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Blog créé en 2003 par Sandra Mézière, romancière. Blog cinéma sur les éditions passées du Festival de Cannes. Et le Festival de Cannes 2024 en direct ici. Pour l'actualité cinéma quotidienne et mon actualité d'auteure : Inthemoodforcinema.com.
Si Cannes est et reste avant tout la fête du cinéma, c'est aussi, pour certaines associations, le moyen de récolter des fonds. C'est le cas de l'AMFAR depuis plusieurs années mais, également depuis 2 ans de la Fondation PlaNet Finance qui organise la deuxième édition de son dîner de gala sous les auspices du Festival de Cannes, Vendredi 18 mai 2012, une belle initiative que j'avais envie d'encourager.
En plein cœur du Festival de Cannes, La Fondation PlaNet Finance souhaite en effet réunir le monde du cinéma autour d’un objectif commun : venir en aide aux femmes qui entreprennent dans le monde. Carole Bouquet et Jacques Attali présideront ce dîner.
L’édition 2011 avait permis de collecter 300 000€ qui ont été investis dans des projets de soutien à des femmes des favelas du Brésil, des femmes artisanes de Madagascar, et des productrices de beurre de karité au Ghana.
La Fondation organise ce dîner de Gala au bénéfice des femmes microentrepreneuses du monde. Venez soutenir des projets de femmes au Ghana, au Brésil, en Egypte et ailleurs... Au Ghana : augmenter les revenus de 4500 femmes productrices de noix et de beurre de karité Au Brésil : accompagner 600 femmes artisanes des favelas de Rio de Janeiro grâce à un programme d’éducation financière En Egypte : améliorer l’accès des femmes à la microfinance dans les zones rurales.
La Fondation PlaNet Finance
Première Fondation Reconnue d’Utilité Publique dédiée à la microfinance, La Fondation PlaNet Finance a une seule mission : lutter contre la pauvreté. Présidée par Jacques Attali, elle oeuvre pour améliorer l’accès aux services financiers (emprunt, épargne, assurance) des populations pauvres afin de leur permettre de créer ou développer une activité génératrice de revenus et d’améliorer durablement leurs conditions de vie. La Fondation finance et co-finance des projets mis en place et gérés par l’ONG PlaNet Finance et ses partenaires dans le monde entier. L’ONG PlaNet Finance, c’est : Un réseau mondial de 122 experts présents dans 49 pays en voie de développement . 80 projets de solidarité internationale .
Comment participer ?
Soutenez la Fondation PlaNet Finance, aidez-les à entreprendre.
Pour participer au Diner de Gala 2012, vous pouvez :
• Devenir le sponsor officiel de l’événement (grande visibilité sur tous nos supports de communication, relations presse privilégiées, placement produits)
• RESERVER UNE TABLE : (10 personnes)
10 000 euros TTC
• RESERVER VOS PLACE(S) :
1200 euros TTC par personne
2000 euros TTC pour 2 personnes
• Contribuer à rendre la vente aux enchères exceptionnelle en proposant un objet ou un moment unique
Chaque année, les projections cannoises de classiques du cinéma dans le cadre de Cannes Classics sont l’occasion de revoir de grands films, voire des chefs d’œuvre, mais aussi l’occasion de grands moments d’émotion, l’histoire du cinéma côtoyant le présent du Festival de Cannes, et cinéma et réalité se rejoignant et se confondant même parfois dans ce tourbillon d’émotions. Ce fut ainsi le cas avec la projection en version restaurée du « Guépard », il y a deux ans.
Depuis 2004, le Festival de Cannes présente ainsi des films anciens et des chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma dans des copies restaurées. La plupart des films sélectionnés sont projetés dans le Palais des Festivals, salle Buñuel ou salle du Soixantième, en présence de ceux qui ont restauré ces films et, parfois, de ceux qui les ont réalisés.
Cette année, Pathé présente ainsi « Tess », le film de Roman Polanski sorti en 1979 ( durée de 171 minutes), dans une restauration qu’il a lui-même supervisée, il s’est dit « épaté » par le travail des laboratoires. Cette projection se déroulera en présence de Roman Polanski et de Nastassja Kinski. Une restauration Pathé, exécutée par Éclair Group pour la partie image et Le Diapason pour la partie sonore.
Un film que je vous engage vivement à (re)voir lors de sa projection cannoise le 21 mai 2012, salle du Soixantième, a fortiori dans ce cadre splendide et en présence de ses protagonistes. Une projection qui s’annonce émouvante. Pour achever de vous en convaincre, retrouvez ma critique du film, ci-dessous.
Photographie Bernard Prim - Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Dans l'Angleterre du XIXème siècle, un paysan du Dorset, John Durbeyfield (John Collin) apprend par le vaniteux pasteur Tringham qu'il est le dernier descendant d'une grande famille d'aristocrates. Songeant au profit qu'il pourrait tirer de cette noblesse perdue, Durbeyfield envoie sa fille aînée, Tess (Nastassja Kinski), se réclamer de cette parenté chez la riche famille d'Urberville. C’est le jeune et arrogant Alec d'Urberville (Leigh Lawson) qui la reçoit. Immédiatement charmée par « sa délicieuse cousine » et par sa beauté, il propose de l’employer, s’obstinant ensuite à la séduire. Il finit par abuser d’elle. Enceinte, elle retourne chez ses parents. L’enfant meurt peu de temps après sa naissance. Pour fuir son destin et sa réputation, Tess s'enfuit de son village. Elle trouve un emploi dans une ferme où personne ne connaît son histoire. C’est là qu’elle rencontre le fils du pasteur : Angel Clare (Peter Firth). Il tombe éperdument amoureux d'elle mais le destin va continuer à s’acharner et le bonheur pour Tess à jamais être impossible.
Photographie Bernard Prim - Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Roman Polanski étant, à l’époque du tournage, accusé de viol sur mineur aux États-Unis et étant alors menacé d'extradition depuis l'Angleterre, bien que le film se déroule en Angleterre, il a été tourné en France : en Normandie, (Cap de la Hague, près de Cherbourg), mais aussi en Bretagne, à Locronan (Finistère), au Leslay (Côtes-d'Armor), au Château de Beaumanoir, et enfin à Condette , dans le Pas-de-Calais). Quant au site mégalithique de Stonehenge, il été reconstitué dans une campagne en Seine-et-Marne.
Le film est dédié à Sharon Tate. La mention « To Sharon » figure ainsi au début du film. Celle-ci, avant d’être assassinée en 1969 par Charles Manson avec l’enfant qu’elle portait, avait ainsi laissé sur son chevet un exemplaire du roman de Thomas Hardy « Tess d’Urberville», dont le film est l’adaptation, avec un mot disant qu’il ferait un bon film.
« Tess d'Urberville » dont le sous-titre est "Une femme pure, fidèlement présentée par Thomas Hardy" est un roman publié par épisodes à partir de 1891, dans divers journaux et revues. Son adaptation était donc un véritable défi d’autant que jusqu’alors Roman Polanski n’avait pas encore signé de film d’amour.
Deux adaptations cinématographiques, toutes deux intitulées « Tess Of d'Urbervilles » avaient déjà été tournées, l’une mise en scène en 1913 par J. Searle Dawley et l’autre par Marshall Neilan en 1924. David O. Selznik en racheta les droits mais il fallut attendre Claude Berri qui racheta les droits à son tour avant que l'œuvre ne tombe dans le domaine public, pour que le film puisse enfin voir le jour.
