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IN THE MOOD FOR CANNES 2024 - Page 56

  • Critique - « Une journée particulière - Histoires de festival N°4 » de Gilles Jacob et Samuel Faure (sélection officielle hors compétition du Festival de Cannes 2012 – Séance spéciale du 20 mai, diffusion sur Canal + et Arte)

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    Jeudi dernier, lors de la conférence de presse du Festival de Cannes (pour lire mon article détaillé sur la sélection officielle 2012, cliquez ici), Gilles Jacob annonçait la projection de « ce petit travail d’artisan», cette Histoire de Festival numéro 4, son quatrième documentaire sur l’histoire du festival, un documentaire sur l’anniversaire des 60 ans du festival qui sera présenté le jour de l’anniversaire du festival (65 ans, cette fois), en séance spéciale, le 20 mai, en salle Debussy (et diffusé le 20 mai, à 22H10, sur Canal + cinéma et le 27 mai, à 16H20, sur Arte) sous le titre « Une journée particulière », un documentaire que j’ai découvert avec plaisir vendredi dernier, d’autant plus que j’avais vécu cette journée en tant que festivalière dans le grand Théâtre Lumière. Je me souviens avoir été submergée par l’émotion (je crois bien n’avoir pas été la seule) lors de cette journée indéniablement particulière, sans aucun doute un de mes plus beaux souvenirs en 12 ans de Festival de Cannes.

     

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    Il était en effet difficile de rester insensible face à ces 34 déclarations d’amour au cinéma ( « Chacun son cinéma » regroupe 33 courts-métrages pour 35 cinéastes –puisqu’il y a les frères Coen et les frères Dardenne- auxquels il faut ajouter le court-métrage de David Lynch présenté en ouverture du festival), ces mises en abymes qui avaient achevé de détruire la mince frontière qui sépare le cinéma de la réalité, si mince à Cannes plus qu’ailleurs. Le cinéma d'hier y côtoie celui d'aujourd'hui, le cinéma d'aujourd'hui célèbre celui d'hier, après une montée des marches rythmée par la voix de Frédéric Mitterrand, voix off intemporelle, réminiscence si symbolique de l'âge d'or du festival, ballet magique où le Cannes d'hier semblait brusquement ressurgir, avec son aura mythique, avant qu’une autre voix inimitable, celle de l’éblouissante Juliette Binoche, n’annonce tous ces grands cinéastes sur scène. Je me souviens de la folie paradoxalement joyeuse et presque solennelle qui a régné ce soir-là. Je me souviens que le couple lui aussi mythique du chef d’œuvre de Visconti «Le Guépard », Angelica et Tancrède, Claudia Cardinale et Alain Delon, était reconstitué et fut le plus applaudi, 44 ans plus tard (« Le Guépard » fut d’ailleurs projeté en copie restaurée à Cannes, il y a deux ans, en leur présence, autre moment magique et unique). Ce soir-là, sur les marches, sous mes yeux, éblouis, par le soleil, par la magie du cinéma, s'était déroulé un pan de l'histoire du cinéma en accéléré.

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    (photo ci-dessus copyright inthemoodforcinema.com )

    Ce soir-là, le palais des festivals avait réuni un plateau unique et exceptionnel. Un générique inouï. Et l’émotion provenait autant de ce générique, tous ces créateurs rassemblés dont tant étaient à l’origine de ma passion pour le cinéma, dans ce lieu qui l’a exacerbée, que de ce film qui, justement, rendait hommage à cette passion, montrant à quel point, Cannes est "une fenêtre ouverte sur le monde"…et sur le cinéma (et inversement), un monde dont ce festival met si bien en lumière les ombres et les blessures.

    Comme l’a dit Gilles Jacob, lors de la conférence du festival, jeudi, « ce qui n’a pas changé et ne changera pas, c’est ce que sont les créateurs qui font Cannes et non pas l’éphémère ni l’écume des choses ». En effet, si Cannes est parfois versatile, prompte à magnifier ou détruire, à déifier ou piétiner, si des rêves y achoppent, des illusions s’y brisent, des projets s'y esquissent, des carrières s'y envolent, si des films nous y éblouissent, l’essentiel est que des cinéastes émergent, se révèlent au monde, nous révèlent un monde. Le leur. Le nôtre. Cannes, c’est le miroir grossissant et informant du monde, déroutant parfois aussi. Le reflet de ses colères, de ses blessures, de sa poésie.

    J’étais donc curieuse de me remémorer ces instants et de découvrir un peu de l’envers du décor de cette journée si « particulière » dont Gilles Jacob avait été l’initiateur, projet fou, ambitieux, audacieux me rappelant cette phrase de son livre « La vie passera comme un rêve », « Il faut être vraiment fou pour continuer à relever ce défi : révéler, surprendre, faire rêver ». Une folie bienheureusement douce, et même salutaire.

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    Le titre est bien entendu un clin d’œil à Ettore Scola mais aussi à la particularité de cette journée pour laquelle les 35 réalisateurs de « Chacun son cinéma » (et non des moindres !) étaient venus à Cannes en 2007. Gilles Jacob avait en effet commandé (et produit) l’œuvre collective « Chacun son cinéma » à trente-cinq des plus grands cinéastes internationaux, sur le thème de la salle de cinéma.

    Cette journée particulière est celle au cours de laquelle ces trente-cinq réalisateurs ont été suivis dans les différents rites cannois : arrivée, photocall, conférence de presse, montée des marches, répétition de leur parcours sur la croisette, cuisines, feu d’artifice… S’y côtoient, entre autres : David Lynch, Aki Kaurismäki, Roman Polanski, Nanni Moretti, Ken Loach, Raymond Depardon, Olivier Assayas, Alejandro Gonzalez Iñárritu, Michael Cimino, Wong Kar-wai, Manoel de Oliveira, les frères Dardenne, Amos Gitaï, Youssef Chahine, David Cronenberg et Jane Campion. 35 réalisateurs venus de 25 pays différents et signant un film de 3 minutes chacun (avec 25000 euros de budget). Nous les suivons ainsi dans les rituels cannois, des rituels futiles et nécessaires, dérisoires et essentiels.

    Dédié à Theo Angelopoulos et Raoul Ruiz, ce film possède la simplicité, l’élégance et l’humilité de son auteur défini comme un « gentleman old school » par un des cinéastes ou comme le « chef de village » d’un “petit port de pêcheurs isolé au sud de la France ”, dans le film (très drôle) de Walter Salles. Ce qui en émane, c’est son amour immodéré pour les créateurs. Son documentaire possède le même atout que ses ouvrages : il en dit beaucoup sans écorner le mystère, sans jamais être impudique ou indiscret. Et surtout il témoigne d’un amour fou et communicatif pour le cinéma et, peut-être plus encore, pour ceux qui le font. Ainsi débute-t-il : « Mon nom est Gilles Jacob. Petit, je rêvais d’être capitaine de pompiers, ado j’ai été projectionniste au Festival de Cannes, c’est moi qui passais les films en tombant amoureux des belles actrices, dans ce palais où l'on célèbre les réalisateurs du monde entier. »

    Gilles Jacob, en voix off, explique aussi que « Etourdiment, nous visions le record du film le plus prestigieux, de la photo de groupe la plus mirobolante. Mais obtenir l’accord d’autant de grands artistes ne fut pas mince affaire. Finalement, c’est la séduction cannoise qui l’emporta. » Cette voix off se superpose sur les images de l’un de ces films, celui de Gus Van Sant. Une autre histoire de séduction… et s’il est bien un festival séduisant, irrésistible, aussi périlleux que prestigieux, c’est Cannes...

    Les images des films (18 extraits) alternent avec celles de cette journée hors du commun. La caméra débusque subrepticement les sourires, une mélancolie qui affleure, un instant insolite, mais surtout le plaisir d’être ensemble et la complicité de ces « 35 mousquetaires ». Elle s’attarde sur les regards et les mains, la beauté de « la géographie d’un visage », des visages, ceux des artistes. Bel écho avec les extraits des films qui eux-mêmes se concentrent surtout sur les visages et les rites cinématographique comme une mise en abyme de la mise en abyme. Au détour d’un plan, on devine la malice juvénile de Gilles Jacob comme dans la façon de filmer ce mimétisme burlesque dans les gestes des frères Dardenne ou dans la manière de filmer des spectatrices en bas des marches mais le regard est toujours tendre, bienveillant, jamais méprisant ou condescendant. Une malice juvénile qui me fait penser à celle de Woody Allen qu’il a cité en présentant le film mais aussi à Alain Resnais qui, il y a trois ans, à Cannes avait présenté le film finalement le plus jeune, fou et audacieux de cette édition, « Les herbes folles » et qui , je l’espère, continuera de m’enchanter et me surprendre cette année avec son « Vous n’avez encore rien vu » que j’attends avec énormément d’impatience.

