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IN THE MOOD FOR CANNES 2024 - Page 77

  • Woody Allen en ouverture du Festival de Cannes 2011 avec "Minuit à Paris" : dossier spécial

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    Photographer - Roger Arpajou © 2011 Mediapro, Versátil, & Gravier Productions

    Je vous l'annonçais hier: c'est Woody Allen qui fera le 11 mai l'ouverture(cliquez ici pour lire mon article) du 64ème Festival de Cannes avec "Midnight in Paris " (Minuit à Paris), l'occasion pour moi de lui consacrer un dossier avec critiques de films et flashback sur ses précèdentes participations au Festival de Cannes.

    Films déjà présentés à Cannes par Woody Allen:

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    2008 - VICKY CRISTINA BARCELONA - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues

    2005 - MATCH POINT - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues

    2002 - HOLLYWOOD ENDING - Hors Compétition Interprète, Réalisation, Scénario & Dialogues

    1989 - NEW YORK STORIES - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues, Interprète

    1987 - RADIO DAYS - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues

    1986 - HANNAH AND HER SISTERS (HANNAH ET SES SOEURS) - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues, Interprète

    1985 - THE PURPLE ROSE OF CAIRO (LA ROSE POURPRE DU CAIRE) - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues

    1984 - BROADWAY DANNY ROSE - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues, Interprète

    1982 - BONJOUR MONSIEUR LEWIS - Hors Compétition Interprète

    1979 - MANHATTAN - Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues, Interprète

     Récompenses:

    1985 - Prix de la Critique Internationale - F.I.P.R.E.S.C.I. - THE PURPLE ROSE OF CAIRO (LA ROSE POURPRE DU CAIRE) - Long métrage

    La trilogie londonienne de Woody Allen : critique de "Match point"

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    Un film de Woody Allen comme le sont ceux de la plupart des grands cinéastes est habituellement immédiatement reconnaissable, notamment par le ton, un humour noir corrosif, par la façon dont il (se) met en scène, par la musique jazz, par le lieu (en général New York).

    Cette fois il ne s'agit pas d'un Juif New Yorkais en proie à des questions existentielles mais d'un jeune irlandais d'origine modeste, Chris  Wilton   (Jonathan Rhys-Meyer), qui se fait employer comme professeur de tennis dans un club huppé londonien. C'est là qu'il sympathise avec Tom Hewett (Matthew Goode), jeune homme de la haute société britannique avec qui il partage une passion pour l'opéra. Chris fréquente alors régulièrement les Hewett et fait la connaissance de Chloe (Emily Mortimer), la sœur de Tom, qui tombe immédiatement sous son charme. Alors qu'il s'apprête à l'épouser et donc à gravir l'échelle sociale, il rencontre Nola Rice (Scarlett Johansson), la pulpeuse fiancée de Tom venue tenter sa chance comme comédienne en Angleterre et, comme lui, d'origine modeste. Il éprouve pour elle une attirance immédiate, réciproque. Va alors commencer entre eux une relation torride...

     

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    Je mets au défi quiconque n'ayant pas vu le nom du réalisateur au préalable de deviner qu'il s'agit là d'un film de Woody Allen, si ce n'est qu'il y prouve  son génie, dans la mise en scène, le choix et la direction d'acteurs, dans les dialogues et dans le scénario, « Match point » atteignant d'ailleurs pour moi la perfection scénaristique.

     

    Woody Allen réussit ainsi à nous surprendre, en s'affranchissant des quelques « règles » qui le distinguent habituellement : d'abord en ne se mettant pas en scène, ou en ne mettant pas en scène un acteur mimétique de ses tergiversations existentielles, ensuite en quittant New York qu'il a tant sublimée. Cette fois, il a en effet quitté Manhattan pour Londres, Londres d'une luminosité obscure ou d'une obscurité lumineuse, en tout cas ambiguë,  à l'image du personnage principal, indéfinissable.

    Dès la métaphore initiale, Woody Allen nous prévient (en annonçant le thème de la chance) et nous manipule (pour une raison que je vous laisse découvrir), cette métaphore faisant écho à un rebondissement (dans les deux sens du terme) clé du film. Une métaphore sportive qu'il ne cessera ensuite de filer : Chris et Nola Rice se rencontrent ainsi autour d'une table de ping pong et cette dernière qualifie son jeu de « très agressif »...

    « Match point » contrairement à ce que son synopsis pourrait laisser entendre n'est pas une histoire de passion parmi d'autres (passion dont il filme d'ailleurs et néanmoins brillamment l'irrationalité et  la frénésie suffocante que sa caméra épouse) et encore moins une comédie romantique (rien à voir avec « Tout le monde dit I love you » pour lequel Woody Allen avait également quitté les Etats-Unis) ; ainsi dès le début s'immisce une fausse note presque imperceptible, sous la forme d'une récurrente thématique pécuniaire, symbole du mépris insidieux, souvent inconscient, que la situation sociale inférieure du jeune professeur de tennis suscite chez sa nouvelle famille,  du sentiment d'infériorité que cela suscite chez lui mais aussi de sa rageuse ambition que cela accentue ; fausse note qui va aller crescendo jusqu'à la dissonance paroxystique, dénouement empruntant autant à l'opéra qu'à la tragédie grecque. La musique, notamment de Verdi et de Bizet, exacerbe ainsi encore cette beauté lyrique et tragique.

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    C'est aussi le film des choix cornéliens, d'une balle qui hésite entre deux camps : celui de la passion d'un côté, et de l'amour, voire du devoir, de l'autre croit-on d'abord ; celui de la passion amoureuse d'un côté et d'un autre désir, celui  de réussite sociale, de l'autre (Chris dit vouloir  « apporter sa contribution à la société ») réalise-t-on progressivement. C'est aussi donc le match de la raison et de la certitude sociale contre la déraison et l'incertitude amoureuse.

     A travers le regard de l'étranger à ce monde, Woody Allen dresse le portrait acide de la « bonne » société londonienne avec un cynisme chabrolien auquel il emprunte d'ailleurs une certaine noirceur et une critique de la bourgeoisie digne de  La cérémonie que le dénouement rappelle d'ailleurs.

    Le talent du metteur en scène réside également dans l'identification du spectateur au (anti)héros et à son malaise croissant qui trouve finalement la résolution du choix cornélien inéluctable, aussi odieuse soit-elle. En ne le condamnant pas, en mettant la chance de son côté, la balle dans son camp, c'est finalement notre propre aveuglement ou celui d'une société éblouie par l'arrivisme que Woody Allen stigmatise. Parce-que s'il aime (et d'ailleurs surtout désire) la jeune actrice, Chris aime plus encore l'image de lui-même que lui renvoie son épouse : celle de son ascension.

    Il y a aussi du Renoir dans ce Woody Allen là qui y dissèque les règles d'un jeu social, d'un match fatalement cruel ou même du Balzac car rarement le ballet de la comédie humaine aura été aussi bien orchestré.