Polanski a entièrement réussi ce défi et nous le comprenons dès le début qui nous plonge d’emblée dans l’atmosphère du XIXème siècle, un impressionnant plan séquence qui semble déjà faire peser le sceau de la fatalité sur la tête de la jeune Tess. Tandis qu’arrive un cortège de jeunes filles au sein duquel elle se trouve, tandis qu’est planté le décor mélancolique sous un soleil d’été, tandis qu’est présentée l'innocence de la jeune Tess, le pasteur vaniteux croise son père et lui annonce la nouvelle (celle de son ascendance noble) qui fera basculer son destin. C’est aussi là qu’elle verra Angel pour la première fois. Toute sa destinée est contenue dans ce premier plan séquence qui, par une cruelle ironie, fait se croiser ces routes. Les personnages se rencontrent à un carrefour qui est aussi, symboliquement, celui de leurs existences.
Si la scène est lumineuse, dans ces deux routes qui se croisent, ces destins qui se rencontrent, la fatalité de celui de Tess et son ironie tragique semble ainsi déjà nous être annoncée. Tout le film sera à l’image de cette première scène magistrale. Aucun didactisme, aucune outrance mélodramatique alors que le sujet aurait pu s’y prêter. Polanski manie l’ellipse temporelle avec virtuosité renforçant encore la mélancolie de son sujet et sa beauté tragique. Comme cet insert sur le couteau et ces deux plans sur cette tache de sang au plafond qui s’étend qui suffisent à nous faire comprendre qu’un drame est survenu, mais aussi sa violence. Le talent se loge dans les détails, dans la retenue, jamais dans la démonstration ou l’outrance. Par exemple, les costumes de Tess en disent beaucoup plus long que de longues tirades comme cette robe rouge, couleur passion qu’elle porte dans la dernière partie du film et qui contraste avec les vêtements qu’elle portait au début. Un rouge qui rappelle celui de cette fraise que lui fera manger Alec, combattant ses réticences qui en annoncent d’autres, avant de l’initier (la forcer) à d’autres gourmandises. Subtilement encore, en un plan qui laisse entrevoir un vitrail représentant une scène inspirée de Roméo et Juliette, Polanski, comme il l’avait fait dans le plan séquence initial nous rappelle que l’issue ne peut être tragique. Un dénouement aussi magnifique que tragique, la frontière étant toujours très fragile chez Polanski entre le réalisme et une forme de fantastique ou de mysticisme, Tess apparait alors au milieu de ce site mégalithique de Stonehenge, au décor presque irréel, aux formes géométriques et inquiétantes, comme surgies de nulle part, comme sacrifiée sur un autel.
Photographie Bernard Prim - Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Le spectateur éprouve immédiatement de l’empathie pour Tess, personnage vulnérable et fier malmené par le destin qui semble s’y résigner jusqu’à la révolte finale fatale. Le film doit aussi beaucoup au choix de la trop rare Nastassja Kinski (fille de l'acteur Klaus Kinski), à la fois rayonnante et sombre, naturelle et gracieuse, si triste malgré sa beauté lumineuse et surtout d’une justesse constante et admirable. Elle porte en elle les contraires et les contrastes de ce film dans lequel le destin ne cesse de se jouer d’elle. Contraste entre la tranquillité apparente des paysages (magistralement filmés et mis en lumière, rappelant les peintures du XIXème comme notamment « Des Glaneuses » de Millet ou certains paysages de Courbet, la nature emblème romantique par excellence, le passage des saisons, des paysages symbolisant les variations des âmes ) et les passions qui s’y déchaînent, contraste entre la bonté apparente d’Angel (à dessein sans doute ainsi nommé) qui a « Le Capital » de Marx pour livre de chevet mais qui agit avec un égoïsme diabolique finalement presque plus condamnable que le cynisme et l’arrogance d’Alec. Même lorsqu’elle apparait en haut de cet escalier, transformée, sa tenue et sa coiffure suffisant à nous faire comprendre qu’elle est devenue la maitresse d’Alec, Tess garde cette candeur et cette fragilité si émouvantes.
Photographie Bernard Prim - Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Nommé six fois aux Oscars (pour 3 récompenses), récompensé d’un Golden Globe et par trois César dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, « Tess » est un très grand film empreint de mélancolie poétique, d’une beauté formelle envoûtante, un film tout en retenue grâce à des ellipses judicieuses. Le film nous captive avec toute la douceur de son personnage principal, lentement mais sûrement, par une mise en scène sobre. L’impact dramatique n’en est que plus fort et bouleversant. On y retrouve le thème de l’enfermement (ici dans les conventions) si cher à Polanski, un thème également dans les deux films dont je vous livre les critiques en bonus après celle de « Tess », ci-dessous.
Ce mélange d’imprégnation de la peinture du XIXème, ce romantisme tragique qui rappelle les plus grands écrivains russes et cette fresque lente et majestueuse sur la déchéance d’un monde qui rappelle Visconti (dont le cinéma était aussi très imprégné de peinture), sans oublier cette photographie sublime, l’interprétation magistrale de Nastassja Kinski et sa grâce juvénile, lumineuse et sombre, et la musique de Philippe Sarde, en font un film inoubliable. Au-delà de la peinture du poids des conventions (morales et religieuses) et d’une critique des injustices sociales, « Tess » est un film universel d’une poésie mélancolique sur l’innocence pervertie, sur les caprices cruels du destin, sur la passion tragique d’une héroïne intègre, fier et candide, un personnage qui vous accompagne longtemps après le générique de fin.
« J'ai toujours voulu tourner une grande histoire d'amour. Ce qui m'attirait également dans ce roman, c'était le thème de la fatalité : belle physiquement autant que spirituellement, l'héroïne a tout pour être heureuse. Pourtant le climat social dans lequel elle vit et les pressions inexorables qui s'exercent sur elle l'enferment dans une chaîne de circonstances qui la conduisent à un destin tragique. » Roman Polanski
Critique de "The Ghost-Writer" de Roman Polanski
Un « écrivain-nègre » britannique (beaucoup plus poétiquement appelé un « Ghost-Writer » dans les pays anglo-saxons) à succès (Ewan Mc Gregor) -dont on ne connaîtra d'ailleurs jamais le nom- est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier Ministre britannique Adam Lang (Pierce Brosnan), le précèdent rédacteur, ancien bras droit de Lang, étant décédé dans d'étranges circonstances. C'est sur une île isolée au large de Boston que l'écrivain part à la rencontre de son nouveau sujet...
Répulsion. Chinatown. Tess. Le Pianiste... Et tant d'autres films de genres si différents auxquels, à chaque fois, Polanski a su imprimer son inimitable style. Qu'allait-il en être cette fois de ce thriller? Avec cette adaptation cinématographique de L'Homme de l'ombre, thriller contemporain du romancier et journaliste anglais Robert Harris, Roman Polanski se rapproche davantage de « Frantic » même si ce film ne ressemble à aucun autre.
Par une manière admirable à la fois d'aller à l'essentiel et de capter les détails avec une acuité remarquable, Roman Polanski nous plonge d'emblée dans son intrigue pour ne plus nous lâcher jusqu'à la dernière seconde. Combien de réalisateurs sont capables d'en dire tellement en deux ou trois plans et cela dès le début : une voiture abandonnée dans la cale d'un ferry, la police qui tourne autour de la voiture sur un quai et le film est lancé. Et nous voilà plongés dans l'atmosphère unique et inquiétante de « The Ghost-Writer ».