    Quel dommage d’ailleurs que Woody Allen ne figure pas dans ces courts-métrages lui, qui avec sa « Rose pourpre du Caire », nous avait justement si bien parlé de la magie du cinéma et de cette fragile frontière entre cinéma et réalité.

    C’est un bonheur de revoir ces images, de constater une nouvelle fois ce qui caractérise un grand cinéaste, un auteur : le caractère immédiatement identifiable de son regard sur le monde et de son univers comme celui de Wong Kar-Wai, avec sa langueur poétique, envoûtante, sensuelle aux couleurs chatoyantes. Celui d’Elia Suleiman avec son humour burlesque. Comme la façon inimitable de Lelouch de filmer et faire jouer les acteurs (dans un film émouvant qui rend sublimement hommage au cinéma, et à ses parents). Comme la composition des plans et la manière de filmer la jeunesse si reconnaissable de Gus Van Sant... Et quand Atom Egoyan filme deux jeunes filles qui dialoguent par SMS tout en regardant des films et notamment « La Passion de Jeanne d'Arc » de Dreyer, la passion du cinéma s’allie subtilement à une dénonciation des dérives de notre époque (le meilleur film sur le sujet de ce monde qui n’a jamais communiqué aussi vite et mal restant d’ailleurs pour moi « Babel » de Inarritu ).

    Le film s’achève par la musique de « La vie est belle » de Roberto Benigni (dont vous pouvez d’ailleurs retrouver ma critique ici, un film tellement indissociable de Cannes), une excellente idée en guise de conclusion et qui aurait d’ailleurs aussi pu être le titre de ce film. Si, comme le disait Gilles Jacob dans « La vie passera comme un rêve », « Cannes n’est pas un paradis pour les âmes sensibles », il l’est pour les amoureux du cinéma. Si Cannes peut encenser, broyer, magnifier, dévaster et en a perdu certains et tant à force de les éblouir, les fasciner, les aliéner ; si, là plus qu'ailleurs, les personnalités peuvent prendre des reflets changeants, finalement éclairants, révélant le portrait de Dorian Gray en chacun ; si Cannes s'enivre de murmures, se grise de lumières éphémères, s'en étourdit oubliant presque celles du Septième Art ; si le cinéma est parfois éclipsé derrière tous ceux qui font le leur, Cannes reste le plus grand festival de cinéma au monde, la plus grande déclaration d’amour au cinéma (et aux cinéastes) qui y règne en maître, lequel finalement toujours sort vainqueur comme dans ce documentaire, bel hommage à Cannes, au cinéma, aux créateurs.

    A n’en pas douter ce 20 mai sera à nouveau une journée exceptionnelle et il se pourrait que, à nouveau, un générique exceptionnel vienne saluer cette projection que je vous recommande (et que je ne manquerai pas). Seul regret : que ces 53 minutes en compagnie de ces grands cinéastes et de leurs univers soient trop courtes mais, à peine la projection terminée, cela nous donne finalement envie de revoir « Chacun son cinéma » (disponible en DVD). Alors, rendez-vous le 20 mai pour les festivaliers et pour les abonnés de Canal plus, et le 27 mai sur Arte. Vous n’aurez aucune excuse pour l’avoir manqué… Et surtout, pour paraphraser le titre du film d’Alain Resnais « Vous n’avez encore rien vu… ».

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    J’en profite également pour vous recommander le dernier ouvrage de Gilles Jacob «Le Fantôme du Capitaine », une correspondance imaginaire, une soixantaine de lettres comme autant de nouvelles que j’ai dévorées comme un roman une évasion pleine de fantaisie dans le cinéma et la cinéphilie, la littérature, l'imaginaire, et en filigrane une réflexion sur l'art, qui réjouira tous ceux qui aiment passionnément le cinéma et la littérature, et aiment s'y perdre délicieusement, au point parfois de les confondre ou même les préférer à la réalité, un livre dans lequel Gilles Jacob, vous fait voyager avec élégance, avec savoureuse et malicieuse (auto)dérision, entre mensonge et vérité, imaginaire et réalité qu'il interroge et manipule, et qui exhale un enivrant parfum de vérité, la plus troublante et réjouissante des illusions, une illusion rassurante pour l'incurable rêveuse que je suis. (suite de mon article à ce sujet ici)

    Catégories : HORS COMPETITION Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Compte-rendu de la conférence de presse et programme de la sélection officielle du Festival de Cannes 2012

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    Ce matin, la rue Scribe se donnait des airs de Croisette. Au Grand Hôtel Intercontinental où se déroulait la conférence de presse du 65ème Festival de Cannes, les médias du monde entier s’étaient donné rendez-vous pour écouter l’annonce tant attendue de la sélection par le Président du festival, Gilles Jacob, et par son délégué général, Thierry Frémaux. La campagne électorale s’est éclipsée quelques heures pour laisser place à cette autre compétition, moins rude mais tout aussi palpitante et qui, sans doute, nous en dira au moins aussi long sur l’état du monde et de notre société, sur ses maux, ses craintes, ses révoltes, ses aspirations. Ce sera déjà mon 12ème Festival de Cannes et pourtant l’impatience est la même, accrue par la fébrilité et l’effervescence qui règnaient dans la majestueuse salle de l’Intercontinental et qui, dans une délicieuse confusion de mon imaginaire galopant et impatient, m’ont donné l’impression d’être déjà un peu à Cannes…

    L’annonce de la sélection a été précédée d’un discours de Gilles Jacob présentant notamment « ce petit travail d’artisan » comme il l’a humblement défini, cette Histoire de Festival numéro 4, un documentaire sur l’anniversaire des 60 ans du festival qui sera présenté le jour de l’anniversaire du festival (65 ans cette fois), sous le titre Une journée particulière, un documentaire que je suis d’autant plus impatiente de découvrir que j’avais vécu cette journée parmi les festivaliers et que j’en garde le souvenir d’un moment magique. Le titre est bien entendu un clin d’œil à Ettore Scola mais aussi à la particularité de cette journée pour laquelle les 35 réalisateurs de « Chacun son cinéma »  (et non des moindres !) étaient venus à Cannes en 2007. C’est le 20 mai en salle Debussy que sera projeté ce film prometteur.

    « À nous d’affirmer la persistance d’un cinéma différent cher au Président du Jury comme à celui du Festival» a ensuite poursuivi Gilles Jacob « car ce qui n’a pas changé et ne changera pas, c’est  ce que sont les créateurs qui font Cannes et non pas l’éphémère ni l’écume des choses. Dans ce monde qui sacrifie au superficiel, au zapping, à la banalisation, à la fin du débat d’idées par indifférence, ce qui compte, ce qui fait notre force, c’est l’enracinement dans une passion pour le cinéma et pour ceux qui la portent : les grands auteurs. » Et il est vrai que, à Cannes, le rythme devient tout autre. Les débats passionnés et passionnants, exaltés et exaltants, s’inscrivent dans un temps que l’on voudrait éternité qui nous donne à voir des auteurs dont la singularité, la lenteur parfois salutaire, nous rassurent dans une course souvent  carnassière et vaine aux images.

    « La chance de Cannes, c'est sa faculté de rassembler dans l’instant privilégié de la découverte d'un film. Un film qui, en un clin d'oeil, invente, réveille, bouleverse, consacre. On vient du monde entier pour retrouver l'élan créateur, cette concentration magique irremplaçable. Les nouvelles technologies, Internet, le piratage, les sorties mondiales simultanées, les nouveaux formats, et tout ce qui viendra ensuite, n'y pourront rien car la passion collective réunificatrice est logée là, c'est ainsi» a-t-il conclu.

    « Concentration magique irremplaçable » et « passion collective réunificatrice », voilà qui définit parfaitement cette atmosphère particulière qu’est celle de Cannes qui brouille délicieusement nos repères censés habituellement distinguer le cinéma de la réalité, qui nous plonge dans un bain cinématographique réconfortant (ou parfois salutairement choquant, dérangeant), dans un cinéma éclectique qui concilie et réconcilie cinéphiles et amateurs d’un cinéma plus grand public et de glamour que symbolise aussi Cannes (comme s’il fallait d’ailleurs les opposer.) Et cette année ne devrait pas déroger à la règle… Il se pourrait même qu’elle égale voire surpasse la surprenante et magnifique édition 2011 qui a vu éclore tant de grands films.

