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IN THE MOOD FOR CANNES 2024 - Page 58

  • Le retour de la Terrazza Martini sur la plage du Gray d'Albion, lieu incontournable du Festival de Cannes 2012

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    C'était selon moi le lieu le plus convivial du Festival de Cannes 2011 et aussi celui où j'avais plaisir à terminer mes soirées et à parler cinéma jusqu'au bout de la nuit, à la fois à côté et loin du tumulte, je suis donc ravie que la Terrazza Martini réapparaisse sur la plage Gray d'Albion (au passage le meilleur restaurant de plage de Cannes, à des prix relativement abordables, je vous en reparlerai). La Terrazza proposera cette année également des déjeuners presse, avec également des live d'anthologie (comme chaque année),  mais aussi des soirées officielles de films ou de magazines. Et un "wall of fame" proposera même un retour en images évolutif sur les meilleurs moments de la Terrazza.

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  • L'affiche de la Quinzaine des Réalisateurs 2012

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    Après l'affiche officielle du Festival de Cannes, et celle de l'ACID, je vous invite à découvrir l'affiche de la 44ème Quinzaine des Réalisateurs, une photographie signée Jean-Luc Cramatte.

     De même que sur l'affiche officielle sur laquelle figure Marilyn Monroe, c'est une jeune femme blonde qui figure ainsi sur l'affiche de la Quinzaine des Réalisateurs regardant vers l'horizon, au milieu d'un joyeux mélange qui, sans doute, fait référence à l'éclectisme et à la liberté de cette section. Autant l'une est sobre, élégante, classique, autant l'autre donne une impression de fouillis et se veut anticonformiste. Rappelons que la Quinzaine des Réalisateurs est désormais dirigée par Edouard Waintrop qui succède ainsi à Frédéric Boyer. La Quinzaine des Réalisateurs a lieu du 17 au 27 mai.

    Communiqué de presse sur l'auteur de la photographie:

    Jean-Luc Cramatte est né en 1959 à Porrentruy (CH). Artiste photographe suisse, il s'est distingué par de nombreux projets aussi ambitieux qu'anticonformistes. On peut signaler, entre autres "Bredzon Forever" exposé au Centre d'Art Contemporain Fri-Art, à Fribourg 2010, et un inventaire de bureaux "Poste mon Amour" en 2008 (publié chez LarsMüller Publishers), ou encore, en 1991, le projet Limites Helvétiques (SwissBorder) en collaboration avec le Musée de l'Elysée à Lausanne à l'occasion des 700 ans de la Confédération helvétique. Ses travaux sont déposés à la Fondation Christoph Merian à Bâle, au Musée d'art et d'histoire de Fribourget de Neuchâtel, au Musée de l'Elysée à Lausanne et à la Fondation Suisse pour la photographie à Winterthur.

    L'affiche a été créée par Michel Welfringer.

     

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  • Découvrez l'affiche de l'ACID pour le Festival de Cannes 2012

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    En attendant de vous dévoiler le programme de l’ACID pour  le Festival de Cannes 2012, voici le communiqué de presse qui accompagne l’affiche :

     

    Comme chaque année, du 17 au 26 mai, l'ACID présentera en off du Festival de Cannes 9 films de long métrage, documentaires ou de fiction, productions "indé" françaises ou internationales, pour la plupart sans distributeur en France, lors de séances ouvertes à tous les publics, en présence des équipes des films et de leurs "parrains" de l'association. 2012 est une année très particulière pour l'ACID, qui fête le vingtième anniversaire de sa création -- dans la foulée du manifeste "Résister" -- à travers de multiples rétrospectives de ses films, dans différents pays : 23 documentaires au Festival du Réel qui vient de s'ouvrir, 10 films au Bafici de Buenos Aires, 33 premiers films à la Cinémathèque française (16 > 27 mai), 20 films à New York à l'automne, autant au Forum des Images en novembre, d'autres à Marseille (FID) ou à Belfort, après Annonay et Istanbul qui ont ouvert le bal en février...

    Pour marquer cette date, plusieurs cinéastes membres de l'ACID ont aussi réalisé des "lettres filmées" : ces courts métrages seront projetés à Cannes en première partie des séances.

    Rendez-vous aux derniers jours d'avril pour vous dévoiler la liste des films ACID - Cannes 2012.