La caméra de Roman Polanski ne quitte jamais son (anti)héros auquel le spectateur s'identifie rapidement (Ewan Mc Gregor tout en sobriété, parfait pour le rôle), cet « homme ordinaire plongé dans une histoire extraordinaire » comme Hitchcock aimait à résumer ses propres histoires. D'ailleurs, il y a beaucoup du maître du suspense dans ce nouveau Polanski, à commencer par ce huis-clos sur cette île inhospitalière à l'abandon balayée par le vent et la monotonie, et ce blockhaus posé au milieu d'une nature rebelle où un jardinier fantomatique œuvre en vain au milieu d'un tourbillon de feuilles. L'inquiétude et le sentiment d'inconfort nous saisissent immédiatement dans cette demeure élégante mais déshumanisée dont l'ouverture sur l'extérieure donne des plans d'une redoutable beauté glaciale aux frontières de l'absurde, sorte de monde désormais désertique devant lequel, tel un démiurge, apparaît l'ancien premier ministre qui jadis dirigeait tout un peuple. Tout est à la fois familier et étrange, envoûtant et angoissant.
C'est moins le suspense qui importe que la manière dont Polanski conduit son intrigue (même s'il réussit à nous étonner avec un dénouement pourtant attendu et prévisible), capte et retient notre attention. Pas par des course-poursuites ou des explosions, non, par des scènes où notre souffle est suspendu à un mot (comme ce formidable face-à-face avec Tom Wilkinson ) ou aux glaçantes et cinglantes répliques de la femme d'Adam Lang ( remarquable Olivia Williams) qui, avec Kim Cattrall, réinventent les femmes fatales hitchcockiennes.
Une austérité étrangement séduisante, une lenteur savamment captivante, une beauté froide et surtout une atmosphère à la fois inquiétante et envoûtante émanent de ce nouveau Polanski qui nous donne une magnifique leçon de cinéma, jusqu'au dernier plan, effroyablement magnifique. Un film agréablement inclassable quand on essaie de plus en plus de réduire les films à un concept voire à un slogan. Ce « Ghost-Writer » n'est pas sans rappeler un autre film qui lui aussi parle de manipulation ( et nous manipule) et se déroule en huis-clos sur une île également au large de Boston comme si pour définir un pays aussi gigantesque que les Etats-Unis, la claustrophobie d'une terre insulaire était la plus parlante des métaphores...
Difficile de dissocier l'histoire du film de celle de son auteur tant les similitudes son présentes ( à commencer par l'exil d'Adam Lang dans un pays où il est assigné à résidence, à cette exception près que c'est justement dans ce pays que ne peut retourner Polanski) . Difficile aussi de dissocier l'Histoire contemporaine de l'histoire de the Ghost-Writer qui évoque les tortures pendant la guerre en Irak et stigmatise le rôle trouble des Etats-Unis (là où justement ne peut retourner Polanski qui d'une certaine manière règle quelques comptes) Harris étant par ailleurs un ancien journaliste proche de Tony Blair à qui Adam Lang fait évidemment penser. Mais ce serait dommage aussi de réduire ce grand film inclassable et passionnant à cela... Laissez-vous guider par « l'écrivain fantôme » et manipuler dans les coulisses du pouvoir. Je vous promets que vous ne le regretterez pas!
Roman Polanski a reçu l'Ours d'argent du meilleur réalisateur pour ce film au dernier Festival de Berlin.
Critique de "Carnage" de Roman Polanski
L’an passé avec « The Ghost Writer », Roman Polanski réalisait un des trois meilleurs films de l’année, une forme de huis-clos sur une île inhospitalière à l’abandon balayée par le vent et la monotonie, un film dans lequel l’inquiétude et le sentiment d’inconfort nous saisissaient immédiatement avec pour cadre une demeure élégante mais déshumanisée dont l’ouverture sur l’extérieure donnait des plans d’une redoutable beauté glaciale aux frontières de l’absurde, sorte de monde désertique devant lequel, tel un démiurge, apparaissait un ancien premier ministre qui jadis dirigeait tout un peuple. Un film dans lequel tout est à la fois familier et étrange, envoûtant et angoissant. A priori, le nouveau film de Roman Polanski, en compétition du dernier Festival de Venise, est très différent ne serait-ce que parce que celui de l’an passé restera davantage dans l’histoire du cinéma pourtant…l’enfermement et l’angoisse chers au cinéaste sont bel et bien très présents dans ce nouveau film, véritable huis-clos (deux plans exceptés) adapté de la célèbre et « multiprimée » pièce de Yasmina Reza « Le Dieu du carnage » dont Polanski est ici à son tour le Dieu et le démiurge du carnage.
New York. Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et l’un d’eux, le fils de Nancy (Kate Winslet) et Alan Cowan (Christoph Waltz) blesse l’autre au visage, le fils de Penelope (Jodie Foster) et Michael Longstreet (John C.Reilly). Tout se passe apparemment très cordialement pour rédiger la déclaration destinée aux assurances si ce n’est que le père du « coupable » demande à ce que le terme « armé » d’un bâton soit remplacé par celui de « muni », le tout dans l’appartement de Penelope et Michael.
Nancy et Alan sont tirés à quatre épingles. Nancy est « armée » de son collier de perles, d’une coiffure dont pas une mèche ne dépasse et d’un sourire impeccable même si légèrement condescendant. Penelope et Michael semblent particulièrement affables, compréhensifs, cordiaux. Les premiers auraient dû partir et les seconds en rester là … sauf que… une phrase, un mot, finalement la différence entre armé et muni, la frontière entre victime et coupable, va constamment les retenir… Le vernis va voler en éclats, la pose princière de Nancy se transformer en attitude vulgaire, le débonnaire Michael va se transformer en être médiocre et cynique, l’avocat Alan sarcastique et grossier qui se prend pour John Wayne (et se tient comme s’il était dans un saloon, s’appropriant les lieux) être constamment accroché à son portable plus important que quoi que ce soit d’autre avant de s’écrouler et l’altruiste Penelope qui écrit sur le Darfour se révéler plus attachée aux objets qu’aux hommes et être enfermée dans ses principes. Chacun va vomir (au figuré et même au propre) toute sa médiocrité, sa haine, révéler son vrai et méprisable visage, sa monstruosité derrière son apparence civilisée. Cela me rappelle le « Tous coupables » du « Cercle rouge » sauf que, dans le film de Melville, le constat était fait avec une sorte de mélancolie désabusée et qu’ici chacun semble en retirer une forme de jouissance malsaine (d’ailleurs Nancy et Alan pourraient partir à tout moment mais semblent finalement trouver un certain plaisir à régler leurs comptes en public et à dévoiler leur odieux visage).
Polanski ne s’est pas contenté de filmer une pièce de théâtre, au contraire même, tout le génie de Polanski se révèle une nouvelle fois ici. Par un cadrage, parfois étouffant, par une manière de placer sa caméra dans l’espace et de diviser cet espace au gré des clans qui se forment, par des gros plans ou des plongées ou contre-plongées qui révèlent toute la laideur de ses personnages, le cinéaste est très présent et ne se contente pas de poser sa caméra. D’ailleurs, j’ai ressenti un vrai malaise physique en parallèle de celui qui s’empare des personnages. Les deux plans hors de l’appartement (le premier et le dernier) sont également très significatifs, sans parler de la musique, ironique. Le décor est également très révélateur. Tout y est impeccable, carré. Seules les tulipes jaunes achetées pour l’occasion, le livre sur Bacon ou Kokoschka, ou encore sur Mao, laissent entendre une laideur ou un caractère dictatorial sous-jacents … sans parler de la salle de bain, l’invisible, beaucoup moins « rangée » qui laisse entendre que ce qui est caché est beaucoup moins impeccable que ce qui est montré.
Le décor new-yorkais aurait pu être celui d’un film de Woody Allen…sauf que les personnages sont tout sauf des personnages de Woody Allen, car si ce dernier souvent n’épargne pas non plus ses personnages, il a finalement toujours beaucoup d’empathie et de tendresse pour leurs failles et leurs faiblesses…tandis qu’ici tout n’est qu’amertume et cynisme, chacun n’agissant que sous un seul diktat : celui de l’égoïsme censé régir la vie de chacun.