    Thierry Frémaux (qui a terminé sa sélection -dont on imagine à quel point elle doit être un passionnant casse-tête- la nuit dernière !) a ensuite annoncé la sélection officielle tout en spécifiant au préalable que « Quiconque fait un film sur cette planète peut postuler au Festival de Cannes", voilà qui devrait faire taire ceux qui estiment que les mêmes sont toujours sélectionnés (16 des 22 sélectionnés de cette année ont déjà concouru pour la palme d’or et 4 l’ont d’ailleurs déjà obtenue –Mungiu, Haneke, Loach, Kiarostami- mais, après tout, comment ne pas sélectionner un film d’Haneke ou Kiarostami alors que ce sont toujours ou presque de grands films ?) .  Il a également précisé que  « Le festival ne décide jamais préalablement de donner telle ou telle couleur à la sélection mais reflète état de la création".

    Plus de films ont été soumis au festival cette année : 1779 (1715 l’an passé). 26 pays représentés.  54 longs-métrages ont ainsi été annoncés aujourd’hui. D’autres seront annoncés la semaine prochaine (trois ou quatre). Peut-être le film de François Ozon, par exemple, dont certains regrettent l’absence ? 22 films sont ainsi en lice pour la palme d’or. Pour l’annonce du jury, il faudra attendre quelques jours, en début de semaine prochaine.

    Thierry Frémaux a également souligné que « le cinéma américain revient en force résumé ni à un cinéma indépendant ni à un cinéma de studio ».

    Trois films de réalisateurs français sont en lice pour la Palme d'or : "Vous n'avez encore rien vu" de Alain Resnais, "De rouille et d'os" de Jacques Audiard et "Holly Motors" de Leos Carax. Deux films français figurent également dans la section "Un certain regard": "Le grand soir" de Benoît Delépine et Gustave Kervern, et "Confessions d'un enfant du siècle" de Sylvie Verheyde.

    La conférence de presse s’est achevée par quelques questions. Une journaliste a ainsi demandé pourquoi Wong Kar Wai n’était pas sélectionné, ce à quoi Thierry Frémaux à répondu «  Wong Kar Wai met du temps à terminer les films, c'est pourquoi nous n'avons pas pu le voir" .

    Une alléchante sélection entre nouveaux cinéastes et, surtout, cinéastes confirmés qui ne devraient pas moins nous surprendre, selon Thierry Frémaux qui a ainsi paraphrasé le titre du film d’Alain Resnais, « Vous n’avez encore rien vu ».

    Enfin, c’est le scénariste et réalisateur américain Philip Kaufman, qui donnera la leçon de cinéma après Martin Scorsese, Stephen Frears, Nanni Moretti, Wong Kar Wai ou Sydney Pollack.  A cette occasion, le Festival présentera son nouveau film : Hemingway & Gellhorn, présenté en Sélection Officielle Hors Compétition, un film produit par HBO, avec Nicole Kidman et Clive Owen qui relate l’histoire passionnée et tumultueuse du grand écrivain et de sa troisième épouse, célèbre correspondante de guerre.

     Nombreux sont les films que j’attends avec énormément d’impatience : le film de Catherine Corsini à Un Certain Regard que Thierry Frémaux a défini comme un " film policier qu'on pourrait dire inspiré par Claude Sautet ». Evidemment le film d’Alain Resnais (accessoirement un de mes cinéastes de prédilection) qui avec « Les herbes folles » avait montré la jeunesse, la vitalité, l’inventivité de son cinéma, la curiosité aiguisée de son regard et qui avec « Vous n’avez encore rien vu » devrait à nouveau le démontrer. Evidemment, j’attends avec impatience « Like someone in love » de Kiarostami (compétition officielle) après un de mes grands chocs cinématographiques que fut son « Copie conforme » (pour lequel Juliette Binoche avait reçu un prix d’interprétation amplement mérité), le nouveau film de Jacques Audiard « De rouille et d’os » ( de retour à Cannes après son grand prix du jury avec « Un Prophète » au Festival de Cannes 2009), le film du petit génie Xavier Dolan « Laurence Anyways » après  sa grisante fantasmagorie « Les amours imaginaires » déjà en sélection à Un Certain Regard, le film de Andrew Dominik « Killing them softly » de nouveau avec Brad Pitt déjà époustouflant dans le chef d’œuvre de ce même cinéaste « L’assassinat de Jesse James  par le lâche Robert Ford », le nouveau film de Michael Haneke « Amour » , de retour en compétition officielle trois ans après sa palme d’or pour l'oeuvre austère, cruelle, dérangeante, convaincante, et surtout impressionnante qu’est « Le Ruban blanc ». « Après la bataille » de Yousry Nasrallah sur le printemps égyptien s’annonce également passionnant, et tant d’autres entre lesquels il me sera bien difficile de choisir…  et à vrai dire je pourrais vous citer tous les films ou presque de cette sélection même si, sans doute, attendrai-je un peu moins la « comédie musicale violente japonaise », en séance de minuit, de Takeshi Miike qui prouve néanmoins une nouvelle fois l’éclectisme de cette sélection.

    Les amateurs de montées des marches pourront se réjouir d’y voir (probablement) Nicole Kidman, Brad Pitt, Marion Cotillard, Robert Pattinson, Kristen Stewart, Bérénice Béjo, Pete Doherty,  Tom Hardy, Jessica Chastain, Kylie Minogue, Eva Mendès… parmi tant d’autres.

    Précisons encore que le film de Wes Anderson dont nous savions qu’il ferait l’ouverture du festival  sera également en compétition, que « Thérèse Desqueyroux », l’adaptation du roman éponyme par Claude Miller fera la clôture du festival, que Bérénice Béjo présentera les cérémonies d’ouverture et de clôture, que Nanni Moretti est toujours président du jury, Tim Roth celui du jury Un Certain Regard, que Jean-Pierre Dardenne est président du jury de la Cinéfondation et des courts-métrages, un jury composé  de cinq personnalités du cinéma et de la littérature :  Arsinée KHANJIAN (actrice canadienne), Karim AÏNOUZ (réalisateur et scénariste brésilien), Emmanuel CARRÈRE (écrivain, scénariste et réalisateur français) et YU Lik-wai (directeur de la photographie et réalisateur chinois).

     Je vous donne rendez-vous chaque jour jusqu’au festival sur http://www.inthemoodforcannes.com mais aussi sur http://www.inthemoodforcinema.com et http://inthemoodlemag.com pour découvrir mes articles sur le festival.

     Sur inthemoodforcannes, chaque jour, je vous présenterai un film de la sélection en détails. Bien entendu, vous y trouverez prochainement le jury et la suite de la sélection…en attendant d’y suivre le festival en direct du 16 au 27 mai.

     

    En Compétition

    Film d'ouverture

       
         

    Wes ANDERSON

    MOONRISE KINGDOM

    1h34

         
     

    ***

     
         

    Jacques AUDIARD

    DE ROUILLE ET D'OS

    1h55

         

    Leos CARAX

    HOLY MOTORS

    1h50

         

    David CRONENBERG

    COSMOPOLIS

    1h45

         

    Lee DANIELS

    THE PAPERBOY

    1h41

         

    Andrew DOMINIK

    KILLING THEM SOFTLY

    1h40

         

    Matteo GARRONE

    REALITY

    1h50

         

    Michael HANEKE

    AMOUR

    2h06

         

    John HILLCOAT

    LAWLESS

    1h55

         

    HONG Sangsoo

    DA-REUN NA-RA-E-SUH
    (IN ANOTHER COUNTRY)

    1h28

         

    IM Sang-soo

    DO-NUI MAT

    (THE TASTE OF MONEY)

    1h53

         

    Abbas KIAROSTAMI

    LIKE SOMEONE IN LOVE

    1h49

         

    Ken LOACH

    THE ANGELS' SHARE
    (LA PART DES ANGES)

    1h46

         

    Sergei LOZNITSA

    V TUMANE

    (DANS LA BRUME)

    2h07

         

    Cristian MUNGIU

    BEYOND THE HILLS

    2h35

         

    Yousry NASRALLAH

    BAAD EL MAWKEAA

    (APRES LA BATAILLE)

    1h56

         

    Jeff NICHOLS

    MUD

    2h15

         

    Alain RESNAIS

    VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU

    1h55

         

    Carlos REYGADAS

    POST TENEBRAS LUX

    1h40

         

    Walter SALLES

    ON THE ROAD

    (SUR LA ROUTE)

    2h20

         

    Ulrich SEIDL

    PARADIES : Liebe
    (PARADIS : Amour)

    2h00

         

    Thomas VINTERBERG

    JAGTEN

    (THE HUNT)

    1h46

         
         
     

    ***

     

    Film de clôture

       
         

    Claude MILLER

    THÉRÈSE DESQUEYROUX (H.C.)

