toujours le 19 Mai et toujours en salle Buñuel sera projeté Le Professeur de Zurlini dont vous pouvez retrouver ma critique dans l'article dont figure le lien ci-dessus.
Enfin le 18 Mai, au cinéma de la plage vous pourrez revoir le jubilatoire Mélodie en sous-sol, à 21H30.
"Il appartient tout entier au cinéma, à ses plus belles œuvres et à ses mythes : en 2019, le Festival de Cannes a décidé de décerner une Palme d’or d’Honneur à Alain Delon, afin d’honorer sa magnifique présence dans l’histoire du septième art. Après Jeanne Moreau, Woody Allen, Bernardo Bertolucci, Jane Fonda, Clint Eastwood, Jean-Paul Belmondo, Manoel de Oliveira, Agnès Varda et Jean-Pierre Léaud, le Festival de Cannes est heureux et fier que le légendaire comédien du Guépard de Luchino Visconti (Palme d’or 1963) ait accepté de recevoir les honneurs de la communauté mondiale" a ainsi annoncé le Festival de Cannes par communiqué de presse.
« Avec Pierre Lescure, nous sommes heureux qu’Alain Delon ait accepté d’être honoré par le Festival, déclare Thierry Frémaux, Délégué général. Il a pourtant longuement hésité, lui qui nous a longtemps refusé cette Palme d’or car il estimait ne devoir venir à Cannes que pour célébrer les metteurs en scène avec lesquels il a travaillé. »
"Romantique et politique sera cette sélection" a annoncé Thierry Frémaux en ajoutant « normal, l’amour et la révolte ne sont-ils pas le sel de la vie sur terre, de l’Histoire du monde et de la jeunesse éternelle ? ". Voilà qui est enthousiasmant et prometteur !
Ce que nous savions déjà avant la conférence de presse :
- l’affiche solaire, lumineuse, éblouissante, espiègle de cette 72ème édition rend hommage à Agnès Varda. Cette affiche dont le montage et la maquette sont signés Flore Maquin reprend un cliché du tournage de son premier film, la Pointe Courte (présenté à Cannes en 1955 dans une salle de la rue d’Antibes). Agnès Varda est alors une jeune femme de 26 ans qui tourne son premier film « juchée sur un technicien impassible ».
- The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch ouvrira le festival et la compétition (avec un casting qui promet une montée des marches prestigieuse) -mon article à ce sujet, ici- « un film de zombies, un film de genre, un film d’auteur pour ouvrir le Festival de Cannes qui sortira le même jour que sa présentation à Cannes » a ainsi déclaré Thierry Frémaux en présentant le film qui, par ailleurs, sortira en France dans au moins 400 salles, soit la plus grosse sortie pour un film d’ouverture comme a tenu à le rappeler Pierre Lescure.
-Edouard Baer sera à nouveau le (talentueux, malicieux, élégant) maître de cérémonie.
- Claire Denis présidera le jury des Courts Métrages et de la Cinéfondation.
- Nadine Labaki présidera le jury Un Certain Regard. Retrouvez ici ma critique de Capharnaüm pour lequel elle avait reçu le Prix du Jury et le Prix de la Citoyenneté l’an passé. Petite parenthèse pour vous dire que vous pourrez en savoir plus sur ce prix de la Citoyenneté, là, Jury de la Citoyenneté qui cette année présidé par le cinéaste Amos Gitaï.
-le Marché du Film célèbre ses 60 ans.
En préambule de la conférence de presse, Pierre Lescure a souligné que les accréditations étaient en hausse cette année, au Festival comme au Marché du Film. Il a également souligné les 800000 entrées réalisées par la Palme d’or 2018 en France l’an passé, Une affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda. J’en profite d’ailleurs pour faire une première petite digression pour vous recommander à nouveau ce film remarquable. Kore-Eda, plus que le peintre de la société japonaise est celui des âmes blessées et esseulées, et plus que jamais ici il fait vibrer nos cœurs par ce film d’une rare délicatesse et bienveillance, avec l'histoire de cette famille de cœur à l’histoire poignante, jalonnée de scènes inoubliables et qui nous laissent le cœur en vrac.
Pierre Lescure a également souligné, parmi les effets bénéfiques de l’édition 2018 du festival, le grand retour de Spike Lee qui a « ensuite reçu le premier Oscar de sa carrière ». Enfin, il a rappelé l’immense succès du film de Gilles Lellouche, Le Grand bain, avec cette « si longue, interminable et joyeuse et bouleversante ovation à Cannes » qui a fait 4 200000 entrées en France , arguant de ces exemples pour mettre en exergue le fait que « le Festival de Cannes embrasse l’ensemble des cinémas. »
Thierry Frémaux, quant à lui a rappelé que « Le festival se terminera la veille des élections européennes, idée que le cinéma dans la reconstruction de l’Europe d’après-guerre avait une place prépondérante ».
« Vous verrez des réalisatrices, des premiers films, des Américains, des zombies, des manipulations génétiques, des peintres, des peintresses, des flics, des parasites, des chômeurs, des migrants… » a-t-il également précisé ajoutant qu’ « il y a une certaine prédominance du cinéma de genre ».
Contrairement aux années précédentes, le Délégué général et le Président du festival n’ont pas procédé à l’énoncé statistique du nombre de films sélectionnés et reçus car ils se sont « engagés avec le collectif de genrer les films donc de savoir la proportion de réalisatrices et comment le cinéma (pour l’instant 13 réalisatrices en sélection officielle) ouvre de plus en plus ses portes aux réalisatrices. » « On s’était aussi engagés à rendre le comité de sélection paritaire, ce qui a été fait » a conclu Thierry Frémaux.
A ensuite été annoncée la sélection officielle : films en compétition, Un Certain regard, hors compétition, séance de minuit, séances spéciales, avec aussi quelques indices sur les séances de Cannes classics et les master class (à retrouver en bas de cet article).
Parmi les 19 cinéastes que nous aurons le plaisir de retrouver en compétition figure notamment Pedro Almodovar, président du jury en 2017 qui revient avec un film avec Antonio Banderas qui relate « une série de retrouvailles après plusieurs décennies dans la vie d’un réalisateur en souffrance ». Voilà donc un nouveau film sur le cinéma après ses inoubliables Etreintes brisées, film empreint de dualité sur l’amour fou par un (et pour les) amoureux fous du cinéma… le cinéma qui survit à la mort, à l’aveuglement, qui sublime l’existence et la mort, le cinéma qui reconstitue les étreintes brisées, le cinéma paré de toutes les vertus. Même celle de l’immortalité… Nouvelle digression pour vous dire, vous l'aurez compris, que je vous recommande vivement de vous laisser charmer et enlacer par ce film Etreintes brisées si vous ne l’avez pas encore vu.
Nous retrouverons également Ken Loach (en lice pour une troisième Palme d’or), les frères Dardenne (en lice eux aussi pour une troisième palme d’or), Arnaud Desplechin, Xavier Dolan que j’attends avec au moins autant d’impatience que les deux cinéastes précités ( nous le retrouverons avec plaisir trois ans après son Grand Prix pour Juste la fin du monde qui m’avait terrassée d’émotion, ma critique ici), Marco Bellocchio, Bong Joon-Ho, Terrence Malick ( huit ans après la palme d’or pour The tree of life), Ira Sachs (encore une digression pour vous recommander le petit bijou qu’est Brooklyn village, ma critique ici), Elia Suleiman…
Parmi les films qui susciteront indéniablement de la curiosité, il y a le premier long-métrage d’une jeune franco-sénégalaise, Atlantique de Mati Diop.
Côté cinéma français, seront en lice Arnaud Desplechin avec Roubaix, une lumière, inspiré d’un fait divers avec Roschdy Zem, Léa Seydoux et Sara Forestier mais aussi Lajd Ly avec Les Misérables, Céline Sciamma avec Portrait de la jeune fille en feu et Justine Triet avec Sibyl.
Hors compétition, l’évènement sera la « suite » d’Un homme et une femme de Claude Lelouch, Les plus belles années d'une vie, avec Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant. Tourné en partie à Deauville fin 2018, il nous permettra de retrouver les inoubliables personnages de la Palme d’or 1966. Si vous en êtes comme moi des inconditionnels, je vous mets au défi de ne pas frissonner devant la bande-annonce ci-dessous.
Autre évènement annoncé : le biopic sur la vie du chanteur Eton John, Rocketman, réalisé par Dexter Fletcher avec Taron Egerton. La projection aura lieu le premier jeudi du festival et le chanteur (à la disposition duquel sera mis un piano dans la salle) pourrait entonner quelques notes.
Notons enfin que les films de Justine Triet, des Dardenne, d’Almodovar et Jarmush sortiront en même temps que leurs projections cannoises.
Enfin, quelques Séances spéciales nous promettent là aussi de beaux moments de cinéma puisque nous retrouverons Werner Herzog, Abel Ferrara et Alain Cavalier.