Les comédiens sont impeccables, la réalisation également brillante mais ces personnages détestables qui ne possèdent plus la plus petite lueur d’humanité sont « à vomir ». Ce film est un peu l’anti « Intouchables »… (et pourtant j’ai de nombreuses réserves sur ce dernier qui vient d’ailleurs de dépasser les 12 millions d’entrées). L’un et l’autre révèle deux visages contradictoires et finalement complémentaires de notre société : une société cynique qui se revendique comme telle mais qui, au fond, a surtout besoin d’espoir quitte à ce que cet espoir prenne un visage qui relève plus du conte et du fantasme que de la réalité, un visage presque enfantin…
Je vous conseillerais donc plutôt de revoir « Répulsion », « Chinatown », « Tess » , « Le Pianiste » et « The Ghost Writer » même si les comédiens sont ici impeccables semblant prendre beaucoup de plaisir à ce jeu de massacres. Précisons enfin que l’appartement dans lequel se déroule l’action a été construit en studio à Bry-sur-Marne, en région parisienne mais donne l’illusion que cela se déroule à New York, un travail remarquable qui est l’œuvre chef-décorateur Dean Tavoularis cher à Coppola.
Un carnage brillant et étouffant d’asphyxiante médiocrité mais trop (d’ailleurs totalement) dénué d’humanité sentencieusement décrétée comme uniquement dirigée par l’égoïsme et trop sinistrement cynique pour me plaire…ce qui ne remet nullement en cause le talent de Polanski, éclatant encore une fois, malgré l’unité de lieu et le caractère répulsif des personnages.
Deux vidéos en bonus, un court-métrage de Roman Polanski projeté dans le cadre des prix Lumières 2011 dans lequel on voit déjà ses thèmes de prédilection...et son talent (bien que celui-ci lors de la projection l'ait qualité de "péché de jeunesse") et ma vidéo de celui-ci (vidéo de mauvaise qualité, j'en suis désolée) aux prix Lumières 2011, à la mairie de Paris, où il fut récompensé pour "The Ghost-Writer".
Après les présentations successives des films de la compétition, une petite incursion du côté de Un Certain Regard avec "A perdre la raison" de Joachim Lafosse, un film également très attendu notamment pour les retrouvailles de Tahar Rahim et Niels Arestrup, trois ans après le succès d'"Un Prophète" et sa sélection à Cannes. Ce sera aussi l'occasion de retrouver Emilie Dequenne, inoubliable "Rosetta" dans le film éponyme des Dardenne, découverte à Cannes en 1999.
Le film est inspiré d'un fait-divers (l'affaire Geneviève Lhermitte) qui a bouleversé la Belgique : une mère avait tué ses cinq enfants avant de tenter de mettre fin à ses jours.
Synopsis: Murielle et Mounir s'aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d'avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.
En 2008, Joachim Lafosse avait déjà fait beaucoup de bruit à Cannes avec la présentation de "Elève libre" présenté à la Quinzaine des Réalisateurs.
Bernard-Henri Lévy à Benghazi avec des rebelles libyens (photo issue du site La Règle du jeu )
La programmation déjà fort riche du Festival de Cannes 2012 s'étoffe encore avec l'annonce d'une projection supplémentaire en séance spéciale: "Le Serment de Tobrouk" de Bernard-Henri Lévy. Une nouvelle fois, le Festival de Cannes se fait ainsi messager de la paix et de la liberté. Une belle initiative qui met également à l'honneur les révolutions arabes après la sélection en compétition officielle du film de Yousry Nasarallh "Après la bataille" évoqué dans mon article précèdent. Retrouvez le communiqué de presse du festival à ce sujet, ci-dessous.
C’est un moment particulier que le Festival de Cannes proposera le vendredi 25 mai en présentant le film de Bernard-Henri Levy, Le Serment de Tobrouk, qui intègre la Sélection Officielle en Séance Spéciale.
Tourné pendant les huit mois du conflit libyen ayant mis fin à la dictature de Mouammar Kadhafi, le film donne à voir le déroulement de cette guerre particulière : une révolte spontanée et populaire qui se transforme en Révolution grâce à la détermination de quelques femmes et hommes, en Libye bien sûr, mais aussi à Paris, à Londres, à New York et ailleurs.
Le Serment de Tobrouk montre comment des convictions et des idées peuvent infléchir le cours de l'Histoire et rendre possible une ingérence humanitaire et politique qui semblait jusque-là impensable. Il rend d'autant plus troublant, et d'autant plus révoltant, le spectacle de la tuerie quotidienne qui se déroule, depuis presque la même date et encore aujourd’hui, dans la Syrie de Bachar El Assad.
Réunis par Bernard-Henry Lévy et accueillis par le Festival de Cannes, quatre personnages de la première heure de la révolution libyenne seront présents à Cannes, pour assister à la projection, et parce qu'ils veulent dédier ce qu'ils ont fait, et réussi, à leurs amis syriens.
En invitant Le Serment de Tobrouk, dont le montage est à peine achevé, Gilles Jacob et Thierry Frémaux entendent rappeler qu’un film peut être aussi le passage de flambeau entre des peuples que rassemble le même amour de la liberté.
Je poursuis mes présentations des films de la sélection officielle que j'attends le plus parmi lesquels "Après la bataille" ( titre inspiré de Victor Hugo?) de l'Egyptien Yousry Nasrallah. La palme d'or a souvent été attribuée à des films avec une forte résonance politique eu égard au retentissement international du festival. Par ailleurs, le président du jury de ce Festival de Cannes 2012 est un cinéaste engagé. Déjà deux bonnes raisons pour en faire un candidat sérieux à la palme d'or, le sujet de ce film étant le printemps égyptien mais se contenter de dire cela serait évidemment réducteur. Cannes est avant tout un festival de cinéma (et non politique) et, évidemment, rien n'est joué d'avance.
Yousry Nasrallah, présent pour la 4ème fois à Cannes cette année, en 2011, avait filmé en vidéo les manifestants de la place Tahrir pendant le printemps arabe et avait ainsi participé au film collectif 18 jours (en séance spéciale).
Nasrallah fut l'assistant de Youssef Chahine au début de sa carrière, et a coécrit avec lui Adieu Bonaparte et Alexandrie encore et toujours.
En bonus, retrouvez ma critique de "Femmes du Caire" de Yousry Nasrallah.
"Après la bataille" avec Mena Shalaby, Bassem Samra... - 2 h 06
Synopsis:
Mahmoud est l’un des «cavaliers de la place Tahrir» qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, chargent les jeunes révolutionnaires. Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied… C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de Reem, une jeune égyptienne divorcée, moderne, laïque, qui travaille dans la publicité. Reem est militante révolutionnaire et vit dans les beaux quartiers. Leur rencontre transformera le cours de leurs vies…
En mai dernier sortait « Femmes du Caire » de Yousry Nasrallah. Je l’avais alors manqué. Je viens de me rattraper grâce à sa sortie récente en DVD.
Embarquement donc pour l’Egypte et plus précisément Le Caire où vivent Hebba et Karim, couple de journalistes à succès, jeunes, riches et beaux. Hebba anime ainsi un talk-show populaire et insolent. Sous la pression de son mari, dont la carrière est menacée par son émission, elle accepte de délaisser les sujets politiques pour se consacrer aux faits divers féminins…mais elle se retrouve rapidement en terrain miné.