     Woody Allen signe un film d'une férocité jubilatoire, un film cynique sur l'ironie du destin, l'implication du hasard et  de la chance. Un thème que l'on pouvait notamment trouver dans « La Fille sur le pont » de Patrice Leconte. Le fossé qui sépare le traitement de ce thème dans les deux films est néanmoins immense : le hiatus est ici celui de la morale puisque dans le film de Leconte cette chance était en quelque sorte juste alors qu'elle est ici amorale, voire immorale, ...pour notre plus grand plaisir. C'est donc l'histoire d'un crime sans châtiment dont le héros, sorte de double de Raskolnikov, est d'ailleurs un lecteur assidu de Dostoïevski (mais aussi d'un livre sur Dostoïevski, raison pour laquelle il épatera son futur beau-père sur le sujet), tout comme Woody Allen à en croire une partie la trame du récit qu'il lui « emprunte ».

    Quel soin du détail pour caractériser ses personnages, aussi bien dans la tenue de Nola Rice la première fois que Chris la voit que dans la manière de Chloé de jeter négligemment un disque que Chris vient de lui offrir, sans même le remercier . Les dialogues sont tantôt le reflet du thème récurrent de la chance, tantôt d'une savoureuse noirceur (« Celui qui a dit je préfère la chance au talent avait un regard pénétrant sur la vie », ou citant Sophocle : « n'être jamais venu au monde est peut-être le plus grand bienfait »...). Il y montre aussi on génie de l'ellipse (en quelques détails il nous montre l'évolution de la situation de Chris...).

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    Cette réussite doit aussi beaucoup au choix des interprètes principaux : Jonathan Rhys-Meyer qui interprète  Chris, par la profondeur et la nuance de son jeu, nous donnant l'impression de jouer un rôle différent avec chacun de ses interlocuteurs et d'être constamment en proie à un conflit intérieur ; Scarlett Johansson d'une sensualité à fleur de peau qui laisse affleurer une certaine fragilité (celle d'une actrice en apparence sûre d'elle mais en proie aux doutes quant à son avenir de comédienne)  pour le rôle de Nola Rice qui devait être pourtant initialement dévolu à Kate Winslet ; Emily Mortimer absolument parfaite en jeune fille de la bourgeoisie londonienne, naïve, désinvolte et snob qui prononce avec la plus grande candeur des répliques inconsciemment cruelles(« je veux mes propres enfants » quand Chris lui parle d'adoption ...). Le couple que forment Chris et Nola s'enrichit ainsi de la fougue, du charme électrique, lascif et sensuel de ses deux interprètes principaux.

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    La réalisation de Woody Allen a ici l'élégance perfide de son personnage principal, et la photographie une blancheur glaciale semble le reflet de son permanent conflit intérieur.

     Le film, d'une noirceur, d'un cynisme, d'une amoralité inhabituels chez le cinéaste, s'achève par une balle de match grandiose au dénouement d'un rebondissement magistral qui par tout autre serait apparu téléphoné mais qui, par le talent de Woody Allen et de son scénario ciselé, apparaît comme une issue d'une implacable et sinistre logique  et qui montre avec quelle habileté le cinéaste a manipulé le spectateur (donc à l'image de Chris qui manipule son entourage, dans une sorte de mise en abyme). Un match palpitant, incontournable, inoubliable.  Un film audacieux, sombre et sensuel qui mêle et transcende les genres et ne dévoile réellement son jeu qu'à la dernière minute, après une intensité et un suspense rares allant crescendo. Le témoignage d'un regard désabusé et d'une grande acuité sur les travers et les blessures de notre époque. Un chef d'œuvre à voir et à revoir !

    « Match point » est le premier film de la trilogie londonienne de Woody Allen avant « Scoop » et « Le rêve de Cassandre ».

    Le rêve de Cassandre : crime et châtiments

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    Deux frères désargentés mais ambitieux, surtout l’un d’eux, Ian, incarné par Ewan McGregor, s'offrent un voilier au-dessus de leurs modestes moyens, ils le baptisent "Cassandra's Dream", titre aussi prémonitoire que les prophéties tragiques de ladite Cassandre dans l’Antiquité.  Ian travaille dans le restaurant de leurs parents tandis que son frère Terry travaille dans un garage. Ian tombe amoureux d’Angela, comédienne de son état et surtout ambitieuse. Pour satisfaire leurs ambitions, Terry va s’endetter considérablement au jeu et Ian va se donner des airs de riche investisseur pour la séduire. Leur seul moyen de s’en sortir c’est l’oncle Howard (Tom Wilkinson) qui a fait fortune en Californie, l’emblème de la réussite sociale de la famille que leur mère ne cesse de citer en exemple. En contrepartie de son aide financière il leur propose un macabre marché : tuer un homme...

     Aller voir un film de Woody Allen c’est un peu comme pour Cécilia (non pas celle-là, mais celle incarnée par Mia Farrow…) qui revoit inlassablement "La Rose Pourpre du Caire" dans le film éponyme, c’est y aller les yeux fermés avec la promesse d’un voyage cynique ou comique, léger ou grave, parfois tout cela  à la fois, mais un voyage en tout cas surprenant et captivant. Ce « Rêve de Cassandre » qui apporte encore une nouvelle pierre à l’édifice qu’est la filmographie fascinante et hétéroclite de Woody Allen, ne déroge pas à la règle. Il s’inscrit dans la lignée des films les plus noirs du cinéaste et apporte encore quelque chose de nouveau.

    D’abord, il y excelle dans l’art de l’ellipse. Là où chez d’autres cinéastes cela constituerait une faiblesse scénaristique frustrante pour le spectateur, cela rend ici la logique machiavélique encore plus implacable et le récit encore plus limpide. Rien n’est superflu. En un plan,  en un geste filmé avec une apparente désinvolture (le père qui trébuche, dans un coin de l’écran, comme ça, mine de rien mais quand même, un regard désarçonné ou appuyé etc) il dépeint magnifiquement un personnage et surtout ses faiblesses. Si Woody Allen s’est toujours intéressé aux travers humains, il ne se cache plus derrière le masque de l’humour. C’est ici un film sombre qui se revendique comme tel.

    Woody Allen est toujours un virtuose de la réalisation : ici, pas de mouvements de caméras démonstratifs mais une composition du cadre qui sert admirablement l’intrigue et qui, sans avoir l’élégance revendiquée et signifiante de « Match point »,  n’en est pas moins soignée. La réalisation, les indices scénaristiques sont moins tonitruants que dans « Match point » mais ils s’enchaînent avec une évidence édifiante.  Pas de tonitruance non plus dans les références antiques (Médée, Cassandre) judicieusement distillées.

    Le propos est tout aussi cruel, cynique, voire lucide que dans « Match point ». Le moteur est aussi le même : l’ambition, l’ascension sociale, l’amoralité, savoureuse pour le spectateur. Et si Woody Allen n’est pas Ken Loach il place ce film dans un milieu social moins favorisé que celui dans lequel se situent habituellement ses films, et cela sonne tout aussi juste. Les règles du jeu social, les désirs irrépressibles de revanche sociale et les multiples ressources scénaristiques de leurs conséquences l’intéressent toujours autant, quel que soit le pays ou le milieu social.