EN COMPETITION, nous retrouverons ainsi :
Jim JARMUSCH pour
THE DEAD DON’T DIE
Pedro ALMODÓVAR pour
DOLOR Y GLORIA(DOULEUR ET GLOIRE)
Marco BELLOCCHIO pour
IL TRADITORE (LE TRAITRE)
BONG Joon Ho pour
GISAENGCHUNG (PARASITE)
Jean-Pierre DARDENNE Luc DARDENNE pour
LE JEUNE AHMED
« Je ne vous dévoile rien de ce sujet brûlant. Le distributeur sortira le film en même temps que sa présentation cannoise» a précisé Thierry Frémaux.
Arnaud DESPLECHIN pour
ROUBAIX, UNE LUMIÈRE
« qui permettra de retrouver sur la Croisette Roshdy Zem, Sara Forestier et Léa Seydoux »
DIAO Yinan pour
NAN FANG CHE ZHAN DE JU HUI (Le Lac des oies sauvages)
Mati DIOP pour
ATLANTIQUE
Xavier DOLAN pour
MATTHIAS ET MAXIME
« qui possède cette particularité qu’il joue le personnage principal » a précisé Thierry Frémaux
Jessica HAUSNER pour
LITTLE JOE
« Cinéaste autrichienne que le Festival de Cannes a accompagné dès ses premiers films, film qui évoque un futur assez proche de manipulations génétiques » a précisé Thierry Frémaux.
Ken LOACH pour
SORRY WE MISSED YOU
« Il annonce souvent que ce sera son dernier et puis, comme un combattant qu’il est, il reprend la caméra et il repart sur la route pour faire des films. Ce Ken Loach est kenloachien » a commenté Thierry Frémaux.
Ladj LY pour
LES MISÉRABLES
« Les Misérables est un film français, un premier film qui évoque des banlieues françaises dont on peut penser qu’elles sont représentatives de ce qui se passe dans les villes du monde » a précisé Thierry Frémaux.
Terrence MALICK pour
UNE VIE CACHÉE
« Terrence Malick, une vie cachée, Hidden life, plus ou moins un retour, c’est un film sur la guerre et sur la deuxième guerre mondiale en particulier et ne me demandez pas si Terrence Malick sera là ou plutôt j’espère bien qu’il sera là mais on ne le verra pas, pas vous en tout cas » a ironisé Thierry Frémaux.
Kleber MENDONÇA FILHO
Juliano DORNELLES pour
BACURAU
Corneliu PORUMBOIU pour
LES SIFFLEURS
Ira SACHS pour
FRANKIE
Isabelle Huppert sera de retour à Cannes pour ce film a souligné Thierry Frémaux.
Céline SCIAMMA pour
PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
Elia SULEIMAN pour
IT MUST BE HEAVEN pour
Justine TRIET
SIBYL
HORS COMPETITION, comme je vous le disais précédemment, nous aurons ainsi l’immense plaisir de découvrir le nouveau film de Claude Lelouch, LES PLUS BELLES ANNEES D’UNE VIE, écho à la palme d’or qu’il reçut avec Trintignant, Anouk Aimée, Bellucci.l le lundi soir, un film dédié à Samuel Hadida. Un film qui nous permettra de retrouver les inoubliables personnages d’Un homme et une femme, cinquante trois ans après.
Hors compétition sera également projeté le nouveau film de Nicolas BEDOS, LA BELLE ÉPOQUE, avec Auteuil, Canet, Ardant, Doria Tillier, Arditi, « un film grand public qui fera l’objet d’une belle célébration et d’une belle fête ».
Nous découvrirons aussi le film de Dexter FLETCHER ‘ROCKETMAN » le premier jeudi du festival à 19H, en présente d’Elton John.
Asif KAPADIA présentera DIEGO MARADONA
Nicolas WINDING REFN présentera TOO OLD TO DIE YOUNG - NORTH OF HOLLYWOOD,WEST OF HELL, les épisodes 4 et 5 d’une série.
UN CERTAIN REGARD promet aussi toujours de belles découvertes. Nous y verrons notamment un film adapté de Yasmina Kadra coréalisé par Zabou qui viendra pour la première présenter un de ses films en tant que réalisatrice. Autre comédienne qui viendra en tant que réalisatrice : Mona Chokri pour un premier film.
Bruno Dumont sera là également, de ces « cinéastes qui font des films d’une certaine radicalité » a rappelé Thierry Frémaux. Christophe Honoré sera également de retour avec Chambre 212, un film qualifié par Thierry Frémaux de très « montparnassien », très Guitry. Cette sélection sera complétée dans les jours qui viennent.
Un Certain Regard
Karim AÏNOUZ pour
VIDA INVISIVEL
Nariman ALIEV pour
EVGE
Kantemir BALAGOV pour
DYLDA
Zabou BREITMAN et Eléa GOBÉ MÉVELLEC pour
LES HIRONDELLES DE KABOUL (animation)
Monia CHOKRI pour
LA FEMME DE MON FRÈRE 1er film
Michael COVINO pour
THE CLIMB 1er film
Bruno DUMONT pour
JEANNE
Christophe HONORÉ pour
CHAMBRE 212
Oliver LAXE pour
O QUE ARDE (VIENDRA LE FEU)
Danielle LESSOVITZ pour
PORT AUTHORITY 1er film
Mounia MEDDOUR pour
PAPICHA 1
Midi Z pour
ZHUO REN MI MI
Albert SERRA pour
LIBERTÉ
Annie SILVERSTEIN pour
BULL 1er film
Maryam TOUANI pour
ADAM
ZU Feng pour
LIU YU TIAN 1er film
Voici la liste des films présentés en Séances spéciales et en Séances de Minuit (la liste sera complétée ultérieurement)
Séances de minuit :
LEE Won-Tae pour
THE GANGSTER, THE COP, THE DEVIL 1h47
Séances Spéciales :
Waad Al KATEAB
Edward WATTS pour
FOR SAMA
Pippa BIANCO pour
SHARE 1er film
Alain CAVALIER pour
ÊTRE VIVANT ET LE SAVOIR
Abel FERRARA pour
TOMMASO
Werner HERZOG pour
FAMILY ROMANCE pour
Juan SOLANAS pour
QUE SEA LEY
Après l’annonce de la sélection officielle Thierry Frémaux et Pierre Lescure ont répondu aux questions des journalistes précisant notamment que :
-« Le film de Tarantino n’est pas prêt. Il a été abusivement et prématurément annoncé. »
- « La Cité de la peur sera montrée en copie restaurée en présence des intéressés »
-Concernant Netflix, ils ont ainsi précisé que « Pour la compétition les films doivent sortir en salles ». « Surtout avec les encouragements que nous avons reçus, notamment de Spielberg, de Godard mais aussi de nombreux exploitants, nous n’en sommes pas à accueillir en compétition des films qui ne rencontrent pas le public en salles. »
-A une question d’une journaliste japonaise concernant l’absence en sélection officielle du nouveau film de Kore-Eda (qui avait reçu la palme d’or en 2018), Thierry Frémaux a précisé que « Le film de Kore-Eda n’est pas prêt, je pense qu’on le verra dans les festivals de l’automne. Le cinéma japonais est souvent représenté à Cannes. Je vous ferai la même réponse : il y a 198 pays à l’ONU et on ne peut prendre les films de tous les pays bien que le cinéma japonais soit fort, riche, important et important dans l’histoire du Festival de Cannes. »
COMPLEMENTS DE SELECTION
- "Il y aura un film de clôture ou ce sera la palme.", "L’expérience de montrer la palme d’or était concluante donc ce sera en fonction des offres qui nous serons encore faites" nous avaient ainsi annoncé Thierry Frémaux et Pierre Lescure lors de la conférence de presse. Ce sera donc finalement une bien nommée "dernière séance"...
FILM DE CLÔTURE : La dernière séance… Le festival renoue avec les films de clôture qui créent l’évènement. C’est en effet le nouveau film d’Olivier Nakache et Eric Toledano, Hors Normes,avec Vincent Cassel et Reda Kateb, qui fera l’objet de la « Dernière séance », le samedi 25 mai, dans le Grand Théâtre Lumière, lors de la soirée du Palmarès.
Synopsis : Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés "d'hyper complexes". Une alliance hors du commun pour des personnalités hors normes.
Comme annoncé lors de la conférence de presse du 18 avril dernier, des films sont venus ultérieurement complété la sélection officielle.
Les déclarations entre guillemets sont de Thierry Frémaux, Délégué général. Elles s’ajoutent aux commentaires faits sur les films déjà annoncés.