Dès le premier plan d’une caméra qui s’immisce avec fluidité dans l’appartement d’Hebba et Karim, la réalisation de Yousry Nasrallah capte notre attention par la beauté et la rigueur frappantes de sa composition visuelle et montre aussi toute l’intelligence de cette réalisation « signifiante », la caméra se glissant dans l’intérieur comme le film va le faire dans la vie des femmes du Caire, et comme Hebba va le faire avec ces dernières.
La construction scénaristique est aussi habile que la réalisation puisque l’émission d’Hebba va nous permettre de voir trois histoires racontées en flashback, illustrant chacune différemment le climat de misogynie et de corruption qui règne au Caire où les femmes subissent un « voile de l’esprit », et sont constamment sous surveillance, privées d’autonomie.
« Tout est politique » comme le faire dire Nasrallah à un de ses personnages. Et ce film, sans concessions, l’est indéniablement mais sans jamais oublier que le spectateur est là (aussi) pour se distraire, pour qu’on lui raconte une histoire. Le message n’en est que plus efficace lorsqu’il est aussi subtilement délivré, et ne peut que nous frapper en plein cœur.
Une plongée dans la violence d’une société qui asphyxie celles qui ne souhaitent pas s’y soumettre, et se soumettre à ses règles du jeu traditionnalistes. « Femmes du Caire » est un film politique et populaire, tragique et sensuel, un plaidoyer pour la cause des femmes en quête d’émancipation en Egypte dont chaque histoire trace magnifiquement le portrait, sublimé par une très belle esthétique, dans la droite lignée du cinéma du grand Youssef Chahine. Un hymne féministe à la féminité et , au-delà, un très beau film servi par un scénario et une mise en abyme ingénieuse et des acteurs intenses! Je vous le recommande vivement.
"Femmes du Caire" a été sélectionné aux festivals de Toronto et Venise.
Pour la troisième année, ce sera sans aucun doute à nouveau le lieu de prédilection de mes fins de journée, où il est possible de passer une soirée agréable, avec une vue à couper le souffle, de discuter cinéma tout en écoutant de la bonne musique, le tout dans une atmosphère élégante et détendue avec un accueil chaleureux. Que demander de mieux? Cette année ne dérogera donc pas à la règle au regard du programme annoncé, riche et varié, que je vous laisse découvrir ci-dessous et qui devrait à nouveau nous garantir de belles fins de journée après un déjeuner à la plage Gray d'Albion (pour moi la meilleure adresse, pendant le festival, et pas seulement) sur laquelle se trouve également la Terrazza Martini.
Pour la septième édition consécutive, la Terrazza MARTINI® installe son décor sur la plage du Gray d’Albion dans un esprit rock et trendy et sera plus que jamais LE lieu incontournable du Festival de Cannes !
Tout au long de la quinzaine, des évènements exceptionnels seront proposés et une grande place sera donnée à la musique. En plus du concert évènement de Sébastien Tellier le samedi 19 mai, la Terrazza Martini cassera les codes en célébrant le dimanche 20 mai les 20 ans du magazine Citizen K, une soirée très select hosted by Les Mauvais Garçons, avec un DJ guest et animée par Fabrice Dayan et un live du groupe folk et décalé Brigitte. Ce sera ensuite au tour de la chanteuse pop Inna Modja de passer derrière les platines pour un Sunset inédit avec le magazine Flavor le lundi 21 mai.
Nastassja Kinski, comédienne de légende, révélée par le film « Paris Texas » de Wim Wenders qui avait remporté la prestigieuse Palme d’Or, sera à Cannes pour présenter le film oscarisé « Tess » de Roman Polanski en sélection officielle de Cannes Classics. Et c’est tout naturellement qu’elle viendra fêter la réédition de ce film mythique sur la Terrazza Martini pour une soirée « Rendez-vous de » inoubliable !
Une autre soirée Rendez-vous sera organisée en l’honneur d’Olivier Dahan, le réalisateur du film iconique « La Môme » se verra confier les clés de la Terrazza Martini pour partager une soirée déjantée autour du lancement de son nouveau film « Les seigneurs » entouré de son casting de choc tels José Garcia, Joey Starr, Gad Elmaleh, Franck Dubosc et Omar Sy! Une soirée qui marquera les esprits !
Côté son, la Terrazza Martini vibrera sur les sets pointus du talentueux Fabrice Dayan. Celui qui fait danser les nuits parisiennes les plus hype concoctera des playlists sur mesure autour des nouvelles tendances de la house et du rock pour faire danser les Stylish Outlaw dans une ambiance musicale survoltée & unique !
La Terrazza Martini fera vivre à ses invités privilégiés un festival où se mêleront éclectisme et esprit rock, à l'image de cette 65ème édition cannoise !
Le (réjouissant) programme de ce 65ème de Cannes continue de s'étoffer avec, aujourd'hui, l'annonce de la venue de Sean Penn, grand acteur, président du jury du Festival de Cannes 2008 mais aussi homme engagé comme il l'a prouvé à plusieurs reprises, notamment lors de cette très émouvante projection de "The third wave" de Alyson Thompson à Cannes (retrouvez mon récit de cette projection mémorable, ici), l'année de sa présidence du jury.
Retrouvez ci-dessous, en italique, le communiqué de presse du Festival à ce sujet et, en bas de cet article, en bonus, la critique d'un de mes coups de coeur du Festival de Cannes 2011, "This must be the place" de Paolo Sorrentino ainsi qu'une critique d' "Into the wild" de Sean Penn
Le Festival de Cannes est heureux d’accueillir une soirée-collecte de fonds pour Haïti, « Carnaval in Cannes », présentée par Giorgio Armani, en soutien aux associations J/P HRO de Sean Penn, Artists for Peace and Justice de Paul Haggis et Happy Heart’s Fund de Petra Nemcova.
Le 12 janvier 2010, la vie d’Haïti était bouleversée par un tremblement de terre d’une force jamais connue auparavant dans l’île. Des centaines de milliers de morts et de blessés : ce bilan catastrophique a suscité une émotion considérable à travers le monde. Quelques jours après le séisme, Sean Penn décide de se rendre sur place afin de venir rapidement en aide à la population haïtienne et fonde l’organisation, J/P Haitian Relief Organization (J/P HRO). Le réalisateur-scénariste canadien Paul Haggis, fondateur de l’association « Artists for Peace and Justice » et la mannequin engagée dans des causes humanitaires Petra Nemcova, fondatrice de l’association « Happy Hearts Fund » en 2006, sont également présents en Haïti à cette période. Aujourd’hui, tous les trois et leurs organisations jouent un rôle essentiel et central dans la reconstruction de la nation.
Pour les aider à atteindre leurs objectifs et saluer leur inlassable engagement humanitaire, le Festival de Cannes accueille une grande soirée destinée à récolter des fonds. En prenant ce type d’initiative, après la soirée donnée en 1984 au profit de l’Institut Pasteur, lors de la projection de Il était une fois, l’Amérique de Sergio Leone, puis en 1996 la soirée au profit de la reconstruction de la Fenice, avec la projection des Affinités électives de Paolo et Vittorio Taviani, le Festival de Cannes est heureux de s’associer au combat de Sean Penn en faveur d’Haïti et de ses habitants.
Cette soirée de gala, présentée par Giorgio Armani, se déroulera le vendredi 18 mai à l’Agora du Festival. Les fonds amassés profiteront aux trois organismes et les aideront à offrir des programmes de développement rapides et concrets.
Un spectacle haïtien intitulé : « Carnaval in Cannes » présentera un concert de musique racine Ra Ra, créé avec le groupe RAM, populaire en Haïti et venu spécialement pour l’occasion. L’événement sera co-sponsorisé par Chopard.
