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IN THE MOOD FOR CANNES 2024 - Page 110

  • Semaine de la critique: présentation

    Bien sûr la compétition de la Sélection Officielle projetée au Palais des Arts est celle qui reçoit le plus d’échos médiatiques mais en parallèle existent d’autres sélections parfois aussi, voire plus intéressantes. La  première d'entre elles a été  créée en 1962. Il s'agit de la Semaine de la Critique.

     Remarque: Contrairement aux autres articles de ce blog entièrement personnels, ce à quoi je tiens tout particulièrement, ce blog voulant adopter un ton singulier et ne surtout pas se contenter de faire un "copier coller",  exceptionnellement, afin de présenter au mieux et avec le plus de fidélité possible cette Semaine de la Critique je me suis permis de reprendre certaines expressions du site internet de la Semaine de la Critique, néanmoins les deux critiques qui suivent sont bien entendu entièrement personnelles.

    La Semaine Internationale de la Critique se consacre ainsi depuis ses débuts à la découverte des jeunes talents. Dès sa création par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma en 1962, elle s’est fixée pour mission de mettre à l’honneur les premières et deuxièmes œuvres des cinéastes du monde entier. Bernardo Bertolucci, Ken Loach, Wong Kar Wai, Jacques Audiard, Gaspar Noé, Arnaud Desplechin ou encore François Ozon ont fait leurs débuts à la Semaine de la Critique. Un rôle de tête chercheuse qui lui a permis, ces dernières années, de faire découvrir et de primer Amores Perros du Mexicain Gonzalez Iñarritu (qui a depuis réalisé 21 grammes), Respiro d’Emanuele Crialese, Depuis qu’Otar est parti de Julie Bertuccelli , Brodeuses d’Eléonore Faucher et Les Amitiés maléfiques d’Emmanuel Bourdieu. Depuis 3 ans, la Semaine de la Critique est en haut de l’affiche de Cannes pour avoir remporté 3 Caméras d’Or consécutives (meilleur premier film à Cannes toutes sections confondues) : Reconstruction de Cristoffer Boe (2003), Or (Mon trésor) de Keren Yedaya (2004) et Moi, toi et tous les autres de Miranda July(2005).
    La Semaine de la Critique propose une programmation très sélective de 7 longs et 7 courts métrages. Elle accueille également des films hors compétition qui témoignent de démarches et de regards originaux et réserve une place toute particulière aux courts et moyens métrages. Ouverte au grand public pour lequel elle multiplie les projections et les rencontres avec les réalisateurs, la Semaine développe aussi un travail sur le jeune public à travers la (Toute) Jeune Critique, une opération réunissant à Cannes une cinquantaine de lycéens français et allemands autour de la critique de cinéma dont je vous reparlerai prochainement à l’occasion d’un article consacré aux divers moyens de venir accrédité au festival.

    Cette année la Semaine de la Critique se déroulera du 17 au 25 Mai 2007.

                      CRITIQUES DE FILMS PRESENTES A LA SEMAINE DE LA CRITIQUE

    Je vous propose les critiques de deux films projetés et remarqués lors de l'édition 2005 de la Semaine de la Critique : tout d'abord La petite Jérusalem de Karin Albou. Ce film y a été présenté en 2005 et a reçu le prix SACD du scénario, ensuite Moi, toi et tous les autres de Miranda July qui a obtenu la caméra d’or et le grand prix de la Semaine de la Critique 2005.