     

    "On rêve un film avant de le tourner, de quoi rêvent-ils ceux qui parlent "d'usines à rêves" ?

    De rêves manufacturés ?

    L'indépendance, c'est la singularité du rêve, l'unicité du point de vue.

    C'est préférer l'acteur que demande le rôle à celui qu'attend le public.

    C'est choisir de s'adresser à des spectateurs plutôt qu'à une foule hypothétique."

    Lucas Belvaux, in Question d'indépendance, texte ACID 1995

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  • Le jury de la Cinéfondation et des courts-métrages du 65ème Festival de Cannes

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    Photo inthemoodforcannes (Festival de Cannes 2009, leçon de cinéma à Cannes)

    Voici le communiqué de presse du Festival de Cannes concernant la composition du jury de la Cinéfondation et des courts-métrages présidé par Jean-Pierre Dardenne. Pour l'occasion, retrouvez la critique du "Gamin au vélo", en compétition du 64ème Festival de Cannes, ci-dessous.

    Le Festival de Cannes accueillera le 23 mai son Jury de la Cinéfondation et des courts métrages qui sera présidé cette année par Jean-Pierre DARDENNE (réalisateur, scénariste et producteur belge) récompensé, avec son frère Luc, en 2011, par le Grand Prix pour le Gamin au vélo, après deux Palmes d’or en 1999 pour Rosetta et 2005 pour l’Enfant et le Prix du scénario en 2008 pour le Silence de Lorna.
    Le jury, composé de cinq personnalités du cinéma et de la littérature, réunira Arsinée KHANJIAN (actrice canadienne), Karim AÏNOUZ (réalisateur et scénariste brésilien), Emmanuel CARRÈRE (écrivain, scénariste et réalisateur français) et YU Lik-wai (directeur de la photographie et réalisateur chinois).

     Ils devront choisir parmi les films d'écoles de cinéma de la Sélection Cinéfondation, les trois premiers Prix, dotés de 15 000€, 11 250€ et 7 500€.
    Le Jury décernera ces prix vendredi 25 mai à Cannes, lors d’une cérémonie salle Buñuel, suivie de la projection des films primés.
    Le jury devra également désigner la Palme d’or du court métrage, remise lors de la cérémonie de Clôture du Festival, dimanche 27 mai.
    La compétition des courts métrages, composée d’œuvres inédites, a révélé dans le passé des artistes de renom : Jane CAMPION ou Nuri Bilge CEYLAN, Xavier GIANNOLI ou encore Lynne RAMSAY et Catalin MITULESCU ont tous été remarqués à leurs débuts par un court métrage en compétition à Cannes.
    Pour sa part, la Sélection de la Cinéfondation, créée en 1998, a présenté les films d’école de nombreux réalisateurs dont le talent fut confirmé par la suite avec un long-métrage comme Vimukthi JAYASUNDARA (Caméra d’or 2005), Corneliu PORUMBOIU (Caméra d’or 2006), Kornél MUNDRUCZÓ (Compétition 2008 & 2010) ou Jessica HAUSNER (Un Certain Regard 2001 & 2004).

    Critique- "Le Gamin au vélo"

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    Synopsis : Cyril, bientôt 12 ans, n'a qu'une idée en tête : retrouver son père qui l'a placé provisoirement dans un foyer pour enfants. Il rencontre par hasard Samantha, qui tient un salon de coiffure et qui accepte de l'accueillir chez elle pendant les week-ends. Mais Cyril ne voit pas encore l'amour que Samantha lui porte, cet amour dont il a pourtant besoin pour apaiser sa colère ...

    Dès les premières minutes, ce qui frappe chez les Dardenne, c’est « la vitalité » (pour reprendre un terme de François Truffaut à propos d’un autre cinéaste que je cite souvent ici), c’est aussi la force de l’interprétation. Comme toujours, ce sont des êtres blessés par la vie dont les souffrances se heurtent et s’aimantent. Comme toujours, c’est un cinéma à la fois de l’intime et de l’universel dans lequel tout peut basculer en une précieuse et douloureuse seconde, cette seconde ou Cyril s’accroche à Samantha comme il s’accrochait à ce téléphone, cette seconde aussi où il fera une mauvaise rencontre. Comme toujours, la direction d’acteurs est époustouflante. Comme souvent, les Dardenne s’attache au thème de l’enfance et des relations parents-enfants, comme (« Le Fils », « La Promesse », « L’enfant »). Comme toujours, ils ne jugent pas mais considèrent leur personnage avec empathie et clairvoyance.