Sean Penn est très lié au Festival de Cannes où il a présenté plusieurs films en Compétition (dont celui qu’il a réalisé, The Pledge en 2001), au Certain Regard, et où il a été Président du Jury en 2008.
« On dit, déclare Gilles Jacob, qu’un grand acteur est par essence égocentrique, qu’un grand metteur en scène se concentre sur son art. Sean Penn est tout cela. Ce qu’il fait, en plus, pour le peuple et la terre d’Haïti, ce don de soi, cette présence constante, ce travail – on peut dire de ses mains – tout cet engagement discret, humain et moral de bienfaiteur altruiste force le respect. »
« Sean Penn est un ami de Cannes, déclare Thierry Frémaux, il est venu en compétition comme acteur et comme réalisateur, il a été Président du Jury en 2008. Mais ce n’est pas seulement pour cela que nous lui avons proposé de l’accueillir. Nous sommes très admiratifs du caractère permanent et durable de son engagement pour Haïti. Et nous sommes très heureux de nous associer à la façon dont lui, Paul Haggis et Petra Nemvoca veulent aussi rendre hommage aux haïtiens eux-mêmes. »
«Je suis fier, déclare Giorgio Armani, d’être aux côtés de Sean Penn, un homme fait d’une étoffe très rare. J’ai d’abord aimé l’acteur, puis le réalisateur, et enfin l’ami. Maintenant, j’admire cet homme qui vient en aide aux plus démunis. C’est un honneur de m’associer à son engagement pour le peuple d’Haïti. Cet événement organisé dans le cadre du prestigieux Festival de Cannes est une étape importante de mon existence. »
À propos de J/P Haitian Relief Organization (J/P HRO) : Fondée par Sean Penn, l’organisation J/P HRO débute ses travaux de reconstruction quelques heures seulement après le tremblement de terre en janvier 2010. Son objectif est d’aider la nation d’Haïti à se relever des décombres et de rendre l’avenir meilleur. J/P HRO se distingue en Haïti en particulier pour son travail visant à reloger et à fournir des services médicaux, des programmes d’éducation, d’enrichissement, ainsi que la construction de logements et le réaménagement de quartiers. L’objectif principal de l’organisation est d’aider les personnes sans logement à revenir dans des foyers durables et plus sûrs dans des quartiers revitalisés. J/P HRO emploie 1 200 personnes, dont plus de 97% d’Haïtiens. Pour en savoir plus : www.jphro.org
À propos d’« Artists for Peace and Justice » (APJ) : « Artists for Peace and Justice » (APJ) est une organisation à but non lucratif, fondée par Paul Haggis et quelques amis en 2009, qui encourage la justice sociale et la paix et traite des questions de la pauvreté à travers le monde. L’objectif principal d’APJ est d’aider les enfants et leurs familles dans les communautés les plus pauvres en Haïti en soutenant des programmes axés sur l’éducation, la santé et la dignité à travers “The Academy for Peace and Justice”, première école secondaire libre à Port-au-Prince. 100% des dons publics versés à APJ sont directement destinés à ses programmes en Haïti. Pour en savoir plus: www.apjnow.org
À propos d’« Happy Hearts Fund » (HHF) : Fondée par Petra Nemcova en 2006, « Happy Hearts Fund » est une fondation à but non lucratif vouée à la reconstruction des écoles et destinée à restaurer l’espoir et la chance dans la vie des enfants après une catastrophe naturelle. Après une période d’intervention d’urgence terminée, L’organisation concentre ses activités à la mise en place de pratiques durables pour assurer un impact sur la vie de chaque habitant. « Happy Hearts Fund » a travaillé dans 14 pays depuis sa création et est actuellement actif dans six pays, la Thaïlande, l’Indonésie, le Chili, le Pérou, le Mexique et Haïti. Sur la totalité, HHF a construit et reconstruit 57 écoles et jardins d’enfants et ses programmes ont bénéficié à plus de 34 412 enfants et 337 450 membres de la communauté. HHF a joué un rôle actif en Haïti depuis 2007, dans la construction d’écoles et de laboratoires informatiques. Pour en savoir plus : www.happyheartsfund.org
Critique de "This must be the place de Paolo Sorrentino
Loin du tumulte cannois, j’ai décidé hier de retourner voir « This must be the place » de Paolo Sorrentino, reparti bredouille de la compétition en mai dernier, enfin presque puisqu’il a reçu le prix du jury œcuménique. Avec son premier film en Anglais, le cinéaste italien était ainsi pour la quatrième fois en compétition à Cannes, trois ans après avoir obtenu un prix du jury pour « Il divo ». Avec « Melancholia », « Minuit à Paris » et « The Artist », c’était un de mes coups de cœur de cette édition 2011 qui a souvent fasciné autant qu’il a agacé les festivaliers. Des réactions aussi extrêmes sont souvent signes d’un univers fort, ce que possède incontestablement Paolo Sorrentino.
Sean Penn y interprète Cheyenne, 50 ans, une ancienne star du rock. Il vit de ses rentes à Dublin où il traine sa mélancolie et son ennui. La mort de son père avec qui il a coupé les ponts depuis des années le décide à partir pour New York. Là, il découvre que son père pourchassait un ancien criminel de guerre nazi, un bourreau d’Auschwitz qui l’avait humilié. Cheyenne va poursuivre la vengeance de son père et, pour l’accomplir, va traverser les Etats-Unis…
En revoyant « This must be the place », j’ai pensé à l’écriture de Françoise Sagan. A sa fameuse petite musique des mots qui fait que, au-delà de l’histoire qu’elle nous raconte, le caractère jubilatoire de la forme happe notre attention et nous donne envie de dévorer notre lecture. C’est le cas aussi de la mise en scène de Sorrentino qui nous ensorcelle avec sa « petite musique » des images (des mots d’ailleurs aussi avec, en voix off, parfois le texte du père de Cheyenne). La comparaison n’est d’ailleurs pas aussi absurde, Cheyenne aurait ainsi pu dire telle la Cécile de « Bonjour tristesse » : « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »
Cheyenne, c’est donc Sean Penn, allure gothique et dégingandée, dos courbé, démarche lente et irrésolue, voix traînante, visage maquillé à la Robert Smith et rire triste et improbable. Pour entrer dans le film, il faut évidemment adhérer à son personnage d’enfant capricieux sur les épaules duquel semblent peser tous les malheurs du monde (en tout cas ceux de son histoire et de l’Histoire, rien que ça). Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment à propos d’un autre film (indice : ce film a obtenu la palme d’or), il semble vraiment savoir ce qu’il est venu faire là. Ses gestes, son regard, son phrasé : tout nous fait oublier l’acteur pour construire ce personnage de grand enfant innocent, malicieux, capricieux, ce chanteur de rock déchu, à la fois pathétique, touchant, ridicule, flamboyant, décalé. Face à lui, Jane (Frances McDormand), sa femme, aussi forte, présente, décidé qu’il est faible, absent, velléitaire. Leur couple est d’ailleurs symbolique de ce film tout en contradictions et judicieux décalages.
"Paolo réalise des films rapides sur des gens lents et des films drôles sur des gens tristes", a déclaré Sean Penn lors du dernier Festival de Cannes. Sorrentino recourt en effet à la légèreté pour évoquer le poids de l’existence que Cheyenne semble porter, mais aussi le poids de la tragédie. Contradictions encore avec ce père absent et omniprésent. Entre ce personnage enfantin, sa fragilité apparente et sa terrible, et souvent irrésistible, lucidité (Au départ on se dit « Ce sera ça ma vie » puis « C’est ça la vie » déclare-t-il ainsi). Entre la gravité du sujet et la tendresse loufoque pour l’aborder. Entre les grands espaces américains et la mélancolie irlandaise. Entre le visage fardé et ce qu’il dissimule. Entre la mort omniprésente et la vie absente d’un Cheyenne qui s’ennuie. Contradictions entre la fantaisie parfois dérisoire et son objectif qui est tout sauf dérisoire. Entre l’inoffensivité apparente d’un homme et les crimes qu’il a commis.