COMPÉTITION
Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino (2h45)
« On a craint que le film, ne sortant que fin juillet, ne soit pas prêt mais Quentin Tarantino, qui n’a pas quitté sa salle de montage depuis quatre mois, est un vrai enfant de Cannes, fidèle et ponctuel ! Comme pour Inglourious Basterds, il sera bien là, vingt-cinq ans après la Palme d’or de Pulp Fiction, avec un film terminé, projeté en 35mm et en présence de sa troupe d’acteurs : Leonardo DiCaprio, Margot Robbie, Brad Pitt. Son film est une déclaration d’amour au Hollywood de son enfance, une visite rock à l’année 1969 et une ode au cinéma tout entier. C’est aussi un travail qui dépasse nos attentes et prouve la maturité de l’artiste. C’est pourquoi, en plus de Quentin et sa team pour les jours et les nuits passés au montage, le Festival remercie spécialement les équipes de Sony Pictures, qui ont rendu tout cela possible. »
Photos ci-dessus prises à l'occasion de la présentation en compétition du Festival de Cannes 2009.
Mektoub, My Love : Intermezzo d’Abdellatif Kechiche (4h)
« J’ai vu le film jeudi dernier, toujours en montage, et même en plein montage ! Mais il sera terminé, dans une durée annoncée de 4h par le réalisateur. Et montré en fin de Festival pour que le DCP puisse être livré dans les temps. Avec une histoire fleuve et un portrait extraordinaire de la jeunesse des années 90 dont il a raconté les prémices dans son Canto Uno et dont on retrouvera les acteurs avec plaisir, le réalisateur tunisien/français Abdellatif Kechiche sera de nouveau présent à Cannes pour l’Intermezzo de Mektoub, My Love, six ans après sa Palme d’or pour La Vie d’Adèle. »
SÉANCE DE MINUIT
Lux Æterna de Gaspar Noé (50mn)
« Sur un tournage, deux actrices, Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg, se racontent des histoires de sorcières, et pas seulement. Lux Æterna est aussi un essai sur le cinéma, sur la cinéphilie et sur l’hystérie des plateaux. Un moyen métrage énergique et brillant pour le retour – inattendu il y a peu – de Gaspar Noé en Sélection officielle. Un film vu à la dernière minute par le comité de sélection et qui sera projeté dans une Séance de Minuit aussi hype que mystérieuse. »
UN CERTAIN REGARD
La fameuse Invasion des Ours en Sicile / La famosa invasione degli orsi in Sicilia de Lorenzo Mattotti (1h22)
« Tiré du conte pour enfants de Dino Buzzati, le film d’animation de l’illustrateur et auteur de bandes dessinées Lorenzo Mattotti est un éblouissement visuel dont l’inventivité graphique, et le travail sur la couleur ravira bien au-delà des seuls amateurs du maître italien – avec les voix de Toni Servillo, Antonio Albanese et Andrea Camilleri pour l’Italie et Leïla Bekhti, Arthur Dupont et Jean-Claude Carrière pour la France. Comme Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mevellec, l’autre film d’animation de Un Certain Regard, La famosa invasione degli orsi in Sicilia figurera aussi en Compétition au grand rendez-vous du festival d’animation d’Annecy en juin prochain. »
Odnazhdy v Trubchevske de Larissa Sadilova (1h30)
« La réalisatrice russe Larissa Sadilova, déjà auteure de six longs métrages, n’a plus tourné depuis quelques années. Elle revient avec cette “chronique du village de Troubtchevsk” qui, dans la campagne russe contemporaine, évoque le sentiment amoureux avec un regard tendre sur des personnages joués par de formidables acteurs et dans une mise en scène épurée. Les aspirations des femmes, leur patience, le courage qu’il faut montrer pour une émancipation toujours illusoire, le désir, la frustration et un certain fatalisme immémorial sont observés avec acuité et sans pesanteur. C’est la première fois que le Festival de Cannes accueille Larissa Sadilova. »
SÉANCES SPÉCIALES
Chicuarotes de Gael García Bernal (1h35)
« Membre à part entière de l’extraordinaire génération mexicaine, acteur de premier rang chez Iñárritu ou Cuarón, Gael García Bernal est, avec Diego Luna, un fidèle de Cannes dont il fut membre du Jury en 2014. Chicuarotes est le deuxième long métrage de l’acteur, une plongée dans la société mexicaine à travers l’histoire d’adolescents sur lesquels il jette un regard tendre, à la mesure d’un pays éternel auquel le cinéma mexicain rend hommage film après film.»
La Cordillère des songes / La Cordillera de los sueños de Patricio Guzmán (1h24)
« Patricio Guzmán a quitté le Chili il y a plus de quarante ans lorsque la dictature militaire remplaça le Front populaire mais il n’a pas cessé de réfléchir sur un pays, une culture, un espace géographique qu’il n’a jamais oubliés. Après le Nord de Nostalgie de la lumière et le sud du Bouton de nacre, il filme de près ce qu’il appelle “l’immense colonne vertébrale révélatrice de l’histoire passée et récente du Chili”. La Cordillera de los sueños est un poème visuel, une enquête historique, un essai cinématographique et une magnifique introspection intime et collective. »
La Glace en feu / Ice on Fire de Leila Conners (1h38)
« En 2007, Leila Conners avait projeté à Cannes The 11th Hour, un documentaire coup de poing sur le réchauffement climatique produit par Leonardo DiCaprio. Dans une tradition assumée, le Festival expose ces documentaires de combat, comme il l’avait fait pour Davis Guggenheim et le film Une Vérité qui dérange, qui était allé jusqu’à l’Oscar du Meilleur documentaire comme Al Gore au Prix Nobel de la paix. Douze ans plus tard, alors que les signaux d’alerte sur la planète continuent à se multiplier partout dans le monde (et plus que ça !), Leila Conners et Leonardo DiCaprio font à nouveau équipe, sur le même sujet, pour un film au titre éloquent : La Glace en feu. Et reviennent sur la Croisette pour le présenter. »
Ward 5B de Dan Krauss (1h33)
« Dans les années 80, seuls un numéro et une lettre désignent un pavillon de l’hôpital général de San Francisco, le premier du pays à traiter les patients atteints du SIDA. Alors qu’une partie de la société considère les malades comme des parias, les soignants, hommes et femmes, du 5B choisissent une voie différente. Ce film est leur histoire.
Réalisé par Dan Krauss, Ward 5B est un film sur un passé qui interroge notre présent. Il sera distribué aux États-Unis, partout dans le monde et en France, où aura lieu en octobre prochain la conférence mondiale de tous ceux qui s’engagent financièrement pour les trois prochaines années dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Bono, le chanteur de U2, est un fervent soutien de cette cause et accompagne ce film qu’il viendra soutenir en personne à Cannes. »
Evénements et rendez-vous
En plus de la rencontre avec Alain Delon évoquée au début de cet article, trois autres rendez-vous d'exception seront ainsi proposés par le festival : Zhang Ziyi, Sylvester Stallone, Nicolas Winding Refn.
-Avec Sylvester Stallone
À l’occasion de sa présence à Cannes, Sylvester Stallone sera mis à l’honneur lors d’une séance spéciale dans le Palais des Festivals le vendredi 24 mai à 22h30 où il présentera sur scène – et en exclusivité – des images de Rambo V. Après un montage retraçant son immense carrière, la restauration en DCP 4K de Rambo : First Blood de Ted Kotcheff (1982) sera projetée en première mondiale sur l’écran du Grand Théâtre Lumière.
Vendredi 24 mai à 16h
Sylvester Stallone
Conversation animée par Didier Allouch (Journaliste, correspondant du Festival de Cannes à Los Angeles)
Samedi 18 mai à 16h
Nicolas Winding Refn
Conversation animée par Philippe Rouyer (Critique à Positif et au Cercle de Canal+)
Mercredi 22 mai à 16h30
Zhang Ziyi
Conversation animée par Yves Montmayeur (Historien et réalisateur)
Zhang Ziyi présentera Tigre et Dragon d’Ang Lee au Cinéma de la plage le mardi 21 mai à 21h30.
LE JURY 2019
Sous la première présidence d’un cinéaste latino-américain, Alejandro Gonzalez Iñárritu, nous retrouvons ainsi dans le jury quatre femmes, et quatre hommes venant de quatre continents et issus de sept nationalités différentes.
Pierre Lescure et Thierry Frémaux ont ainsi commenté ce choix : « Le Jury de Cannes est invité à voir des films réalisés parmi les plus grands cinéastes de l’époque – c’est encore le cas cette année. Toutes celles et ceux qui figurent en Compétition doivent aussi se savoir regardés par de grands artistes – c’est également le cas ! »
Le Jury dévoilera son palmarès le samedi 25 mai au cours de la cérémonie de Clôture.
(Auteur de bandes-dessinées, réalisateur / France)
Robin Campillo
(Réalisateur, scénariste & monteur / France)
Yorgos Lanthimos
(Réalisateur, scénariste & producteur / Grèce)
Paweł Pawlikowski
(Réalisateur & scénariste / Pologne)
LE JURY UN CERTAIN REGARD
Présidé par la réalisatrice et comédienne libanaise Nadine Labaki, le Jury composé de 3 femmes et 2 hommes délivrera son palmarès le vendredi 24 mai lors de la cérémonie de Clôture du Certain Regard.