    Comme toujours ou presque. Presque comme toujours parce que pour une fois ils ont dérogé à leurs règle d’acteurs non professionnels en attribuant un des rôles principaux à Cécile de France face à l’acteur non professionnel, le jeune Thomas Doret, remarquable avec son air frondeur, buté, presque renfrogné, ses gestes vifs (également à signaler la présence d’Olivier Gourmet et de Jérémie Rénier). Presque parce qu’on retrouve la noirceur humaine qui caractérise leur cinéma avec un père effroyablement indifférent ou un ado qui exploite le jeune garçon. De la noirceur mais moins d’ âpreté, d’abord par la bienveillance du personnage incarné par Cécile de France (dont on ne connaîtra jamais vraiment les motivations qui n’obéissent d’ailleurs à aucun calcul sans doute à une tendresse spontanée même s’il n’est pas anodin qu’il la rencontre dans un cabinet médical et on peut imaginer que la raison pour laquelle elle s’y trouvait n’est pas étrangère à son affection pour cet enfant) qui illumine la route du jeune garçon mais aussi par une photographie plus lumineuse (l’action se déroule en plein été) que celle des précédents films des Dardenne. Presque comme toujours parce que cette fois les Dardenne ont recouru à la musique, certes pas n’importe laquelle, des extraits du concerto n°5 de Beethoven qui apportent une force, une puissance, une émotion indéniable et qui n’enlève rien à la pudeur caractéristique du cinéma des Dardenne, règle à laquelle ce film ne déroge par ailleurs pas.

    Et pourtant, ce film me semble en-dessous de leurs précédents pendant lesquels mon souffle restait suspendu, où, chaque seconde, tout semblait pouvoir basculer. Différent aussi parce que plus elliptique et concentré avant tout sur ce « gamin au vélo », au centre de l’action et l’attention. Ce film n’en résonne pas moins comme un cri de colère. Un film lumineux, enragé, énergique, puissant, tendre et lucide qui a la force et la beauté sombre d’un concerto de Beethoven. D’un téléphone qui amène au néant à une route qui mène, peut-être, à la lumière, les Dardenne nous auront encore une fois brillamment embarqués avec leurs personnages avec ce qui est sans aucun doute leur film le plus « grand public ».

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  • Le 65ème Festival de Cannes 2012 en direct sur mes blogs

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    Comme chaque année, vous pourrez suivre le Festival de Cannes 2012 en direct ici et sur 3 autres de mes blogs (http://inthemoodlemag.com , http://www.inthemoodforcinema.com et http://www.inthemoodforluxe.com ) ainsi que sur mon compte twitter principal http://twitter.com/moodforcinema et sur mon compte twitter dédié au festival http://twitter.com/moodforcannes mais aussi sur les (prestigieux) sites partenaires dont je vous parlerai prochainement. Plus que jamais cette année, je vous promets une immersion au sein du festival pour ce qui sera mon 12ème Festival de Cannes et, en attendant vous pourrez retrouver ici toutes les informations concernant ce 65ème Festival de Cannes et d'ores et déjà l'analyse de l'affiche et toutes les informations sur le film d'ouverture.

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  • Pavillon Les Cinémas du Monde du Festival de Cannes 2012 - Annonce des parrains et de la délégation 2012

     

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    Le pavillon les Cinémas de monde 2012, ce sera une délégation de 10 jeunes réalisateurs des pays du Sud sous le parrainage de Maria de Medeiros et Elia Suleiman : www.lescinemasdumonde.com/

    Ils succèdent à Elsa Zylberstein et Pablo Trapero (2011), Sandrine Bonnaire et Rithy Panh (2010) et à Juliette Binoche et Abderrahmane Sissako (2009).

    LE PAVILLON LES CINÉMAS DU MONDE

    Inauguration le vendredi 18 mai

    Situé en plein coeur du Village International, le pavillon Les Cinémas du Monde est un espace dédié à l'ensemble des cinématographies d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine, d'Europe Centrale et Orientale, du Proche et du Moyen-­‐Orient, il incarne, par sa vocation, l'idée même de diversité culturelle et sa réalité.

