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IN THE MOOD FOR CANNES 2025 - Page 61

  • L'affiche du Festival de Cannes 2012 en hommage à Marilyn Monroe

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    C'est la première information concernant le 65ème Festival de Cannes (dont nous savons seulement pour l'instant que son jury sera présidé par Nanni Moretti) que je vous dévoile avec plaisir: l'affiche qui rend un bel hommage à Marilyn Monroe, disparue il y a 50 ans déjà, une sublime photo en noir et blanc de celle-ci dans l'habitacle d'une limousine, après la photo de Faye Dunaway prise par Jerry Schatzberg en 1970 qui figurait sur l'affiche du festival l'an passé.

    Celle-ci, les yeux baissés, comme une invitation douce et langoureuse au rêve, souffle une bougie. Une affiche à la fois gracieuse et épurée réalisée à partir d'une photo de l'actrice faite par Otto L. Bettmann. Symbole mythique du cinéma, symbole moderne et intemporel, mélange de glamour et de fragilité, et réconciliant cinéphiles et grand public. Marilyn... A la fois sophistiquée et simple. Fragile et complexe. Elegante et à fleur de peau. Le symbole idéal pour le Festival de Cannes qui concilie si bien ces beaux paradoxes. Et puis Marilyn souffle une bougie, une manière de nous rappeler que ce festival, un autre mythe, fêtera ses 65 ans, et qu'il découvre et célèbre le cinéma d'aujourd'hui aussi bien que celui d'hier (à travers Cannes Classics notamment).

    Voilà une belle image et de beaux symboles qui annoncent le meilleur pour cette édition 2012 que je vous ferai suivre comme chaque année sur http://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodforcinema.com et sur mon nouveau site http://inthemoodlemag.com et sur mon compte twitter dédié http://twitter.com/moodforcannes .

    Marilyn Monroe est actuellement à l’honneur dans le biopic « My week with Marilyn » qui sortira en France le 4 Avril.

    Voici le communiqué de presse du festival:

    "Cinquante ans après sa disparition, Marilyn demeure l’une des figures majeures du cinéma mondial, référence éternelle et résolument contemporaine de la grâce, du mystère et de la séduction.
    Chacune de ses apparitions éveille l’imagination. Surprise ici dans un moment d’intimité où la mythologie rejoint la réalité, Marilyn célèbre un anniversaire qui pourrait être celui de Cannes. Elle nous ensorcelle d’un geste qui se fait promesse, d’un souffle en forme de baiser.
    Cette rencontre, entre la parfaite incarnation du glamour et le Festival qui en est le temple, figure un idéal de simplicité et d’élégance.
    L’agence Bronx (Paris) a réalisé l’affiche à partir d’une photo d’Otto L. Bettmann (©Corbis/Bettmann) et signera toute la création graphique du Festival 2012."

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  • Concours- Gagnez vos pass pour le 14ème Festival du Film Asiatique de Deauville, 12 nouveaux pass en jeu!

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    Vous avez été très nombreux à participer mais seulement 10 à trouver les bonnes réponses au précèdent concours qui a permis à l'un d'entre vous de remporter 4 pass pour le Festival du Film Asiatique de Deauville 2012. J'ai le plaisir de mettre 12 nouveaux pass en jeu. Les personnes ayant déjà participé au précèdent concours (bien sûr, à l'exeption du gagnant) peuvent également soumettre leur candidature pour celui-ci. Les questions demeurent les mêmes que pour l'autre concours, à l'exception de la dernière question. Les 12 pass restants sont répartis ainsi:

    1er prix: 4 pass: un pour le jeudi 8, un pour le vendredi 9, un pour le samedi 10, un pour le dimanche 11

    2ème et 3ème prix: un pass pour le samedi 10 et pour le dimanche 11

    4ème et 5ème prix: un pass pour le jeudi 8 et le vendredi 9

    Sept ans déjà. Cela fait sept ans déjà que j’ai eu le plaisir de faire partie de feu le jury de cinéphiles du Festival du Film Asiatique de Deauville. Sept ans que j’y retourne quoiqu’il arrive, chaque année, après avoir assisté en dilettante à quelques-unes des éditions qui ont précèdé cette édition 2005. Cette année ne dérogera pas à la règle. Chaque année, Deauville me fait voguer faire des terres méconnues, voire inconnues, grâce à des films souvent envoûtants, à l’image de celui qui avait reçu le Grand Prix l’an passé, « Eternity » film thaïlandais de Sivaroj Kongsakul, un très beau film d’amour dans lequel tout se déroule en douceur, en gestes esquissés ou maladroits comme deux mains qui se rejoignent presque imperceptiblement à travers une moustiquaire, où la nature impassible et radieuse semble être un troublant pied de nez à la mort , où tout dit la douleur de l’absence dans un présent simple et évanescent, une absence qui tisse sa toile avant de se révéler, poignante. Un film plein de délicatesse qui imprègne peu à peu, ne cherche jamais la facilité ou l’émotion mais finit par conquérir la seconde. Je ne doute pas que cette compétition 2012 me réservera d’aussi belles surprises.

    Années après années, la programmation du festival s’est enrichie en quantité mais surtout en qualité et a su conquérir un public, pas forcément acquis d’avance à cette cinématographie, et faire revenir chaque année un public d’habitués.

    L’édition 2011 (dont vous pouvez retrouver mon compte-rendu en cliquant ici) a été marquée par le drame japonais qui s’est déroulée pendant le festival. La compétition 2011 (de grande qualité) était elle aussi marquée par la noirceur et le pessimisme et il se pourrait qu'il en soit de même cette année si, comme souvent, les films en compétition se font reflets de la réalité, ce qui n'empêchera pas d'autres films de nous évader, d'agréablement nous égarer même peut-être (le cinéma asiatique, souvent, en tout cas en ce qui concerne le cinéma coréen et thaïlandais est synonyme de lenteur et d'implicite et dans une époque où le cinéma est trop souvent outrancièrement didactique, c'est particulièrement appréciable).

    Comme chaque année, pour le Festival du Film Asiatique mais aussi le Festival du Cinéma Américain, j’ai le plaisir de pouvoir vous faire gagner des pass pour cette 14ème édition du Festival qui se déroulera du 7 au 11 mars. 16 pass en tout. 4 nt déjà été remportés.

    Si vous ne remportez pas ces pass, ne vous inquiétez pas, vous pouvez également tenter votre chance sur la page Facebook officielle du Festival du Film Asiatique de Deauville: https://www.facebook.com/pages/Festival-du-Film-Asiatique... .

    Vous pourrez bien entendu suivre le festival en direct sur ce blog, sur mon blog quotidien http://www.inthemoodforcinema.com et sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com .

    Si vous hésitez encore à participer, vous pourrez trouver l'avant-programme du festival en bas de cet article.

    CONCOURS

    Pour être l’heureux gagnant d'un de ces 5 lots pass (attention : 1 lot par famille), répondez aux 10 questions suivantes. Les lauréats seront choisis parmi les bonnes réponses. La dernière question me permettra de départager les gagnants.

    Envoyez vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours Festival Asiatique 2012". Seuls les lauréats seront contactés, par email. Fin de ce concours: le 1er mars 2012.

    1. Comment se nomme le film dont est extraite cette image?

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    2. De l’affiche de quelle édition du festival ai-je découpé cette image ?

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    3. Citez un film de ce cinéaste ?

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    4. De quel film est extraite cette image ?

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    5. Quel prix du Festival du film Asiatique de Deauville a obtenu le film dont a été découpé un morceau d’affiche ci-dessous ?

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    6. Qui a fondé le Festival du Film Asiatique de Deauville ?

    7. Quelle est la particularité de l’année 2012 pour Deauville, particularité à laquelle est lié le Festival du Film Asiatique ?

    8. Quel est le titre de ce film ?

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    9. Du synopsis de quel (magnifique) film s’agit-il ci-dessous ?

    Tae-suk arpente les rues à moto. Il laisse des prospectus sur les poignées de porte des maisons. Quand il revient quelques jours après, il sait ainsi qu'elles sont désertées. Il y pénètre alors et occupe ces lieux inhabités, sans jamais rien y voler. Un jour, il s'installe dans une maison aisée où loge Sun-houa, une femme maltraitée par son mari...

    10. Pourquoi souhaitez-vous assister au Festival du Film Asiatique de Deauville ET parlez-moi de votre film asiatique préféré ? N'ayez pas peur d'être éloquents! Cette réponse fera la différence parmi les personnes ayant bien répondu aux questions précédentes.

    PROGRAMME

    Dix films sont ainsi en lice et la Chine (2 films), les Philippines, la Corée du Sud, l’Iran (2 films), le Japon (2 films), la Thaïlande, le Pakistan sont ainsi représentés. Une compétition qui s’annonce passionnante et éclectique comme chaque année et dont vous pourrez retrouver le compte-rendu complet ici, sur mon blog dédié à Deauville « In the mood for Deauville » et sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com .

    COMPETITION:

    - 11 FLEURS de Wang Xiaoshuai (Chine) Sortie le 9 mai 2012
    - BABY FACTORY (BAHAY BATA) d’Eduardo Roy Jr. (Philippines)
    - BEAUTIFUL MISS JIN de Jang Hee-chul (Corée du Sud)
    - DEATH IS MY PROFESSION de Amir Hossein Saghafi (Iran)
    … – HIMIZU de Sono Sion (Japon)
    - I CARRIED YOU HOME de Tongpong Chantarangkul (Thaïlande)
    - MOURNING de Morteza Farshbaf (Iran)
    - NOOR de Cagla Zenciri & Guillaume Giovanetti (Pakistan et France)
    - SAYA SAMOURAI de Hitoshi Matsumoto (Japon)
    - THE SUN-BEATEN PATH de Sonthar Gyal (Chine)

    REGARD SUR LE TRAVAIL DE PEN-EK RATANARUANG

    – PROJECTION DE :

    VAGUES INVISIBLES (2006)

    PLOY (2007)

    HEADSHOT (2011)

    - HOMMAGE & MASTER CLASS KIYOSHI KUROSAWA

    Projection de:

    CURE (1997)

    LICENSE TO LIVE (1998)

    CHARISMA (1999)

    PULSE (2000)

    RETRIBUTION (2006)

    TOKYO SONATA (2009)

    HORS COMPETITION :

     

    - HEADSHOT de Pen-Ek Ratanaruang (Thaïlande)

    - I WISH-NOS VOEUX SECRETS de Hirokazu Kore-Eda (Japon) Sortie le 11 avril 2012

    - PINK de Jeon Soo-il (Corée du Sud)

     

    JURY DU FESTIVAL:

     

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    C'est avec grand plaisir que je vous annonce le jury de cette édition 2012 du Festival du Film Asiatique de Deauville 2012 aussi joliment éclectique que prestigieux. Vous pourrez bien entendu suivre ce festival ici comme chaque année, sur inthemoodforcinema.com et sur http://inthemoodlemag.com . J'en profite aussi pour vous annoncer que dès cet après-midi un nouveau concours sera mis en jeu avec de nombreux pass à gagner! Suivez également mon compte twitter dédié http://twitter.com/moodfdeauville ou le principal http://twitter.com/moodforcinema pour en savoir plus.