    medium_petite.JPG

    La petite Jérusalem est un quartier de Sarcelles, en banlieue parisienne où de nombreux juifs ont émigré. Laura (Fanny Valette), 18 ans, est tiraillée entre  son éducation religieuse  et ses études de philosophie qui la passionnent et lui offrent une autre vision du monde. Alors que sa sœur Mathilde (Elsa Zylberstein) tente de redonner vie à son couple, Laura succombe à ses premières émotions amoureuses. Karin Albou « esquive », avec la même subtilité que le film éponyme, ce qui aurait pu être une caricature sur la banlieue, nous livrant un film au discours et aux questionnements identitaires et philosophiques universels. Le titre renvoie autant à la judéité qu’à la féminité, au fond les deux sources d’atermoiement du personnage principal. Est-on libre en enfreignant la loi ou en la respectant ? Loi du désir ou loi religieuse ? Loi philosophique ou Torah ?  Laura oscille entre l’un et l’autre, entre ses désirs et la raison, sa liberté et la loi, le choix de sa propre loi ou l’obéissance à la loi -religieuse- pour finalement trouver le chemin de sa propre liberté. Je vous laisse découvrir l’itinéraire tortueux et passionnant, passionné aussi, qu’elle aura emprunté pour y parvenir.  Karin Albou nous fait cheminer dans sa conscience fiévreuse, sans jamais juger, nous laissant parfois choisir, douter avec elle, nous renvoyant habilement et constamment à nos propres questionnements. Un film sur le doute amoureux, philosophique, religieux qui n’en laisse planer aucun quant au talent de sa réalisatrice et de son interprète principale. Les dialogues sont aussi bien écrits que les silences, admirablement filmés, plongés dans une obscurité métaphorique. Un film intense sur la liberté. Libre. Mon coup de cœur du festival…du film américain, aussi français soit-il. 

     medium_moi.JPGAvec Moi, toi et tous les autres , son premier long-métrage, c’est  un tout autre univers que nous invite à découvrir l’actrice, scénariste, réalisatrice, Miranda July, et déjà tout simplement à « un univers » qui la caractérise d’emblée, qui ne ressemble à aucun autre.  Elle y interprète (filme et scénarise aussi donc) Christine Jesperson, une jeune artiste touchante et spontanée, qui mélange dans son quotidien, art et réalité. Richard Swersey, vendeur de chaussures, père de deux garçons et tout juste redevenu célibataire, est prêt à tenter de nouvelles expériences. Mais quand Christine entre sur la  pointe des pieds dans sa vie, il panique… Dès les premières images, nous sommes envoûtés par ce monde qu’elle retrace, qui est le nôtre et pas tout à fait, plutôt le nôtre vu par le prisme de son singulier regard. La difficulté de communiquer est là encore au centre de l’histoire. Les moyens de communiquer n’ont jamais été aussi rapides et nombreux et pourtant la communication s’avère plus difficile que jamais avec ces « tous les autres » plus proches et plus lointains qu’ils ne l’ont jamais été, le paradoxe d’une mondialisation qui enferme plus qu’elle n’ouvre au monde et aux autres. A une célérité déconcertante tout peut alors basculer dans l’interdit ou la poésie, et Miranda July n’oublie ni l’un, ni l’autre. L’art contemporain auquel s’est adonnée la réalisatrice et que pratique son personnage principal imprègne également fortement le film et lui procure cet aspect iconoclaste, celui d’une œuvre lunaire et riche, à la fois poétique et réaliste, en tout cas attrayante du début à la fin, nous hypnotisant comme un œuvre d’art moderne, aux contours et au signifié flous dont on ne demande qu’à percer le délicieux mystère… Entre l’art et la réalité, pourquoi faudrait-il choisir ? Pourquoi ne pas faire de sa vie un art ? Le plus beau des défis, certainement. J’attends avec impatience son deuxième film, le prochain voyage dans son univers esquissé, si  intelligemment dépeint.

    Sandra.M    

    Catégories : SEMAINE DE LA CRITIQUE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • "Chacun fait son cinéma": les films des 60 ans du Festival!

