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Blog créé en 2003 par Sandra Mézière, romancière. Blog cinéma sur les éditions passées du Festival de Cannes. Et le Festival de Cannes 2025 en direct ici. Pour l'actualité cinéma quotidienne et mon actualité d'auteure : Inthemoodforcinema.com.
Cannes n'est pas seulement le plus grand festival de cinéma au monde pour les longs métrages, c'est aussi une compétition de courts métrages et une magnifique vitrine pour ceux-ci.
Voici la sélection parmi laquelle le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages, présidé par Abderrahmane Sissako, récompensera à la fois les meilleurs films de la Compétition des courts métrages et ceux de la Sélection Cinéfondation à l’issue de leurs délibérations.
LES COURTS MÉTRAGES EN COMPÉTITION :
Ely DAGHER
WAVES ’98
14’
Liban, Qatar
Shane DANIELSEN
THE GUESTS
(Les invitées)
10’
Australie
Ziya DEMIREL
SALI
(Mardi)
12’
Turquie, France
Céline DEVAUX
LE REPAS DOMINICAL
13’
France
Dan HODGSON
LOVE IS BLIND
6’
Royaume-Uni
Basil KHALIL
AVE MARIA
14’
Palestine, France, Allemagne
Jan ROOSENS, Raf ROOSENS
COPAIN
14’
Belgique
Eva RILEY
PATRIOT
14’
Royaume-Uni
Iair SAID
PRESENTE IMPERFECTO
(Présent Imparfait)
15’
Argentine
LA SÉLECTION CINÉFONDATION 2015
La Sélection Cinéfondation a choisi, pour sa 18e édition, 18 films (14 fictions et 4 animations) parmi les 1 600 qui ont été présentés cette année par des écoles de cinéma du monde entier. Seize pays venus de quatre continents y sont représentés.
Près d’un tiers des films sélectionnés proviennent d’écoles qui participent pour la toute première fois, et c’est aussi la première fois qu’une école espagnole voit l'un de ses films retenu en Sélection. On note également une forte présence de l’Europe cette année, avec 11 films sur les 18 sélectionnés.
Les trois Prix de la Cinéfondation seront remis lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le vendredi 22 mai, salle Buñuel.
LA SÉLECTION CINÉFONDATION :
Behzad AZADI
KOSHTARGAH
24’
Art University of Tehran Iran
Mateo BENDESKY
EL SER MAGNÉTICO
17’
Universidad del Cine (FUC) Argentine
Pippa BIANCO
SHARE
11’
AFI’s Directing Workshop for Women États-Unis
Simon CARTWRIGHT
MANOMAN
11’
National Film and Television School Royaume-Uni
Ian GARRIDO LÓPEZ
VICTOR XX
20’
ESCAC Espagne
Maria GUSKOVA
VOZVRASHENIE ERKINA
28’
High Courses for Scriptwriters and Film Directors Russie
Félix HAZEAUX Thomas NITSCHE Edward NOONAN Franck PINA Raphaëlle PLANTIER
LEONARDO
6’
MOPA (ex Supinfocom Arles) France
Ignacio JURICIC MERILLÁN
LOCAS PERDIDAS
28’
Carrera de Cine y TV Universidad de Chile Chili
Sofie KAMPMARK
TSUNAMI
7’
The Animation Workshop Danemark
Tomáš KLEIN Tomáš MERTA
RETRIEVER
23’
FAMU Prague République Tchèque
Aurélien PEILLOUX
LES CHERCHEURS
32’
La Fémis France
Eliza PETKOVA
ABWESEND
13’
Deutsche Film & Fernsehakademie (dffb) Allemagne
Miki POLONSKI
ASARA REHOVOT MEA ETSIM
25’
Minshar for Art Israël
Maksim SHAVKIN
14 STEPS
37’
Moscow School of New Cinema Russie
Héctor SILVA NÚÑEZ
ANFIBIO
15’
EICTV Cuba
Salla SORRI
AINAHAN NE PALAA
17’
Aalto University, ELO Film School Helsinki Finlande
Laura VANDEWYNCKEL
HET PARADIJS
6’
RITS School of Arts Brussels Belgique
Qiu YANG
RI GUANG ZHI XIA
19’
The VCA, Film & TV School, Melbourne University Australie
Ce jeudi à 11H, je serai en direct de la conférence de presse du Festival de Cannes 2015 à l’occasion de laquelle nous connaîtrons la sélection 2015. Vous pourrez suivre la cérémonie ci-dessus mais aussi me suivre en direct de celle-ci sur twitter.
Comme chaque année, vous pourrez me suivre en direct du Festival de Cannes, de l’ouverture à la clôture, du 13 au 24 Mai 2015, pour…la 15ème année consécutive. Sans aucun doute, lors de ma première participation, grâce au prix de la jeunesse, en 2001, je n’aurais jamais imaginé (rêvé) y retourner chaque année.
En attendant la conférence de presse d’annonce de sélection à laquelle je serai également le 16 avril prochain, voici un récapitulatif de ce que nous savons pour le moment sur cette 68ème édition.
Vous pourrez également me suivre en direct du festival sur les réseaux sociaux: @moodforcinema (compte twitter principal) et @moodforcannes (mon compte twitter consacré exclusivement au Festival de Cannes), sur instagram (@sandra_meziere) et sur mes comptes Facebook, le principal http://facebook.com/inthemoodforcinema et celui que je consacre aux festivals http://facebook.com/inthemoodforfilmfestivals et enfin sur celui que je consacre exclusivement au Festival de Cannes http://facebook.com/inthemoodorcannes.
En 2013, c’étaient Joanne Woodward et Paul Newman qui étaient à l’honneur, sur l’affiche de la 66ème édition, avec une photo, d’une beauté étourdissante, prise sur le tournage de « A New Kind of Love » de Melville Shavelson, et qui nous invitait à un tourbillon de cinéma, à un désir infini de pellicule, le désir infini…comme celui (de cinéma) que suscite Cannes.
En 2014, c’étaient Hervé Chigioni et son graphiste Gilles Frappier qui avaient conçu et réalisé l’affiche de la 67e édition du Festival de Cannes à partir d’un photogramme tiré de Huit et demi de Federico Fellini, qui fut présenté en Sélection officielle en 1963. Une affiche couleur sépia, hommage au cinéma d’hier, hommage au cinéma tout court, par cette judicieuse mise en abyme puisque l’affiche faisait écho à un film sur le cinéma…et quel film sur le cinéma! Mastroianni, en regardant par-dessus ses lunettes, avec son regard intense et malicieux, nous invitait à regarder, à nous plonger dans son regard, synonyme de toute la poésie et la singularité du 7ème art.
C’est une actrice qui succède donc à Marcello Mastroianni, Ingrid Bergman qui regarde et sourit vers l’horizon.
Ingrid Bergman, In Her Own Words, un documentaire signé Stig Björkman (auteur de livres et documentaires sur Woody Allen et Ingmar Bergman) sera projeté dans le cadre de Cannes Classics.
Le Festival de Cannes s’associera au « Ingrid Bergman Tribute » qu’Isabella Rossellini, pour célébrer le centenaire de la naissance de sa mère, organisera en septembre prochain (Retrouvez en cliquant ici mes vidéos du Festival Lumière de Lyon 2014 lors duquel Isabella Rossellin a évoué Ingrid Bergman). Il s’agit d’un spectacle, mis en scène par Guido Torlonia et Ludovica Damiani, qui mêlera son autobiographie et les lettres de sa correspondance avec Roberto Rossellini. Il sera présenté dans les cinq villes qui ont compté dans la vie d’Ingrid Bergman : Stockholm, Rome, Paris, Londres et New York, et rassemblera sur scène, outre Isabella Rossellini, Jeremy Irons, Fanny Ardant, Christian De Sica et plusieurs autres comédiens. L’ensemble du spectacle sera annoncé lors du prochain Festival.
Voici le communiqué de presse du Festival au sujet de l’affiche:
Icône moderne, femme libre, actrice audacieuse, Ingrid Bergman fut à la fois star hollywoodienne et figure du néoréalisme, changeant de rôles et de pays d’adoption au gré de ses passions, sans jamais perdre ce qu’elle avait de grâce et de simplicité.
Sur l’affiche, l’actrice d’Alfred Hitchcock, de Roberto Rossellini et d’Ingmar Bergman, qui a donné la réplique à Cary Grant, Humphrey Bogart ou encore Gregory Peck, se dévoile dans l’évidence de sa beauté, offrant un visage serein qui semble tourné vers un horizon de promesses.
Liberté, audace, modernité, autant de valeurs que revendique le Festival, année après année, à travers les artistes et les films qu’il choisit de mettre à l’honneur. Ingrid Bergman, qui fut Présidente du Jury en 1973, l’encourage dans cette voie…
« Ma famille et moi-même sommes très touchés que le Festival de Cannes ait choisi notre merveilleuse mère pour figurer sur l’affiche officielle, l’année du centenaire de sa naissance », déclare Isabella Rossellini. « Son exceptionnel parcours a couvert tant de pays, des petites productions artisanales européennes aux grandes machines hollywoodiennes. Maman adorait son métier d’actrice : pour elle, jouer la comédie n’était pas une profession mais une vocation. Elle disait : ‘Je n’ai pas choisi de jouer, c’est le jeu qui m’a choisie.’»
À partir d’une photographie de David Seymour, cofondateur de l’agence Magnum, Hervé Chigioni, déjà auteur de l’affiche remarquée de l’année dernière, signe la nouvelle image du Festival 2015 avec son graphiste Gilles Frappier.
Il a réalisé également un film d’animation à partir du visuel, sur un remix du thème musical du Festival, « Le Carnaval des animaux » de Camille Saint-Saëns, avec un arrangement imaginé par deux musiciens suédois, Patrik Andersson et Andreas Söderström.
Film d’ouverture: « La tête haute » d’Emmanuelle Bercot
Cette année, pour la deuxième fois de l’histoire du Festival de Cannes, c’est une réalisatrice qui fera l’Ouverture du Festival. C’est en effet le film de la française Emmanuelle Bercot, « La Tête haute », qui ouvrira, mercredi 13 mai prochain, la 68ème édition du Festival de Cannes après le Biopic d’Olivier Dahan sur Grace Kelly, l’an passé.
« La Tête haute » raconte le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver. Tourné dans le Nord-Pas de Calais, en Rhône-Alpes et en Ile de France, il compte dans sa distribution Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier et Rod Paradot qui interprète le personnage principal.
Critique de « Elle s’en va » d’Emmanuelle Bercot
Un film avec Catherine Deneuve est en soi déjà toujours une belle promesse, une promesse d’autant plus alléchante quand le film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là, l’histoire poignante et délicate (et délicatement traitée) de l’amour d’un adolescent pour une femme d’âge plus mûr (d’ailleurs interprétée avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Bercot). Une histoire intense dont chaque plan témoignait, transpirait de la ferveur amoureuse qui unissait les deux protagonistes. Puis, il y a eu « Backstage », et l’excellent scénario de « Polisse » dont elle était coscénariste.
L’idée du road movie avec Catherine Deneuve m’a tout d’abord fait penser au magistral « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel le dernier regard de Catherine Deneuve à la fois décontenancé et ébloui puis passionné, troublé, troublant est un des plus beaux plans qu’il me soit arrivé de voir au cinéma contenant une multitude de possibles et toute la richesse de jeu de l’actrice. « Elle s’en va » est un road movie centré certes aussi sur Catherine Deneuve mais très différent et né du désir « viscéral » de la filmer (elle n’est sans doute pas la seule mais nous comprenons rapidement pourquoi l’actrice a accepté ici) comme l’a précisé la réalisatrice avant la projection.
L’actrice incarne ici Bettie (et non Betty comme celle de Chabrol), restauratrice à Concarneau, veuve (je vous laisse découvrir comment…), vivant avec sa mère (Claude Gensac !) qui la traite encore comme une adolescente. L’amant de Bettie vient de quitter sa femme… pour une autre qu’elle. Sa mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant au bord de la faillite vont la faire quitter son restaurant, en plein service du midi, pour aller « faire un tour » en voiture, puis pour acheter des cigarettes. Le tour du pâté de maisons se transforme bientôt en échappée belle. Elle va alors partir sur les routes de France, et rencontrer toute une galerie de personnages dans une France qui pourrait être celle des « sous-préfectures » du « Journal de France » de Depardon. Et surtout, son voyage va la mener sur une voie inattendue…et nous aussi tant ce film est une surprise constante.
Après un premier plan sur Catherine Deneuve, au bord de la mer, éblouissante dans la lumière du soleil, et dont on se demande si elle va se « jeter à l’eau » (oui, d’ailleurs, d’une certaine manière), se succèdent des plans montrant des commerces fermées et des rues vides d’une ville de province, un chien à la fenêtre, une poésie décalée du quotidien aux accents de Depardon. Puis Bettie apparaît dans son restaurant. Elle s’affaire, tourbillonne, la caméra ne la lâche pas…comme sa mère, sans cesse après elle. Bettie va ensuite quitter le restaurant pour ne plus y revenir. Sa mère va la lâcher, la caméra aussi, de temps en temps : Emmanuelle Bercot la filme sous tous les angles et dans tous les sens ( sa nuque, sa chevelure lumineuse, même ses pieds, en plongée, en contre-plongée, de dos, de face, et même à l’envers) mais alterne aussi avec des plans plus larges qui la placent dans des situations inattendues dans de « drôle[s] d’endroit[s] pour une rencontre », y compris une aire d’autoroute comme dans le film éponyme.
Si l’admiration de la réalisatrice pour l’actrice transpire dans chaque plan, en revanche « Elle s’en va » n’est pas un film nostalgique sur le « mythe » Deneuve mais au contraire ancré dans son âge, le présent, sa féminité, la réalité. Emmanuelle Bercot n’a pas signé un hommage empesé mais au contraire un hymne à l’actrice et à la vie. Avec son jogging rouge dans « Potiche », elle avait prouvé (à ceux qui en doutaient encore) qu’elle pouvait tout oser, et surtout jouer avec son image d’icône. « Elle s’en va » comme aurait pu le faire craindre son titre (le titre anglais est « On my way ») ne signifie ainsi ni une révérence de l’actrice au cinéma (au contraire, ce film montre qu’elle a encore plein de choses à jouer et qu’elle peut encore nous surprendre) ni un film révérencieux, mais au contraire le film d’une femme libre sur une autre femme libre. Porter une perruque improbable, se montrer dure puis attendrissante et s’entendre dire qu’elle a dû être belle quand elle était jeune » (dans une scène qui aurait pu être glauque et triste mais que la subtilité de l’écriture et de l’interprétation rendent attendrissante )…mais plus tard qu’elle sera « toujours belle même dans la tombe. » : elle semble prendre un malin plaisir à jouer avec son image.
Elle incarne ici un personnage qui est une fille avant d’être une mère et une grand-mère, et surtout une femme libre, une éternelle amoureuse. Au cours de son périple, elle va notamment rencontrer un vieil agriculteur (scène absolument irrésistible tout comme sa rencontre d’une nuit, belle découverte que Paul Hamy qui incarne l’heureux élu). Sa confrontation avec cette galerie de personnages incarnés par des non professionnels pourrait à chaque fois donner lieu à un court-métrage tant ce sont de savoureux moments de cinéma, mais une histoire et un portrait se construisent bel et bien au fil de la route. Le film va ensuite prendre une autre tournure lorsque son petit-fils l’accompagnera dans son périple. En découvrant la vie des autres, et en croyant fuir la sienne, elle va au contraire lui trouver un nouveau chemin, un nouveau sens, être libérée du poids du passé.