    Ce jury 2012 sera ainsi présidé par le scénariste, réalisateur et comédien ELIA SULEIMAN.

    Il sera entouré du réalisateur et interprète ALEX BEAUPAIN dont je vous parlais cette semaine sur inthemoodfordeauville.com puisqu'il vient de tourner un clip à Deauville.

    Egalement à leurs côtés la comédienne et réalisatrice ISILD LE BESCO mais aussi la comédienne DOMINIQUE BLANC, le réalisateur et scénariste OLIVIER DUCASTEL, le réalisateur et scénariste JEAN-PIERRE LIMOSIN, la comédienne CORINNE MASIERO, l'incroyable interprète du film "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun un film plein de vie et, comme elle, âpre et lumineux qui m'a permis de découvrir un cinéaste qui rappelle les plus grands cinéastes du réalisme social britannique et une comédienne qui porte ce film magnifiquement bouleversant et tristement universel, et qui s’achève sur une note d’espoir d’une beauté aussi simple que ravageuse. Si ce n'est déjà fait, allez voir ce film à ne manquer sous aucun prétexte.

    Egalement dans le jury, TAHAR RAHIM que j'avais eu le plaisir d'interviewer pour "Or noir" de Jean-Jacques Annaud (retrouvez ma critique du film et l'interview de Jean-Jacques Annaud et Tahar Rahim en cliquant ici) et le scénariste GILLES TAURAND, auteur de nombreux grands films, notamment de Téchiné...

    Voilà qui s'annonce pour le mieux et qui promet des débats passionnés et passionnants!

     

     
    Catégories : CONCOURS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Palmarès des Oscars 2012 : le triomphe mérité de "The Artist" de Michel Hazanavicius et de Jean Dujardin

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    Je ne peux pas m'empêcher de songer à cette première projection cannoise de "The Artist" qui m'avait émue, bouleversée, enthousiasmée, aux larmes alors de Jean Dujardin, à l'enthousiasme du Grand Théâtre Lumière, à la sensation alors d'avoir découvert une pépite cinématographique. Entre-temps le film aura récolté des récompenses partout, des Bafta aux Goya, avant ce couronnement historique aux Oscars. An american dream. Cette nuit la cérémonie des Oscars m'a donnée des frissons comme le film il y a quelques mois, une sorte de mise en abyme l'un et l'autre étant un hommage sublime au cinéma. Et quel parcours pour Jean Dujardin qui entre dans l'Histoire en étant le premier acteur français à recevoir l'Oscar du meilleur acteur et qui prouve qu'à force de talent, de ténacité, de passion, tout devient possible. Un beau pied-de-nez aussi à ceux qui clament sans cesse la supériorité du cinéma américain sur le cinéma français alors que le premier vient de s'incliner devant le second. "The Artist" repart donc avec 5 Oscars après ses 6 César: meilleur film, meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleure musique, meilleurs constumes. Dommage pour Bérénice Béjo qui a heureusement obtenu le César (cliquez ici pour lire mon article sur la cérémonie vécue en direct) vendredi dernier. Les César auront donc été les seuls à ne pas reconnaître l'incroyable performance de Jean Dujardin. Sans commentaires. Je me réjouis également du prix du scénario pour "Minuit à Paris" de Woody Allen, un des meilleurs films de cette année 2011, également un hommage au pouvoir de l'imaginaire, finalement à l'image des deux grands vainqueurs de cette 84ème cérémonie: "The Artist" et Hugo Cabret de Scorsese. Je vous invite à retrouver ma critique de "The Artist" en bas de cet article et le palmarès, ci-dessous.

    PALMARES DES OSCARS 2012

    Meilleur film

    The Artist de Michel Hazanavicius

    Meilleure actrice

    Meryl Streep – La Dame de Fer

    Meilleur acteur

    Jean Dujardin - The Artist

    Meilleur réalisateur

    Michel Hazanavicius (The Artist)

    Meilleur second rôle masculin

    Christopher Plummer - Beginners

    Meilleur second rôle féminin

    Octavia Spencer – La Couleur des sentiments

    Meilleur Scénario original

    Minuit à Paris - Woody Allen

    Meilleur Scénario adapté

    The Descendants - Alexander Payne, Nat Faxon, Jim Rash

    Meilleur film en langue étrangère

    Une Séparation d'Asghar Farhadi (Iran)

    Meilleur film d'animation

    Rango de Gore Verbinski

    Meilleure photographie

    Robert Richardson pour Hugo Cabret

    Meilleure direction artistique

    Dante Ferretti et Francesca Lo Schavio pour Hugo Cabret

    Meilleurs costumes

    Mark Bridges pour The Artist

    Meilleur documentaire

    Undefeated de TJ Martin, Dan Lindsay, and Richard Middlemas

    Meilleur court-métrage documentaire

    Saving Face de Daniel Junge et Sharmeen Obaid-Chinoy

    Meilleur court-métrage

    The Shore de Terry George et Oorlagh George

    Meilleur montage

    Angus Kirk et Kirk Baxter pour Millenium

    Meilleur maquillage

    Mark Coulier et J. Roy Helland pour La dame de fer

    Meilleure musique originale

    Ludovic Bource pour The Artist

    Meilleure chanson originale

    Man or Muppet (Les Muppets)

    Meilleur mixage

    Tom Flesichmann et John Midgley pour Hugo Cabret

    Meilleur montage son

    Philip Stockton et Eugene Gearty pour Hugo Cabret

    Meilleurs effets spéciaux

    Rob Legato, Joss Williams Ben Grossmann et Alex Henning pour Hugo Cabret

    Meilleur court-métrage d’animation

    The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore de William Joyce and Brandon Oldenburg

    Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius


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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

     

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi, lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".


    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

     

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).


    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer. Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.


    Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

     

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.


    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le primant, le Festival de Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     

    « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films aussi différents et marquants que « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.


    Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz


    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius


    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia


    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     

    Critique de "Minuit à Paris" de Woody Allen

     

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  • Compte-rendu des César 2012 en attendant le programme du Festival de Cannes 2012

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    Les César. (Au passage, et une fois pour toutes, sans s). Cette cérémonie que je regarde depuis ma plus tendre enfance, quoiqu’il arrive, alors fébrile, attendant avec impatience la fête de ce cinéma français à l’origine de ma passion pour le septième art et qui m’apparaissait comme un moment magique, électrique, dénué de ce cynisme et cet orgueil ravageurs dont j’ignorais alors à quoi point ils peuvent y régner en maîtres. Je ne sais pas qui de ma mémoire ou de ma vision de la réalité me trahissent mais cela me semble avoir bien changé, pourtant même s’il est de bon ton d’être désabusé et de regarder la cérémonie, ou d’y aller, en étant blasé, je n’ai pas boudé mon plaisir d’être invitée pour la quatrième fois là où est censé battre le cœur du cinéma français, même si de battre son cœur semble parfois s’être arrêté au regard des baisses de rythme de la cérémonie et pas seulement en raison de l’absence de Jacques Audiard (et de d’ailleurs beaucoup de réalisateurs, acteurs, auteurs du cinéma français).

     

    19h. Je me dirige vers l’antre de la cérémonie, le théâtre du Châtelet, impatiente, au regard du suspense de cette cérémonie qui reflète l’éclectisme et la qualité de cette année cinématographique 2011 exceptionnelle pour le cinéma français. Les projecteurs illuminent la place du Châtelet et la rendent presque méconnaissable. La foule se presse déjà en nombre pour assister à l’arrivée des invités. Un petit air de fête et de Cannes en plein Paris à trois mois du festival mais alors que Cannes, justement, met à l’honneur les artistes, le paradoxe de cette soirée qui a récompensé un film qui est un hommage au cinéma et aux artistes est de, parfois, un peu les oublier pour privilégier le média qui retransmet la cérémonie. L’accueil est toujours souriant et une fois les manteaux déposés au vestiaire, tandis que le direct de Canal plus avec Laurent Weil se prépare dans le hall, les invités peuvent déambuler comme ils le veulent entre les différents étages pour profiter du cocktail (un à chaque étage), pendant les deux heures qui précèdent la cérémonie. Avoir cet élément en tête permet de considérer différemment la cérémonie et l’attitude improbable de certains remettants…

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    Je croise les discrets Ariane Ascaride et Robert Guédiguian tandis que d’autres manifestent avec beaucoup trop de tapage leur indifférence à la cérémonie pour qu’elle soit sincère. Joeystarr sirote je ne sais quel breuvage armé de ses lunettes de soleil dont il semble ne jamais se départir. Des présentateurs, des journalistes, des sportifs et des « professionnels de la profession » se pressent au premier étage, bondé, dont certains d’entre eux sans doute diront qu’ils se sont mortellement ennuyés et que ces cérémonies se ressemblent toutes tout en ne manquant pas d’y marquer leur présence. Tandis que la foule se presse dans le hall où arrivent les nommés, je vais faire un petit tour sur le toit pour admirer la vue vertigineuse sur la foule en contrebas et sur Paris.

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    20H15 à peine et on sonne déjà la fin de la récréation alors que la cérémonie est à 21H. Les invités prennent place jusqu’à la dernière minute, pour certains bien égayés. La lumière s’éteint. Je constate que, comme l’an passé, mes tweets ne passent pas. C’est tant mieux. Je n’ai finalement pas envie de me joindre à cette bataille de bons mots qui me font penser au « Ridicule » de Patrice Leconte, une bataille dans laquelle l'autre n'est alors qu'un faire-valoir et qu'importe si, pour briller, sauver la face, il faut l'anéantir en le ridiculisant. Comme dans le film, le langage devient l'arme de l'ambition, surtout du paraître car « le bel esprit ouvre des portes » mais « la droiture et le bel esprit sont rarement réunis ».

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    Mais revenons à la cérémonie. Cela commence bien par le montage vraiment réussi qui met Antoine de Caunes en scène dans des films en lice et qui fait débuter la cérémonie sous le signe de la bonne humeur et de la célébration du cinéma. La salle applaudit avec enthousiasme. Guillaume Canet, Président des César 2011 ouvre la cérémonie, semble-t-il un peu tendu et avec une certaine humilité, évoquant notamment cette année record pour le cinéma français (215 millions d’entrées) à l’ère du téléchargement. Puis le petit numéro de danse de Joeystarr et Antoine de Caunes qui rappelle une scène mémorable de « Polisse » (musique « Stand on the word » de Keedz qui vous quitte difficilement) achève de dérider la salle. Cela semble décidément bien parti. Antoine de Caunes annonce une soirée sous le signe du « glumour », du glamour et de l’humour…Espérons.

     

     

    Cela commence également bien côté prix, pour le prix du meilleur espoir féminin, avec un prix ex-aequo pour les deux comédiennes que je souhaitais voir récompensées: Naidra Ayadidans « Polisse » et Clotilde Hesme dans « Angèle et Tony ». Deux prix remis par Tahar Rahim, premier acteur à avoir obtenu à la fois le César du meilleur acteur et du meilleur espoir masculin pour « Un prophète » dde Jacques Audiard (ce n’est désormais plus possible, le règlement ne permettant plus qu’un même acteur soit nommé pour ces deux prix) avec son élégance discrète habituelle.