    medium_ans.3.JPGAvec ce soixantième anniversaire les organisateurs, selon les propres termes de Gilles Jacob, aspirent à donner un « nouvel élan » au festival. Pour cela ils veulent notamment rassembler ceux qui ont fait du Festival de Cannes ce qu’il est aujourd’hui, à savoir l’évènement cinématographique le plus important au monde, et l’évènement le plus médiatisé (avec les Jeux Olympiques) et ceux pour qui Cannes a contribué en partie à ce qu’ils soient ce qu’ils sont aujourd’hui, des cinéastes parfois hier inconnus que leur passage sur la Croisette a mis sous les feux de la rampe et qui sont pour toujours sortis de l’ombre. D’où l’idée du film à sketchs pour réunir tous ces talents aussi variés que leur provenance, des 5 continents et de 25 pays différents dont voici la liste impressionnante :  Theo Angelopoulos, Olivier Assayas, Bille August, Jane Campion, Youssef Chahine, Chen Kaige, Michael Cimino, Ethan & Joel Coen, David Cronenberg, Jean-Pierre & Luc Dardenne, Manoel De Oliveira, Raymond Depardon, Atom Egoyan, Amos Gitai, Hou Hsiao Hsien, Alejandro Gonzalez Iñarritu, Aki Kaurismaki, Abbas Kiarostami, Takeshi Kitano, Andrei Konchalovsky, Claude Lelouch, Ken Loach, Nanni Moretti, Roman Polanski, Raoul Ruiz, Walter Salles, Elia Suleiman, Tsai Ming Liang, Gus Van Sant, Lars Von Trier, Wim Wenders, Wong Kar Wai, Zhang Yimou.

     L’idée est donc celle d’une promenade autour d’un thème unique  et que soit alloué un même budget modeste à tous ces éminents cinéastes. Ils livreront en 3 minutes leur "actuel état d’esprit inspiré par la salle de cinéma".

    Selon Gilles Jacob, aucun réalisateur n’a eu connaissance des synopsis de ses confrères et ils les découvriront normalement le 20 Mai, jour de la projection à Cannes et de sa diffusion en simultané sur Canal plus. Le titre est déjà connu, il s’agit de « Chacun son cinéma ». Cela promet d’être un voyage inventif et inattendu dont je ne manquerai pas de vous faire le récit.

    Le dernier film à sketchs présenté à Cannes avait  créé l’évènement. Il s’agissait de Paris, je t’aime, film d’ouverture de la Sélection Un Certain Regard l’an passé. Voir le récit ici. Cela nous laisse entrevoir le caractère évènementiel de ce film anniversaire de ce sémillant sexagénaire !

    Sandra.M

    Catégories : EVENEMENTS DES 60 ANS DU FESTIVAL Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • De "In the mood for love" à "In the mood for Cannes"...

    medium_mood.JPGLe titre de ce blog n’a pas été choisi par hasard. Son but est aussi de vous immerger dans l’atmosphère du Festival, parfois ensorcelante, à l’image du magnifique film de celui qui fut le président du Festival de Cannes 2006, Wong Kar-Waï qui y présenta 2046 en 2004, sélectionné en compétition officielle et surtout In the mood for love en 2000 qui reçut le prix d'interprétation masculine et le Grand Prix de la Commission Supérieure Technique. En guise d'hommage à ce grand cinéaste, et de clin d'oeil au titre de ce blog, je vous propose donc ma critique d'In the mood for love.

    Avant de plonger "In the mood for Cannes", plongez "in the mood for love"!

     