Si le film est essentiellement interprété par des non professionnels (qui apportent là aussi un naturel et un décalage judicieux), nous croisons aussi Mylène Demongeot (trop rare), le peintre Gérard Garouste et la chanteuse Camille (d’ailleurs l’interprète d’une chanson qui s’intitule « Elle s’en va » mais qui n’est pas présente dans le film) dans le rôle de la fille cyclothymique de Bettie et enfin Nemo Schiffman, irréprochable dans le rôle du petit-fils. Ajoutez à cela une remarquable BO et vous obtiendrez un des meilleurs films de l’année 2013.
Présenté en compétition officielle de la Berlinale 2013 et en compétition du Champs-Elysées Film Festival 20013, « Elle s’en va » a permis à Catherine Deneuve de recevoir le prix coup de cœur du Festival de Cabourg 2013.
« Elle s’en va » est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare. Le film sort en salles le 18 septembre. Ne le manquez pas.
Présidents du jury: Ethan et Joel Coen
Situation inédite (et réjouissante) cette année puisque ce n’est pas un président mais deux qui ont été annoncés: les frères Joel et Ethan Coen, de grands habitués de Cannes, lauréats de la palme d’or en 1991 avec « Barton Fink » et qui, récemment avaient obtenu le Grand prix (en 2013, pour « Inside Lleweyn Davis, dont vous retrouverez ma critique ci-dessous), ont accepté l’invitation du nouveau Président du festival Pierre Lescure et du Délégué général Thierry Frémaux de devenir le(s) Président(s) de la 68e édition du Festival. En cette année 2015, qui est celle de la célébration des 120 ans de l’invention du Cinématographe Lumière, le Festival de Cannes sera heureux de saluer ainsi, à travers les Coen, l’œuvre de tous les « frères du cinéma » qui depuis Louis et Auguste Lumière ont enrichi son histoire : outre Joel et Ethan Coen qui gagnèrent la Palme d’or en 1991, Paolo et Vittorio Taviani (en 1976) et Jean-Pierre et Luc Dardenne (en 1998 et en 2005) ont également remporté la récompense suprême.
Films des frères Coen présentés à Cannes:
2013 – INSIDE LLEWYN DAVIS – En Compétition – Longs Métrages Réalisation, Scénario & Dialogues
2007 – CHACUN SON CINÉMA – Hors Compétition Réalisation
2007 – NO COUNTRY FOR OLD MEN – En Compétition – Longs Métrages Réalisation, Scénario & Dialogues
2006 – PARIS, JE T’AIME – Un Certain Regard Réalisation
2004 – THE LADYKILLERS (LADYKILLERS) – En Compétition – Longs Métrages Réalisation, Scénario & Dialogues
2001 – THE MAN WHO WASN’T THERE – En Compétition – Longs Métrages Scénario & Dialogues
2000 – O BROTHER, WHERE ART THOU? – En Compétition – Longs Métrages Scénario & Dialogues
Après la Palme d’or pour « Barton Fink » et le prix de la mise en scène pour « Fargo », il serait étonnant que ce nouveau film des Coen ne figure pas au palmarès. Certains esprits chagrins s’offusquent régulièrement de la présence régulière, voire automatique, de certains grands cinéastes (dont les Coen) dans cette compétition mais comment ne pas choisir un film qui présente un tel niveau de maitrise et d’enchantement ?
« Inside Llewyn Davis » raconte une semaine de la vie d’un jeune chanteur de folk, Llewyn Davis (interprété par Oscar Isaac) dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961. Seul avec sa guitare, sans logement, il lutte pour gagner sa vie comme musicien tandis qu’un hiver rigoureux sévit sur New York. Il survit de petits cachets et en étant hébergé chez des amis ou des inconnus. Son périple le conduira jusqu’à Chicago où il auditionnera pour le géant de la musique Bud Grossman (John Goodman)…
Cela commence en musique. Llewyn Davis chante au Gaslight Café, à New York. La scène est d’une beauté mélancolique déjà captivante. Le son est enregistré en direct. Oscar Isaac prête réellement sa voix à cette magnifique complainte folk. La caméra des Coen se glisse discrètement parmi les spectateurs. Nous prenons d’ores et déjà fait et cause pour Llewyn avant même de connaître ses malheurs qu’il collectionne : le chanteur avec qui il formait un duo s’est suicidé, il se fait tabasser, il n’a pas de logement, la femme de son meilleur ami (Carey Mullingan et Justin Timberlake) attend un enfant de lui, et il enregistre une chanson sur Kennedy qui fera un succès et dont il ne touchera pas les droits d’auteur sans parler du chat des amis qui l’hébergent qui s’échappe par sa faute…
Inside Llewyn Davis est largement inspiré de la vie du chanteur Dave Van Ronk, chanteur de folk à New-York qui a aussi vécu au sein de la classe ouvrière et a partagé sa vie entre sa passion pour la musique et un travail dans la marine marchande. Quelques-uns de ses titres figurent d’ailleurs dans le film. Majoritairement composée de reprises, la bande-originale d’ « Inside Llewyn Davis » est produite par le musicien T-Bone Burnett. Deuxième film des Coen sur la musique après « O’Brother », « Inside Llewyn Davis » a néanmoins un ton et une tonalité très différents.
Le Llewyn du film est un perdant attachant, intègre, vibrant de passion pour la musique. A l’image du chat qui va lui échapper, sa vie lui échappe. Ce chat esseulé et attendrissant qui va s’enfuir pour revenir à la maison est d’ailleurs un peu son double. Un chat qui s’appelle (évidemment pas innocemment) Ulysse. Le périple de Llewyn sera beaucoup plus bref que celui du héros de l’Odyssée. Plus bref mais d’une certaine manière héroïque, si on considère l’intégrité comme un héroïsme dans un monde où on propose sans cesse à l’artiste de vendre son âme au diable. Seulement l’intégrité ne mène nulle part. Malgré son talent, Llewyn sera condamné à jouer sur de petites scènes, à survivre, à être parfois -souvent- méprisé, y compris par sa propre soeur.
Chaque interprétation musicale par Oscar Isaac est un moment de grâce. De chaque morceau et de la mise en scène des Coen jaillit une mélancolie bouleversante. Des plans de toute beauté aussi comme celui de Llewyn seul avec sa guitare avançant dans des rues ternes et enneigés sous une lumière grisâtre. Même si ce film se classe donc plutôt dans la catégorie des films plus sérieux et mélancoliques des Coen, il nous offre également quelques moments de comédie burlesque irrésistibles, comme l’enregistrement de cette chanson sur Kennedy. On retrouve également l’humour grinçant des Coen lors du voyage de Llewyn pour Chicago avec un inénarrable duo de jazzmen dont l’un des personnages est interprété par John Goodman, incontournable acteur des films des Coen, d’une misanthropie réjouissante, sans parler de son chauffeur aux dialogues mémorables. La scène de l’audition est également tristement magique, ou quand le talent éclate face à un cynique et sinistre personnage totalement indifférent. Son parcours est ainsi jalonné de désillusions, ses rêves de gloire se transforment en cauchemar.
Oscar Isaac et Carey Mulligan se retrouvent à nouveau dans une relation difficile après « Drive » dans lequel ils étaient mari et femme. Ici, elle est constamment en colère et méconnaissable. Oscar Isaac est quant à lui prodigieux et apporte tout ce qu’il faut d’humanité, de mélancolie, de voix envoûtante, à ce personnage de perdant talentueux et attachant.
« Inside Llewyn Davis » est avant tout un magnifique hommage aux artistes, à ceux qui ne vivent et vibrent que pour leur art, au-delà de celui rendu à la musique folk. Un film porté par des comédiens magnifiques, une musique ensorcelante, un scénario habile, une mise en scène brillante. Bref, un des meilleurs films des frères Coen qui justifie entièrement sa présence en compétition. Un enchantement mélancolique assaisonné d’une note de burlesque. Un film qui transpire de l’amour des deux frères pour les artistes et l’art et qui leur permet de porter le leur à son paroxysme.
Présidente du jury Un Certain Regard – Isabelle Rossellini
L’ actrice et réalisatrice italienne et américaine, Isabella Rossellini, présidera le Jury Un Certain Regard, Sélection officielle du Festival de Cannes dont la composition d’une vingtaine de films sera annoncée, avec celle de la Compétition, lors de la Conférence de presse du 16 avril prochain.
Le festival rend par ailleurs hommage à l’actrice suédoise Ingrid Bergman, mère d’Isabelle Rossellini, qui figure sur l’affiche de cette édition 2015.
A cette occasion, je vous propose de revoir mes vidéos de la passionnante master class qu’Isabella Rossellini a donnée lors du dernier Festival Lumière de Lyon 2014 et ma critique d’un des derniers films avec Isabella Rosseillini, « Two lovers » de James Gray.
Master class d’Isabella Rossellini au Festival Lumière de Lyon 2014
Président du jury de la Cinéfondation et des courts métrages: Abderrahmane Sissako
En 2014, « Timbuktu », véritable chef d’œuvre, était projeté à Cannes, en compétition et il fut l’étonnant absent du palmarès mais le grand gagnant des César 215. Retrouvez, ci-dessous, ma critique de « Timbuktu ». Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako sera donc de retour pour la 68ème édition du Festival où il présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages. Il succède dans ce rôle aux réalisateurs Abbas Kiarostami, Jane Campion, Michel Gondry, Hou Hsiao-hsien ou Martin Scorsese.
Critique de « Timbuktu »
C’est dans le cadre du dernier Festival de Cannes où il figurait en compétition que j’ai découvert « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako, son cinquième long-métrage et le seul long-métrage africain en compétition de cette édition. J’en suis ressortie bouleversée, abasourdie d’éblouissement et d’émotions, persuadée que je venais de voir la palme d’or incontestable de cette 67ème édition tant chaque image, chaque visage y sont d’une beauté inouïe éclairant magnifiquement et brillamment les aspects les plus sombres de l’actualité. Quelle ne fut donc pas ma surprise d’apprendre que le jury de ce 67ème Festival de Cannes présidé par Jane Campion ne lui attribuait pas un seul prix. « Timbuktu » a néanmoins reçu le Prix du jury œcuménique et le Prix François-Chalais. En sélection hors compétition avec « Bamako » en 2006, après avoir présenté « Octobre » en 1993 et « En attendant le bonheur » en 2002, ayant également été membre du jury en 2007, le cinéaste est un habitué de la Croisette.
Au Mali, non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, le berger touareg Kidane (Ibrahim Ahmed dit Pino) mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima (Toulou Kiki), de sa fille Toya (Layla Walet Mohamed) et de Issan (Mehdi Ah Mohamed), son petit berger âgé de 12 ans. Pendant ce temps, en ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des Djihadistes. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou jusqu’au jour où Kidane tue accidentellement Amadou, le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée. Il va alors subir les lois iniques et aberrantes des occupants.
« Ce que je veux, c’est témoigner en tant que cinéaste. Je ne peux pas dire que je ne savais pas, et, puisque maintenant je le sais, je dois raconter dans l’espoir qu’aucun enfant ne puisse apprendre plus tard que leurs parents peuvent mourir parce qu’ils s’aiment » a déclaré Abderrahmane Sissako dont l’envie de réaliser ce film a surgi après un fait réel survenu en juillet 2012, dans la petite ville d’Aguelhok au Mali. Un couple d’une trentaine d’années avait alors été placé dans deux trous creusés dans le sol en place publique, puis lapidé. Leur unique « faute » était d’avoir eu des enfants hors mariage. Choqué par la lapidation publique du couple mais aussi par l’absence de médiatisation de ce fait atroce, Abderrahmane Sissako a alors décidé de réaliser « Timbuktu».
Tout est contenu dans les premiers plans, prémonitoires : la beauté, la liberté, la grâce incarnées par une gazelle qui court poursuivie par des Djihadistes en jeep. « Ne la tuez pas, fatiguez-la ! », crie leur chef. Puis, des œuvres d’art détruites : des masques et statuettes qui servent de cible à des exercices de tir. La violence absurde, ridicule, terrible des fanatiques face à la culture, la poésie et la beauté.
Avec beaucoup d’intelligence et de pudeur, si rare au cinéma a fortiori quand il s’agit de traiter d’une actualité aussi grave, en refusant le spectaculaire, Sissako montre avec d’autant plus de force et de portée toute l’absurdité de cette violence. Il a aussi l’intelligence d’éviter tout manichéisme, de quérir et montrer la bonté derrière la cruauté comme ce Djihadiste qui danse tandis qu’un homme et une femme sont lapidés à mort. La beauté et la violence de la scène, enlacées, n’en sont alors que plus foudroyantes et convaincantes. Aux pires moments surgissent des éclairs d’humanité comme quand cet autre Djihadiste compatit lorsque Kidane parle de sa fille bientôt orpheline tout en refusant néanmoins que soit traduite sa phrase compatissante. Des contrastes judicieux entre sérénité et brutalité, poésie et violence, le fond et la forme, grâce notamment à une construction savamment orchestrée : soleil irradiant et illuminant une scène tragique, plan mis en parallèle avec le précédent illustrant la drôlerie tragique de l’absurdité fanatique, début et fin se répondant avec une logique et violence implacables. Aucun plan n’est superflu. Chaque plan est sidérant de beauté, de significations et de minutie.
Il montre des fanatiques parfois courtois, mais surtout hypocrites (par exemple interdisant de fumer et fumant en cachette) et ridicules, parfois enfantins. La musique, les cigarettes, le football sont interdits. Les ordres, cocasses s’ils n’étaient dramatiquement réels, sont scandés par mégaphones. Des tribunaux rendent des sentences absurdes. Les femmes sont mariées de force ou encore obligées de porter des chaussettes et des gants…y compris la marchande de poissons qui résiste avec un courage inouï. L’équipe du film a, elle aussi, fait preuve de courage : le film, qui est sensé se situer à Tombouctou, a ainsi dû être tourné près de la frontière malienne, à l’extrême Est de la Mauritanie, dans un village hautement sécurisé. La folle Zabou est la seule femme à être épargnée. Interprétée par Kettly Noël, danseuse haïtienne installée à Bamako, faisant référence au tremblement de terre survenu le 12 janvier 2010 en Haïti, elle dit ainsi : « Le tremblement de terre, c’est mon corps. Je suis fissurée de partout ». Un autre chaos qui fait écho à celui, tout aussi ravageur, qui règne alors au Mali.
Chaque plan est un véritable tableau dont la beauté ahurissante et la sérénité apparente exacerbent davantage encore la cruauté de ce qu’il raconte. Que dire de ce plan large vertigineux de beauté et qui nous laisse le temps (d’admirer, d’éprouver, de réfléchir), suite à la mort du pêcheur, un plan digne des plus grands westerns qui nous fait éprouver la somptuosité douloureuse et tragique de l’instant. La beauté et la dignité l’emportent sur l’horreur, constamment. La beauté formelle du film pour raconter l’âpreté du quotidien devient alors un acte de résistance. Ces personnages qui se dressent contre l’horreur comme cette jeune fille flagellée parce qu’elle a chanté et qui se met à chanter tandis qu’elle subit son châtiment est ainsi un exemple de cette résistance, une scène qui a la force poignante de « la Marseillaise » chantée dans « Casablanca».