     

    Puis, c’est également celui qui selon moi méritait le prix du meilleur second rôle qui reçoit le César en question : Michel Blanc dans « L’Exercice de l’Etat » de Pierre Schoeller, visiblement touché qui, modestement, déclare notamment « je n’étais pas sûr que vous m’aimiez dans ces rôles-là » avant de conclure par un enthousiaste et obamaesque « Yes we can ! ». Formidable dans « L’Exercice de l’Etat », il y interprète notamment une des plus belles scènes du film, lorsque celui-ci écoute le discours d’André Malraux sur Jean Moulin, presque avec ferveur, comme le témoignage d’un idéalisme révolu, le sien, et qui sera broyé avec une ferme et impitoyable douceur. Nommé pour la 8ème fois aux César dans diverses catégories, il l’obtenait ainsi pour la première fois. Il avait déjà prouvé à quel point il peut être extraordinaire dans des rôles en retenue ou dramatiques comme dans « Monsieur Hire » de Patrice Leconte. « L’Exercice de l’Etat » a reçu au total trois César dont celui du meilleur scénario original et meilleur son (sur ses onze nominations).

     

    Passons sur la prestation désastreuse de Mathilde Seigner qui a eu le tact de vouloir faire monter sur scène Joeystarr nommé face à Michel Blanc pour son rôle dans « Polisse » tant en spécifiant qu’elle aurait préféré que le premier obtienne le César. La cérémonie des César ne serait plus la cérémonie des César sans ses habituels dérapages (comme Sara Forestier l’an passé qui s’est plutôt bien débrouillée cette année en faisant preuve d’autodérision).

     

     

    La cérémonie suit ensuite son cours, manquant parfois de rythme. Antoine de Caunes fait des plaisanteries plus ou moins inspirées (il y aurait 7 auteurs pour la cérémonie…) comme celle sur l’haleine avec cette pauvre Valérie Bonneton aussi radieuse que talentueuse qui a dû se prêter au jeu, comme l’intervention un peu longue de Julie Ferrier sans oublier l’humour très lourd de Laurent Lafitte avec son « César du meilleur français dans une actrice américaine » sans oublier enfin la présence incongrue et même incompréhensible de Mathieu Kassovitz en remettant alors que celui-ci avait copieusement insulté l’Académie et le cinéma français et qui vient d’ailleurs de récidiver sur cet excellent site que je vous recommande au passage, Newsring, dans un article sidérant de mépris pour la profession. Selon lui notamment « «Polisse» tu fais une affiche normale tu fais pas deux millions d'entrées. », « J'aurais applaudi «Polisse» des deux mains s'il y avait pas de star dans le casting, si on l'avait joué réaliste sans star de la comédie ou du rap. » Je ne comprends pas bien en quoi le fait que des acteurs connus soient à l’affiche de « Polisse » ôte des qualités au film… Selon lui également, « Les films nommés, si tu les regardes avec un oeil de cinéaste, c'est des téléfilms. » La longue liste de grands cinéastes récompensés aux César appréciera…et le jour où vous verrez des téléfilms muets en noir et blanc, faîtes-moi signe! J’ai aussi le souvenir de films peu formatés ou ayant fait peu d’entrées en salles récompensés aux César qui proposent par ailleurs une catégorie « meilleur premier film » et « meilleur court-métrage ». Entre ceux qui reprochent aux César de ne jamais récompenser les comédies et les films populaires et Mathieu Kassovitz qui leur reprochent l’inverse, il semblerait qu’il y ait quelques contradictions et un peu de mauvaise foi, sans doute compréhensible quand on sait l’investissement (bien sûr pas seulement financier) que représente un film et les obstacles qu’il faut franchir pour y parvenir mais je ne comprends pas bien comment on peut se dire que « les César c’est mortuaire » et, d’une certaine façon pas crédible, et en parler autant.

     

    Les prix se sont ensuite enchaînés pour « The Artist » qui repart avec six César : meilleure musique, meilleur actrice, meilleur décor, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photo. Je vous ai déjà longuement dit ici et cela dès la première projection cannoise et à quel point j’aimais ce film, et vous pouvez retrouver ma en cliquant ici critique ici.

     

    Au regard des nombreux bons films de cette année, forcément, certains ne figurent pas au palmarès ou d’autres insuffisamment. Certains regretteront l’absence de « La guerre est déclarée » qui avait pourtant reçu des récompenses dans tous les festivals où il était passé (Cabourg, Paris cinéma …). Pour ma part, je regrette celle de « La Délicatesse » (d’ailleurs dommage que François Damiens n’ait pas été nommé comme meilleur acteur), celle de « J’aime regarder les filles » pour lequel Pierre Niney était nommé pour le meilleur jeune espoir (c’est Grégory Gadebois qui l’a obtenu) mais je ne prends guère de risques en prédisant de nombreuses nominations futures pour le jeune comédien de la Comédie française. « Polisse » n’a reçu que deux César malgré ses 13 nominations qui le plaçaient en tête, deux César mérités, un César du meilleur jeune espoir féminin pour Naidra Ayadi et un César du meilleur montage pour Laure Gardette et Yann Dedet, la première a d’ailleurs fait une belle déclaration d’amitié et d’admiration à Maïwenn, un prix là aussi mérité tant le film tire en partie sa force de son montage ingénieux.

     

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    Malgré les petites baisses de rythme, les plaisanteries de plus ou moins bon goût, c’est heureusement le cinéma qui, comme toujours, en sort vainqueur avec malgré tout, quelques beaux moments entre les deux pas de danse qui auront marqué la cérémonie, ceux de Joeystarr et Antoine de Caunes au début, ceux d’Omar Sy à la fin dont le bonheur éclatant et l’émotion en recevant son prix étaient communicatifs même si j’aurais préféré que ce prix revienne à Jean Dujardin. Je vous ai déjà dit également à quel point il était extraordinaire dans ce rôle. Son personnage est bien sûr un hommage au cinéma d’hier, son personnage étant un mélange réussi de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane, un personnage flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps qui fait passer dans son une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Ironie de l’histoire : c’est Nicole Garcia qui a remis le César du meilleur acteur, elle qui l’avait révélé en acteur dramatique dans le très beau « Un balcon sur la mer ». Récompenser le film qui repose en grande partie sur sa prestation sans le récompenser me semble absurde. Espérons vraiment qu’il recevra l’Oscar ce soir…même s’il est favori, n’oublions pas qu’il se retrouve face à George Clooney et Brad Pitt. Le film de Michel Hazanavicius y est également en lice pour les Oscars du meilleur film, réalisateur, scénario, acteur principal, actrice de second rôle (Bérénice Bejo), musique, montage, photographie, costumes et décors. Bérénice Béjo à elle enfin été récompensée (alors que, ailleurs, c’était toujours Jean Dujardin qui recevait les récompenses et qui, d’ailleurs, avec beaucoup de fair play s’est déclaré très heureux pour elle et non déçu pour lui), bouleversée, sincère et émouvante et apportant la touche de glamour annoncée au début et qui a un peu fait défaut au reste de la cérémonie : "Je vais vous faire une confession, je le voulais ce prix, je le voulais."

     

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    Restent aussi l’émotion de Kate Winslet, l’émotion de la monteuse de Maïwenn mais pour moi restera surtout une image, à jamais indissociable des César, mais aussi de ce qu’ils peuvent représenter : l’inoubliable Nadia de « Rocco et ses frères », (l’affiche de cette édition des César), Annie Girardot, qui avait apporté à ce rôle toute sa candeur, sa lucidité, sa folie, son désespoir à ce personnage à la fois fort et brisé et qu’elle avait rendu inoubliable par l’intensité et la subtilité de son jeu. Annie Girardot, bouleversante de sincérité, de bonheur et de douleur quand elle disait en recevant son César pour « Les Misérables », « Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français mais à moi le cinéma français a manqué follement, éperdument, douloureusement et votre témoignage, votre amour me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte ». Une image que les César nous rediffusent régulièrement, un métier qui, peut-être, cherche à se dédouaner en honorant celle qu’il a si longtemps oubliée, ou qui se rappelle peut-être ainsi avec une cruelle ironie l’ingratitude et la violence dont il fait parfois preuve.

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    La cérémonie achevée, les lauréats posent sur scène pour la photo finale. C’est terminé, déjà. Tout le monde se précipite, pour féliciter les lauréats, ou récupérer ses vêtements au vestiaire pour ne surtout pas manquer l’arrivée au Fouquet’s. Quelques césarisés dont Carmen Maura (meilleure actrice dans un second rôle pour « Les femmes du 6ème étage ») attendent comme tout le monde avec leurs César. Dans l’escalier qui domine le vestiaire, Sylvie Testud paraît soudain triste et fragile, après sa belle assurance sur scène, et réclame son manteau au-dessus de la foule qui attend, en contrebas. Elle me rappelle cette magnifique scène de « The Artist » et le douloureux désarroi, la fade réalité lorsque les flahs s’éloignent. George Valentin (Jean Dujardin) y croise croise Peppy Miller (Bérénice Béjo) dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes. Sans doute beaucoup auront éprouvé cette mélancolie, une fois le masque d’orgueil et de gaieté ôté et la cérémonie terminée.

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     « Rappelez-vous que vous participez à ce que cet amour du cinéma reste intact » avait commencé par dire Guillaume Canet. Finalement, c’est en effet tout ce qui compte : l’amour du cinéma que célèbre si bien le grand vainqueur de cette cérémonie 2011 auquel je souhaite le même succès aux Oscars cette nuit (sachant qu’il vient encore de triompher au Festival du Cinéma indépendant en Californie). Ce cinéma que j’aime follement, éperdument, parfois aussi douloureusement, et c’est finalement cette passion intacte et tumultueuse que je retiendrai de cette cérémonie qui, malgré les quelques temps morts ou superflus au cours desquels son « cœur de battre s’est arrêté », a été à l’honneur.