    1h50

    Un Certain Regard

    Ashim AHLUWALIA

    MISS LOVELY 1er film

    1h50

         

    Juan Andrés ARANGO

    LA PLAYA 1er film

    1h30

         

    Nabil AYOUCH

    LES CHEVAUX DE DIEU

    1h55

         

    Catherine CORSINI

    TROIS MONDE

    1h40

         

    Brandon CRONENBERG

    ANTIVIRAL 1er film

    1h50

         

    Benicio DEL TORO,
    Pablo TRAPERO,
    Julio MEDEM,
    Elia SULEIMAN,
    Juan Carlos TABIO,
    Gaspard NOÉ et
    Laurent CANTET

    7 DIAS EN LA HABANA

    2h05

         

    Benoit DELÉPINE,
    Gustave KERVERN

    LE GRAND SOIR

    1h32

         

    Xavier DOLAN

    LAURENCE ANYWAYS

    2h41

         

    Michel FRANCO

    DESPUÉS DE LUCIA

    1h33

         

    Joachim LAFOSSE

    À PERDRE LA RAISON

    1h54

         

    Darezhan OMIRBAYEV

    STUDENT

    1h30

         

    Moussa TOURE

    LA PIROGUE

    1h27

         

    Pablo TRAPERO

    ELEFANTE BLANCO

    2h00

         

    Sylvie VERHEYDE

    CONFESSION OF A CHILD OF THE CENTURY
    (CONFESSION D'UN ENFANT DU SIECLE)

    2h05

         

    Koji WAKAMATSU

    11.25 THE DAY HE CHOSE HIS OWN FATE

    2h00

         

    LOU Ye

    MYSTERY

    1h30

         

    Benh ZEITLIN

    BEASTS OF THE SOUTHERN WILD 1er film
    (LES BÊTES DU SUD SAUVAGE)

    1h32

         

     


    Hors Compétition

     

    Bernardo BERTOLUCCI

    IO E TE

    1h37

         

    Eric DARNELL, Tom MCGRATH

    MADAGASCAR 3, EUROPE'S MOST WANTED

    (MADAGASCAR 3, BONS BAISERS D'EUROPE)

    1h30

         

    Philip KAUFMAN

    HEMINGWAY & GELLHORN

    2h34

         
         

    Séances de minuit

       
         

    Dario ARGENTO

    DARIO ARGENTO'S DRACULA

    1h46

         

    Takashi MIIKE

    AI TO MAKOTO

    2h14

         
         

    65e anniversaire

       
         
     

    UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE de Gilles Jacob

    et Samuel Faure

    53'

     


    Séances Spéciales

    Fatih AKIN

    DER MÜLL IM GARTEN EDEN

    1h25

         

    Laurent BOUZEREAU

    ROMAN POLANSKI : A FILM MEMOIR

    1h34

         

    Ken BURNS,
    Sarah BURNS,
    David MCMAHON

    THE CENTRAL PARK FIVE

    2h00

         

    Sébastien LIFSHITZ

    LES INVISIBLES

    1h55

         

    Claudine NOUGARET,
    Raymond DEPARDON

    JOURNAL DE FRANCE

    1h40

         

    Nelson
    PEREIRA DOS SANTOS

    A MUSICA SEGUNDO TOM JOBIM

    1h30

         

    Gonzalo TOBAL

    VILLEGAS 1er film

    1h36

         

    Apichatpong
    WEERASETHAKUL

     MEKONG HOTEL  

     

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  • "Thérèse Desqueyroux" de Claude Miller en clôture du 65ème Festival de Cannes


    Eddy Brière © Les Films du 24 - UGC Distribution

    En attendant la conférence de presse officielle du Festival demain matin à laquelle je serai (à suivre en direct sur twitter, http://twitter.com/moodforcinema ) dès 11 h, une dernière annonce: celle du film de clôture qui sera donc "Thérèse Desqueyroux" de Claude Miller, l'adaptation du roman de François Mauriac que j'attends de découvrir avec impatience, d'abord parce que j'ai toujours beaucoup aimé le cinéma de Claude Miller et ensuite parce que c'est un roman qui m'a beaucoup marquée, je suis donc impatiente de découvrir cette adaptation. Une belle idée que de projeter ce film en clôture pour rendre hommage à ce grand cinéaste.

    Claude Miller fait partie de ces cinéastes qui ont bercé mes premières années de cinéphile. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai vu "Garde de vue"  dont les interprètes, les dialogues, la sobriété efficace de la mise en scène me fascinent autant à chaque fois. Je me souviens aussi de la master class qu'il avait donné au Master dont je faisais partie, de sa passion communicative. Pour lui rendre hommage, je vous propose ci-dessous la critique d'un de ses derniers films, "Un secret" et le communiqué de presse du festival à ce sujet ci-dessous.

    Thérèse Desqueyroux de Claude Miller, avec Audrey Tautou dans le rôle-titre, Gilles Lellouche et Anaïs Demoustier, sera projeté en clôture du 65e Festival de Cannes, le 27 mai, dans le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals.
    Ce sera en adaptant «Thérèse Desqueyroux», le roman de François Mauriac, que Claude Miller aura signé son ultime film. Emporté par la maladie le 4 avril dernier, peu après en avoir terminé le montage, il achève ainsi une œuvre immense à laquelle Cannes et tous les admirateurs du cinéaste seront heureux de rendre hommage.
    « Ce qui me passionne dans la démarche cinématographique, c'est de m'attacher au plus près au jeu des apparences, gestes, regards, comportements et d'essayer de faire deviner l'intérieur des êtres, leur jardin secret, alors qu'on ne voit d'eux que l'extérieur »
    Elève de la Nouvelle Vague et assistant de François Truffaut, Claude Miller « cinéaste de l’intime », a créé au fil de son œuvre un univers qui a su toucher un vaste public, de La meilleure façon de marcher (1976) à Garde à vue (1981), de Mortelle randonnée (1983) à l’Accompagnatrice (1992) et Un secret (2007), du Prix Delluc pour l’Effrontée (1985) au prix du Jury à Cannes pour la Classe de neige (1998). Cinéaste engagé, il a également présidé l’Association des réalisateurs producteurs et participé au « Club des 13 », groupe de réflexion pour une réforme du système de production.
    En lui dédiant sa soirée de clôture, le Festival de Cannes, accompagné de sa famille, de ses amis, de ses producteurs, de ses distributeurs, est heureux de saluer la mémoire de Claude Miller.

    Critique de "Un secret" de Claude Miller

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    Un petit garçon malingre, François, voit indistinctement son image à travers un miroir tacheté de noir. Ce premier plan en dit déjà tellement... Puis, ce petit garçon, à travers son regard d'adulte, (interprété par Mathieu Amalric) nous raconte son histoire et celle de ses parents, Maxime (Patrick Bruel) et Tania (Cécile de France), l'histoire qu'il a apprise de la bouche de Louise (Julie Depardieu), la voisine et amie : l'histoire d'un secret.

     

    Dans un des plans suivants, le même petit garçon marche à côté de sa mère Tania, Tania dont on ne voit d'abord que le corps sculptural qui contraste tellement avec celui, si frêle, du petit garçon. Un petit garçon qui s'imagine un frère beau et glorieux au point de laisser une assiette à table pour lui, devant le regard terrassé de ses parents comme si le poids du secret, de cet enclos de silence, devenu celui de l'inconscient, avait tellement pesé sur sa famille qu'il avait deviné sans savoir.

     

    Les images du passé, en couleurs, alternent judicieusement avec celles du présent, en noir et blanc, (dans le roman le passé est écrit au présent et inversement) un présent que le passé pourtant si sombre, va venir éclairer en révélant l'existence de ce frère, Simon, à l'époque où Maxime s'appelait encore Grinberg et non Grimbert, ces deux lettres pour lui porteuses de mort, porteuses aussi de son douloureux secret profondément enfoui.