    Comme dans « Match point », il est question de chance, de malchance surtout ici, de culpabilité, d’ambition dévastatrice. « Match point » était un crime sans châtiment, c’est d’ailleurs ce qui le rendait en partie si passionnant et jubilatoire, c’est l’inverse qui rend « Le rêve de Cassandre » prenant: c’est un crime avec châtiments. Ajoutez à cela un Ewan McGregor aveuglé par son ambition avec un air faussement irréprochable et un Colin Farrell que la nervosité, l’emprise du jeu –dans les deux sens du terme d’ailleurs-, rendent presque méconnaissable, faillible  et crédible en être faillible (pas de super héros chez Woody ) en proie aux remords et aux doutes, tous deux parfaits dans leurs rôles respectifs, une musique lancinante (de Philip Glass) suffisamment inquiétante, et vous obtiendrez un « Rêve de Cassandre » délicieusement cauchemardesque. Embarquez sans  plus attendre !

    Scoop

     

    Après Match point, perfection du genre, film délicieusement immoral au scénario virtuose totalement et magnifiquement scénarisé en fonction de son dénouement et de la balle de match finale, quel film pouvait donc bien  ensuite réaliser Woody Allen ? Evidemment pas un film noir qui aurait inévitablement souffert de la comparaison. Si, à l’image de Match point, Woody Allen a de nouveau délaissé New York -qu’il a tellement sublimée et immortalisée- pour Londres, si comme dans Match point, il a de nouveau eu recours à Scarlett Johansson comme interprète principale,  il a donc néanmoins délaissé le film noir pour retourner à la comédie policière à l’image d’Escrocs mais pas trop ou du Sortilège du scorpion de Jade. Si le principal atout de Match point était son scénario impeccable, c’est ailleurs qu’il faut aller chercher l’intérêt de ce Scoop.

    L’intrigue est ainsi délibérément abracadabrantesque et improbable. Le célèbre journaliste d'investigation Joe Strombel, arrivé au Purgatoire, y rencontre la secrétaire de l’aristocrate Peter Lyman, également politicien à l’image irréprochable de son état. Elle lui révèle qu’elle aurait été empoisonnée par ce dernier après avoir découvert que Peter serait en réalité le tueur en série surnommé « le Tueur au Tarot » qui terrorise Londres. Professionnel et avide de scoops jusqu’à la mort et même après, Joe Strombel, va se matérialiser à une jeune étudiante en journalisme (et accessoirement en orthodontie), la jeune Sondra (Scarlett Johansson) lorsqu’elle est enfermée dans une boîte lors du tour de magie de l’Américain Splendini (Woody Allen). Croyant avoir trouvé le scoop du siècle elle décide de faire la connaissance de Peter Lyman (charismatique et mystérieux Hugh Jackman) pour le démasquer, avec, comme « perspicace » collaborateur, Splendini. Evidemment elle va tomber amoureuse (de Peter Lyman, pas de Woody, celui-ci ayant ici renoncé au rôle de l’amoureux, dans un souci de crédibilité, ou dans un sursaut de lucidité, pour jouer celui du protecteur). Elle n’aurait peut-être pas dû…

    Woody Allen est donc passé de la noirceur à la légèreté. C’est agréable la légèreté, aussi, surtout après la noirceur, aussi parfaite soit-elle. Woody Allen nous revient aussi en tant qu’acteur, fidèle à lui-même, balbutiant, maladroit, chaplinesque, woodyallenesque plutôt, adepte de l’ironie et de l’autodérision, et narcissique de religion (si, si, vous verrez, ça existe). Intrigue abracadabrantesque donc mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce scoop. Preuve que légèreté et noirceur ne sont pas totalement incompatibles, Woody Allen a saupoudré son scoop d’humour exquisément noir avec notamment une mort presque sympathique en  grande faucheuse embarquant ses défunts et bavards voyageurs. Woody Allen lui aussi nous embarque, dans un jeu, dans son jeu. Il ne nous trompe pas. Nous en connaissons les règles, les codes du genre : la désinvolture et la loufoquerie sont de mise.

    La mise en scène reste cependant particulièrement soignée, Scarlett Johansson est de nouveau parfaite, cette fois en étudiante naïve  et obstinée. Comme la plupart des bonnes comédies, ce Scoop  fonctionne sur les contrastes  d’un duo impossible, celui de la journaliste écervelée et obstinée et de son protecteur farfelu. Certes, vous n’explosez pas de rire mais vous avez constamment le sourire aux lèvres entraînés par l’entrain communicatif et l’humour décalé de Woody Allen qui montre à nouveau que l’on peut être un réalisateur particulièrement prolifique sans rien perdre de son enthousiasme et de sa fraîcheur. Une bonne humeur tenace et contagieuse vaut après tout mieux qu’un rire explosif, non ?

    Un film rythmé, léger, burlesque, ludique à la mise en scène soignée avec une touche d’humour noir même si on peut regretter que la morale soit sauve et même si on peut donc regretter l’immoralité jubilatoire de Match point. Ce scoop-là n’est ni sidérant, ni inoubliable, mais néanmoins il vaut la peine d’être connu.

    CRITIQUE DE VICKY CRISTINA BARCELONA

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     Quoiqu’il advienne, quel que soit le sujet, je ne manque JAMAIS un film de Woody Allen et ils sont peu nombreux ces réalisateurs dont chaque film recèle une trouvaille, dont chaque film est une réussite (même si certains évidemment sont meilleurs que d’autres, ou plus légers que d’autres), une véritable gageure quand on connaît la productivité de Woody Allen qui sort quasiment un film par an.

     Imaginez donc mon désarroi d’avoir manqué celui-ci au dernier Festival de Cannes (non, vous ne pouvez pas : c’est insoutenable surtout sachant que mes acolytes festivaliers en sortaient tous le sourire aux lèvres, réjouis et un brin narquois envers ma malchance…) et mon impatience de le voir dès sa sortie en salles. Je me demande comment j’ai pu attendre trois jours après sa sortie surtout sachant que, dans mon impatience, je pensais qu’il sortait la semaine dernière… Bref,  alors ce dernier Woody Allen était-il à la hauteur de l’attente ?

     Evidemment, il serait malvenu de le comparer à la trilogie londonienne, véritable bijou d’écriture scénaristique et de noirceur jubilatoire. Ce dernier est plus léger (quoique…), et pourtant..., et pourtant c’est encore une véritable réussite, qui ne manque ni de sel (pour faire référence à une réplique du film), ni d’ailleurs d’aucun ingrédient qui fait d’un film un moment unique et réjouissant.

     Pitch : Vicky (Rebecca Hall) et Cristina (Scarlett Johanson) sont d'excellentes amies, avec des visions diamétralement opposées de l'amour : la première est plutôt raisonnable, fiancée à un jeune homme « respectable » ; la seconde est plutôt instinctive, dénuée d'inhibitions et perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences passionnelles. Vicky et Cristina sont hébergées chez Judy et Mark, deux lointains parents de Vicky,  Vicky pour y consacrer les derniers mois avant son mariage  et y terminer son mémoire sur l’identité catalane; Cristina pour goûter un changement de décor. Un soir, dans une galerie d'art, Cristina remarque le ténébreux peintre Juan Antonio (Javier Bardem). Son intérêt redouble lorsque Judy lui murmure que Juan Antonio entretient une relation si orageuse avec son ex-femme, Maria Elena (Pénélope Cruz), qu'ils ont failli s'entre-tuer. Plus tard, au restaurant, Juan Antonio aborde Vicky et Cristina avec une « proposition indécente ». Vicky est horrifiée ; Cristina, ravie, la persuade de tenter l'aventure...