     

     

    Palmarès complet des César 2012

     

    Meilleure Actrice

    BÉRÉNICE BEJO dans THE ARTIST

    Meilleur Acteur

    OMAR SY dans INTOUCHABLES

    Meilleure Actrice dans un second rôle

    CARMEN MAURA dans LES FEMMES DU 6E ÉTAGE

    Meilleur Acteur dans un second rôle

    MICHEL BLANC dans L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleur Espoir Féminin (Ex Aequo)

    NAIDRA AYADI dans POLISSE

    CLOTILDE HESME dans ANGÈLE ET TONY

    Meilleur Espoir Masculin

    GRÉGORY GADEBOIS dans ANGÈLE ET TONY

    Meilleur Scénario Original

    PIERRE SCHOELLER pour L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleure Adaptation

    YASMINA REZA, ROMAN POLANSKI pour CARNAGE

    Meilleure Musique Originale

    LUDOVIC BOURCE pour THE ARTIST

    Meilleur Son

    OLIVIER HESPEL, JULIE BRENTA, JEAN-PIERRE LAFORCE pour L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleure Photo

    GUILLAUME SCHIFFMAN pour THE ARTIST

    Meilleur Montage

    LAURE GARDETTE, YANN DEDET pour POLISSE

    Meilleurs Costumes

    ANAÏS ROMAND pour L'APOLLONIDE, SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE

    Meilleurs Décors

    LAURENCE BENNETT pour THE ARTIST

    Meilleur Réalisateur

    MICHEL HAZANAVICIUS pour THE ARTIST

    Meilleur Film de Court Métrage

    L'ACCORDEUR réalisé par Olivier Treiner produit par Thibault Gast, Matthias Weber

    Meilleur Film d'Animation

    LE CHAT DU RABBIN réalisé par Joann Sfar, Antoine Delesvaux produit par Antoine Delesvaux

    Meilleur Film Documentaire

    TOUS AU LARZAC réalisé par Christian Rouaud produit par Sandrine Brauer, Marie Masmonteil, Denis Carot

    Meilleur Film Étranger

    UNE SÉPARATION réalisé par Asghar Farhadi distribution France MEMENTO FILMS DISTRIBUTION (Alexandre Mallet-Guy)

    Meilleur Premier Film

    LE COCHON DE GAZA réalisé par Sylvain Estibal produit par Franck Chorot

    Meilleur Film

    THE ARTIST produit par Thomas Langmann réalisé par Michel Hazanavicius

    César d’Honneur

    KATE WINSLET

    Retrouvez ci-dessous, en cliquant sur le nom du film qui vous intéresse, mes critiques des films en lice et pour voir mon article complet sur les nominations, cliquez ici.

    CRITIQUES DES FILMS EN LICE

     

    « Polisse » de Maïwenn (13 nominations)

     

     

     

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    « L’Exercice de l’Etat » de Pierre Schoeller (11 nominations)

     

     

     

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    « The Artist » de Michel Hazanavicius (10 nominations)

     

     

     

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    « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf (1 nomination)

     

     

     

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    « Les Lyonnais » d’Olivier Marchal ( 1 nomination)

     

     

     

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    « La Délicatesse » de Stéphane et David Foenkinos (2 nominations)

     

     

     

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    « Omar m’a tueR » de Roschdy Zem (2 nominations)

     

     

     

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    « Les Femmes du 6ème étage » de Philippe Le Guay (3 nominations)

     

     

     

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    « Pater » de Alain Cavalier (2 nominations)

     

     

     

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    « Melancholia » de Lars von Trier (1 nomination)

     

     

     

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    « Le Discours d’un roi » de Tom Hooper (1 nomination)

     

     

     

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    « Drive » de Nicolas Winding Refn (1 nomination)

     

     

     

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    “Le Gamin au vélo” de Jean-Pierre et Luc Dardenne (1 nomination)

     

     

     

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    « Carnage » de Roman Poalanski (1 nomination)

     

     

     

     

    18:41 Écrit par Sandra Mézière dans CHRONIQUES THEATRALES | Lien permanent |

    Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Nanni Moretti sera le président du jury du Festival de Cannes 2012

    moretti.jpgNous venons de l'apprendre: le cinéaste italien Nanni Moretti présidera le jury du 65ème Festival de Cannes! Un excellent choix tant ce cinéaste est indissociable du Festival de Cannes (où il avait même obtenu la palme d'or) où il a été maintes fois en compétition, où il a récolté la palme d'or pour le bouleversant "La chambre du fils" en 2001, où il figurait encore en compétition avec l'irrésistible "Habemus Papam" l'an passé. Après l'acteur américain Robert De Niro, en toute logique, c'est donc un réalisateur (parfois acteur aussi d'ailleurs) européen qui lui succède.  La diversité du cinéma du cinéaste italien (drame, comédie, film politique...parfois les trois en même temps) promet un palmarès imprévisible, mais aussi une édition sous le signe de la bonne humeur. J'y reviendrai bien entendu avec des critiques du film de ce dernier. Je vous laisse découvrir le communiqué de presse du Festival de Cannes ci-dessous en vous rappelant que vous pourrez suivre le festival en direct sur ce blog ainsi que sur deux autres de mes blogs: http://inthemoodlemag.com  et http://www.inthemoodforcinema.com . Vous pourrez également me suivre en direct du festival sur twitter (http://twitter.com/moodforcannes  et http://twitter.com/moodforcinema  ) et sur Facebook (http://Facebook.com/inthemoodforcinema , http://facebook.com/inthemoodforcannes  ) .

    Communiqué de presse du Festival de Cannes

    Nanni Moretti sera le Président du Jury du 65e Festival de Cannes qui aura lieu du 16 au 27 mai 2012.

    En acceptant l’invitation, l’acteur et réalisateur italien a déclaré : « C’est une joie, un honneur et une grande responsabilité de présider le jury du festival cinématographique le plus prestigieux du monde, festival qui se déroule dans un pays qui a toujours considéré le cinéma avec attention et respect.
    Comme réalisateur, j’ai toujours vécu avec émotion la participation de mes films au Festival de Cannes. Je me souviens aussi avec bonheur de mon expérience en tant que membre du jury durant l’édition du cinquantenaire, l’attention et la passion avec laquelle notre jury a vu et discuté de tous les films.
    Comme spectateur, je conserve heureusement la même curiosité que dans ma jeunesse et c’est donc pour moi un grand privilège d’entreprendre ce voyage dans le cinéma mondial contemporain.
    »

    Nanni Moretti est né en 1953 à Brunico, en Italie. Après plusieurs courts métrages, il signe son premier long, Io Sono un Autarchico (Je suis un autarcique) en 1976 puis est sélectionné en Compétition à Cannes en 1978, avec Ecce Bombo.

    La critique internationale repère vite ce jeune cinéaste à l’humour corrosif, analyste subtil et politique de la société contemporaine. Ses films seront souvent primés dans les festivals à travers le monde : le Prix spécial du jury est attribué à Sogni d’Oro à Venise (1981) et l’Ours d’Argent est décerné à La Messa è finita (La Messe est finie) à Berlin en 1986.
    Réalisateur en perpétuelle évolution, auteur personnel, et artiste accompli, Nanni Moretti continue de surprendre avec Caro Diario (Journal intime), présenté en 1994 en Compétition au Festival de Cannes (il y reçoit le Prix de la Mise en Scène) et avec La Stanza del figlio (La Chambre du Fils), récompensé par la Palme d’Or en 2001 et marqué par un grand succès public. Puis ce sera Il Caimano (Le Caïman- 2006), un film qui stigmatise avec fermeté et conviction les dérives de la vie politique italienne à l'époque de Silvio Berlusconi.

    Acteur emblématique dans la majorité de ses films, Moretti a également joué dans Padre Padrone des frères Taviani (1977), puis chez Luchetti, Mazzacurati ou encore Calopresti. Cinéaste, mais aussi producteur et distributeur, il a fondé en 1986 la maison de production Sacher film, et ouvert à Rome le cinéma Nuovo Sacher en 1991, une salle dédiée à la sortie des œuvres du cinéma mondial. Depuis 1996, il dirige le « Festival Sacher » consacré aux courts métrages.

    Il a présenté six films au Festival de Cannes, dont l'an dernier le très salué Habemus Papam.

    Gilles Jacob a accueilli l’accord du nouveau président par ces mots : « Quand nous avons décidé de mettre Ecce Bombo, un film en super 8 !, en Compétition dès mon arrivée en 1978, c’est que je pressentais que Nanni Moretti allait bientôt devenir NANNI MORETTI. C’est ce qui s’est passé et je me réjouis de cette longue et affectueuse collaboration. »

    Thierry Frémaux de son côté : « C’est avec un Président de jury européen que le festival souhaitait célébrer sa 65e édition. Marqués par sa fougue, sa modernité et son intelligence, les films de Nanni Moretti incarnent ce que le cinéma a donné de meilleur ces trente dernières années. Son œuvre toujours en construction continue à faire vivre la promesse d’un cinéma en prise avec le monde et avec son temps. »

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  • Littérature - « Le Fantôme du capitaine » de Gilles Jacob

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    Le « roman » épistolaire est décidément à la mode, en tout cas sur ce blog (malheureusement ailleurs parfois jugé suranné à l’époque du « règne de la tiédeur et du zapping » comme la qualifie si justement Gilles Jacob) puisque, hasards et coïncidences, après avoir remporté la semaine dernière un concours d’écriture avec une nouvelle épistolaire, et avant de vous parler  des « Liaisons dangereuses » (que je ne me lasse jamais de relire, la perfection du genre) mis en scène par John Malkovich au Théâtre de l’Atelier (que j’ai eu le plaisir d’interviewer avant-hier soir à cette occasion, je vous en reparlerai et vous livrerai ma vidéo tout à l'heure), je me suis plongée avec bonheur dans le dernier livre de Gilles Jacob (récemment réélu à la présidence du Festival de Cannes) « Le Fantôme du Capitaine », justement une correspondance imaginaire, une soixantaine de lettres comme autant de nouvelles que j’ai dévorées comme un roman (qu’il est d’ailleurs aussi, certains destinataires, réels, comme Julienne Binoche à qui il adresse pas moins de cinq lettres qui sont en revanche imaginaires -quoique ...:le degré d'imaginaire et de réel est laissé à l'appréciation du lecteur-, ou des destinataires imaginaires, comme une marchande de chaussures inspirée par Delphine Seyrig, inoubliable Fabienne Tabard dans « Baisers volés », ou encore certains thèmes, servant de fils directeurs, se retrouvant judicieusement ou malicieusement au fil des lettres) .

    Moi qui ai souvent l’impression de venir d’une autre époque, qui ai si souvent rêvé de fréquenter des personnages de romans qui m’ont dès l’enfance accompagnée (ne me dîtes pas que Félix de Vandenesse, Solal, Julien Sorel, Martin Eden, Gatsby n’existent pas, je ne m’en remettrais pas), et qui ai rêvé si souvent en voyant « La rose pourpre du Caire » de voir la réalité et la fiction s’entremêler, se confondre et se rejoindre, j’ai imaginé le plaisir que Gilles Jacob a dû éprouver à écrire ces lettres, même si ce fut sans doute parfois aussi « un supplice »,  « une joie et une souffrance » comme aurait dit Truffaut, la joie seule est en tout cas ici communicative.

    D’ailleurs, il n’est pas étonnant qu’il cite si souvent Woody Allen car, au-delà de cette réflexion commune sur la frontière entre cinéma et réalité  (que l’on retrouvait une nouvelle fois dans le réjouissant « Minuit à Paris », une déclaration d’amour à Paris, au pouvoir de l’illusion, de l’imagination,  à la magie de Paris et du cinéma qui permet de croire à tout, même qu’il est possible au passé et au présent de se rencontrer et s’étreindre, le cinéma,  évasion salutaire  «  dans une époque bruyante et compliquée »), on retrouve la même tendre impertinence, la même ironie jubilatoire, le même humour,  sans doute cette « politesse du désespoir »,   et cette passionnante réflexion sur la vérité, « la vérité, le simulacre du cinéma » : « L’art permet-il tout absolument tout ?» se demande-t-il ainsi. Une question, ainsi que celle de la frontière entre art et vérité, que pose d’ailleurs aussi souvent le cinéma comme récemment encore Aronofsky dans « Black swan ».