     

    Revenons à ce premier plan auquel de nombreux autres feront ensuite songer : ces plans de corps sublimes au bord de la piscine, au milieu de couleurs chaudes, d'une gaieté insolente. Le dos nu de Tania lorsque Maxime la voit pour la première fois. Son corps qui, dans une acrobatie parfaite, fend l'air et le bleu du ciel puis de la piscine, lorsqu'elle plonge. Les corps décharnés et sans vie des camps. Les corps, leur force et leur fragilité, symboles de vie et de mort, tout le temps mis en parallèle. Ce corps que Maxime sculpte jour après jour, ce corps qui nie presque son identité juive à une époque où le régime nazi fait l'apologie du corps, à une époque où les images de Jeux Olympiques filmées par Leni Riefenstahl défilent sur les écrans, à une époque où il faut porter une étoile sur le cœur, une étoile que Maxime refuse de porter, parce que, pour lui, montrer son identité juive signifie souffrir, mourir et faire prendre des risques à son enfant. Le corps, encore, de François, cet enfant si chétif que son père regarde avec des éclairs d'amertume, cet enfant qui « lui a échappé », cet enfant qui suscite une douloureuse et cynique réminiscence de son passé. Pourquoi ? C'est ce fameux secret que je ne vous dévoilerai pas ici. Celui de trois amours fous qui font déraisonner, qui s'entrechoquent finalement, qui se croisent et qui bouleversent plusieurs existences.

     

    L'ambiguïté du personnage de Maxime parcourt et enrichit tout le film : Maxime qui exhibe son corps, qui nie presque sa judaïté, qui fera dire à son père sur le ton de l'humour, certes, qu'il a un fils antisémite, à qui dans son roman Philippe Grimbert attribue des « ambitions de dandy ». L'ambiguïté est encore accrue quand il tombe amoureux de Tania : une femme blonde aux yeux bleus, sportive comme lui, et ce qui n'arrange rien, sa belle sœur, dont il tombe amoureux, pour couronner le tout, le jour de son mariage. Tania, si différente de sa femme, Hannah (Ludivive Sagnier), la timide, la mère parfaite, plus mère que femme dans le regard de Maxime, dans son regard hypnotisé par Tania, son double, celle qui lui ressemble tellement. Hanah : celle pour qui Maxime est pourtant tout. Et qui le signifiera tragiquement.

     

    Avec Un Secret, Claude Miller a fait beaucoup plus que transcrire en images le roman éponyme de Philippe Grimbert, il a écrit et réalisé une adaptation particulièrement sensible et personnelle, d'abord par la manière dont il filme les corps, les mains qui s'accrochent les unes aux autres, les mains qui en disent tant, et puis ces regards lourds de sens, de vie, de désespoir, de passion, magnifiquement orchestrés par le chef d'orchestre Claude Miller pour nous donner cette mélodie bouleversante du passé. Par la manière dont présent et passé se répondent. Comme ce plan de François qui regarde son père à travers le grillage d'un court de tennis. Un grillage qui rappelle celui, abject, du passé, des camps.

     

    Passé et présent se répondent constamment en un vibrant écho. L'entrelacement de temporalités rendait d'ailleurs le roman quasiment inadaptable, selon les propres propos de Philippe Grimbert. Claude Miller y est pourtant admirablement parvenu. Echo entre le passé et le présent donc, Echo c'est aussi le nom du chien dans le roman. Celui dont la mort accidentelle fera ressurgir le passé, cette douleur ineffable intériorisée pendant tant d'années. Maxime s'effondre alors sur la mort de son chien alors qu'il avait surmonté les autres. Il s'effondre, enfin abattu par le silence meurtrier, le poids du secret et de la culpabilité.

     

    Ce n'est pas « le » secret seulement que raconte ce film mais « un » secret, un secret parmi tant d'autres, parmi tous ceux que cette époque a engendrés. Des secrets qui s'emboîtent et dont la révélation devient insoluble. Doit-on et peut-on tout dire ?

     

    La chanson de Charles Trenet, Tout ça c'est pour nous, est d'une douloureuse légèreté. La musique, l'autre, pourtant sublime, qui était dans la première version que j'ai vue en février ne subsiste que dans la bande annonce : la preuve que Claude Miller a voulu éviter l'outrance mélodramatique. Son film n'en a pas besoin.

     

    Claude Miller signe en effet un film d'une intensité et d'une densité dramatiques rares, empreint de la passion irrépressible, tragiquement sublime, qui s'empare de Maxime et Tania. Il nous raconte une transgression amoureuse, une passion dévastatrice, une quête d'identité, un tango des corps : un grand film tout simplement où il témoigne de l'acuité de son regard de metteur en scène (il témoigne d'ailleurs aussi dans un autre sens : il témoigne aussi de son passé), de ces films qui vous font frissonner, vous étreignent, vous bouleversent, tout simplement et ne vous bouleversent pas avec des « recettes » mais subrepticement, sincèrement.

     

    Claude Miller offre là à Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Patrick Bruel et Cécile de France un de leurs plus beaux rôles. Ces deux derniers ne jouent pas, leur passion dévaste l'écran, l'envahit, en déborde. Une fatale évidence.

     

    Le psychanalyste Philippe Grimbert a écrit ce livre, en grande partie autobiographique, après la découverte d'un cimetière de chiens dans le jardin de la fille de Pierre Laval. Là, les dates qui pourraient être celles d'enfants morts dans les camps, s'alignent avec obscénité, alors que les enfants morts pendant la guerre n'ont même pas eu de tombe, eux, n'ont pas eu droit à une sépulture et sont partis en fumée. De cette découverte indécente est né ce livre. Ce film et ce livre constituent le tombeau de ces enfants et participent au devoir de mémoire. Parce que l'oubli est une menace constante, parce que l'Histoire se complait trop souvent dans une amnésie périlleuse. Et puis, pour que le petit garçon, qui a délivré son père de son secret, distingue enfin une image précise dans le miroir... L'image de son passé et de son identité et de son corps retrouvés.

    Catégories : CLÔTURE (cérémonies/films) Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Bérénice Béjo maîtresse de cérémonie de l'ouverture et de la clôture du Festival de Cannes 2012

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    Puisque, après une fuite dans la presse, cela a été confirmé par l'agent de l'actrice puis officiellement par le festival (alors que l'annonce ne devait être faîte que demain, lors de la conférence de presse du festival), je peux également vous annoncer que Bérénice Béjo sera la maîtresse de cérémonie de l'ouverture et de la clôture de ce 65ème Festival de Cannes, après Mélanie Laurent, maîtresse de cinéma enjouée qui avait même esquissé quelques pas de danse, l'an passé.

    Après une année remarquable propulsée par la découverte de "The Artist" à Cannes, Bérénice Béjo la termine donc en beauté là où tout avait commencé. Nommée comme meilleur second rôle aux Oscars, elle a également reçu le César de la meilleure actrice 2012.

    La première fois que je l'avais réellement remarquée, c'était dans un très beau film intitulé "Sans elle" signé Anna de Palma et dans lequel cette dernière et Aurélien Wiik irradiaient l'écran.

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    Pour l'occasion, ci-dessous, je vous propose 2 critiques de films dans lesquels elle joue : "The Artist", évidemment et "L'enfer" ainsi que sa filmographie.

    Cliquez ici pour lire ma critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius

    Cliquez ici pour lire ma critique de "L'Enfer" de Henri-Georges Clouzot

    Filmographie de Bérénice Béjo

    1998 : Les Sœurs Hamlet de Abdelkrim Bahloul

     1999 : Passionnément de Bruno Nuytten

     2000 : Meilleur Espoir féminin de Gérard Jugnot

     2000 : La Captive de Chantal Akerman

     2001 : Chevalier de Brian Helgeland

     2001 : 24 heures de la vie d'une femme de Laurent Bouhnik

     2002 : Comme un avion de Marie-France Pisier

     2003 : Une petite fée (court métrage) de Jerome Genevray

     2003 : Dans le rouge du couchant de Edgardo Cozarinsky

     2003 : Sans elle (Sem ela) de Anna da Palma

     2003 : Ciao bambino (court métrage) de Pascal Chauveau

     2004 : Dissonances de Jérôme Cornuau

     2004 : Le Grand Rôle de Steve Suissa

     2004 : Sans douleur (court métrage) de Eric Paccoud

     2005 : Cavalcade de Steve Suissa

     2006 : OSS 117 : Le Caire, nid d'espions de Michel Hazanavicius

     2007 : La Pomme d'Adam de Jerome Genevray

     2007 : La Maison de Manuel Poirier

     2007 : 13 m² de Barthélémy Grossman

     2008 : Modern Love de Stéphane Kazandjian

     2008 : Bouquet final de Michel Delgado

     2009 : L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea (reconstitutions).