    Critique d'In the mood for love de Wong Kar Waï

    Oui, je l’avoue, je n’ai toujours pas vu 2046. A dessein. In the mood for love c’est un peu comme ces moments de nos vies que l’on a filmés et dont on laisse les films croupir dans les tiroirs de crainte que les images ainsi immortalisées soient moins belles que celles de nos souvenirs. Souvenirs sacrés, idéalisés peut-être. Sacrés aussi sont les souvenirs d’In the mood for love. Souvenirs indicibles et indélébiles. Indicibles et indélébiles, telles sont aussi les émotions que procure ce film envoûtant… à l’image des sentiments qu’il retranscrit. A partir d’un synopsis plutôt conventionnel ,d’un schéma vaudevillesque(deux voisins ,Su -Maggie Cheung- et Chow-Tony Leung- , découvrent la tromperie de leurs époux respectifs ,s’éprennent peu à peu l’un de l’autre…mais préfèreront renoncer à leur amour plutôt qu’à leurs idéaux),Wong Kar Wai a réalisé un véritable poème lyrique et nostalgique à la beauté picturale et à l’inventivité visuelle indéniables, inégalées, innovantes, un film tout en nuances dont la mélancolie est encore exacerbée par une atmosphère musicale sublime qui cristallise les sentiments retenus des personnages. Poème langoureux et nostalgique qui nous entraîne, nous emporte délicieusement dans sa mélodieuse complainte. Rarement, voire jamais, au cinéma les frémissements, les palpitations, l’intransmissible incandescence d’un amour implicite, interdit, et ainsi sublimés, avaient été aussi bien suggérés à tel point que les sentiments des personnages semblent émaner de l’écran, presque s’en échapper et nous envahir. Réminiscences des sublimes sensations de nos passés ou de nos rêves, c’est selon, que Wong Kar Waï parvient à faire (res)surgir. Magicien de la caméra. Wong Kar Wai a préféré la suggestion à la démonstration ostentatoire. L’enfermement de Maggie Cheung est ainsi suggéré par des tenues qui emprisonnent son corps et sa passion contenue est reflétée par leurs teintes chatoyantes auxquelles fait écho le décor rouge qui contraste avec les couleurs ternes et les conventions du Hong Kong des années 60. Le ralenti et la musique ensorcelante qui les accompagnent lorsqu’ils se croisent dans un couloir étroit suffisent à nous faire comprendre les sentiments et les impressions d’une sensualité tacite qui les envahissent malgré l’étroitesse des conventions. Les nombreuses ellipses temporelles permettent au spectateur de laisser libre cours à son imagination :un spectateur qui, par une sorte de mimétisme , se laisse peu à peu submerger par l’émotion indéfinissable que suscite cette ambiance…Jamais une histoire d’amour n’avait été racontée avec autant de pudeur, de nuance, d’élégance. Le spectateur est immergé dans cette « ambiance de l’amour », un titre étrange à l’image de la singularité des impressions qu’il inspire. Grâce à l’ingéniosité de la réalisation le spectateur est happé par cet univers, cette histoire…une histoire intemporelle et universelle qui substitue mieux que jamais à notre regard « un monde qui s’accorde à ses désirs » pour reprendre la citation de Bazin qui pourrait avoir été inspirée par ce film. Alors bien sûr on pourrait établir un parallèle avec Sur la route de Madison  de Clint Eastwood ou encore avec les films de James Ivory pour l’admirable peinture des sentiments contenus mais, au-delà de celle-ci, Wong Kar Waï a su créer une atmosphère ensorcelante, languissante, presque onirique qui fait de son film une œuvre inclassable et novatrice …On pourrait aussi me rétorquer que la stylisation est exacerbée (et peut-être pour certains exaspérante ), que cette beauté picturale cherche à dissimuler une faiblesse scénaristique mais c’est justement cette symphonie picturale et musicale qui contribue à la richesse du scénario. Alors quand cette rêverie cinématographique s’achève, le spectateur quitte avec peine cette atmosphère enchanteresse, la magie du cinéma portée à son paroxysme…une magie prolongée par des images et une musique indissociables et inoubliables qui nous accompagnent longtemps après le générique de fin, qui m’accompagnent toujours. Le film entier est un poème langoureux, une mélodie savoureuse et ensorcelante, une longue parabole amoureuse qui vous laissera le souvenir inaltérable et brûlant d’un grand amour.

    Sandra.M

    Catégories : CRITIQUES DE FILMS PRIMES A CANNES Lien permanent 2 commentaires Pin it! Imprimer
  • Diane Krüger, maîtresse de cérémonie du Festival 2007

    Diane Krüger sera la maîtresse de cérémonie du Festival 2007 et présentera donc les cérémonies d'ouverture, du 16 Mai, et de clôture, du 27 Mai. Elle succédera ainsi à Vincent Cassel. En guise de présentation, je vous propose la critique d'un film dont le tournage s'est échelonné sur plusieurs années, faute de moyens et qui débuta alors que Diane Krüger n'était pas encore connue. Il s'agit de "Frankie" de Fabienne Berthaud.