     Le fond et la forme se rejoignent ainsi, la forme (des lettres imaginaires avec un fond de vérité) étant une manière malicieuse de répondre (ou, d’ailleurs, de ne pas y répondre) aux questions posées sur ce sujet. Et évidemment, impossible de ne pas songer à ce qui était pour moi le film de l'année 2010, "Copie conforme" d'Abbas Kiarostami (avec une certaine Juliette Binoche qui a d'ailleurs obtenu le prix d'interprétation à Cannes pour ce film). Kiarostami y  responsabilise le spectateur. A lui de construire son propre film. Les personnages regardent souvent face caméra en guise de miroir, comme s'ils se miraient dans les yeux du spectateur pour connaître leur réelle identité. « Copie conforme » est  un film de questionnements plus que de réponses et c'est justement ce qui le rend si ludique, unique, jubilatoire. Le jeu si riche et habité de Juliette Binoche, lumineuse et sensuelle, peut ainsi se prêter à plusieurs interprétations. Un film qui nous déroute, un film de contrastes et contradictions, un film complexe derrière une apparente simplicité. A l'image de l'art évoqué dans le film dont l'interprétation dépend du regard de chacun, le film est l'illustration  pratique de la théorie énoncée par le personnage (de James) sur l'art. De magnifiques et longs plans-séquences, des dialogues brillants, une mise en scène d'une redoutable précision achèvent de faire de ce film en apparence si simple une riche réflexion sur l'art et sur l'amour. William Shimell (chanteur d'opéra dont c'était le premier rôle) et Juliette Binoche excellent et sont aussi pour beaucoup dans cette réussite. Un film sur la réflexivité de l'art  qui donne à réfléchir (un point commun d'ailleurs avec le livre de Gilles Jacob). Un dernier plan délicieusement énigmatique et polysémique qui signe le début ou le renouveau ou la fin d'une histoire plurielle. Voilà que je digresse, mais il m'était impossible de ne pas le faire tant l'intelligence ce film m'avait totalement envoûtée et tant je ne manque jamais une occasion de le faire découvrir.

    Quel bonheur aussi au détour d’une lettre de retrouver des chefs d’œuvre comme « La Règle du jeu », « On connaît la chanson », « César et Rosalie » et de donner envie de découvrir d’autres films comme « Irène » que je n’ai ignominieusement pas encore vu mais que son évocation émouvante m’a donné envie de regarder, ou d’en redécouvrir d’autres comme « Lady Chatterley » de Pascale Ferran à qui il adresse une de ses nombreuses lettres) et quel bonheur de retrouver des scènes de cinéma, de les voir utiliser, détourner, rejoindre une réalité incertaine,  comme de retrouver la Fabienne Tabard de « Baisers volés », ou son double imaginaire, ou comme cette lettre à Mélanie Thierry qui permet d’évoquer ce très beau film de Bertrand Tavernier, « La Princesse de Montpensier » (malheureusement mésestimé à sa sortie) dans lequel elle incarne «  une amoureuse qui aime à la folie » pour qui  « l’amour n’est possible qu’en rêve ».

    Je ne peux m’empêcher de digresser à nouveau pour vous parler de ce film empreint de cette retenue qui seyait à l'époque que certains sans doute auront assimilée à un manque de fièvre mais qui rend au contraire plus bouleversants encore le dénouement et l'émotion qui vous saisit (qui en tout cas m'a saisie) puisque c'est après la mort de … (je ne vous dirai pas qui) que Marie de Mézières comprend la profondeur de l'amour de celui qu'elle a trop souvent ignoré, prêt pour elle à tous les sacrifices, même à la voir libre et amoureuse d'un autre alors que les autres voulaient uniquement la posséder comme une propriété. Avec son coscénariste Jean Cosmos, Bertrand Tavernier a fait de ce roman du XVIIème siècle un film intemporel (comme le thème de la perte des illusions et de l'innocence que symbolise cette princesse de Montpensier), lyrique, romantique et romanesque, tout en décrivant la violence d'une époque, destructrice pour les sentiments plus nobles et passionnés qu'elle muselait, et la théâtralité impitoyable de la cour.  Les chevauchées fantastiques magnifiquement filmées sur la musique envoûtante d'Alain Sarde, la sublime photographie de Bruno de Keyzer, l'élégance des dialogues et de la mise en scène en font un film d'une âpre beauté dont la fièvre contenue explose au dénouement en un paradoxal et tragique silence.

    Mais revenons au livre de Gilles Jacob d’ailleurs parsemé de digressions (savoureuses). Le Fantôme du capitaine, c’est ainsi aussi, au-delà de « Mrs Muir », celui de l’enfance quand sa grand-mère lui racontait des histoires « autant d’invitations au voyage et à l’aventure » et il y a sans aucun doute un plaisir enfantin dans ce livre, celui pour son auteur de se déguiser, de jongler avec les mots et l’imaginaire, d’endosser de multiples personnalités, d’être tout le monde et personne, là, ailleurs, et nulle part, pour mieux (dé ?)voiler la sienne, celui pour le lecteur, ludique, de tenter de déceler la vérité, de s’immiscer dans les coulisses de son imaginaire et du cinéma parfois, évidemment.  Même si, souvent, il se glisse dans une toute autre personnalité que la sienne, Gilles Jacob, avec malice et fantaisie, nous en dit finalement plus sur lui que dans son précédent ouvrage (comme dans cette lettre d’un employé dans l’hôtellerie puis photographe de plateau qui laisse entrevoir son admiration pour Anouk Aimée), cela devenant même jubilatoire pour le lecteur quand il frôle l’absurde ou digresse allègrement et subtilement.

    Le livre fourmille aussi d’anecdotes réjouissantes qui raviront les inconditionnels de Cannes et les passionnés de cinéma (chaque lettre transpirant plus ou moins explicitement de sa passion intacte pour le 7ème art mais pas seulement d’ailleurs, également de sa passion pour la musique dans certaines d’entre elles), comme cette lettre à Mourousi qui vous en dira plus sur la naissance de la montée des marches ou cette autre qui vous apprendra où Woody Allen a puisé la fameuse scène où Mia Farrow est rejointe par le héros du film,  parmi tant d’autres anecdotes instructives.

    Mais derrière l’aspect ludique, la malice et la fantaisie, affleurent une mélancolie, parfois même les regrets (la disparition de son père et un dialogue inachevé), et quelques -toujours pudiques- confidences (finalement malgré -ou grâce à- toutes ces « admirations amoureuses », c’est avant tout une magnifique déclaration d’amour à sa discrète épouse « qui lui a consacré sa vie ») mais aussi le témoignage de sa lucidité», sur la profession, une lucidité jamais hargneuse ou rageuse mais toujours teintée de salutaire dérision ( comme lorsqu’il évoque « Ridicule » de Patrice Leconte, et ce miroir que ne perçoit pas tout de suite le public). Il prouve ainsi qu’il est « homme de sentiments plus que de ressentiments » mais surtout qu’il éprouve beaucoup d’admirations (la liste est longue : Jane Fonda, Rita Hayworth, Youssef Chahine et tant d’autres à qui il rend hommage sans que cela en ait le caractère pompeux et solennel), qu’il possède toujours le regard brillant du « petit garçon timide et peureux » après tant de rencontres (réelles, imaginaires, cinématographiques) si palpitantes, qu'il possède encore cette qualité devenue si rare à l'ère du cynisme, l'enthousiasme, et souvent un regard décalé  qui lui permet d’être gentiment incisif (comme dans cette lettre au Maire de Paris ou dans cette lettre à Catherine Deneuve dans laquelle il nous emmène aux Rencontres de Cortina D’Ampezzo par un récit hilarant d’(auto)dérision) qui, là encore, lorgne du côté de Woody Allen.  C’est aussi une réflexion sur le temps qui passe, la vieillesse (notamment dans « Regrets éternels », lettre à Michel Piccoli, qui lui permet d’évoquer la mort de Don Corleone dans « Le Parrain » qui « en pratiquement un seul plan s’apparente à un chef d’œuvre »  et de dire que « En vérité quand on a compris le dérisoire de l’existence, on ne peut plus être qu’un vieux sale gosse ») pour conclure comme l’aurait sans doute aussi bien dit Woody Allen que « Tout est bien qui finit mal ».

    Plus qu’au cinéma (et aux cinéastes et aux actrices), c’est enfin un hommage à l’écriture, au pouvoir salvateur et jouissif des mots qui vous permettent les rêveries les plus audacieuses, les bonheurs les plus indicibles, et un hommage au pouvoir de l’imaginaire, à la fois sublime et redoutable, ce pouvoir qui fait « passer la vie comme un rêve », mais qui lui fait se demander et se dire aussi : « Est-ce que trop d’imagination nous empêcherait de vivre ? », « Et que pour le rêveur que je suis l’imagination l’emportera toujours sur le réel » , « Seulement à rêver trop ne passe-t-on pas à côté de la -vraie-vie ? » et citant Tchekhov dans « La Mouette » « Il faut peindre la vie non pas telle qu’elle est, ni telle qu’elle doit être, mais telle qu’elle se représente en rêve » et  qui me fait songer à cette citation de Proust « Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre, ce soit encore la rêver» ou une fois encore à celle de Truffaut extraite de "La Nuit Américaine" et que je cite si souvent ici "Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, il n'y a pas de temps morts."

    Voilà. Nous y revenons. La vie passera comme un rêve. Tout le mal que je me et vous souhaite. Je vous laisse. Félix de Vandenesse, Solal, Julien Sorel, Martin Eden  m’attendent… Qui a dit qu’il fallait choisir entre le cinéma, l’imaginaire et la réalité…, et se contenter de la tiédeur de cette dernière car, sans doute, « les liaisons imaginaires donnent l'illusion d'un bonheur immatériel et permettent de traverser la vie sans la prendre à bras-le-corps», mais l’illusion d’un bonheur, c’est certainement déjà une part de bonheur, non? Ou d’autres liaisons dangereuses, peut-être…

    Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte de ce livre, une évasion pleine de fantaisie (mais pas fantaisiste) dans le cinéma et la cinéphilie, la littérature, l'imaginaire, et en filigrane une réflexion sur l'art, qui réjouira tous ceux qui aiment passionnément le cinéma et la littérature, et aiment s'y perdre délicieusement, au point parfois de les confondre ou même les préférer à la réalité, un livre dans lequel Gilles Jacob, vous fait voyager avec élégance, avec savoureuse et malicieuse (auto)dérision, entre mensonge et vérité, imaginaire et réalité qu'il interroge et manipule brillamment (copie conforme ou non, le lecteur y retrouve le plaisir du spectateur dans le film éponyme de Kiarostami suscité par cette question bien heureusement non résolue),  et qui exhale un enivrant parfum de vérité, la plus troublante et réjouissante des illusions, une illusion rassurante pour l'incurable rêveuse que je suis.