Sissako recours parfois aussi au burlesque pour montrer toute l’absurdité du fanatisme comme un écho à cette scène de « La vie est belle » de Benigni quand le petit garçon Giosué lit sur une vitrine « Entrée interdite aux juifs et aux chiens » et que Guido (Benigni) tourne l’inacceptable stupidité en dérision en déclarant qu’il interdirait son magasin « aux araignées et aux wisigoths ». De même, Sissako souligne aussi les contradictions grotesques des fanatiques qui interdisent la musique mais ne savent qu’en faire lorsqu’il s’agit de louanges au Dieu au nom duquel ils prétendent appliquer leur loi qui n’a pourtant rien à voir avec celle de la sagesse de l’imam de Tombouctou, impuissant face à ces horreurs et cette interprétation erronée de sa religion. Quelle intelligence faut-il pour réagir avec autant de sang-froid à une actualité aussi révoltante et brûlante sans tomber dans le mélodrame larmoyant, écueil magnifiquement évité par le cinéaste ?
Le film est aussi une ode à l’imaginaire, arme et ultime espoir comme ces jeunes qui miment un match de foot sans ballon alors que le football leur est interdit. La musique, splendide, d’Amine Bouhafa ajoute de l’ampleur et de la force à cette scène sublimée par la photographie de Sofiane El Fani (directeur de la photographie de « La vie d’Adèle) qui nimbe le film d’une douceur poétique enivrante. La justesse de l’interprétation (quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que beaucoup des acteurs du film sont non professionnels, parfois choisis à la dernière minute), l’expressivité des visages et la beauté qui émane de l’harmonie de la famille de Kidane renforcent encore la force du film et de ses messages.
Laissez-vous à votre tour éblouir par la maîtrise époustouflante, par la beauté flamboyante, étourdissante, de Timbuktu, un film d’actualité empreint d’une poésie et d’une sérénité éblouissantes, de pudeur et de dérision salutaires, signifiantes : un acte de résistance et un magnifique hommage à ceux qui subissent l’horreur en silence. Sissako souligne avec intelligence et retenue la folie du fanatisme et de l’obscurantisme religieux contre lesquels son film est un formidable plaidoyer dénué de manichéisme, parsemé de lueurs d’humanité et finalement d’espoir, la beauté et l’amour sortant victorieux dans ce dernier plan bouleversant, cri de douleur, de liberté et donc d’espoir déchirant à l’image de son autre titre, sublime : « Le chagrin des oiseaux ». Le film de l’année. Bouleversant. Eblouissant. Brillant. Nécessaire.
Le maître de cérémonie(s): Lambert Wilson
L’an passé, je vous avais raconté ici les cérémonies d‘ouverture et de clôture du 67ème Festival de Cannes et l’intelligence et l’élégance avec lesquelles Lambert Wilson les avait présentées.
Lambert Wilson fait sa première apparition à Cannes en 1985, avec Rendez-vous, d’André Téchiné. Il revient ensuite à plusieurs reprises en Sélection, en tant qu’interprète mais aussi comme Président du Jury Un Certain Regard (1999).
En 2010, lors du 63e Festival de Cannes, il bouleverse les festivaliers par sa performance dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, Grand Prix du Jury cette année-là et pour lequel Lambert Wilson sera nommé quelques mois plus tard pour le César du Meilleur acteur.
Je me réjouis donc d’apprendre qu’il sera à nouveau le maître de cérémonie cette année.
A cette occasion, je vous propose trois critiques de films d’Alain Resnais avec Lambert Wilson dont « Vous n’avez encore rien vu », mon immense coup de cœur du Festival de Cannes 2012.
Disons-le d’emblée, le film d’Alain Resnais était mon énorme coup de cœur de l’édition 2012 du Festival de Cannes avec « A perdre la raison » de Joachim Lafosse (section Un Certain Regard) et « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire (Semaine de la Critique). Bien sûr, il est difficile d’évincer (et de comparer) avec « Amour » et « De rouille et d’os » qui m’ont également enthousiasmée mais ce film a (et a suscité) ce quelque chose en plus, cet indicible, cet inexplicable que l’on pourrait nommer coup de foudre.
Après tant de grands films, des chefs d’œuvres souvent même, Alain Resnais prouve une nouvelle fois qu’il peut réinventer encore et encore le dispositif cinématographique, nous embarquer là où on ne l’attendait pas, jouer comme un enfant avec la caméra pour nous donner à notre tour ce regard d’enfant émerveillé dont il semble ne s’être jamais départi. A bientôt 90 ans, il prouve que la jeunesse, l’inventivité, la folie bienheureuse ne sont pas questions d’âge.
Antoine, homme de théâtre, convoque après sa mort, ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions d’Eurydice, pièce qu’il a écrite. Il a enregistré, avant de mourir, une déclaration dans laquelle il leur demande de visionner une captation des répétitions de cette pièce: une jeune troupe lui a en effet demandé l’autorisation de la monter et il a besoin de leur avis.
Dès le début, la mise en abyme s’installe. Les comédiens appelés par leurs véritables noms reçoivent un coup de fil leur annonçant la mort de leur ami metteur en scène. Première répétition avant une succession d’autres. Puis, ils se retrouvent tous dans cette demeure étrange, presque inquiétante, tel un gouffre un peu morbide où leur a donné rendez-vous Antoine. Cela pourrait être le début d’un film policier : tous ces comédiens réunis pour découvrir une vérité. Mais la vérité qu’ils vont découvrir est toute autre. C’est celle des mots, du pouvoir et de la magie de la fiction.
Puis, se passe ce qui arrive parfois au théâtre, lorsqu’il y a ce supplément d’âme, de magie (terme que j’ai également employé pour « Les bêtes du sud sauvage« , autre coup de coeur de 2012, mais aussi différents soient-ils, ces deux films ont cet élément rare en commun), lorsque ce pouvoir des mots vous embarque ailleurs, vous hypnotise, vous fait oublier la réalité, tout en vous ancrant plus que jamais dans la réalité, vous faisant ressentir les palpitations de la vie.
En 1942, Alain Resnais avait ainsi assisté à une représentation d’ « Eurydice » de Jean Anouilh de laquelle il était sorti bouleversé à tel point qu’il avait fait deux fois le tour de Paris à bicyclette. C’est aussi la sensation exaltante que m’a donné ce film!
Chaque phrase prononcée, d’une manière presque onirique, magique, est d’une intensité sidérante de beauté et de force et exalte la force de l’amour. Mais surtout Alain Resnais nous livre ici un film inventif et ludique. Il joue avec les temporalités, avec le temps, avec la disposition dans l’espace (usant parfois aussi du splitscreen entre autres « artifices »). Il donne à jouer des répliques à des acteurs qui n’en ont plus l’âge. Cela ne fait qu’accroître la force des mots, du propos, leur douloureuse beauté et surtout cela met en relief le talent de ses comédiens. Rarement, je crois, j’aurais ainsi été émue et admirative devant chaque phrase prononcée quel que soit le comédien. A chaque fois, elle semble être la dernière et la seule, à la fois la première et l’ultime. Au premier rang de cette distribution (remarquable dans sa totalité), je citerai Pierre Arditi, Lambert Wilson, Anne Consigny, Sabine Azéma mais en réalité tous sont extraordinaires, aussi extraordinairement dirigés.
C’est une des plus belles déclarations d’amour au théâtre et aux acteurs, un des plus beaux hommages au cinéma qu’il m’ait été donné de voir et de ressentir. Contrairement à ce qui a pu être écrit ce n’est pas une œuvre posthume mais au contraire une mise en abyme déroutante, exaltante d’une jeunesse folle, un pied-de-nez à la mort qui, au théâtre ou au cinéma, est de toutes façons transcendée. C’est aussi la confrontation entre deux générations ou plutôt leur union par la force des mots. Ajoutez à cela la musique de Mark Snow d’une puissance émotionnelle renversante et vous obtiendrez un film inclassable et si séduisant (n’usant pourtant d’aucune ficelle pour l’être mais au contraire faisant confiance à l’intelligence du spectateur).
Ce film m’a enchantée, bouleversée, m’a rappelé pourquoi j’aimais follement le cinéma et le théâtre, et les mots. Ce film est d’ailleurs au-delà des mots auquel il rend pourtant un si bel hommage. Ce film aurait mérité un prix d’interprétation collectif, un prix de la mise en scène…et pourquoi pas une palme d’or (il est malheureusement reparti bredouille du palmarès de ce Festival de Cannes 2012) ! Ces quelques mots sont bien entendu réducteurs pour vous parler de ce grand film, captivant, déroutant, envoûtant, singulier. Malgré tout ce que je viens de vous en dire, dîtes-vous que de toutes façons, « Vous n’avez encore rien vu ». C’est bien au-delà des mots. Et espérons que nous aussi nous n’avons encore rien vu et qu’Alain Resnais continuera encore très longtemps à nous surprendre et enchanter ainsi. Magistralement.
Commençons par le premier film projeté dans le cadre du festival qui est aussi le plus ancien des trois « On connaît la chanson ». Toute la malice du cinéaste apparaît déjà dans le titre de ce film de 1997, dans son double sens, propre et figuré, puisqu’il fait à la fois référence aux chansons en playback interprétées dans le film mais parce qu’il sous-entend à quel point les apparences peuvent être trompeuses et donc que nous ne connaissons jamais vraiment la chanson…
Suite à un malentendu, Camille (Agnès Jaoui), guide touristique et auteure d’une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » s’éprend de l’agent immobilier Marc Duveyrier (Lambert Wilson). Ce dernier est aussi le patron de Simon (André Dussolier), secrètement épris de Camille et qui tente de vendre un appartement à Odile (Sabine Azéma), la sœur de Camille. L’enthousiaste Odile est décidée à acheter cet appartement malgré la désapprobation muette de Claude, son mari velléitaire (Pierre Arditi). Celui-ci supporte mal la réapparition après de longues années d’absence de Nicolas (Jean-Pierre Bacri), vieux complice d’Odile qui devient le confident de Simon et qui est surtout très hypocondriaque.
Ce film est pourtant bien plus que son idée de mise en scène, certes particulièrement ludique et enthousiasmante, à laquelle on tend trop souvent à le réduire. A l’image de ses personnages, le film d’Alain Resnais n’est pas ce qu’il semble être. Derrière une apparente légèreté qui emprunte au Boulevard et à la comédie musicale ou du moins à la comédie (en) »chantée », il débusque les fêlures que chacun dissimule derrière de l’assurance, une joie de vivre exagérée, de l’arrogance ou une timidité.
C’est un film en forme de trompe-l’œil qui commence dès la première scène : une ouverture sur une croix gammée, dans le bureau de Von Choltitz au téléphone avec Hitler qui lui ordonne de détruire Paris. Mais Paris ne disparaîtra pas et sera bien heureusement le terrain des chassés-croisés des personnages de « On connaît la chanson », et cette épisode était juste une manière de planter le décor, de nous faire regarder justement au-delà du décor, et de présenter le principe de ces extraits chantés. La mise en scène ne cessera d’ailleurs de jouer ainsi avec les apparences, comme lorsqu’Odile parle avec Nicolas, lors d’un dîner chez elle, et que son mari Claude est absent du cadre, tout comme il semble d’ailleurs constamment « absent », ailleurs.
Resnais joue habilement avec la mise en scène mais aussi avec les genres cinématographiques, faisant parfois une incursion dans la comédie romantique, comme lors de la rencontre entre Camille et Marc. L’appartement où ils se retrouvent est aussi glacial que la lumière est chaleureuse pour devenir presque irréelle mais là encore c’est une manière de jouer avec les apparences puisque Marc lui-même est d’une certaine manière irréel, fabriqué, jouant un personnage qu’il n’est pas.
Le scénario est signé Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et témoigne déjà de leur goût des autres et de leur regard à la fois acéré et tendre sur nos vanités, nos faiblesses, nos fêlures. Les dialogues sont ainsi des bijoux de précision et d’observation mais finalement même s’ils mettent l’accent sur les faiblesses de chacun, les personnages ne sont jamais regardés avec condescendance mais plutôt lucidité et indulgence. Une phrase parfois suffit à caractériser un personnage comme cette femme qui, en se présentant dit, « J’suis une collègue d’Odile. Mais un petit cran au-dessus. Mais ça ne nous empêche pas de bien nous entendre ! ». Tout est dit ! La volonté de se montrer sous son meilleur jour, conciliante, ouverte, indifférente aux hiérarchies et apparences…tout en démontrant le contraire. Ou comme lorsque Marc répète à deux reprises à d’autres sa réplique adressée à Simon dont il est visiblement très fier « Vous savez Simon, vous n’êtes pas seulement un auteur dramatique, mais vous êtes aussi un employé dramatique ! » marquant à la fois ainsi une certaine condescendance mais en même temps une certaine forme de manque de confiance, et amoindrissant le caractère a priori antipathique de son personnage.
Les personnages de « On connaît la chanson » sont avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités masquées, leurs vrais personnalités ou désirs, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. De « J’aime les filles » avec Lambert Wilson au « Vertige de l’amour » avec André Dussolier (irrésistible ) en passant par le « Résiste » de Sabine Azéma. C’est aussi un moyen de comique de répétition dont est jalonné ce film : blague répétée par Lambert Wilson sur Simon, blague de la publicité pour la chicorée lorsque Nicolas montre la photo de sa famille et réitération de certains passages chantés comme « Avoir un bon copain ».
Chacun laissera tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte, dans le dernier acte où tous seront réunis, dans le cadre d’une fête qui, une fois les apparences dévoilées (même les choses comme l’appartement n’y échappent pas, même celui-ci se révèlera ne pas être ce qu’il semblait), ne laissera plus qu’un sol jonché de bouteilles et d’assiettes vides, débarrassé du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case) mais la scène se terminera une nouvelle fois par une nouvelle pirouette, toute l’élégance de Resnais étant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté.
Rien n’est laissé au hasard, de l’interprétation (comme toujours chez Resnais remarquable direction d’acteurs et interprètes judicieusement choisis, de Dussolier en amoureux timide à Sabine Azéma en incorrigible optimiste en passant par Lambert Wilson, vaniteux et finalement pathétique et presque attendrissant) aux costumes comme les tenues rouges et flamboyantes de Sabine Azéma ou d’une tonalité plus neutre, voire fade, d’Agnès Jaoui.
« On connaît la chanson » a obtenu 7 César dont celui du meilleur film et du meilleur scénario original. C’est pour moi un des films les plus brillants et profonds qui soient malgré sa légèreté apparente, un mélange subtile –à l’image de la vie – de mélancolie et de légèreté, d’enchantement et de désenchantement, un film à la frontière des émotions et des genres qui témoigne de la grande élégance de son réalisateur, du regard tendre et incisif de ses auteurs et qui nous laisse avec un air à la fois joyeux et nostalgique dans la tête. Un film qui semble entrer dans les cadres et qui justement nous démontre que la vie est plus nuancée et que chacun est forcément plus complexe que la case à laquelle on souhaite le réduire, moins lisse et jovial que l’image « enchantée » qu’il veut se donner. Un film jubilatoire enchanté et enchanteur, empreint de toute la richesse, la beauté, la difficulté, la gravité et la légèreté de la vie. Un film tendrement drôle et joyeusement mélancolique à voir, entendre et revoir sans modération…même si nous connaissons déjà la chanson !
Dans le cadre du festival était également projeté « Cœurs », un film d’Alain Resnais de 2006. Le film choral était alors à la mode. Alain Resnais, cinéaste emblématique de la modernité, ne suit pas les modes mais les initie, encore. Malgré le temps, sa modernité n’a pas pris une ride et de ce point de vue du haut de ses 80 ans et quelques, mais surtout du haut de ses innombrables chefs d’œuvre (Hiroshima, mon amour, L’année dernière à Marienbad, Nuit et brouillard, On connaît la chanson, Smoking, no smoking, Je t’aime, je t’aime et tant d’autres), il reste le plus jeune des cinéastes. Coeurs est l’adaptation de Private fears in public places, une pièce de théâtre de l’auteur anglais Alain Ayckbourn dont Alain Resnais avait déjà adapté en 1993 une autre de ses œuvres, pour en faire Smoking, No smoking.