    Les jeux de l’amour et du hasard. Un marivaudage de plus. Woody Allen fait son Truffaut et son « Jules et Jim » pourrait-on se dire à la lecture de ce pitch. Oui mais non. Surtout non. Non parce que derrière un sujet apparemment léger d’un chassé-croisé amoureux, le film est aussi empreint de mélancolie et même parfois de gravité. Non parce qu’il ne se contente pas de faire claquer des portes mais d’ouvrir celles sur les âmes, toujours tourmentées, du moins alambiquées, de ses protagonistes, et même de ses personnages secondaires toujours croqués avec talent, psychologie, une psychologie d’une douce cruauté ou tendresse, c’est selon. Non parce que le style de Woody Allen ne ressemble à aucun autre : mélange ici de dérision (souvent, d’habitude chez lui d’auto-dérision), de sensualité, de passion, de mélancolie, de gravité, de drôlerie, de cruauté, de romantisme, d’ironie...

     Woody Allen est dit-on le plus européen des cinéastes américains, alors certes on a quitté Londres et sa grisaille pour Barcelone dont des couleurs chaudes l’habillent et la déshabillent mais ce qu’il a perdu en noirceur par rapport à la trilogie londonienne, il l’a gagné en sensualité, et légèreté, non pour autant dénuées de profondeur. Il suffit de voir comment il traduit le trouble et le tiraillement sentimental de Vicky lors d’une scène de repas où apparait tout l’ennui de la vie qui l’attend pour en être persuadé. Ou encore simplement de voir comment dans une simple scène la beauté d’une guitare espagnole cristallise les émotions et avec quelle simplicité et quel talent il nous les fait ressentir. (Eh oui Woody Allen a aussi délaissé le jazz pour la variété et la guitare espagnoles…)

     Javier Bardem, ténébreux et troublant, Penelope Cruz, volcanique et passionnelle, Scarlett Johanson (dont c’est ici la troisième collaboration avec Woody Allen après « Match point » et « Scoop »…et certainement pas la dernière), sensuelle et libre, Rebecca Hall, sensible et hésitante : chacun dans leurs rôles ils sont tous parfaits, et cette dernière arrive à imposer son personnage, tout en douceur, face à ces trois acteurs reconnus et imposants. (Dommage d'ailleurs que son personnage n'apparaisse même pas sur l'affiche, c'est finalement le plus intéressant mais certes aussi peut-être le plus effacé...dans tous les sens du terme.)

     A la fois hymne à la beauté (notamment de Barcelone, ville impétueuse, bouillonnante, insaisissable, véritable personnage avec ses bâtiments conçus par Gaudi , le film ne s’intitulant pas « Vicky Cristina Barcelona » pour rien) et à l’art, réflexion sur l’amoralité amoureuse et les errements et les atermoiements du corps et du cœur, Woody Allen signe une comédie (on rit autant que l’on est ému) romantiquement sulfureuse et mélancoliquement légère, alliant avec toute sa virtuosité ces paradoxes et s’éloignant des clichés ou  de la vulgarité qui auraient été si faciles pour signer un film aussi élégant que sensuel.  Cet exil barcelonais pourra en déconcerter certains, mais c’est aussi ce qui imprègne ce film de cette atmosphère aussi fougueuse que cette ville et ces personnages.

     Malgré les 72 ans du cinéaste, le cinéma de Woody Allen n’a pas pris une ride : il fait preuve d’une acuité, d’une jeunesse, d’une insolence, d’une inventivité toujours étonnantes,  remarquables et inégalées. Un voyage barcelonais et initiatique décidément réjouissant. Vivement le prochain ! En attendant je vous laisse réfléchir à l’idée défendue dans le film selon laquelle l’amour romantique serait celui qui n’est jamais satisfait… A méditer !

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    Ci-dessous vidéos et récit de la soirée d'ouverture du Festival Paris Cinéma avec Woody Allen et critique de "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu"

     

    Hier soir, au cinéma Gaumont Opéra, avait lieu l’ouverture du Festival Paris Cinéma 2010 avec, en plus de la Présidente du festival Charlotte Rampling et du Maire de Paris, un invité de marque : Woody Allen, actuellement en tournage à Paris, venu présenter « Vous aller rencontrer un bel et sombre inconnu » ( « You will meet a tall dark stranger »), en présence également de Marisa Berenson, Hippolyte Girardot, Rosanna Arquette entre autres invités du festival. N’ayant pas été autant enthousiasmée par ce film-ci que par les précédents Woody Allen lors de ma première vision de celui-ci au dernier Festival de Cannes dans le cadre duquel le film était présenté hors compétition, je redoutais l’ennui d’une deuxième projection.

     

    Est-ce le plaisir d’avoir vu et entendu Woody Allen présenter le film- en Français s'il vous plaît- (cf  vidéo n°4 ci-dessous) avec, à l’image de ce qui imprègne ses films,  un humour noir et décalé pudiquement et intelligemment dissimulé derrière une apparente légèreté ? Est-ce le plaisir de débuter ces 14 jours d’immersion festivalière en joyeuse compagnie ? Toujours est-il que j’ai été totalement charmée par ce « You will meet a tall dark stranger », davantage que lors de la première vision, la frénésie cannoise et l’accumulation de projections ne permettant peut-être pas toujours de vraiment déguster les films.

     

     Moins concentrée sur l’intrigue que je connaissais déjà (voir ma critique du film en bas de cet article), j’ai pu focaliser mon attention sur tout ce qui fait des films de Woody Allen des moments uniques et de l’ensemble de son cinéma un univers singulier. J’ai été envoûtée par la photographie lumineuse et même chaleureuse comme un écho visuel à cette légèreté avec laquelle Woody Allen voile pudiquement la gravité de l’existence. Le jeu des acteurs (et la direction d’acteurs) m’a bluffée (avec une mention spéciale pour Lucy Punch, irrésistible) ou comment dans un même plan fixe avec deux comédiens, grâce à son talent de metteur en scène, de directeur d’acteurs et de dialoguiste il fait passer une multitude d’émotions et rend une scène dramatique irrésistiblement drôle ou une scène comique irrésistiblement dramatique, parfois les deux dans le même plan. L’art du montage et du récit, ou comment en quelques plans d’une fluidité remarquable, il parvient à nous raconter une rencontre qui préfigure l’avenir des personnages. Le mélange de lucidité et de tendresse, sur ses personnages et la vanité de l’existence. Les dialogues savoureux, tendrement cyniques. Une sorte de paradoxe que lui seul sait aussi brillamment manier : un pessimisme joyeux. Une lucidité gaie.

     

     Woody Allen n’a décidément pas son pareil pour nous embarquer et pour transformer le tragique de l’existence en comédie jubilatoire. En ressortant du cinéma, après ce régal cinématographique, l’air de Paris était  à la fois lourd et empreint d’une clarté éblouissante et de rassurantes illusions comme un écho à la gravité légère de Woody Allen à l’image de laquelle, je l’espère, seront ces 13 jours de festival. A suivre !