     En complément :

    - Si vous voulez soutenir mes velléités littéraires (qui m’ont d’ailleurs permis de remporter un concours suite à une nouvelle épistolaire) et mon hypothétique publication, inscrivez-vous comme "fan" sur ma page « My Major Company Books » et découvrez-y mes nouvelles sur le cinéma (et souvent sur Cannes d'ailleurs)

    -Critique de « Baisers volés » de François Truffaut

    -Critique de « La vie passera comme un rêve » de Gilles Jacob

    -Critique de « Black swan » de Daren Aronofsky

    -Critique de « Ridicule » de Patrice Leconte 

    -Dossier Woody Allen

    -"César et Rosalie" et décryptage du cinéma de Claude Sautet

    Et pour le plaisir, en bonus, puisque dans  "Baisers volés" de Truffaut, il est question de Balzac, et du fameux Félix de Vandenesse évoqué ci-dessus, mais aussi parce que dans cet extrait vous pourrez y découvrir Delphine Seyrig (à qui Gilles Jacob adresse une lettre) alias Fabienne Tabard alias Madame de Mortsauf. Un extrait magique qui reflète tout le talent de Truffaut et de ses interprètes :

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  • Intégrez le jury jeunes du Festival de Cannes 2012

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    En attendant de vous livrer ici les premières informations sur le Festival de Cannes 2012 (que vous pourrez également suivre en direct sur mes autres blogs http://www.inthemoodforcinema.com et http://inthemoodlemag.com ), je relaie  une annonce, avec d'autant plus de plaisir que ce concours est celui qui me permit de venir au Festival de Cannes la première fois, il y a 12 ans, souvenir magique que ceux de mes premiers pas dans ce festival qui a exacerbé ma passion déjà vivace pour le cinéma. En plus de réaliser une formidable immersion dans le plus grand festival de cinéma au monde, je vous garantis une ambiance exceptionnelle en plus de l'expérience particulièrement enrichissante. A l'époque, il s'agissait de rédiger 3 critiques de films, une lettre de motivation et un CV... J'avais même récidivé deux ans plus tard et été sélectionnée (le concours était alors le même qu'aujourd'hui)...avant qu'on m'avertisse une semaine avant le festival qu'il n'était pas possible d'être sélectionnée deux fois, même dans des régions différentes. Vous imaginez ma déception... Ce qui ne m'empêcha pas de venir quand même cette année-là...comme toutes les années suivantes d'ailleurs, y retrouvant même chaque année certains membres du prix de la jeunesse avec lesquels j'étais venue la première fois, restés aussi fidèle que moi à ce festival. Vous l'aurez compris, je vous recommande vivement de tenter votre chance si vous répondez aux critères. Vous trouverez ci-dessous toutes les modalités pour participer. N'hésitez à venir raconter ici votre expérience si vous êtes sélectionné(e)...

    Vous êtes fan du Septième Art ? Vous avez entre 18 et 25 ans ? Intégrez le Jury-Jeunes du prochain Festival de Cannes qui se déroulera du 16 au 27 Mai 2012.

     Si vous rêvez de fouler le plus célèbre tapis rouge de France au bras des plus grandes vedettes du cinéma mondial,

    Si voir une vingtaine de films en une dizaine de jours ne vous fait pas peur,

    Si le costume ou la belle robe vous vont à merveille,

    Si vous avez un avis et aimez débattre sur tous les films que vous voyez,

    Si la si célèbre ascension des 24 marches de la Croisette ne vous effraie pas,

     C'est que vous avez le profil pour devenir Juré-Jeune au prochain Festival de Cannes et y décerner le Prix de la Jeunesse.

     Adressez-vous donc à votre Centre régional d’information jeunesse (CRIJ). Pour postuler, il vous faudra fournir :

    • Un texte de deux pages sous forme libre (critique, poésie, chanson, conte…) racontant votre plus beau souvenir de cinéma
    • Un texte d’une page sur vos motivations à la participation au Prix de la Jeunesse
    • Un curriculum vitae
    • Un courrier dans lequel vous vous engagez à vous libérer sur la totalité du festival (du 15 au 28 mai 2012 inclus)
    • Une photo d’identité

      Faites vite, les inscriptions sont ouvertes. Vous avez jusqu'au 1er mars pour déposer votre dossier de candidature. A vos plumes !

      Plus d'infos sur le site www.jeunes.gouv.fr/prixdelajeunesse2012

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    Catégories : CONCOURS Lien permanent 5 commentaires Pin it! Imprimer
  • Bonne année 2012 "in the mood for Cannes"!

    En attendant de retrouver ici les premières informations sur le Festival de Cannes 2012 dont, je vous rappelle que vous pourrez le suivre en direct ici, comme chaque année, deux petites vidéos d'un de mes films préférés pour vous souhaiter une année 2012 riche de passions et de cinéma, et n'oubliez pas que désormais en plus de mes trois blogs in the mood, vous pouvez suivre l'actualité sur mon nouveau site: http://inthemoodlemag.com .

    Retrouvez également mon bilan de l'année cinéma 2011, ici.

     

     


     

    Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • En attendant l’annonce du nom du président du jury du 65ème Festival de Cannes…

    L’an passé, c’est le 6 janvier que le nom du Président du jury du 64ème Festival de Cannes avait été annoncé. Saurons-nous la semaine prochaine à qui reviendra ce prestigieux rôle de président (ou présidente) du Jury du Festival de Cannes 2012 ? S’agira-t-il à nouveau d’un acteur ? D’un réalisateur ? En attendant, je vous propose de retrouver ci-dessous la liste, impressionnante, de ceux à qui a auparavant été dévolue cette passionnante mission.  Je vous annoncerai évidemment ici le nom du président ou de la présidente 2012 du jury de ce 65ème Festival de Cannes. Vous pouvez laisser libre cours à vos pronostics dans les commentaires…Alors, qui, d'après vous succèdera à Robert De Niro?

    1946 Georges Huisman Historien 

    1947 Georges Huisman Historien 

    1949 Georges Huisman Historien 

    1951 André Maurois Écrivain 

    1952 Maurice Genevoix Écrivain 

    1953 Jean Cocteau Écrivain, réalisateur

    1954 Jean Cocteau Écrivain, réalisateur 

    1955 Marcel Pagnol Écrivain, réalisateur

    1956 Maurice Lehmann Réalisateur, producteur 

    1957 André Maurois Écrivain 

    1958 Marcel Achard Écrivain 

    1959 Marcel Achard Écrivain 

    1960 Georges Simenon Écrivain 

    1961 Jean Giono Écrivain 

    1962 Tetsuro Furukaki Poète, ambassadeur 

    1963 Armand Salacrou Écrivain 

    1964 Fritz Lang Réalisateur 

    1965 Olivia de Havilland Comédienne 

    1966 Sophia Loren Comédienne 

    1967 Alessandro Blasetti Réalisateur 

    1968 André Chamson Écrivain 

    1969 Luchino Visconti Réalisateur 

    1970 Miguel Ángel Asturias Écrivain, diplomate 

    1971 Michèle Morgan Comédienne 

    1972 Joseph Losey Réalisateur 

    1973 Ingrid Bergman Comédienne 

    1974 René Clair Écrivain, réalisateur 

    1975 Jeanne Moreau Comédienne, chanteuse 

    1976 Tennessee Williams Écrivain 

    1977 Roberto Rossellini Réalisateur 

    1978 Alan J. Pakula Producteur, réalisateur 

    1979 Françoise Sagan Écrivain, scénariste 

    1980 Kirk Douglas Comédien 

    1981 Jacques Deray Réalisateur 

    1982 Giorgio Strehler Metteur en scène 

    1983 William Styron Écrivain 

    1984 Dirk Bogarde Comédien 

    1985 Miloš Forman Réalisateur 

    1986 Sydney Pollack Réalisateur, comédien 

    1987 Yves Montand Comédien, chanteur 

    1988 Ettore Scola Réalisateur, scénariste 

    1989 Wim Wenders Réalisateur 

    1990 Bernardo Bertolucci Réalisateur 

    1991 Roman Polanski Réalisateur 

    1992 Gérard Depardieu Comédien, producteur 

    1993 Louis Malle Réalisateur 

    1994 Clint Eastwood Comédien, réalisateur 

    1995 Jeanne Moreau Comédienne, chanteuse 

    1996 Francis Ford Coppola Réalisateur 

    1997 Isabelle Adjani Comédienne 

    1998 Martin Scorsese Réalisateur, producteur 

    1999 David Cronenberg Réalisateur 

    2000 Luc Besson Réalisateur, producteur 

    2001 Liv Ullmann Réalisateur, comédienne 

    2002 David Lynch Réalisateur 

    2003 Patrice Chéreau Réalisateur, metteur en scène 

    2004 Quentin Tarantino Réalisateur 

    2005 Emir Kusturica Réalisateur, musicien 

    2006 Wong Kar-wai Réalisateur, producteur 

    2007 Stephen Frears Réalisateur 

    2008 Sean Penn Réalisateur, comédien 

    2009 Isabelle Huppert Comédienne 

    2010 Tim Burton Réalisateur

    2011 Robert de Niro Comédien

    2012 ?

    Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS Lien permanent 7 commentaires Pin it! Imprimer
  • Bilan de l'année cinématographique et festivalière 2011

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    Chaque année, c’est le même rituel : lorsque s’égrènent ses derniers jours et que la chaleur de Noël nous fait sortir de la torpeur glaçante  de l’hiver, encore enivrée par ce tourbillon d’images, d’émotions, d’illusions (parfois perdues ou seulement égarées), il faut se pencher sur les 12 mois écoulés sans avoir tout à fait le recul nécessaire. Je le fais d’ailleurs avec plaisir, avec déjà un peu de nostalgie aussi, car le rythme trépidant de mes joyeuses (souvent) et invraisemblables (parfois, même) pérégrinations cinématographiques ne me laisse pas toujours le temps de savourer les instants auxquels elles donnent lieu, les rencontres qui les jalonnent, et que je continue à apprécier avec autant d’enthousiasme, et je l’espère, en réussissant à vous les faire partager. Cette année, l’actualité internationale a ressemblé aux plus invraisemblables, et parfois tragiques, des blockbusters. La mienne souvent à un film fantastique, étrange, ludique, incohérent, décevant, surprenant, passionnant, déroutant, inquiétant. Retour sur mon année cinématographique et festivalière avec ses meilleurs moments et les plus belles découvertes cinématographiques de cette année.

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     Cette année 2011 n’a pas été avare de beaux moments, de rencontres, de festivals d’abord avec  à mon programme de l’année écoulée:  le Festival du Film Asiatique de Deauville, le Festival de Cannes, le Festival de Cabourg, le Festival Paris Cinéma, le Festival du Cinéma Américain de Deauville , le Festival des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean de Luz, le Festival Lumière de Lyon, le Festival de la photo de Deauville "Planche(s) contact"  sans oublier les cérémonies comme les César, les prix Lumières et les Etoiles d’or mais aussi de beaux moments cinématographiques avec de réels chocs au premier rang desquels « Melancholia »,   « The Artist », « Black swan » d’ailleurs pour les deux premiers liés à des souvenirs de festivals dont ils sont désormais indissociables. Une année plus que jamais « in the mood for cinema » , en tout cas et au cours de laquelle In the mood for cinema a été plusieurs fois à l’honneur dans les médias (cf rubrique « Dans les médias » de mon nouveau blog: http://inthemoodlemag.com/presse/   ) pas toujours à bon escient d'ailleurs mais cela demeure toujours des expériences instructives.