    Le Pavillon Les Cinémas du Monde est organisé par l'Institut français en partenariat avec l'Organisation internationale de la Francophonie, l'Audiovisuel Extérieur de la France – France 24, Monte Carlo Doualiya, RFI et la Chaîne partenaire francophone TV5MONDE – qui ont leurs studios sur le Pavillon et y animent des émissions en direct, Canal France International (CFI) y encadre une rédaction de journalistes citoyens de pays du Sud. Une collaboration exceptionnelle entre institutions et médias depuis 2009.

    LA FABRIQUE DES CINÉMAS DU MONDE

    Programme de travail complet mis en place par le Pavillon, conçu en collaboration avec le Festival de Cannes et son Marché du Film, il est destiné à concrétiser le développement de projets de premier et deuxième long-métrage issus des pays du Sud.

    10 jeunes réalisateurs et leurs producteurs sont invités à participer à des tables rondes et à bénéficier d'un accompagnement personnalisé de leur projet à travers des rendez-­‐vous individuels avec les acteurs clés de l'industrie cinématographique.

    5 pays sont pour la première fois représentés: le Paraguay, le Rwanda, Madagascar, la Birmanie et l'Iran.

    Composition de la délégation 2012 :

    PARAGUAY – Paz Encina, réalisatrice et Constanza Sanz Palacios, productrice - Ejercicios de memoria (Memory exercices), documentaire

    CHILI – Luis Cifuentes, réalisateur et Margarita Donoso, productrice - Pupa (I want to live her life), fiction

    BRÉSIL – Anita Rocha da Silveira, réalisatrice et Vania Catani, productrice - Mata-­me por favor (Kill me please), fiction

    BIRMANIE – Midi Z, réalisateur et producteur - Lian-­Qing (Lian-­Qing, A Burmese Girl), fiction

    RWANDA – Kivu Ruhorahoza, réalisateur et producteur - Jomo, fiction

    VIETNAM – Hoang Diep Nguyen, réalisatrice et productrice - Flapping in the middle of nowhere, fiction

    TUNISIE – Majdi Lakhdar, réalisateur et Mohamed Ali Ben Hamra, producteur - Please yourself with the worst, fiction

    IRAN – Shahram Alidi, réalisateur et producteur - A cementary which breeds grappes every morning, fiction

    TERRITOIRES PALESTINIENS – Riyad Deis, réalisateur et producteur - Mawjat Har / HeatWave, fiction

    MADAGASCAR – Luck Razanajaona, réalisateur et Laza Razanajatovo, producteur - Le chant des Tlous (Song of Tlou), fiction

                                       

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  • Critique de « La vie est belle » de Roberto Benigni (Grand prix du jury du Festival de Cannes 1998)

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    En attendant de nouvelles informations sur la programmation du Festival de Cannes 2012, je poursuis aujourd'hui les critiques de films primés à Cannes.

    La vie est belle. Deux films. Deux chefs d’œuvre. Deux contes pour un même titre. Celui de Capra en 1946. Et celui de Benigni en 1997. J’ai choisi de vous parler du second à l’occasion de sa projection dans le cadre du Festival International du Film de Boulogne-Billancourt (dimanche, à 14H30), un festival dont je serai membre du jury, ce week end, et dont l’ouverture a lieu ce vendredi soir (retrouvez mon article avec la programmation complète, ici).

    Tout le monde se souvient des remerciements émus, expansifs et débordants d’enthousiasme de Roberto Benigni se jetant aux pieds de Martin Scorsese et embrassant tout son jury pour les remercier de lui avoir attribué le grand prix du jury du Festival de Cannes 1998. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance après la polémique suscitée en amont de la projection, eu égard au sujet du film que certains, sans savoir, qualifiaient déjà de « comédie sur la Shoah ». C’était compter sans l’immense talent du cinéaste et sans sa délicatesse pour traiter de ce sujet ô combien sensible.