     2011 : La Traque de Antoine Blossier

     2011 : The Artist de Michel Hazanavicius

     2012 : Populaire de Regis Roinsard

     2012 : Au bonheur des ogres de Nicolas Bary

     

    Catégories : OUVERTURE (cérémonies/films) Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Le Festival de Cannes 2012 à l’hôtel Majestic Barrière

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    Lieu stratégique et incontournable du festival depuis des décennies, l'hôtel Majestic Barrière, cette année, plus que jamais, constituera un des points centraux du festival. A la fois à l’abri et en plein cœur de l’agitation festivalière, nombreux sont les festivaliers à s’y retrouver pour discuter (cinéma évidemment !). Si le soir il est souvent difficile de trouver une place dans les salons du Fouquet’s ou au restaurant (je vous conseille de réserver) l’après-midi vous pourrez trouver là un havre de paix entre deux projections. C’est souvent là aussi que je passe ma dernière soirée du festival, un peu nostalgique déjà et les yeux brillants de ces douze journées au rythme du cinéma. J’en garde de mémorables souvenirs (c’est souvent là que dînent les lauréats ou qu’ils passent avant le dîner de clôture) comme ce dîner dans une salle du Fouquet’s presque vide où Pedro Almodovar et ses actrices étaient venus célébrer les récompenses pour « Volver » en attendant le dîner. Je vous disais par ailleurs, ici, dans mon article consacré aux hôtels à Cannes tout le bien que je pensais de l'établissement.

    Ainsi plus de plus de 500 émissions de radio et de Télévision y sont tournés ! Le Majestic Barrière est l’épicentre du Festival de Cannes . C’est aussi le seul palace dont les fenêtres des chambres et suites – dont le Penthouse Majestic (à 38 000 euros la nuit, certes) – s’ouvrent directement sur la montée des marches.

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    Quelques chiffres qui vous donneront une idée de l’énorme machinerie que constitue le Majestic Barrière :

     -Au standard, aboutissent ainsi 10 000 appels téléphoniques quotidiens en provenance du monde entier et dans les chambres sont disposées 8000 roses à l’attention des hôtes du palace qui confient au personnel le nettoiement et repassage de quelque 10 000 smokings et robes du soir…

     -Ce n’est presque rien au regard des moyens mobilisés et des mets traités pour satisfaire le palais des 25 000 convives qui fréquenteront la table du Majestic : 350 kgs de foie gras, 50 kg de caviar, 800 kgs de langouste, 250 kgs de chocolat, 20 000 macarons, 36 000 thés et cafés, 15 000 bouteilles de champagne…

     -700 employés – contre près de 300 habituellement – sont aux petits soins des festivaliers, dont beaucoup fréquenteront aussi la plage du palace, rebaptisée pour l’occasion « Majestic 65 », dont la décoration a été confiée à ADR Production (dont je vous ) pour créer, face aux îles de Lérins, un espace enchanteur et intime. C’est un de mes lieux de prédilection pendant le festival (je vous en ai déjà parlé et vous en reparlerai) et vous y serez toujours chaleureusement accueillis par l’équipe d’ADR prod.

     

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    Enfin, et ce n’est pas la moindre des prestations proposées à la clientèle, le flambant neuf U Spa Barrière – avec sauna, hammam, douche « Expérience » – a d’ores et déjà enregistré des réservations pour 700 séances de massage et autant de maquillage !

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel:

    http://www.lucienbarriere.com/fr/hotel-luxe/Cannes-Majestic-Barriere/accueil.html

     

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  • L'Oréal Paris au Festival de Cannes 2012 : 15ème anniversaire de la présence de la marque glamour à Cannes

    Je vous parle rarement de marques de cosmétiques sur ce blog mais je fais exception pour cette marque, que j'apprécie par ailleurs, désormais indissociable du Festival de Cannes à laquelle je dois par ailleurs d'avoir remporté le concours du meilleur blog (avec inthemoodforcannes.com) organisé par la marque à Cannes en 2008 et d'avoir ainsi pu vivre trois journées de rêve à l'hôtel Martinez (maquillée, coiffée avec en prime une montée des marches avec l'équipe L'Oréal et Eva Longoria dans une atmosphère  joyeusement électrique -photos ci-dessous- ) l'année suivante. Vous pourrez ainsi retrouver le récit de cette journée en cliquant ici.

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    Du 15 au 27 mai 2012, les égéries L’Oréal seront, comme d’habitude,  présentes sur le tapis rouge pour célèbrer la 15ème année de présence de la marque à Cannes contribuant à l'image glamour du festival (qui ne nuit pas à l'atmosphère "cinéphilique" mais contribue au contraire aux étincelants paradoxes du festival).

    Sur le site officiel de la marque, vous pourrez ainsi découvrir les coulisses des shoots et des interviews (  http://www.loreal-paris.fr/festival-cannes.aspx ) et vous pourrez également laisser guider par la dream team d’experts maquilleurs qui vous dévoileront en exclusivité les secrets des plus beaux looks du Festival.

    « Rendez-vous le 15 mai 2012 pour célébrer 15 ans d’absolue beauté, 15 ans de glamour ultime. 

     Maquilleur officiel du Festival de Cannes, L’Oréal Paris contribue chaque année à la magie et la beauté de l’événement Cinéma le plus prestigieux du monde.

    Depuis leur suite au dernier étage du Martinez, la dream team des make-up artists L’Oréal Paris usent de tout leur talent pour faire de chaque montée des marches un moment de glamour absolu. »

    Retrouvez également cet article sur mon blog http://www.inthemoodforluxe.com .

     
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  • Programme et sélection officielle du Festival de Cannes 2012 : conférence de presse du 19 avril 2012

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    C'est ce jeudi 19 avril que se tiendra la conférence de presse de ce 65ème Festival de Cannes au cours de laquelle sera annoncée la sélection officielle.

     Comme l'an passé, j'aurai le plaisir d'y être. J'essaierai de vous annoncer la sélection en direct sur twitter sur mon compte principal http://twitter.com/moodforcinema depuis l'hôtel Intercontinental de Paris où se déroulera la conférence, à partir de 11H.

     Bien entendu, vous retrouverez ensuite ici ainsi que sur http://www.inthemoodforcinema.com et http://inthemoodlemag.com la sélection complète et un article détaillé à ce sujet.

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  • Courts-métrages en compétition et sélection de la Cinéfondation du Festival de Cannes 2012

    Voici le communiqué de presse du Festival à ce sujet en attendant de vous livrer et commenter l'annonce de la sélection officielle complète ce 19 avril :

     

    Alors que la sélection officielle des longs métrages sera présentée jeudi 19 avril, celle des courts métrages est dévoilée en avant-première.
    C’est le jury de la Cinéfondation et des courts métrages, présidé par Jean-Pierre Dardenne, qui récompensera les meilleurs films de la compétition des courts métrages et de la sélection Cinéfondation.

     

    La Compétition des courts-métrages

    Dix films vont concourir en 2012 pour la Palme d’or du court métrage, choisis parmi les 4 500 présentés au comité de sélection. Pour la première fois, un réalisateur syrien et un portoricain participent à la compétition qui accueille également un artiste français plus connu du monde de la musique, le rappeur Hamé du groupe la Rumeur.

     

     

    Alvaro APONTE-CENTENO

    MI SANTA MIRADA

    Porto Rico

    15'

           
                   

    Eicke BETTINGA

    GASP
    (SOUFFLE)

    Allemagne

    15'

           
                   

    Mohamed BOUROKBA
    (dit Hamé)

    CE CHEMIN DEVANT MOI

    France

    15'

           
                   

    Bassam CHEKHES

    FALASTEIN, SANDOUK AL INTEZAR
    LIL BURTUQAL

    Syrie

    15'

           
                   

    Grainger DAVID

    THE CHAIR

    Etats-Unis

    12'

           
                   

    Zia MANDIVWALLA

    NIGHT SHIFT

    Nouvelle-Zélande

    14'

           
                   

    Chloé ROBICHAUD

    CHEF DE MEUTE

    Canada

    13'

           
                   

    Michael SPICCIA

    YARDBIRD

    Australie

    13'

           
                   

    Emilie VERHAMME

    COCKAIGNE

    Belgique

    13'

           
                   

    L.Rezan YESILBAS

    SESSIZ-BE DENG
    (SILENCIEUX)

    Turquie

    14'

           

     

    La Sélection Cinéfondation

    Quinze films ont été retenus sur les 1 700 envoyés par 320 écoles de cinéma dans le monde. Pour la première fois, une école libanaise est présente dans la sélection composée de fictions et d’animations qui ont en partage une même ambition de mise en scène et l’expression d’une vision très personnelle.