     

     

    Critique de « You will meet a tall dark stranger » suite à la projection cannoise:

     

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     Fidèle à son habitude Woody Allen  a préféré le confort d'une sélection hors compétition aux « risques » de la compétition. Lui qui faisait pourtant l'apologie de la chance dans « Match point » ne semble pas être si confiant en la sienne. Pour une fois, il n'a peut-être pas eu totalement tort... Après sa remarquable trilogie britannique ( « Match point » -qui reste pour moi la perfection scénaristique-, « Scoop », « Le Rêve de Cassandre »), après son escapade espagnole avec « Vicky Barcelona », Woody Allen était déjà revenu aux Etats-Unis avec le très réussi « Whatever works », il revient donc à nouveau à Londres (on retrouve aussi un air d'opéra qui nous rappelle « Match point »), cette fois pour une comédie.

    Synopsis : les amours croisés de différents personnages tous à une époque charnière de leurs existences qui aimeraient tous avoir des illusions sur leur avenir et d'une certaine manière croire qu'ils vont rencontrer un mystérieux inconnu (a tall dark stranger) comme le prédit Cristal la voyante de l'une d'entre eux. Avec : Josh Brolin, Naomi Watts, Anthony Hopkins, Antonio Banderas, Freida Pinto (« Slumdog Millionaire »)...

    Même un moins bon film de Woody Allen comme l'est celui-ci (mais on peut bien lui pardonner avec les films brillants qu'il a accumulés ces derniers temps) reste un moment savoureux avec des dialogues rythmés et caustiques et une mise en scène toujours  alerte et astucieuse et de très beaux plans séquences.

    « C'est la vitalité » disait François Truffaut du cinéma de Claude Sautet. Il aurait sans doute également pu attribuer ce terme au cinéma de Woody Allen. Cette vitalité, cette apparente légèreté cherchent pourtant comme toujours à dissimuler et aborder la fragilité de l'existence que ce soit en évoquant la mort avec une pudique désinvolture (certes ici prétexte à des scènes de comédie) ou la pathétique et touchante course contre le temps (remarquable Anthony Hopkins, ici sorte de double du cinéaste qui s'amourache d'une jeune « actrice » qu'il épouse). 

    Woody Allen croque ses personnages à la fois avec lucidité et tendresse pour nous donner une sorte de conte sur la manière de s'arranger avec la vanité de l'existence, qu'importe si c'est avec des illusions. Ce film illustre à nouveau très bien cette lucide phrase du cinéaste citée par Kristin Scott Thomas lors de l'ouverture du festival (« L'éternité, c'est long ... surtout vers la fin »).

    Une fantaisie pétillante beaucoup moins légère qu'elle n'en a l'air mais aussi moins pessimiste puisque chacun trouvera un (certes fragile) nouveau départ, le tout illuminé par une très belle photographie et des acteurs lumineux.  Vous auriez tort de vous en priver !

    

    

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  • "Midnight in Paris" de Woody Allen en ouverture du 64ème Festival de Cannes

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    Photographer - Roger Arpajou © 2011 Mediapro, Versátil, & Gravier Productions

    C'est un habitué du Festival de Cannes qui fera l'ouverture de cette 64ème édition, Woody Allen avec le très attendu "Midnight in Paris", le jour même de la sortie en salles du film, le 11 mai. Fidèle à son habitude, Woody Allen ne sera pas en compétition mais présentera à nouveau un film à Cannes...pour mon plus grand plaisir. Nous savions pour l'instant seulement que Robert de Niro serait le président du jury du Festival qui aura lieu du 11 au 22 mai, un festival que vous pourrez suivre en direct sur In the mood for Cannes mais aussi sur mon blog quotidien principal "In the mood for cinema" et sur le compte twitter d'inthemoodforcannes ainsi que sur la nouvelle page Facebook d'Inthemoodforcannes.

    Je vous en reparle très bientôt!

    Voici le communiqué de presse:

    Cette comédie romantique tournée l’été dernier à Paris réunit une vaste distribution internationale, à laquelle participent Owen Wilson, Rachel McAdams, Marion Cotillard ainsi que Kathy Bates, Adrien Brody, Carla Bruni-Sarkozy, Gad Elmaleh et Léa Seydoux.

    Après Londres (Match Point) et Barcelone (Vicky Cristina Barcelona), c’est Paris qui a les honneurs de la caméra du cinéaste new-yorkais le plus apprécié du public européen.

    « Midnight in Paris est une merveilleuse lettre d’amour à Paris, déclare le délégué général Thierry Frémaux. C’est une œuvre dans laquelle Woody Allen approfondit les questions posées dans ses derniers films : notre rapport à l’histoire, à l’art, au plaisir et à la vie. Pour son 41e long-métrage, Il fait à nouveau preuve d'une belle inspiration. »

    Produit par Mediapro (Espagne) et par Gravier Productions (New York) et distribué par Mars Films en France, le film sortira en salles le jour de sa présentation à Cannes. Les spectateurs français pourront ainsi le découvrir dans 400 salles à travers le pays. A cette occasion, le Festival de Cannes a souhaité, avec l’accord de son partenaire Canal+ et le soutien de la Fédération Nationale des Cinémas Français, mettre à disposition de toutes les salles qui le demanderont la cérémonie d’Ouverture, afin que les spectateurs puissent vivre en direct le programme complet de la soirée de lancement du Festival.
    Le Festival de Cannes entend ainsi marquer le lien fort qui l’unit aux salles et à leurs publics et attirer l’attention sur les films en sélection.

    Cliquez ici pour retrouver mon dossier consacré à Woody Allen

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  • L'actualité cinéma de la semaine à ne pas manquer

    Ce qu'il ne fallait pas manquer dans l'actualité cinéma cette semaine, outre l'actualité cannoise. Cliquez sur les titres pour accéder à mes articles.

    Oscars 2011: les nominations

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    Jury et programme de la 61ème Berlinale

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    Master class de Nathalie Baye présentée par François Bégaudeau au Gaumont Parnasse: compte rendu et vidéos

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    Concours "Le temps presse": le palmarès, le compte rendu et le prix des blogueurs

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    Palmarès du FIPA de Biarritz 2011

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    Découvrez le Festival Internation au Premier Film d'Annonay à l'occasion de sa 28ème édition

    cinéma,film,annonay,festival

    Palmarès complet du Festival Premiers Plans d'Angers 2011

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    Palmarès du 14ème Festival International du Film de comédie de l'Alpe d'Huez

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    Retrouvez également l'actualité sur In the mood for Deauville et In the mood for luxe.

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  • "La conquête" de Xavier Durringer avec Denis Podalydès sur les marches du Festival de Cannes 2011

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    "La conquête" de Xavier Durringer dont la date de sortie est prévue le 4 mai 2011 est un des films évènements de l'année. Il retrace en effet l'ascension de Nicolas Sarkozy à la Présidentielle, de manière très réaliste. A un an de la présidentielle de 2012, l'intérêt et l'enjeu dépasseront forcément les frontières cinématographiques. L'équipe du film montera les marches du Festival de Cannes 2011, ce qui n'exclut pour l'instant pas une sélection en compétition, même si la date de sortie annoncée est antérieure au début du Festival de Cannes (11 mai).

    27 avril 2002 – 6 mai 2007
    Entre ces deux dates, l’irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy à la magistrature suprême racontée à la façon d’un thriller.
    Au-delà du cas Sarkozy, la réalité dans tous ses aspects des tenants et des aboutissants de la conquête du pouvoir.