    Frankie ou le miroir à deux faces...

    medium_frankie.JPGFrankie a 26 ans. Frankie est mannequin. Son travail exige d’elle qu’elle renvoie une image lisse et parfaite, qu’elle ne laisse entrevoir ni la fragilité ni les fêlures qu’elle dissimule. Oui, Frankie est mannequin, pas un top model qui parcourt le monde mais un mannequin en fin de carrière comme il y en a des milliers d’autres, qui erre d’hôtels médiocres en studios, en bars moroses où, esseulée, elle laisse tomber le masque, et n’en a plus que faire. L’image elle aussi s’est fissurée : plus vraiment belle, plus vraiment jeune selon des critères plus cruels dans son métier qu’ailleurs, où les stigmates du temps, si imperceptibles pourtant, ennemi impitoyable et invincible, sont inexcusables. Seule, surtout. Quand l’image se craquelle, il faut sourire avec plus d’entrain encore, dire bonjour avec plus d’enthousiasme, feindre avec un talent démultiplié. Seulement Frankie n’a plus envie. Elle a perdu l’envie d’avoir envie. L’envie de cacher l’être blessé par un paraître irréprochable. N’être qu’un corps qu’on voit sans le regarder devient insupportable. Frankie (Diane Krüger d’une touchante fragilité) est à fleur de peau, dans cet état où un seul mot prononcé ou oublié, un seul geste déplacé peuvent faire basculer et dériver. Au départ le film est un peu comme cet univers dans lequel elle se perd, celui de faux semblant : superficiel, détaché de nous, lointain comme une image de papier glacé ( l’image du film, très réaliste, est d'ailleurs délibérément ici très éloignée d’une image de papier glacé) puis peu à peu sa solitude, son mal être s’emparent subrepticement de nous grâce à un montage savamment déstructuré et chaotique à l’image de celle dont il reflète l’égarement. Les images de sa décadence se mêlent à celles de son séjour en hôpital psychiatrique. La poésie ne vient pas suffisamment de là où on l’attend. La poésie du désenchantement. Une jolie forme de politesse. Celle d’un ange aux ailes brisées. Elle s’égare, elle vacille comme la caméra de Fabienne Berthaud dont c’est ici le premier long métrage, aux allures de faux documentaire. C’est un film imparfait, mais c’est justement cette imperfection qui le distingue et l’enrichit. Il laisse entrevoir ses fêlures, il se met à nu comme celle qu’il immortalise. Comme si Dorian Gray et son portrait se côtoyaient. Sauf qu’ici ce que dissimule le masque est peut-être finalement plus beau que le masque lui-même ; surtout si un regard bienveillant se pose dessus, comme celui de Tom que je vous laisse découvrir… Finalement dériver permet peut-être de mieux retrouver son chemin ? Il faut parfois avoir le courage de sombrer, de se montrer chancelant pour mieux refaire surface, revenir sans un masque en trompe l’œil, pour que les autres regards n’effleurent pas seulement mais voient réellement. Et savoir ainsi à nouveau admirer le bleu du ciel ou retrouver les ailes d’un ange. Un film cruel et poétique. Mélancolique et drôle. Comme les deux faces d'un même visage. Une fin qui justifie les moyens et qui mérite d’être attentif jusqu’au bout, de ne pas nous aussi céder à la tyrannie du temps, de ne pas nous aussi zapper ce qui n’est pas lisse, immédiat, formaté comme nous y sommes trop souvent habitués et encouragés. La fissure en dit peut-être plus que le masque. Oui, Frankie est mannequin mais elle porte le masque et dissimule les blessures de chacun de nous…

    FILMOGRAPHIE DE DIANE KRÜGER

    Benjamin Gates et le Livre des Secrets (Prochainement), de Jon Turteltaub  

    Copying Beethoven (Prochainement), de Agnieszka Holland  

    L'Age des ténèbres (2007), de Denys Arcand  

    Goodbye Bafana (2007), de Bille August

    Les Brigades du Tigre (2006), de Jérôme Cornuau

    Frankie (2006), de Fabienne Berthaud  

    Joyeux Noël (2005), de Christian Carion

    Rencontre à Wicker Park (2005), de Paul McGuigan  

    Benjamin Gates et le trésor des Templiers (2004), de Jon Turteltaub  

    Narco (2004), de Gilles Lellouche  

    Troie (2004), de Wolfgang Petersen   

    Michel Vaillant (2003), de Louis-Pascal Couvelaire

    Ni pour, ni contre (bien au contraire) (2003), de Cédric Klapisch  

    Mon idole (2002), de Guillaume Canet Clara  

    The Piano player (TV) (2002), de Jean-Pierre Roux Erika

    Sandra.M

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  • Stephen Frears, king of the jury 2007!