Ce film, choral donc, croise les destins de six « cœurs en hiver » dans le quartier de la Grande Bibliothèque, quartier froid, moderne et impersonnel, sous la neige du début à la fin du film. La neige, glaciale, évidemment. La neige qui incite à se presser, à ne pas voir, à ne pas se rencontrer, à fuir l’extérieur. C’est donc à l’intérieur qu’il faut chercher la chaleur. Normalement. A l’intérieur qu’on devrait se croiser donc. Alors, oui, on se croise mais on ne se rencontre pas vraiment.
C’est probablement d’On connaît la chanson que se rapproche le plus ce film, en particulier pour la solitude des personnages. Le dénouement est pourtant radicalement différent et avec les années qui séparent ces deux films la légèreté s’est un peu évaporée. Ainsi, dans On connaît la chanson les personnages chantent. Là, ils déchantent plutôt. Ils sont en quête surtout. En quête de désirs. De désir de vivre, surtout, aussi. Même dans un même lieu, même ensemble, ils sont constamment séparés : par un rideau de perle, par la neige, par une séparation au plafond, par une cloison en verre, par des couleurs contrastées, par des cœurs qui ne se comprennent plus et ne battent plus à l’unisson. Non, ces cœurs-là ne bondissent plus. Ils y aspirent pourtant.
Le coeur se serre plus qu’il ne bondit. A cause des amours évanouis. Des parents disparus. Du temps passé. Ils sont enfermés dans leur nostalgie, leurs regrets même si la fantaisie et la poésie affleurent constamment sans jamais exploser vraiment. La fantaisie est finalement recouverte par la neige, par l’apparence de l’innocence. L’apparence seulement. Chaque personnage est auréolé de mystère. Resnais a compris qu’on peut dire beaucoup plus dans les silences, dans l’implicite, dans l’étrange que dans un excès de paroles, l’explicite, le didactique. Que la normalité n’est qu’un masque et un vain mot.
Comme toujours chez Resnais les dialogues sont très et agréablement écrits. La mise en scène est particulièrement soignée : transitions magnifiquement réussies, contrastes sublimes et saisissants des couleurs chaudes et froides, jeu sur les apparences (encore elles). Rien d’étonnant à ce qu’il ait obtenu le Lion d’Argent du meilleur réalisateur à Venise.
De la mélancolie, Alain Resnais est passé à la tristesse. De l’amour il est passé à la tendresse. Celle d’un frère et d’une sœur qui, à la fin, se retrouvent, seuls, enlacés. Sur l’écran de télévision qu’ils regardent, s’inscrit alors le mot fin. Espérons qu’elle ne préfigure pas la croyance du réalisateur en celle du cinéma, peut-être sa disparition sur le petit écran du moins. Peut-être la fin des illusions du cinéaste.
En suivant les cœurs de ces personnages désenchantés, leurs « cœurs en hiver », Alain Resnais signe là un film particulièrement pessimiste, nostalgique, cruel parfois aussi. On en ressort tristes, nous aussi, tristes qu’il n’ait plus le cœur léger. Un film qui mérite néanmoins d’être vu. Pour ses acteurs magistraux et magistralement dirigés. Pour la voix de Claure Rich vociférant. Pour le vibrant monologue de Pierre Arditi. Pour le regard d’enfant pris en faute de Dussolier. Pour la grâce désenchantée d’Isabelle Carré. Pour la fantaisie sous-jacente de Sabine Azéma. Pour l’égarement de Lambert Wilson. Pour la voix chantante de Laura Morante soudainement aussi monotone que les appartements qu’elle visite. Pour et à cause de cette tristesse qui vous envahit insidieusement et ne vous quitte plus. Pour son esthétisme si singulier, si remarquablement soigné. Pour la sublime photographie d’Eric Gautier. Pour sa modernité, oui, encore et toujours. Parce que c’est une pierre de plus au magistral édifice qu’est l’œuvre d’Alain Resnais.
« Mad Max » de Georges Miller projeté hors compétition
Certains l’attendaient en ouverture pour succéder au Biopic d’Olivier Dahan sur Grace Kelly qui fait l’ouverture du Festival de Cannes 2014, c’est néanmoins le lendemain de celle-ci que sera projeté « Mad Max » de Georges Miller, le 14 Mai 2015. C’est donc Tom Hardy qui incarnera le héros entré dans la légende sous les traits de Mel Gibson. Max Rockatansky, joué par Tom Hardy, va rencontrer l’impératrice Furiosa, interprétée par Charlize Theron, qui fuit une bande lancée à ses trousses…
Le film sortira dans le monde entier, le 14 Mai.
Pour en savoir plus et pour tout ce qui concerne la Semaine de la Critique et la Quinzaine des Réalisateurs, retrouvez mes articles détaillés sur Inthemoodforcannes.com.
La Cinéfondation
Comme chaque année, l’Atelier de la Cinéfondation accueille sa onzième édition et invitera au Festival de Cannes 15 réalisateurs dont les projets de film ont été jugés particulièrement prometteurs.
Cette année, pour la deuxième fois de l'histoire du Festival de Cannes, c'est une réalisatrice qui fera l’Ouverture du Festival. C’est en effet le film de la française Emmanuelle Bercot, "La Tête haute", qui ouvrira, mercredi 13 mai prochain, la 68ème édition du Festival de Cannes après le Biopic d'Olivier Dahan sur Grace Kelly, l'an passé.
Un film d'ouverture dont l'annonce me réjouit (Emmanuelle Bercot a notamment coécrit l'excellent scénario de "Polisse", réalisé le troublant "Clément" et "Elle s'en va" qui fut pour moi le meilleur film de l'année 2013 dont je vous propose ma critique ci-dessous) et dont vous pourrez retrouver ma critique ici la 13 Mai.
"La Tête haute" raconte le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu'une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver. Tourné dans le Nord-Pas de Calais, en Rhône-Alpes et en Ile de France, il compte dans sa distribution Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier et Rod Paradot qui interprète le personnage principal.
« Le choix de ce film pourra paraître surprenant au regard des codes généralement appliqués à l’Ouverture du Festival de Cannes, - déclare Thierry Frémaux, Délégué général de la manifestation. - C’est évidemment le reflet de notre volonté de voir le Festival commencer avec une œuvre différente, forte et émouvante. Le film d’Emmanuelle Bercot dit des choses importantes sur la société d’aujourd’hui, dans la tradition d’un cinéma moderne, pleinement engagé sur les questions sociales et dont le caractère universel en fait une œuvre idéale pour le public mondial qui sera au rendez-vous à Cannes. »
La Tête haute sera projeté en avant-première mondiale dans le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals et sortira dans les salles françaises le même jour, mercredi 13 mai prochain. Le film a déjà été vendu dans de nombreux pays.
Comme chaque année, les salles qui sortiront le film pourront également diffuser la Cérémonie d’ouverture.
La carrière d'Emmanuelle Bercot est indissociable du Festival de Cannes. Son talent est découvert au Festival de Cannes en 1997, où son court métrage Les Vacances reçoit le Prix du Jury. Elle confirme l’essai deux ans plus tard avec un Deuxième Prix de la Cinéfondation pour La Puce, son film de fin d’étude. En 2001, son premier long métrage, Clément, dans lequel elle tient le rôle principal, est en Sélection officielle au Certain Regard. Depuis, elle a réalisé plusieurs films dont, en 2014, Elle s’en va, dans lequel on retrouve Catherine Deneuve dans l’un de ses plus beaux rôles. Emmanuelle Bercot a également co-signé le scénario de Polisse de Maïwenn qui lui a offert le premier rôle de son nouveau film, Mon Roi.
La Tête haute a été écrit par Emmanuelle Bercot et Marcia Romano, et Guillaume Schiffman en est le directeur de la photographie. Il est produit par Les Films du Kiosque, en coproduction avec France 2 Cinéma, Wild Bunch, Rhône-Alpes Cinéma et Pictanovo, et avec le soutien de la Région Nord-Pas de Calais. Il est vendu par Elle Driver et distribué en France par Wild Bunch.
CRITIQUE – ELLE S’EN VA d’Emmanuelle Bercot avec Catherine Deneuve
Un film avec Catherine Deneuve est en soi déjà toujours une belle promesse, une promesse d’autant plus alléchante quand le film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là, l’histoire poignante et délicate (et délicatement traitée) de l’amour d’un adolescent pour une femme d’âge plus mûr (d’ailleurs interprétée avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Bercot). Une histoire intense dont chaque plan témoignait, transpirait de la ferveur amoureuse qui unissait les deux protagonistes. Puis, il y a eu « Backstage », et l’excellent scénario de « Polisse » dont elle était coscénariste.
L’idée du road movie avec Catherine Deneuve m’a tout d’abord fait penser au magistral « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel le dernier regard de Catherine Deneuve à la fois décontenancé et ébloui puis passionné, troublé, troublant est un des plus beaux plans qu’il me soit arrivé de voir au cinéma contenant une multitude de possibles et toute la richesse de jeu de l’actrice. « Elle s’en va » est un road movie centré certes aussi sur Catherine Deneuve mais très différent et né du désir « viscéral » de la filmer (elle n’est sans doute pas la seule mais nous comprenons rapidement pourquoi l’actrice a accepté ici) comme l’a précisé la réalisatrice avant la projection.
L’actrice incarne ici Bettie (et non Betty comme celle de Chabrol), restauratrice à Concarneau, veuve (je vous laisse découvrir comment…), vivant avec sa mère (Claude Gensac !) qui la traite encore comme une adolescente. L’amant de Bettie vient de quitter sa femme… pour une autre qu’elle. Sa mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant au bord de la faillite vont la faire quitter son restaurant, en plein service du midi, pour aller « faire un tour » en voiture, puis pour acheter des cigarettes. Le tour du pâté de maisons se transforme bientôt en échappée belle. Elle va alors partir sur les routes de France, et rencontrer toute une galerie de personnages dans une France qui pourrait être celle des « sous-préfectures » du « Journal de France » de Depardon. Et surtout, son voyage va la mener sur une voie inattendue…et nous aussi tant ce film est une surprise constante.
Après un premier plan sur Catherine Deneuve, au bord de la mer, éblouissante dans la lumière du soleil, et dont on se demande si elle va se « jeter à l’eau » (oui, d’ailleurs, d’une certaine manière), se succèdent des plans montrant des commerces fermées et des rues vides d’une ville de province, un chien à la fenêtre, une poésie décalée du quotidien aux accents de Depardon. Puis Bettie apparaît dans son restaurant. Elle s’affaire, tourbillonne, la caméra ne la lâche pas…comme sa mère, sans cesse après elle. Bettie va ensuite quitter le restaurant pour ne plus y revenir. Sa mère va la lâcher, la caméra aussi, de temps en temps : Emmanuelle Bercot la filme sous tous les angles et dans tous les sens ( sa nuque, sa chevelure lumineuse, même ses pieds, en plongée, en contre-plongée, de dos, de face, et même à l’envers) mais alterne aussi avec des plans plus larges qui la placent dans des situations inattendues dans de « drôle[s] d’endroit[s] pour une rencontre », y compris une aire d’autoroute comme dans le film éponyme.
Si l’admiration de la réalisatrice pour l’actrice transpire dans chaque plan, en revanche « Elle s’en va » n’est pas un film nostalgique sur le « mythe » Deneuve mais au contraire ancré dans son âge, le présent, sa féminité, la réalité. Emmanuelle Bercot n’a pas signé un hommage empesé mais au contraire un hymne à l’actrice et à la vie. Avec son jogging rouge dans « Potiche », elle avait prouvé (à ceux qui en doutaient encore) qu’elle pouvait tout oser, et surtout jouer avec son image d’icône. « Elle s’en va » comme aurait pu le faire craindre son titre (le titre anglais est « On my way ») ne signifie ainsi ni une révérence de l’actrice au cinéma (au contraire, ce film montre qu’elle a encore plein de choses à jouer et qu’elle peut encore nous surprendre) ni un film révérencieux, mais au contraire le film d’une femme libre sur une autre femme libre. Porter une perruque improbable, se montrer dure puis attendrissante et s’entendre dire qu’elle a dû être belle quand elle était jeune » (dans une scène qui aurait pu être glauque et triste mais que la subtilité de l’écriture et de l’interprétation rendent attendrissante )…mais plus tard qu’elle sera « toujours belle même dans la tombe. » : elle semble prendre un malin plaisir à jouer avec son image.
Elle incarne ici un personnage qui est une fille avant d’être une mère et une grand-mère, et surtout une femme libre, une éternelle amoureuse. Au cours de son périple, elle va notamment rencontrer un vieil agriculteur (scène absolument irrésistible tout comme sa rencontre d’une nuit, belle découverte que Paul Hamy qui incarne l’heureux élu). Sa confrontation avec cette galerie de personnages incarnés par des non professionnels pourrait à chaque fois donner lieu à un court-métrage tant ce sont de savoureux moments de cinéma, mais une histoire et un portrait se construisent bel et bien au fil de la route. Le film va ensuite prendre une autre tournure lorsque son petit-fils l’accompagnera dans son périple. En découvrant la vie des autres, et en croyant fuir la sienne, elle va au contraire lui trouver un nouveau chemin, un nouveau sens, être libérée du poids du passé.
Si le film est essentiellement interprété par des non professionnels (qui apportent là aussi un naturel et un décalage judicieux), nous croisons aussi Mylène Demongeot (trop rare), le peintre Gérard Garouste et la chanteuse Camille (d’ailleurs l’interprète d’une chanson qui s’intitule « Elle s’en va » mais qui n’est pas présente dans le film) dans le rôle de la fille cyclothymique de Bettie et enfin Nemo Schiffman, irréprochable dans le rôle du petit-fils. Ajoutez à cela une remarquable BO et vous obtiendrez un des meilleurs films de l’année 2013.
Présenté en compétition officielle de la Berlinale 2013 et en compétition du Champs-Elysées Film Festival 20013, « Elle s’en va » a permis à Catherine Deneuve de recevoir le prix coup de cœur du Festival de Cabourg 2013.
« Elle s’en va » est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare. Le film sort en salles le 18 septembre. Ne le manquez pas.
L' actrice et réalisatrice italienne et américaine, Isabella Rossellini, présidera le Jury Un Certain Regard, Sélection officielle du Festival de Cannes dont la composition d'une vingtaine de films sera annoncée, avec celle de la Compétition, lors de la Conférence de presse du 16 avril prochain.
Le festival rend par ailleurs hommage à l’actrice suédoise Ingrid Bergman, mère d'Isabelle Rossellini, qui figure sur l'affiche de cette édition 2015.
A cette occasion, je vous propose de revoir mes vidéos de la passionnante master class qu'Isabella Rossellini a donnée lors du dernier Festival Lumière de Lyon 2014 et ma critique d'un des derniers films avec Isabella Rosseillini, "Two lovers" de James Gray.