    Roberto Benigni interprète Guido, un jeune homme fantasque qui, en 1938, rêve d'ouvrir une librairie. Il se heurte à l’administration fasciste et, en attendant, il est serveur dans un Grand Hôtel en Toscane. Tandis que la menace plane déjà, il rencontre Dora (Nicoletta Braschi), une institutrice dont il tombe immédiatement amoureux. Guido l’enlève le jour de ses fiançailles avec un bureaucrate du régime. De l’union de Dora et Guido nait un fils, Giosué. Les lois raciales sont entrées en vigueur. Juif, Guido est déporté avec son fils, alors âgé de 5 ans. Par amour pour eux, Dora demande à monter dans le train qui les emmène aux camps de la mort. A partir de ce moment, Guido va alors tout faire pour préserver son fils et lui éviter de comprendre l’inénarrable horreur en lui faisant croire que tout cela n’est qu’un jeu...

    D’emblée, la voix off définit cette histoire comme un conte à la fois « douloureux » et plein de « merveilleux », désamorçant ainsi toute critique sur l’absence de réalisme ou du moins était-elle censée le faire car cela n’empêcha pas un célèbre quotidien de parler à l’époque de « comédie négationniste ». Comment peut-on commettre un tel contre-sens ? Benigni n’a en effet jamais prétendu effectuer une reconstitution historique des camps et de la Shoah mais, au contraire, un conte philosophique, une fable, qui en démontre toute la tragique absurdité.

    Là réside l’incroyable intelligence de ce film : à travers les yeux de l’enfance, l’innocence, ceux de Giosué, la violente absurdité de leur situation est encore exacerbée puisqu’elle est indicible et ne peut s’expliquer que comme un jeu. Benigni ne cède pour autant à aucune facilité, son scénario et ses dialogues sont ciselés pour que chaque scène « comique » soit le masque et le révélateur de la tragédie qui se « joue ». Bien entendu, Benigni ne rit pas, et à aucun moment, de la Shoah mais utilise le rire, la seule arme qui lui reste, pour relater l’incroyable et terrible réalité et rendre l’inacceptable acceptable aux yeux de son enfant.

    L’histoire se scinde ainsi en deux parties : l’histoire d’amour de Guido et Dora avec en toile de fond une critique du fascisme tourné en dérision, et le « jeu » dans le camp (« les très très méchants qui crient très fort », sont là pour « faire respecter les règles », et « on gagne des points si on se cache, si on ne pleure pas, si on ne réclame pas de goûter » et « avec 1000 points on gagne un char, un vrai ») même si les actes de Guido sont toujours guidés par son amour pour Giosue, et pour Dora, qui lui sera d’ailleurs fatal. Dès les premières minutes, la folie poétique de son personnage, époustouflant de créativité, séduit irrésistiblement. Les clés tombent du ciel. Les chiens se retrouvent sur des plateaux. Et l’amour fou de Guido lui ferait presque ignorer la triste réalité qui, déjà, assombrit le ciel toscan.

    Si la première partie est traitée comme un conte de fées, la menace n’en est pas moins constamment présente. Ainsi, tel un prince de conte de fées, Guido enlève sa « princesse » sur un cheval mais un cheval sur lequel est écrit « Achtung cheval juif » tandis qu’une femme raconte avec une dramatique inconscience un problème mathématique dont la solution, pour faire des économies, consiste à éliminer les personnes hospitalisées.

    Guido prend déjà la vie comme un jeu et prend aussi la place de l’inspecteur d’Académie venu expliquer « la pureté de la race » à des enfants et se transforme en un pantin ridicule illustrant toute l’absurdité de l’expression montrant à quel point le fascisme est une clownerie et un cirque pathétiques. Et quand Giosué lit sur une vitrine « Entrée interdite aux juifs et aux chiens », Guido tourne l’inacceptable stupidité en dérision en déclarant qu’il interdirait son magasin « aux araignées et aux wisigoths ».

    Benigni cite ainsi Primo Levi dans “Si c’est un homme” qui décrit l’appel du matin dans le camp. « Tous les détenus sont nus, immobiles, et Levi regarde autour de lui en se disant : “Et si ce n’était qu’une blague, tout ça ne peut pas être vrai…” C’est la question que se sont posés tous les survivants : comment cela a-t-il pu arriver ? ». Tout cela est tellement inconcevable, irréel, que la seule solution est de recourir à un rire libérateur qui en souligne le ridicule. Le seul moyen de rester fidèle à la réalité, de toutes façons intraduisible dans toute son indicible horreur, était donc, pour Benigni, de la styliser et non de recourir au réalisme.