     

     

    Pascale ABOU JAMRA

    ALBA, Liban

    DERRIÈRE MOI LES OLIVIERS

    20’

         

    Shoichi AKINO

    Tokyo University of the Arts, Japon

    RIYOUSHI

    39’

         

    Arthur CAHN
    La Fémis, France

    LES RAVISSEMENTS

    50’

         

    Morten HELGELAND
    The Animation Workshop, Danemark

    SLUG INVASION

    6’

         

    Michal HOGENAUER
    FAMU, République Tchèque

    TAMBYLLES

    58’

         

    Leni HUYGHE
    Sint-Lukas Brussels, Belgique

    MATTEUS

    18’

         

    Cristi IFTIME
    UNATC, Roumanie

    TABĂRA DIN RĂZOARE

    22’

         

    Taisia IGUMENTSEVA
    VGIK, Russie

    DOROGA NA

    32’

         

    Piero MESSINA

    CSC, Italie

    TERRA

    23’

         

    Miguel Angel MOULET
    EICTV, Cuba

    LOS ANFITRIONES

    16’

         

    Meryl O'CONNOR

    UCLA, États-Unis

    THE BALLAD OF FINN + YETI

    18’

         

    Timothy RECKART

    NFTS, Royaume-Uni

    HEAD OVER HEELS

    10’

         

    Matthew James REILLY
    NYU, États-Unis

    ABIGAIL

    17’

         

    Eti TSICKO

    TAU, Israël

    RESEN

    26’

         

    Eduardo WILLIAMS
    UCINE, Argentine

    PUDE VER UN PUMA

    17’

     

     

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  • Trouver un logement pour le Festival de Cannes 2012: tous mes conseils (hôtels, palaces, résidences, locations)

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    Si vous cherchez encore un logement pour le Festival de Cannes 2012 (16 au 27 mai), autant vous dire que la tâche risque d'être difficile, mais néanmoins pas impossible. Chaque année je consacre un article à ce sujet et le réactualise. Vous trouverez ainsi mon article des années passées complété et réactualisé ci-dessous avec de très nombreuses adresses...en attendant l'annonce en direct de la sélection officielle de ce 65ème Festival de Cannes ce 19 avril à suivre sur http://twitter.com/moodforcinema .

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    C'est sans doute curieusement la question qui revient le plus quand vous dîtes que vous partez au Festival de Cannes : où loges-tu? Question à résoudre très simplement en temps normal étant donné le nombre d'établissements à Cannes et dans les environs ( et de toutes catégories) et à laquelle il est compliqué de trouver une solution en période de festival.

    Tout d'abord, sachez que les hôtels et la plupart des résidences sont complets d'une année sur l'autre, réservés par les sociétés (production, distribution etc) et certains directement par le festival. Je devine déjà votre air catastrophé, vous qui rêviez de deux journées impromptues sur la Croisette, en période de festival (si vous ne venez pas pour le festival, je vous le déconseille par ailleurs, ce n'est pas la période idéale pour profiter pleinement de Cannes). Sachez que certain(e)s inconscient(e)s trouvent une chambre 4 jours avant (ce fut mon cas pendant 11 ans et cette année, enfin(!), j'ai réservé dès début février, et ai trouvé in extremis dans un de mes logements de prédilection). En 12 ans de Festival de Cannes, j'ai largement eu l'occasion de faire un petit tour d'horizon des logements proposés et de tirer un bilan des prix pratiqués à Cannes pendant le festival.

    Etonnamment ce sujet n'est jamais abordé par les médias. Or, la liberté des prix donne lieu à des tarifs et à des méthodes qui frôlent l'escroquerie (c'est un euphémisme). D'abord, les prix en période de Festival de Cannes sont rarement affichés mais "sur demande". Une fois le tarif ( prohibitif, le plus souvent ) annoncé (en général multiplié par 4 voire jusqu'à 10 par rapport à la basse saison et plus élevé qu'en haute saison, sachant qu'on vous oblige la plupart du temps à réserver pour tout le festival -même si, à l'approche du festival s'il reste des nuits disponibles, on acceptera peut-être de vous les louer pour une période plus courte-) on vous demande généralement le prépaiement intégral à la réservation! (ou des arrhes, en général la moitié du séjour, et le règlement intégral avant le début du festival). Inutile également d'espérer des tarifs préférentiels, que vous réserviez un an à l'avance ou à la dernière minute: ce sont des forfaits fixes, et que vous soyez détenteurs d'une carte (Accor, Lucien Barrière ou autre) n'y changera rien. En 12 ans, j'ai expérimenté toutes sortes de logement et presque aucun (sauf exceptions mentionnées ci-dessous) n'était réellement à la hauteur des tarifs pratiqués. Vous trouverez même des 2 étoiles plus chers que des 5 étoiles!

    Si vous aimez la vie en communauté, le meilleur conseil que je pourrais vous donner est de choisir une location à plusieurs pour partager les frais ou de prendre un studio. Vous pourrez ainsi en trouver (de toutes les grandeurs et à tous les prix) sur Amivac ou sur Homelidays, notamment mais aussi auprès d'agences comme Cannes Accommodation ou de sites comme Sejourning .

    Plus vous vous éloignez de la Croisette et plus les tarifs diminuent (ainsi si tous les hôtels du centre sont complets, passé le Boulevard Carnot, il reste des disponibilités avec des tarifs plus attractifs, reste à savoir si vous souhaitez traverser le Boulevard et faire 2 kms en noeud papillon ou robe longue sachant que la circulation est bloquée aux abords du palais aux heures de montées des marches transformant vos déambulations diurnes et nocturnes en parcours du combattant). Vous pourrez aussi trouver des colocations parfois à partir de 300 ou 400 euros par personne. (Twitter et Facebook sont d'excellents moyens de passer une petite annonce en suivant les comptes de personnes allant au festival).

    Je garde ainsi un très bon souvenir de ma première année de festival où, invitée par le Prix de la Jeunesse (un concours qui permettait et permet toujours à de jeunes cinéphiles d'être invités au Festival de Cannes pour toute sa durée), je logeais à la Résidence Pierre et Vacances à Cannes La Bocca (vous pouvez y aller en bus ou bien à pied en longeant le front de mer). Il y reste d'ailleurs encore de la place, à partir de 95 euros par nuit.

    Concernant les hôtels, vous pourrez trouver de tout: des hôtels 2 étoiles plus chers que des 4 étoiles, donc, qui pratiquent les mêmes conditions que celles précédemment évoquées (prépaiement intégral à la réservation ) et le plus grand palace de Cannes avec des chambres moins chères que certaines d'un 3 étoiles médiocre.

     

    Petit tour d'horizon des différents hôtels:

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    Ci-dessus, l'hôtel Gray d'Albion

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    -Si vous avez la chance d'en avoir la possibilité pécuniaire choisissez le Gray d'Albion (plus de 500 euros par nuit avec réservation de 12 nuits obligatoires même s'il arrive que des chambres se libèrent vers la fin du festival à des tarifs plus "avantageux", je suis une adepte de son restaurant de plage, je vous en reparlerai bientôt, à mon avis, le meilleur de Cannes rapport qualité/prix/amabilité), un peu en retrait de la Croisette, entièrement modernisé et refait à neuf, très cher certes mais finalement moins que d'autres 4 étoiles qui n'en ont pas le standing (comme l'hôtel Cristal par exemple qui, il y a deux ans, proposait sa dernière chambre à 4700 euros pour 12 nuits) ou évidemment le Majestic Barrière (photos ci-dessous) qui, avec ses nouveaux aménagements, est devenu le plus beau palace de la Croisette et surtout le plus proche du palais des festivals (Cliquez ici pour tout savoir sur le Majestic et sa rénovation).

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    Ci-dessus l'hôtel Majestic

     

    -Evidemment, au rang des palaces intemporels et à la hauteur de leur classification, vous trouverez le Carlton Intercontinental où loge le jury du festival.

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    -L'ancien Palais Stéphanie (lui-même ancien Noga Hilton) devenu depuis le 1er Avril 2011 le JW Marriott Hotel  Cannes est aussi devenu une des adresses incontournables, joliment rénové avec une vue idyllique sur la Croisette et des prestations haut de gamme.

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    -Parmi les nouveautés, également le Radisson Blu 1835 Hotel et Thalasso , ancien White Palm, véritable havre de paix et de luxe sur le port de Cannes, entièrement reconstruit, doté d'un splendide spa et d'une vue à couper le souffle sur la baie de Cannes (mais là, un peu plus loin, et sans doute pas assez pour qu'un taxi accepte de vous y emmener depuis le palais des festivals).