Master class d’Isabella Rossellini au Festival Lumière de Lyon 2014
Passionnante a également été la master class d’Isabella Rossellini. Contrairement à beaucoup de « fils de » et « filles de » qui ne souhaitent pas qu’on leur rappelle leurs origines, elle a évoqué avec beaucoup de tendresse et d’admiration les carrières de ses illustres parents, Ingrid Bergman et Roberto Rossellini, mais aussi sa propre carrière, sans langue de bois, évoquant les raisons parfois pécuniaires ou personnelles de ses choix mais sans jamais se départir de son irrésistible sourire… En plus des deux extraits vidéos ci-dessus, ci-dessous, quelques phrases extraites de cette rencontre:
« Au départ, les films de mon père étaient plus appréciés aux USA qu’en Italie. Ses films ont eu un très grand impact en particulier sur ma mère qui avait demande à participer à ses films. Ils ont fait 5 films ensemble et 3 enfants. » » »Bergman travaillait en 5 langues. »
» Depuis 15 ans, je n’ai plus d’agent car les agents travaillent en terme de carrière. »
» Robert Redford a beaucoup fait dans le cinéma commercial de qualité mais aussi des choses d’avant-garde. Redford a envisagé de créer des séries de films courts de 2 minutes. N’ayant plus d’agent je suis rentrée à l’université faire des cours de biologie. J’en ai fait un monologue de théâtre. Bestiaire d’amour. »
» Les metteurs en scène passent leu temps à demander de l’argent. J’ai deux enfants et ne peux me le permettre. »
« Denis Villeneuve est le plus gentil des metteurs en scène que j’ai connus. James Gray m’a beaucoup touchée car avant 2 lovers, il a montré un film de mon père. Il m’a émue par cette foi que le cinéma est quelque chose qui peut changer la vie. Il m’émeut beaucoup aussi. C’est un grand metteur en scène. »
« La technique change tellement rapidement que les artistes n’ont pas le temps de la maîtriser. »
« Maman disait « j’aurais pu faire seulement Casablanca et j’aurais eu la même réputation ». Le film a eu du succès à la sortie mais pas un grand classique comme après. Elle l’a présenté à Harvard et les gens connaissaient le texte par cœur. »
» Le théâtre demande de partir 6 mois à 1 an et ce n’était pas possible pour les deux enfants que j’élevais seule. Et j’ai un accent dans toutes les langues et je n’ai pas une langue qui est complètement ma langue. »
Critique de "Two lovers "de James Gray
Direction New York, ville fétiche du cinéma de James Gray, où, après avoir tenté de se suicider, un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle, fragile et inconstante, dont il est tombé éperdument amoureux, un amour dévastateur et irrépressible.
L’intérêt de « Two lovers » provient avant tout des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses. Si James Gray est avant tout associé au polar, il règne ici une atmosphère de film noir et une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion, ses gestes maladroits, son corps même qui semble crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente.
Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d’un trouble bipolaire (mais ce n’est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…
Il éprouve ainsi un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’acceptent pas les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».
Par des gestes, des regards, des paroles esquissés ou éludés, James Gray dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne ( plan de Michelle derrière des barreaux de son appartement, les appartements de Leonard et Michelle donnant sur la même cour rappelant ainsi « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock de même que la blondeur toute hitchcockienne de Michelle), et qui exalte et détruit.
James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée et un scénario pudique et la magnifique photographie crépusculaire de Joaquin Baca-Asay qui procurent des accents lyriques à cette histoire qui aurait pu être banale, mais dont il met ainsi en valeur les personnages d’une complexité, d’une richesse, d’une humanité bouleversantes. James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père etc).
Un film d’une tendre cruauté, d’une amère beauté, et parfois même d’une drôlerie désenchantée, un thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Irrépressiblement. Ajoutez à cela la bo entre jazz et opéra ( même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » que dans le chef d’œuvre de Woody Allen « Match point » dans lequel on retrouve la même élégance dans la mise en scène et la même « opposition » entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski… : les ressemblances entre les deux films sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ), et James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin. Trois ans après sa sortie : d’ores et déjà un classique du cinéma romantique.que de "Two lovers" de James Gray
Comme chaque année, vous pourrez me suivre en direct du Festival de Cannes, de l’ouverture à la clôture, du 13 au 24 Mai 2015, pour…la 15ème année consécutive. Sans aucun doute, lors de ma première participation, grâce au prix de la jeunesse, en 2001, je n’aurais jamais imaginé (rêvé) y retourner chaque année.
En attendant la conférence de presse d’annonce de sélection à laquelle je serai également le 16 avril prochain, voici un récapitulatif de ce que nous savons pour le moment sur cette 68ème édition.
Vous pourrez également me suivre en direct du festival sur les réseaux sociaux: @moodforcinema (compte twitter principal) et @moodforcannes (mon compte twitter consacré exclusivement au Festival de Cannes), sur instagram (@sandra_meziere) et sur mes comptes Facebook, le principal http://facebook.com/inthemoodforcinema et celui que je consacre aux festivals http://facebook.com/inthemoodforfilmfestivals et enfin sur celui que je consacre exclusivement au Festival de Cannes http://facebook.com/inthemoodorcannes.
En 2013, c’étaient Joanne Woodward et Paul Newman qui étaient à l’honneur, sur l’affiche de la 66ème édition, avec une photo, d’une beauté étourdissante, prise sur le tournage de « A New Kind of Love » de Melville Shavelson, et qui nous invitait à un tourbillon de cinéma, à un désir infini de pellicule, le désir infini…comme celui (de cinéma) que suscite Cannes.
En 2014, c’étaient Hervé Chigioni et son graphiste Gilles Frappier qui avaient conçu et réalisé l’affiche de la 67e édition du Festival de Cannes à partir d’un photogramme tiré de Huit et demi de Federico Fellini, qui fut présenté en Sélection officielle en 1963. Une affiche couleur sépia, hommage au cinéma d’hier, hommage au cinéma tout court, par cette judicieuse mise en abyme puisque l’affiche faisait écho à un film sur le cinéma…et quel film sur le cinéma! Mastroianni, en regardant par-dessus ses lunettes, avec son regard intense et malicieux, nous invitait à regarder, à nous plonger dans son regard, synonyme de toute la poésie et la singularité du 7ème art.
C’est une actrice qui succède donc à Marcello Mastroianni, Ingrid Bergman qui regarde et sourit vers l’horizon.
Ingrid Bergman, In Her Own Words, un documentaire signé Stig Björkman (auteur de livres et documentaires sur Woody Allen et Ingmar Bergman) sera projeté dans le cadre de Cannes Classics.
Le Festival de Cannes s’associera au « Ingrid Bergman Tribute » qu’Isabella Rossellini, pour célébrer le centenaire de la naissance de sa mère, organisera en septembre prochain (Retrouvez en cliquant ici mes vidéos du Festival Lumière de Lyon 2014 lors duquel Isabella Rossellin a évoué Ingrid Bergman). Il s’agit d’un spectacle, mis en scène par Guido Torlonia et Ludovica Damiani, qui mêlera son autobiographie et les lettres de sa correspondance avec Roberto Rossellini. Il sera présenté dans les cinq villes qui ont compté dans la vie d’Ingrid Bergman : Stockholm, Rome, Paris, Londres et New York, et rassemblera sur scène, outre Isabella Rossellini, Jeremy Irons, Fanny Ardant, Christian De Sica et plusieurs autres comédiens. L’ensemble du spectacle sera annoncé lors du prochain Festival.
Voici le communiqué de presse du Festival au sujet de l’affiche:
Icône moderne, femme libre, actrice audacieuse, Ingrid Bergman fut à la fois star hollywoodienne et figure du néoréalisme, changeant de rôles et de pays d’adoption au gré de ses passions, sans jamais perdre ce qu’elle avait de grâce et de simplicité.
Sur l’affiche, l’actrice d’Alfred Hitchcock, de Roberto Rossellini et d’Ingmar Bergman, qui a donné la réplique à Cary Grant, Humphrey Bogart ou encore Gregory Peck, se dévoile dans l’évidence de sa beauté, offrant un visage serein qui semble tourné vers un horizon de promesses.
Liberté, audace, modernité, autant de valeurs que revendique le Festival, année après année, à travers les artistes et les films qu’il choisit de mettre à l’honneur. Ingrid Bergman, qui fut Présidente du Jury en 1973, l’encourage dans cette voie…
« Ma famille et moi-même sommes très touchés que le Festival de Cannes ait choisi notre merveilleuse mère pour figurer sur l’affiche officielle, l’année du centenaire de sa naissance », déclare Isabella Rossellini. « Son exceptionnel parcours a couvert tant de pays, des petites productions artisanales européennes aux grandes machines hollywoodiennes. Maman adorait son métier d’actrice : pour elle, jouer la comédie n’était pas une profession mais une vocation. Elle disait : ‘Je n’ai pas choisi de jouer, c’est le jeu qui m’a choisie.’»
À partir d’une photographie de David Seymour, cofondateur de l’agence Magnum, Hervé Chigioni, déjà auteur de l’affiche remarquée de l’année dernière, signe la nouvelle image du Festival 2015 avec son graphiste Gilles Frappier.
Il a réalisé également un film d’animation à partir du visuel, sur un remix du thème musical du Festival, « Le Carnaval des animaux » de Camille Saint-Saëns, avec un arrangement imaginé par deux musiciens suédois, Patrik Andersson et Andreas Söderström.
Présidents du jury: Ethan et Joel Coen
Situation inédite (et réjouissante) cette année puisque ce n’est pas un président mais deux qui ont été annoncés: les frères Joel et Ethan Coen, de grands habitués de Cannes, lauréats de la palme d’or en 1991 avec « Barton Fink » et qui, récemment avaient obtenu le Grand prix (en 2013, pour « Inside Lleweyn Davis, dont vous retrouverez ma critique ci-dessous), ont accepté l’invitation du nouveau Président du festival Pierre Lescure et du Délégué général Thierry Frémaux de devenir le(s) Président(s) de la 68e édition du Festival. En cette année 2015, qui est celle de la célébration des 120 ans de l’invention du Cinématographe Lumière, le Festival de Cannes sera heureux de saluer ainsi, à travers les Coen, l’œuvre de tous les « frères du cinéma » qui depuis Louis et Auguste Lumière ont enrichi son histoire : outre Joel et Ethan Coen qui gagnèrent la Palme d’or en 1991, Paolo et Vittorio Taviani (en 1976) et Jean-Pierre et Luc Dardenne (en 1998 et en 2005) ont également remporté la récompense suprême.
Films des frères Coen présentés à Cannes:
2013 – INSIDE LLEWYN DAVIS – En Compétition – Longs Métrages Réalisation, Scénario & Dialogues
2007 – CHACUN SON CINÉMA – Hors Compétition Réalisation
2007 – NO COUNTRY FOR OLD MEN – En Compétition – Longs Métrages Réalisation, Scénario & Dialogues
2006 – PARIS, JE T’AIME – Un Certain Regard Réalisation
2004 – THE LADYKILLERS (LADYKILLERS) – En Compétition – Longs Métrages Réalisation, Scénario & Dialogues
2001 – THE MAN WHO WASN’T THERE – En Compétition – Longs Métrages Scénario & Dialogues
2000 – O BROTHER, WHERE ART THOU? – En Compétition – Longs Métrages Scénario & Dialogues
Après la Palme d’or pour « Barton Fink » et le prix de la mise en scène pour « Fargo », il serait étonnant que ce nouveau film des Coen ne figure pas au palmarès. Certains esprits chagrins s’offusquent régulièrement de la présence régulière, voire automatique, de certains grands cinéastes (dont les Coen) dans cette compétition mais comment ne pas choisir un film qui présente un tel niveau de maitrise et d’enchantement ?
« Inside Llewyn Davis » raconte une semaine de la vie d’un jeune chanteur de folk, Llewyn Davis (interprété par Oscar Isaac) dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961. Seul avec sa guitare, sans logement, il lutte pour gagner sa vie comme musicien tandis qu’un hiver rigoureux sévit sur New York. Il survit de petits cachets et en étant hébergé chez des amis ou des inconnus. Son périple le conduira jusqu’à Chicago où il auditionnera pour le géant de la musique Bud Grossman (John Goodman)…
Cela commence en musique. Llewyn Davis chante au Gaslight Café, à New York. La scène est d’une beauté mélancolique déjà captivante. Le son est enregistré en direct. Oscar Isaac prête réellement sa voix à cette magnifique complainte folk. La caméra des Coen se glisse discrètement parmi les spectateurs. Nous prenons d’ores et déjà fait et cause pour Llewyn avant même de connaître ses malheurs qu’il collectionne : le chanteur avec qui il formait un duo s’est suicidé, il se fait tabasser, il n’a pas de logement, la femme de son meilleur ami (Carey Mullingan et Justin Timberlake) attend un enfant de lui, et il enregistre une chanson sur Kennedy qui fera un succès et dont il ne touchera pas les droits d’auteur sans parler du chat des amis qui l’hébergent qui s’échappe par sa faute…
Inside Llewyn Davis est largement inspiré de la vie du chanteur Dave Van Ronk, chanteur de folk à New-York qui a aussi vécu au sein de la classe ouvrière et a partagé sa vie entre sa passion pour la musique et un travail dans la marine marchande. Quelques-uns de ses titres figurent d’ailleurs dans le film. Majoritairement composée de reprises, la bande-originale d’ « Inside Llewyn Davis » est produite par le musicien T-Bone Burnett. Deuxième film des Coen sur la musique après « O’Brother », « Inside Llewyn Davis » a néanmoins un ton et une tonalité très différents.
Le Llewyn du film est un perdant attachant, intègre, vibrant de passion pour la musique. A l’image du chat qui va lui échapper, sa vie lui échappe. Ce chat esseulé et attendrissant qui va s’enfuir pour revenir à la maison est d’ailleurs un peu son double. Un chat qui s’appelle (évidemment pas innocemment) Ulysse. Le périple de Llewyn sera beaucoup plus bref que celui du héros de l’Odyssée. Plus bref mais d’une certaine manière héroïque, si on considère l’intégrité comme un héroïsme dans un monde où on propose sans cesse à l’artiste de vendre son âme au diable. Seulement l’intégrité ne mène nulle part. Malgré son talent, Llewyn sera condamné à jouer sur de petites scènes, à survivre, à être parfois -souvent- méprisé, y compris par sa propre soeur.
Chaque interprétation musicale par Oscar Isaac est un moment de grâce. De chaque morceau et de la mise en scène des Coen jaillit une mélancolie bouleversante. Des plans de toute beauté aussi comme celui de Llewyn seul avec sa guitare avançant dans des rues ternes et enneigés sous une lumière grisâtre. Même si ce film se classe donc plutôt dans la catégorie des films plus sérieux et mélancoliques des Coen, il nous offre également quelques moments de comédie burlesque irrésistibles, comme l’enregistrement de cette chanson sur Kennedy. On retrouve également l’humour grinçant des Coen lors du voyage de Llewyn pour Chicago avec un inénarrable duo de jazzmen dont l’un des personnages est interprété par John Goodman, incontournable acteur des films des Coen, d’une misanthropie réjouissante, sans parler de son chauffeur aux dialogues mémorables. La scène de l’audition est également tristement magique, ou quand le talent éclate face à un cynique et sinistre personnage totalement indifférent. Son parcours est ainsi jalonné de désillusions, ses rêves de gloire se transforment en cauchemar.
Oscar Isaac et Carey Mulligan se retrouvent à nouveau dans une relation difficile après « Drive » dans lequel ils étaient mari et femme. Ici, elle est constamment en colère et méconnaissable. Oscar Isaac est quant à lui prodigieux et apporte tout ce qu’il faut d’humanité, de mélancolie, de voix envoûtante, à ce personnage de perdant talentueux et attachant.
« Inside Llewyn Davis » est avant tout un magnifique hommage aux artistes, à ceux qui ne vivent et vibrent que pour leur art, au-delà de celui rendu à la musique folk. Un film porté par des comédiens magnifiques, une musique ensorcelante, un scénario habile, une mise en scène brillante. Bref, un des meilleurs films des frères Coen qui justifie entièrement sa présence en compétition. Un enchantement mélancolique assaisonné d’une note de burlesque. Un film qui transpire de l’amour des deux frères pour les artistes et l’art et qui leur permet de porter le leur à son paroxysme.