Présidente
Nadine Labaki
Réalisatrice & actrice / Liban
Marina Foïs
Actrice / France
Nurhan Sekerci-Porst
Productrice / Allemagne
Lisandro Alonso
Réalisateur / Argentine
Lukas Dhont
Réalisateur / Belgique
LE JURY DE LA CAMERA D'OR
Rithy Panh (président du jury)
Alice Diop
Sandrine Marques
Benoît Delhomme
Nicolas Naegelen
LE JURY DES COURTS METRAGES ET DE LA CINEFONDATION
Les 25 ans de La Cité de la peur, Shining présenté par Alfonso Cuarón en séance de minuit, les 50 ans d’Easy Rider en compagnie de Peter Fonda, Luis Buñuel à l’honneur en trois films, la présence de Lina Wertmüller, le Grand Prix de 1951 Miracle à Milan de Vittorio De Sica, un ultime salut à Milos Forman, le premier film d’animation en couleur du cinéma japonais, le World Cinema Project et la Film Foundation de Martin Scorsese, des documentaires sur le cinéma et sur l’Histoire, des chefs-d’œuvre connus et des films rares en version restaurée venus de pays rarement honorés, voilà la nouvelle édition de Cannes Classics, première section dédiée au cinéma classique dans un grand festival qui, une fois de plus, nous réserve de belles surprises.
Les films seront projetés salle Buñuel, salle du Soixantième ou au Cinéma de la Plage, tous présentés par des acteurs majeurs du patrimoine cinématographique : réalisateurs, artistes ou responsables des restaurations.
Les 50 ans d’Easy Rider
Présenté il y a un demi-siècle en Compétition, le film obtint le Prix de la première œuvre. Co-scénariste, co-producteur et acteur principal, Peter Fonda revient à Cannes, invité par le Festival pour célébrer cet anniversaire.
Easy Rider (1969, 1h35, États-Unis) de Dennis Hopper
Shining en Séance de minuit
Le film d’horreur ultime pour une séance-événement présentée par le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón, membre du Jury de Cannes en 2008, plusieurs fois oscarisé.
The Shining (Shining) de Stanley Kubrick (1980, 2h26, Royaume-Uni / États-Unis)
Les 25 ans de La Cité de la peur
La comédie culte des Nuls sera présentée au Cinéma de la Plage à l’occasion de la restauration en 4K du film pour son 25e anniversaire, en présence d’Alain Chabat, Chantal Lauby et Dominique Farrugia.
La Cité de la peur, une comédie familiale (1994, 1h39, France) d’Alain Berbérian
Luis Buñuel à l’honneur en trois films
Trois films du réalisateur et scénariste mexicain, d’origine espagnole, seront montrés cette année.
Los Olvidados (The Young and the Damned) (1950, 1h20, Mexique) de Luis Buñuel
Nazarín (1958, 1h34, Mexique) de Luis Buñuel
L’Âge d’or (The Golden Age) (1930, 1h, France) de Luis Buñuel
Hommage à Lina Wertmüller
Première réalisatrice nommée aux Oscars en 1977 pour Pasqualino Settebellezze, Lina Wertmüller présentera le film en présence de son acteur Giancarlo Giannini.
La Palme d’or ne sera créée qu’en 1955 mais le Grand Prix obtenu par Miracle à Milan de Vittorio De Sica en était l’équivalent.
Miracolo a Milano (Miracle à Milan / Miracle in Milan) (1951, 1h40, Italie) de Vittorio De Sica
Milos Forman
Fidèle du Festival de Cannes, ancien Président du Jury, cinéaste de plusieurs vies, Milos Forman est mort il y a un an. La restauration de son deuxième long métrage ainsi qu’un documentaire donnent l’occasion de l’hommage et du souvenir.
Lásky jedné plavovlásky (Les Amours d’une blonde / Loves of a Blonde) (1965, 1h21, République tchèque) de Milos Forman
Forman vs. Forman (République tchèque / France, 1h17) de Helena Trestikova and Jakub Hejna
Tous les films restaurés de Cannes Classics 2019
Toni de Jean Renoir (1934, 1h22, France)
Le Ciel est à vous (1943, 1h45, France) de Jean Grémillon
Moulin Rouge (1952, 1h59, Royaume-Uni) de John Huston
Kanal (Ils aimaient la vie / They Loved Life) (1957, 1h34, Pologne) d’Andrzej Wajda
Une présentation de Kadr en association avec Malavida. Numérisation, étalonnage et restauration en
Hu shi ri ji (Diary of a Nurse) (1957, 1h37, Chine) de Tao Jin
Hakujaden (Le Serpent blanc / The White Snake Enchantress) (1958, 1h18, Japon) de Taiji Yabushita
125 Rue Montmartre (1959, 1h25, France) de Gilles Grangier
A tanú (Le Témoin / The Witness) (1969, 1h52, Hongrie) de Péter Bacsó
Tetri karavani (La Caravane blanche / The White Caravan) (1964, 1h37, Géorgie) d’Eldar Shengelaia et Tamaz Meliava
Plogoff, des pierres contre des fusils de Nicole Le Garrec (1980, 1h48, France)
Caméra d’Afrique (20 ans de cinéma africain / ) (20 Years of African Cinema) de Férid Boughedir (1983, 1h38, Tunisie / France)
Dao ma zei (The Horse Thief / Le Voleur de chevaux) (1986, 1h28, Chine) de Tian Zhuangzhuang et Peicheng Pan
The Doors (Les Doors) (1991, 2h20, États-Unis) d’Oliver Stone
Documentaires
Making Waves: The Art of Cinematic Sound (Etats-Unis, 1h34) de Midge Costin
Les Silences de Johnny (55mn, France) de Pierre-William Glenn
La Passione di Anna Magnani (1h, Italie / France) d’Enrico Cerasuolo
Cinecittà - I mestieri del cinema Bernardo Bertolucci (Italie, 55mn) de Mario Sesti
Prix de la Citoyenneté
L'an passé, je vous avais parlé de ce nouveau prix remis à un film de la compétition du Festival de Cannes (retrouvez, en bas de cette note, mon article complet sur le Prix de la Citoyenneté 2018 avec la critique du film lauréat, la présentation détaillée du prix et l'interview de sa cofondatrice, Line Toubiana).
Cette année à nouveau, le film lauréat sera choisi "pour ses qualités artistiques et ses valeurs d'humanisme, de laïcité et d'universalisme", des valeurs plus que jamais essentielles.
Le cinéaste Amos Gitaï présidera le jury 2019. Il sera accompagné de : Raja Amari (réalisatrice tunisienne), Eva Bettan (journaliste française, France Inter), Emmanuel Gras (réalisateur français), Marème N'Diaye (actrice sénégalaise). Le Prix est attribué par l'association Clap Citizen Cannes présidée par Laurent Cantet. Les Présidentes d'honneur sont Catherine Martin-Zay et Hélène Mouchard-Zay.
Ne manquez pas la table ronde autour du thème "Cinéma et Citoyenneté", à 11H au Pavillon des Cinémas du Monde avec pour intervenants notamment Amos Gitaï et les autres membres du jury du Prix de la Citoyenneté.
Le Jury du Prix de la Citoyenneté montera les marches avec ses partenaires le 23 Mai.
La remise du Prix de la Citoyenneté aura lieu le 25 Mai à 11H, au Salon des Ambassadeurs du Festival de Cannes,, notamment en présence du réalisateur ou de la réalisatrice du film primé, des membres du jury, les Présidentes honoraires de l'association et le Délégué Général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux.
"Nous fûmes les Guépards, les Lions ceux qui nous remplaceront seront les chacals et des hyènes ... Et tous, Guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre."
Le Guépard (1959) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (cité dans Le Guépard de Visconti)
L'an passé, je vous avais parlé de ce nouveau prix remis à un film de la compétition du Festival de Cannes (retrouvez, en bas de cette note, mon article complet sur le Prix de la Citoyenneté 2018 avec la critique du film lauréat, la présentation détaillée du prix et l'interview de sa cofondatrice, Line Toubiana).
Cette année à nouveau, le film lauréat sera choisi "pour ses qualités artistiques et ses valeurs d'humanisme, de laïcité et d'universalisme", des valeurs plus que jamais essentielles.
Le cinéaste Amos Gitaï présidera le jury 2019. Il sera accompagné de : Raja Amari (réalisatrice tunisienne), Eva Bettan (journaliste française, France Inter), Emmanuel Gras (réalisateur français), Marème N'Diaye (actrice sénégalaise). Le Prix est attribué par l'association Clap Citizen Cannes présidée par Laurent Cantet. Les Présidentes d'honneur sont Catherine Martin-Zay et Hélène Mouchard-Zay.
Ne manquez pas la table ronde autour du thème "Cinéma et Citoyenneté", à 11H au Pavillon des Cinémas du Monde avec pour intervenants notamment Amos Gitaï et les autres membres du jury du Prix de la Citoyenneté.
Le Jury du Prix de la Citoyenneté montera les marches avec ses partenaires le 23 Mai.