    Chaque phrase a alors un double sens et n’en est que plus poignante (comme lorsque, dans le camp, Guido force son fils à aller « prendre une douche » et que l’indiscipline de ce dernier va lui sauver la vie), en ce qu’elle révèle l’ineffable mais aussi l’amour inconditionnel d’un père pour son fils. Quand il rentre au baraquement, épuisé, après une journée de travail, il dit à Giosué que c'était « à mourir de rire ». Giosué répète les horreurs qu’il entend à son père comme « ils vont faire de nous des boutons et du savon », des horreurs que seul un enfant pourrait croire mais qui ne peuvent que rendre un adulte incrédule devant tant d’imagination dans la barbarie (« Boutons, savons : tu gobes n’importe quoi ») et n’y trouver pour seule explication que la folie (« Ils sont fous »).

    L’expression de négationnisme attribué par certains au film est d’autant plus erronée que si Benigni utilise l’humour, il ne nie à aucun moment toute l’horreur de la Shoah et en montre même les pires abjections : la douche, l’amas de vêtements abandonnés, et cette fumée noire, cruelle réminiscence de l’horrible et impensable réalité. Ainsi, cette scène où la musique cesse brutalement, et est remplacée par le bruit d’un vent cinglant et terrifiant, où Guido avec son fils dans ses bras se retrouve au milieu d’une fumée aveuglante et terrifiante puis face à cette brutale image des corps entassés, comme sorti d’un cauchemar, rappelant que ce « jeu » n’est là que pour le dissimuler aux yeux de son enfant. Tout cela est alors tellement irréel que même Guido, ne pouvant y croire, dira « Peut-être que tout cela n’est qu’un rêve ».

    Chaque scène ou presque ajoute à l’implacable démonstration de l’absurdité de l’ignominie comme cette scène encore où Guido croit qu’un médecin allemand qu’il avait connu au Grand Hôtel va l’aider et découvre qu’il ne fait appel à lui que pour l’aider à résoudre une énigme : « Viens à mon secours, j’ai perdu mon sommeil » dit le médecin, pour une simple énigme, tandis que Guido qui aurait dû prononcer cette même phrase ( rappelant une autre citation du film selon laquelle « le silence est le cri le plus puissant ») ne dit rien, muet de stupéfaction, de consternation, d’abattement devant une telle criminelle inconscience.

    Face à cette horreur impensable, inimaginable, Guido/Benigni utilise la seule arme possible : la poésie, la dérision, l’humour comme un combat fier et désespéré. Ainsi cette scène où Guido fait écouter à tout le camp et à destination de Dora les « Contes d'Hoffmann » d’Offenbach sur un phono résonne comme un cri d’amour tragiquement sublime, éperdu et déchirant, une lumière vaine et douloureusement belle dans cette nuit macabre. Scène magnifique, pudique (jamais d’ailleurs il n’utilise les ficelles du mélodrame). Benigni recourt à plusieurs reprises intelligemment à l’ellipse comme lors du dénouement avec ce tir de mitraillette hors champ, brusque, violent, où la mort terrible d’un homme se résume à une besogne effectuée à la va-vite. Les paroles suivantes le « C’était vrai alors » lorsque Giosué voit apparaître le char résonne alors comme une ironie tragique. Et saisissante.

    Benigni, bouleversant de tendresse, d’inventivité, d’énergie fut le deuxième acteur italien à remporter l’Oscar du meilleur acteur (après Sophia Loren pour « La Ciociara » en 1960. Il obtint aussi celui du meilleur film étranger et de la musique (magnifique et inoubliable musique de Nicola Piovani ).
    A Cannes, il dédia son film "à tous ceux qui ne sont plus là, disparus pour nous faire comprendre ce que c'est que la liberté et la vie". Son film y est parvenu, magistralement. Un hymne à la vie aussi puisque lui-même dit, pour le titre, avoir « pensé à Trotski et à tout ce qu’il a enduré : enfermé dans un bunker à Mexico, il attendait les tueurs à gages de Staline, et pourtant, en regardant sa femme dans le jardin, il écrivait que, malgré tout, la vie est belle et digne d’être vécue. Le titre est venu de là… »