    medium_queen.JPGDeux protagonistes de ce festival 2007 sont d’ores et déjà connus: Diane Krüger qui succède à Vincent Cassel et qui présentera les cérémonies d’ouverture, le 16 Mai, et de clôture, le 27 Mai, et Stephen Frears, qui présidera  cette 60ème édition et qui, lui, succède à Wong Kar Wai, Steven Spielberg ayant paraît-il décliné l’offre pour la énième fois.  

    Le réalisateur britannique est déjà venu de nombreuses fois sur la Croisette notamment pour Prick up Your Ears en 1987 . Il  fêtera ainsi les 20 ans de sa première sélection en compétition officielle, il  avait alors reçu le prix de la contribution artistique.

    C’est en 1988 que les Liaisons dangereuses consacre son succès international. Il alterne depuis les grands films de genre (Héros Malgré lui, les Arnaqueurs) et les sujets plus intimistes ou engagés (The Snapper, High Fidelity, Dirty Pretty Things).                                                      

    Critique du dernier film de Stephen Frears, The Queen, (notamment présenté au dernier Festival du Film Britannique de Dinard) pour lequel il a obtenu de nombreuses récompenses, Helen Mirren venant notamment d’obtenir le prix de la meilleure actrice aux Oscars 2007.

    Dans The Queen, Stephan Frears nous dresse le portrait d’Elisabeth II alors que l’image du  pouvoir monarchique est ébranlé, après le séisme médiatique et émotionnel (surtout irrationnel) provoqué par la mort de Diana, le 31 août 1997. Tony Blair qui vient d’être élu perçoit la vague d’émotion et de chagrin qui submerge le pays tandis que la Reine, enferrée dans ses traditions et son orgueil reste à Balmoral, sa résidence d’été, silencieuse, distante, indifférente, refusant obstinément de mettre le drapeau en berne pour celle qui « n’appartient plus à la famille royale ». Aveugle, aveuglée par sa fierté. Tony Blair va œuvrer pour la rapprocher de ses sujets éplorés et plongés dans l’incompréhension face à son attitude aussi imperturbable que les gardes de Buckingham Palace. Helen  Mirren interprète brillamment la reine avec un mélange de froideur, de dignité, de sarcasmes jubilatoires pour le spectateur. Mais c’est aussi le portrait d’une femme qu’a voulu dresser Stephen Frears, une femme qui certes est reine d’Angleterre, une femme enfermée dans son royal rôle pleurant à la mort d’un cerf, symbole d’une liberté qu’elle ne semble plus avoir,  et qui reste de marbre à la mort de cette belle-fille qu’elle n’a semble-t-il jamais aimée. Le principal intérêt réside dans la drôlerie du contraste entre le quotidien de Tony Blair au 10 Downing street et celui de la reine à Balmoral, entre l’assurance de la reine et la maladresse de son premier ministre, contraste et drôlerie atteignant leurs paroxysmes lors de leurs épiques conversations téléphoniques. Leurs existences sont constamment mises en parallèle. L’un et l’autre regardent les informations à la télévision, informations par lesquelles ils apprennent l’accroissement irraisonné de l’émoi populaire  provoqué par la mort de Diana. La famille royale va à la chasse. Tony Blair mange ses plateaux repas. Et le prince Phillip résume la situation : « Même morte, Diana nous aura emmerdés ». Stephen Frears a eu l’intelligence de ne pas tomber dans la caricature et le rapport de force va s’inverser. Malgré les railleries de sa femme Cherie, Tony Blair éprouve une admiration presque filiale pour cette reine fière et imperturbable.  Elisabeth II va prendre conscience de sa maladresse, elle va revenir à Londres pour parler aux britanniques, le plus maladroit des deux n’étant finalement pas celui qu’on croyait. Le montage mêle astucieusement une dizaine de minutes d’images d’archives et images de fiction crédibilisant cette histoire dont nous n’avons finalement pas envie de savoir si elle est conforme à la réalité mais que nous suivons du début à la fin avec beaucoup d’intérêt tant les personnages en sont vraisemblables et d’une humaine ambivalence. Un film que la caricature, l’excès auraient desservi mais que sa mesure rend d’autant plus caustique qu’elle est  plausible notamment grâce à un scénario ciselé et grâce au judicieux choix de ses deux interprètes principaux. Peut-être pouvons-nous juste regretter que Stephen Frears ait été trop révérencieux envers la monarchie, la reine, sarcastique mais humaine, ressortant finalement grandie de ce portrait.