La remise du Prix de la Citoyenneté aura lieu le 25 Mai à 11H, au Salon des Ambassadeurs du Festival de Cannes,, notamment en présence du réalisateur ou de la réalisatrice du film primé, des membres du jury, les Présidentes honoraires de l'association et le Délégué Général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux.
CRITIQUE DU PRIX DE LA CITOYENNETE 2018, VIDEOS DE LA REMISE DU PRIX, PRESENTATION DETAILLEE DU PRIX DE LA CITOYENNETE ET INTERVIEW DE SA COFONDATRICE LINE TOUBIANA
En mai 2018, en plus du Prix du Jury du Festival de Cannes, Capharnaüm, troisième long métrage de Nadine Labaki, recevait le Prix de la Citoyenneté. Une projection en avant-première du film a eu lieu au CNC après la remise du prix à Cannes.
Ci-dessus, le discours de Nadine Labaki au CNC la semaine dernière.
Retrouvez, ci-dessous, après la critique du film, la présentation détaillée de ce Prix de la Citoyenneté avec, notamment, une interview de Line Toubiana, membre cofondatrice du prix avec Françoise Camet, Guy Janvier et Jean-Marc Portolano.
Créé cette année et attribué par un jury de professionnels (présidé par Abderrahmane Sissako pour l’édition 2018), ce prix sera chaque année décerné à un des films de la compétition officielle du Festival de Cannes. Le jury du Prix de la Citoyenneté visionne ainsi l’ensemble des films de la compétition officielle avant de choisir celui qui, parmi ceux-ci, se verra décerner cette noble récompense.
Si, comme tous les ans, plusieurs films évoquaient l’âpreté du monde contemporain, le film de Nadine Labaki était sans aucun doute celui qui correspondait le mieux aux valeurs humanistes, laïques et universalistes défendues par ce prix.
À l'intérieur d'un tribunal, Zain, un garçon de 12 ans, est présenté devant le juge. À la question : « Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? », Zain lui répond : « Pour m'avoir donné la vie ! ». Capharnaüm retrace l'incroyable parcours de cet enfant en quête d'identité et qui se rebelle contre la vie qu'on cherche à lui imposer.
Zain vit ainsi avec ses parents, frères et sœurs dans un appartement insalubre et spartiate qui appartient à un marchand du quartier pour lequel travaillent les enfants pour pouvoir payer le loyer. Ils transforment aussi des médicaments en stupéfiants avant de les revendre quand ils ne sont pas contraints de mendier dans la rue. Dans leur vie ne subsiste ainsi aucune lueur, ni d’enfance, ni de joie, ni d’espoir, comme dans le regard de Zain qui, à lui seul, semble exprimer toute la colère et la détresse de ses frères et sœurs face à ce quotidien misérable. Il ne s’adoucit qu’en présence de sa sœur Sahar dont il comprend rapidement qu’elle va être vendue au boutiquier. Après avoir tenté en vain et avec opiniâtreté de la sauver de cette terrible destinée, il s’enfuit…
Dès les premiers plans, le regard buté, boudeur, déterminé, et d’une tristesse insondable du petit Zain accroche notre attention et notre empathie pour ne plus les lâcher jusqu’à la respiration finale. Avant cela, constamment en mouvement, la caméra épouse sa fébrilité, et son énergie portée par sa rage contre les adultes, contre son destin, contre le malheur et la violence qui constamment s’abattent sur lui et qui le contraignent à en devenir un bien avant l’heure.
Nous suivons Zain dans le chaos poussiéreux, ce dédale tentaculaire qu’est le bidonville de Beyrouth, ce capharnaüm gigantesque et oppressant. Téméraire, il tente de survivre malgré la dureté révoltante de son quotidien. Sur son chemin, il rencontre Cafardman, personnage burlesque, lunaire, drôle et tragique, qui semble là pour nous rappeler que « l’humour est la politesse du désespoir ». Ainsi, dans ce capharnaüm, même les héros de l’enfance ont le cafard. Zain dort d’abord dans un parc d’attractions, celui où travaille Cafardman. Plans sublimement tristes de Zain qui erre dans ce lieu censé être de jeu et de joie devenu fantomatique et sinistre, comme un vestige de son enfance à jamais inaccessible et révolue. Il y rencontre une immigrée éthiopienne qui a quitté son travail d’employée de maison après être tombée enceinte. Elle élève seule Yonas, son bébé qu’elle entoure et grise d’amour, qu’elle cache aux autorités de crainte qu’ils ne soient expulsés. A la tendresse dont elle entoure son bébé, s’opposent l’indifférence glaciale et même la violence et les coups que Zain a subis de la part de ses parents. Quand elle disparait, il s’occupe pourtant du bébé, le nourrit, le trimballe partout avec lui, et déploie une force admirable pour celui-ci. Leur duo improbable est poignant, d’autant plus que le bébé est d’une rare expressivité et que la réalisatrice en fait un personnage à part entière. Malgré tout ce qu’il a affronté et subi, ce petit homme qu’est Zain, malgré ce regard duquel semble avoir disparu toute candeur, conserve en lui une humanité salvatrice qu’il déploie pour s’occuper de Yonas comme un pied-de-nez à ce cercle vicieux de la violence et de l’indifférence et de l’absence de tendresse.
Les acteurs sont des non professionnels dont l'existence tragique ressemble à celle des personnages, et l’émotion qui se dégage du film en est décuplée. La réalisatrice s’est ainsi véritablement imprégnée du réel. Elle a effectué trois années de recherche et le tournage a duré six mois avec plus de 520 heures de rushes. Au premier rang des acteurs, Zain, qui porte le même prénom que son personnage, et qui se nomme Zain Al Rafeea, un petit Syrien de 14 ans, réfugié au Liban avec sa famille et découvert par une directrice de casting à Beyrouth. Avec son naturel déconcertant, son énergie phénomènale, sa force, son regard noir et déterminé, il crève littéralement l’écran et nous emporte avec lui dans sa course folle contre le destin et contre cette roue du malheur qui semble tout emporter et broyer sur son passage, a fortiori l’humanité.
Si dans la première version projetée à Cannes en mai dernier, la musique était parfois trop emphatique, en particulier au dénouement, cette nouvelle version resserrée présentée au CNC est absolument parfaite et quand enfin ce capharnaüm s’apaise, la lueur d’espoir qu’il laisse entrevoir est sidérante d’émotion. Comme une démonstration et une plaidoirie implacables du petit Zain et de tous les enfants qu’il représente. Le regard final face caméra, face au monde, face à nous et le sourire esquissé sont parmi les plus beaux qu’il m’ait été donné de voir au cinéma. Une respiration, enfin, après cette étouffante descente aux Enfers sans répit, malheureusement celle que vivent tant d’enfants comme le petit Zain. Ce n’est pas pour rien que Nadine Labaki joue l’avocate qui défend Zain dans le procès qui l’oppose à ses parents. Rarement l’enfance maltraitée aura connu telle plaidoirie. Ajoutez à cela un souffle romanesque, une réalisation vive et inspirée et vous obtiendrez un film bouleversant d’une rare intensité et d’une force incontestable. Oui, un film humaniste et universel, et citoyen : indéniablement.
Quelques vidéos du jury du Prix de la Citoyenneté, de ses fondateurs, du Président de l'association Citizen Clap Laurent Cantet, et de Nadine Labaki à Cannes.
Nadine Labaki à Cannes lors de la remise du Prix de la Citoyenneté
Discours de Danièle Heymann, membre du jury du Prix de la Citoyenneté, lors de la remise du prix
Laurent Cantet à propos du Prix de la Citoyenneté à Cannes
Abderrahmane Sissako à propos du Prix de la Citoyenneté à Cannes
Line Toubiana lors de la présentation du film au CNC
A propos du Prix de la Citoyenneté : présentation du prix
Line Toubiana (retrouvez son interview en bas de cet article), Françoise Camet, Guy Janvier, Jean-Marc Portolano ont créé en 2017 une association, Clap Citizen Cannes. Ces quatre fondateurs de l'association, tous critiques et cinéphiles passionnés, sont attachés aux valeurs d'humanisme, d'universalisme et de laïcité de la Citoyenneté. Le président de l'association est Laurent Cantet (palme d'or 2008 pour son mémorable Entre les murs).
Photo - Copyright Haut et Court
Cette association a pour but de décerner le prix de la citoyenneté à un des films de la sélection officielle du Festival du Film International de Cannes dont l'édition 2018 aura lieu du 8 au 19 Mai.
Le film primé incarnera des valeurs humanistes, laïques et universalistes. Le président du jury de la première édition du prix de la citoyenneté sera le cinéaste Abderrhamane Sissako.
Le prix a obtenu le soutien et l’appui logistique de Pierre Lescure et Thierry Frémaux, respectivement Directeur général et Délégué général du Festival de Cannes pour décerner ce "Prix de la Citoyenneté" qui sera remis à un film de la sélection officielle et pour la première fois à l’issue du Festival de Cannes 2018.