Sorrentino semble prendre autant de plaisir à sublimer cette Amérique que Cheyenne traverse qu’à en souligner les ridicules excès, entre les images d’Epinal de l’American dream, les paysages qui ressemblent à des peintures de Hopper avec ses motels, ses stations service, ses vastes étendues d’une beauté vertigineuse et ses excès (ou contradictions à nouveau) qu’il tourne en dérision : d’un armurier à la plus grande pistache du monde, en passant par une bouteille géante qui entrave sa route. Il nous en montre aussi la diversité des visages et des paysages comme un enfant curieux, celui qu’est encore Cheyenne, qui découvre Le Nouveau Monde, un nouveau monde, un enfant qui s’émerveille et croise des personnages (un Indien silencieux, une oie, un bison…) qui semblent tout droit sortie d’un conte. Les moments de fantaisie poétique sont encore sublimés par la musique comme dans cette scène avec cette chanson interprétée par David Byrne, le chanteur des Talking heads qui a composé la musique du film (pas une première puisqu’il a reçu l’Oscar de la meilleure musique pour la BO du Dernier Empereur de Bertolucci).
« This must be the place », c’est un parcours initiatique: l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme et fume sa première cigarette. Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et à « Into the wild » de Sean Penn, aussi. Un personnage et un film qui vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des mots de Sagan. Ou une grande. Celle des Talkings Heads. « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît » nous dit-on dans le film. Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.
Critique de "Into the wild" de Sean Penn
Quel voyage saisissant ! Quelle expérience envoûtante ! A la fois éprouvante et sublime. Je devrais commencer par le début avant d’en venir à mes impressions mais elles étaient tellement fortes que parmi toutes ces sensations puissantes et désordonnées suscitées par ce film, c’était ce qui prévalait, cette impression pas seulement d’avoir vu un film mais d’avoir effectué un voyage, un voyage en moi-même, et d’avoir vécu une véritable expérience sensorielle. Depuis que j’ai vu ce film, hier, il me semble penser à l’envers, du moins autrement, revenir moi aussi (plutôt, moi seulement, certains n’en reviennent pas) d’un voyage initiatique bouleversant.
Mais revenons au début, au jeune Christopher McCandless, 22 ans, qui reçoit son diplôme et avec lui le passeport pour Harvard, pour une vie tracée, matérialiste, étouffante. Il décide alors de tout quitter : sa famille, sans lui laisser un seul mot d'explication, son argent, qu’il brûle, sa voiture, pour parcourir et ressentir la nature à pied, et même son nom pour se créer une autre identité. Et surtout sa vie d’avant. Une autre vie. Il va traverser les Etats-Unis, parcourir les champs de blé du Dakota, braver les flots agités du Colorado, croiser les communautés hippies de Californie, affronter le tumulte de sa conscience pour atteindre son but ultime : l’Alaska, se retrouver « into the wild » au milieu de ses vastes étendues grisantes, seul, en communion avec la nature.
Dès les premières secondes la forme, qui attire d’abord notre attention, épouse intelligemment le fond. Des phrases défilent sur l’écran sur des paysages vertigineux, parce que ce sont les deux choses qui guident Christopher : l’envie de contempler la nature, de se retrouver, en harmonie avec elle et la littérature qui a d’ailleurs en partie suscité cette envie, cette vision du monde. Jack London. Léon Tolstoï. Et en entendant ces noms, je commence à me retrouver en territoires connues, déjà troublée par ce héros si différent et si semblable. Influencé par Henry David Thoreau aussi, connu pour ses réflexions sur une vie loin de la technologie…et pour la désobéissance civile.
Puis avec une habileté déconcertante et fascinante Sean Penn mélange les temporalités ( instants de son enfance, sa vie en Alaska, seul dans un bus au milieu de paysages sidérants de beauté) et les rencontres marquantes de son périple, les points de vue (le sien, celui de sa sœur), les fonctions de la voix off (lecture, citations, impressions)brouillant nos repères pour en créer d’autres, trouver les siens, transgressant les codes habituels de la narration filmique, s’adressant même parfois à la caméra, à nous, nous prenant à témoin, nous interpellant, nous mettant face à notre propre quête. De bonheur. De liberté. Et surtout : de vérité.
Au travers de ces différentes étapes, nous le découvrons, ainsi que ce qui l’a conduit à effectuer ce périple au bout de lui-même en même temps que lui chemine vers la réconciliation avec lui-même, avec son passé, avec son avenir. En phase avec l’instant, l’essentiel, le nécessaire. Un instant éphémère et éternel. Carpe diem. Au péril de sa vie, au péril de ceux qui l’aiment. Mais c’est sa vérité. Paradoxale : égoïste et humaniste.
Comme son protagoniste, la réalisation de Sean Penn est constamment au bord du précipice, à se faire peur, à nous faire peur mais jamais il ne tombe dans les écueils qu’il effleure parfois : celui d’un idéalisme aveugle et d’un manichéisme opposant la nature innocente et noble à la société pervertie. Non : la nature est parfois violente, meurtrière aussi, et sa liberté peut devenir étouffante, sa beauté peut devenir périlleuse. Et la mort d’un élan la plus grande tragédie d’une vie. De sa vie. La fin d’un élan, de liberté.
« Into the wild » fait partie de ces rares films qui vous décontenancent et vous déconcertent d’abord, puis vous intriguent et vous ensorcellent ensuite progressivement, pour vous emmener vous aussi bien au-delà de l’écran, dans des contrées inconnues, des territoires inexplorées ou volontairement occultées, même en vous-même. Avec le protagoniste, nous éprouvons cette sensation de liberté absolue, enivrante. Ce désir de simplicité et d’essentiel, cette quête d’un idéal. D’un chemin particulier et singulier ( C’est une histoire vraie, Christopher McCandless a réellement existé, son histoire a inspiré « Voyage au bout de la solitude » du journaliste américain Jon Krakauer) Sean Penn écrit une histoire aux échos universels . Un chemin au bout de la passion, au bout de soi, pour se (re)trouver. Pour effacer les blessures de l’enfance. Et pour en retrouver la naïveté et l’innocence.
2H27 pour vivre une renaissance. Enfance. Adolescence. Famille. Sagesse. Au fil de ses rencontres, magiques, vraies, il se reconstitue une famille. Chaque rencontre incarne un membre de sa famille, l’autre, celle du cœur : sa mère, son père, sa sœur. Sur chaque personnage Sean Penn porte un regard empli d’empathie, jamais condescendant à l’image de cette nature. A fleur de peau. Sauvage. Blessée. Ecorchée vive.
La photographie du célèbre et talentueux Eric Gautier révèle la beauté et la somptuosité mélancolique de la nature comme elle révèle Christopher à lui-même, confrontant l’intime au grandiose. La bande originale poignante composée par Eddie Vedder du groupe « Pearl Jam » contribue à cette atmosphère sauvage et envoûtante, il a d’ailleurs obtenu le Golden Globe 2008 de la meilleure chanson. Et puis évidemment Emile Hirsch d’une ressemblance troublante avec Leonardo Di Caprio (Sean Penn avait d’ailleurs pensé à lui pour le rôle), par son jeu précis et réaliste, par sa capacité à incarner ce personnage à tel point qu’il semble vraiment exister, vibrer, vivre, mourir et renaître, sous nos yeux, est indissociable de la réussite de ce film.