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    -Si vous voulez encore quelques exemples de prix, sachez ainsi encore que l'hôtel Victoria, petit 4 étoiles, propose des chambres à 450 euros la nuit, sans compter le petit-déjeuner à 18 euros ou qu'un hôtel comme l'hôtel Fouquet's (qui n'a strictement rien à voir avec l'établissement éponyme du groupe Lucien Barrière) proposait l'an passé une chambre privilège à 4100 euros ou des studios à 2900 euros, un hôtel dont les 4 étoiles (au regard de son emplacement, de ses prestations, de son aspect extérieur -derrière le Marriott-) demeurent un mystère... -il vient néanmoins apparemment d'être rénové...-.

    -Je peux aussi vous parler du Martinez puisque j'y étais en 2009 invitée par L'Oréal en tant que gagnante du concours de blogs du Festival de Cannes 2008. Le service est attentionné (mais bousculé en période de festival et parfois dépassé par les événements), mais étant donné la grandeur de l'établissement toutes les chambres n'ont pu être rénovées et certaines mériteraient un petit rafraichissement. L'endroit n'en demeure pas moins exceptionnel (spa, belle plage...).

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    -L'hôtel le plus proche du palais des festivals (juste en face) est l'hôtel Splendid, un trois étoiles dont la propreté et l'amabilité laissent à désirer (sans compter que si vous avez une chambre ou même une suite au premier étage, on vous demandera de laisser les volets fermés "à cause des vols"). A noter que certaines chambres ont des kitchenettes (même si je doute que cela corresponde aux normes actuelles), ce qui peut s'avérer pratique et économique en période de festival... même si l'hôtel, lui, ne l'est pas et propose en tout cas des prix bien au-dessus de ses prestations. Même constatation à l'Ibis qui, par ailleurs, est plus loin de la Croisette.

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    -Pour le rapport qualité prix, je vous recommanderais l'hôtel Mondial (sans restaurant mais moderne et propre, dans la rue d'Antibes), un quatre étoiles dont certaines suites (moins chères que des chambres d'autres hôtels de même catégorie) donnent sur la mer (à noter: le wifi est gratuit, ainsi que le petit-déjeuner, et c'est à ma seule connaissance le seul hôtel à proposer le minibar à discrétion pendant le festival, machine à Expresso également à disposition dans les chambres).

     

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    -Parmi les hôtels "abordables", j'aime beaucoup aussi l'hôtel Canberra. Même si le service est parfois aléatoire en période de festival, pour cause de personnel insuffisant, la nourriture y est bonne et la décoration (glamour et style années 50 avec de magnifiques salles de bain) des chambres leur donne un aspect cocooning particulièrement agréable et relaxant en période de festival. L'année où j'y ai séjourné (2009), le personnel était néanmoins insuffisant la nuit avec une employée au bord de la crise de nerfs (devant gérer la réception et le room service...et donc laisser la réception vide lorsqu'elle s'occupait du room service...y compris de la préparation des plats). Des prestations donc pas tout à fait au niveau d'un 4 étoiles mais un hôtel bien rénové.

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    -Juste à côté de l'hôtel Canberra se situe l'hôtel Cristal où, là, les prestations et l'infrastructure (chambres particulièrement vétustes) ne sont vraiment pas à la hauteur des 4 étoiles et du tarif en période de festival. On m'avait parlé d'une rénovation prévue (les hôteliers ayant visiblement conscience de la vétusté de l'établissement et la reconnaissant, ce qui n'est pas le cas partout) en début d'année...elle n'apparait pourtant pas sur leur site officiel. Comptez environ 4700 euros (minimum) pour un séjour pendant le festival.

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    Ci-dessus l'hôtel Cristal

    - L'hôtel Mercure Croisette Beach, dont certaines chambres mériteraient là aussi d'être rénovées fait aussi partie des bonnes adresses (amabilité au rendez-vous, bonne situation, petite piscine, plage, bon room service, possibilité de manger sur place) même si le prix dépasse largement celui d'un Mercure "classique" même en haute saison (minimum 4700 euros pour tout le festival).

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    -Tout au bout de la rue d'Antibes, vous trouverez l'hôtel Eden, un hôtel 4 étoiles, également rénové avec de belles prestations...mais totalement inabordable en période de festival et aussi cher que des hôtels de catégorie supérieure. Attention par ailleurs, certaines chambres sont minuscules et les chambres dîtes "économiques" n'ont pas réellement de fenêtres.
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    Ci-dessus: l'hôtel Eden et ci-dessous sa piscine

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    -Parmi les hôtels les plus récents, le 3.14 avec ses 5 étages dont chacun représente un continent. Une décoration kitsch (et un lieu particulièrement bruyant pendant le festival, photos ci-dessous). Comptez pas moins de ...800 euros par nuit pendant le festival!

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    Ci-dessus, l'hôtel 3:14

    -Chaque année Cannes compte de nouveaux établissements. En juin 2011 a ainsi ouvert le Five Hotel & Spa, un hôtel 5 étoiles situé au coeur de Cannes (mon article, ici). Hôtel situé en plein centre à l'emplacement de l'ancienne poste.

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    Copyright : Marcel Jolibois

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    Copyright : Marcel Jolibois

     

    -Si vous ne souhaitez pas à tout prix être à proximité du palais des festivals, vous pourrez enfin opter pour des hôtels récemment rénovés, des 4 étoiles moins chers que certains 2 étoiles situés en plein centre. Vous pourrez ainsi choisir l'hôtel Renoir (photo de chambre ci-dessous) dont les "3 minutes à pied du palais des festivals" indiquées sur le site me semblent néanmoins un peu sous-estimées. Vous pourrez également choisir l'hôtel Cézanne situé sur le Boulevard d'Alsace.

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    Si vous voulez les adresses précises et des renseignements, je vous conseille la page "Hôtel Réservation" de l'office de tourisme de Cannes qui vous informera de tous les appartements et chambres disponibles et sur laquelle vous trouverez toutes les informations pratiques nécessaires. Vous trouverez encore de la place dans des hôtels 2 et 3 étoiles et dans certaines résidences. Je vous conseille néanmoins plutôt d'appeler directement les hôtels et de vous faire inscrire sur listes d'attente si ceux que vous désirez sont complets. Il arrive que des désistements surviennent à la dernière minute (c'est néanmoins assez rare étant donné le prépaiement exigé).

    Je vous laisse découvrir les autres offres, sur la page précitée. Si vous voulez des hôtels (de qualité) aux tarifs plus attractifs, il vous faudra vous éloigner de la Croisette, voire de Cannes, direction La Bocca ou même Mandelieu, voire plus loin... (mais certains, même en dehors de Cannes, en profitent aussi pour augmenter leurs tarifs surtout que cette année la fin du festival tombe en même temps que le Grand Prix de Monaco qui a également pour effet de faire exploser les prix).

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    Evidemment, reste encore la solution locations auprès des particuliers. Là, je vous conseille de demander des photographies au préalable (j'en connais pas mal qui ont eu des déconvenues) et surtout l'emplacement exact (on vous dira souvent "à deux pas de la Croisette" ou "proche du palais des festivals", comme pour les hôtels d'ailleurs, ce qui, en période de festival où il est difficile de circuler ou de déambuler, peut représenter beaucoup de temps perdu et ce qui ne correspond par ailleurs pas toujours à la réalité. Si votre logement se situe du côté du Palm Beach, vous ne serez pas réellement "à deux pas de la Croisette"). L'emplacement idéal est pour moi entre la Croisette et le Boulevard Carnot et entre le palais des festivals et l'hôtel Martinez.

    N'hésitez pas à me faire part dans les commentaires ou par email (inthemoodforcinema@gmail.com ) de vos bons plans ou de vos propres déconvenues...

    Je consacrerai prochainement un article aux bonnes adresses où se restaurer et prendre un verre pendant le festival, à Cannes.

    Je vous rappelle que, comme chaque année, vous pourrez suivre le 65ème Festival de Cannes en direct sur ce blog http://www.inthemoodforcannes.com mais aussi sur deux de mes autres blogs, http://wwwinthemoodforcinema.com et http://inthemoodlemag.com . Suivez-moi également sur mon compte twitter spécial Cannes (http://twitter.com/moodforcannes ) et sur mon compte twitter principal (http://twitter.com/moodforcinema ).

    Retrouvez également cet article sur http://www.inthemoodforluxe.com .

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  • Découvrez la plage Majestic 65 du Festival de Cannes 2012

    Chaque année, c'est un des endroits où je préfère venir discuter (cinéma, forcément) et me reposer entre deux séances: la plage Majestic aménagée pour l'occasion du Festival par ADR prod. Découvrez en avant-première les premiers visuels de la plage.

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