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  • « Biutiful » d’Alejandro Gonzalez Inarritu (compétition officielle Cannes 2010) en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger

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    Retrouvez ci-dessous ma critique de "Biutiful" d'Alejandro Gonzalez Inarritu, en compétition du 63ème Festival de Cannes et pour lequel Javier Bardem a obtenu le prix  d'interprétation ex-aequo. "Biutiful" fait donc partie des finalistes en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger  pour le Mexique face à "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb, "Revenge" de Susanne Bier (Danemark), "Incendies" de Denis Villeneuve (Canada), "Canine" de Yorgos Lanthimos (Grèce).

    Pendant tout le festival, la rumeur selon laquelle Javier Bardem obtiendrait le prix d'interprétation n'a cessé de courir. C'est le dernier jour, en séance de rattrapage que j'ai pu découvrir ce dernier film du réalisateur de « Babel » primé  du prix de la mise en scène pour celui-ci à Cannes en 2006, de retour sur la Croisette en compétition, cette fois sans son scénariste Guillermo Arriaga.

    Premier des films d'Alejandro Gonzales Inarritu écrit sans  Guillermo Arriaga, scénariste de ses célèbres films choraux, "Biutiful" n'en était pas moins attendu notamment parce que Javier Bardem, lui aussi habitué de la Croisette (membre du jury d'Emir Kusturica en 2005, en compétition avec "No country for old men" en 2007 et hors compétition pour "Vicky Cristina Barcelona" de Woody Allen l'an passé) en incarne  le rôle principal.

    Synopsis de "Biutiful": Uxbal (Javier Bardem), un homme solitaire, jongle entre la difficulté d'un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes, ce dernier venant d'apprendre qu'il est atteint d'un mal incurable...

    Difficile d'imaginer un autre acteur dans le rôle d'Uxbal tant Javier Bardem porte et incarne le film, tant l'intérêt et la complexité de son personnage doivent tout à son jeu à la fois en forces et nuances. Pas de film choral et de multiplicité des lieux cette fois mais une seule ville, Barcelone, et un personnage central que la caméra d'Inarritu encercle, enserre, suit jusqu'à son dernier souffle. Unité de temps, de lieu, d'action pour renforcer l'impression de fatalité inéluctable.

    Ceux qui comme moi connaissent et aiment Barcelone auront sans doute du mal à reconnaître en ces rues pauvres, tristes, sombres, parfois même sordides, la belle et lumineuse ville de Gaudi.  Ce pourrait être n'importe où ailleurs, cette histoire, tristement universelle, pourrait se dérouler dans tout autre endroit du monde.

    Epouse bipolaire, trahison du frère, maladie incurable, morts causées par sa faute et par accident, orphelin : rien n'est épargné à Uxbal. Certes, le scénario y va un peu fort dans le drame mais la force du jeu de Javier Bardem est telle que tout passe, et que cet homme qui vit pourtant de trafics peu recommandables, prêt à tout pour assurer un avenir meilleur à ses enfants et en quête de rédemption, finit par être attachant. En arrière plan, l'immigration et l'exploitation des travailleurs clandestins dont la peinture de l'âpre réalité nous fait davantage penser à des cinéastes plus engagés qu'aux précédents films d'Inarritu même si on trouvait déjà ces thématiques dans « Babel ».

    Evidemment « Biutiful » déconcertera comme moi les habitués d'Inarritu, époque Arriaga, non seulement en raison de cette construction plus linéaire mais aussi en raison d'incursions oniriques dans un film par ailleurs extrêmement réaliste comme si le seul espoir possible était dans un ailleurs poétique mais irréel. Certes « Biutiful » désigne les enfants d'Uxbal qui, à l'image de ce mot, égratigné, blessé, représente un avenir bancal, incertain, mais bel et bien là. La vie est là malgré tout même imparfaite.

     « Biutiful » reste un film suffocant ne laissant entrevoir qu'une mince lueur d'espoir, un film dont les excès mélodramatiques au lieu de nous agacer nous touchent grâce au jeu d'un acteur au talent sidérant et grâce à la réalisation qui insuffle un  troublant réalisme. Scénaristiquement moins éblouissant que « Babel » ou même « 21 grammes », par le talent de celui qui incarne son personnage principal et par la complexité de ce personnage, condamné et digne, « Biutiful » ne lâche pas notre attention une seule seconde. Un prix d'interprétation d'une incontestable évidence.

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  • "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb (compétition officielle Cannes 2010) en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger

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    cinéma,hors-la-loi,rachid bouchareb,bernard blancan,oscarJe vous avais déjà fait part de mon enthousiasme pour ce film lors de sa projection cannoise qui avait donné lieu à une polémique sans fondement. Je me réjouis donc d'autant plus que "Hors-la-loi" fasse partie des finalistes concourant pour l'Oscar du meilleur film étranger, pour l'Algérie  (avec "Biutiful" d’Alejandro Gonzales Innaritu (Mexique), "Revenge" de Susanne Bier (Danemark), "Incendies" de Denis Villeneuve (Canada), "Canine" de Yorgos Lanthimos (Grèce). Des films qui ont en commun leur noirceur et leur âpreté mais aussi des scénarii brillants et une réalisation très maîtrisée. Le choix sera sans doute cornélien pour les membres de l'Académie même si vous aurez compris vers quel film va ma préférence même si cette sélection constitue d'ores et déjà une belle revanche et victoire pour le film de Rachid Bouchareb. Fin du suspense le 27 février.  En attendant retrouvez, ci-dessous, mon dossier spécial consacré au film avec ma critique du film publiée suite à la projection cannoise en mai dernier, mon interview de Bernard Blancan et le compte rendu de la conférence de presse cannoise.

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    "Hors-la-loi", 4 ans après le prix d'interprétation collective reçu par les acteurs d'"Indigènes" dont il est davantage une sorte de prolongement (les personnages interprétés par Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila portent ainsi les mêmes prénoms que dans « Indigènes ») que réellement la suite, faisait  partie des films de cette compétition 2010 qui suscitaient le plus d'attente même si cette année, contrairement à "Indigènes "il y a 4 ans, il représente l'Algérie et non la France. C'est aussi le film qui a suscité la plus vive polémique en raison d'une séquence de 6 minutes consacrée au massacre de Sétif à laquelle on a reproché de mettre davantage l'accent sur le massacre des manifestants algériens par l'armée française que sur celui des colons européens. Une polémique absurde puisque c'est du point de vue de ses trois protagonistes algériens que nous voyons ce film et que par ailleurs le massacre des colons européens n'est nullement nié, là n'est simplement pas le sujet. Il n'empêche que cette polémique aura valu aux festivaliers une sécurité inédite : démineurs, hélicoptères, dizaine de cars de CRS, fouille accrue à l'entrée du palais, interdiction de toute bouteille d'eau dans la salle... Plus de 50 ans après, la guerre d'Algérie reste un sujet extrêmement sensible...

    Synopsis: Chassés de leur terre algérienne, trois frères et leur mère sont séparés. Messaoud (Roschdy Zem) s'engage en Indochine. A Paris, Abdelkader (Sami Bouajila) prend la tête du mouvement pour l'Indépendance de l'Algérie et Saïd ( Jamel Debbouze) fait fortune dans les cabarets et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l'amour d'une mère, se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour sa liberté...