Avec ce quatrième long-métrage (après « The Indian Runner », « Crossing guard », « The pledge ») Sean Penn signe (il a aussi écrit le scénario) un film magistralement écrit, mis en scène (avec beaucoup de sensibilité, d’originalité et de sens) et mis en lumière, magistralement interprété, un road movie animé d’un souffle lyrique, un road movie tragique et lumineux, atypique et universel.
Vous ne ressortirez ni indifférents, ni indemnes. Ce film va à l’essentiel, il vous bouscule et vous ensorcelle, il vous embarque bien au-delà de l’écran, dans sa quête d’absolu, de liberté, de bonheur. Un voyage aux confins du monde, de la nature, un voyage aux confins de l'être, de vous-même… Un film d’auteur. Un très grand film. D'un très grand auteur. Qui se termine sur des battements de cœur. Celui du héros qui renait. Au cœur de la vérité.
Je vous parlais récemment de l'ouverture récente d'un nouveau restaurant à Cannes ...et en voici un autre qui ouvrira juste avant le festival, le 10 mai. Présentation:
A la veille du 65eme festival international du Film, le nouveau restaurant « PRIVILEGE » va ouvrir ses portes, au numéro 84 du boulevard de la Croisette à Cannes (anciennement le Calliente) :
HAPPY DRINK
Ambiance Lounge et Mix tous les soirs. Dans un décor raffiné et cosy, où le mariage des matières nobles et naturelles est de mise, les clients pourront déguster différents cocktails à base de champagne et de fruits frais ou les classiques comme le Mojito, Sex on the beach ou la Pina Colada composés par un talentueux Barman sur les mixs d’un DJ qui animera chaque soirée jusqu’à 2H30 du matin.
HAPPY FOOD
L’art culinaire avec des accents d’Asie. La clientèle pourra savourer ici une cuisine semi gastronomique concoctée par un chef expérimenté et créatif. Ainsi, vous pourrez découvrir le tajine de poissons parfumés à l’huile d’Argan ou bien encore son Carré d’Agneau en chapelure verte, et sa tarte fine provençale et jus corsé.
HAPPY FEW
La pointe Croisette s’enrichit d’un nouveau lieu hautement festif et distingué qui ravira une clientèle des plus exigeantes. Tous les soirs, une équipe expérimentée et dynamique sera à votre service pour faire de votre soirée un moment d’exception et de saveurs autour d’un verre ou d’un dîner. Pendant la saison, un service voiturier est à disposition.
Ouvert tous les soirs de 18 h 00 à 2 h 30 du matin
A l’occasion du Festival de Cannes, LA GUILDE française des scénaristes met en place trois rendez-vous autour des scénaristes avec le soutien de la Région Ile de France et en partenariat avec la Commission du film d’Ile de France :
1/ L’exposition photo « visages des scénaristes »
23 scénaristes, à l’origine de récents succès du cinéma français, passent de l’ombre à la lumière grâce à une exposition de portraits photos, « Visages de Scénaristes ».
LA GUILDE met ainsi en avant ces visages inconnus, dont l’imaginaire est essentiel dans le processus de création d’un film, et vous donne rendez-vous pour le vernissage de l’exposition « Visage de scénaristes » le samedi 19 mai à 17h, sur la plage du Miramar. (En pièce jointe l’invitation au vernissage)
2/ Le Prix « JACQUES Prévert » du scénario
Seul prix du scénario remis par des scénaristes à leurs pairs, la 5e édition du Prix Prévert sera présidée par Pascal Bonitzer.
Les lauréats 2011 dans la catégorie scénario original et dans la catégorie adaptation seront annoncés le samedi 19 mai à 17h sur la plage du Miramar.
3/ La table ronde : « Pour des scénarios de scénaristes, et des films de réalisateurs ? »
LA GUILDE organise, avec la Région Ile-de-France, une table ronde sur la plage du Miramar, le lundi 21 mai, de 10h à 12h.
Animée par Olivier Gorce, scénariste et vice président cinéma de LA GUILDE, elle rassemblera scénaristes, réalisateurs et producteurs autour de l’avenir de la place du scénariste et du scénario dans la création d’un film. La tradition de co-écriture entre scénariste et réalisateur est elle une fatalité ? Suffit-elle à couvrir tout le spectre, toute l'ambition narrative de la création cinématographique? Une nouvelle génération de scénaristes veut écrire seuls. Ils veulent aller au bout de leur imaginaire, de leur savoir, pour qu'ensuite un réalisateur s'empare de leur oeuvre, se l'approprie, la transcende par la mise en scène.
Partout ailleurs dans la cinématographie mondiale, des réalisateurs mettent en scène des films qu'ils n'ont pas écrits. Sont-ils de moins bons cinéastes pour autant ? Les réalisateurs ont-ils besoin d'écrire leurs films pour se sentir pleinement légitimes? Ont-ils du mal à lire, à accepter, à s'immerger dans un scénario écrit par un autre auteur qu'eux? Ou bien est-ce plus difficile pour les producteurs de financer un développement sans le nom d'un réalisateur?
Alain Resnais fait partie de ces cinéastes dont je ne manque aucun film et dont chaque film est une preuve d'inventivité, de jeunesse d'esprit et de talent incontestable. C'est donc avec beaucoup d'impatience que j'attends ce "Vous n'avez encore rien vu" (en salles le 26 septembre 2012) en compétition officielle, trois ans après la présentation des "Herbes folles" à Cannes. Cette même année, il avait reçu un prix exceptionnel pour l'ensemble de sa carrière et sa contribution à l'histoire du cinéma.
Même si le film est officiellement inspiré de la pièce "Euridyce" de Jean Anouilh, il s'agit en réalité d'une adaptation très libre, qui pourrait davantage s'apparenter à un hommage (aussi au cinéma et au théâtre en général) avec un savant jeu de mises en abyme.
Le film a été tourné dans les studios de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.
« Vous n'avez encore rien » marque la neuvième collaboration entre le cinéaste Alain Resnais et l'actrice Sabine Azéma. André Dussolier et Pierre Arditi, quant à eux, ont respectivement sept et huit films tournés sous la direction du cinéaste.
Synopsis:
Après sa mort, Antoine, homme de théâtre, fait convoquer chez lui tous ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions de sa pièce Eurydice. Il a enregistré, avant de mourir, une déclaration dans laquelle il leur demande de visionner une captation des répétitions de cette pièce : une jeune troupe lui a en effet demandé l'autorisation de la monter et il a besoin de leur avis...
Films présentés à Cannes par Alain Resnais
2009 - LES HERBES FOLLES- En Compétition Réalisation
2009 - LOIN DU VIETNAM- Cannes Classics Réalisation
2002 - JE T'AIME JE T'AIME- Hommage Réalisation
1980 - MON ONCLE D'AMÉRIQUE- En Compétition Réalisation
1974 - STAVISKY- En Compétition Réalisation
1968 - JE T'AIME, JE T'AIME- En Compétition Réalisation
1959 - HIROSHIMA, MON AMOUR- En Compétition Réalisation
1957 - TOUTE LA MÉMOIRE DU MONDE- En Compétition Réalisation, Montage
1947 - PARIS 1900- En Compétition Scénario & Dialogues
Le Palmarès de Alain Resnais à Cannes
2009 - Prix exceptionnel pour l'ensemble de sa carrière et sa contribution à l'histoire du cinéma - LES HERBES FOLLES - Long métrage
1980 - Prix de la Critique Internationale - F.I.P.R.E.S.C.I. - MON ONCLE D'AMÉRIQUE - Long métrage
1980 - Grand Prix Spécial du Jury - MON ONCLE D'AMÉRIQUE - Long métrage