Président du jury de la Cinéfondation et des courts métrages: Abderrahmane Sissako
En 2014, « Timbuktu », véritable chef d’œuvre, était projeté à Cannes, en compétition et il fut l’étonnant absent du palmarès mais le grand gagnant des César 215. Retrouvez, ci-dessous, ma critique de « Timbuktu ». Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako sera donc de retour pour la 68ème édition du Festival où il présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages. Il succède dans ce rôle aux réalisateurs Abbas Kiarostami, Jane Campion, Michel Gondry, Hou Hsiao-hsien ou Martin Scorsese.
Critique de « Timbuktu »
C’est dans le cadre du dernier Festival de Cannes où il figurait en compétition que j’ai découvert « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako, son cinquième long-métrage et le seul long-métrage africain en compétition de cette édition. J’en suis ressortie bouleversée, abasourdie d’éblouissement et d’émotions, persuadée que je venais de voir la palme d’or incontestable de cette 67ème édition tant chaque image, chaque visage y sont d’une beauté inouïe éclairant magnifiquement et brillamment les aspects les plus sombres de l’actualité. Quelle ne fut donc pas ma surprise d’apprendre que le jury de ce 67ème Festival de Cannes présidé par Jane Campion ne lui attribuait pas un seul prix. « Timbuktu » a néanmoins reçu le Prix du jury œcuménique et le Prix François-Chalais. En sélection hors compétition avec « Bamako » en 2006, après avoir présenté « Octobre » en 1993 et « En attendant le bonheur » en 2002, ayant également été membre du jury en 2007, le cinéaste est un habitué de la Croisette.
Au Mali, non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, le berger touareg Kidane (Ibrahim Ahmed dit Pino) mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima (Toulou Kiki), de sa fille Toya (Layla Walet Mohamed) et de Issan (Mehdi Ah Mohamed), son petit berger âgé de 12 ans. Pendant ce temps, en ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des Djihadistes. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou jusqu’au jour où Kidane tue accidentellement Amadou, le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée. Il va alors subir les lois iniques et aberrantes des occupants.
« Ce que je veux, c’est témoigner en tant que cinéaste. Je ne peux pas dire que je ne savais pas, et, puisque maintenant je le sais, je dois raconter dans l’espoir qu’aucun enfant ne puisse apprendre plus tard que leurs parents peuvent mourir parce qu’ils s’aiment » a déclaré Abderrahmane Sissako dont l’envie de réaliser ce film a surgi après un fait réel survenu en juillet 2012, dans la petite ville d’Aguelhok au Mali. Un couple d’une trentaine d’années avait alors été placé dans deux trous creusés dans le sol en place publique, puis lapidé. Leur unique « faute » était d’avoir eu des enfants hors mariage. Choqué par la lapidation publique du couple mais aussi par l’absence de médiatisation de ce fait atroce, Abderrahmane Sissako a alors décidé de réaliser « Timbuktu».
Tout est contenu dans les premiers plans, prémonitoires : la beauté, la liberté, la grâce incarnées par une gazelle qui court poursuivie par des Djihadistes en jeep. « Ne la tuez pas, fatiguez-la ! », crie leur chef. Puis, des œuvres d’art détruites : des masques et statuettes qui servent de cible à des exercices de tir. La violence absurde, ridicule, terrible des fanatiques face à la culture, la poésie et la beauté.
Avec beaucoup d’intelligence et de pudeur, si rare au cinéma a fortiori quand il s’agit de traiter d’une actualité aussi grave, en refusant le spectaculaire, Sissako montre avec d’autant plus de force et de portée toute l’absurdité de cette violence. Il a aussi l’intelligence d’éviter tout manichéisme, de quérir et montrer la bonté derrière la cruauté comme ce Djihadiste qui danse tandis qu’un homme et une femme sont lapidés à mort. La beauté et la violence de la scène, enlacées, n’en sont alors que plus foudroyantes et convaincantes. Aux pires moments surgissent des éclairs d’humanité comme quand cet autre Djihadiste compatit lorsque Kidane parle de sa fille bientôt orpheline tout en refusant néanmoins que soit traduite sa phrase compatissante. Des contrastes judicieux entre sérénité et brutalité, poésie et violence, le fond et la forme, grâce notamment à une construction savamment orchestrée : soleil irradiant et illuminant une scène tragique, plan mis en parallèle avec le précédent illustrant la drôlerie tragique de l’absurdité fanatique, début et fin se répondant avec une logique et violence implacables. Aucun plan n’est superflu. Chaque plan est sidérant de beauté, de significations et de minutie.
Il montre des fanatiques parfois courtois, mais surtout hypocrites (par exemple interdisant de fumer et fumant en cachette) et ridicules, parfois enfantins. La musique, les cigarettes, le football sont interdits. Les ordres, cocasses s’ils n’étaient dramatiquement réels, sont scandés par mégaphones. Des tribunaux rendent des sentences absurdes. Les femmes sont mariées de force ou encore obligées de porter des chaussettes et des gants…y compris la marchande de poissons qui résiste avec un courage inouï. L’équipe du film a, elle aussi, fait preuve de courage : le film, qui est sensé se situer à Tombouctou, a ainsi dû être tourné près de la frontière malienne, à l’extrême Est de la Mauritanie, dans un village hautement sécurisé. La folle Zabou est la seule femme à être épargnée. Interprétée par Kettly Noël, danseuse haïtienne installée à Bamako, faisant référence au tremblement de terre survenu le 12 janvier 2010 en Haïti, elle dit ainsi : « Le tremblement de terre, c’est mon corps. Je suis fissurée de partout ». Un autre chaos qui fait écho à celui, tout aussi ravageur, qui règne alors au Mali.
Chaque plan est un véritable tableau dont la beauté ahurissante et la sérénité apparente exacerbent davantage encore la cruauté de ce qu’il raconte. Que dire de ce plan large vertigineux de beauté et qui nous laisse le temps (d’admirer, d’éprouver, de réfléchir), suite à la mort du pêcheur, un plan digne des plus grands westerns qui nous fait éprouver la somptuosité douloureuse et tragique de l’instant. La beauté et la dignité l’emportent sur l’horreur, constamment. La beauté formelle du film pour raconter l’âpreté du quotidien devient alors un acte de résistance. Ces personnages qui se dressent contre l’horreur comme cette jeune fille flagellée parce qu’elle a chanté et qui se met à chanter tandis qu’elle subit son châtiment est ainsi un exemple de cette résistance, une scène qui a la force poignante de « la Marseillaise » chantée dans « Casablanca».
Sissako recours parfois aussi au burlesque pour montrer toute l’absurdité du fanatisme comme un écho à cette scène de « La vie est belle » de Benigni quand le petit garçon Giosué lit sur une vitrine « Entrée interdite aux juifs et aux chiens » et que Guido (Benigni) tourne l’inacceptable stupidité en dérision en déclarant qu’il interdirait son magasin « aux araignées et aux wisigoths ». De même, Sissako souligne aussi les contradictions grotesques des fanatiques qui interdisent la musique mais ne savent qu’en faire lorsqu’il s’agit de louanges au Dieu au nom duquel ils prétendent appliquer leur loi qui n’a pourtant rien à voir avec celle de la sagesse de l’imam de Tombouctou, impuissant face à ces horreurs et cette interprétation erronée de sa religion. Quelle intelligence faut-il pour réagir avec autant de sang-froid à une actualité aussi révoltante et brûlante sans tomber dans le mélodrame larmoyant, écueil magnifiquement évité par le cinéaste ?
Le film est aussi une ode à l’imaginaire, arme et ultime espoir comme ces jeunes qui miment un match de foot sans ballon alors que le football leur est interdit. La musique, splendide, d’Amine Bouhafa ajoute de l’ampleur et de la force à cette scène sublimée par la photographie de Sofiane El Fani (directeur de la photographie de « La vie d’Adèle) qui nimbe le film d’une douceur poétique enivrante. La justesse de l’interprétation (quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que beaucoup des acteurs du film sont non professionnels, parfois choisis à la dernière minute), l’expressivité des visages et la beauté qui émane de l’harmonie de la famille de Kidane renforcent encore la force du film et de ses messages.
Laissez-vous à votre tour éblouir par la maîtrise époustouflante, par la beauté flamboyante, étourdissante, de Timbuktu, un film d’actualité empreint d’une poésie et d’une sérénité éblouissantes, de pudeur et de dérision salutaires, signifiantes : un acte de résistance et un magnifique hommage à ceux qui subissent l’horreur en silence. Sissako souligne avec intelligence et retenue la folie du fanatisme et de l’obscurantisme religieux contre lesquels son film est un formidable plaidoyer dénué de manichéisme, parsemé de lueurs d’humanité et finalement d’espoir, la beauté et l’amour sortant victorieux dans ce dernier plan bouleversant, cri de douleur, de liberté et donc d’espoir déchirant à l’image de son autre titre, sublime : « Le chagrin des oiseaux ». Le film de l’année. Bouleversant. Eblouissant. Brillant. Nécessaire.
Le maître de cérémonie(s): Lambert Wilson
L’an passé, je vous avais raconté ici les cérémonies d‘ouverture et de clôture du 67ème Festival de Cannes et l’intelligence et l’élégance avec lesquelles Lambert Wilson les avait présentées.
Lambert Wilson fait sa première apparition à Cannes en 1985, avec Rendez-vous, d’André Téchiné. Il revient ensuite à plusieurs reprises en Sélection, en tant qu’interprète mais aussi comme Président du Jury Un Certain Regard (1999).
En 2010, lors du 63e Festival de Cannes, il bouleverse les festivaliers par sa performance dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, Grand Prix du Jury cette année-là et pour lequel Lambert Wilson sera nommé quelques mois plus tard pour le César du Meilleur acteur.
Je me réjouis donc d’apprendre qu’il sera à nouveau le maître de cérémonie cette année.
A cette occasion, je vous propose trois critiques de films d’Alain Resnais avec Lambert Wilson dont « Vous n’avez encore rien vu », mon immense coup de cœur du Festival de Cannes 2012.
Disons-le d’emblée, le film d’Alain Resnais était mon énorme coup de cœur de l’édition 2012 du Festival de Cannes avec « A perdre la raison » de Joachim Lafosse (section Un Certain Regard) et « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire (Semaine de la Critique). Bien sûr, il est difficile d’évincer (et de comparer) avec « Amour » et « De rouille et d’os » qui m’ont également enthousiasmée mais ce film a (et a suscité) ce quelque chose en plus, cet indicible, cet inexplicable que l’on pourrait nommer coup de foudre.
Après tant de grands films, des chefs d’œuvres souvent même, Alain Resnais prouve une nouvelle fois qu’il peut réinventer encore et encore le dispositif cinématographique, nous embarquer là où on ne l’attendait pas, jouer comme un enfant avec la caméra pour nous donner à notre tour ce regard d’enfant émerveillé dont il semble ne s’être jamais départi. A bientôt 90 ans, il prouve que la jeunesse, l’inventivité, la folie bienheureuse ne sont pas questions d’âge.
Antoine, homme de théâtre, convoque après sa mort, ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions d’Eurydice, pièce qu’il a écrite. Il a enregistré, avant de mourir, une déclaration dans laquelle il leur demande de visionner une captation des répétitions de cette pièce: une jeune troupe lui a en effet demandé l’autorisation de la monter et il a besoin de leur avis.
Dès le début, la mise en abyme s’installe. Les comédiens appelés par leurs véritables noms reçoivent un coup de fil leur annonçant la mort de leur ami metteur en scène. Première répétition avant une succession d’autres. Puis, ils se retrouvent tous dans cette demeure étrange, presque inquiétante, tel un gouffre un peu morbide où leur a donné rendez-vous Antoine. Cela pourrait être le début d’un film policier : tous ces comédiens réunis pour découvrir une vérité. Mais la vérité qu’ils vont découvrir est toute autre. C’est celle des mots, du pouvoir et de la magie de la fiction.
Puis, se passe ce qui arrive parfois au théâtre, lorsqu’il y a ce supplément d’âme, de magie (terme que j’ai également employé pour « Les bêtes du sud sauvage« , autre coup de coeur de 2012, mais aussi différents soient-ils, ces deux films ont cet élément rare en commun), lorsque ce pouvoir des mots vous embarque ailleurs, vous hypnotise, vous fait oublier la réalité, tout en vous ancrant plus que jamais dans la réalité, vous faisant ressentir les palpitations de la vie.
En 1942, Alain Resnais avait ainsi assisté à une représentation d’ « Eurydice » de Jean Anouilh de laquelle il était sorti bouleversé à tel point qu’il avait fait deux fois le tour de Paris à bicyclette. C’est aussi la sensation exaltante que m’a donné ce film!
Chaque phrase prononcée, d’une manière presque onirique, magique, est d’une intensité sidérante de beauté et de force et exalte la force de l’amour. Mais surtout Alain Resnais nous livre ici un film inventif et ludique. Il joue avec les temporalités, avec le temps, avec la disposition dans l’espace (usant parfois aussi du splitscreen entre autres « artifices »). Il donne à jouer des répliques à des acteurs qui n’en ont plus l’âge. Cela ne fait qu’accroître la force des mots, du propos, leur douloureuse beauté et surtout cela met en relief le talent de ses comédiens. Rarement, je crois, j’aurais ainsi été émue et admirative devant chaque phrase prononcée quel que soit le comédien. A chaque fois, elle semble être la dernière et la seule, à la fois la première et l’ultime. Au premier rang de cette distribution (remarquable dans sa totalité), je citerai Pierre Arditi, Lambert Wilson, Anne Consigny, Sabine Azéma mais en réalité tous sont extraordinaires, aussi extraordinairement dirigés.
C’est une des plus belles déclarations d’amour au théâtre et aux acteurs, un des plus beaux hommages au cinéma qu’il m’ait été donné de voir et de ressentir. Contrairement à ce qui a pu être écrit ce n’est pas une œuvre posthume mais au contraire une mise en abyme déroutante, exaltante d’une jeunesse folle, un pied-de-nez à la mort qui, au théâtre ou au cinéma, est de toutes façons transcendée. C’est aussi la confrontation entre deux générations ou plutôt leur union par la force des mots. Ajoutez à cela la musique de Mark Snow d’une puissance émotionnelle renversante et vous obtiendrez un film inclassable et si séduisant (n’usant pourtant d’aucune ficelle pour l’être mais au contraire faisant confiance à l’intelligence du spectateur).
Ce film m’a enchantée, bouleversée, m’a rappelé pourquoi j’aimais follement le cinéma et le théâtre, et les mots. Ce film est d’ailleurs au-delà des mots auquel il rend pourtant un si bel hommage. Ce film aurait mérité un prix d’interprétation collectif, un prix de la mise en scène…et pourquoi pas une palme d’or (il est malheureusement reparti bredouille du palmarès de ce Festival de Cannes 2012) ! Ces quelques mots sont bien entendu réducteurs pour vous parler de ce grand film, captivant, déroutant, envoûtant, singulier. Malgré tout ce que je viens de vous en dire, dîtes-vous que de toutes façons, « Vous n’avez encore rien vu ». C’est bien au-delà des mots. Et espérons que nous aussi nous n’avons encore rien vu et qu’Alain Resnais continuera encore très longtemps à nous surprendre et enchanter ainsi. Magistralement.