     

    MON TOP 11 DES FILMS DE L'ANNEE 2011 (dans l'ordre de préfèrence avec les liens vers mes critiques): (N'hésitez pas à laisser votre propre top dans les commentaires)

    1.« Melancholia » de Lars von Trier

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/08/11/crit...

    2. « The Artist » de Michel Hazanavicius

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/08/28/avan...

    3.« Black Swan » de Daren Aronofsky

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2010/12/12/avan...

    4.« Midnight in Paris » de Woody Allen

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/05/12/cere...

    5.“La Piel que habito” de Pedro Almodovar

    6.“This must be the place” de Paolo Sorrentino

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/09/22/crit...

    7.“True Grit” d’Ethan et Joel Coen

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/03/02/crit...

    8. “Les Marches du pouvoir » de George Clooney

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/10/31/crit...

    9.« Polisse » de Maïwenn

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/07/01/ouve...

    10. « La Délicatesse » de David et Stéphane Foenkinos

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/10/28/crit...

    11.  « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf

    http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/07/18/crit...

    RAISONS DU TOP 11 EN DETAILS ET BILAN DE L'ANNEE:

    Dans mon top 11 (oui, oui, 11) que vous retrouverez ci-dessus, je n’ai pas forcément choisi des films parfaits, des films par ailleurs de styles très différents, mais qui ont en commun des scénarii remarquables, une vision de l'existence poétique, parfois littéraire, et une mélancolie et une délicatesse, pour s’inspirer des titres de deux des films de cette liste. Des films avec un brin de folie aussi, mettant souvent en scène la fragilité des artistes et la beauté exaltante de l’art. Mélancolique. Délicat. Littéraire. Poétique. Exaltant. Doucement fou. Voilà une définition du cinéma  qui me plait plutôt et à laquelle répondent la plupart des films de cette liste qui ont aussi des thématiques en commun, pour au moins cinq d’entre eux comme vous le lirez ci-dessous.

    Dans ce top 11 se  côtoient ainsi des premiers "petits" films comme « J’aime regarder les filles » et « La Délicatesse » et des films de réalisateurs confirmés comme « Melancholia », « La Piel que habito », « Midnight in Paris »…

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    J’ai choisi 11 films. Les 11 qui m’ont marquée. Les 11 que je recommanderai. Les 11 que je reverrai avec plaisir. Les 11 qui témoignent d’une vision de l’existence et du regard d’un cinéaste sur l’existence et le cinéma. Les 11 qui m’ont enthousiasmée, parfois même exaltée. Parmi ces films, de nombreux films présentés dans le cadre du dernier Festival Cannes et qui témoignent ainsi d’une édition d’une qualité exceptionnelle. A cette liste, j’aurais pu ajouter « Voyage dans la lune », l’œuvre  de Méliès de 1902 présentée sur une musique de Air, une version restaurée dont Serge Bromberg a été l’artisan. Moment magique concentrant toute la beauté, la richesse, la modernité, la puissance du cinéma qui a ouvert cette édition 2011 du Festival de Cannes, un cinéma que célèbrent plusieurs des films de mon top 2011, notamment et souvent par de subtiles mises en abyme. Finalement peut-être le cinéma n'est-il jamais meilleur que lorsqu'il est intelligemment narcissique, ou plutôt lorsqu'il se souvent que l'art est souvent synonyme de réflexivité.

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    En tête de ce classement, j’ai placé « Melancholia » des Lars von Trier, forcément « Mélancholia », pour moi un vrai choc cinématographique, un film d’une beauté sombre et déroutante, LE chef d'oeuvre de cette année 2011.  Un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni l’amertume, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Kirsten Dunst (Justine dans le film). « Melancholia » est un film bienheureusement inclassable, qui mêle les genres habituellement dissociés (anticipation, science-fiction, suspense, métaphysique, film intimiste…et parfois comédie certes cruelle) et les styles. Un film de contrastes et d’oppositions (comme le n°3 de mon classement avec lequel il présente pas mal de points communs). Entre rêve et cauchemar. Blancheur et noirceur. La brune et la blonde. L’union et l’éclatement. La terreur et le soulagement. La proximité (de la planète) et l’éloignement (des êtres). Un film à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant. L’histoire d’une héroïne  incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ». Un film dans lequel rien n’est laissé au hasard, dans lequel tout semble concourir vers cette fin…et quelle fin ! Lars von Trier parvient ainsi à instaurer un véritable suspense terriblement effrayant et réjouissant qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Une fin sidérante de beauté et de douleur. A couper le souffle. D’ailleurs, je crois être restée de longues minutes sur mon siège dans cette salle du Grand Théâtre Lumière, vertigineuse à l’image de ce dénouement, à la fois incapable et impatiente de transcrire la multitude d’émotions procurées par ce film si intense et sombrement flamboyant. Un très grand film qui bouscule, bouleverse, éblouit, sublimement cauchemaresque et d’une rare finesse psychologique qui, 7  mois après l’avoir vu, me laisse le souvenir lancinant et puissant  d’un film qui mêle savamment les émotions d’un poème cruel et désenchanté, d’un opéra et d’un tableau mélancoliques et crépusculaires.

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    En troisième position, et je passe délibérément du premier au troisième : « Black swan » de Daren Aronofsky qui  présente pas mal de points communs avec le film figurant en première place de mon classement. Ce n’est pas non plus forcément un film d’emblée aimable (ce qui, pour moi, est une grande qualité quand les synopsis des films ressemblent trop souvent à des arguments marketing) : il se confond ainsi avec son sujet, exerçant tout d’abord sur le spectateur un mélange de répulsion et de fascination, entrelaçant le noir et le blanc, la lumière (de la scène ou de la beauté du spectacle, celle du jour étant quasiment absente) et l’obscurité, le vice et l’innocence mais le talent de cinéaste d’Aronofsky et de son interprète principale, sont tels que vous êtes peu à peu happés, le souffle suspendu comme devant un pas de danse époustouflant. « Black swan » à l’image de l’histoire qu’il conte (le verbe conter n’est d’ailleurs pas ici innocent puisqu’il s’agit ici d’un conte, certes funèbre) est un film gigogne, double et même multiple. Jeu de miroirs entre le ballet que le personnage de Vincent Cassel (Thomas) met en scène et le ballet cinématographique d’Aronofsky. Entre le rôle de Nina (Natalie Portman) dans le lac des cygnes et son existence personnelle. Les personnages sont ainsi à la fois doubles et duals : Nina que sa quête de perfection aliène mais aussi sa mère qui la pousse et la jalouse tout à la fois ou encore Thomas pour qui, tel un Machiavel de l’art, la fin justifie les moyens. Aronofsky ne nous « conte » donc pas une seule histoire mais plusieurs histoires dont le but est une quête d’un idéal de beauté et de perfection. La quête de perfection obsessionnelle pour laquelle Nina se donne corps et âme et se consume jusqu’à l’apothéose qui, là encore, se confond avec le film qui s’achève sur un final déchirant de beauté violente et vertigineuse, saisissant d’émotion…dont le vertige rappelle d'ailleurs celui également suscité par le dénouement de « Melancholia ». Par une sorte de mise en abyme, le combat de Nina est aussi celui du cinéaste qui nous embarque dans cette danse obscure et majestueuse, dans son art (cinématographique) qui dévore et illumine (certes de sa noirceur) l’écran comme la danse et son rôle dévorent Nina. L’art, du cinéma ou du ballet, qui nécessite l'un et l'autre des sacrifices. Le fond et la forme s’enlacent alors pour donner cette fin enivrante d’une force poignante à l’image du combat que se livrent la maîtrise et l’abandon, l’innocence et le vice. Quel talent fallait-il pour se montrer à la hauteur de la musique de Tchaïkovski, pour nous faire oublier que nous sommes au cinéma, dans une sorte de confusion fascinante entre les deux spectacles, entre le ballet cinématographique et celui dans lequel joue Nina. Une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur redoutablement grisant et fascinant, sensuel et oppressant dont la beauté hypnotique nous fait perdre (à nous aussi) un instant le contact avec la réalité pour atteindre la grâce et le vertige. Plus qu’un film, une expérience à voir et à vivre impérativement (et qui en cela m’a fait penser à un film certes a priori très différent mais similaire dans ses effets : « L’Enfer » d’Henri-Georges Clouzot) et à côté duquel le « Somewhere » de Sofia Coppola qui lui a ravi le lion d’or à Venise apparaît pourtant bien fade et consensuel...

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    En deuxième position « The Artist » de Michel Hazanavicius,…encore un film qui met l’art au centre de son sujet et qui explore la fragilité, la « mélancolie » des êtres, des artistes. Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel. Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane »). Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation cannois (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »). Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt. Je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, et les six récentes nominations aux Golden Globes confirment ce sentiment).  Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures, les poignantes contradictions et la noble fragilité. Ce film est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Rarement un film aura aussi bien su concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante du cinéma. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

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    Sans doute serez-vous surpris de retrouver dans cette liste le « Minuit à Paris » de Woody Allen, certainement pas son meilleur film mais un film dans lequel il est plus inventif et juvénile que jamais, joue et se joue des fantasmes d’une ville qu’il revendique ici d’idéaliser, ce Paris qui, à l’image du titre du roman d’Hemingway «est une fête », ce Paris où un écrivain ne peut écrire qu’au Café de Flore, ce Paris où passé et présent, rêve et réalité, littérature et peinture vous étourdissent. Une déclaration d’amour à Paris, au pouvoir de l’illusion, de l’imagination,  à la magie de Paris et du cinéma qui permet de croire à tout, même qu’il est possible au passé et au présent de se rencontrer et s’étreindre, le cinéma  évasion salutaire  «  dans une époque bruyante et compliquée ». Un petit joyau d’intelligence au scénario certes moins abouti que dans d’autres films du cinéaste, mais que la vitalité de l’écriture, sa malice et son regard enamouré (sur Paris  avant tout ),  et la beauté des images nous font oublier et pardonner. Woody Allen réenchante Paris, ville Lumière et ville magique où tout est possible surtout donner corps à ses rêves. Un film ludique au charme ensorcelant, d’une nostalgie joyeuse.

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    Très différent…quoique… à nouveau explorant la fragilité des artistes…« This must be the place” de Paolo Sorrentino, un autre de mes coups de coeur cannois figure également en bonne place dans cette liste, l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme (et fume sa première cigarette).  Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la  virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui  nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et à « Into the wild » de Sean Penn, aussi.  Un personnage et un film qui  vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des Talkings Heads.  « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît »  nous dit-on dans le film.  Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.

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    Dans cette liste également un film politique, le régal impitoyable « Les Marches du pouvoir » de George Clooney. Un thriller aussi élégant que le sont en apparence ses protagonistes et qui en révèle d’autant mieux la face obscure grâce à un rythme particulièrement soutenu, un distribution brillamment dirigée, des dialogues vifs, et surtout une mise en scène métaphorique entre ombre et lumière particulièrement symptomatique du véritable enjeu (être, devenir ou rester dans la lumière) et de la part d’ombre qu’elle dissimule (souvent habilement) et implique.