    Ce film vaut beaucoup plus et mieux que la polémique à laquelle on tente de le réduire. Ce qui marque d'abord, c'est la qualité de la mise en scène et la somptuosité  de la photographie.

     « Hors-la-loi » n'est par ailleurs pas un manifeste politique mais une sorte de western des temps modernes aux accents parfois melvilliens sur fond de naissance du fln (que Rachid Bouchareb n'épargne d'ailleurs nullement).

    La scène du massacre de Sétif est essentiel pour expliquer l'attachement viscéral à la terre des trois frères, leur besoin de vengeance, leur hargne.

     Bouchareb interroge aussi la question de cause juste ou de guerre juste qui dépasse largement le cadre de la guerre d'Algérie. Jusqu'où aller pour défendre un idéal, une cause que l'on croit juste ? La fin justifie-t-elle les moyens ? La violence est-elle une arme nécessaire pour trouver le chemin de la liberté ?

    La quasi dévotion du personnage de Sami Bouajila  qui sacrifie tout (y compris sa vie) à la cause qu'il défend en est la parfaite illustration. C'est d'ailleurs lui qui domine toute la distribution. Soulignons également la présence d'un autre des cinq lauréats du prix d'interprétation de 2006, Bernard Blancan, injustement absent de la conférence de presse et de l'émission Le Grand Journal à laquelle l'équipe était invitée (présente dans les coulisses de l'émission, je vous en reparlerai demain avec de nombreuses photos) remarquable dans le personnage du Colonel Faivre.

    Une mise en scène ample, lyrique, inspirée, rythmée d'un cinéphile dont on sent les multiples et prestigieuses influences (du "Parrain" de Coppola au cinéma de Scorsese en passant par celui de Melville). Des comédiens une nouvelle fois remarquables. Des questionnements et un sujet passionnants et qui dépassent le cadre de la guerre d'Algérie. Pour moi, un des meilleurs films de cette édition 2010.

    Interview de Bernard Blancan à Cannes suite à la projection de "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb

                                                              

    Conférence de presse de "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb

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    La conférence de presse du film de Rachid Bouchareb (« Hors-la-loi ») qui revenait sur la Croisette 4 ans après la présentation d' « Indigènes » en compétition, était sans aucun doute la plus attendue de ce festival en raison de la polémique évoquée dans mon article précédent. C'est pourtant ( et heureusement) le cinéma qui fut davantage évoqué lors de cette conférence. En voici un résumé.

    Rachid Bouchareb  a tout d'abord tenu à remercier Thierry Frémaux. Puis il a précisé que le film n'était « pas fait pour mettre en place un affrontement  mais au contraire pour avoir un débat .» « Que cela suscite une telle violence autour du film » est exagéré a-t-il ajouté. « Il n'y a aucune raison pour que les générations qui arrivent héritent du passé. »

    Jamel Debbouze évoquant son personnage et l'attitude qu'il aurait eu dans les mêmes circonstances : « Mon personnage ne rentre pas complètement dans la révolution. Je pense que c'est ce que j'aurais fait et en même temps ceux qui l'ont fait n'avaient pas d'autre alternative. » Rachid Bouchareb a également démenti la rumeur selon laquelle Matignon aurait fait des pressions pour que le film ne soit pas sous pavillon français au festival.

    Rachid Bouchareb a défini ainsi son film : « Mon film parle de la violence politique. Cette violence politique est liée à tout mouvement révolutionnaire et pas seulement à la révolution algérienne. » « Je voulais aussi que mon film soit un western. » Concernant la réaction parfois virulente des pieds noirs, Rachid Bouchareb a précisé : « Quand j'ai vu « Le coup de Sirocco » j'ai été très ému mais chacun a son histoire dans la grande Histoire. » « Mon film n'est pas un film contre. Il a le même esprit qu' »Indigènes ». Dans ce film chacun a sa place. La douleur c'est l'histoire de toutes les mères. C'est la meilleure réponse qu'on peut donner. »

    Pour Jamel Debbouze, « une polémique n'existe que si elle est en résonance avec le présent. Pour aborder l'avenir il faut bien avoir fait le point sur le passé. » Pour Rachid Bouchareb, le film est « un voyage dans le passé colonial. Pour moi c'est aussi découvrir des choses quand je fais un film, par exemple comment le public et la presse réagissent. »

    A la fin de la conférence Rachid Bouchareb a tenu à déclarer que « les promesses faîtes aux anciens combattants n'ont pas été tenues ». Enfin pour clore la polémique : « Je ne discuterai pas avec les gens qui veulent faire du film un champ de bataille car il y a eu trop de violence dans le passé. On ne va pas remettre ça aujourd'hui. »

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  • "Canine" de Yorgos Lanthimos (Prix un Certain Regard 2009) en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger

    Prix Un Certain Regard du Festival de Cannes 2009, "Canine" de Yorgos Lanthimos fait donc partie des finalistes en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger. Retrouvez ci-dessous ma critique telle que publiée en 2009.

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    Un film grec vous disais-je hier, l'argument était suffisant pour que je m'y précipite, tout ce qui concerne la Grèce de près ou de loin m'intéressant. Mon enthousiasme s'arrêtera là, « Canine » étant l'exact contraire de tout ce qu'évoque la Grèce pour moi... donc je vais tenter de mettre de côté mon attachement viscéral à ce pays pour vous parler de ce film.

    Loin de l'atmosphère chaleureuse, lumineuse, ensorcelante que peut évoquer la Grèce pour moi c'est ici, en pleine campagne, derrière les hauts murs d'une maison où vivent un couple et leurs trois enfants (qui ont allègrement dépassé la vingtaine) qui ne les ont jamais quittés, que se joue l'intrigue.  Ils ne connaissent rien du monde extérieur si ce n'est ce que leurs parents leur en laissent entendre. Ainsi les seules vidéos que les enfants regardent sont des vidéos familiales dont ils connaissent  les dialogues par cœur comme les répliques d'une fiction. Seul le père sort de la maison pour aller travailler dans son entreprise et la seule personne de l'extérieur à venir  dans la maison est Christina, agent de sécurité dans ladite entreprise qui vient assouvir les besoins sexuels du fils sur recommandation du père. Derrière ces murs, les parents recréent donc un monde où ils façonnent et manipulent leurs enfants. Un monde carcéral. Une prison d'autant plus cruelle qu'elle se trouve sous le soleil insolent de Grèce, dont quelques airs de musique écoutés dans la voiture par le père et Christina rappellent la beauté, la liberté, le bouillonnement de vie indissociable de ce pays.

    Voilà typiquement le genre de film qui m'agace prodigieusement, agace plus que dérange tant le propos du film est surligné. Et l'hypocrisie qui consiste à crier au génie sous prétexte qu'un film dérangeant serait forcément un chef d'œuvre (le film en question a obtenu le prix Un Certain Regard et le prix de la  jeunesse au dernier Festival de Cannes) m'agace encore davantage. Qu'est-ce qui me dit qu'il s'agit là d'hypocrisie me direz-vous... En effet, simple supputation, néanmoins appuyée sur les réactions de rejet à la projection presse hier...étrangement en contradiction avec les critiques lues dans la presse.  Oui, voilà, un film dérangeant est forcément un chef d'œuvre. Et affirmer le contraire serait preuve d'incompréhension, d'ignorance, de principes moralisateurs, de contresens artistique. Pas forcément, et j'espère vous en convaincre.