Commençons par le premier film projeté dans le cadre du festival qui est aussi le plus ancien des trois « On connaît la chanson ». Toute la malice du cinéaste apparaît déjà dans le titre de ce film de 1997, dans son double sens, propre et figuré, puisqu’il fait à la fois référence aux chansons en playback interprétées dans le film mais parce qu’il sous-entend à quel point les apparences peuvent être trompeuses et donc que nous ne connaissons jamais vraiment la chanson…
Suite à un malentendu, Camille (Agnès Jaoui), guide touristique et auteure d’une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » s’éprend de l’agent immobilier Marc Duveyrier (Lambert Wilson). Ce dernier est aussi le patron de Simon (André Dussolier), secrètement épris de Camille et qui tente de vendre un appartement à Odile (Sabine Azéma), la sœur de Camille. L’enthousiaste Odile est décidée à acheter cet appartement malgré la désapprobation muette de Claude, son mari velléitaire (Pierre Arditi). Celui-ci supporte mal la réapparition après de longues années d’absence de Nicolas (Jean-Pierre Bacri), vieux complice d’Odile qui devient le confident de Simon et qui est surtout très hypocondriaque.
Ce film est pourtant bien plus que son idée de mise en scène, certes particulièrement ludique et enthousiasmante, à laquelle on tend trop souvent à le réduire. A l’image de ses personnages, le film d’Alain Resnais n’est pas ce qu’il semble être. Derrière une apparente légèreté qui emprunte au Boulevard et à la comédie musicale ou du moins à la comédie (en) »chantée », il débusque les fêlures que chacun dissimule derrière de l’assurance, une joie de vivre exagérée, de l’arrogance ou une timidité.
C’est un film en forme de trompe-l’œil qui commence dès la première scène : une ouverture sur une croix gammée, dans le bureau de Von Choltitz au téléphone avec Hitler qui lui ordonne de détruire Paris. Mais Paris ne disparaîtra pas et sera bien heureusement le terrain des chassés-croisés des personnages de « On connaît la chanson », et cette épisode était juste une manière de planter le décor, de nous faire regarder justement au-delà du décor, et de présenter le principe de ces extraits chantés. La mise en scène ne cessera d’ailleurs de jouer ainsi avec les apparences, comme lorsqu’Odile parle avec Nicolas, lors d’un dîner chez elle, et que son mari Claude est absent du cadre, tout comme il semble d’ailleurs constamment « absent », ailleurs.
Resnais joue habilement avec la mise en scène mais aussi avec les genres cinématographiques, faisant parfois une incursion dans la comédie romantique, comme lors de la rencontre entre Camille et Marc. L’appartement où ils se retrouvent est aussi glacial que la lumière est chaleureuse pour devenir presque irréelle mais là encore c’est une manière de jouer avec les apparences puisque Marc lui-même est d’une certaine manière irréel, fabriqué, jouant un personnage qu’il n’est pas.
Le scénario est signé Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et témoigne déjà de leur goût des autres et de leur regard à la fois acéré et tendre sur nos vanités, nos faiblesses, nos fêlures. Les dialogues sont ainsi des bijoux de précision et d’observation mais finalement même s’ils mettent l’accent sur les faiblesses de chacun, les personnages ne sont jamais regardés avec condescendance mais plutôt lucidité et indulgence. Une phrase parfois suffit à caractériser un personnage comme cette femme qui, en se présentant dit, « J’suis une collègue d’Odile. Mais un petit cran au-dessus. Mais ça ne nous empêche pas de bien nous entendre ! ». Tout est dit ! La volonté de se montrer sous son meilleur jour, conciliante, ouverte, indifférente aux hiérarchies et apparences…tout en démontrant le contraire. Ou comme lorsque Marc répète à deux reprises à d’autres sa réplique adressée à Simon dont il est visiblement très fier « Vous savez Simon, vous n’êtes pas seulement un auteur dramatique, mais vous êtes aussi un employé dramatique ! » marquant à la fois ainsi une certaine condescendance mais en même temps une certaine forme de manque de confiance, et amoindrissant le caractère a priori antipathique de son personnage.
Les personnages de « On connaît la chanson » sont avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités masquées, leurs vrais personnalités ou désirs, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. De « J’aime les filles » avec Lambert Wilson au « Vertige de l’amour » avec André Dussolier (irrésistible ) en passant par le « Résiste » de Sabine Azéma. C’est aussi un moyen de comique de répétition dont est jalonné ce film : blague répétée par Lambert Wilson sur Simon, blague de la publicité pour la chicorée lorsque Nicolas montre la photo de sa famille et réitération de certains passages chantés comme « Avoir un bon copain ».
Chacun laissera tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte, dans le dernier acte où tous seront réunis, dans le cadre d’une fête qui, une fois les apparences dévoilées (même les choses comme l’appartement n’y échappent pas, même celui-ci se révèlera ne pas être ce qu’il semblait), ne laissera plus qu’un sol jonché de bouteilles et d’assiettes vides, débarrassé du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case) mais la scène se terminera une nouvelle fois par une nouvelle pirouette, toute l’élégance de Resnais étant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté.
Rien n’est laissé au hasard, de l’interprétation (comme toujours chez Resnais remarquable direction d’acteurs et interprètes judicieusement choisis, de Dussolier en amoureux timide à Sabine Azéma en incorrigible optimiste en passant par Lambert Wilson, vaniteux et finalement pathétique et presque attendrissant) aux costumes comme les tenues rouges et flamboyantes de Sabine Azéma ou d’une tonalité plus neutre, voire fade, d’Agnès Jaoui.
« On connaît la chanson » a obtenu 7 César dont celui du meilleur film et du meilleur scénario original. C’est pour moi un des films les plus brillants et profonds qui soient malgré sa légèreté apparente, un mélange subtile –à l’image de la vie – de mélancolie et de légèreté, d’enchantement et de désenchantement, un film à la frontière des émotions et des genres qui témoigne de la grande élégance de son réalisateur, du regard tendre et incisif de ses auteurs et qui nous laisse avec un air à la fois joyeux et nostalgique dans la tête. Un film qui semble entrer dans les cadres et qui justement nous démontre que la vie est plus nuancée et que chacun est forcément plus complexe que la case à laquelle on souhaite le réduire, moins lisse et jovial que l’image « enchantée » qu’il veut se donner. Un film jubilatoire enchanté et enchanteur, empreint de toute la richesse, la beauté, la difficulté, la gravité et la légèreté de la vie. Un film tendrement drôle et joyeusement mélancolique à voir, entendre et revoir sans modération…même si nous connaissons déjà la chanson !
Dans le cadre du festival était également projeté « Cœurs », un film d’Alain Resnais de 2006. Le film choral était alors à la mode. Alain Resnais, cinéaste emblématique de la modernité, ne suit pas les modes mais les initie, encore. Malgré le temps, sa modernité n’a pas pris une ride et de ce point de vue du haut de ses 80 ans et quelques, mais surtout du haut de ses innombrables chefs d’œuvre (Hiroshima, mon amour, L’année dernière à Marienbad, Nuit et brouillard, On connaît la chanson, Smoking, no smoking, Je t’aime, je t’aime et tant d’autres), il reste le plus jeune des cinéastes. Coeurs est l’adaptation de Private fears in public places, une pièce de théâtre de l’auteur anglais Alain Ayckbourn dont Alain Resnais avait déjà adapté en 1993 une autre de ses œuvres, pour en faire Smoking, No smoking.
Ce film, choral donc, croise les destins de six « cœurs en hiver » dans le quartier de la Grande Bibliothèque, quartier froid, moderne et impersonnel, sous la neige du début à la fin du film. La neige, glaciale, évidemment. La neige qui incite à se presser, à ne pas voir, à ne pas se rencontrer, à fuir l’extérieur. C’est donc à l’intérieur qu’il faut chercher la chaleur. Normalement. A l’intérieur qu’on devrait se croiser donc. Alors, oui, on se croise mais on ne se rencontre pas vraiment.
C’est probablement d’On connaît la chanson que se rapproche le plus ce film, en particulier pour la solitude des personnages. Le dénouement est pourtant radicalement différent et avec les années qui séparent ces deux films la légèreté s’est un peu évaporée. Ainsi, dans On connaît la chanson les personnages chantent. Là, ils déchantent plutôt. Ils sont en quête surtout. En quête de désirs. De désir de vivre, surtout, aussi. Même dans un même lieu, même ensemble, ils sont constamment séparés : par un rideau de perle, par la neige, par une séparation au plafond, par une cloison en verre, par des couleurs contrastées, par des cœurs qui ne se comprennent plus et ne battent plus à l’unisson. Non, ces cœurs-là ne bondissent plus. Ils y aspirent pourtant.
Le coeur se serre plus qu’il ne bondit. A cause des amours évanouis. Des parents disparus. Du temps passé. Ils sont enfermés dans leur nostalgie, leurs regrets même si la fantaisie et la poésie affleurent constamment sans jamais exploser vraiment. La fantaisie est finalement recouverte par la neige, par l’apparence de l’innocence. L’apparence seulement. Chaque personnage est auréolé de mystère. Resnais a compris qu’on peut dire beaucoup plus dans les silences, dans l’implicite, dans l’étrange que dans un excès de paroles, l’explicite, le didactique. Que la normalité n’est qu’un masque et un vain mot.
Comme toujours chez Resnais les dialogues sont très et agréablement écrits. La mise en scène est particulièrement soignée : transitions magnifiquement réussies, contrastes sublimes et saisissants des couleurs chaudes et froides, jeu sur les apparences (encore elles). Rien d’étonnant à ce qu’il ait obtenu le Lion d’Argent du meilleur réalisateur à Venise.
De la mélancolie, Alain Resnais est passé à la tristesse. De l’amour il est passé à la tendresse. Celle d’un frère et d’une sœur qui, à la fin, se retrouvent, seuls, enlacés. Sur l’écran de télévision qu’ils regardent, s’inscrit alors le mot fin. Espérons qu’elle ne préfigure pas la croyance du réalisateur en celle du cinéma, peut-être sa disparition sur le petit écran du moins. Peut-être la fin des illusions du cinéaste.
En suivant les cœurs de ces personnages désenchantés, leurs « cœurs en hiver », Alain Resnais signe là un film particulièrement pessimiste, nostalgique, cruel parfois aussi. On en ressort tristes, nous aussi, tristes qu’il n’ait plus le cœur léger. Un film qui mérite néanmoins d’être vu. Pour ses acteurs magistraux et magistralement dirigés. Pour la voix de Claure Rich vociférant. Pour le vibrant monologue de Pierre Arditi. Pour le regard d’enfant pris en faute de Dussolier. Pour la grâce désenchantée d’Isabelle Carré. Pour la fantaisie sous-jacente de Sabine Azéma. Pour l’égarement de Lambert Wilson. Pour la voix chantante de Laura Morante soudainement aussi monotone que les appartements qu’elle visite. Pour et à cause de cette tristesse qui vous envahit insidieusement et ne vous quitte plus. Pour son esthétisme si singulier, si remarquablement soigné. Pour la sublime photographie d’Eric Gautier. Pour sa modernité, oui, encore et toujours. Parce que c’est une pierre de plus au magistral édifice qu’est l’œuvre d’Alain Resnais.
« Mad Max » de Georges Miller projeté hors compétition
Certains l’attendaient en ouverture pour succéder au Biopic d’Olivier Dahan sur Grace Kelly qui fait l’ouverture du Festival de Cannes 2014, c’est néanmoins le lendemain de celle-ci que sera projeté « Mad Max » de Georges Miller, le 14 Mai 2015. C’est donc Tom Hardy qui incarnera le héros entré dans la légende sous les traits de Mel Gibson. Max Rockatansky, joué par Tom Hardy, va rencontrer l’impératrice Furiosa, interprétée par Charlize Theron, qui fuit une bande lancée à ses trousses…
Le film sortira dans le monde entier, le 14 Mai.
Pour en savoir plus et pour tout ce qui concerne la Semaine de la Critique et la Quinzaine des Réalisateurs, retrouvez mes articles détaillés sur Inthemoodforcannes.com.
La Cinéfondation
Comme chaque année, l’Atelier de la Cinéfondation accueille sa onzième édition et invitera au Festival de Cannes 15 réalisateurs dont les projets de film ont été jugés particulièrement prometteurs.
La Cinéfondation est une belle "institution" créée en 1998 par Gilles Jacob (qu'il continue d'ailleurs de présider après son départ de la présidence du Festival de Cannes dont il reste par ailleurs Président d'honneur), sous l'égide du Festival de Cannes, pour la recherche de nouveaux talents. Chaque année, elle sélectionne de quinze à vingt courts et moyens métrages présentés par des écoles de cinéma de tous pays. Par ailleurs, depuis 2000, la Cinéfondation propose une résidence à Paris pour les cinéastes et une aide à l'écriture de scénario. Elle organise également des rencontres avec des professionnels. La sélection des participants est effectuée par un jury présidé par un réalisateur ou une personnalité du cinéma ; elle se fonde sur la qualité des films déjà réalisés, sur l'intérêt du projet de long métrage en cours d'écriture et sur la motivation des candidats. Parallèlement, la Cinéfondation organise chaque année à Cannes une compétition de courts-métrages réalisés par les élèves d'écoles de cinéma du monde entier.
Pour la deuxième année, du 15 au 28 avril 2015, I Like Cinema organise le cycle "Les nouveaux horizons du cinéma" qui diffusera, dans une cinquantaine de salles en France, une sélection de films tournés par des réalisateurs passés par la Résidence et l’Atelier de la Cinéfondation.
Reflet de la politique éditoriale de la Cinéfondation du festival de Cannes, ces films, tous nourris d’expériences singulières, ont en commun d’ouvrir de nouvelles perspectives sur la fiction, de révéler des territoires inexplorés et de préparer l’avenir du "world cinema"
4 des films proposés sont des inédits ; 5 sont des découvertes récemment sorties en salle. Ensemble ils présentent 9 visions du monde.
Ce cycle présentera, dans une cinquantaine de salles Art et Essai en France, 9 films réalisés par des cinéastes passés par la Résidence et l'Atelier de la Cinéfondation, sélectionnés et primés dans les festivals de Cannes, Berlin ou Locarno.
GENTE DE BIEN (COLOMBIE)
UN FILM DE FRANCO LOLLI
Il y a deux ans, il présentait un court métrage à la Quinzaine des réalisateurs. Son projet de long métrage a été, ensuite, accompagné par la Cinéfondation du Festival de Cannes. Où Franco Lolli s'est retrouvé candidat à la Caméra d'or en présentant à la Semaine de la critique Gente de bien.
Subtilité, profondeur, universalité des sentiments!
Le véritable thème de Gente de bien n’est pas l’argent, ni le conflit des classes, mais la difficulté à accepter la filiation.
Le trouble identitaire des personnages a bien plus à voir avec leur sentiment de ne pas appartenir à leur famille qu’avec leur difficulté à vivre à l’intérieur de la classe dans laquelle ils sont nés.
SYNOPSIS
Eric, 10 ans, se retrouve à vivre du jour au lendemain avec Gabriel, son père qu’il connaît à peine. Voyant que l’homme a du mal à construire une relation avec son fils et à subvenir à leurs besoins, Maria Isabel, la femme pour laquelle Gabriel travaille comme menuisier, décide de prendre l’enfant sous son aile.
Lien You Tube
https://www.youtube.com/watch?v=MKxDYajl0eQ
TIERRA EN LA LENGUA (COLOMBIE)
UN FILM DE RUBEN MENDOZA
Lors de son passage à l'atelier de la Cinéfondation, Rubén évoque ses motivations de réalisateur : "Derrière cette vocation, il y a comme une tentative de rédemption, une volonté d’expliquer le Tiers-Monde. Mes histoires, je les tire des révélations que m'apportent mon esprit, mon coeur et mes yeux."