    Filmographie de Stephen Frears :

     Bloody United (Prochainement)

    The Queen (2006)

    Madame Henderson présente (2006)

    Le Court des grands (2005)

    Dirty pretty things, loin de chez eux (2003)

    The Deal (TV) (2003)

    Point limite (TV) (2001) 

    Liam (2001) 

    High fidelity (2000) 

    The Hi-Lo Country (1999) 

    The Van (1996)

    Mary Reilly (1996)

    The Snapper (1993)

    Héros malgré lui (1993)

    Les Arnaqueurs (1991)

    Les Liaisons dangereuses (1989)

    Sammy et Rosie s'envoient en l'air (1988)

    Prick up Your Ears (1987)

    My Beautiful Laundrette (1986)

    The Hit (1984)

    Walter and June (1983) 

    Bloody Kids (1979)

    Gumshoe (1971)

    The Burning (1967)

    Catégories : JURYS Lien permanent 2 commentaires Pin it! Imprimer
  • Editorial n°1. Pourquoi ce blog? Pour qui?

    medium_photosordi_1470bis.JPG« Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion. » Telle est la citation d’exergue (empruntée au philosophe Saint-Augustin) de mon autre blog « In the mood for cinema » dont celui-ci est la continuité. Se perdre avec délice et non s’y égarer. Ce blog entièrement consacré au Festival de Cannes et à ses 60 ans est là pour vous guider dans ses méandres labyrinthiques. Vous guider en vous donnant de nombreuses clefs pour en entrouvrir les portes nimbées de mystère, pour en gravir les marches auréolées de secrets et d’images mythiques. Par des critiques de films. Par des articles sur l’ambiance, les coulisses, les jurys, toutes les sélections : Quinzaine des Réalisateurs, Un Certain Regard, Semaine de la Critique, Sélection officielle (films en compétition et hors compétition), Cinéfondation, Cannes Classics, courts métrages, leçons de cinéma. En vous emmenant au Marché du film, aussi. Par de nombreux renseignements pratiques également, notamment grâce à de nombreux liens. Par des interviews inédites et si possible, à terme, des reportages vidéo sur le festival.  Par un ton personnel, singulier donc . Par des récits sur son atmosphère frénétique, vertigineuse, grisante et hypnotique. Sur sa vie diurne et nocturne. Des salles obscures aux lumières, parfois aveuglantes, de la Croisette. A l’exemple de mes comptes-rendus sur le Festival de Cannes 2005 et sur le Festival de Cannes 2006 publiés sur « In the mood for cinema ».

    medium_photosordi_1585.JPG Cannes passionnément : tour à tour haïssable et adorable donc. Effrayante et fascinante. Là où la réalité titube, où la vie virevolte.  Là où le cinéma est omniprésent, omniscient, omnipotent même. Fête du cinéma. De tous les cinémas. Des courts métrages notamment avec la Cinéfondation. Des premiers et des seconds films avec la Semaine de la Critique etc. Fête des cinémas du monde entier. Cannes, miroir grossissant et informant du monde, déroutant parfois aussi. Reflet de ses colères, de ses blessures, de sa poésie.  Cannes qui brandit le poing comme Pialat. Cannes qui embrasse, complimente et encense comme Benigni. Qui émeut aussi, violemment même parfois. Cannes, tourbillon de la vie, envoûtant comme la voix de Jeanne Moreau. Tourbillon de cinéma aussi, évidemment. Cannes et ses rituels, sublimes et parfois ridicules, futiles et nécessaires, dérisoires et essentiels. Cannes hiérarchique et arrogante où, soudain, subrepticement, magnifiquement surgissent des instants de grâce. Cannes et ses applaudissements effrénés, ses réactions exacerbées, ses émotions démultipliées, ses regards parfois blasés, harassés,  rassasiés. Rassasiés de feindre d’être blasés. Rassasiés d’images. Rassasiés d’hypocrisie, là où, medium_photosordi_793.jpgaussi, elle est « un vice à la mode » et, là où aussi, elle « passe pour vertu ». Ou, comme le mien, captivé et curieux, le plus souvent. Cannes et sa frénésie : de fêtes, de bruit, de rumeurs, de scandales, de cinéma, surtout, malgré tout. Cannes effervescente qui s’enivre de murmures, qui se grise de lumières éphémères, qui s’en étourdit oubliant presque celles du Septième Art. Cannes magique, insaisissable. Cannes versatile. Cannes excessive. Prompte à magnifier ou détruire. A déifier ou piétiner. Cannes où des rêves achoppent, où des illusions se brisent, où des projets s’esquissent, où des carrières s’envolent, où des films vous éblouissent, où des regards étincellent, où des cinéastes émergent, se révèlent au monde, nous révèlent un monde. Le leur. Le nôtre. Cannes et sa palme. D’or et de bruit et de lumières. Tonitruante, retentissante, scintillante. Cannes aux intentions pacifistes, aux débats presque belliqueux. Cannes paradoxale.  Multiple et unique. Inimitable.

    medium_ans.2.JPGCannes fête ses 60 ans. Ce sera mon septième festival de Cannes. D’abord, je l’ai vu de loin, si medium_cannes4.JPGproche et si inaccessible. Antre du cinéma dont les portes me paraissaient hermétiquement closes. Puis, j’y suis retournée, en 2001, grâce au prix de la jeunesse qui permet, suite à un concours, à des cinéphiles de France et d’Europe de participer au festival. Puis, j’y suis retournée, une année accréditée Cannes Cinéphiles. Puis, depuis 4 ans, accréditée professionnelle (étudiante ou scénariste selon les années).  Avec toujours, plus que jamais, cette même soif insatiable medium_photosordi_1380.JPGde septième art, de découvertes, cette avidité d’aiguiser mon regard, de le confronter, de le faire briller aussi, souvent. Avec cette envie de partager cette passion, ce périple palpitant, ces instants surréalistes, presque irréels, ces moments insolites, parfois improbables, de vous faire partager mon enthousiasme pour des cinéastes ou des films, ma passion viscérale et dévorante pour le cinéma, ma perplexité medium_photosordi_1124.jpgaussi parfois. Susciter absolument votre curiosité de cinéphile en tout cas. Ce blog est donc affranchi de toute influence et bien sûr entièrement indépendant du site officiel. Ma liberté d’écriture s’arrête néanmoins où commence la sensibilité artistique des autres. Je sais trop à quel point un film est une aventure prenante, un combat de chaque instant, magnifique et périlleux, pour  exercer ici une critique gratuitement assassine.

    medium_cannes1.JPGDix jours hors du temps, hors du monde, à le scruter medium_cannes2.JPGpourtant, à s’y immerger, à s’y noyer presque dans une profusion d’images. Dix jours à dérouler des kilomètres de pellicules. A fouler des kilomètres de tapis rouge. Dix jours intenses que je veux vous faire partager. Dix jours d’immersion cinématographique et festivalière. Ce blog est ainsi autant destiné aux festivaliers qu’à ceux qui veulent suivre le festival de loin, aux professionnels qu’aux cinéphiles…mais avant tout aux passionnés. Qui veulent se perdre dans leur passion sans s’égarer donc.

    medium_cannes_2003.JPGPlongez avec nous « In the mood for Cannes »… Viva il cinema !

     

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    Pour en savoir plus sur l'auteur de ce blog c'est ici: CV cinématographique.

    Sandra.M

    Catégories : EDITORIAUX Lien permanent 3 commentaires Pin it! Imprimer