    Le propos donc. Une allégorie jusqu'au-boutiste de la manipulation mentale, œuvre d'une éducation rigide et évidemment plus largement des dictatures, des totalitarismes dont Yorgos Lanthimos démonte ou plutôt tente de démonter (et démontrer) le mécanisme. Conditionnée, la famille (ou donc le peuple) se laisse asservir ne connaissant d'autre réalité, ni la nuance entre bien et mal, moralité et immoralité. Un zombie devient une fleur jaune. Les chats deviennent des créatures maléfiques et meurtrières. Et on ne peut accéder à l'âge adulte que lorsqu'on a perdu une canine (d'où le titre...).  L'univers devient absurde pour un regard extérieur et normal pour ceux qui y vivent. En insérant dans la banalité  ces situations qui mettent néanmoins en scène des êtres opprimés, niés, il confronte les regards, et en renforce l'étrangeté en leur donnant un cadre a priori familier. L'idée était donc plutôt intéressante. De même que le cadrage, rectangulaire, rigide, parfois ne montrant pas les visages de ces êtres alors déshumanisés. Sans âme. Sans visage soudain.

    De l'absurde de certaines situations résulte un humour très noir et les rires proviennent davantage du malaise devant une telle imagination dans la manipulation et la perversité, voire du dégoût que de la jubilation. Un film jubilatoire ai-je lui ça et là... !! Mais n'est-ce pas là aller totalement à l'encontre du message du réalisateur ? En nous montrant le totalitarisme à l'échelle familiale, il en démonte aussi les mécanismes pervers, absurdes, terrifiants, malsains.

    Et c'est là qu'arrive la limite du film. Parce que Lanthimos n'est ni Ionesco (là aussi l'homme devient animal) ni Haneke et il croit visiblement que pour faire comprendre et donner de la force au propos, il faut tomber dans la surenchère. De nudité. De perversité. De transgression. D'asservissement. De bêtise.  Ne jamais utiliser le hors champ. Montrer, tout montrer. De préférence en plan fixe et en gros plan pour accroître le malaise. Du coup le propos en perd de la force.  Ce qui est excessif en devient insignifiant. Vulgaire. Vain.  Et Yorgos Lanthimos semble lui-même se complaire dans ce que son film aurait pu brillamment dénoncer, et forcer ainsi le spectateur à en devenir complice.

    Ce film me fait penser à ces gens, régulièrement invités sur des plateaux de télévision pour y déverser leur brillante logorrhée, qui maîtrisent parfaitement la rhétorique, que personne n'ose et ne sait contredire, non pas parce qu'ils édicteraient des vérités incontestables mais parce qu'ils savent tellement bien habiller la forme, que personne n'estime avoir le droit de remettre en cause le fond... vide bien souvent mais en apparence savamment habillée comme irréfutable.  Des propos qui, finalement, endorment, au lien de réveiller la conscience. Comme une séance d'hypnose. Et on se demande alors si, finalement ici, les pantins ne sont pas davantage les spectateurs que les personnages (les enfants manipulés par leurs parents) à moins que le réalisateur ne soit un tel génie que ce soit là son but implicite : nous démontrer ainsi la fascination perverse pour ce régime...  Sans quoi ce n'est (ou ne serait) qu'un beau gâchis. Une vulgaire illusion. Dommage : l'idée était belle...mais une idée aussi belle soit-elle ne peut tout justifier ou excuser. Surtout pas la démagogie.

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  • W.E. de Madonna au Festival de Cannes 2011

    vertu.jpgC'est le journal le Parisien qui l'a annoncé hier: "W.E.", le nouveau film de Madonna (après "Obscénité et vertu"-2008) en tant que réalisatrice sera présenté au Festival de Cannes 2011 même si nous ignorons pour l'instant si le film sera en compétition.

     Quelques images du film seront par ailleurs dévoilées en première mondiale dans le cadre de la Berlinale, ce qui lui permettra peut-être de trouver le distributeur qui lui fait encore défaut.

    Synopsis: Le roi Edouard VIII d'Angleterre abdique quelques mois seulement après le début de son règne sur le royaume d'Uni pour pouvoir épouser Wallis Simpson, une jeune femme divorcée. Il provoque alors la plus grande crise constitutionnelle d'Angleterre de tout le vingtième siècle.

    Avec: Abbie Cornish, James d'Arcy, Natalie Dormer, Oscar Isaac, Andrea Riseborough...

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  • L'actualité cinéma de la semaine à ne pas manquer

    Voilà ce qu'il fallait retenir de l'actualité cinéma cette semaine. Cliquez sur l'intitulé des articles pour y accéder.

    Critique d' "Au-delà" de Clint Eastwood

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    Jury du millénaire : ma sélection

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    "Les Enchaînés" d'Alfred Hitchcock à la Filmothèque du Quartier Latin

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    "Le Guépard" de Luchino Visconti à lla Filmothèque du Quartier Latin

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    Première d' "Une journée ordinaire" au théâtre des Bouffes Parisiens avec Anouchka et Alain Delon

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    Les nominations aux César 2011

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    Les semi-finalisres à l'Oscar du meilleur film étranger: "Des hommes et des dieux" évincé

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    "127 heures" ou l'insupportable contre-sens et faute de goût de Danny Boyle

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    Palmarès des Golden Globes 2011

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  • "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb, semi-finaliste à l'Oscar du meilleur film étranger 2011

     

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    hors.jpgLes 9 films semi-finalistes à l'Oscar du meiller film étranger ont été annoncés aujourd'hui avec deux mauvaises nouvelles (l'éviction de "Des hommes et des dieux" alors que Xavier Beauvois vient d'obtenir le prix Lumière du meilleur film étranger -et alors que très probablement il sera le grand favori aux César 2011, réponse vendredi- et la présence de l'horrible "Canine" de Yorgos Lanthimos ) mais aussi de bonnes nouvelles: la présence d'"Incendies" de Denis Villeneuve (dont je vous reparle bientôt), de "Biutiful" d'Inarritu et de "Hors la loi" de Rachid Bouchareb (je croise les doigts pour qu'il figure en "finale", un juste retour des choses après l'absurde polémique cannoise) injustement malmené par la critique. Des films qui ont en commun leur âpreté. J'y reviendrai.

    Les 9 semi-finalistes à l'Oscar du meilleur film étranger 2011:

    Algeria, “Hors la Loi” (“Outside the Law”), Rachid Bouchareb

    Canada, “Incendies,” Denis Villeneuve

                      
    Denmark, “In a Better World,” Susanne Bier


    Greece, “Dogtooth,” Yorgos Lanthimos

    Japan, “Confessions,” Tetsuya Nakashima,

    Mexico, “Biutiful,” Alejandro Gonzalez Inarritu

                      
    South Africa, “Life, above All,” Oliver Schmitz,

    Spain, “Tambien la Lluvia” (“Even the Rain”)  Iciar Bollain

    Sweden, “Simple Simon,” Andreas Ohman

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