"Autour de ce portrait d’un homme haïssable, Rubén Mendoza évoque son propre grand-père, usant parfois de documents sonores et visuels proches du faux documentaire. Cette figure patriarcale convoque le passé violent de tout un pays en même temps qu’une histoire familiale très personnelle,dans un somptueux décor rural, primitif et apocalyptique, où la quiétude et la folie s’entrechoquent."
SYNOPSIS
Tierra en la lengua, película escrita y dirigida por Rubén Mendoza.
Don Silvio demande à deux de ses petits-enfants venus de la ville de mettre fin à ses jours. Ensemble, ils se rendent sur les grandes propriétés du patriarche, respecté et craint par ses employés, et qui ne perd aucune occasion pour se montrer odieux avec tous ceux qui l’entourent. Autour de ce portrait d’un homme haïssable, Rubén Mendoza convoque le passé violent de tout un pays, en même temps qu’une histoire familiale très personnelle, dans un décor apocalyptique où la quiétude et la folie s’entrechoquent.
Lien You Tube
https://www.youtube.com/watch?v=80BCQmPhRzw
DES ETOILES (SENEGAL)
UN FILM DE DIANA GAYE
Des festivals de Toronto à Namur, le premier long métrage de Dyana Gay, Des Étoiles commence à faire son chemin sur les différents continents. C'est justement de cette errance qu'il nous parle, de cette circulation des hommes et des femmes dans le monde, de leurs espoirs et de leurs déceptions, de ce qui les lie et les sépare, étoiles isolées qui aspirent à prendre sens en se regroupant dans une même humanité.
SYNOPSIS
Entre New York, Dakar et Turin, les destins de Sophie, Abdoulaye et Thierno se croisent et s'entremêlent. Des premières désillusions aux rencontres décisives, leur voyage les mènera à faire le choix de la liberté.
Lien You Tube
https://www.youtube.com/watch?v=M83fkLUYrwU
PALMA REAL MOTEL (MEXIQUE)
UN FILM DE AARON FERNANDEZ
Choisi pour participer à la résidence , au festival de Cannes, qui permet à de jeunes réalisateurs d'obtenir une aide à l'écriture de leur scénario ainsi qu'un soutien financier sur Paris, Aarón Fernandez avait déjà son histoire en tête lorsqu'il fut sélectionné et profita de ces cinq mois d'aide pour la finaliser, jusqu'en 2009. Il faudra attendre trois ans, pendant lesquels le projet aura bien évolué, avant de pouvoir passer au tournage de Palma Real Motel
Loin du Mexique des cartes postales!
C’est le rêve d’amour que cachent les cœurs et caressent les corps rythmant avec délicatesse.
Une chronique quotidienne minimaliste
SYNOPSIS
Sur la côte de Veracruz, Sebastian, 17 ans, doit reprendre seul la direction du petit motel de son oncle. Il loue les chambres à l’heure à des couples adultères et des amants de passage. Parmi eux, une belle jeune femme, Miranda, vient régulièrement retrouver un homme marié qui lui fait souvent défaut. Pendant ces heures creuses, Sebastian et Miranda font peu à peu connaissance et laissent s’installer entre eux une troublante complicité.
Lien You Tube
https://www.youtube.com/watch?v=hpazYi-ta1M
MANPOWER (ISRAEL)
UN FILM DE NOAM KAPLAN
Réalisateur et scénariste Noam Kaplan ( né en 1974 ) a été sélectionné par le programme Résidence de la Cinéfondation pour écrire son scénario à Paris pendant six mois .
Avec le temps, les films préparés à la Résidence ont été presque tous réalisés. Nombre d’entre eux ont été remarqués dans de grands festivals, ouvrant ainsi la voie à une plus large diffusion en salles.
C’est quoi l’identité ?
C’est quoi être israélien en 2014 dans un monde global ?
C’est quoi être juif, c’est qui ?
SYNOPSIS
L'officier de police Meir, du Service d'Immigration, de retour d'une visite au camp de concentration de Buchenwald – une récompense pour policiers méritants – doit participer à l'expulsion brutale de travailleurs immigrés africains. Histoire d'un homme en crise, Manpower est un film entre ironie et compassion qui parle d'appartenance et de bouleversement, d'exil et d'immigration, de famille et de patrie.
Lien Youtube de la Vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=nXftOmu5gwM
AMOURS CANNIBALES (ESPAGNOL ROUMAIN RUSSE)
UN FILM DE MANUEL MARTIN CUENCA
Manuel Martin Cuenca commence à travailler dans le milieu du cinéma comme assistant de direction, scénariste et directeur de casting. En 1999, il commence à écrire et à diriger ses propres films tant documentaires que fictionnels. Amours cannibales, son dernier film à ce jour, a bénéficié du soutien de la Cinéfondation du Festival de Cannes.
"Amours Cannibales" est abordé sous l'angle du raffinement et de la beauté, mais il ne tombe jamais dans l'esthétisme vide. Chaque plan est composé avec un art qui sert de contrepoint à l'horreur qui s'étale également à l'écran.
SYNOPSIS
Carlos, prestigieux tailleur vivant à Grenade, est également un meurtrier à la monomanie singulière. Lorsque Nina, une jeune Roumaine à la recherche de sa sœur jumelle, apparaît dans sa vie, il tombe pour la première fois amoureux… Un sentiment qui met en péril son éprouvant secret.
Lien You Tube https://www.youtube.com/watch?v=VnvBj_a8J7U
Tuer un homme
TUER UN HOMME (CHILI)
UN FILM DE ALEJANDRO FERNANDEZ ALMENDRAS
Sélectionné par l'Atelier de la Cinéfondation au Festival de Cannes 2012, vainqueur du prix Carte Blanche à Locarno et sélectionné au Work in Progress à San Sebastian," Tuer un homme" est le 3ème long métrage d'Alejandro Fernandez Almendras
Tuer un homme, si facile à dire et si difficile à faire!
On voit rarement au cinéma ce qui se passe juste
après le meurtre de quelqu’un.
Une talentueuse démonstration par Alejandro Fernández Almendras dans son dernier film.
Grand Prix du Jury au Sundance Film Festival 2014 et prix de la presse au festival de Rotterdam 2014.
SYNOPSIS
Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes gens menée par un ancien délinquant du quartier. Son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l'angoisse envahissent peu à peu la famille dont le quotidien devient infernal
Lien You Tube de la vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=oP1xoCwI8u8
EL LUGAR DEL HIJO (URUGUAY)
UN FILM DE MANUEL NIETO ZAS
Manuel Nieto Zas, né à Montevidéo, Uruguay, en 1972. a été lauréat de la 16° session de la résidence de la Cinéfondation. Il y a développé son deuxième long métrage El lugar del Hijo.
Une ferme endettée en héritage ainsi qu'une maison en ville dans laquelle la maîtresse de son père se propose de rester vivre en sa compagnie!
C’est une histoire de déracinement et de reconstruction personnelle, une métaphore sur le pays hérité, l'Uruguay, et sur la jeunesse qui, un jour ou l’autre, doit prendre ses responsabilités.
SYNOPSIS
À Montevideo, dans une université occupée par la grève des étudiants, Ariel, un militant de 25 ans, apprend le décès de son père. Il se retrouve alors confronté au lourd héritage de celui-ci qui avait contracté de nombreuses dettes. Des universités en grève quasi désertes, des ouvriers qui font la grève de la faim pour obtenir gain de cause : l’Uruguay n’est pas épargnée par la crise.
Lien You Tube de la vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=sQgHN8MxICM
MEN WHO SAVE THE WORLD (MALAISIE)
UN FILM DE LIEW SENG TAT
En 2010, la Fondation a récompensé ce scénario du Prix Opening Shot, un prix annuel que la Fondation Gan et la Cinéfondation ont remis ensemble
SYNOPSIS
Malgré des rumeurs disant qu'elle est hantée, Pak Awang parvient à convaincre ses concitoyens de l'aider à déplacer une vielle maison abandonnée dans la forêt pour la porter dans le village, afin de l'offrir à sa fille qui se marie. Solomon, qui fuit la police, tombe sur la maison et s'y cache. Quelqu'un aperçoit son ombre et la rumeur enfle : la maison est bien hantée ! Pak Awang essaie de raisonner les villageois mais il devient de plus en plus étranger à son propre peuple en ne partageant pas ses croyances.
Du 15 avril au 05 mai écrivez votre critique sur 1 des 9 films de la sélection (2000 caractères maximum) Le jury de la Cinéfondation présidé par Gilles Jacob choisira la meilleure critique
Gagnez
la publication de votre critique dans le magazine V.O.
Une sélection Sens Critique de 3 DVD
10 places ilikecinéma
Envoyez votre critique sur : macritique@ilikecinema.com Date limite d'envoi de votre critique le 05 mai 2015
Par ailleurs, l’Atelier de la Cinéfondation accueille sa onzième édition et invitera au Festival de Cannes 15 réalisateurs dont les projets de film ont été jugés particulièrement prometteurs.
L’affiche de la Quinzaine des Réalisateurs 2015 a été réalisée d’après une photographie deCécile Burban. Sa conception graphique est de Michel Welfringer. Voici la déclaration de Edouard Waintrop Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs:
"Le cinéma est un océan et, en ces temps tumultueux, il n'est pas étonnant qu'il soit bouillonnant… Il n'est pas plus surprenant que par cette image nous célébrions ces femmes suffisamment audacieuses ou téméraires pour affronter cet espace immense et turbulent… Dans une Quinzaine où la moitié du ciel assurera sa présence comme protagoniste dans les films certes mais également comme réalisatrice, ces femmes sont à leur place, puisqu'elles se sont jetées à l'eau. Que cette Quinzaine, aussi tourbillonnante soit-elle, vous soit favorable… Et régénérante."
La comédienne et réalisatrice israélienne Ronit Elkabetz présidera le jury de la 54e Semaine de la Critique à Cannes du 14 au 22 mai. Elle remettra trois prix : le Grand Prix Nespresso et le Prix Révélation France 4 pour les longs métrages, le Prix Découverte Sony CineAlta pour les courts métrages.
Star incontestable dans son pays, cette actrice audacieuse ose tous les rôles. Egérie de nombreux cinéastes, elle est révélée dans Mon trésor de Keren Yedaya présenté à la Semaine de la Critique et lauréat de la Caméra d’or 2004. Ronit Elkabetz fait de nombreuses apparitions dans le cinéma français, notamment chez André Téchiné, mais c’est en tant que réalisatrice qu’elle revient en Ouverture de la Semaine de la Critique 2008 avec le deuxième volet de sa trilogie, Les Sept Jours. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, son troisième long métrage, Le Procès de Viviane Amsalem, lui vaut une nomination aux Golden Globes 2015 dans la catégorie Meilleur film étranger.
Pour décerner ces trois prix, Ronit Elkabetz sera entourée de quatre personnalités internationales, chacune représentative des métiers du cinéma : Katell Quillévéré (cinéaste), Peter Suschitzky (directeur de la photographie), Andréa Picard (programmatrice au Festival International du Film de Toronto) et Boyd van Hoeij (journaliste).
Comme chaque année, vous pourrez me suivre en direct de la conférence de presse d'annonce de sélection du Festival de Cannes 2015 qui aura lieu cette année le 16 avril 2015. Suivez-moi sur mon compte twitter @moodforcinema et retrouvez ensuite mon compte rendu ici et sur Inthemoodforfilmfestivals.com.
En 2013, c'étaient Joanne Woodward et Paul Newman qui étaient à l’honneur, sur l’affiche de la 66ème édition, avec une photo, d'une beauté étourdissante, prise sur le tournage de « A New Kind of Love » de Melville Shavelson, et qui nous invitait à un tourbillon de cinéma, à un désir infini de pellicule, le désir infini…comme celui (de cinéma) que suscite Cannes.
En 2014, c'étaient Hervé Chigioni et son graphiste Gilles Frappier qui avaient conçu et réalisé l’affiche de la 67e édition du Festival de Cannes à partir d’un photogramme tiré de Huit et demi de Federico Fellini, qui fut présenté en Sélection officielle en 1963.
Une affiche couleur sépia, hommage au cinéma d'hier, hommage au cinéma tout court, par cette judicieuse mise en abyme puisque l'affiche faisait écho à un film sur le cinéma...et quel film sur le cinéma! Mastroianni, en regardant par-dessus ses lunettes, avec son regard intense et malicieux, nous invitait à regarder, à nous plonger dans son regard, synonyme de toute la poésie et la singularité du 7ème art.
C'est une actrice qui succède donc à Marcello Mastroianni, Ingrid Bergman qui regarde et sourit vers l'horizon.
Ingrid Bergman, In Her Own Words, un documentaire signé Stig Björkman (auteur de livres et documentaires sur Woody Allen et Ingmar Bergman) sera projeté dans le cadre de Cannes Classics.
Le Festival de Cannes s’associera au « Ingrid Bergman Tribute » qu’Isabella Rossellini, pour célébrer le centenaire de la naissance de sa mère, organisera en septembre prochain (Retrouvez en cliquant ici mes vidéos du Festival Lumière de Lyon 2014 lors duquel Isabella Rossellin a évoué Ingrid Bergman). Il s’agit d’un spectacle, mis en scène par Guido Torlonia et Ludovica Damiani, qui mêlera son autobiographie et les lettres de sa correspondance avec Roberto Rossellini. Il sera présenté dans les cinq villes qui ont compté dans la vie d'Ingrid Bergman : Stockholm, Rome, Paris, Londres et New York, et rassemblera sur scène, outre Isabella Rossellini, Jeremy Irons, Fanny Ardant, Christian De Sica et plusieurs autres comédiens. L’ensemble du spectacle sera annoncé lors du prochain Festival.
Voici le communiqué de presse du Festival au sujet de l'affiche:
Icône moderne, femme libre, actrice audacieuse, Ingrid Bergman fut à la fois star hollywoodienne et figure du néoréalisme, changeant de rôles et de pays d’adoption au gré de ses passions, sans jamais perdre ce qu’elle avait de grâce et de simplicité.
Sur l’affiche, l’actrice d’Alfred Hitchcock, de Roberto Rossellini et d’Ingmar Bergman, qui a donné la réplique à Cary Grant, Humphrey Bogart ou encore Gregory Peck, se dévoile dans l’évidence de sa beauté, offrant un visage serein qui semble tourné vers un horizon de promesses.
Liberté, audace, modernité, autant de valeurs que revendique le Festival, année après année, à travers les artistes et les films qu’il choisit de mettre à l’honneur. Ingrid Bergman, qui fut Présidente du Jury en 1973, l’encourage dans cette voie…
« Ma famille et moi-même sommes très touchés que le Festival de Cannes ait choisi notre merveilleuse mère pour figurer sur l’affiche officielle, l’année du centenaire de sa naissance", déclare Isabella Rossellini. "Son exceptionnel parcours a couvert tant de pays, des petites productions artisanales européennes aux grandes machines hollywoodiennes. Maman adorait son métier d’actrice : pour elle, jouer la comédie n’était pas une profession mais une vocation. Elle disait : 'Je n’ai pas choisi de jouer, c’est le jeu qui m’a choisie.'»
À partir d’une photographie de David Seymour, cofondateur de l’agence Magnum, Hervé Chigioni, déjà auteur de l’affiche remarquée de l’année dernière, signe la nouvelle image du Festival 2015 avec son graphiste Gilles Frappier.
Il a réalisé également un film d’animation à partir du visuel, sur un remix du thème musical du Festival, "Le Carnaval des animaux" de Camille Saint-Saëns, avec un arrangement imaginé par deux musiciens suédois, Patrik Andersson et Andreas Söderström.