Encore un prix vous direz-vous certainement. Certes, mais celui-ci me semble tout particulièrement nécessaire "parce que le monde change et parce que notre société est de plus en plus ouverte sur le monde". Il est ainsi destiné à accompagner son évolution : "Quel meilleur vecteur que le cinéma et sa puissance créatrice pour évoquer, analyser et réfléchir à l'évolution des réalités humaines, sociales, politiques, territoriales ?" peut-on ainsi lire sur le site officiel du prix.
Ce Prix s'inscrit dans2 traditions :
Celle de la citoyenneté telle qu’elle a été définie dans la Déclaration des droits de l’homme et du Citoyen de 1789
- Article 11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »
Celle de la résistance à l’oppression
...sous toutes ses formes que symbolise si bien Jean Zay, ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts qui a créé le premier Festival de Cannes en 1939, en opposition à la Mostra de Venise soutenue à l'époque par le pouvoir fasciste.
Cet prix met en avant des valeurs humanistes, des valeurs universalistes et des valeurs laïques. Ce nouveau « Prix » célèbre ainsi l'engagement d'un film, d'un réalisateur et d'un scénariste en faveur de ces valeurs."Le prix de la citoyenneté du Festival International du Film de Cannes doit permettre l'émergence de valeurs humanistes, universelles et laïques, fondatrices d'une communauté de destins". Je vous recommande ainsi les pages passionnantes du site officiel du prix de la citoyenneté qui définissent ces valeurs.
Abderrhamane Sissako présidera le jury. Le Prix de la citoyenneté pour sa première édition pouvait difficilement trouver meilleur président tant ses films, dont son chef-d'œuvre Timbuktu,défendent ces valeurs.
A ses côtés :
-Francescoa Giai Via, critique de cinéma et professionnel de la culture et notamment directeur artistique du festival Annecy cinéma italien.
-Danièle Heymann, journaliste française et critique de cinéma officiant notamment au Masque et la plume sur France inter. Elle a également été membre du jury du Festival de Cannes 1987.
-Patrick Bézier, directeur général d'Audiens, groupe de protection sociale des secteurs de la culture, de la communication et des médias.
-Léa Rinaldi, réalisatrice et productrice indépendante (Alea Films), spécialisée dans le documentaire d'immersion.
Pour en savoir plus, je vous encourage à découvrir le site internet du prix de la citoyenneté, extrêmement bien conçu sur lequel vous pourrez également participer à un quizz sur la citoyenneté et ainsi tester vos connaissances : https://www.prix-de-la-citoyenneté.fr
-Vous êtes cofondatrice de ce nouveau prix, le prix de la citoyenneté, une judicieuse initiative qui permettra de récompenser un film défendant des valeurs citoyennes parmi les films de la compétition officielle du Festival de Cannes. Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce prix ? En quoi, selon vous, un nouveau prix et celui-ci en particulier, était-il nécessaire ?
L'idée de ce prix est née à la faveur du 70 ème anniversaire du Festival de Cannes qui rappelle la mémoire de Jean Zay, fondateur du Festival de Cannes. Il nous a semblé nécessaire de remettre à l'honneur les valeurs essentielles de la citoyenneté qui étaient siennes : résistance à l’oppression, humanisme, universalisme et laïcité.
- On imagine aisément que la création d’un tel prix au sein du plus grand festival de cinéma au monde nécessite une importante logistique mais aussi des moyens conséquents. Pourquoi est-ce important d’adhérer à l’association ?
Nous avons d’abord obtenu l’accord du président Pierre Lescure qui nous a assuré du soutien logistique du Festival. Nous avons de ce fait créé notre association Clap Citizen Cannes et avons demandé à Laurent Cantet (Palme d’or 2008) d’en être le Président. Les trois autres membres fondateurs, Françoise Camet, Guy Janvier, Jean-Marc Portolano et moi-même sommes fiers de la constitution de notre jury dont le président est Abderrhamane Sissako.
La mise en œuvre de ce Prix en amont, et sur place à Cannes, exige un investissement important et des partenaires. Si nous avons quelques contributions, celles-ci restent encore très justes. C’est pourquoi le soutien d’adhérents nombreux nous aiderait à réaliser cette manifestation dans de bonnes conditions. Je ne peux qu’encourager l’adhésion qui est en ligne sur notre site. Je tiens à signaler, si besoin est, que nous sommes tous les 4 fondateurs et organisateurs de ce Prix, parfaitement bénévoles. Le site : https://www.prix-de-la-citoyenneté.fr
Les adhérents seront invités à la projection du film primé en avant-première lors de la sortie nationale du film, à Paris ou à Cannes, en présence du réalisateur.
Nous sommes ravis d’avoir également un partenariat au Festival de Cannes avec France média Monde qui va contribuer à donner un rayonnement et une visibilité internationale à notre prix.
-Vous êtes également auteure (vous avez notamment coécrit Un lieu à soi - Editions L’Harmattan, déclaration d’amour à Cannes, pleine de sensibilité et de douce mélancolie) mais aussi critique de cinéma. Vous animez ainsi une émission de cinéma. Et vous couvrez le Festival de Cannes depuis de nombreuses années. Depuis quand couvrez-vous ainsi le festival ? Quel regard portez-vous sur celui-ci et sur son évolution ? Si un film projeté dans le cadre du festival depuis sa création devait pour vous symboliser les valeurs que défend le prix de la citoyenneté, quel serait-il ?
Cela fait effectivement très longtemps que je suis passionnée de cinéma, du Festival de Cannes et de la ville de Cannes. Comme l’indique le titre de mon ouvrage Un lieu à soi je me sens cannoise à part entière, mais aussi citoyenne du monde ! J’ai couvert le festival aussi bien pour la presse écrite que pour la radio et je l’ai vu grandir et évoluer jusqu’à devenir le plus grand évènement artistique mondial. Grâce à Gilles Jacob, ses prédécesseurs et successeurs, le Festival promeut le cinéma international d’auteur, de qualité, de haut niveau artistique. Si je garde bien sûr un regard quelque peu nostalgique sur l’Ancien Palais et le Blue bar, je ne suis pas moins admirative des proportions gigantesques qu’a pris ce festival d’année en année.
Il est difficile de choisir un film le plus citoyen parmi des centaines, mais je mettrais en avant le cinéma des frères Dardenne qui est le plus en accord avec les valeurs de ce prix.
- Si vous aviez eu à remettre le prix de la citoyenneté parmi un film de la compétition officielle du Festival de Cannes 2017, lequel selon vous aurait le mieux incarné les valeurs défendues par le prix ?
Sans hésiter pour le film The Square de Ruben Ostlund, film dérangeant et provocateur mais qui prône sans concession, avec force et talent, la nécessité de la vraie solidarité et de l’altruisme dans notre société en proie à la violence et à la misère.
-Que pensez-vous de la sélection officielle 2018, en particulier au regard du prix de la citoyenneté qui sera décerné parmi un de ces films ?
Il y a beaucoup de cinéastes engagés dans cette sélection très prometteuse des valeurs que défend ce Prix : Asghar Farhadi, Stéphane Brizé, Spike Lee, Kirill Serebrennikov… Mais un film citoyen n’est pas seulement militant. Je pense que le Jury a pour cette première année, la chance d’avoir une matière idéologique et artistique à débattre, de superbe tenue.
- Vous avez l’honneur d’avoir pour président de l’association Laurent Cantet et pour président du jury de la première édition, Abderrhamane Sissako. Pouvez-vous nous dire en quoi ils incarnent les valeurs défendues par ce prix, les raisons de ces choix et comment ces derniers ont accueilli la création de ce prix ?
Ces deux grands cinéastes se sont imposés tout naturellement dans le choix des deux présidences. Nous avons eu effectivement le grand honneur qu’ils acceptent tout aussi volontiers d’être les personnalités phares de l’association et du premier Jury du Prix de la citoyenneté.
Leurs filmographies respectives interrogent le monde sur les questions de liberté, de tolérance, de transmission, de respect de l’homme et de sa dignité.. Aussi bien les films Timbuktu d’Abderrhamane Sissako qu’Entre les murs de Laurent Cantet portent, chacun à sa manière, au plus haut point, les valeurs que défend ce Prix d’une citoyenneté toujours vigilante.
En attendant de découvrir "Douleur et gloire" de Pedro Almodovar (en compétition du 72ème Festival de Cannes), je vous invite à revoir le remarquable "Etreintes brisées" (dont vous pourrez retrouver ma critique ci-dessous), qui fut également en compétition à Cannes, en 2009. Les deux films semblent d'ailleurs avoir plus d'un point commun.
Synopsis de "Douleur et gloire" :
Douleur et Gloire raconte une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.
Cinq des films de Pedro Almodovar avant "Douleur et gloire" – Tout sur ma mère (Todo Sobre mi Madre, Prix de la Mise en scène), Volver (Prix du Scénario, Prix collectif d’Interprétation féminine), Étreintes brisées (Los Abrazos Rotos), La Piel que Habito, Julieta – ont été sélectionnés en Compétition au Festival de Cannes. Enfin La Mauvaise Éducation (La Mala Educación) a fait l’ouverture du Festival en 2004 tandis que le réalisateur figure sur l’affiche officielle de la 60e édition.