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    Egalement dans ce palmarès, un magnifique hommage au  western avec « True grit » d'Ethan et Joel Coen (reprenant même la musique du chef d’œuvre « La nuit du chasseur » de Charles Laughton) dont il respecte et détourne les codes non sans uns certaine ironie, à ses personnages aux gueules patibulaires mais au cœur d’or, à ses grandes étendues éblouissantes, à ses chevauchées fantastiques dans des plaines majestueuses au soleil levant ou couchant « dans la vallée de l’ombre et de la mort », à la mythologie américaine donc, à ses légendes. Avec « True Grit », les Coen rendent hommage au western en le renouvelant et transformant en  un conte désenchanté aux paysages enchanteurs, une sorte d’Alice au pays des merveilles dans un Ouest Américain aussi hostile que magnifiquement filmée, les mésaventures d’un trio improbable entre courage et désillusions.

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    Et puis, dans cette liste, également des premiers films comme « La Délicatesse » de David et Stéphane Foenkinos et « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf mon coup de cœur du Festival de Cabourg, celui qui évoquait le mieux les tourments de l’âme et du cœur (définition du romantisme, thématique de ce festival), et qui fait preuve  de sensibilité (agréablement) exacerbée.  Frédéric Louf, le réalisateur, aidé par une pléiade de jeunes acteurs remarquables,  arrive en effet à y transcrire la fébrilité et la fougue de la jeunesse, cet âge où tout est possible, à la fois infiniment grave et profondément léger, où tout peut basculer d’un instant à l’autre dans un bonheur ou un malheur pareillement excessifs, où les sentiments peuvent éclore, évoluer ou mourir d’un instant à l’autre, où tout est brûlant et incandescent. De son film et de ses interprètes se dégagent toute la candeur, la fraîcheur mais aussi parfois la violence et l’intransigeance de cet âge décisif. La littérature y cristallise magnifiquement les sentiments  Un film simple, touchant, drôle qui a la grâce des 18 ans de ses personnages, à la fois fragiles et résolus, audacieux, d’une émouvante maladresse, insouciants et tourmentés et qui incarnent à merveille les héros romantiques intemporels. Un film au romantisme assumé, imprégné de littérature, avec un arrière-plan politique, avec un air truffaldien, voilà qui avait tout pour me plaire, sans oublier ce petit plus indicible, le charme peut-être, la sincérité sans doute, et le talent évidemment, ingrédients d’un coup de foudre cinématographique comme celui-ci.

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    « La Délicatesse », dernier coup de cœur en date de cette année 2011, est un film à l’image de son personnage principal : d’apparence simple, discret, grave et triste, il se révèle gai, d’une lucidité joyeuse, tendre, et il vous charme d’une manière totalement inexplicable. Le charme des rencontres impromptues, improbables, inattendues. Les plus belles. Un délicieux film d’une gravité légère à déguster sans modération, l’histoire d’une renaissance lumineuse qui fera du bien tous ceux qui ont été touchés par le deuil, à tous ceux qui ne croient plus à la beauté foudroyante des hasards et coïncidences et des rencontres singulières, qui ne croit plus que le bonheur réside là où on ne l’attend pas. Voilà ce film m’a totalement charmée, aussi rare (et précieux) que la délicatesse qu’il met en scène, avec le même charme progressif et non moins ravageur.

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    Dans cette liste évidemment « La Piel que habito » de Pedro Almodovar, un film troublant, éprouvant et lumineux,  sombre et fascinant, remarquable de maîtrise dans le scénario comme dans la mise en scène qui tisse impitoyablement sa toile arachnéenne pour révéler une vengeance implacable et cruelle, prétexte sublime et terrible à l’évocation des thèmes chers au cinéaste.

    J'aurais aussi pu vous parler de jolies découvertes comme "Poupoupidou" mais il fallait bien que cette liste se limite à un certain nombre.

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    J’ai bien conscience que « La guerre est déclarée », « Intouchables » et « Drive »  figureront sans doute dans tous les classements et que ne pas les citer pourrait laisser penser que je suis passée à côté de trois découvertes essentielles de cette année.

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    Si le premier m’a bouleversée, si j’ai apprécié cet hymne à la vie, au courage, à la fugacité du bonheur, ce film plein de douce fantaisie, avec une inspiration toujours très truffaldienne, et jamais mièvre,  je n’en garde pas une empreinte forte et inaltérable et je persiste à croire que ce bouleversement est lié davantage au sujet qu’au traitement, lui ayant préféré le premier film de Valérie Donzelli « La reine des pommes ».

     Si le second m’a énormément fait rire, certes, cela reste néanmoins pour moi une suite de sketchs, un conte, utilisant à outrance la caricature et les oppositions (le riche avec le pauvre, l’handicapé et le valide, l’homme cultivé et celui qui n’y connaît –vraiment- rien à l’art), et son succès s’explique sans doute davantage par l’espoir qu’il porte dans une période morose que par ses qualités cinématographiques exceptionnelles.

    Le troisième m’a hypnotisée par sa réalisation. J’ai apprécié la mise en scène époustouflante, flamboyante et crépusculaire, qui nous fait ressentir les sensations trépidantes, périlleuses et étourdissantes de ce chauffeur hors pair et  mutique, au sourire retenu, dans une ville de Los Angeles tentaculaire, éblouissante et menaçante, qui nous fait éprouver ses sensations de vitesse et de mélancolie vertigineuses -sombre et belle alliance-, avec dans la première partie des scènes d’une beauté saisissante  sans parler évidemment d’une bo remarquable qui contribue fortement au vertige sensoriel de la première partie. Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité (pour « La Piel que habito »), ne serait-ce que  parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force…La violence absurde et les excès du personnage principal  dans « Drive », il est vrai magistralement interprété, (qui promettait là aussi d'être d'une complexité passionnante), sans parler des réactions invraisemblablement velléitaires du personnage féminin, le manichéisme des méchants du film, l’ont emporté ainsi sur une première partie prometteuse comme rarement avec des images et une musique qui, encore maintenant, me restent en tête. Un magnifique clip, à défaut du grand film que la première partie annonçait pourtant. Surtout, un beau gâchis. (Critique complète, ici : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/09/25/crit... )

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     Encore une fois cette année, la frontière entre le cinéma et la réalité a été très faible, à m’y perdre parfois, à prendre mes rêves pour la réalité, à lui préférer le cinéma souvent. Je garderai sans aucun doute comme souvenirs marquants de cette année cinématographique ma rencontre avec Catherine Deneuve dont je vous ai fait un long récit, ici (http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/03/17/avan... ), l’interview de Tahar Rahim et Jean-Jacques Annaud (http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/11/23/crit... ) et des moments intenses de festivals comme l’ouverture du Festival de Cannes ou la projection de « Melancholia » ou « The Artist » mais aussi le Festival Lumière de Lyon où j’étais invitée pour débattre d'internet  (http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/10/09/fest...  , l’occasion de découvrir un festival formidable qui met vraiment la cinéphilie à l'honneur, ou encore le Festival de Saint-Jean de Luz, les César vécus en direct à nouveau (http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/02/26/palm... ) et des airs de musique qui me trottent encore dans la tête comme le "New York" de Jamie Cullum en ouverture du Festival de Cannes.

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    Une partie du jury du 64ème Festival de Cannes, cérémonie d'ouverture du festival

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    Jamie Cullum, ouverture du 64ème Festival de Cannes

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    L'émouvant hommage du 64ème Festival de Cannes à Jean-Paul Belmondo

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    La leçon de cinéma de Francis Ford Coppola au Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Pour l’année à venir, je vous promets de faire mieux, c’est-à-dire initier des projets, des rencontres, des interviews, surtout continuer à me laisser guider par la passion. Vous trouverez aussi sur mes 5 blogs mais essentiellement sur le nouveau davantage de musique, de théâtre, de littérature mais bien évidemment toujours essentiellement du cinéma. Je mettrai plus que jamais l’écriture au centre en essayant de faire de chaque compte-rendu de festival un véritable récit mais aussi en publiant des nouvelles  dans la  rubrique dédiée de mon nouveau blog « In the mood – Le Magazine» ( http://inthemoodlemag.com ) sur lequel et les motivations duquel vous pourrez tout savoir dans sa rubrique "A propos" ( http://inthemoodlemag.com/about/ ) tout en continuant à vous emmener dans les festivals incontournables (Cannes pour la 12ème année consécutive, Paris Cinéma, Deauville et son Festival du Cinéma Américain pour la 19ème année consécutive, son Festival du Film Asiatique, les César pour la 3ème année consécutive) mais aussi tout en en découvrant de nouveaux (Saint-Jean de Luz pour la deuxième année consécutive, peut-être les Arcs où j’étais invitée cette année mais n’ai pas pu me rendre, sans doute le nouveau Paris Film Festival pour lequel il se pourrait que je vous réserve quelques surprises, peut-être Cabourg, Dinard, Lyon et sans aucun doute des festivals qui ne sont pas encore prévus au programme).

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    Côté projections, je vous promets déjà de  vous faire partager de belles découvertes pour l’année à venir comme « Louise Wimmer » de Cyril Mennegun ou « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti, deux films découverts dans le cadre du  Festival de Saint-Jean de Luz et de nombreux films que j’attends avec impatience et dont vous pourrez retrouver ici les critiques en avant-première comme « J.Edgar » de Clint Eastwood. J’espère, cette année 2012, vous surprendre, vous réserver de belles surprises, aller et vous emmener là où on ne m’attend pas, oser davantage, et oser rêver et vous faire partager cela sur mon nouveau site.

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    Vous pourrez aussi me suivre sur My Major Company Books, site sur lequel vous pouvez vous inscrire comme « producteur » et ensuite comme fan de ma page (  http://www.mymajorcompanybooks.com/#!/meziere ) si vous souhaitez soutenir mon projet d'écriture très « cinématographique » que vous pourrez découvrir sur la page en question.

     Je vous souhaite une année 2012 palpitante, riche d’émotions, et …surtout, surtout, de ne jamais cesser de rêver malgré les vicissitudes de l’existence, de ne surtout jamais céder  à la facilité du cynisme, quitte à faire passer cette « délicatesse » pour une naïveté. Quoiqu’il arrive, reste le cinéma. La passion, avant tout. La devise de mon nouveau site. Aussi ingrate soit-elle parfois…mais finalement toujours victorieuse et exaltante…et c’est tout ce qui compte, et me porte.

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     Pour me lire :

    Avant tout, mon nouveau site principal : http://inthemoodlemag.com  au sujet duquel vos avis et suggestions demeurent les bienvenus et qui continuera à s’enrichir prochainement de nouvelles rubriques. Pour en savoir plus sur les objectifs de ce site, rendez-vous dans sa rubrique « A propos » (http://inthemoodlemag.com/about/ ) .

    Et toujours les autres : In the mood for cinema (http://www.inthemoodforcinema.com , pour tout savoir de l’actualité cinématographique ), In the mood for Cannes (http://www.inthemoodforcannes.com , pour tout savoir de l’actualité du Festival de Cannes), In the mood for Deauville (http://www.inthemoodfordeauville.com , pour tout savoir sur Deauville, son Festival du Cinéma Américain et du Film Asiatique) et In the mood for luxe (http://www.inthemoodforluxe.com our tout savoir de l’actualité du luxe, essentiellement dans le domaine touristique et de la mode)

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    Photo - Cannes 2011

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    Photo- Deauville octobre 2011

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