    L’histoire d’un personnage poétique qui meurt et se sacrifie par amour. Un film empreint de toute la folie magique de Fellini (pour qui Benigni a d’ailleurs joué ) et de toute la poésie mélancolique et burlesque de Chaplin (il rend d’ailleurs ouvertement hommage au « Dictateur ») . Une fable tragique, inoubliable et éloquente. Une démonstration brillante et implacable par l’absurde de toute la folie humaine. Une œuvre magistrale, pleine de sensibilité, toujours sur le fil, évitant tous les écueils. Un film dans lequel, plus que jamais, le rire, salvateur, est le masque du désespoir. Au lieu de banaliser l’horreur comme certains le lui ont reproché, en la montrant à travers les yeux d’un enfant, Benigni n’en démontre que mieux l’absurdité indicible tout en réalisant un film bouleversant de tendresse poétique qui s’achève sur une note d’espoir parce que, malgré toute l’ignominie dont les hommes sont capables, la vie est belle, nous laissant à chaque fois bouleversés. Un film aussi poignant et nécessaire que « Le Pianiste », « Le Dictateur », « Nuit et brouillard », « La Liste de Schindler ». Du grand art.

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  • Festival de Cannes 2012 : la sélection de l'Atelier de la Cinéfondation

    Voici le communiqué de presse à propos de la sélection de la Cinéfondation 2012...En attendant de nouvelles critiques de films sur ce blog et de nouvelles informations sur le Festival de Cannes 2012, retrouvez l'actualité sur http://inthemoodlemag.com .

    Depuis sa création en 2005, L’Atelier de la Cinéfondation encourage le cinéma de création et favorise l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes originaires du monde entier. 115 réalisateurs en ont ainsi bénéficié, 72 films ont été réalisés et 20 sont actuellement en pré production. En 2012, L’Atelier a sélectionné 15 projets venus de 14 pays pour leur qualité artistique et l’originalité de leur propos. Les réalisateurs participeront avec leurs producteurs au Festival de Cannes, où des rendez-vous individuels seront organisés du 18 au 25 mai avec tous les professionnels intéressés par leur projet et susceptibles de compléter le financement de leur film.

     

    Odysseys Malek Bensmaïl Algeria
    To Kill A Man Alejandro Almendras Chile
    Du, Zooey and Ma Robin Weng China
    Underground Fragrance Pengfei Song China
    Des Etoiles Dyana Gaye

    France /

    Senegal

    The Untold Tale Shivajee Chandrabhushan India
    Run Philippe Lacôte Ivory Coast
    Blessed Benefits Mahmoud Al Massad Jordan
    In Your Name Marco van Geffen Netherlands
    3000 Nights Mai Masri Palestine
    The Last Land Pablo Lamar Paraguay
    The Dog Show Ralston Jover Philippines
    Tristes Monroes Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt

    France /

    Portugal

    Touch Me Not Adina Pintilie Romania
    Cannibal Manuel Martín Cuenca Spain

     

     Le Livre des Projets ainsi que les fiches d’inscription aux rendez-vous seront disponibles début avril sur le site www.cinefondation.com
    Les professionnels souhaitant les réalisateurs et leurs producteurs pourront alors solliciter un rendez-vous.

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  • Concours - 7 DVD de "The Artist" de Michel Hazanavicius à gagner à l'occasion de la sortie en DVD

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    Ce 14 mars, "The Artist" de Michel Hazanavicius sortira en DVD. Dès la première projection cannoise, avant que la machine médiatique ne s'emballe, je vous avais parlé de mon coup de coeur pour ce film (vous pourrez retrouver ma critique en bas de cet article), de l'émotion palpable dans la salle. Depuis, le film a reçu une multitude de récompenses amplement méritées dans le monde entier, du prix d'interprétation à Cannes pour Jean Dujardin au César de la meilleure actrice et du meilleur film, sans oublier l'Oscar du meilleur film et du meilleur acteur pour Jean Dujardin (parmi bien d'autres récompenses), faisant ainsi entrer ce film dans l'histoire. Je suis donc ravie de vous permettre aujourd'hui de remporter un des 7 DVD mis en jeu.

    Pour faire partie des heureux gagnants, donnez-moi les titres des films suivants, avant le 29 mars 2012, minuit, en envoyant vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours The Artist". Seuls les gagnants seront contactés.