Aujourd'hui, je vous propose ma critique d'Etreintes brisées qui fut en compétition en 2009.
Certes « Les Etreintes brisées » n’est pas le film le plus fou, le plus extravagant, le plus délirant de Pedro Almodovar mais il n’en demeure pas moins remarquable à de nombreux points de vue… et l’un de ses meilleurs films, peut-être même le plus maîtrisé. En tout cas, l’un de mes favoris de cette compétition cannoise 2009 avec, notamment « Inglourious Basterds » de Quentin Tarantino (que Pedro Almodovar, en cinéphile, était d’ailleurs allé voir en séance du lendemain, au Festival de Cannes).
Synopsis : Il y a 14 ans, dans un violent accident de voiture dans l’île de Lanzarote, un homme (Lluis Homar) a perdu la vue mais aussi la femme de sa vie, Lena (Penelope Cruz). Sa vie se partage alors en deux parties à l’image de ses deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême sous lequel il vit et signe les films qu’il réalise. Après l’accident, il n’est alors plus que son pseudonyme : Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus faire de films, il s’impose de survivre avec l’idée que Mateo Blanco est mort à Lanzarote aux côtés de Lena.
Pedro Almodovar, habitué de la Croisette et de la compétition cannoise (juré en 1992, en compétition pour « Tout sur ma mère » en 1999- prix de la mise en scène -, pour « La mauvaise éducation » en 2004 –présenté hors compétition- ; pour « Volver » en 2006 –prix du scénario et d’interprétation collectif-) est, en 2009 reparti bredouille pour un film dont la mise en scène d’une impressionnante beauté et maîtrise, le scénario impeccable et l’interprétation remarquable de Penelope Cruz auraient pourtant pu lui permettre de figurer au palmarès, à ces différents titres.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître certains cinéastes ne sont pas des cinéphiles mais au même titre que Picasso maîtrisait parfaitement l’histoire de la peinture, condition sine qua non au renouvellement de son art, il me semble qu’un cinéaste se doit de connaître et d’être imprégné de l’histoire du cinéma, comme Pedro Almodovar qui, dans ce film, en plus de témoigner de sa cinéphilie livre une véritable déclaration d’amour au cinéma (il rend notamment hommage à Hitchcock, Antonioni, Malle, Rossellini… ). Et à Penelope Cruz qu’il sublime comme jamais, en femme fatale, brisée et forte, à la fois Marilyn Monroe, lumineuse et mélancolique, et Audrey Hepburn, gracile et déterminée.
« Les Etreintes brisées » est un film labyrinthique d’une grande richesse : un film sur l’amour fou, le cinéma, la fatalité, la jalousie, la trahison, la passion, l’art. Un film dans lequel, à l’image du festival de Cannes, cinéma et réalité se répondent, s’imbriquent, se confondent.
La mise en abyme, à l’image de tout ce film, est double : il y a d’une part le film que réalise Harry Caine mais aussi le making of de son film. Harry Caine est lui-même double puisque c’est le pseudonyme de Mateo Blanco. Il meurt doublement : il perd la vue, la cécité étant la mort pour un cinéaste ; il perd la femme qu’il aime, une étreinte brisée qui représente la mort pour l’homme amoureux qu’il est aussi. Un film morcelé à l’image de ces photos en mille morceaux de Lena, d’une beauté tragique.
Et puis que dire de la réalisation… Flamboyante comme ce rouge immédiatement reconnaissable comme celui d’un film de Pedro Almodovar. D’un graphique époustouflant comme ce film que Mateo Blanco réalise. Sensuelle comme ces mains qui caressent langoureusement une image à jamais évanouie. Son scénario joue avec les temporalités et les genres (film noir, comédie, thriller, drame) avec une apparente facilité admirable.
Peut-être la gravité mélancolique a-t-elle désarçonné les aficionados du cinéaste qui n’en oublie pourtant pas pour autant sa folie jubilatoire comme dans ce film dans le film « Filles et valises », hommage irrésistible à « Femmes au bord de la crise de nerfs ».
Un film gigogne d’une narration à la fois complexe et limpide, romantique et cruel, qui porte la poésie langoureuse, la beauté mélancolique et fragile de son titre, un film qui nous emporte dans ses méandres de passions, un film pour les amoureux, du cinéma. Un film qui a la beauté, fatale et languissante, d’un amour brisé en plein vol… Un film qui a la gravité sensuelle de la voix de Jeanne Moreau, la beauté incandescente d’une étreinte éternelle comme dans « Voyage en Italie » de Rossellini, la tristesse lancinante de Romy Schneider auxquels il se réfère.
Penelope Cruz, d’une mélancolie resplendissante, pour cette quatrième collaboration, aurait de nouveau mérité le prix d’interprétation et sa prestation (mais aussi celles de tous ses acteurs et surtout actrices auxquels il rend ici hommage, parfois juste le temps d’une scène comme pour Rossy de Palma) prouve à nouveau quel directeur d’acteurs est Pedro Almodovar qui sait aussi, en un plan, nous embraser et embrasser dans son univers, immédiatement identifiable, la marque, rare, des grands cinéastes.
Un film empreint de dualité sur l’amour fou par un (et pour les) amoureux fous du cinéma, le cinéma qui survit à la mort, à l’aveuglement, qui sublime l’existence et la mort, le cinéma qui reconstitue les étreintes brisées, le cinéma paré de toutes les vertus. Même celle de l’immortalité. Un film par lequel je vous recommande vivement de vous laisser charmer et enlacer.
Pour l’actualité cinématographique du Festival de Cannes 2019, suivez mes blogs cinéma Inthemoodforcinema.com et Inthemoodforcannes.com. Sur Inthemoodforhotelsdeluxe.com et sur instagram (@sandra_meziere et @leshotelsdeluxe), je vous ferai également suivre l’actualité de soirées cannoises, a fortiori ce qui est toujours un événement incontournable : les soirées gastronomiques Nespresso.
Retrouvez mes articles à ce sujet lors de ces 5 dernières années :
Un dîner d’autant plus magique (encore un immense merci à Nespresso et à l’agence 14 septembre) que mon premier roman, L’amor dans l’âme, (dont l’intrigue se déroule dans le cadre du Festival de Cannes et qui évoque Claude Sautet, mon cinéaste de prédilection) figurait par hasard parmi les livres sur le cinéma sélectionnés pour orner le décor du dîner qui avait donc pour thème Claude Sautet (choix du chef, passionné de cinéma et admirateur du cinéma du réalisateur de Max et les ferrailleurs ) et le Festival de Cannes, ce que j’ai donc découvert avec surprise et plaisir.
À l’occasion de la 72ème édition du Festival de Cannes, Nespresso, partenaire historique, revient, accompagné de nouvelles étoiles de la table et du grand-écran. Véritable inconditionnel de la croisette, La Plage Nespresso sera cette année encore le scénario d’instants “coups de foudre” entre 7ème art et gastronomie.
Du matin au soir, La Plage Nespresso, en duo avec le Fooding, déroule son tapis rouge. À l’affiche de ces Entractes : des petits déjeuner Vertuo les “pieds dans l’eau”, des dîners Chefs à la carte réunissant les talents du grand-écran et leur chef préféré, ainsi que la Grande Battle des Guides par Nespresso, opposant les Chefs distingués du Michelin aux Chefs adoubés du Fooding.
Nespresso est également partenaire de la Semaine de la Critique et soutient les jeunes talents du cinéma mais aussi le Grand Prix Nespresso de la Semaine de la Critique qui, depuis 2011, se voit décerné au meilleur premier ou second long métrage de la sélection, ainsi que le Prix Nespresso Talents qui, pour sa 4ème édition cette année, récompensera les meilleurs courts-métrages réalisés au format vertical, par des réalisateurs amateurs.
Nespresso Talents récompense les grands lauréats du concours de vidéos au format vertical autour du thème “We are what we eat”, au cours d’une cérémonie le vendredi 17 mai au Palais des Festivals à Cannes, en présence du jury France – composé de Nora Hamzawi, Boris Diaw et Alexandre Cammas.
Le Grand Prix Nespresso sera également remis le mercredi 22 mai à Cannes, journée le clôture de la 58e Semaine de la Critique.
Cette année à nouveau Nespresso proposera une soirée exceptionnelle que j’aurai le plaisir de couvrir. Le 17 mai sur la Plage Nespresso à Cannes, 6 Chefs monteront ainsi sur le ring à l’occasion d’une battle inédite opposant des Chefs distingués par le MICHELIN
MAURO COLAGRECO 3 étoiles au guide MICHELIN 2019 (Mirazur, Menton)
KEI KOBAYASHI 2 étoiles au guide MICHELIN 2019 (Kei, Paris 1er)
-MICHELE FARNESI Guide Fooding 2019 (Dilia, Paris 20e)
-MOKO HIRAYAMA & OMAR KOREITEM Fooding d’amour Guide 2017 (Mokonuts, Paris 11e
-ROBERT COMPAGNON & JESSICA YANG Meilleure table Guide Fooding 2019 (Le Rigmarole, Paris 11e )
Cette soirée verra chaque Chef composer un plat symbolisant sa cuisine.
Côté Gastronomie Les Entractes Nespresso • Les petits déjeuners Nespresso Vertuo les 17, 18, 19, 21 et 22 mai • Les dîners Chefs à la Carte Nespresso x Le Fooding les 16, 18, 20 et 21 mai • La Grande Battle des Guides Michelin vs Fooding le 17 mai La Plage Nespresso (en face de l’Hôtel Marriot) Boulevard de la Croisette 06400 Cannes. nespresso.com/evenements
Voilà une annonce qui complète en beauté un programme de sélection officielle déjà exceptionnel. Le très attendu Once upon a time in… Hollywood de Quentin Tarantino sera bien en compétition du 72ème Festival de Cannes, 10 ans après Inglourious Basterds (dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous).
Voici la déclaration de Thierry Frémaux au sujet de cette sélection (communiqué de presse officiel du Festival de Cannes) :
« On a craint que le film, ne sortant que fin juillet, ne soit pas prêt mais Quentin Tarantino, qui n’a pas quitté sa salle de montage depuis quatre mois, est un vrai enfant de Cannes, fidèle et ponctuel ! Comme pour Inglourious Basterds, il sera bien là, vingt-cinq ans après la Palme d’or de Pulp Fiction, avec un film terminé, projeté en 35mm et en présence de sa troupe d’acteurs : Leonardo DiCaprio, Margot Robbie, Brad Pitt. Son film est une déclaration d’amour au Hollywood de son enfance, une visite rock à l’année 1969 et une ode au cinéma tout entier.C’est aussi un travail qui dépasse nos attentes et prouve la maturité de l’artiste. C’est pourquoi, en plus de Quentin et sa team pour les jours et les nuits passés au montage, le Festival remercie spécialement les équipes de Sony Pictures, qui ont rendu tout cela possible. »
Critique de INGLOURIOUS BASTERDS de Quentin Tarantino
Photos ci-dessus prises à l'occasion de la présentation en compétition du Festival de Cannes 2009.
Pitch : Dans la France occupée de 1940, Shosanna Dreyfus assiste à l’exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa ( Christoph Waltz). Shosanna (Mélanie Laurent) s’échappe de justesse et s’enfuit à Paris où elle se construit une nouvelle identité en devenant exploitante d’une salle de cinéma. Quelque part, ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) forme un groupe de soldats juifs américains pour mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. « Les bâtards », nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à l’actrice allemande et agent secret Bridget von Hammersmark (Diane Krüger) pour tenter d’éliminer les dignitaires du troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l’entrer du cinéma où Shosanna est décidée à mettre à exécution une vengeance très personnelle.
De ce film, seul film américain de cette compétition officielle 2009, je n’avais pas lu le pitch, tout juste vu la bande-annonce qui me faisait craindre une grandiloquence maladroite, un humour douteux, voire indécent sur un sujet délicat. Je redoutais, je pensais même détester ce film et ne m’attendais donc pas à ce que la première séquence (le film est divisé en 5 chapitres qui correspondent aux parcours de 5 personnages) me scotche littéralement à l’écran dès la première seconde, à ne plus pouvoir m’en détacher jusqu’à la dernière ligne du générique.
L’un des premiers plans nous montre une hache dans un univers bucolique que la caméra de Tarantino caresse, effleure, esquisse et esquive : finalement ce simple plan pourrait résumer le ton de ce film, où la menace plane constamment, où le décalage est permanent, où toujours le spectateur est sur le qui-vive, la hache pouvant à chaque instant venir briser la sérénité. Cette première séquence dont nous ne savons jamais si nous devons en rire, ou en frissonner de plaisir (parce qu’elle est jubilatoire à l’image de tout ce film, une première séquence au sujet de laquelle je ne vous en dirai pas plus pour maintenir le suspense et la tension incroyables qui y règnent) ou de peur, est sans nul doute une des plus réussies qu’il m’ait été donné de voir au cinéma.
Chaque séquence au premier rang desquelles la première donc recèle d’ailleurs cette même ironie tragique et ce suspense hitchcockien, le tout avec des plans d’une beauté, d’une inventivité sidérantes, des plans qui sont ceux d’un grand cinéaste mais aussi d’un vrai cinéphile (je vous laisse notamment découvrir ce plan magnifique qui est un hommage à La Prisonnière du désert de John Ford ) et d’un amoureux transi du cinéma. Rien que la multitude de références cinématographiques mériterait une deuxième vision tant l’admiration et la surprise lors de la première empêchent de toutes les distinguer.
Oui, parce que Inglourious Basterds est aussi un western. Inglourious Basterds appartient en réalité à plusieurs genres… et à aucun : western, film de guerre, tragédie antique, fable, farce, comédie, film spaghetti aussi. (Inglourious Basterds est inspiré d’un film italien réalisé par Enzo G.Castellari). Un genre et un univers qui, en réalité, n’appartiennent qu’à Tarantino et auxquels il parvient à nous faire adhérer, quels qu’en soient les excès, même celui de réécrire l’Histoire, même celui de se proclamer chef-d’œuvre avec une audace et une effronterie incroyables. Cela commence ainsi comme un conte (« il était une fois »), se termine comme une farce.
Avec quelle facilité il semble passer d’un ton à l’autre, nous faire passer d’une émotion à une autre, comme dans cette scène entre Mélanie Laurent et Daniel Brühl, dans la cabine de projection, une scène qui, en quelques secondes, impose un souffle tragique poignant, époustouflant, d’un rouge éblouissant. Une scène digne d’une tragédie antique.
Il y a du Hitchcock dans ce film mais aussi du Chaplin pour le côté burlesque et poétique et du Sergio Leone pour la magnificence des plans, et pour cet humour ravageur, voire du Melville aussi pour la réalisation, Melville à qui un autre cinéaste (Johnnie To) de cette compétition 2009 se référait d’ailleurs. Voilà, en un endroit tenu secret, Tarantino, après les avoir fait kidnapper et fait croire à leurs disparitions au monde entier, a réuni Chaplin, Leone, et Hitchcock et même Melville et Ford et leur a fait réaliser ce film qui mêle avec brio poésie et sauvagerie, humour et tragédie.
Et puis, il y a en effet le cinéma. Le cinéma auquel ce film est un hommage permanent, une déclaration d’amour passionnée, un hymne vibrant à tel point que c’est le cinéma qui, ici, va sauver le monde, réécrire la page la plus tragique de l’Histoire, mais Tarantino peut bien se le permettre : on pardonne tout au talent lorsqu’il est aussi flagrant. Plus qu’un hommage au cinéma c’est même une leçon de cinéma, même dans les dialogues : « J’ai toujours préféré Linder à Chaplin. Si ce n’est que Linder n’a jamais fait un film aussi bon que « Le Kid ». Le grand moment de la poursuite du « Kid ». Superbe . » Le cinéma qui ravage, qui submerge, qui éblouit, qui enflamme (au propre comme au figuré, ici). Comment ne pas aimer un film dont l’art sort vainqueur, dans lequel l’art vainc la guerre, dans lequel le cinéma sauve le monde ?
Comment ne pas non plus évoquer les acteurs : Mélanie Laurent, Brad Pitt, Diane Krüger, Christoph Waltz, Daniel Brühl y sont magistraux, leur jeu trouble et troublant procure à toutes les scènes et à tous les dialogues (particulièrement réussis) un double sens, jouant en permanence avec le spectateur et son attente. Mélanie Laurent qui a ici le rôle principal excelle dans ce genre, de même que Daniel Brühl et Brad Pitt.
Que dire de la BO (signée Ennio Morricone) incroyable qui, comme toujours chez Tarantino, apporte un supplément de folie, d’âme, de poésie, de lyrisme et nous achève…
Quentin Tarantino avec ce septième long-métrage a signé un film audacieux, brillant, insolent, tragique, comique, lyrique, exaltant, décalé, fascinant, irrésistible, cynique, ludique, jubilatoire, dantesque, magistral. Une leçon et une déclaration d’amour fou et d’un fou magnifique, au cinéma. Ce n’est pas que du cinéma d’ailleurs : c’est un opéra baroque et rock. C’est une chevauchée fantastique. C’est un ouragan d’émotions. C’est une explosion visuelle et un ravissement permanent et qui font passer ces 2H40 pour une seconde !
A contrario de ses « bâtards sans gloire », Tarantino mérite indéniablement d’en être auréolé ! « Inglourious Basters » était le film le plus attendu de ce festival 2009. A juste titre.
Qu’a pensé Pedro Almodovar, également présent à la séance à laquelle j’ai vu ce film ? Sans doute que tous deux aiment passionnément le cinéma, et lui rendent un vibrant hommage (la dernière réplique du film de Tarantino fait ainsi écho à celle d’Almodovar Etreintes brisées, en compétition à Cannes la même année).