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    6. Pour départager les égalités:  quel est votre film muet préféré et pourquoi?

    CRITIQUE DE "THE ARTIST"

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

     

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

     

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

     

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

     

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi, lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

     

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

     

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

     

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

     

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer. Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     

    Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

     

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

     

    Michel Hazanavicius évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

     

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

     

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le primant, le Festival de Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     

    « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films aussi différents et marquants que « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     

    Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

     

    En bonus :

     

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz

     

    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

     

    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia

     

    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplinartistdvd1.jpg

    Catégories : CONCOURS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • "Moonrise Kingdom" de Wes Anderson en ouverture du 65ème Festival de Cannes

    Moonrise Kingdom : affiche

    Moonrise Kingdom : photo Wes Anderson

     

    Moonrise Kingdom : photo Wes Anderson

     

    Moonrise Kingdom : photo Bill Murray, Bruce Willis, Edward Norton, Tilda Swinton, Wes Anderson

    Alors que la programmation du 65ème Festival de Cannes sera annoncée le 19 avril, le programme commence déjà à s'esquisser. Nous savions déjà que Nanni Moretti serait le président du jury et que l'affiche de cette édition mettrait Marilyn Monroe à l'honneur. Voici le communiqué de presse concernant le film d'ouverture dont vous pourrez bien entendu retrouver la critique ici dès le 17 mai. En attendant, retrouvez mon compte-rendu de l'ouverture du 64ème Festival de Cannes avec la projection de "Minuit à Paris" de Woody Allen.

    C’est le nouveau film de l’américain Wes Anderson, MOONRISE KINGDOM, qui fera l’ouverture du 65e Festival de Cannes le mercredi 16 mai prochain dans le Grand théâtre Lumière du Palais des Festivals, en présence du Jury présidé par le cinéaste italien Nanni Moretti.
    Produit par Wes Anderson, Scott Rudin, Steven Rales et Jeremy Dawson pour Focus Features et Indian Paintbrush, MOONRISE KINGDOM compte dans sa distribution Edward Norton, Bruce Willis, Bill Murray, Frances McDormand, Tilda Swinton et Jason Schwartzman ainsi que les enfants Kara Hayward et Jared Gilman.
    Il est réalisé par Wes Anderson, qui a également co-écrit le scénario avec Roman Coppola. La musique est signée Alexandre Desplat.
    MOONRISE KINGDOM a été tourné dans une île de la Nouvelle-Angleterre. Il évoque une histoire tourmentée et étonnante, d’enfants et d’adultes, pendant des jours de tempête de l’été 1965.
    Né en 1969, Wes Anderson est le réalisateur de Bottle Rocket (1996), Rushmore (1998), La Famille Tennebaum (The Royal Tenenbaums, 2001), La Vie aquatique (The Life Aquatic with Steve Zissou, 2004), A bord du Darjeeling Limited (The Darjeeling Limited, 2007), Fantastic Mr.Fox (2009).
    Thierry Frémaux, Délégué général du Festival : « Wes Anderson fait partie des forces montantes du cinéma américain qu’il revisite de façon toute personnelle. En particulier dans MOONRISE KINGDOM, qui témoigne à nouveau de la liberté de création dans laquelle il continue à évoluer. Sensible et indépendant, cet admirateur de Fellini et Renoir est aussi un cinéaste brillant et inventif. »
    « Avec Wes Anderson en ouverture du 65e Festival de Cannes, c’est le jeune cinéma américain qui sera célébré sur la Croisette » se félicite Gilles Jacob, Président du Festival.
    Distribué en France par Studio Canal, le film sortira en salles le jour même de sa présentation cannoise, le 16 mai. Pour la deuxième année consécutive, avec l’accord de son partenaire Canal+ et le soutien de la Fédération Nationale des Cinémas Français, le Festival de Cannes mettra à disposition de toutes les salles qui le demanderont la cérémonie d’Ouverture, afin que les spectateurs puissent vivre en direct le programme complet de la soirée de lancement du Festival. Aux USA, le film sortira le 25 mai.
    La Sélection officielle (Compétition, Un Certain regard, Hors compétition) sera annoncée le jeudi 19 avril prochain. Le 65e Festival de Cannes aura lieu du mercredi 16 au dimanche 27 mai 2012.

    Catégories : OUVERTURE (cérémonies/films) Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer